Makhzen a créé à Tanger le poste du représentant du sultan auprès des représentations
diplomatiques des différents pays étrangers. L’un des aspects de la réforme inaugurée par
Mohamed-IV, fut l’établissement des relations politiques, culturelles et économiques avec
l’Egypte et l’Etat ottoman. C’est dans ce cadre-là que se fait la mission d’ouvriers qualifiés
égyptiens chargés de faire tourner l’usine de sucre fondée par Mohamed-IV à Marrakech et
l’envoi en Egypte d’étudiants marocains en vue de se former dans les techniques de l’impression
et dans les disciplines militaires.
3) La question militaire. Jusqu’à la défaite d’Isly (1844), l’organisation de l’armée
marocaine était la même que celle en vigueur sous le règne de Moulay-Smaïl, 17ème siècle !
L’essentiel de l’armée se composait d’un armement et d’une tactique archaïque. L’armée
marocaine souffrait terriblement de l’absence de discipline et de la non maîtrise des techniques et
des sciences modernes. Il y a une réorganisation de l’armée en créant un corps d’infanterie à
l’européenne, formés par des instructeurs européens. Il substitua au traditionnel recrutement tribal
un recrutement plus national et passa de nombreuses commandes d’armes et de munitions auprès
de divers pays européens. Il a notamment essayé de se dégager par rapport à l’extérieur en créant
des fabriques d’armes au Maroc telle la "Makina" à Fès, et développa la cartoucherie de
Marrakech. Il a également accordé une grande importance à la formation aux techniques
modernes en envoyant des centaines de jeunes marocains dans les différents pays d’Europe et en
Egypte entre 1874 et 1888, 8 missions marocaines d’étude soit 350 personnes en tout sont
envoyés des académies militaires étrangères. Parallèlement à cela, il a fait appel à des instructeurs
militaires étrangers belges, français, anglais, italiens et espagnols. Hassan I essaya aussi de doter
le pays d’une marine moderne susceptible de surveiller les côtes, de faire diminuer la contrebande
et développer les moyens de transport maritimes. Il a, ainsi, commandé deux canonnières et une
corvette à l’Italie, a acheté un vapeur "hassani" à Liverpool qui entra en service en 1882. Son fils,
Moulay-Abdelaziz a aussi acquis un vapeur moins important, le "Sid Turki", acheté en
Allemagne.
3) Le développement économique du pays se heurtait au XIXe siècle à la situation
archaïque des moyens de communication. Aussi, les efforts de Mohamed-IV et de Hassan I se
portèrent sur les infrastructures de communication (routes, ponts, ports, projet de chemin de fer,
etc.). Dans le domaine agricole et industriel, ils encouragèrent les projets d’implantation de coton
et de canne à sucre dans le Haouz et le Souss. Ainsi, fut fondée une manufacture et une
cotonnade à Marrakech. A Tanger fut monté un moulin à vapeur, et à Fès fut introduite la
première imprimerie. Des projets de fabrique de papier à Essaouira et de verrerie à Tanger ont été
élaborés ainsi que le début d’exploitation de certains gisements miniers (charbon, plomb et
cuivre).
Conscient de la nécessité vitale d’une monnaie saine et solide pour toute entreprise de réforme
économique, Mohamed-IV, décida en 1869 une réévaluation de la monnaie marocaine pour
arrêter sa dépréciation et la diminution des revenus de l’Etat qui en découle. Hassan I continue les
réformes initiées par son père et décide en 1881 de frapper de nouvelles pièces d’argent mais
échec car fraudes. Deux années plus tard fut frappée une nouvelle monnaie mais la stabilité
monétaire n’a pas pu être atteinte. Les efforts réformistes du Makhzen aboutirent à un échec
quasi total. La cause principale réside peut-être dans le fait que l’Etat n’a pas réussi à mobiliser la
société. Le peuple, mal informé, avait une opinion négative sur les réformes initiées par le sultan
et il suivait les oulémas conservateurs qui y voyaient des innovations contraires à l’esprit de
l’Islam. Un courant anti-réformiste très fort avait ses défenseurs au sein même du Makhzen.