1 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel LA PME-PMI ALGERIENNE : PASSE, PRESENT ET PERSPECTIVES Meliani Hakim et Bouadam Kamel Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Université de Sétif Résumé : La PME-PMI est reconnue universellement comme une école de formation de managers, des cadres et de la main d’œuvre. En Algérie où la PME-PMI n’est pas développée, la promotion de ce secteur est un moyen non seulement de densifier, de diversifier l’économie et d’élever le niveau de vie des populations mais aussi de créer une élite de managers industriels. L’artisanat et la PME-PMI sont des aménageurs de territoire en ce sens, qu’ils répartissent les efforts et les résultats à travers tout le territoire. Introduction Comme l’opinion publique le constate aujourd’hui cette « industrie industrialisante », stratégie –défi du temps », comme se plaisent à l’évertuer certaines critiques, n’a pas rattrapé le retard promis de rejoindre les pays limitrophes mais a placé l’Algérie derrière ses voisins, le Maroc et la Tunisie, avec en plus, un crise multidimensionnelle qu’a vécue la société et qui s’est aggravée depuis une décennie. Pour mettre à cette « économie sauvage et sans scrupules », la PME –PMI s’avère incontestablement un remède, une voie de développement à la dimension de la société. Dans la première partie, nous analyserons les causes et les faiblesses du développement de la PME-PMI en Algérie. En deuxième partie, nous montrerons comment la PME-PMI peut être un facteur de stratégie de développement économique et productrice d’une technologie. 1. Causes des faiblesses. Un fait est réel, l’hostilité du pouvoir pour la promotion de la PME-PMI et l’artisanat privés date des premières années de l’indépendance. La méfiance en le secteur privé est consommée dès lors où le système « socialisant tous azimuts » engagé un véritable « ratissage » de nationalisation allant de la PME-PMI jusqu’au petit artisan. Face au secteur privé, les arguments de mauvais aloi ne manquent pas. Ainsi, le capitaliste algérien est présenté comme l’incarnation المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 2 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel de la classe bourgeoise et celui-ci, d’un comportement individualiste, et exploiteur, n’a d’intérêt que pour le profit. Se ravisant de la peur et de la débandade créées qui avaient conduit à une fuite massive du capital privé, particulièrement en France, l’Etat a aussitôt institué le premier code des investissements en 1963 qui offre une certaine garantie au capital étranger avec autorisation de transfert d’une partie des résultats, mais le capital privé national demeure porté aux oubliettes. De 1963 à 1965, seulement 2 projets d’investissement de PMI ont été initiés, l’un portant sur une unité de chaussures et l’autre sur des produits chimiques. Quant au capital étranger, il ne s’est pas manifesté outre mesure. La proclamation du 19 juin 1965 qui a promis au peuple un redressement de l’ordre social et de l’économie en particulier s’est appuyé cette fois sur un certain nombre de technocrates à la franquiste influents pour définir et élaborer la stratégie. En proclamant la voie socialiste comme style de développement, ces technocrates ont fait appel à leur tour aux experts étrangers, lesquels sans état d’âme ont produit la stratégie dite « industrialisation industrialisante » inspiré du schéma de reproduction socialiste qui donne la priorité au secteur de production de biens d’équipement, qui à son tour, créera automatiquement la dynamique du secteur des biens de consommation par le fameux « effets d’entraînement ». Ces experts ont avancé des arguments aussi fallacieux que tendancieux tels : L’artisanat, et la PME-PMI à eus seuls ne peuvent être un facteur de développement et que seule une industrie à grande dimension et à haute intensité de capital est en mesure de vaincre rapidement le sous-développement de l’Algérie et de la mettre au diapason des pays industrialisés actuels ; Le monde vit le progrès au rythme de la technologie de pointe, d’économie d’échelle, fait de grandes concentrations industrielles, de monopoles, d’accumulation du capital, de baisse des coûts des facteurs, des prix de revient, l’Algérie ne doit demeurer en marge ; L’Algérie à développement planifié et coordonné ne peut s’accommoder d’un secteur de propriété exploiteuse générateur ou géniteur d’une bourgeoisie