LA MONNAIE
La nature de la monnaie = la confiance
La contre-partie de la monnaie = production de biens et de services
Les fonctions de la monnaie :
- c’est un instrument d’échange
- c’est un instrument de mesure de la valeur
- c’est un instrument de conservation de la valeur
- c’est un instrument de direction de l’économie
Les différents types de monnaie :
- la monnaie métallique : lorsque la valeur de la monnaie correspond à la valeur métallique. Elle
n’existe plus officiellement depuis 1971
- la monnaie fiduciaire = pièces + billets
- la monnaie scripturale = compte en banque
Chèques + carte bancaire + lettre de change ne sont que des moyens pour faire circuler les valeurs
inscrites en compte en banque.
La place des institutions monétaires dans le circuit économique :
ETRANGER
ENTREPRISES
Investissements fonds de
réserve des changes
Trésor Public Epargne
Système bancaire
PARTICULIERS
Flux monétaires
Flux réels
Ce schéma très simplifié de la vie économique nous permet de mettre en évidence 2 séries de flux : les
uns partant des entreprises, les autres des particuliers.
On s’aperçoit que les flux de paiement dissimulent l’échange de flux monétaires contre les flux réels. Le
rôle des banques va être de faciliter la circulation de ces flux. L’équilibre économique n’est réalisé que si
les flux monétaires et les flux réels sont équilibrés.
Le rôle des institutions monétaires
L’action des institutions monétaires est double, les banques agissent directement sur les flux monétaires
et par là même agissent directement sur les flux réels.
I. L’action sur les flux monétaires
Les banques règlent la création et le volume de ces flux. Cependant l’une d’elles, la banque centrale
exerce une fonction de coordination entre toutes les autres fonctions que nous ferons apparaître en
étudiant les relations entre les institutions monétaires.
A. L’émission et le réglage des flux monétaires
Ici se pose une question fondamentale : les émissions de monnaie quelle que soit la forme prise par cette
dernière se proportionnent-elles automatiquement au besoin de l’économie ou bien peuvent-elles soit
dépasser ces besoins soit être insuffisantes ?
Si l’adaptation se fait spontanément l’Etat peut-il se fier à l’initiative privée. Mais si l’adaptation ne se
fait pas spontanément son intervention est inévitable.
1. L’émission de billets de banque
L’émission doit être règle par rapport à la masse des biens et des services produits.
A. Les limites à l’émission de billets
a) Les procédés de mise en circulation de la monnaie
l’escompte d’effets de commerce est une occasion non négligeable d’émettre des billets
le billet est souvent émis à l’occasion des avances que l’Etat demande à la banque centrale de lui
consentir. Ces avances sont très rarement remboursées. Selon les circonstances dans lesquelles ce
système est utilisé il n’est pas toujours néfaste :
- ce système peut donner de très mauvais résultats s’il n’est qu’une solution de facilité permettant
au gouvernement une remise en ordre des budgets. En période d’expansion cela peut provoquer
l’inflation.
- Si ce système est utilisé en période de récession il peut permettre une relance de la dépense
publique grâce à laquelle l’appareil productif pourra se trouver stimulé.
b) Les liens entre la circulation et l’encaisse
Le problème est de proportionner la masse de billets en circulation aux besoins de l’activité économique.
La véritable limite de l’émission réside dans l’appréciation que font les pouvoirs publics du volume à ne
pas dépasser compte tenu de la masse des biens et services produits.
La monnaie tire sa valeur de la quantité de produits qu’elle permet de se procurer.
B. Les rapports des banques d’émission avec les pouvoirs publics ont été modifiés
L’expérience a permis de découvrir un ensemble de règles qui doivent présider à l’émission de la
monnaie et qui constituent comme une orthodoxie à laquelle tout le monde devrait se plier.
Pour assurer la défense de cette orthodoxie en face des gouvernants il faut que le système bancaire soit
aussi indépendant des pouvoirs publics.
Historiquement la gestion de ce système bancaire a donc été confiée à des pouvoirs hautement conscients
de leur responsabilité générale.
