Oiseaux cavicoles - Parc Jura vaudois

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OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
LES CAHIERS TECHNIQUES
DU PARC NATUREL RÉGIONAL JURA VAUDOIS
N°3 - DÉCEMBRE 2011
Oiseaux cavicoles
Conservation des arbres à cavités
1
LES CAHIERS TECHNIQUES DU PARC NATUREL RÉGIONAL JURA VAUDOIS
Table des matières
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Introduction
Les principales espèces cavicoles du Parc
Jura vaudois
Quel habitat pour quel oiseau ?
Qui occupe les loges ?
Mieux connaître pour mieux protéger
Exploiter et protéger
Actions ponctuelles
Implications
1
2
5
6
8
10
12
12
© S. Baciocchi
© S. Baciocchi
© J. Binggeli
© S. Baciocchi
© J. Michel
© P.Henrioux
Réalisé avec le soutien de
Références bibliographiques
BÜTLER R. & SCHLAEPFER R. (2004):
Wie viel Totholz braucht der Wald ? Journal forestier suisse, 155 (2): 31-37.
MAUMARY L.; VALLOTTON L.; KNAUS P. (2007):
Les oiseaux de Suisse. Station ornithologique suisse, Sempach. Nos Oiseaux, Montmollin.
SERMET E.; RAVUSSIN P.-A. (1996):
Les oiseaux du canton de Vaud. Nos Oiseaux, Suisse.
RAVUSSIN P.-A. & AL. (1994):
Répartition de la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus dans les sites naturels du Jura
vaudois (Suisse). Nos Oiseaux, 42: 245-260.
OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
1. Introduction
Pourquoi maintenir les arbres à cavités ?
Beaucoup d’animaux occupent les cavités creusées par les pics: oiseaux petits et grands, mammifères et insectes. Ces loges sont essentielles au maintien de ces espèces dites «cavicoles» qui jouent un rôle important
dans la régulation des populations de micromammifères et d’insectes forestiers.
En effet, les pics comptent parmi les seuls prédateurs de larves d’insectes xylophages, se nourrissant de
bois et pouvant causer des dégâts d’ampleur aux peuplements sylvicoles. Les rapaces nocturnes et cavicoles
régulent quant à eux, à peu de frais, les populations de rongeurs forestiers tel que le mulot sylvestre.
Les maintien des arbres à cavités: un travail d’équipe
La mise en oeuvre de partenariats entre propriétaires forestiers, gardes forestiers et naturalistes est une solution pour garantir la conservation de ces habitats. Depuis 1975, le Groupe d’étude sur les rapaces nocturnes
de l’Ouest vaudois (GERNOV) recherche les sites de nidification et effectue un suivi des effectifs de différents
oiseaux cavicoles, en collaboration avec les gardes-forestiers.
Les pics et la forêt: une vieille histoire d’amour
Des liens étroits unissent les pics à la forêt. Ils creusent des cavités pour nicher et d’autres pour y dormir. Ils
peuvent creuser de nouvelles cavités tous les ans ou restaurer d’anciennes loges.
Pour creuser leur trou, les pics frappent vigoureusement le tronc, leur bec faisant office de ciseau à bois.
Toutes les espèces procèdent d’abord par le creusage d’un couloir horizontal, suivi d’un forage vertical du
tronc.
D’après A. Dettwiller
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LES CAHIERS TECHNIQUES DU PARC NATUREL RÉGIONAL JURA VAUDOIS
2. Les principales espèces cavicoles du Parc Jura vaudois
Les espèces cavicoles du Parc Jura vaudois et leurs caractéristiques écologiques sont présentées ci-après.
Le degré de priorité cantonal (selon le Concept de Réseau écologique cantonal) est précisé dans «Le coin pratique»
visible en fin d’ouvrage.
Pic mar
Liste rouge CH (2010): potentiellement menacé (NT)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): oui
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): oui
Dendrocopos medius
Inféodé aux chênes. Diamètre min. 50 cm
Le Pic mar et le mâle du Pic épeiche portent tous deux une calotte rouge vif. Celle du mar
s’en distingue par l’absence d’une ligne noire autour.