compradore, ennemie du socialisme, susceptible de mettre en cause et de confisquer le pouvoir des « masses laborieuses » ; Les produits de consommation courante sont moins onéreux à importer qu’à fabriquer sur place. Au lieu d’une industrie où tous les espoirs sont permis, qui devait transformer les matières premières locales et mettre fin au chômage, nous assistons à un énorme banc industriel coûteux, inefficace, avec un gonflement de structures qui ont engendré une bureaucratie pléthorique, lourde et lente, au demeurant fossoyeuse de l’économie. Ce dérapage industriel est en majeure partie la cause principale de la frustration, de la rareté, du trabendo, des scandales politico financiers, d’inégalité, de violence que vit actuellement la société. L’Algérie est elle contaminée par les pays producteurs de pétrole qui, eux, privilégient le développement de l’industrie pétrolière pour l’intérêt de la rente, au point d’afficher un mépris pour la PME-PMI et l’artisanat synonymes de techniques désuètes et archaïques ? A notre avis, il n’y a jamais eu de pays industrialisés qui s’est développé sur une mono industrie à l’exception de l’Algérie. Il n’y a jamais de pays qui ont un savoir –faire et d’autres qui n’en ont pas. Par contre, il y a des pays qui croient en la savoir, et le savoir—faire des autres. Il est aberrant que la PME-PMI et l’artisanat soient exclus de la stratégie et relégués à vivre dans un ghetto, alors que la puissance économique des USA, du Japon, des pays de l’Europe, de المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 3 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel la Chine, et de tous les pays qui sont actuellement sur le podium des puissances technologiques sont le produit de « petite production marchande ». fort de l’aisance des disponibilités financières provenant de la manne pétrolière généreuse des années 70, le pouvoir a foncé tête baissée pour une importation massive des équipements et du savoir-faire étranger absorbant 45% du budget de l’Etat, sans résultats probants. A propos du transfert de technologie à grande échelle, bon nombre d’experts analysent la politique de technologies en Algérie en affirmant que ces technologies peuvent être efficaces dans leurs pays d’origine, mais pour l’Algérie, elles posent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Malgré le spectre qui pèse sur les privés, un certain nombre de commerçants ont décidé de mobiliser leurs capitaux dans l’investissement productif. Le nombre des PME-PMI créées est de 263 entreprises offrant 10200 postes de travail en 1966. en 1968 le nombre passe à 1086, et à 1434 en 1973, toutes activités confondues y compris le BTP. A cette date, la PME-PMI privée occupe 63,6% de l’ensemble de l’industrie. Le textile occupe à lui seul 35.5% de l’ensemble de la PME-PMI1. Le véto répété du ministère de l’industrie causant l’agrément au compte-goutte des projets a découragé l’élan du capital privé. Da,s la dernière moitié des années 70, beaucoup d’investisseurs ont entrepris des centaines d’études technico-économiques et de faisabilité à grands frais pour voir ensuite leurs dossiers rejetés par les commissions d’agréments des investissements sous prétexte que l’activité souhaitée relève du monopole d’état. Quant au capital étranger, tout projet était systématiquement écarté. 2. La marginalisation. La fin des années 70 marque l’essoufflement de la stratégie avec ses relents de dysfonctionnements. Le privé qui a des capacités financières disponibles est laissé à lui-même, faute d’une politique claire de l’Etat. Ne sachant quoi faire de lui, avec lui ou contre lui, le statut quo a poussé la majorité du privé à utiliser le système « D », à se verser dans des activités occultes propices à l’économie souterraine avec tout ce que cela comporte de gain facile, de corruption, de trafics d’influence, de mafia, de spéculation, de passe droits et nous en passons. Ainsi, il n’est pas inutile de le répéter, la présence de la PME-PMI et de l’artisanat, aurait joué un rôle prépondérant et sécurisant pour la promotion d’une nouvelle industrie capable de générer de l’emploi et la valeur ajoutée. 