fr - EESC European Economic and Social Committee

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UN MEILLEUR PARTENARIAT POUR UN MEILLEUR DEVELOPPEMENT:
25ème RÉUNION DES MILIEUX ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX ACP-UE
Bruxelles, 4 – 6 mars 2008
RAPPORT
sur le
"Développement des ressources humaines pour le développement économique – exemples et
leçons apprises des pays ACP"
_______________________
Rapporteuse: Mme Brenda KING
Membre du comité de suivi ACP-UE
Présidente de la section spécialisée "Emploi, affaires sociales, citoyenneté" du CESE
Directrice générale, ACDiversity
Commissaire, Commission nationale des femmes (au Royaume-Uni)
Membre du Conseil consultatif, Hays Executive
Royaume-Uni
Expert: M. Eric OSEI
Directeur Développement économique
Agence pour le développement de Londres
Londres, Royaume-Uni
_______________________
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
-1Ce document montre à quel point il est crucial que les gouvernements investissent dans l'éducation et
dans la formation de leurs citoyens ou de leurs ressources humaines, et ce tant dans les économies
avancées que dans les pays pauvres en développement. L'importance de cet investissement réside
principalement dans les nombreux bénéfices économiques et sociaux qui découlent de l'éducation et
de la formation des citoyens nationaux, tels que l'emploi, la réduction de la pauvreté, l'amélioration du
niveau et de la qualité de vie, les nouvelles industries, les investissements (étrangers et autres), le
renforcement de la société civile, de la cohésion sociale et de l'équité.
Dans les pays en développement, l'impact économique et social ainsi que la rentabilité des
investissements consacrés à l'éducation et à la formation sont d'autant plus significatifs lorsque les
gouvernements jouent un rôle clef en mettant en place un système d'éducation primaire et secondaire
gratuite et obligatoire entre 5 et 16 ans, et en prenant des dispositions en faveur de l'éducation
supérieure, à savoir les formations universitaires, techniques, professionnelles et au poste de travail.
Ce document précise que les pays ACP n'ont pas tous atteint le même niveau de développement
politique, social et économique et que plusieurs d'entre eux sont confrontés à la pauvreté extrême et au
sous-développement. De ce fait, la capacité de certains pays en développement à investir dans
l'éducation et dans la formation de leurs citoyens dépendra de divers facteurs dont: le niveau de
développement économique du pays; le degré de stabilité politique et de bonne gouvernance du pays;
le degré de pauvreté ou de richesse du pays; l'efficacité avec laquelle sont gérées l'économie et ses
ressources; le poids de la dette; le budget alloué à l'éducation et aux autres activités destinées à
développer les ressources humaines ainsi que les infrastructures prévues à cet effet.
Nombre de pays en développement à revenu moyen, tels que la Barbade, la République de Trinidadet-Tobago et les Bahamas, continuent à obtenir d'assez bons résultats pour ce qui est de l'éducation et
de la formation de leurs citoyens.
Cependant, malgré les progrès économiques, de nombreux pays pauvres du continent africain
demeurent très en retard par rapport à d'autres nations en développement en ce qui concerne
l'éducation et la formation de leurs citoyens. Cette situation est essentiellement due à l'ampleur des
difficultés économiques et sociales, qui ne permettent pas aux gouvernements africains, même lorsque
ceux-ci sont relativement stables, de réunir les fonds nécessaires pour offrir un enseignement primaire
de base à tous les enfants. En effet, pour une grande majorité de la population qui vit dans ces pays, le
niveau de pauvreté est tel que la survie et la satisfaction des "nécessités de base" (comme
l'alimentation et l'approvisionnement en eau) passent naturellement avant l'éducation de base et la
formation.
