Au-delà de la loi, j'ai proposé que le Parlement puisse à l'avenir adopter des
« résolutions », c'est-à-dire des engagements au-delà des partis. Nous
sommes une République où la dignité des Arméniens, leur mémoire, doit
être respectée. Et il appartient à l'État de ne céder à aucune pression.
La reconnaissance du génocide arménien doit-elle constituer une condition à
l'entrée de la Turquie dans l'Union ? Je veux vous dire la vérité ; Je suis
oppos6 à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Et il faut être
cohérent. On ne peut pas vouloir dénoncer la négation du génocide
arménien d'un côté sans poser cette question à la Turquie de l'autre. Je suis
attaché à un projet, qui est celui des pères fondateurs de l'Europe, celui
d'une Europe politique forte et intégrée, Je ne veux pas renoncer à ce projet
quelles que soient les difficultés actuelles.
En trois ans, entre 2004 et 2001, l'Union sera passée de 15 à 21 États
membres : il n'est que temps de poser franchement la question de la
capacité d'absorption de l'Union et de ce que nous voulons faire ensemble.
Je veux dire une chose simple : l'adhésion d'un nouveau membre est
d'abord une décision que l'Union prend elle-même, en fonction de ses
propres objectifs, dans la limite de ses possibilités et de ce que ses peuples
consentent, avant d'être une décision relevant de la politique extérieure de
l'Union et de son souci d'encourager les réformes chez autrui.
S'agissant de la question de la Turquie, je n'expliquerai pas aux petits
écoliers français que les frontières de l'Europe, se sont l'Irak et la Syrie. Si
l'on considère que la Turquie est européenne, il faudra alors penser
également au Liban, à Israël ou au Maghreb, sans parler de l'Ukraine. Si elle
veut rassurer et non inquiéter, l'Europe doit avoir des frontières claires.
Nous devons approfondir nos liens avec la Turquie. Mais, cela ne conduit pas
à l'adhésion pleine et entière. Il est urgent de définir le statut de «
partenaire privilégié ».
Enfin, j'ai demandé la suspension des négociations tant que ce pays n'aura
pas ratifié et véritablement mis en oeuvre, de bonne foi, le protocole
d'Ankara, c'est-à-dire tant qu'il n'aura pas pleinement reconnu Chypre, qui
est un État-membre de l'U.E.
Arméniens de France, vous êtes des traits d'union entre notre pays commun,
la France, votre terre d'adoption, et le Caucase de vos ancêtres. La Genèse
raconte que l'arche de Noé se serait posée, après le déluge, au sommet du
Mont Ararat. Vous avez survécu aux pires cataclysmes. Vous devez garder
cette force vitale qui est la vôtre et qui donne à la France un supplément
d'âme.
Si je suis élu, je m'emploierai à promouvoir, les relations entre l'Arménie et
la France dans tous les domaines. Je m'engagerai aussi dans la recherche
d'une solution aux conflits dans le Caucase. Je m'attacherai enfin à lutter, en
France, contre toute approche négationniste à l'égard du génocide arménien.