Jusqu’en 1930 le problème du statut des banques ne s’est pas posé (elles étaient privées) mais à partir du
moment le billet est devenu inconvertible on s’est aperçu qu’il existait des liens étroits entre activité
économique et masse monétaire ;
La politique monétaire est un élément d’un tout qui est la politique économique générale de la nation et la
politique monétaire conditionne le succès de cette politique économique et générale. C’est pourquoi les
pouvoirs publics s’attachent aujourd’hui à contrôler le système bancaire mais la question est d’actualité
avec le statut de la banque centrale européenne.
2. L’émission de la monnaie scripturale par les banques commerciales
Les banques assurent le fonctionnement des circuits monétaires en tenant les comptes des agents
économiques.
Elles sont chargées d’inscrire les débits ou les crédits dont sont bénéficient leurs clients. De ce point de
vue la banque est seulement un intermédiaire. Elle reçoit les dépôts qu’elle remet sur ordre.
Mais la banque n’est pas que cela, elle a en particulier pour fonction d’ouvrir des crédits ; par ce
mécanisme elle crée véritablement du pouvoir d’achat et elle met en route une sorte de processus
cumulatif de création de pouvoir d’achat.
A. Les ouvertures de crédit
a) Les banques reçoivent des particuliers différentes sortes de dépôts
- dépôts à échéance fixe remboursable à une date qu’on indique à l’avance
- dépôts à préavis pour lequel l’échéance n’est pas fixée et que le déposant peut retirer quand il le
désire à condition de prévenir quelques jours à l’avance
- dépôts à vue que le particulier peut retirer à tout moment
Ces dépôts circulent par chèque ou par virement et constituent la masse de liquidià partir de laquelle la
banque va pouvoir se livrer à différentes opérations de crédit.
b) Les formes principales de crédit à court terme sont les suivantes :
- les escomptes des effets de commerce
- les avances : une banque peut attribuer à un de ses clients un crédit sous forme d’autorisation de
découvert c’est-à-dire que le client va pouvoir tirer des chèques sans avoir un compte
suffisamment approvisionné, alors que la banque s’engage à honorer ses dettes à concurrence
d’une certaine somme globale (= montant du découvert). Lorsque le plafond est atteint le crédit est
épuisé mais il peut être constitué. Si le client de la banque après avoir son plafond peut
approvisionner son compte il pourra à nouveau tirer des traites à concurrence de ce montant. Ces
avances peuvent être simples lorsqu’elles ne comportent pas de contre-partie ; elles peuvent être
consenties sur titre lorsque le client dépose auprès de la banque une garantie qui est l’équivalent
en titre de l’avance qui lui est consentie.
- les acceptations sont destinées à faire bénéficier un débiteur inconnu de la banque de son créancier
de la garantie que lui confère le fait que sa propre banque réponde de ses dettes. Imaginons qu’un
importateur français ait signé une traite qui se trouve entre les mains de son fournisseur brésilien.
Lorsque le fournisseur va présenter cette traite à sa banque brésilienne, celle-ci refusera
vraisemblablement de l’escompter parce qu’elle ne connaît pas la solvabilité du débiteur. Pour
éviter cela le client va demander à sa banque de répondre conjointement de sa dette. S’il ne paie
pas c’est la banque qui paiera alors la banque brésilienne n’a plus de raison de refuser une traite
garantie par une banque connue. La banque française n’aura généralement pas à avancer de fonds
elle aura seulement prêter son nom à son client. Grâce à cette garantie une négociation qui n’aurait
pu avoir lieu sera effective.