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-2La nécessité de remédier à ces problèmes sociaux et économiques constitue un obstacle
supplémentaire au développement des ressources humaines dans les pays ACP pauvres. Parmi les
principaux enjeux on peut citer:






Les inégalités entre les hommes et les femmes: les jeunes filles et les femmes continuent à
être désavantagées en ce qui concerne l'accès à l'éducation de base et à la formation;
L'insuffisance des budgets consacrés à l'éducation: les pays les moins avancés y consacrent
moins de 3,5% de leur PIB. En comparaison, certains pays ACP comme le Ghana ou la
Barbade, plus stables et plus prospères, allouent, depuis leur indépendance, une part beaucoup
plus significative de leur budget annuel à l'éducation et à la formation (entre 28 et 40% pour
le Ghana, 33% pour la Barbade);
Des règles et des tarifs commerciaux injustes qui empêchent les pays pauvres de développer
leurs économies et leur infrastructure sociale ou qui freinent leurs efforts en la matière;
Des perspectives restreintes en matière d'investissements étrangers qui pourraient contribuer à
développer l'éducation, la formation et la capacité des pays ACP plus pauvres à créer des
emplois;
Le manque persistant de personnel qualifié et essentiel dans les pays ACP: certains
professionnels tels que les infirmières, les médecins, les enseignants ou les ingénieurs partent
vers les pays occidentaux, renforçant le phénomène de "fuite des cerveaux" qui affecte les
pays en développement;
Les difficultés permanentes en matière de gouvernance, de démocratie, de corruption et de
liberté civile auxquelles sont confrontés plusieurs pays ACP.
Afin de remédier à ces difficultés, il est essentiel que les gouvernements et les organismes des pays
ACP coopérant avec l'UE et les autres États membres de l'OCDE prennent en compte et appliquent les
nombreuses recommandations formulées dans les diverses sections de ce document.
Malgré les problèmes et les obstacles économiques qu'ils rencontrent, certains pays ACP consacrent
d'importants investissements à l'éducation et à la formation de leurs citoyens. Ce faisant, ils ont réussi
à réduire sensiblement la pauvreté et à renforcer le développement économique et social grâce à
l'amélioration du niveau de vie et du bien-être de leurs habitants, ainsi qu'à la génération de nouveaux
emplois. Le Ghana, le Kenya, la Barbade et l'État du Samoa constituent, à ce titre, des exemples dont
les autres pays ACP peuvent s'inspirer.
Enfin, la transformation économique fondamentale qu'a connue la Barbade, passant de pays à faible
revenu dépendant de la production sucrière à une économie à revenu moyen basée sur le tourisme,
l'industrie légère et les services financiers extraterritoriaux, témoigne de la qualité des politiques
menées dans ce pays en matière d'éducation et de formation qui lui ont valu une renommée
internationale et peuvent servir de modèle à l'ensemble des pays ACP. L'étude de cas consacrée à la
Barbade prouve que le caractère modeste et limité des ressources disponibles ne constitue pas
forcément un obstacle au progrès économique et social stimulé par le développement de ressources
humaines de qualité. Il est à souhaiter que certains pays ACP puissent adapter (en fonction de leurs
particularités sociales, historiques, culturelles et politiques) et appliquer quelques-unes des leçons et
des bonnes pratiques présentées dans cette étude de cas.
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-31
Introduction
1.1
Ce document décrit les principaux facteurs ayant une incidence sur le développement
des personnes et fournit des exemples de pays ACP dont les politiques et les
programmes en matière d'éducation, de formation et les autres initiatives concernant
les ressources humaines contribuent au développement économique national.
1.2
L'on y défend également l'idée que le développement des ressources humaines
dépend invariablement d'un certain nombre de facteurs: la stabilité politique et la
gouvernance du pays, l'efficacité de la gestion de l'économie et des ressources, le
budget alloué à l'éducation, à la formation et à d'autres activités de développement
des ressources humaines, ainsi que les infrastructures prévues à cet effet, le niveau de
développement économique du pays (pays pauvre en développement, pays à revenu
moyen ou économie développée), le niveau de pauvreté ou de richesse du pays et le
poids de la dette.
1.3
Enfin, la Barbade, pays en développement et à revenu moyen, est décrit dans le cadre
d'une étude de cas afin de démontrer l'impact positif que peut produire
l'investissement dans les ressources humaines sur le développement économique d'un
pays. S'il est admis que, dans bien des cas, tous les pays ACP ne pourront pas adapter
ni mettre en œuvre la plupart des stratégies et des programmes présentés dans cette
étude de cas, l'on espère que certains de ces pays y trouveront une source d'inspiration
qu'ils pourront ensuite adapter au développement de leurs propres ressources
humaines.
2
La relation entre le développement des ressources humaines et le développement
économique
2.1
Le développement économique et la croissance sont deux facteurs essentiels pour un
pays, quel que soit son niveau de développement. Un développement économique
bien géré permet de réduire la pauvreté et d'accroître la prospérité, apportant des
bénéfices économiques, politiques et sociaux à la majorité de la population d'un pays.