3. Pour une démarche stratégique adaptée au contexte de la PME en Algérie C’est avec une grande prudence que l’on avancera quelques propositions. De quel type de management stratégique la PME a-t-elle besoin ? Peut-elle se passer d’une telle approche. o Un besoin minimum de planification stratégique devrait posséder les attributs suivants : o Consommer le moins de ressources possible, en incluant dans ce terme le temps disponible du dirigeant ; o Etre cohérent avec le style stratégique intuitif des dirigeants concernés ; en particulier le système adopté ne devrait en aucun cas les empêcher de saisir les opportunités à mesure qu’elles se présentent ; المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 4 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel o Aider le dirigeant à avoir une vision à long terme de son entreprise, et, à concevoir les options susceptibles de la guider dans le cadre de cette vision. o Donner la priorité à la mise en place d’un système d’information stratégique. Les PME ont donc besoin , tout autant que les grandes entreprises, d’un système d’information stratégique. Celui-ci doit être cohérent avec la structure de la PME. Celle-ci doit surveiller à peu près les mêmes parties d’environnement que la grande entreprise, mais avec des moyens de moindre coût et du moindre formalisme. La priorité doit être donnée à ce qui se fait déjà dans l’entreprise- et notamment au système d’information informel du dirigeant-, l’amélioration devant porter surtout sur les techniques permettant de stocker les informations et de les retrouver rapidement dès que le besoin se fait sentir. o Penser plus tôt à la faisabilité des stratégies et à leurs problèmes éventuels d'application. Bon nombre de dirigeants reconnaissent avoir rencontré de sérieux problèmes pendant la phase d'exécution de leurs décisions14. Un des moyens de remédier à cet état de choses est de réaliser, dès la phase de la conception, la nature stratégique de la décision qui va être prise. Une fois retenue, cette option tiendra en compte toutes les ressources de l'entreprise: financières, capacités de production, personnel disponible, etc.… o Un problème souvent occulté et pourtant majeur est celui de la collaboration du personnel aux choix stratégiques du dirigeant. Dans certains cas, il peut y avoir une situation de blocage. Dans beaucoup de PME, des choix stratégiques majeurs sont décidés par le dirigeant seul, chez qui d’ailleurs sont concentrées la plupart du temps les informations nécessaires à la prise de décision. Celle ci se caractérise alors par des qualités de rapidité, d’efficacité et de secret parfois nécessaire. Malheureusement, les proches collaborateurs n’ont pas été associer à la prise de décision, et il en résulte des inconvénients majeurs. La décision, prise par un seul homme, n’a peut-être pas intégrer toutes les contraintes nécessaires ; par exemple, seul un collaborateur chargé de la fonction financière ou, à, défaut, l’expert comptable ou le banquier pourraient dire au dirigeant si la stratégie de croissance envisagée ne va pas entraîner une augmentation excessive du besoin de fonds de roulement, et donc des problèmes de trésorerie incompatibles avec le maintien d’un minimum de sécurité financière. 3.1 La PME et PMI en Algérie Les petites entreprises moins de 10 salariés représentent 93.24% et emploient 22195 salariés, soit 35% de l’effectif global. Quant aux PME employant 10 et plus représentent à peu près 7% et comptent 412400 salariés soit, 65% du total2. La PME et PMI est essentiellement concentrée dans cinq secteurs d’activité : BTP ( 26.7%), commerce ( 16.34%), transport et communications (8.7%), services (8.6%) et industries agro-alimentaires (7.3%), soit 68% du total. Le secteur privé industriel représente quant à lui 38800 PMI, soit 24.3% des entreprises recensées à la date de juillet 2000 et emploie 28.2% des travailleurs. A noter également, dans ce secteur d’activité, les entreprises de moins de 10 salariés représentent 92% des entreprises industrielles soit 35800. La moitié des entreprises est concentrée dans les principales wilayas du nord : Alger, Oran, Tizi Ouzou, Sétif, Bejaia, Blida, Constantine, Chlef, Tipaza et Boumerdes. Il faudrait souligner que les wilayas du sud comme Naama, Ghardaia, Bechar, Ouargla, et El Oued enregistrent respectivement 1449 entreprises pour 132000 hab ; 2521 PME pour 312000 المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 5 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel hab ; 2138 PME pour 232000 hab ; 2468 PME pour 443000 hab ; et 2300 entreprises pour 525000 ha. 3.1.1 Apport de la PME-PMI Le secteur privé a contribué au cours de l’année 1998 à concurrence de 