discussion des chiennes Forum 2 Femmes, nature et société Leirn – mars 1999 Pourquoi donc s’acharner à défendre une égalité des sexes ? Pourquoi ne pas valider une nature féminine, ou un «éternel féminin», voire une supériorité éternelle de l’homme sur la femme qui alors justifierait des traitements différents, ne seraitce que pour niveler ces inégalités de chances au départ ? N’est-il pas normal et intelligent de fournir l’éducation la plus adaptée aux capacités réelles du sujet, à savoir, les femmes ? Enfin, ne risque-t-on pas de gâcher ce bien si précieux qu’est la féminité en donnant aux femmes la possibilité de se conduire comme les hommes ? Bien sûr, ce paragraphe est une pure provocation de ma part. Mais plutôt que de poser comme postulat l’égalité des hommes et des femmes, je préfère commencer par détruire quelques idées reçues, (ou inconsciemment reçues) pour démontrer clairement que la spécificité féminine de prétendues capacités moindres ou même différentes n’a pas lieu d’être. Observations biologiques «La femme est le produit d’un os surnuméraire.» a prétendu Bossuet, justifiant ainsi, avec l’appui de la parole divine la subordination originelle de l’homme sur la femme. Mais la religion ne fait plus recette et il est difficile de se référer à Adam et Eve pour confirmer sérieusement une supériorité masculine. Toutefois la science a remplacé de nos jours la religion, en terme de convictions et de références. Et c’est dans la biologie et l’observation du règne animal qu’on va aller chercher de multiples preuves de la supériorité masculine. Même Simone de Beauvoir n’arrive pas, me semble-t-il, à se dégager de cette impression que le fondement de la soumission des femmes est dans la nature. Bien qu’elle cite la reproduction des éponges et d’un certain nombre d’autres animaux plus ou moins évolués, elle paraît bloquée sur le fait que dans les rapports sexuels des animaux ‘supérieurs’ (et volontiers cités en exemple, comme le lion ou le loup), le mâle a toujours le dessus et la femelle se cantonne dans un rôle passif (Beauvoir 1949 chap. 1er) : le mâle couvre la femelle, cette constatation provient de l’observation la plus élémentaire. Bien sûr, elle n’y trouve pas la justification de la domination masculine mais malgré ses affirmations, j’ai l’impression qu’un doute désagréable traîne dans son esprit, un doute qui lui ferait dire : éloignons-nous du modèle animal, nous sommes maintenant suffisamment évolués pour nous défaire de nos instincts les plus primitifs. Et je pense que ce point de vue est très largement partagé. Au fond de l’esprit de la plupart des gens reste le sentiment que l’homme est plus fort, court plus vite, qu’il en est de même pour les mâles dans la nature et que cette prédisposition malheureuse pour les femmes les condamne à la condescendance ou à la galanterie. Pourtant, ces observations biologiques, même dans leurs interprétations les plus littérales sont culturellement biaisées. Le terme passif n'a aucun sens dans ce cadre. L'utilisation de justifications causales est inadaptée à tous les phénomènes évolutifs et introduit des biais de sens très importants. Soit on fait de la stricte observation scientifique et le vocabulaire supérieur / inférieur n’a pas de sens, soit on plaque des considérations anthropomorphiques sur des observations éthologiques. Mais là, ce n’est plus de la science, mais du mythe ou de la métaphore. Le terme de ‘couvrir’ qu’emploie volontiers Simone de Beauvoir pour décrire la supériorité du mâle sur la femelle au moment de l’acte sexuel n'a un sens qu’en terme d'interprétation : le ‘haut’ est associé culturellement au masculin et au positif, tout comme ‘l'action’, mais en termes biologiques, le couple haut / actif n'a pas de raison d’avoir une valeur positive (Bourdieu 1998). Dieu pas plus que la biologie ne pourront légitimer une domination masculine. Influences sociétales Les écarts de comportements sont sociétaux, plutôt que «naturels». L’éducation des enfants ne s’effectue pas exclusivement à l’école. C’est d’abord dans le cadre de la famille que les petites filles grandissent. Or, il est significatif que les parents regardent les bébés selon leur sexe, et ce, même avant la naissance. Ensuite, dès la prime enfance, les enfants sont l’objet d’attentes collectives très différentes. Le bébé fille sera encouragé à plus de passivité, on la voudra ‘gentille’, ‘mignonne’, ses tenues auront tendance à être moins pratique (il est difficile de marcher à quatre pattes, quand on est en robe), on l’encouragera moins à marcher. Les petites filles sont plus maternées, elle reçoivent plus d’aide que les garçons qu’on a tendance à laisser se débrouiller tout seul. On fait également moins attention à l’état des vêtements des garçons quand ils rentrent après avoir joué. On considère que c’est normal qu’ils se salissent, ils sont exubérants, plein de vie, il faut qu’ils se dépensent. Les jouets qui sont proposés aux enfants sont également de nature très différente. Les jouets traditionnellement pour petites filles se rapportent au domaine maternel ou domestique. Alors que les jouets pour garçons sont plus diversifiés, plus créatifs, plus scientifiques. C’est dans le choix des jouets qu’on retrouve aujourd’hui les orientations de l’école républicaine. Il est à mon sens significatif que la préférence pour les jouets de l’autre sexe soit beaucoup plus marquée chez les filles. D’une part, parce que les domaines abordés sont plus vastes, et d’autre part parce qu’il n’y a pas de honte pour les filles à aimer les jouets de garçons. Alors que l’inverse est faux. Les garçons mépriseront les décors mièvres et les activités serviles proposés par les jouets domestiques. Mais le choix des jouets et des habits reste du ressort des parents et de la famille, à destination d’enfants clairement identifiés, considérés comme des individus distincts. Sans que l’expression ne se veuille péjorative, l’école fournit un enseignement de masse, laïque et sexuellement indifférencié. Pourtant, un tri s’effectue semble-t-il naturellement parmi les élèves : les filles font moins d’études longues, réussissent moins bien dans les matières scientifiques ou se dirigent en masse vers les filières littéraires. Enfin, certaines professions, incarnant des valeurs telles que le dévouement, le soin porté aux autres, sont des bastions féminins, tel le métier d’infirmières. Faut-il en conclure à une sélection naturelle qui voudrait que dans un enseignement sexuellement indifférencié, les prédispositions innées des femmes leur fassent choisir les orientations qui leur conviennent le mieux ? C’est encore à grand renfort de biologie que les tenants de cette hypothèse voudront démontrer leur croyance. De nombreux tests ont été effectués sur des hommes et des femmes, afin de déterminer comment étaient réparties les aptitudes. Il semblerait que les femmes aient plus de facilité à reconnaître des objets, à fonctionner par associations d’idées, elles seraient meilleures en perception et en communication et enfin, meilleures en arithmétique. Par ailleurs, les hommes excelleraient en représentation spatiale de tout type et en raisonnement mathématique pur (Kimura). Néanmoins, pour aller à l’encontre de ce genre de déterminisme biologique, il faut signaler le caractère tardif de l’émergence de la plupart de ces prédispositions, c’est-à-dire, post socialisation, et le caractère très changeant et sensible au contexte. (Pour les hommes, comme pour les femmes, les cycles hormonaux semblent faire fluctuer leurs aptitudes). Les seuls points sur lesquels on pourrait peut-être avancer des résultats significativement précoces (avant 6 ans) seraient une plus forte agressivité et une meilleure reconnaissance spatiale chez les garçons, ainsi que des prédispositions au langage chez les filles. Mais là encore, peut-on parler de nature ? Un bébé est considéré comme garçon ou fille par ses parents parfois même avant sa naissance. Les bébés filles vocalisent davantage. Mais les mères parlent davantage aux bébés filles. Alors, qui a commencé ? Des tests de reconnaissance de visages ont été faits sur des bébés. Ils mettent en évidence qu’à l’âge de 4 mois, les bébés filles et les bébés garçons n’utilisent pas en général leurs hémisphères cérébraux de la même manière (les filles utilisant les deux et les garçons uniquement le droit, sauf les garçons gauchers qui pensent en gros, «comme les filles»). Peut-on pour autant en déduire directement des compétences différentes ? Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit que de moyennes, que les différences entre individus d’un même sexe ont toujours été supérieures aux différences supposées d’un sexe à l’autre et enfin, qu’une prédisposition biologique n’est pas suffisante pour induire un comportement. Et puis, il faut intégrer le fait que les tests comportementaux sont lus par des individus sexués ayant leurs propres préjugés (involontaires) sur les individus sexués et qu’il est possible que les lectures elles-mêmes soient doublement influencées par la variable sexe. Il est évident que nous sommes influencés par notre biologie. Quelques soient les performances en matière d’égalité des sexes, il a y peu de chance qu’un jour les hommes accouchent, de même, il est peu probable que les femmes possèdent un pénis. Il serait ridicule de nier ces différences et bien entendu, ce n’est pas mon propos. Ce que je veux dire c’est que je crois que la culture est capable de réinterpréter toute la biologie à sa guise. Selon les endroits, les époques et les civilisations, la femme était responsable à elle seule de la reproduction ou en était totalement étrangère. Cette interprétation se faisait en face d’une même biologie. Les héros grecs pleuraient comme des madeleines à la mort de leurs amis et personne ne les traitait de femmelette, alors que les vrais hommes de nos civilisations occidentales ne pleurent jamais. Sur des biologies différentes, les constructions sociales sont puissantes et peuvent interpréter tout et le contraire. Le problème n’est pas que les hommes soient physiologiquement plus forts que les femmes. Mais que le fait d’être plus fort soit une valeur essentielle, associée à ce qui est bien. Le problème n’est pas que les femmes accouchent, mais que cette fonction soit considérée comme passive et sans prestige. De sorte qu’on en arrive à ce paradoxes : il y a plus de noblesse à prendre la vie qu’à donner la vie (Simone de Beauvoir 1949). Voilà une valeur culturelle qui est indiscutablement « contrenature ». Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Gallimard, Paris 1949 Pierre Bourdieu, La domination masculine, Seuil, Paris, 1998 (même si on peut critique l’originalité de ses propos et le réel féminisme de son discours) D. Kimura, Le sexe du cerveau, Pour la science, N° 181 Le cran de sureté du sexisme, ou les mots à double-fond réagir à des insultes publiques contre des femmes. Parce que les mots ont un sens. Parce qu’une insulte est une forme d’agression, verbale. Parce qu’insulter publiquement une femme c’est implicitement autoriser n’importe qui à faire de même. Mais la tache est compliquée, car les mots sont à double-fond. nous sommes condamnéEs à mener deux combats à la fois. Le problème n’est pas seulement dans les mots, il est aussi dans leur usage, c’est à dire plus largement dans le langage. Certaines phrases sont des agressions, comme le fait de crier « à poil » quand une femme se présente à une tribune pour y faire un discours. Mais « à poil » n’est pas une locution insultante en soi, je peux dire « quand le facteur a sonné je n’ai pas pu lui ouvrir tout de suite parce que j’étais à poil », alors c’est simplement une description, avec un vocabulaire trivial. Le contexte, le ton de la voix ou les mimiques du visages, influencent le sens du message. Les insultes sont plus complexes qu’elles n’y paraissent. Prenons un exemple frappant, et d’une affligeante banalité, l’ensemble des expressions liées à la prostitution. De « sale pute » à « fils de pute », on trouve de nombreuses variations. On pourrait en ajouter bien d’autres, en général liées à la sexualité, mais restons-en là pour l’instant. Le premier réflexe est de nier. InsultéE, on veut d’abord dire qu’on n’est pas une prostituée ou un fils de. Parce cette dénégation, on refuse d’être insulté et on le fait savoir. Ou alors on rétorque « toi même », ou encore on verse dans la surenchère en répliquant une autre insulte qu’on espère plus violente encore ou plus stigmatisante. Ce premier réflexe est légitime, puisqu’il affirme notre droit à ne pas être traitéE en inférieurE, notre droit à être traitéE avec un minimum de respect. De ce point de vue on a raison de repousser l’insulte, et de ce point de vue en tant que féministe on se doit de réagir lorsqu’une personne les prononce. En tant que féministe, on est donc amené à dire à ces insulteurs (quel que soit leur sexe) « vous n’avez pas à traiter ces personnes de ... ». Et pourtant on ne peut en rester là. Dans un premier temps le sexisme gagne. Car est-ce mal d’être une prostituée, est-ce condamnable ? A mes yeux, non. Au contraire, je souhaite qu’on cesse de les stigmatiser. Stigmatisons plutôt leurs clients, les michetons. Si l’on récuse l’insulte, si l’on dit « non, moi je n’en suis pas une », on donne raison au sexisme, car implicitement on dit « non, je suis un femme respectable DONC je ne suis pas une prostituée ». Certes, on n’y pense pas au moment où l’on se défend, mais puisqu’on répond avec des mots, ces mots disent bien un message. Ou plutôt ils en disent deux, le premier est « je refuse d’être insultéE et je ne me laisserai pas faire », ce message est perçu immédiatement par tout le monde. Mais le second message, subliminal si l’on veut, revient à dire « moi aussi je méprise les prostituées et c’est bien pour cela que je refuse de leur être assimilée ». Pour qu’il y aie insulte il faut deux éléments. Il faut l’intention d’insulter. Et il faut que les mots prononcés soient perçus comme une insulte. C’est même là le principal, car on peut très bien choquer quelqu’un sans en avoir eu l’intention et sans avoir eu conscience d’être insultant. Le principal est donc le référent du propos, or pour que « salope » ou « pute » soit une insulte il faut que le référent soit le sexisme. J’imagine mal deux féministes entre elles se lancer ce genre d’insultes, cela n’aurait de sens ni pour l’une ni pour l’autre. Mettons que l’on ne veuille pas répliquer de cette manière, pour ne pas entretenir un discours sur les prostituées auquel on n’adhère pas soi-même. Mais si l’on se contente de répondre « et alors ? », pour bien montrer qu’on ne voit pas où est le problème à être une x ou y, le sexisme gagne une fois de plus. Car cette réaction autorise l’insulteur à recommencer, avec soi mais aussi avec d’autres femmes. Or même si l’on est en désaccord avec le référent de l’insulteur, si l’on estime qu’il n’y a rien de mérprisable à être une prostituée, on a tout de même compris qu’on était insultéE. Il faut donc réagir à cette insulte, sinon on conforte l’insulteur dans l’idée qu’il a le droit de s’en prendre à n’importe quelle femme, qu’il a des droits sur elle et qu’il peut la traîner plus bas que terre et l’insulter librement. Or le comportement de l’insulteur est inadmissible, c’est pour cela qu’il faut pouvoir lui répondre. Soit l’on nie, et l’on sauve la face mais en confortant le sexisme. Soit l’on reste indifférentE, mais le sexisme sort encore vainqueur. Les mots à double-fond sont un piège pervers. Difficile de s’en dépêtrer. La passivité ne semble pas une issue satisfaisante. Alors comment faire ? Il n’y a sans doute pas de méthode miracle, mais faisons une proposition. Essayons de nous réapproprier le langage. Féministes, nous pouvons agir en donnant au langage un contenu qui nous convienne. Se revendiquer « chiennes » de garde fait partie de cette démarche. La solution face aux insultes sexistes consiste peut-être à inventer des contre-insultes qui soient en accord avec nos conceptions. Par exemple, on traitera le type de « micheton » ou, pourquoi pas, de violeur. Pour ne pas perdre au jeu, il faut le reformuler, le reprendre dans nos propres termes, sans accepter ceux qu’on nous impose. Le forum de discussion des chiennes de garde est une chronique collective de la misogynie au quotidien; des témoignages, analyses, et documents féministes. Ce forum est modéré a posteriori. Ce qui signifie que nous n'admettrons aucune insulte, aucun propos sexiste, raciste ou homophobe. Ce n'est ni un chat, ni une libre antenne. Les participant-e-s postent leur contribution en connaissance de cause, dans le respect des autres contributeurs-trices et acceptent tacitement, de par leur participation, les règles de fonctionnement du forum. Nous voulons faire de ce forum un espace de paix et de réflexion qui échapperait peut-être de manière utopique aux oppositions systématiques. Merci, pour cette raison, de préserver l'existence même de cet espace de débat en évitant les formulations explicitement insultantes, haineuses ou diffamatoires. L'auteur-e des messages est responsable de son contenu. les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur(e) et ne reflètent pas nécessairement celles des Chiennes de Garde en tant que telles. L'anonymat des auteurs est très relatif. Pas d'utilisation commerciale sans permission. Si vous souhaitez appuyer vos idées par des articles de presse, merci de référencer l'URL plutôt que d'en recopier le contenu, qui est une propriété intellectuelle légale. 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Une femme (ou un homme) peut appeler un homme un "con" ou un "salaud" sans que cela s'apparente à du sexisme du tout. Pourquoi la situation contraire est-elle considérée comme du sexisme? Le sexisme contre les femmes (et parfois aussi contre les hommes) existe encore dans notre culture. Et il faut absolument le combattre comme il faut combattre le racisme, l'homophobie, et la discrimination religieuse. Les Chiennes de garde doivent exister et elles font un travail formidable pour l'égalité des sexes en général. Mais sur le point des insultes sexistes, là je ne comprends pas. Quand on traite un homme de connard, d'abruti, d'andouille, etc, ce sont des insultes. Quand on traite une femme de connasse, d'abrutie, d'andouille, etc, ce sont des insultes. Elle parlent des capacites intellectuelles de la personne, de son caractere... Quand on traite un homme de salaud, dans l'esprit de tous, c'est plus ou ou moins l'equivalent de "mechant connard", c'est un insulte. Quand on traite une femme de salope, dans l'esprit de tous, la plupart du temps c'est plus ou moins l'equivalent de "pute", "salope au lit". Ca n'est pas le feminin de "salaud". La, c'est clairement sexiste. Parfois, salope est utilise comme synonyme de "souillon" ou meme, comme pour les hommes, de "mechante connasse"... mais la plupart du temps, quand meme, quand l'insulte "salope" est utilisee, c'est avec une connotation sexuelle... Il y a une nette difference entre dire "la/le prof est une salope/un salaud, elle/il a pas fait de pause !" et dire "telle femme politique=salope". Maintenant, parlons de "mal baisee", "petasse" et autres... ces insultes n'ont pas vraiment d'equivalent masculin. De plus, elles ramenent clairement la femme a son sexe... En proferant ces insultes, on n'attaque pas la personne sur ses capacites, sur ces idees, mais on la ramene a son sexe... c'est sexiste. (ce serait exactement la meme chose si les femmes utilisaient couramment, a l'encontre des hommes, les expressions "petites bites", "impuissant","a poil !". Ca serait sexiste.) Maintenant, moi, quand on me traite de "pauvre conne", ca ne me fait pas grand chose.Ca m'embete un peu, mais comme tout le monde peut en etre victime... Tout le monde est potentiellement le pauvre con de quelqu'un d'autre. Quand on me traite de "poufiasse", j'ai envie de crever les yeux du Ok, je vous remercie de votre explication de la difference entre la signification de "salope" et celle de "salaud". Effectivement dans l'esprit populaire le mot "salope" a une forte connotation sexuelle tandis que "salaud" n'en a pas. Cependant les autres exemples que vous donnez ne me conviennent pas vraiment. Tout d'abord "mal baisee" et "petasse" ne tombent pas dans la meme categorie a mon avis. Effectivement "mal baisee" a une connotation sexuelle alors que "petasse" n'en a pas. Premier point (les insultes feminines): Le fait qu'une insulte n'ait pas d'equivalent masculin ne la rend pas forcement sexiste. "Goujat" n'a pas d'equivalent feminin et ca n'est pas considere comme sexiste contre les hommes. Deuxieme point (les insultes sexuelles): "Mal baisee" est une insulte sexuelle mais pas sexiste. Ce mot peut etre utilise pour un homme egalement (ok, il faut enlever le dernier "e" ;-). On utilise generalement "frustre" par exemple pour un homme sans que ca soit vu comme du sexisme. Troisieme point (les insultes sexuelles ET feminines): Admettons que "garage a bites" (Sorry mais je n'arrivais pas a trouver un meilleur exemple sur le moment. C'est pas tres fin tout ca...) n'ait pas d'equivalent masculin. Et alors? Les hommes entendent