2.2
L'investissement dans le développement humain ou dans les "ressources humaines", à
travers l'éducation, la formation et les soins de santé, est souvent un moteur du
développement économique. Ce dernier suscite également la création d'emplois et
d'entreprises, le développement physique et la mise en place d'infrastructures dans le
pays et attire l'investissement étranger.
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-4-
2.3
La recherche empirique menée au cours des dernières années a montré que la stabilité
politique et la bonne gouvernance d'un pays sont également décisives pour la
croissance économique et le processus de développement 1 , ce qui souligne de
nouveau l'importance de la bonne gouvernance. Celle-ci inclut le respect des droits
politiques et des libertés civiles, l'implication de la société civile organisée, ce qui
permet aux citoyens de participer au processus décisionnel et fournit à la population
des informations vitales concernant leur pays.
2.4
Un développement économique bien géré produit des infrastructures d'éducation et de
santé de haut niveau, est à l'origine du développement physique, d'une meilleure
qualité de vie, du développement communautaire et de l'équité, tout en prévoyant un
filet de sécurité pour les personnes pauvres, malades et défavorisées.
2.5
Catégorisation du développement des ressources humaines
2.5.1
Dans son rapport annuel sur le développement humain, le Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD) établit, depuis 1993, un indicateur de
développement humain (IDH) pour chaque pays. Les États membres des Nations
Unies sont classés sur une liste en fonction de cet indicateur. Le rapport publié en
2006 a ainsi classé 177 pays; les indicateurs de développement humain ainsi que la
position des pays ACP figurent en annexe. L'IDH permet d'évaluer la situation d'un
pays en fonction de trois facteurs essentiels de développement humain:



La santé et la longévité mesurées par l'espérance de vie à la naissance.
Le savoir mesuré par le taux d'alphabétisation des adultes et par le taux brut de
scolarisation combinant les taux pour l'enseignement primaire, secondaire et
supérieur.
Un niveau de vie décent mesuré grâce au logarithme du produit intérieur brut
(PIB) par habitant en parité de pouvoir d'achat (PPP), exprimé en dollars
américains.
Il convient de préciser que l'IDH ne constitue pas une mesure globale du
développement humain, car il ne prend pas en compte certains indicateurs importants
tels que le respect des droits de l'homme et des libertés politiques. De plus, il ne
s'attache pas au niveau d'égalité entre les hommes et les femmes dans des domaines
essentiels tels que la participation et le processus décisionnel économique et politique.
Dans l'annexe évoquée précédemment figurent des données illustrant ces mesures
supplémentaires (à savoir les droits politiques et la liberté de la presse, la proportion
de sièges parlementaires détenus par des femmes).
1
R.J. BARRO (1998) Determinants of Economic Growth: A cross-country empirical study (Cambridge, Mass, The MIT
press) (Déterminants de la croissance économique: une étude empirique comparant la situation de plusieurs pays).
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-52.5.1.1
Développement élevé: il s'agit de pays dont l'IDH est supérieur ou égal à 0,8. Cette
catégorie regroupe les 27 États membres de l'UE (le mieux classé étant l'Irlande (4)2,
la Roumanie arrivant en dernier (60)), ainsi que les pays ACP suivants: la Barbade
(31), les Seychelles (47), Cuba (50), Saint-Christophe-et-Nevis (51), les Bahamas
(52), le Royaume de Tonga (55), Trinidad-et-Tobago (57), Antigua-et-Barbuda (59)
et l'Île Maurice (63). Nombre de ces pays fortement développés disposent
d'infrastructures d'État et de prestations telles que les services d'éducation et de
santé gratuits pour tous les citoyens. Dans ces pays dotés d'économies de marché
bien gérées, le gouvernement joue néanmoins un rôle essentiel dans le
développement et la gestion de l'économie y compris dans l'instauration de
politiques macroéconomiques: il intervient pour pallier aux carences du marché,
assure la réglementation, génère des recettes par l'impôt et d'autres activités.