53.6% hydrocarbures y compris en produit intérieur brut. En 1994, la valeur ajoutée du secteur public était de 617.4 milliards de dinars représentant 53.5%, alors que le secteur privé dégageait 538.1 milliards de DA, soit 46.5%. a partir de 1998, on constate un renversement de situation en faveur du secteur privé avec 1178 milliards de DA, soit 53.6% contre seulement 46.4% pour le secteur public3. Dans les échanges extérieures, les importations réalisées par les opérateurs privés durant les 9 premiers mois de l’année 1999 se sont élevées à 4399 millions de dollars, soit 65.77% des importations globales. Les exportations pour la même période par les opérateurs privés se sont situées à 115 millions de dollars soit 29% des exportations globales. Investissements Le nombre de projets déclarés pour l'année 1997 a été de 4989 contre seulement 2075 en 1996, soit plus du double. L'ensemble de ces projets totalisent 437.8 milliards de DA contre 178.2 en 1996. Le nombre d'emplois prévu pour 1997 est de l'ordre de 266 000 contre 127 000 en 1996. Le nombre de projets déclarés en partenariat a été de 59 contre 49 en 1996 avec un coût global estimé à 21.3 milliards de DA et un emploi prévisionnel de l'ordre de 6378, soit 32 % en termes d'entreprises, 27 % en termes d'emplois et 32 % en termes de montant par rapport à l'ensemble des projets déclarés en partenariat depuis le 13 / 11 / 1993. Les principales caractéristiques des projets durant la période : - une prépondérance des nouvelles créations représentant 83 % des projets déclarés; - une concentration dans les secteurs de l'industrie et des services, notamment le transport terrestre; - une localisation autour des grandes métropoles industrielles au centre et au sud du pays; - une importance de projets de taille moyenne avec plus de 59 % de projets emploient entre 20 et 100 salariés et 30 % , dont le coût se situe entre une fourchette 20 et 50 millions de DA. 3.2. Financement de la PME et PMI : La question du financement est une problématique nationale qui persiste depuis plusieurs années. On essaiera d'appréhender quelques facteurs qui font obstacle au financement. Nous pouvons en citer : la lenteur de la réforme du secteur bancaire: La faiblesse des revenus et de l'épargne a pendant longtemps constitué l'échec du système bancaire ainsi que les limites du financement planifié basé sur les recettes pétrolières et le concours extérieur. Le système bancaire construit dans une optique de spécialisation sectorielle et de complémentarité n'a pu se déployer et jouer pleinement son rôle. Ce n'est pas par hasard si en 1998, sur 1200 milliards de DA en circulation, seule la moitié était bancarisée, l'autre moitié échappe au circuits bancaires et pèse sur l'économie réelle , les prix, le niveau d'évasion fiscale et les grands agrégats de l'économie. La réforme du secteur bancaire et financier, malgré les étapes franchies depuis la loi sur le crédit et la monnaie ( Avril 1990 ) reste en deçà des espérances . المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 6 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel Après plus d'une décennie de libéralisation, le marché bancaire local compte prés d'une vingtaine d'établissements agrées, cependant le secteur étatique continue d'assurer le financement de l'économie à hauteur de 90 %.Il est vrai que le secteur bancaire privé demeure en phase d'extension et de mise en place d'un réseau d'agences étoffé avant d'être à même de contribuer efficacement à l'essor de l'investissement et au financement de l'économie. Or, il est d'autant vrai , que les établissements financiers et banques privés se sont pour la plupart orientés vers des créneaux ne s'accommodant guère avec les impératifs de l'investissement et de la croissance économique. Conséquence: le passage à la libéralisation induit par la fameuse loi sur la monnaie et le crédit n'aura, en définitive, rien apporté en termes de financement du décollage économique et les analyses les moins optimistes ne prévoient guère de changement pour le court et le moyen terme. Au demeurant, les réticences et préoccupations entourant l'existence et le rôle du secteur bancaire privé sont d'autant plus avisés par les usagers et pratiques douteuses et un environnement, pour ainsi dire malsain. Aujourd'hui, la nouvelle approche de développement du pays impose au système bancaire et financier une nouvelle dynamique où concurrence, obligation