des insultes masculines telles que "petite bite", "couilles-molles" et "branleur" regulierement sans prendre ca pour des insultes sexistes. Par contre vous trouvez que "pauvre conne" est une insulte tolerable. Exemple suivant: Monsieur X conduit sa Fiat Punto a vive allure et se trouve coince derriere un vehicule a peine plus lent que le sien. Il finit par depasser le conducteur plus sage. Quand il s'apercoit que ce conducteur est une femme il ouvre sa fenetre et lance "Pauvre conne quand on sait pas conduire on reste dans sa cuisine!" Sexiste Monsieur X? Certainement! Sexiste "pauvre conne"? Dans ce contexte certainement. En resume je pense qu'il serait plus sage d'identifier des situations ou le sexisme s'exprime plutot que d'identifier des mots a connotation dite sexiste qui ne sont pas forcement utilises dans un contexte sexiste du tout. >Le fait qu'une insulte n'ait pas d'equivalent masculin ne la rend pas >forcement sexiste. c'est vrai. je suis d;'accord. mais ce n'est pas ce que j'ai affirme, il me semble > "Goujat" n'a pas d'equivalent feminin et ca n'est pas considere > comme sexiste contre les hommes. La goujaterie n'est pas une "qualite" propre a l'homme. Sinon, on devrait tous tolerer de se faire lancer une porte au nez par une nana et se dire qu'elle est bien polie d'agir de la sorte. C'est bien dommage qu'il n'y ait pas d'equivalent feminin a ce mot! Donc, traiter un homme de goujat n'est effectivement pas sexiste. C'est la meme chose avec "une souillon". Etre sale, n'est pas une qualite de femme, par consequent, traiter une femme de souillon ne peut etre considere comme sexiste. >Troisieme point (les insultes sexuelles ET feminines): >Admettons que "garage a bites" (Sorry mais je n'arrivais pas à trouver un meilleur exemple >sur le moment. C'est pas très fin tout ça...) n'ait pas d'équivalent masculin. Et alors? Les >hommes entendent des insultes masculines telles que "petite bite", "couilles-molles" et >"branleur" régulièrement sans prendre ça pour des insultes sexistes. Comme les pires insultes utilisees a l'encontre des femmes, ce sont des insultes "supremes". De meme que la societe "demande" a la femme d'etre "douce", "polie", "fidele", "soumise", "serviable"., elle demande a l'homme d'etre plus ou moins un chef, "viril", "fort"... Ce type d'insulte nous atteint dans l'image que nous sommes censes renvoyer (euh...je sais pas si ca se dit..). Cependant, ce que la societe attend, ce sont essentiellement les hommes qui l'ont fabrique... Maintenant, de qui les entendez vous ces insultes ? et regulierement ? A chaque fois que j'ai entendu de telle insultes proferees, c'etait entre ados (plus ou moins vieux) males ou par des hommes prets a se battre... (des gens en mal d'affirmation de leur virilite, quoi...) Cependant, la grossierete et la betise n'etant pas l'apanage des hommes, je pense qu'il y a des femmes qui utilisent de telles expressions pour qualifier des hommes, mais je pense que c'est assez rare. Ca n'est pas une generalite. c'est dans une situation particuliere. c'est pas systematique c'est pas a la tele, c'est pas sur des banderoles de defile... 1- c'est pas le meme contexte, la meme situation 2- c'est plus rare 3- les hommes ne sont pas en position d'"opprimes" J'ai la sensation qu'en entendant une telle insulte, un homme se sent peut etre un peu blesse, c'est personnel, et quand une femme l'entend, c'est blessant aussi, sur le plan personnel aussi (meme si les deux, h ou f sont "au dessus" de la betise du procede de l'insulte) Cela etant, une femme sera blessee aussi en tant que femme. En tant que personne ramenee, UNE FOIS DE PLUS, a son sexe, a sa condition d'etre considere comme inferieur. >...il ouvre sa fenetre et lance "Pauvre conne quand on sait pas >conduire on reste dans sa cuisine!" > >Sexiste Monsieur X? Certainement! Sexiste "pauvre conne"? > Dans ce contexte certainement. euh...je pense pas que ce soit le "pauvre conne" qui soit sexiste dans ce cas. c'est la phrase "quand on sait pas conduire, on reste dans sa cuisine" Ca, c'est extremement sexiste. Le "pauvre conne", la, il illustre juste la connerie du M. X en question. Tout seul, le pauvre conne ne se justifie pas. C'est pourquoi il faut rajouter l'argument massue "quand on sait pas conduire..." C'est cet arguement qui exprime le sexisme de l'individu, pas le "pauvre conne". Il aurait aussi pu dire "pauvre con" si ca avait ete un gars au volant (il ne l'aurait sans doute pas fait, c'est vrai, mais qui sait ? Il aurait peut etre rajoute "quand on n'a pas de c., on ne conduit pas"). Sanctionner l'insulte alors que la raison n'en est pas clairement identifiée est dangereux. (Attention, je ne suis pas en train de défendre l'insulte ! ne vous méprenez pas...) Un homme ou une femme noir(e) au volant qui vous fait une queue de poisson ? il faudrait a tout les coups se retenir (oui il faudrait, mais pafois, ca part tout seul !) de crier "pauvre con(ne)", sinon, hop : Racisme ! La personne qui traite un(e) noir(e) de "pauvre con(ne)" aurait peut être aussi traite n'importe qui d'autre de la sorte ! "Pauvre con(ne)" + une justification raciste, c'est clairement du racisme "pauvre conne" + une justification sexiste, c'est clairement du sexisme Mais c'est la justification qui permet de déceler le racisme/le sexisme. "le pauvre con" en rajoute un peu au triste tableau, c'est tout. pfiou ! c'est la première fois que j'écris autant de gros mots ! abaisse la femme et a l'affaiblir. Les femmes modernes sont fortes et tout a fait capables d'etre consideree l'egale de l'homme. Le fait que vous declariez qu'insulter un homme de le blesse "un peu" mais qu'insulter une femme la ramene a un etre inferieur servirait plutot a indiquer que les femmes seraient plus faibles et plus vulnerables selon vous. Et je trouve ca dommage. C'est justement parce que les femmes sont l'egal de l'homme a 100% dans mon esprit que je ne trouve pas qu'insulter une femme (meme avec un terme tel que "pouffiasse") doit etre considere comme du sexisme. Ok, l'exemple suivant est un peu tordu mais votre raisonnement me fait penser a celui de ma grand-mere par rapports aux differentes cultures dans notre pays. Ma grand-mere traitera n'importe quelle personne noire qu'elle rencontrera avec une extreeeeeme delicatesse et gentilesse. Elle elevera sa voix contre un blanc qui la derange mais ne le fera pas contre un noir. Elle pense bien faire. Elle aime les personnes de couleurs. Mais en les traitants comme si ces personnes etaient faibles (et presque simple d'esprit) elle commet elle meme un acte de racisme. Voyez-vous ou je veux en venir? En fait si je suis ce raisonnement VOUS etes sexiste contre les femmes... C'est marrant mais je ne pense pas que ca soit tout faux. ;-) b Hmm ok. C'est etrange mais il semble que vous etes plus ou moins d'accord avec moi sur le fond mais que vous ne voulez pas l'admettre. :-) Je ne vais pas reprendre chaque point car nos echanges pourraient devenir beaucoup trop long... En resume je dirais qu'il me semble que vous traitez les insultes contres les femmes de facon differente que les insultes contre les hommes. Ceci simplement parce que dans votre esprit les femmes sont opprimees et sans defenses (donc sensibles aux insultes) et que les hommes sont mechants et forts (donc insensibles aux insultes). Les femmes sont-elles considerees comme l'egal de l'homme dans notre societe? Pas partout effectivement. Bien que les choses aient evolue ces dernieres decennies on est effectivement encore loin d'une egalite parfaite (salaires, obtention de postes a responsabilite, etc...) Ceci est surtout frappant dans certains pays d'ailleurs. J'ai constate que les femmes sont beaucoup "egales" aux Etats-Unis qu'en Europe par exemple. Et en Europe, les pays du nord on fait plus de progres que les pays du sud. Ca n'empeche que le schema femmes=opprimees > hommes=oppresseurs est devenu un cliche un peu facile a mon avis. Les femmes ont le droit de voter et de se faire elire. Elles sont en plus grand nombre donc elles ont PLUS de pouvoir politique en theorie. Le fait qu'elle ne l'exerce pas forcement n'est pas la faute des hommes. Aujourd'hui, dans nos contrees plus ou moins civilisees, une femme a autant de chances qu'un homme de faire des etudes et de faire carriere dans n'importe quel profession. En 1999, la presidence de la confederation Suisse etait en mains feminines. Ca n'a meme pas ete souleve par le peuple ni la presse. Tout le monde considere normal qu'une femme puisse gouverner un pays. Et c'est normal :-) Dans la societe ou je travaille, 70% des postes a responsabilite sont tenus par des femmes. Aucuns problemes a ce niveau la non plus. Ma mere est une femme libre qui travaille par choix et qui est 100% l'egale de son partenaire (mon pere evidemment) dans le couple. Mon amie aussi. Mes amies aussi. Les amies de ma mere aussi. Continuer de donner une etiquette d'"opprimee" a la femme revient a Juste titre info Vilaine le mot pétasse désigne tout simplement une femme bavarde et prompte à colporter les potins. C'est à peu près l'équivalent d'une commère, rien de plus péjoratif. L'illustration en est abondamment faite dans certains dialogues du roman "Ces messieurs de Saint-Malo", de Bernard Simiot. simplement parce que dans votre esprit les femmes sont opprimees et sans defenses (donc sensibles aux insultes) et que les hommes sont mechants et forts (donc insensibles aux insultes). non, j'ai pas dit que les hommes etaient mechants et forts et insensibles aux insultes... ouh la ! j'ai du mal m'exprimer. j'ai juste dit que lorsqu'un homme recevait une insulte a connotation sexuelle, si ca l'atteignait sur le plan personnel (comme une femme), ca ne lui rappelait pas une fois de plus qu'une grosse partie de la societe dans laquelle il vit le considere comme un etre inferieur... Ca ne le ramene pas a sa condition de "pauvre petit homme inferieur". ni les femmes sans defense. j'en suis moi meme une et je reponds aux insultes sexistes en remettant le gars poliment a sa place, aux blagues sexistes par une blague sexiste a l'envers (et d'ailleurs, ca leur coupe le souffle et ca casse un peu l'ambiance qu'une femme se permette qques grossieretes ou des blagues un peu salaces...) Je ne pense pas que les femmes soient sans defense. beaucoup n'osent pas repondre aux insultes/agressions sexistes (ca ne se fait pas voyons. une femme doit rester digne !) mais je trouve lamentables ces insules qui se veulent "supremes". Je connais effectivement des femmes qui sont dans des relations malsaines ou l'homme domine encore comme autrefois. Cependant je pense