2.5.1.1.1
Comme mentionné précédemment, ces gouvernements jouent un rôle clé en
matière d'éducation en garantissant l'instruction gratuite et obligatoire jusqu'à l'âge de
seize ans. Ils ont également mis en place des politiques régissant la formation après
l'âge de seize ans et le développement des compétences de leurs citoyens et de leur
force de travail, ce qui englobe également tout un éventail d'initiatives allant de
l'éducation supérieure à l'enseignement et la formation professionnels, en passant par
le développement de la force de travail par le biais de programmes de formation au
travail, de gestion et de direction.
2.5.1.2
Faible développement: l'IDH de ces pays est inférieur à 0,5. Sur les 31 pays qui
relèvent de cette catégorie, 29 se trouvent sur le continent africain, les deux
exceptions étant Haïti et le Yémen. Ces pays sont confrontés à une pauvreté extrême,
56% de leur population ayant des revenus inférieurs à 0,77 euro (1 dollar américain)
par jour. Le développement des ressources humaines passe par la satisfaction des
nécessités de base: un repas par jour, approvisionnement en eau saine, soins de
santé de base, éducation et logement, et, par là-même, des services publics
minimums.
2.5.1.3
Développement moyen: l'IDH de ces pays se situe entre 0,5 et 0,8. Trente pays
ACP sont classés dans cette catégorie, la République dominicaine se trouvant à la
68e place et le Swaziland à la 146e. Le pays du Pacifique le mieux placé est le
Samoa (75e) et les deux meilleurs classements de pays d'Afrique subsaharienne
reviennent à la Guinée équatoriale et à l'Afrique du Sud, respectivement 120 e et
121e.
2
Classement en fonction de l'indicateur de développement humain (IDH).
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-6-
2.6
Pourquoi se focaliser sur le développement des ressources humaines?
2.6.1
D'une manière générale, le développement humain vise principalement à permettre
aux gens de mener une vie satisfaisante et d'exploiter le potentiel dont ils disposent en
tant qu'êtres humains. Pour reprendre les propos du PNUD3, il s'agit "de réduire la
pauvreté extrême, de renforcer l'égalité entre les genres et d'élargir le champ des
opportunités en matière de santé et d'éducation… fondement de la prospérité
commune et de la sécurité collective dans un monde de plus en plus interdépendant.
2.6.2
Le développement des ressources humaines (DRH) est un élément essentiel des
objectifs en matière de développement humain évoqués ci-dessus. Le DRH est
important en ce qu'il constitue un moteur et un élément essentiel du développement
économique. L'impact du développement des ressources humaines sur le progrès
économique et la réduction de la pauvreté est bien documenté, qu'il s'agisse d'une
économie développée ou en voie de développement4.
2.6.3
Le développement des ressources humaines contribue largement à la croissance
économique dans la mesure où il augmente la création d'emplois, multiplie les
opportunités de travail, renforce la productivité et attire d'autres investissements,
générateurs à leur tour de développement économique.
2.6.4
Dans les économies avancées, le développement économique à long terme (en
particulier, les efforts tendant à accroître la productivité) dépend de l'existence d'une
force de travail éduquée, formée et spécialisée. Cette stratégie met l'accent sur le fait
que si les besoins de compétences varient d'un secteur à l'autre, l'amélioration
continue des compétences et des qualifications des travailleurs est, quant à elle,
nécessaire pour tous les secteurs.
2.6.5
Dans les pays en voie de développement et les économies émergentes, la formation et
le développement des ressources humaines, produit un rendement plus élevé chez les
femmes que chez les hommes5.
2.6.6
Dans les pays en développement, les études tendent à prouver que le développement
des ressources humaines, par le biais de l'éducation et de la formation professionnelle,
est davantage générateur de développement économique que l'investissement dans
des infrastructures physiques6.
3
Rapport mondial sur le développement humain 2006.
4
(i) HM Treasury: Leitch Review of skills; prosperity for all in the global economy – world class skills (prospérité pour
tous dans l'économie mondiale – compétences de niveau mondial), décembre 2006 (ii) Department of Education &
Skills- the economic benefits (Département de l'éducation et des compétences – les bénéfices économiques), 2003 (iii)
OCDE, Regards sur l'éducation, 2006.
Document de travail de l'Institut de la Banque mondiale: "Building human capital, what can other learn" 2001
(construire le capital humain: que peuvent apprendre les autres).
Document de travail de l'Institut de la Banque mondiale: "Building human capital, what can other learn" 2001
(construire le capital humain: que peuvent apprendre les autres).