- les reports : imaginons qu’un spéculateur en bourse prévoit la hausse du cours d’un titre pour
l’avenir immédiat. Par exemple ce titre côté 100€ aujourd’hui le sera au prochain terme 110€. Il
va donc se porter acheteur à terme. Il achète à terme c’est-à-dire qu’aujourd’hui il achète 100€ un
titre livrable et payable à terme. Il peut se trouver que le titre au lieu de valoir 110€ vale au terme
échu 95€. Il y a eu baisse et le spéculateur va pouvoir réagir de 2 manières :
s’il estime que cette baisse est durable il va liquider l’opération et aura perdu 5€
il peut penser que la baisse n’est que passagère et qu’au prochain terme le cours du titre va
effectivement s’élever à 110€. Le spéculateur va donc vouloir conserver sa position
d’acheteur. Il pourra le faire grâce au système bancaire. Il va donc se procurer le titre, le
vendre au comptant à une banque au cours actuel de 95€ et le lui racheter à terme à un taux
un peu plus élevé (par ex. 97€) Supposons qu’au prochain terme la prévision se vérifie et
que le cours du titre s’élève à 110€, cette fois-ci l’opérateur va liquider l’opération, il va
prendre possession du titre et le revendre sur le marché ; Il aura réalisé un bénéfice
intéressant, un peu moins que prévu mais pas tellement (110-97-5 = 8€=. L’opération est
intéressante pour lui mais elle est intéressante aussi pour la banque qui n’a connu aucun
10 millions, dépôt spontané
Ouverture de crédit, 20 millions
Achat, 20 millions
Dépôt réflexe, 20 millions
risque. En effet, la banque en même temps qu’elle achetait 95€ s’assurait de le vendre 97€ en
conservant les titres en garantie.
c) La relation entre dépôt et crédit
Les banques ont donc reçu des dépôts. Elles en sont redevables à leur clientèle. D’autre part elles ont
ouvert des crédits. Elles ont donc la double obligation de rembourser les dépôts qu’elles ont reçu et
d’honorer les crédits qu’elles ont offert. Il leur faut pour cela conserver des liquidités suffisantes De
l’importance de la notion de serve de liquidité. Cette notion peut prendre 2 significations selon la
facilité que l’on a de mobiliser les éléments qui en font partie.
Au sens étroit du terme elle comporte :
- les avoirs liquides de la banque c’est-à-dire les billets qu’elle a en caisse
- les avoirs qu’elle a en compte auprès d’autres banques
- le solde de son compte auprès de la banque centrale
Dans un sens plus large la réserve de liquidité comprend les avoirs précédents mais aussi des actifs
comme les bons du Trésor qui ne sont pas des liquidités immédiates mais qui peuvent l’être dans un délai
très bref de 2 à 3 jours.
Le problème pour la banque est de savoir quel doit être le montant de ses réserves. Ici 2 impératifs se
trouvent en conflit : la sécurité et la rentabilité.
La sécurité exige que la banque conserve les serves les plus élevées que possible, à ce moment la
banque ne court aucun risque mais ne gagne pas d’argent.
L’impératif de rentabilité au contraire exige que cette réserve soit aussi basse que possible de manière à
multiplier les opérations de crédit qui sont la principale source de profit des banques.
Entre ces deux impératifs c’est l’expérience qui tranche. Cette expérience nous montre que la banque est
dans une bonne position lorsque les avoirs immédiatement disponibles représentent 18 à 25% de ses
engagements et lorsque les avoirs rapidement mobilisables représentent 60% de ses engagements.
B. La création de monnaie scripturale
a) 1ère forme : l’escompte d’effets de commerce
La monnaie scripturale peut d’abord provenir des particuliers lorsqu’ils alimentent leur compte à l’aide
d’effets de commerce et non de billets. La banque en procédant à l’escompte inscrit le montant de
l’opération au crédit de son client. Ce dernier bénéficie donc d’un pouvoir d’achat supplémentaire alors
que ce pouvoir d’achat n’a pas encore été retiré au débiteur de l’opération. Le même pouvoir d’achat
existe fois mais cette situation n’est que provisoire. Lorsque les effets de commerce viennent à échéance
le compte du tiré se trouve débité et le même pouvoir d’achat ne circule plus qu’une fois.
b) 2ème forme : le crédit
Le mécanisme le plus important est celui que déclenchent les banques par leur politique de crédit.