que c'est une minorite de nos jours. Ou peut-etre que je vis dans un cocon d'egalite qui ne represente pas le reste du monde? Ca n'empeche que le schema femmes=opprimees > hommes=oppresseurs est devenu un cliche un peu facile a mon avis. je n'utilise pas ce cliche. certains hommes sont feministes et il existe des femmes qui clament haut et fort se sentir extremenent a l'aise dans notre societe... J'ai tout pour etre a l'aise moi, et pourtant, je le ressens ce sexisme ambiant... alors ? Les femmes ont le droit de voter et de se faire elire. Un droit n'est pas forcement exerce. quand vous etes dans une assemblee d'homme constituee autour d'un sujet considere par la societe comme masculin (politique, informatique, jeux violents sur ordinateur..), vos collegues/comparses vous font tres nettement sentir que vous n'etes qu'une femme, que vous etes moins competente (meme avec bien plus de diplomes, hein !), que vous NE POUVEZ PAS comprendre. que vous n'allez pas gagner.. vous ne serez pas comprise ecoutee, vous ne pourrez pas prendre part aux debats, aux conversations, vous serez juste toleree. vous pourrez ecouter. c'est tres frustrant Elles sont en plus grand nombre donc elles ont PLUS de pouvoir politique en theorie. Le pouvoir qu'on peut exsercer en politique s'exerce essentiellement par le biais du vote et on nous donne le choix entre des hommes... > Le fait qu'elle ne l'exerce pas forcement n'est pas la faute des hommes. Pour ce qui est de la politique, c'est un reel engagement, ca prend du temps. il faut pouvoir aller a des reunions le soir... ce que se permettent les hommes et ce que n'osent sans doute pas se permettre des femmes (j'ai pas dit que leur mari leur interdisait de sortir le soir !) Je pense juste qu'elles n'osent pas. qu'elles aimeraient mais que si bebe pleurait en leur absence, elle ne feraient pas confiance a leur compagnon. De meme elles savent qu'une partie de la societe va les juger, les considerer comme de mauvaises meres. Et une fois qu'on a ose, il faut reellement lutter contre le machisme, se faire admettre dans le cercle, se faire respecter. (mais c'est sans doute pas pareil partout) Je connais effectivement des femmes qui sont dans des relations malsaines ou l'homme domine encore comme autrefois. Cependant je pense que c'est une minorite de nos jours. Elles ont toutes a lutter contre l'inertie de leur amis devant les taches menageres, sans pour autant uq'il y ait de machisme de l'autre cote. Continuer de donner une etiquette d'"opprimee" a la femme revient a abaisse la femme et a l'affaiblir. Les femmes modernes sont fortes et tout a fait capables d'etre consideree l'egale de l'homme. Certes, la femme est capable. mais le pb, c'est qu'il y a une forte reticence de certains a le reconnaitre, et puis, tant qu'on est englue(e) dans un systeme, on s'endort, on ne se secoue pas, on ne se rebiffe pas. etre inferieur servirait plutot a indiquer que le femmes seraient plus faibles et plus vulnerables selon vous. c'est plutot dans l'esprit de l'insulteur que cette pensee existe. penser qu'ils sont nombreux à mépriser en bloc. Faudrait juste oser repondre, a chaque fois, ne pas se laisser marcher dessus. en cela, les femmes sont effectivement vulnerables. on n'ose pas, mais pas parce qu'on ne veut pas, parce que "Ca ne se fait pas"... Parce que justement, qui sont les femmes qui repondent, parlent vulgairement, hein ? Voyez-vous ou je veux en venir? En fait si je suis ce raisonnement VOUS etes sexiste contre les femmes... C'est marrant mais je ne pense pas que ca soit tout faux. ;-) non non, je ne pense pas etre sexiste contre les femmes. Meme si je pense que certaines feraient mieux d'arreter de faire les "chochottes" et devraient se secouer, se battre. ne pas attendre que la societe change toute seule tout en se disant victime et opprimees. ;-) La différence des sexes au lendemain de la Révolution Française Lith - décembre 2001 Le lendemain de la Révolution française est marqué par un mélange de critique de la place des femmes à la fin du régime féodal et de réaction négative à leur présence dans l’espace révolutionnaire. En effet, à la fin de la féodalité les femmes sont très influentes dans tous les domaines. Le lieu d’exercice de leur influence est le salon. Lors de la Révolution les femmes sont très actives, telles Madame Roland et Olympe de Gouges, et leur présence est forte dans les tribunes et les clubs. La Révolution française a en même temps permis et empêché l’entrée des femmes dans l’espace politique comme dans la société civile. Mais au lendemain de la Révolution française l’exclusion politique et civile des femmes est explicitée : elle est légalisée notamment par une loi de 1793 qui les chasse des clubs et de l’armée. La Révolution française constitue une rupture historique et politique qui rend nécessaire la redéfinition du lien social. Cette redéfinition du lien social ne peut se faire que par la reformulation de la différence des sexes, reformulation qui se réalise autour de deux pôles : l’esprit et le corps. D’un point de vue épistémologique, il faut remarquer l’absence du traitement de la différence des sexes en tant qu’objet philosophique dans le corpus philosophique classique. Le travail de Geneviève FRAISSE inaugure la recherche philosophique sur la différence des sexes. Elle est partie de son étonnement de femme en tant que sujet de réflexion face à la manière dont les philosophes reconnus ont caractérisé la femme comme objet de réflexion. La philosophe a ainsi publié La différence des sexes chez PUF, en 1996. Elle pose l’hypothèse de l’historicité de la différence des sexes, refusant l’idée d’invariant anthropologique et d’intemporalité de la question. Ce travail est essentiellement une synthèse de Muse de la Raison (1989 chez Alinéa puis 1995 chez Gallimard). Je m’appuierai également sur La Raison des Femmes (1992 chez Plon, chapitre « Raison et nature au regard de la démocratie », 1ère partie,« La naissance de la démocratie »). Cette synthèse est faite dans la perspective d’un cours de philosophie morale et politique, lui-même centré autour de la relation entre le droit et l’histoire durant la Révolution française. Il ne s’agit donc pas d’un résumé de Muse de la Raison. Par ailleurs, la majorité des expressions employées ici sont celles de Geneviève Fraisse. L’INEGALITE PAR LA DIFFERENCE De fait l’expression consacrée par les partisans de l’inégalité des droits entre l’homme et la femme est« l’égalité dans la différence », qui est inégalité par la différence. A) L’inégalité : le partage de la vie sociale entre espace public et espace domestique : a)Rousseau Rousseau représente la référence théorique élémentaire pour penser la chose publique et l’espace privé. Il attribue à la femme et à l’homme leurs rôles dans Emile ou de l’éducation. La place de la femme se trouve dans l’espace domestique(livre 5). Son rôle est celui de reproductrice. Plus généralement sa vie est complètement relative à l’existence de l’homme. Sa vie ne s’effectue que sous le signe de la dépendance. La femme est entièrement dépendante de l’homme. Son bonheur est dépendant de l’homme, la modalité du bonheur de la femme ne peut être que l’amour. L’homme évolue dans l’espace public. L’espace public est masculin au sens où il appartient à l’homme. Il n’y a pas de symétrie entre l’espace domestique et l’espace public. Les sphères publique et domestique sont dissociées et incomparables cf. Du Contrat Social (Livre 3, Chapitre 6). C’est un sophisme de « comparer le gouvernement civil et le gouvernement domestique ». Cependant, même si la femme doit rester dans l’espace domestique, Rousseau lui accorde un rôle social, celui de produire les mœurs. Les femmes produisent les mœurs tandis que les hommes font les lois. La femme a ainsi un rapport médiat à l’espace public. Elle a donc indirectement accès à l’espace public, tandis que l’homme a directement accès à l’espace domestique qui est le lieu de la famille. La femme ne doit jamais paraître en public, puisque, comme Rousseau l’écrit dans la Lettre à d’Alembert, « Toute femme qui se montre se déshonore ». La traduction juridique du partage entre espace domestique pour la femme d’une part et d’autre part espace public ET domestique pour l’homme est réalisée dans le Code Civil de 1804. L’exclusion des femmes se fait de plusieurs manières. b)le Code Civil La femme doit rester dans l’espace domestique, dans le foyer qui est le lieu de la famille. Dès lors la loi doit maintenir la femme dans cette sphère. Les lois essentielles seront donc les lois relatives au mariage et au divorce. Avant d’évoquer ces lois il est très important de saisir la double influence exercée sur la législation du Code Civil par les thèses d’Aristote et de Platon sur la femme : selon Aristote la femme est un être non-humain parce que radicalement autre que l’homme. Elle est la matière informée par l’homme cf. Métaphysique. La femme est un monstre. Seul l’homme peut tendre à la perfection. La thèse d’Aristote permet le rejet de la femme et donc son exclusion radicale. selon Platon la femme est un être humain, mais infantile ; elle est plus proche de l’enfant que de l’homme. Elle n’est donc pas autre que l’homme mais elle lui est inférieure. Cette thèse donne lieu à une hiérarchie, à la possibilité d’empêchement et à une exclusion modérée. Il est significatif que l’on ait privilégié l’aspect métaphysique de l’œuvre de Platon et non son aspect politique : on se réfère ici au Timée et non à la République. On reviendra plus tard sur ce type de choix. L’influence de ces deux thèses permet une double affirmation en langage juridique susceptible de construire l’exclusion des femmes : il s’agit d’interdire et de refuser des droits aux femmes. C’est-à-dire que soit on affirme l’incapacité des femmes :(conception aristolélicienne) l’incapacité dérive de leur altérité, elle est héritée du droit romain. Soit on affirme leur subordination dérivant de leur infériorité(conception platonicienne) et héritée du droit coutumier. Double tradition qui s’entremêle depuis de nombreux siècles. La femme est légalement mineure. D’après Portalis et de Bonald qui sont les rédacteurs du Code Civil la faiblesse de la femme entraîne son besoin de protection. Elle doit donc être mariée. Le mariage signifie « protection perpétuelle en échange d’un sacrifice irrévocable ». Cette conception du mariage nous amènent à considérer deux représentations du consentement. Ces deux représentations sont présentes dans le Code Civil . Elles sont analogues à deux représentations du contrat : l’une est celle où les deux