Très fréquent au 19ème siècle dans notre canton, le Pic mar a pratiquement disparu durant la moitié du siècle dernier. Depuis le tournant du siècle, l’oiseau a recolonisé de nombreuses forêts mais demeure une espèce nécessitant des mesures de gestion particulières.
Son régime alimentaire est constitué d’insectes xylophages et d’autres arthropodes vivant
dans l’écorce. Il est également complété de glands, noisettes ou cerises.
Le territoire d’un couple mesure entre 3 et 25 ha. En 2010, 12 territoires ont été recensés
dans la réserve naturelle du bois de chêne de Genolier.
Inféodé aux vieux chênes, le Pic mar vit dans la cimes des arbres.
Son habitat typique est la chênaie étendue (plus de 30 ha) avec des arbres d’un diamètre
minimum de 50 cm.
© O. Jean-Petit-Matile
Il parvient néanmoins à s’adapter à des peuplements plus petits pour autant que l’habitat ne soit pas trop fragmenté.
Il creuse sa cavité dans des chênes secs, à la base de branches mortes ou sous un champignon xylophage à une hauteur de 5 à 15m. Il y pond
5 à 7 œufs.
Avec ses exigences écologiques très spécifiques, le Pic mar souffre de la fragmentation de son habitat et de la dégradation des chênaies.
Pic noir
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): non
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Dryocopus martius
Inféodé aux épicéas, hêtres et sapins. Diamètre min. 40 cm
De la taille d’une corneille et de même couleur, le plus grand de nos pics est facilement
reconnaissable.
La grandeur de son territoire est comprise entre 100 et 200 ha. Entre deux nids, le pic
respecte une distance minimale de 300 m.
Le Pic noir se nourrit en grande partie de coléoptères et d’hyménoptères. Dans le Parc
Jura vaudois, il profite largement de la grande disponibilité en Fourmis rousses et charpentières.
Il creuse des cavités de grande taille (trou de vol: 14 x 9 cm, profondeur jusqu’à 91 cm).
Chaque printemps, il en fore une nouvelle ou en rafraîchit une ancienne dans laquelle
la femelle pond en général 4 œufs en avril-mai.
Dans le Jura, le Pic noir niche typiquement dans des futaies avec des fûts de gros diamètre (supérieur à 40 cm). Il fore ses cavités en dessous des premières branches, à des
hauteurs variant de 3 à 18 m. La plupart sont dans des hêtres, seules trois sont connues
dans des résineux.
© P. Marti
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OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
Pic tridactyle
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): oui
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Picoides tridactylus
Inféodé aux épicéas. Diamètre min. 20 cm
© S. Baciocchi
Seul pic à avoir trois doigts au lieu de quatre, ce qui lui a valu son nom, le Pic tridactyle
est aussi l’unique membre de sa famille à ne pas porter de plumes rouges. Le mâle et
les jeunes arborent une petite calotte jaune.
Historiquement présente dans les Alpes et Préalpes, cette espèce semble avoir commencé son expansion sur l’arc jurassien: 1993 première nidification, 2007 et 2008,
deux nouveaux nids. Des preuves de reproduction ont aussi été apportées sur la haute
chaîne du Jura français.
On le trouve dans les forêts de conifères souvent à une altitude supérieure à 1200m. Il
habite uniquement dans les massifs clairs comportant 18 m3/ha d’arbres dépérissants
ou morts sur pied.
Chaque printemps, il creuse une nouvelle cavité. La femelle y pond 3 à 4 oeufs.
D’une remarquable discrétion, il n’est pas facile à découvrir: il alarme rarement. Souvent, c’est le faible tapotement qu’il produit en cherchant
sa nourriture qui le trahit.
Ses exigences écologiques élevées ont conduit à faire du Pic tridactyle un pic peu répandu voire rare et expliquent certainement la répartition
clairsemée des couples.
Le Pic tridactyle a l’habitude de perforer l’écorce des résineux pour en boire la sève. Il trace ainsi des lignes horizontales sur les troncs. La découverte d’arbres ainsi cerclés à une altitude favorable constitue un bon indice de présence probable de l’espèce.
Pic épeiche
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): non
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Dendrocopos major
Inféodé aux chênes, épicéas, hêtres et sapins. Diamètre min. 20 cm
© S.Baciocchi
De la taille du merle, au plumage bigarré de trois couleurs, c’est l’espèce de pics la plus
commune.