5
6
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-72.7
Position économique actuelle dans les pays ACP
2.7.1
Les tendances économiques indiquent que les pays en développement ayant un
revenu moyen, comme la Barbade, Trinidad-et-Tobago et les Bahamas, affichent de
bonnes performances économiques. Leur situation se caractérise par un taux d'emploi
relativement élevé, des niveaux de pauvreté bas, de bonnes infrastructures sociales –
y compris en matière d'éducation, de formation et de santé – et la présence de
l'investissement étranger.
2.8
L'amélioration de la situation économique, la stabilité des gouvernements, les
réformes économiques et les investissements consacrés aux ressources humaines au
cours des dernières années contribuent progressivement à lutter contre la pauvreté
dans nombre des pays ACP plus pauvres. L'OCDE a récemment confirmé que
l'Afrique avait atteint une croissance économique moyenne de 5,5%, soit sa
croissance la plus rapide en 30 ans. Certains pays africains connaissent une croissance
économique importante. Ainsi, au Mozambique7, la croissance a considérablement
augmenté depuis la fin de la guerre civile, atteignant 10% en moyenne dans les
années 90, et 7,7% à l'heure actuelle. Le gouvernement s'attaque à la corruption et
lutte contre la pauvreté. Ainsi, les niveaux de pauvreté sont-ils passés de 69% en
1997 à 54% en 2003, soit l'une des diminutions les plus rapides d'Afrique, et d'autres
indicateurs de développement humain, tels que la mortalité infantile, se sont
améliorés.
2.8.1
Toutefois, s'il faut se féliciter de cette croissance, force est de constater que le niveau
de pauvreté et d'autres problèmes sociaux et économiques causés par une
combinaison de facteurs dont la mauvaise gestion économique, la faiblesse des
gouvernements, la guerre civile, le poids de la dette, les catastrophes naturelles, le
SIDA et d'autres pandémies, ont placé une large proportion de la population africaine
en situation de survie, forcée de pourvoir à ses "nécessités de base", plutôt que de
développer les ressources humaines par l'éducation et la formation. Les chiffres sur
les pays les moins avancés parlent d'eux-mêmes8:




Plus de 44 millions d'enfants ne suivent pas l'enseignement primaire.
Plus de 300 millions d'Africains n'ont pas accès à l'eau potable.
Un Africain sur cinq, parmi les plus pauvres vivant sur le continent, survit avec
un euro (1,30 dollar américain) par jour.
Plus de 10 millions d'enfants meurent de faim et de maladies curables chaque
année; un enfant meurt toutes les trois secondes tandis que plus de 25 millions
d'enfants d'Afrique subsaharienne sont atteints du virus VIH/SIDA.
7
African Business, juillet 2006; OCDE.
8
Oxfam 2005.
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-83
Principales questions ayant une incidence sur le développement des ressources
humaines dans les pays ACP et autres pays en voie de développement
3.1
Outre les raisons mentionnées précédemment, il y a bien d'autres facteurs qui
empêchent les pays ACP très pauvres de développer leurs ressources humaines.
Certains de ces facteurs sont résumés ci-après:
3.2
Inégalité entre les hommes et les femmes en matière d'éducation9
3.2.1
L'éducation constitue un atout majeur sur le plan économique aussi bien pour les
individus que pour les nations. Atout essentiel, l'éducation est aussi un droit
fondamental pour tous. Les pays pourraient voir leur croissance économique par
habitant augmenter d'environ 0,3% par an (3% au cours de la prochaine décennie)
tout simplement en assurant la parité en matière d'inscription scolaire entre les filles
et les garçons10.
3.2.2
Causes de disparité
Dans la grande majorité des cas, la pauvreté est responsable de l'absence des filles à
l'école. Plus l'éducation est onéreuse, moins les familles investissent dans l'éducation
de leurs filles. Au Kenya, par exemple, avant l'abolition des droits de scolarité, la
probabilité que les filles quittent l'école pour des raisons financières était deux fois
supérieure à celle des garçons11. Le "coût d'opportunité" opère également un réel effet
dissuasif au sein des familles pauvres: le travail des enfants, rémunéré ou non,
constitue souvent une ressource importante pour la survie du ménage. Aussi, pour une
famille pauvre, la scolarisation des filles peut avoir pour conséquence qu'il y aura
moins à manger chaque jour.