contractants sont dans une égale position d’autonomie, et l’autre est celle où l’un des contractants, la femme, abandonne son libre-arbitre et se met en état de dépendance. Concernant le mariage, le consentement est à la fois considéré comme volonté réciproque des deux parties en vue d’un contrat ,et comme soumission de l’une des parties à plus puissant que soi. D’où une ambiguïté qui se traduit par la double morale, à l’avantage de l’homme et au désavantage de la femme, par exemple dans le cas de l’adultère. Le divorce est autorisé en 1792 puis il est interdit en 1816 par l’action obstinée de de Bonald. De Bonald considère en effet que le divorce menace l’Etat car il valorise le consentement vu ici comme engagement mutuel et donc, il autorise le désaccord et la rébellion. Or l’adhésion à la soumission vaut mieux pour l’Etat parce que si l’homme et la femme sont égaux dans l’espace domestique, ils le seront aussi dans la société. Je cite de Bonald dans Du Divorce considéré au 19ème siècle relativement à l’état domestique et à l’état public de la société(1801) : « Le pouvoir sera plus doux, lorsqu’il ne sera plus disputé, et que la femme n’aura ni la propriété de sa personne, ni la disposition de ses biens. La paix et la vertu s’asseyeront aux foyers domestiques, lorsque la loi de l’Etat maintiendra, entre le père, la mère et les enfants, les rapports naturels qui constituent la famille, et qu’il n’y aura, dans la société domestique, comme dans la société publique, ni confusion de personnes, ni déplacement de pouvoir. ». B)la différence a)la biologie Les discours médicaux sur la différence sexuelle s’inscrivent entre deux points de repère : une révolution politique c’est-à-dire fin du lien féodal et apparition d’un nouveau lien social progressivement démocratique, et une mutation épistémologique qui abandonne la taxinomie, c’est-à-dire le classement des êtres visibles, pour rendre possible la biologie. G.Fraisse se réfère aux discours des médecins philosophes : Roussel, Moreau de la Sarthe, Jouard, et surtout Virey et Cabanis. Les médecins philosophes veulent mener une réflexion joignant savoir médical et travail philosophique. En fait ils s’autorisent à mêler pratique et théorie, hypothèses et convictions pour dire avec autorité ce qu’il en est de l’homme et de la femme. Leur certitude est qu’il y a un rapport entre le physique et le moral de l’être humain. Ils refusent le dualisme cartésien et donnent une interprétation du matérialisme. Les médecins philosophes n’envisagent pas l’homme comme un être sexué. L’homme est envisagé comme l’homme générique c’est-à-dire que l’homme EST le genre humain. Ils élaborent l’opposition entre l’homme et le genre humain d’une part et la femme d’autre part. L’homme n’est pas sexué mais la femme est ce qui est sexué. Elle est la représentation de la différence des sexes. Il faut remarquer l’androcentrisme de ces travaux scientifiques, puisque la femme est toujours analysée en comparaison à l’homme. Le titre de l’ouvrage de Jouard sur ce sujet résume bien la situation : Nouvel Essai sur la femme considérée comparativement à l’homme(1804). Le fait que la femme soit le sexe a des conséquences sociales. Le sexe féminin est partout dans la femme, la partie domine et la totalité l’emporte. Je cite Roussel dans son Système physique et moral de la Femme(1775): « L’essence du sexe ne se borne point à un seul organe, mais s’étend par des nuances plus ou moins sensibles, à toutes les parties ; de sorte que la femme n’est pas femme par un seul endroit, mais encore par toutes les faces par lesquelles elle peut être envisagée ».Plus précisément le sexe est déterminant parce qu’il est un organe, l’organe de la reproduction c’est-à-dire qu’il représente la fonction de la reproduction. L’analogie devient identification dans le raisonnement des médecins philosophes : puisque la reproduction est féminine, la femme est la reproduction. Ainsi ils ne dissocient pas le corps de l’organe, ni la sexualité de la reproduction. La femme est vouée à la reproduction parce qu’elle est le sexe. Le rôle social de la femme est dans son sexe considéré dans sa fonction reproductrice. Le genre humain et le sexe féminin forment ainsi deux ensembles. Le lien entre ces deux ensembles est l’espèce : la femme est la reproductrice de l’espèce. Dès lors la femme est du côté de l’espèce tandis que l’homme est du côté de l’individu. Il faut maintenant distinguer production et reproduction, perfectionnement et perfectibilité. b) Production et reproduction, perfectibilité et perfectionnement L’homme est dans la production : il produit c’est-à-dire qu’il crée, invente. Il perpétue l’activité individuelle et par là il s’individualise ; il est indépendant, il est sa propre fin. La femme est dans la reproduction : elle se reproduit c’est-à-dire qu’elle reproduit l’espèce à travers elle , elle perpétue le semblable. Ainsi elle n’a pas d’individualité : elle est une représentante de l’espèce parmi d’autres, parmi toutes les autres femmes puisque toutes les femmes doivent procréer : il y a indifférenciation des femmes. La perfectibilité est un concept clé de la fin du 18ème siècle. La perfectibilité est vue comme celle du genre humain dans la perspective d’un progrès de l’humanité. En fait elle est celle de l’individu masculin, individu singulier promis à une activité singulière qui ne se fond pas dans une tâche globale et semblable à celle de tous les autres êtres masculins. Le perfectionnement est celui du corps de la femme en vue du perfectionnement de l’espèce. Il se réalise par le moyen de l’hygiène qui a un double objet : le soin domestique et le soin esthétique. Il y a en effet un lien entre la beauté et la reproduction, un lien entre l’image de l’éternité impliquée par la perpétuation de l’espèce et l’image de l’éphémère propre à toute beauté humaine. C’est dans ce lien que va se dessiner l’être féminin. A l’esprit de l’homme correspond la beauté de la femme ; la beauté est la seule modalité tolérée de la visibilité des femmes dans l’espace public. Par conséquent, selon les médecins philosophes, il y a contradiction pour une femme à concilier la maternité et l’étude. Pour la femme comme pour l’homme le cerveau et le sexe sont les deux extrémités d’une chaîne nerveuse les liant ensemble dans la tension voire l’antagonisme. Les femmes sont destinées à la reproduction et non à la production, donc elles ne doivent pas développer leur cerveau. Sinon la femme « sort de son sexe » comme l’écrit Virey ; elle se virilise. En effet avoir une activité cérébrale consiste à la faire voir donc à la rendre publique, or il n’existe qu’une seule sorte de femme publique : la courtisane. Virey affirme que toutes les femmes philosophes de l’Antiquité étaient des prostituées. Avec les médecins philosophes le sexe est partout, même hors de lui-même : quoi qu’elle fasse la femme est un sexe, soit un sexe assigné à la fonction de l’espèce si elle respecte la différence entre l’homme et la femme, soit un sexe hors de son sexe si elle se livre à l’activité masculine de l’esprit. c)le raisonnement en cercle entre raison et nature Le bon fonctionnement de la société est dû au respect de la destination. Il faut accorder la vie sociale à la destination de la femme ou inversement il faut accorder la nature de la femme à sa destination sociale. Ainsi la destination d’une femme est autant naturelle que sociale, la société fait dire à la nature ce qu’elle veut et la nature dit à la société ce qu’elle doit faire : tel est le raisonnement en cercle que l’on trouve chez tous les partisans de l’inégalité par la différence, par exemple le révolutionnaire progressiste Sylvain Maréchal qui emploie les formules suivantes dans :Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes(1801) : « la Raison veut » « ce que dit la Nature ». Précision sur Maréchal : il s’inscrit dans la lignée de Rousseau ; Proudhon lui succédera lors de la deuxième moitié du 19ème siècle. On retrouve la même structure de discours chez Kant, dans « Le Caractère du Sexe », Anthropologie d’un point de vue pragmatique(1798) : la raison de la femme est assujettie à un but qui la transcende. La raison des femmes n’est pas à elle-même sa propre fin, son corps l’emporte sur son esprit. Il y a renvoi de la nature d’une femme à son rôle social. Si le corps de la femme est placé dans la nature, cette nature n’est pas un espace a-social. Les caractéristiques de la nature des femmes sont, comme on l’a vu, l’indistinction de êtres féminins entre eux, fixés dans une même destination, le perfectionnement induit par ce processus adapté au progrès de la civilisation et l’enjeu social et politique d’une telle représentation. Revenons au propos de Virey. L’antagonisme entre le sexe et le cerveau est factice puisqu’il sert à opérer l’exclusion sociale des femmes. En effet s’il n’est pas grave que l’homme de génie manque à son devoir de géniteur, toute femme de savoir est une mauvaise mère. L’argumentation des médecins philosophes est douteuse puisqu’elle fait valoir une équivalence entre la fonction d’un organe et son rôle social, ce qui revient à dire : du physique au moral la conséquence est bonne. L’enjeu civil et politique de cette argumentation transparaît : il faut affirmer la différence pour que les sexes ne se confondent pas. LES MASQUES DE LA RAISON 1)l’enjeu du savoir : le pouvoir a)l’âme des femmes Ce débat est connu sous le nom de « la légende du Concile de Mâcon ». Au synode provincial de 585, on se serait posé la question suivante : le concept d’homme inclut-il le sexe féminin aussi bien que le sexe masculin (comme le fait le terme mensch en allemand) ? Suite à cela, lors du Concile de Mâcon de 586 on aurait demandé si les femmes ont une âme et il aurait été répondu à l’affirmative à la majorité de trois voix. L’enjeu de cette dernière question est l’identité ou la différence entre l’homme et la femme. C’est pour cela que la référence du Concile de Mâcon persiste après la Révolution Française même si tous les partisans de l’inégalité sont d’accord pour affirmer que les femmes ont une âme. D’ailleurs on peut remarquer que l’âme est accordée sans hésitation aux femmes quand elle ne soulève plus beaucoup d’intérêt philosophique, à partir des Lumières. La question de l’âme qui est centrale au Moyen Age devient à l’époque moderne une métaphore pour désigner toutes les productions de la raison des femmes, une métaphore de tout attribut d’égalité entre les sexes, que ce soit la présence du génie, la production littéraire ou l’acte politique. - b) le savoir des femmes et son enjeu La légende