Particulier
Banque Entrepreneur n°1
Entrepreneur n°2
Ces crédits vont permettre d’alimenter les dépôts sur lesquels de nouveaux crédits pourront être ouverts et
le mécanisme pourrait se poursuivre indéfiniment si des restrictions ne lui étaient pas imposées de
l’extérieur.
Imaginons une nation dans laquelle n’existe qu’une banque de dépôt, celle-ci reçoit des particuliers un
certain montant de dépôts par exemple 10 millions que nous appellerons dépôt spontané. Le 1er soin de la
banque sera de faire travailler ce dépôt. Sur ces dépôts la banque va ouvrir des crédits par exemple 20
millions qui vont se retrouver entre les mains de la clientèle de la banque que nous appellerons
entrepreneur n°1. A l’aide de ces crédits les entrepreneurs n°1 vont passer des commandes dont
bénéficieront les entrepreneurs n°2. Les entrepreneurs n°2 vont alimenter leurs dépôts avec ces 20
millions, dépôts appelés dépôt réflexe. La banque reçoit sous forme de dépôt les 20 millions qu’elle a
émis sous forme de crédit. Si rien n’intervient ce mécanisme peut se produire à l’infini. Il n’y a donc pas
d’autolimitation possible. Les seules limitations possibles proviennent de l’extérieur (banque centrale +
pouvoirs publics).
1ère limitation extérieure : la banque centrale
Alors que chaque banque peut s’estimer dans une situation parfaitement solide, la banque centrale
s’apercevra que le gonflement des dépôts de la nation repose uniquement sur des ouvertures de crédit.
Pour mettre fin à la hausse des prix pouvant résulter d’une telle superposition des crédits elle dispose d’un
instrument très efficace : son taux de réescompte. La banque va relever son taux de réescompte obligeant
par même les banques de dépôt à élever leur propre taux d’escompte. Le crédit devenant plus cher
trouvera moins de preneurs et ainsi la banque centrale en agissant sur les ouvertures de crédit va freiner le
crédit.
2ème limitation extérieure: les pouvoirs publics
Les pouvoirs publics ont compris qu’il ne servait à rien de contrôler l’émission de billets si par le jeu des
crédits les banques de dépôt pouvaient augmenter à leur gré le pouvoir d’achat en circulation sous forme
de monnaie scripturale. C’est pourquoi dans de nombreux pays une réglementation a été élaborée.
En France les activités des banques ont été strictement réglementées depuis 1945. La commission de
contrôle des banques a le droit de fixer et de modifier les ratios à maintenir entre les différents éléments
du bilan notamment entre les avoirs liquides ou mobilisables des banques et leurs engagements à court
terme. Ce ratio est fixé à 60% aujourd’hui. De plus le conseil national du crédit exige que certaines
ouvertures de crédit soient déclarées à la banque de France et que d’autres soient autorisées par elle.
B. Les relations entre les institutions monétaires
Une place particulière est ici faite à la banque centrale. Elle n’est pas un établissement comme les autres,
c’est la banque des banques. Elle coordonne l’action des autres banques mais surtout elle permet leur
fonctionnement. Elle n’entretient aucun contrat avec les particuliers, elle n’est en relation qu’avec les
autres banques et les pouvoirs publics.
1. La banque centrale et les banques commerciales
La banque centrale joue à la fois un rôle modeste sur certains plans et un rôle important sur d’autres
plans. Elle est d’abord un simple intermédiaire des paiements qui s’effectuent sur le système bancaire
mais d’autre part elle permet véritablement le fonctionnement du système bancaire en lui assurant à tout
moment les liquidités dont il a besoin.
A. La banque centrale assure la circulation de la monnaie scripturale entre les
banques commerciales en assumant la fonction de compensation
B. La banque centrale assure la liquidité des banques
Pour cela elle attribue des crédits chaque fois que cela est nécessaire. Si la banque centrale n’intervenait
pas les banques commerciales viendraient à manquer de liquidités et les opérations de crédit,
indispensables à la vie des firmes se trouveraient bloquées. Dans ce domaine la banque centrale intervient
de 2 manières directement ou indirectement.
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