Si sa présence est relevée dans tous les massifs forestiers, le Pic épeiche semble plus rare
dans les peuplements purs de résineux ainsi qu’à haute altitude.
En grande partie végétarien, il consomme des graines de conifères, des fruits forestiers,
la sève des arbres, mais aussi des insectes: coléoptères et lépidoptères.
Hauteur de la cavité: de 1m30 à 20 m. Diamètre minimum de l’arbre: 20 cm.
Le Pic épeiche reste discret tout au long de la couvaison des œufs et lorsque les poussins
sont petits. Vers la mi-mai, les jeunes commencent à appeler depuis la loge. C’est souvent à ce moment que la cavité est découverte.
Pic épeichette
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): non
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Dendrocopos minor
Inféodé aux aulnes noirs, peupliers & saules. Diamètre min. 15 cm
Plus petit pic de Suisse, le Pic épeichette ne dépasse pas la taille du moineau.
Le territoire d’un couple mesure entre 12 et 20 ha.
Sa nourriture est constituée d’insectes, d’araignées ou de larves qu’il déniche dans les
anfractuosités de l’écorce.
Fréquent uniquement dans les forêts riveraines jusqu’à 1000m d’altitude, il recherche les
arbres à écorce épaisse: l’aulne, le chêne, mais il évite les résineux. Il apprécie les forêts
claires comportant des arbres dépérissants ou secs.
Il creuse sa cavité dans des arbres dépérissants, à une hauteur de 2 à 7m. Il y pond 4 à
6 œufs.
© J. Michel
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Pigeon colombin
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): non
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Columba oenas
Inféodé aux hêtres. Diamètre min. 40 cm
Le Pigeon colombin se différencie aisément du Pigeon ramier par l’absence de blanc sur
les ailes et de chaque côté du cou, ainsi que par sa taille nettement plus petite.
Espèce cavicole, il adopte souvent la cavité du Pic noir pour se reproduire.
Granivores, les adultes doivent se déplacer jusqu’en plaine pour chercher leur nourriture
qu’ils rapportent au nid. Ces lieux de gagnage se situent souvent à plusieurs kilomètres
de leur nid.
Migratrice, l’espèce hiverne dans le sud de l’Europe.
La période de reproduction s’étend de fin mars à septembre. La femelle pond 2 œufs.
© Ch. Henninger
Chouette de Tengmalm
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): oui
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Aegolius funereus
Inféodée aux épicéas, hêtres & sapins. Diamètre min. 40 cm
© S. Baciocchi
Découverte en 1783 par le naturaliste Tengmalm, les Suédois l’appellent Chouette perlée
faisant allusion aux dessins de son plumage. Elle est de taille moyenne: 25 cm de long,
100g (mâle) et 160g (femelle).
Elle habite au dessus de 1000 m. Pour se reproduire, elle emprunte une ancienne cavité
de Pic noir qu’elle fréquente pendant plusieurs années de février à juin. La femelle y pond
3 à 9 oeufs.
La disponibilité irrégulière des arbres à cavités conditionne sa répartition non homogène.
Si, dans certains cas, l’arbre à cavités est le seul sur de grandes surfaces, les nids peuvent
aussi être rapprochés. On a même observé trois nids occupés simultanément dans le
même foyard!
Principalement nocturne, on l’entend parfois chanter de jour à proximité de sa cavité.
Elle mange surtout des rongeurs: mulots et campagnols; la fluctuation de leurs effectifs
explique en grande partie les variations annuelles de densité de Tengmalm.
Chevêchette d’Europe
Liste rouge CH (2010): non menacé (LC)
Espèce prioritaire selon OFEV (2010): oui
Espèce prioritaire selon Sempach (2010): non
Glaucidium passerinum
Inféodée aux épicéas & sapins. Diamètre min. 20 cm
© Ph. Perrot
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De la taille d’un étourneau, c’est le plus petit rapace nocturne d’Europe: le mâle ne pèse
que 60 g et la femelle 75 g.
Le rajeunissement forestier est souvent important autour de son site de nidification.
C’est le plus diurne de nos rapaces nocturnes. En période de reproduction, qui s’étend
de mars à juin, la Chevêchette chasse principalement de jour, surtout quand elle nourrit
ses jeunes.