du Concile de Mâcon amène à se poser les questions suivantes : les femmes ont-elles le droit de savoir ? Quel contenu donner à ce savoir ? Ce questionnement est très vivace après la Révolution française. Par exemple, on l’a vu plus haut, Maréchal propose d’interdire aux femmes d’apprendre à lire ; sa conviction étant que la femme ne doit laisser aucune trace dans la société, elle ne doit pas pouvoir écrire un seul mot, ni même son nom. Au contraire, l’auteur Constance Pipelet dans Epître aux Femmes(1797) exhorte les femmes à oser, oser apprendre, connaître, créer. L’ignorance est la condition nécessaire à la domination masculine car elle permet la dénégation de la faiblesse masculine qui est en partie le besoin d’admiration. Constance Pipelet introduit le terme de bonheur : il existe un bonheur autre que le bonheur amoureux et familial, c’est le bonheur de la connaissance. Il place la femme comme sujet libéré de la relation à l’homme. L’enjeu de la question du savoir est le pouvoir politique : les hommes voient dans l’accès des femmes au savoir la porte ouverte à leur prise du pouvoir politique. Lire amène à écrire c’està-dire à avoir une activité publique, et enfin à entrer en politique. Les femmes n’envisagent pas encore cette dernière possibilité, C. Pipelet par exemple revendique simplement le droit au savoir et à la création. Par ailleurs la question du génie féminin se pose, je l’évoque très rapidement. Les femmes d’exception comme Germaine de Staël, la mathématicienne Sophie Germain ou encore C. Pipelet sont l’objet d’un débat : les femmes peuvent-elles avoir du génie ? Les principaux arguments de ceux qui nient le génie des femmes sont : - l’exception confirme la règle (mais le problème est qu’il y a de plus en plus d’exceptions féminines au cours du 19ème siècle) - toute femme géniale n’est qu’une femme pédante ; elle ne fait que singer l’homme comme l’écrit de Maistre dans une lettre à sa fille cf. Lettres et opuscules inédits de toute façon une femme ne doit pas se montrer en public c)la peur fantasmatique de la supériorité des femmes Le thème caché par tous les débats sur l’égalité et l’inégalité est la supériorité des femmes. Ce thème est pourtant très ancien. Condorcet imagine que les handicaps traditionnels des femmes à l’exercice de la pensée pourraient s’inverser positivement et mettre les femmes en état de supériorité: « Mais qui sait si lorsqu’une autre éducation aura permis à la raison des femmes d’acquérir tout son développement naturel, les relations intimes de la mère, de la nourrice avec l’enfant, relations qui n’existent pas pour les hommes, ne seront pas pour elles un moyen exclusif de parvenir à des découvertes plus importantes, plus nécessaires qu’on ne croit à la connaissance de l’esprit humain, à l’art de le perfectionner, d’en hâter, d’en faciliter les progrès ? »( Fragment sur l’Atlantide(1804)) . Selon le penseur du socialisme Fourier l’homme pressent, qu’une fois libre, la femme le surpassera. Il le pressent parce qu’il le sait:« D’où vient que les Français, empressés de changer de lois et de constitutions comme de parures, n’ont jamais été fidèles qu’à une seule loi, celle qui enlève le sceptre aux femmes ? La Loi Salique s’est maintenue sous toutes les dynasties…Aucune nation n’a plus diffamé, sur la scène, les femmes qui ont le goût de l’étude. Est-ce connaître la nature ? Les femmes ne seraient-elles pas destinées à être, dans la littérature et les arts, ce qu’elles ont été sur les trônes, où on a toujours vu, depuis SEMIRAMIS jusqu’à CATHERINE, sept grandes reines pour une médiocre, tandis qu’on voit constamment sept rois médiocres pour un grand roi ? »( Théorie de l’unité universelle(1822)). Si les femmes sont supérieures aux hommes, l’égalité semble tout à coup un moindre mal. L’exclusion est recherchée par peur du résultat de l’inclusion des femmes dans l’espace masculin, puis par peur de domination féminine en cas de partage des pouvoirs. La force du fantasme se trouve bien ici : il faut affirmer l’infériorité des femmes pour masquer la certitude imaginaire de leur supériorité possible. 2)la rhétorique dans la question de la différence des sexes: de la querelle à l’impossible procès a) La querelle des sexes Depuis la Renaissance, depuis le 16ème siècle précisément, la querelle des femmes, ou querelle des Amyes, est vivace. Ce terme désigne un corpus de textes voulant comparer la femme et l’homme, et affirmer qu’un sexe est supérieur à l’autre. La première rupture dans le débat se fait avec Poullain de la Barre qui publie en 1673 De l’Egalité des Deux Sexes . Ce texte se centre sur l’égalité des deux sexes et non plus sur l’évaluation comparée de chacun. Il manifeste une rigueur absolue en affirmant à la fois le principe de l’égalité des sexes, c’est-à-dire l’égalité de l’esprit, et ses conséquences logiques, le droit au savoir, et le droit au pouvoir économique et politique. Poullain de la Barre s’inscrit dans la lignée de Descartes : le dualisme entre l’âme et le corps permet de prouver que le corps de la femme n’a aucune influence sur son esprit, donc l’esprit d’une femme est le même que celui d’un homme. Par conséquent la femme et l’homme sont égaux. Jamais dans l’histoire de la différence des sexes il n’a été aussi facile de prouver l’égalité. Poullain de la Barre est conscient de la spécificité épistémologique de la querelle des sexes, ainsi il écrit plusieurs ouvrages sur la question en employant divers procédés rhétoriques pour démontrer l’égalité des sexes. Je vais m’attarder sur cette spécificité. b)le changement de statut de la querelle La deuxième rupture dans la querelle se fait avec le féminisme. A partir de 1800 la querelle est portée sur la place publique, sous la forme du débat démocratique. La dispute cède la place à la discussion. La querelle quitte la forme de la polémique pour être mise en procès. L’image du procès vient de J.S. Mill qui écrit dans On the Subjection of Women(1869) : l’égalité est recherchée au nom d’un idéal de justice et l’inégalité se reconnaît par un jugement sur les faits. Le tribunal pourrait être le lieu d’un authentique débat. Mill systématise ainsi les deux principales difficultés soulevées par Poullain de la Barre. La première difficulté est de mettre en cause le préjugé de l’infériorité des femmes. La deuxième difficulté est de se mettre en position de juge dans une affaire où les hommes sont à la fois « juges et parties »(Poullain de la Barre). On peut maintenant examiner le contraste entre les discours des partisans de l’égalité des sexes et ceux des partisans de l’inégalité des sexes. Les partisans de l’égalité distinguent deux niveaux de discours : la provocation et la défense. Ils privilégient la rigueur argumentative, le raisonnement, la démonstration, l’observation de la réalité qui est exclusion des femmes. Par exemple Condorcet dans le Fragment sur l’Atlantide: « Pour que cette exclusion ne fût pas un acte de tyrannie, il faudrait ou prouver que les droits naturels des femmes ne sont pas absolument les mêmes que ceux des hommes, ou montrer qu’elles ne sont pas capables de les exercer. »et « Je demande maintenant qu’on daigne réfuter ces raisons autrement que par des plaisanteries et des déclamations, que surtout on me montre entre les hommes et les femmes, une différence naturelle qui puisse légitimement fonder l’exclusion d’un droit. » Les partisans de l’inégalité. D’abord il faut être conscient du silence et de l’invisibilité qui entourent et traversent le thème de l’exclusion des femmes. Il n’y a pas de système élaboré de cette exclusion, bien qu’elle soit le résultat d’une volonté systématique. Sur l’argumentation en elle-même :Maréchal utilise exclusivement la preuve par les faits donnés sans aucune critique, comme si la vérité faisant autorité s’y trouvait. Ensuite on peut constater la désinvolture des philosophes sur la question, le ton de plaisanterie qui porte leur propos, comme chez Diderot qui, dans Les Bijoux Indiscrets s’amuse à mettre l’âme des femmes dans leurs pieds puis dans leurs sexes. Il y a bien une grossièreté de ton comme de raisonnement sur la question. Mais l’argumentation est faite de mécanismes masqués : la distorsion : affirmer l’égalité pour en déduire l’inégalité, d’où l’expression « l’égalité dans la différence » qui est en fait inégalité par la différence l’inversion de l’effet et de la cause : l’infériorité de la femme est prouvé par la production de l’infériorité le finalisme : chez les médecins philosophes les causes finales prévalent. Du physique au moral la conséquence est bonne : on l’a vu plus haut, ils posent une équivalence entre le rôle social et la fonction d’un organe. Plus généralement les partisans de l’inégalité emploient des termes ontologiques pour répondre à une question politique : ils ne cherchent pas à être rigoureux : il n’y a pas de lien entre l’ontologique et le politique et pourtant l’ontologie remplace le politique. On l’a vu concernant l’influence platonicienne du Code Civil : c’est le Timée et non la République qui est considéré pour légiférer sur la femme. Il y a distorsion entre les deux registres. On a donc deux procédés rhétoriques distincts : le premier est fondé sur la démonstration et recherche la preuve logique, le second repose sur l’affirmation et la preuve tautologique. Le procès est impossible. Le problème selon Mill est que la charge de la preuve incombe exclusivement aux partisans de l’égalité, à ceux qui réclament la justice. Ensuite, toujours selon Mill, le préjugé n’est pas détruit parce qu’on lui oppose un jugement. Les démonstrations, les preuves, les réponses aux objections n’en viendront pas à bout. Le préjugé déjoue toute rhétorique démonstrative. Pourquoi ? Parce que le champ discursif de la question n’est pas uniforme : il est constitué de chasséscroisés de raisonnements différents, entre l’injure et l’argument, le fait et le droit, l’autorité et la preuve. Mais le malentendu n’est pas dans la production des discours, il est dans leur réception : dans quel registre se situe-t-on ? Personne n’est jamais d’accord. Par exemple le projet de Maréchal est accueilli différemment par plusieurs personnes, comme une plaisanterie ou comme une véritable attaque. Il y a deux discours contraires sur deux niveaux différents. Le procès ne peut pas se faire. Ainsi la spécificité de la querelle et l’impossibilité du procès entre les sexes se trouve à la croisée de la morale et du langage. Par ailleurs, on peut donner deux précisions : les discours sont tenus en fonction des positions tenues par les personnes s’exprimant et non en fonction de leur sexe il faut noter un problème propre à la modernité : il y a un décalage temporel entre le discours général( l’homme s’émancipe de la nature) et le discours particulier (l’homme renvoie la femme à la nature). Les femmes réclameront de devenir sujet au moment où commence la crise du sujet, au lendemain de la Révolution française. Enfin, la conséquence de l’impossibilité du procès, de l’aspect limité de la discussion est le déplacement du féminisme vers la lutte, après 1830. La seule issue du débat est l’action, mais le féminisme n’abandonne pas la discussion rationnelle ni le plaidoyer. Le féminisme en tant que mouvement politique naît ainsi au 19ème siècle. Les femmes vont chercher à s’inclure dans l’espace public. Elles vont user de leur rôle traditionnel sous la forme de la maternité sociale, notamment l’activité philanthropique, elles vont introduire le savoir dans une éducation soumise aux conventions. Ce comportement semble relever de la ruse. On peut le considérer comme une ruse de l’histoire qui fait partie des mécanismes d’inclusion des femmes dans la société. Face à cette recherche de l’inclusion les hommes répondront par un nouveau fonctionnement à la fin du 19ème siècle :la discrimination. Quand on ne peut plus exclure, on discrimine. Cette ruse de l’histoire montrera dans les faits que le partage entre espace public et espace domestique est factice. En réalité ce partage est le fruit d’une illusion : faire deux mondes parce qu’il y a deux sexes, illusion qui vient en réponse à la peur de la confusion des sexes. 