du résultat, libre circulation des biens et services capitaux seront les principaux éléments du nouveau paysage bancaire. Seulement ce paysage met beaucoup de temps à se mettre en place au regard des enjeux qu'il recèle et à l'énorme effort de modernisation à accomplir au sein même du secteur bancaire. régulation inadaptée aux nécessités d'allocation des ressources: Aujourd'hui, la régulation économique fortement ébranlée par les effets de la politique d'ajustement ne favorise point la relance économique. Malgré la forte baisse des taux d'intérêts: jusqu'à 6.5 % pour l'investissement et 10.5 % pour les crédits d'exploitation, ils n'ont pas suffit à donner une dynamique à l'investissement. Entre les intentions de projets enregistrés auprès de l' APSI et ceux mis en œuvre , le décalage est très important Beaucoup d'avantages et exonérations ont été consentis dans le cadre de la promotion des investissements, seulement les résultats demeurent toujours faibles. La faiblesse du dinar ( due à sa forte d'évaluation ) a également découragé les investisseurs car pour la plupart, ils exigent des équipements importés payables en devises. Le désinvestissement persiste donc depuis plus de deux décennies. Il a entraîné des conséquences négatives sur le dynamisme des marchés industriels avec à la clé une faible attractivité pour les activités productives. La question de régulation (fiscalité, crédit, exonération droits de douanes … ) est posée et les réponses vont dans le sens d'une faible impulsion des investissements. La rigidité des critères et les modalités d'accès au financement: Malgré tous les progrès accomplis en matière de prestation de services, l'accès au financement de l'investissement reste une procédure très lente et ardue, dépassant souvent une année. Les critères de solvabilité et de rentabilité, l'analyse et l'évaluation des risques, le respect des règles prudentielles se conjuguent pour rendre difficile sinon impossible l'accès au financement. Pour beaucoup d'opérateurs, les procédures mises en œuvre pour instruire, traiter, élaborer, conseiller et finaliser un financement sont pénibles voire décourageantes . La prudence des banques est perçue comme une absence totale de prise de risque et que les garanties demandées ne sont pas toujours fonction des crédits demandés. المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 7 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel La complexité des procédures, leur lourdeur ouvre la voie à des comportements contraires à la performance, à l'efficacité et peuvent par conséquent constituer un frein au financement de l'investissement Analyse suivant chaque type de projet: Les projets déclarés au niveau de l' APSI porte sur quatre types d'investissements: les projets de création ou projets nouveaux; les projets d'extension de capacités de production existante; les projets en exploitation entrés en production cinq années avant la promulgation du décret relatif au code des investissements 1993; les projets de réhabilitations concernant les projets déjà existants mais nécessitent une réhabilitation de l'outil de production. Configuration des déclarations d'investissements pour 1997 (millions de DA)4 TYPE NOMBRE % EMPLOI % MONTANT Création Exploitation Extension Réhabilitation Total 4118 51 804 16 4989 83 1 16 0 100 212 714 6 185 45 069 2 793 266 761 80 2 17 1 100 356 792 1 291 68 397 11349 437 889 % 8 0 16 3 100 La plupart des projets déclarés est constitué de créations nouvelles avec 83 % avec des intentions d'investissement pour plus de 356 792 millions de dinars et 212 714 emplois. Les projets d'extension des capacités de production viennent en seconde position. Ils représentent 16 % de l'ensemble des projets avec 45 096 postes d'emplois pour un montant de 68 397 millions de dinars. Les projets entrés en production depuis 1988 et déclarés durant 1997 représentent 1 % en termes de nombre et 2 % en termes d'emplois. Analyse suivant l'activité La configuration des projets d'investissements déclarés pour l'année 1997 par secteur d'activité est donnée par le tableau qui suit: Répartition des déclarations d'investissements par activité pour 19975 Activité Agriculture Services et T. Pétroliers Mines et Carrières I.S.M.ME Matériaux de Construction BTPH Chimie,Caoutchouc,Plastique Ind. Agro-alimentaire Ind.Tex. Bon et Confection Cuirs et chaussures Ind. de Bois, liège, Papier Ind. Diverses Transport Commerce Tourisme Services Etablissements financiers Santé Total المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب Nombre 114 3 10 200 201 1147 203 724 104 27 211 35 1122 64 248 478 6 92 4989 % 2 0 0 4 4 23 4 15 2 1 4 1 22 1 5 10 0 2 100 Emploi 3795 306 927 8411 10858 79216 9428 22359 5275 1141 6239 820 40696 3477 12162 58740 371 2540 266761 % 1 0 0 11 4 30 4 8 2 0 2 0 15 1 5 22 0 1 100 Montant 8026 436 1345 15165 26401 106537 27897 53940 5853 1604 10313 894 67660 3462 67037 26439 9276 5545 437829 % 2 0 0 3 6 24 6 12 1 0 2 0 15 1 15 6 2 1 100 . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 8 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel Le tableau montre la persistance de la prépondérance du secteur industriel dans le niveau des déclarations des investissements. En effet, sur les 4989 projets, 35 % relèvent du secteur industriel avec un montant de 143.8 milliards de dinars et environ 65000 postes d'emplois à fournir. Cette situation s'explique par la multitude de créneaux porteurs dans les activités industrielles, mais aussi par l'existence d'une infrastructure. Le montant dans les secteurs du bâtiment, travaux publics et hydrauliques s'élève à plus de 106.5 milliards de dinars, soit 23 % en termes de projets. Le secteur des transports a enregistré 1122 projets avec plus de 40 000 postes d'emplois pour un montant de 67.6 milliards de dinars . Configuration des projets suivant le partenariat Répartition des projets déclarés en partenariat 1997:6 Régions Nombre % Emplois % Montant % Europe 28 47 3711 58 5154 24 Pays Arabes 18 31 1345 21 9598 45 Asie 6 10 382 6 224 1 Amérique 5 8 520 8 1519 7 Afrique 0 0 0 0 0 0 Autres 2 3 420 7 4823 23 Total 59 100 6378 100 21317 100 Pour les projets en partenariat avec l’étranger, ils sont très réduits. Seuls 297 projets ont été enregistrés à la fin de 1999, soit moins de 1% du total des projets. Les obstacles inhérents au développement à la PME-PMI La trilogie financement- foncier- bureaucratie reflète la masse des problèmes à surmonter pour les promoteurs. A noter également l’absence de mécanismes de couvertures de risques liés aux crédits accordés : risque de change, variation des taux d’intérêt… L’approvisionnement en inputs importés pose de sérieux problèmes aux PME qui ne sont pas rompues aux techniques d’importations, qui s’approvisionnaient auprès des entreprises publiques dans un passé récent. Le mode de gestion et d’organisation demeure en deçà du minimum exigé pour une économie de marché où la compétitivité constitue la condition de survie. Aujourd’hui, même l’ANDI qui a remplacé l’APSI est en panne dans son fonctionnement, du moment qu’elle n’a pas mis en place les dispositifs de son fameux régime dérogatoire. Ses guichets uniques ne sont que des boites d’enregistrements incapables de décision concrètes qui motivent les investisseurs. A travers le monde, on estime à plus de 130 agences pour le développement de l’investissement qui vivent une stabilité requise. Pour la quasi-totalité de leurs guichets uniques, ils sont de véritables centres de décision. Pour investir à l’étranger, l’acte d’investir s’effectue en 43 heures, y compris l’acquisition du terrain, pourvu que l’on ait de l’argent. On ne demande ni l’acte de naissance d’origine, ni le registre de commerce, à plus forte raison la nationalité ou la provenance de ses apports. L’ investisseur à l’étranger dispose d’une ligne téléphonique dans l’intervalle qui suit l’acte d’investir. Le lieu d’implantation de son projet dispose de toutes les commodités : eau, gaz ; électricité, voie d’accès goudronnée, etc. المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 9 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel En Algérie, à quoi sert une législation qui offre des « cadeaux fiscaux » aux investisseurs, si l’acte d’investir devient un « parcours du combattant » où un projet qui doit se réaliser en 18 mois, demande 3 , 4, 5 ans pour sa réalisation ? Ce projet est parfois mort-né à cause d’une bureaucratie qui se « love » dans sa logique, qui se plaît à se créer des lenteurs, de formalités sans fin, à décourager les plus tenaces. Aujourd’hui, nous demandons à n’importe quel représentant dans la guichet unique de l’ANDI, qu’il soit douanier, fiscaliste, banquier ou représentant foncier, personne n’est capable de prendre une décision sur place en connaissance de cause, sans se référer à son responsable hiérarchique. Savoir