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nuelle du PIB équivalente à celle de la productivité, la France créait environ 11 000 emplois par an ; mais
entre 1994 et 2004, 279 000 emplois ont été crées en raison d’un TCAM du PIB 2,5 fois plus élevé que celui
de la productivité (par exemple, en 2000, le PIB a augmenté de 4,7%, la productivité de 2% et l’emploi de
2,7%). En revanche, en 2009, la baisse de la croissance du PIB a été plus forte que celle de la productivité et
donc l’emploi a diminué.
On remarque donc que les rythmes élevés de la croissance de la productivité peuvent détruire des
emplois à court terme tout en favorisant la croissance, donc le nombre d’emplois à long terme.
Jean Fourastié (1907 – 1990) avait montré, dans Le Grand Espoir du XXe siècle en 1963, que les
créations d’emplois sont plus massives dans le secteur tertiaire parce que les gains de productivité sont
moins importants que dans l’industrie, la demande de services était en progression : En réalité, rien ne sera
moins industriel que le genre de vie né de la civilisation industrielle. Depuis cette date, les évolutions struc-
turelles de l’emploi lui donnent raison : aujourd’hui, 90% des actifs sont salariés, plus des trois quarts des
actifs travaillent dans le secteur tertiaire, un cinquième se situe dans l’industrie et moins de 3% dans le sec-
teur primaire. En conséquence, la part des ouvriers a régressé passant de 40% de la population active occu-
pée (dans les années 1950) à 22% aujourd’hui ; 30% des actifs occupés sont des « employés ». De même, les
salariés les plus qualifiés (CPIS, PI) ont fortement progressé.
Toutefois, l’analyse doit être effectuée avec prudence. Même si la part des services dans l’économie
s’accroît, une industrie solide est nécessaire à un équilibre vertueux de la balance commerciale et à la crois-
sance. En effet, la demande en biens industriels des pays développés reste importante, car elle assure
l’essentiel de leur qualité de vie. Si ces biens ne sont pas produits, ils doivent être achetés à l’étranger.
Par ailleurs, l’opposition entre services et industrie perd son sens. En effet, le développement des
services est essentiellement porté par les services aux entreprises (des études (conseil, audit), la communi-
cation et la publicité, le service informatique, la formation, la restauration collective, les transports et la
logistique, la maintenance, la récupération des déchets, le nettoyage,…), qui croissent bien plus vite que les
services aux particuliers (INSEE première, no 972, juin 2004). Il faut ainsi penser le développement indus-
triel et le développement des services comme complémentaires et non comme substituables.
De manière plus générale, l’industrie demeure un des principaux moteurs de l’activité économique en
termes de valeur ajoutée et d’emploi. Elle exerce un effet d’entraînement puissant sur l’ensemble des activi-
tés, en particulier par ses consommations intermédiaires : pour 1 € de production, l’industrie consomme 0,7€
de produits intermédiaires, contre 0,4€ pour les services (DATAR : Délégation interministérielle à
l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale [2004]). Ainsi, l’importance de l’industrie doit être
évaluée sur un périmètre correspondant à l’ampleur de on impact économique réel, l’industrie représente
alors près de 41 % du PIB français et 51 % de l’emploi marchand en 1998 (Postel-Vinay [2000]).
Ainsi, la baisse de l’emploi industriel direct n’a de sens qu’en tenant compte du quasi-doublement de
l’intérim dans l’industrie au cours des années 90 et de l’externalisation (consiste à transférer une partie de
son activité jugée moins centrale à une autre entreprise) importante d’un certain nombre de fonctions vers
les services. L’externalisation ou la sous-traitance ont donc contribué à renforcer la tertiarisation massive
dans la mesure où des emplois auparavant comptabilisés dans le secondaire ont basculé dans le secteur ter-
tiaire. Le marché de l’emploi reste donc tiré de manière importante par les résultats de l’industrie. En outre,
l’industrie possède un pouvoir très fortement structurant sur la diffusion de l’innovation technologique à
l’ensemble de l’économie et, par extension, sur sa productivité globale.
Enfin, les métiers industriels figurent parmi les plus hautement qualifiés et sont mieux rémunérés que
la moyenne, alors que l’économie a surtout créé ces dernières années des emplois dans les services à la per-
sonne (cf. http://www.fesp.fr/21-metiers), postes souvent précaires et mal payés.
C. Taux d’emploi et taux de chômage.
Le taux d’emploi correspond au rapport entre le nombre de personnes ayant un emploi et le nombre
de personnes en âge de travailler (généralement15 à 64 ans, mais on peut aussi avoir 15 ans et plus).