3)le paradoxe de la démocratie et de l’universalisme La peur de la confusion des sexes est omniprésente chez les partisans de l’inégalité. A cet égard l’étymologie du mot « féminisme »est révélatrice : ce terme médical apparaît en 1871 et signifie l’arrêt du développement d’un sujet masculin , c’est-à-dire que selon les médecins il y a féminisation du corps masculin. Appliqué inversement en politique le terme désigne la virilisation d’une femme. Par ce terme l’homme est vu dans la femme et la femme est vue dans l’homme. Cette peur de la confusion des sexes se trouve en contradiction avec l’affirmation abstraite de l’égalité née avec Rousseau et développée durant la Révolution française. La pensée de la démocratie recule devant l’annulation de la différence sexuelle par crainte de la rivalité dans l’espace public et de la dissolution de l’amour dans l’amitié dans l’espace privé. Olympe de Gouges qui revendique l’égalité complète des droits entre femmes et hommes, donc la mixité de l’espace public à tous ses niveaux, dans la Déclaration de Droits de la Femme et de la Citoyenne(1791) est guillotinée. OUVERTURE La double rhétorique tient aussi au fait que la question de la différence des sexes se joue à la fois du côté de l’objet et du côté du sujet. D’abord, du côté du sujet c’est-à-dire ce qui est sexué dans la pensée : G. Fraisse a travaillé ces textes comme s’ils n’étaient pas traversés par la différence des sexes qui elle-même est distincte de l’identité sexuelle des auteurs. En effet l’histoire du rapport entre les sexes doit d’abord écarter la question de l’essence du masculin et du féminin : il faut traiter la question de la domination. Ensuite on peut se poser la question de l’essence qui revient à rechercher les niveaux où le masculin et le féminin sont pertinents et impertinents sans tomber dans la comparaison évaluative. La seule certitude est la peur qu’une analyse de la différence produise à nouveau la discrimination. Dans Muse de la Raison présentée ici on ne se situe pas du côté du sujet mais du côté de l’objet. Du côté de l’objet : un problème vertigineux apparaît : quand la question des sexes est-elle l’objet exact du discours ? Elle semble en effet servir à d’autres enjeux, elle apparaît comme une monnaie d’échange dans le discours. Bayle dans Dictionnaire Historique et Critique relate la querelle de l’âme des femmes pour montrer qu’elle concernait une querelle de sectes religieuses, qu’elle était un instrument dans une polémique. Il reste que le travail de Fraisse permet de tracer un chemin dans la confusion qui entoure habituellement la question de la différence des sexes. EN CONSTRUCTION Articles classés par thèmes iI y a des interventions sur le forum extrêmement pertinentes, construites et argumentées, ce serait dommage de perdre ces contributions dans le flow d'un forum qui a un tel succès, d'où l'idée de ces pages. Tous les articles en rapport avec le féminisme ou les rapports de sexes sont bien venus. Vous pouvez nous envoyer un article, il sera soumis pour approbation au cominté de rédaction. Sexisme dans l’éducation : Femmes et informatique (Leirn 05/99 – 10 pages) Violence à l’école (Leirn 12/00 – 2 pages) L’éducation des filles (Leirn 03/99 – 3 pages) La mixité comme incantation (Leirn 02/02 – 5 pages) Forum Sexisme et langage : Le cran de sureté du sexisme (Mathieu 04/01 – 1 page) Marina Yaguello, Les mots et les femmes (Mathieu 04/01–10 pages) Forum Humour sexiste : Le second degré (Mathieu 05/01 – 2 pages) Forum Violences verbales et physiques : Procès pour viol (Sporenda 10/01 – 8 pages) Mythes justificatifs de la violence masculine (Sporenda 12/01 – 4 pages) Prostitution (Valérie 01/02 – 7 pages) Forum Couple, divorce, parentalité : Les travaux ménagers (Fabienne V 05/01 – 3 pages) Forum Livres, médias et publicités sexistes : Le nu et le puritanisme (Mathieu 05/01 – 2 pages) Expérience sur les rôles sexuels (Fran M. 01/02 – 1 page) Forum L'activité professionnelle des femmes : Quelques pistes de recherche (Natou 07/01 – 7 pages) Les femmes dans la haute administration publique (Katenidis 12/01 – 5 pages) Forum Femmes et politique Le féminisme est-il de gauche? (Fabienne V 01/02- 2 pages) Forum Sexisme, machisme, misogynie, racisme Femme, nature et société (Leirn 03/99 – 2 pages) La différence des sexes au lendemain de la Révolution (Lith 01/02 – 3 pages) Forum Sexualité Un rapport simplement sexuel (Tabalouga 12/01 – 3 pages) Forum Le forum de discussion des chiennes de garde est une chronique collective de la misogynie au quotidien; des témoignages, analyses, et documents féministes. Ce forum est modéré a posteriori. Ce qui signifie que nous n'admettrons aucune insulte, aucun propos sexiste, raciste ou homophobe. Ce n'est ni un chat, ni une libre antenne. Les participant-e-s postent leur contribution en connaissance de cause, dans le respect des autres contributeurs-trices et acceptent tacitement, de par leur participation, les règles de fonctionnement du forum. Nous voulons faire de ce forum un espace de paix et de réflexion qui échapperait peut-être de manière utopique aux oppositions systématiques. Merci, pour cette raison, de préserver l'existence même de cet espace de débat en évitant les formulations explicitement insultantes, haineuses ou diffamatoires. L'auteur-e des messages est responsable de son contenu. les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur(e) et ne reflètent pas nécessairement celles des Chiennes de Garde en tant que telles. L'anonymat des auteurs est très relatif. Pas d'utilisation commerciale sans permission. Si vous souhaitez appuyer vos idées par des articles de presse, merci de référencer l'URL plutôt que d'en recopier le contenu, qui est une propriété intellectuelle légale. De même, il est préférable, avant de prélever ici des messages pour les rapporter ailleurs, de demander l'accord de leur auteur, au minimum citer l'adresse http://chiennesdegarde.org/forum2.php3?lecture=??? du fil (l'url) Avant d'ouvrir un fil de discussion veuillez vérifier si le sujet n'est pas déjà abordé avec le moteur de recherche, regardez aussi le classement du forum par théme. le fil "banalité des violences physiques et sexuelles" peut etre lu ici dans un format léger Vous devez avoir un pseudo et un mot de passe pour écrire sur ce forum (pas pour lire). Pour obtenir un mot de passe, inscrivez-vous ici pour personnaliser le mot de passe que vous avez reçu c'est là , quant aux infos techniques et plus générales, voilà Retour à la liste des messages Ras le bol de passer pour des connes ! Nous sommes un groupe de 8 femmes, en stage d'insertion dans une association qui fonctionne avec des fonds publics. Nous sommes en conflit avec le directeur de cette association "portes ouvertes" 32100 Condom, Monsieur Mohamed Larbi FAKIR, lequel à de nombreuses reprises durant les heures de stage se comporte avec nous comme un hussard, et se laisse parfois aller à des crises d'hystérie pour nous rappeler que "nous devons trouver du travail" à l'issue de ce stage car il est tenu à "des résultats"..."vous n'avez qu'à faire du ménage ! Ce n'est pas déshonorant! " dit l'Homme Hurlant..! (car ce type se permet de hurler à 10cm d'un visage...avec postillons en prime ! Vraiment ignoble...! On accepte pas celà de nos compagnons, alors d'un petit chef, encore moins..!!!) Cependant, son comportement machiste nous perturbe et nous sommes entrain de mener une action auprès des élus, financeurs et administrateurs locaux pour que cette association change de direction, voire d'équipe. Sinon que ces personnes soient réellement formées pour mener ce type de stage.. Le travail social est trop sérieux pour le confier à n'importe qui ! Car ce personnage ( Le Directeur) entend continuer à bénéficier des aides de l'état, à faire croire aux élus "que tout va bien chez lui"... et à faire sa loi quand les portes dites ouvertes sont ...fermées...! Et il s'affirme bien entendu Socialiste....! Nous voulons protéger celles qui suivront ces modules et ces stages, donc nous agissons et allons faire tomber le masque de ce personnage insultant les femmes par son comportement outrancier...! Nous voulons surtout que l'on cesse de prendre les femmes pour des connes ! Nous voulions vous en informer. Meilleurs Vœux à toutes. Et encore merci pour tout... Voici le texte intégral, sans ajout ni retrait qui a été adressé aux destinataires qui figurent en fin de cette lettre collective. A noter qu'une animatrice de ce stage s'est associée à nous et signe ce courrier, tant ellemême s'est trouvée en accord avec nous ! Condom, le 15 Janvier 2001 Nous avons l'honneur d'attirer votre attention sur le contenu d'un stage intitulé "acquérir une plus grande mobilité géographique" ( programme départemental d'insertion), et vous remercions de bien vouloir désigner un audit afin de vérifier la pertinence de nos propos, voire de mesurer les compétences des personnels mis en cause .. (direction et équipe de l'Association Portes Ouvertes, Centre Salvandy ,32100 CONDOM) Nous sommes un groupe de femmes qui tenons à vous informer du manque de sérieux et de cohérence du stage que nous suivions durant 200 heures au sein de l'association citée plus haut. Les 9 signataires de la présente sont toutes en mesure d'apporter leurs témoignages afin d'éviter à d'autres de subir la même déconvenue au sein de cette association qui fut "terrain de formation.." Notre statut très inconfortable de chercheur d'emploi et de Rmiste n'avait pas besoin, de surcroît, d'être fragilisé par un directeur d'association qui perd son sang froid et n'a de cesse de craindre pour la reconduite de son budget en 2001 et de la "réussite" d'une session (...) passant par la "remise au travail" d'un groupe de femme !... "Votre seule priorité n'est pas de passer votre permis de conduire mais d'avoir du travail au sortir du stage !