Longtemps peu connue, la Chevêchette se rencontre au dessus de 1000 m. Son chant
caractéristique ainsi que les alarmes qu’elle provoque chez les passereaux, dévoileront
sa présence.
Dans le Parc Jura vaudois, le territoire moyen d’un couple est de 160 ha. La Chevêchette
d’Europe profite de l’abondance du Pic épeiche, mais aussi de la présence du Pic vert.
Elle utilise leurs cavités non seulement pour se reproduire, mais également pour stocker
ses proies l’hiver.
Son régime alimentaire se compose d’environ 60% de micromammifères et 40% de
passereaux forestiers.
Les pontes comprennent entre 3 et 8 œufs.
OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
3. Quel habitat pour quel oiseau ?
Figure 1: Présence de chacune des espèces dans les associations végétales, dépendantes de l’altitude, selon leur
stade de développement forestier.
Forêt irrégulière
(entretenue)
Evolution naturelle
Fourré
(12%*)
Perchis
(5%)
Futaie
(20%)
Dégénérescence
(22%)
Délabrement
(8%)
Forêt irrégulière
(33%) Climax
Pessières
1300-1600 m
--
P. épeiche
P. épeiche
P. tridactyle
Chevêchette
P. épeiche
P. tridactyle
P. noir
Colombin
Chevêchette
Tengmalm
P. épeiche
P. tridactyle
Chevêchette
P. noir
P. épeiche
P. tridactyle
Colombin
Tengmalm
Chevêchette
Hêtraies-sapinières
1000-1300 m
--
P. épeiche
P. épeiche
P. tridactyle
P. noir
Colombin
Chevêchette
Tengmalm
P. épeiche
P. tridactyle
P. noir
Colombin
Chevêchette
Tengmalm
P. épeiche
Chevêchette
P. noir
P. épeiche
P. tridactyle
Colombin
Tengmalm
Chevêchette
Hêtraies à millet
700-1000 m
--
P. épeiche
P. épeiche
P. noir
Colombin
P. épeiche
P. noir
Chevêchette (rare)
Tengmalm (rare)
P. épeiche
P. noir
P. épeiche
Colombin
Tengmalm (rare)
Chevêchette (rare)
Chênaies mixtes
600-700 m
--
P. épeiche
P. épeiche
P. mar
P. épeichette
P. noir
Colombin
P. épeiche
P. mar
P. épeichette
P. noir
Colombin
P. épeiche
P. mar
P. épeichette
P. noir
P. épeiche
P. mar
P. épeichette
Colombin
* Taux de recouvrement des stades forestiers (cycle forestier naturel).
Adapté de Scherzinger W. (1996): Naturschutz im Wald: Qualitätsziele einer dynamischen Waldentwicklung.
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4. Qui occupe les loges ?
Cavités de grande taille (généralement forées par le Pic noir)
Pic noir
Pigeon colombin
Chouette de Tengmalm
Martre des pins
Oreillard brun
Dessins & lithographies © P. Baumgart
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Chouette hulotte
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Cavités de petite taille (généralement forées par le Pic épeiche)
Pic épeiche
Mésanges
Chevêchette d’Europe
Lérot
Sittelle torchepot
Abeilles sauvages ou solitaires
Dessins & lithographies © P. Baumgart
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5. Mieux connaître pour mieux protéger
Suivi des espèces
Recherche des cavités
C’est entre l’automne et l’hiver que les cavités des Pics noirs sont recherchées par un examen attentif de tous les hêtres de fort diamètre.
Les petites cavités des Pics épeiches, bien moins visibles, sont généralement découverte entre mai et juin lorsque les jeunes appellent
bruyamment du nid.
Recherche des territoires
Dès la fin avril, les anciennes cavités de Pic noir sont contrôlées afin
de vérifier leur occupation par les espèces cavicoles en général et par
la Chouette de Tengmalm en particulier.
Durant cette même période, les nids de Chevêchette d’Europe sont
recherchés par écoute et les cavités connues de petits pics sont contrôlées elles aussi.
Capture et baguage
La capture des femelles de la Chouette de Tengmalm s’effectue de jour
en appliquant une filoche contre le trou de vol. Les mâles, quant à eux,
sont capturés lors du nourrissage nocturne des jeunes. Ceux-ci étant
généralement bagués au nid à l’âge de deux semaines.