capter l’investisseur exige une culture managériale, un savoir-faire des hommes. A quoi servent des dispositions mêmes alléchantes si les hommes appelés à les appliquer pour une raison ou une autre ne jouent pas le jeu ? A l’instar du Maroc et de la Tunisie les mentalités doivent changer en Algérie. المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 10 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel Conclusion Le thème retenu nous a conduit à distinguer les choix stratégiques à la disposition des PME et le type de démarche qui aboutit à ces choix. Une classification séquentielle des stratégies disponibles pour la PME a été proposée, mettant au premier rang celles qui s’imposent de toute façon, et deuxième celles qui ne sont nécessaires qu’en cas d’insuffisances constatées au premier niveau. En ce qui concerne la démarche stratégique conseillée aux dirigeants de PME, celle-ci est essentiellement tributaire du contexte très particulier dans lequel ils travaillent et de la mentalité « d’entrepreneur » de la plupart d’entre eux. A cet égard, les modèles de planification stratégique ne seront adoptés qu’avec de prudence dans l’univers étudié. Un certain nombre de propositions ont été faites, mais il reste à souhaiter, pour qu’elles soient précisées et détaillées, qu’un plus grand nombre de recherches soient effectuées dans un domaine encore en grande partie inexplorée. Quelques recommandations aux PME Algériennes La mise en place de réseaux de soutien composés d’organismes publiques et privés dont les taches consistent à offrir les services destinés à développer la ressource humaine et le savoir faire technique et managérial. La création de mécanismes de financement spécifiques à ces entreprises à savoir de capital risque, les fonds de garantie, les sociétés de leasing pour stimuler la création et la croissance d’entreprise. Le programme MEDA d’appui à la petite entreprise d’une durée de cinq ans doté d’un montant de 60 millions d’euros toucherait directement et indirectement quelques 30000 entreprises. Il portera sur l’étude de créneaux porteurs sur lesquels les entreprises pourront s’appuyer, sur la formation des managers qui représentent 75% du financement et enfin sur l’environnement entrepreneurial. Son but consistera donc à préparer les PME algériennes à être mieux outillées pour affronter la concurrence une fois la zone de libre échange sera effective. Il interviendra sur l’environnement de l’entreprise que d’aucuns qualifient de goulots d’étranglement. Sur ce point, le programme porte sur la mise en place de sociétés financement spécialisées telles que les sociétés de leasing, de factoring et de capital risque. L'Algérie dont la coopération n'a commencé qu'à partir de 1995 lors du lancement du processus de Barcelone, n'a pu profiter que d'une infime partie des 4.685 milliards d'euros consentis par le MEDA 1 aux douze pays tiers méditerranéens. Un montant qui n'a jamais vu le jour dans sa totalité. Les promesses européennes sont restées vaines surtout la somme qui devait débourser la banque européenne d'investissement (BEI) qui avait promis à cette époque d'octroyer une somme de 2.310 milliards d'euros. Il aura fallu attendre donc le démarrage de MEDA II pour voir enfin débloquer l'aide européenne au profit des entreprises algériennes. Une attente qui a fait suite à la conclusion des accords d'association avec l'union européenne en mars 2002.Lancé déjà depuis deux ans, MEDA II devait couvrir la période 2000-2006, poussera à coup sur notre pays à intensifier ses efforts pour bénéficier de cette aide, dont la finalité est de tenter de rapprocher les performances de nos entreprises de celle des Etats européens appelés à se concurrencer dans la future zone de libre échange de 2010. المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 11 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel 1 Liberté Economie N° 211 du 19-25 Février 2003 Revue Investir en Algérie, 1999 3 L’Economiste du 30 Avril 2001 4 Investir en Algérie, KPmg,Audit, Paris, Juillet 1998, p 84 5 APSI, 1998 6 APSI, 1998 2 المعهد اإلسالمي للبحوث و التدريب . تمويل المشروعات الصغيرة و المتوسطة و تطويرها في االقتصاديات المغاربية:الدورة التدريبية الدولية حول 2003 ماي28 – 25 كلية العلوم االقتصادية و علوم التسيير 12 La PME-PMI Algérienne : Passé, Présent et Perspectives Meliani Hakim & Bouadam Kamel Bibliographie. 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