à court terme, peut importe vos choix professionnels !"(dixit le directeur). Tiens donc...nous, pour la majorité, on nous a inscrit dans ce stage pour son intitulé: "Acquérir une plus grande mobilité géographique...!", n'en déplaise à qui affirme le contraire.(cf la convention de stage ) Voici les faits : Du 23 octobre 2000 au 22 décembre 2000, nous participions à un stage intitulé : " acquérir une plus grande mobilité géographique"pour lequel nous avions été volontaires. Selon les premières explications données par le directeur et les animatrices de l'association "Portes Ouvertes" à Condom (32100), ce stage consistait à "faciliter l'accès à l'emploi, ainsi que le suivi de cours spécifiques visant à l'obtention du permis de conduire. Tout au long de cette formation, les animateurs de cette association n'ont eu de cesse de modifier et de mener ce stage à l'aveuglette, sans réel fil conducteur, pour enfin nous orienter en priorité sur une recherche d'emploi à tout prix et à court terme. Pour appuyer cet objectif, il nous a été signifié le 21 décembre dernier, que les cours de conduite ne se poursuivront au delà de 10 heures qu'après examen des preuves de recherche d'emploi sans distingo du domaine d'activité (...) accompagné expréssement de notre inscription à AIDE 32 et PROXIM SERVICE de Condom, pour faire des ménages etc..etc...). Nous apprenions ce même jour que l'association "Portes Ouvertes" assurera un suivi des stagiaires durant trois mois avec réunion du groupe 1 matinée/semaine dans les locaux; nous ignorons bien sûr le sens et le contenu de ce suivi. Une grande partie de ce stage nous a semblé incohérente car rien n'était en harmonie avec les propos tenus au départ à grand renfort de discours et monologues (parfois difficiles à comprendre...) de Monsieur Mohamed Larbi FAKIR, Mme Marguerite HELLY FAKIR, et de Mme Marie Andrée GRELLIER. Nous avions l'impression durant ces heures d'être une sorte de laboratoire, tant son "directeur" était fébrile et inquiet dans ses interventions parfois violentes, provocatrices et hystériques ! L'improvisation et l'à peu près de ce stage nous fit comprendre qu'en effet, nos démarches et explorations professionnelles étaient vaines. Quand nous allions suivre nos cours de code, il fallait parfois avoir "des nerfs bien trempés" pour aller étudier les diapos avec en mémoire les hurlements du directeur et de ses menaces de "faire venir la police" pour nous expulser d'une salle (...)Par ailleurs, quelle ne fut notre surprise quand nous apprenions que les animatrices expédiaient nos CV aux entreprises locales sans nous en informer, et quand ces CV n'étaient pas le fruit de notre volonté ...et de notre main! Les "formatrices" se substituaient à nous pour postuler à des emplois ou stages. L'absence du matériel de base (photocopieur en panne, feuilles brouillon, feutres pour les tableaux, nous laisse penser qu'en effet, les moyens prétenduments mis en oeuvre par la structure se limitent à une simple phrase : "allez faire des ménages, ce n'est pas déshonorant"...!Nous le savons, est ce nécessaire de le préciser ici...? Monsieur Mohamed Larbi FAKIR, a deux visages...L'un public, l'autre intra murosassociatif... L'infantilisation constante à notre égard signifiait à un groupe de femmes adultes leur incapacité à s'assumer au sein d'une formation, elle même incohérente et déstabilisatrice ! Il s'y disait tout et son contraire durant les heures de cours...Aucune cohérence entre le théorique et l'action. De plus, le climat s'est dégradé très vite entre le groupe et l'association... Si nous nous décidons à exprimer notre mécontentement, au risque d'affronter une fois de plus la colère du directeur, c'est que nous songeons à celles qui peut être postuleront à leur tour pour un stage d'insertion ou de formation au sein de cette association. Diligentez un audit, vérifiez les compétences, pointez les résultats et entendez ne confier désormais une action aussi difficile qu'à des personnels qualifiés ou formés pour celà.! Nous remettons en cause les qualités formatrices de cette équipe , et vous remercions par avance des mesures que vous prendrez. Nous avons assez de problèmes à gérer notre situation, à vivre le chômage et ses conséquences ! Nous sommes allées loin dans la rupture sociale, cette fracture que les politiques veulent réduire ! Nous n'avons pas besoin de nous faire 'maltraîter' psychologiquement ( et verbalement) par Monsieur Mohamed Larbi FAKIR, et encore moins besoin d'errer au sein d'une association animée par des personnes qui semblent craindre avant tout pour leur job et leur budget ! Sans doute allons nous avoir à "payer chèrement" notre expression libre, mais nous allons l'assumer ! Au moins, nous aurons retrouvé au sein de ce stage assez de dignité pour savoir ce que nous ne voulons pas accepter : le mépris d'une personne qui est subventionnée pour nous aider à retrouver un statut de "non assistée" et une feuille de paye...la nôtre ! C'est vrai, un budget des chômeuses et les transformer en 'femmes de ménages'...Ca, on sait faire et pour moins ! Et quand nous confions nos craintes à certains acteurs sociaux locaux, la réponse fuse : " FORUM "CHIENNES DE GARDE" (par mail in Forum...) Et divers sites miroirs pour éviter que notre lutte ne tombe dans les oubliettes ou ne soit rangée dans "les aventures des petites idiotes" qui n'ont qu'à "faire des ménages"...! j'vois simplement un directeur énervé et obsédé par ses résultats ... j'ai connu ca. quant au ménage "dévalorisant", ce genre de remarque est suffisant pour declencher vos foudres et crier au scandale machiste y'a bien plus répréhensible quand meme, dans la pub, les journaux, tout ca, et j'pense que dans le cas cité, le coté sexiste est pas explicitement averé. ca me semblait excessif, le cas est tres similaire a ce que je peux voir en terme de conditions de travail, voila tout. mais je les soutiens quand meme, c est évident, mais simplment pour le droit a une formation décente. ps : sinon, si le ménage est dévalorisant, alors les femmes vont le refuser ... bien ... et apres ? Repasse-vite, on refuse, caissiere chez Auchan, on refuse, trop féminin comme métier ... des conditions de travail dégradantes, des situations humiliantes, il n'est pas neutres que des stages bidons soient proposés à des femmes, justement. Un homme chef et des femmes considérées comme des connes, c'est quand même une situation fréquente, et qui ne doit pas qu'au hasard. Ne vous laissez plus faire et abuser, sans quoi "le petit pouvoir rampant" continuera à vous bouffer la vie... Les "males ordinaires" sont très revenchards...ne l'oubliez jamais..! Il faut toujours "pointer" les excès en tous genres...! Bonne chance pour la suite...le choc en retour sera , sans aucun doute, à la mesure du coup que vous venez de porter à ces gens..! C'est du harcèlement moral - la loi vient de passer le 12 janvier 2001 - - à vous d'avoir des preuves écrites, des témoignages écrits - et ça roule -c'est au pénal et ca fait mal au harceleur. et la faute de l'employeur est aussi pénalisée. Il faut du cran - mais vous en avez - un avocat- voir l'association ANVHPT ou un syndicat ou même l'avocat de votre ville qui déjà a du se spécialiser dans cet aspect du droit du travail - Il me semble que vous en avez plus qu'il n'en faut et votre grand avantage c'est d'être plusieurs et cela vous permet de vous aorganiser entre plaignants et témoins courage luttez pour le respect et la dignité des femmes. Y en a marre que les femmes soient le parent pauvre des politiques sociales de l'emploi ! Il y a quelques années, un ministère avait pondu une circulaire donnant des ordres de priorité dans l'attribution des contrats emploi solidarité. Et devinez qui se trouvait en douzième et dernière position ? les mères isolées.... Il ne leur restaient plus qu'à faire d'autres enfants pour continuer à bénéficier d'allocs. Elles n'avaient pas d'autre choix que d'entrer dans le cercle vicieux de l'asistanat. Vous faites l'effort de vous former pour trouver un emploi digne de ce nom, c'est scandaleux qu'on vous envoie faire ce que vous auriez pu faire sans cette formation. Un des interlocuteurs faisait remarquer qu'il n'y a rien d'indigne à faire des ménages. Certes mais cette activité donne lieu à des emplois précaires et comme par hasard, ce sont les femmes qui l'exercent. Il faut que les femmes refusent que leurs emplois soient des emplois de seconde zone. Vous avez tout à fait raison de vous indigner : les deniers public doivent être mieux utilisés. Votre directeur a sans doute cru qu'il pouvait vous faire gober n'importe quoi parce que vous êtres des femmes. Il est tombé sur un os et c'est tant mieux. Ne lâchez pas. Adressez des copies de vos lettres à la dépêche du midi et à sud ouest et même aux journaux nationaux (je vous envoie les adresses par mail si vous ne les trouvez pas). PS : je suis gersoise et ça m'énerve qu'on puisse trouver des gens si peu scrupuleux j'ajoute que ce type de travail ( le travail social en ce qui nous concerne) ne s'improvise pas. Il demande des qualités humaines et une grande capacité d'écoute et de pédagogie. Du "savoir faire" et du "savoir faire - faire" ! L'absence de ces qualités maîtresses ne peut que nuire à tous, y compris aux formateurs. Nous ne sommes pas qualifiées ni habilitées à juger de l'utilisation des fonds engagés, mais comme on nous a dit et redit " l'argent du contribuable etc...etc...", nous nous interrogeons Mais y a beaucoup de nanas qui en effet, font tout pour passer pour des connes .... Elles marchent à fond dans ce qu attendent les mecs. toujours remise en question "remise en question". "ras le bol de passer pour des connes" Voir sur ce fil M.FAKIR Larbi, Elles sont en conflit qui aurait un comportement de despote