Concernant la Chevêchette d’Europe, seuls les femelles et les jeunes
sont capturés au nid.
Toutes les données de capture et marquage (bague) sont transmises à
la Station ornithologique Suisse de Sempach.
Effectifs
Les effectifs suisses de chacune des espèces sont estimés entre 1993 et
1996 par Maumary et al. (2007). Les effectifs du Parc Jura vaudois sont
le résultat des recherches du GERNOV, du travail de ses collaborateurs,
des publications et références bibliographiques existantes.
Le nombre de territoires varie beaucoup d’une année à l’autre en raison des fluctuations de populations, mais également des conditions
de prospection, comme notamment l’enneigement qui limite les observations.
Tableau 2:
Effectifs suisses (Maumary et al. 2007) et estimations dans le Parc Jura vaudois en 2011 selon le suivi du GERNOV. *
Nombre de territoires
Suisse
Parc Jura vaudois
Chevêchette d’Europe
300-500
94
Chouette de Tengmalm
1000-1500
142
Pigeon colombin
1500-2500
78
Pic noir
3000-5000
57
Pic épeiche
35000-55000
1500
Pic mar
250-300
19
Pic épeichette
2500-3000
11
Pic tridactyle
1000-1500
17
* Sources:
Chevêchette d’Europe: HENRIOUX P. & al., GERNOV (2010): Etude d’une population de Chevêchette d’Europe. Synthèse de 24
années de recherches.
Chouette de Tengmalm: HENRIOUX P. & al., GERNOV (2010): Etude d’une population de Chouette de Tengmalm dans l’Ouest du Jura.
Synthèse de 24 années de recherches.
Autres espèces: Observations et suivis du GERNOV; Observations de: V. Chabloz, D. Horisberger, L. Maumary, F. Mathey, Y. Menétrey,
P. Patthey et F. Schneider.
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OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
Répartition
Les cartes ont été réalisées sur la base du suivi et des observations du GERNOV, ainsi que des rapports établis
par
ar V. Chabloz, D. Horisberger, L. Maumary, F. Mathey, Y. Menétrey, P. Patthey et F. Schneider.
Reproduit avec l’autorisation de
© Swisstopo (BA110561)
Reproduit avec l’autorisation de
© Swisstopo (BA110561)
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LES CAHIERS TECHNIQUES DU PARC NATUREL RÉGIONAL JURA VAUDOIS
6. Exploiter et protéger
Les principes d’une gestion favorable aux oiseaux cavicoles
Les mesures sylvicoles favorables à la conservation des oiseaux cavicoles sont de 3 types:
- favoriser le développement d’arbres dont l’essence et le diamètre sont indiqués pour le forage des cavités;
- maintenir les arbres possédant des loges (arbres à cavités);
- adapter la gestion sylvicole aux abords immédiats des ces mêmes arbres à cavités.
Ainsi est-il primordial d’offrir des îlots de vieux bois et des fûts vieillissants, structures nécessaires aux oiseaux cavicoles.
Le schéma ci-dessous décrit les mesures de gestion une fois l’arbre à cavités identifié:
Sylviculture adaptée à proximité immédiate des arbres à cavités
Marquage des arbres
à cavité
Arbres secs sur pied
Arbres morts au sol
Protection des sites
de nidification
Identification et conservation des arbres
à cavités
Dans certains cas, les arbres porteurs de cavités sont cerclés de blanc
à 1m.30 du sol par un naturaliste, favorisant ainsi leur maintien.
Une autre méthode consisterait à utiliser une signalétique officielle
(des plaquettes et/ou médailles) identifiant ces même arbres; suivant
une charte graphique stricte et non reproductible, garantissant la
conservation de l’habitat.
Cette méthode est déjà utilisée par l’Office National des Forêts (ONFFrance).
Toute identification ou marquage d’une arbre nécessite l’accord préalable du propriétaire forestier.
Cavité de Pic épeiche et arbre cerclé
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© P. Henrioux
OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
Exemple de sylviculture favorable à la nidification de la Chevêchette d’Europe
Une présence de rajeunissement est importante.
Favoriser les conifères.
Laisser jusqu’à 20% de
feuillus.
Maintenir un conifère à
proximité: perchoir du mâle
Hêtre
Epicéa
20 m
Sapin
Exemple de sylviculture favorable à la nidification de la Chouette de Tengmalm
Enlever en particulier les
tiges de diamètre inférieur à 20 cm et dont les
branches obstruent le
trou de vol.
Maintenir les hêtres et
quelques résineux de
diamètre supérieur à
40 cm.
Hêtre
5m
Epicéa
20 m
Sapin
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LES CAHIERS TECHNIQUES DU PARC NATUREL RÉGIONAL JURA VAUDOIS
7. Actions ponctuelles
Pose de nichoirs
La pose de nichoirs permet par endroits de pallier à l’absence de
cavités de pics. Cette intervention artificielle dans un milieu naturel doit être conduite de manière précise. Seuls des nichoirs pour
la Chouette de Tengmalm sont actuellement posés à large échelle
dans le périmètre du Parc Jura vaudois. La Chevêchette d’Europe
boude l’artificiel! Elle n’utilise des nichoirs qu’en hiver pour y stocker ses proies. La pose de nichoirs nécessite l’accord préalable du
proprétaire.
© J.-D. Henrioux
Entretien des loges
L’entretien par les naturalistes agréés des cavités est parfois nécessaire pour assurer une future nidification. Il s’agit le plus souvent
de:
•
•
•
déboucher l’entrée obstruée par la Sittelle torchepot ou comblée par l’écoulement de résine;
enlever les vieux nids de lérots, mésanges, etc.;
drainer l’eau accumulée dans la loge.
Cavité de Pic épeiche
© P. Henrioux
8. Implications
La conservation des arbres à cavités peut engendrer une perte financière pour le propriétaire forestier due à la perte de production
(arbre non exploité), aux coûts engendrés par les travaux d’entretien
autour de l’arbre (soins culturaux) et au travail du gestionnaire forestier (recensement, contrôle des travaux, identification des sites).
Parmi les feuillus, seul le hêtre est concerné pour la conservation de
l’habitat de la Chouette de Tengmalm. Chez les résineux, on retiendra
l’épicéa et le sapin blanc pour la Chevêchette d’Europe.
Remerciements
Impressum
Les auteurs et l’éditeur de cet ouvrage remercient les personnes et organismes suivants pour leur soutien et conseils
Financement: Pro Natura Vaud
Relecteurs: Mme R. Bütler (SFFN - resp. biodiv. en forêt), D. Gétaz
(inspecteur forestier), J.-D. Bertholet (municipal, Bière), Lionel Sager (Pro
Natura), A. Annen (garde forestier), A. Golay (garde forestier), A. Perrusset
(garde forestier), A. Croisier (garde forestier), H. Philipona (garde forestier),
A. Blaser (PNRJV), M. Rüfenacht (PNRJV)
Responsables d’édition: Olivier Schär & Clément Romy
Responsables de rédaction: F. & P. Henrioux, P. Walder et P. Marti
Conception graphique et mise en page: P.-A. Rochat
Credits cartographiques: P.-A. Rochat, © Swisstopo
Crédits photographiques: S. Baciocchi, J. Binggeli, Ch. Henninger,
J.-D. Henrioux, P. Henrioux, O. Jean-Petit-Matile, P. Marti, J. Michel, Ph. Perrot
Dessins et lithographies: P. Baumgart
Impression: Imprimerie Baudat
Papier: certifié FSC (mixte)
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OISEAUX CAVICOLES - CONSERVATION DES ARBRES À CAVITÉS
Le coin pratique
Pour en savoir plus
Ce cahier est accompagné d’un document complémentaire appelé « Le coin pratique».
Résumant les techniques et mesures relatives à la gestion des espèces cavicoles et de
leur habitat, cette fiche fera l’objet de mises à jour.
Une version actualisée est disponible en téléchargement sur notre site
www.parcjuravaudois.ch
Vous pourrez la placer ici.
LES CAHIERS TECHNIQUES DU PARC NATUREL RÉGIONAL JURA VAUDOIS
Parc naturel régional Jura vaudois
Rte du Marchairuz 2
CP 33
1188 St-George
+41 (0)22 366 51 70
[email protected]
www.parcjuravaudois.ch
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