3.2.3
Exemples de bonnes pratiques
Toutefois, il y a de nombreux exemples de pays pauvres qui, comme le Kenya, ont
accompli des progrès remarquables. Ainsi, la Mauritanie s'est engagée à instaurer
l'éducation primaire gratuite et obligatoire. Résultat: la proportion de filles scolarisées
est passée de 67% à 93% entre 1990 et 1996. Le Mali a réduit de plus de 10 pour
cents l'écart profond qui existait entre les hommes et les femmes dans les années 90,
tout en augmentant de plus de 20 pour cents le nombre de garçons et de filles
achevant leurs études primaires. Ces réussites viennent s'ajouter à d'autres que nous
citons ci-dessous:
9
10
11
Rapport de la campagne mondiale pour l'éducation "Girls can’t wait" (les filles ne peuvent attendre), mars 2005.
G. Psacharapoulos et H. Patrinos, "Returns to Investment in Education: A further update" (retour sur investissement
dans l'éducation: mise à jour), Document de recherche de la Banque mondiale 2881 (Washington: Banque mondiale,
2002); Abu-Ghaida et Klasen, "Economic and Human Development Costs" (Coûts économiques et du développement
humain).
GCE, A Fair Chance, p. 23.
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-9
Suite à l'abolition des droits de scolarité en Ouganda, la scolarisation des filles a
quasi-instantanément augmenté de 20%; pour filles les plus pauvres, le
pourcentage est passé de 46% à 82%12.

Il y a quelques années, le SIDA était responsable de l'exode massif des écoles de
Lesotho. Toutefois, des initiatives combinant l'éducation à l'offre de repas gratuits,
ramène des orphelins sur les bancs de l'école13.
3.2.4
Par conséquent, ni la pauvreté ni le VIH/SIDA ne peuvent priver un enfant de son
droit à l'éducation. Parmi les initiatives prises par ces pays en faveur des filles, les
plus efficaces ont été l'abolition des droits d'inscription et des frais scolaires, la
gratuité et l'obligation de l'éducation primaire, l'interdiction des pires formes de
travail des enfants, l'offre de stimulants supplémentaires pour aider à compenser le
manque à gagner pour le travail des filles issues de familles pauvres14.
3.2.5
Les mesures visant à éradiquer les désavantages éducatifs auxquels sont confrontées
les filles issues de milieux pauvres ne peuvent toutefois pas s'arrêter aux portes de
l'école. Pour que les filles puissent apprendre et acquérir de véritables compétences,
les classes doivent avoir une taille raisonnable, les horaires d'instruction doivent être
adéquats, le matériel éducatif doit être sensible aux différences entre les genres et,
probablement le plus important, les enseignants doivent être mieux formés et plus
soutenus, le nombre d'enseignantes devant aussi être plus important15. La menace de
harcèlement et d'abus sexuels doit disparaître, tout comme les préjugés sexistes sur le
contenu et la manière d'apprentissage. Les filles ont besoin d'opportunités équitables
pour pouvoir avancer dans leur parcours scolaire, et franchir les étapes de l'école
secondaire voire du cycle supérieur. Les écoles doivent soutenir les filles pour les
aider à acquérir les connaissances et les compétences que la société refuse
généralement aux femmes: mathématiques et sciences, instruction en matière de santé
sexuelle ou reproductive et programmes d'acquisition des savoir-faire élémentaires de
la vie de tous les jours, afin de renforcer leur confiance en soi et leurs compétences de
négociation.
3.2.6
Or l'éducation seule ne suffit pas pour surmonter les multiples causes de privation et
d'oppression dont sont victimes les femmes. Même lorsqu'elles ont acquis une
certaine éducation, les femmes n'en sont pas moins confrontées à des désavantages
profondément ancrés sur le plan de l'emploi, de la propriété et des choix sexuels et
12
K. Deininger, "Does Cost of Schooling Affect Enrollment by the Poor? Universal primary education in Uganda",
Economics of Education Review 22(3): 291-305, 2003 (Les coûts de scolarisation affectent-ils la scolarisation des
pauvres? Education primaire universelle en Ouganda).
13
14
15
GCE, Learning to Survive, p. 16.
En ce qui concerne la prévalence du mariage précoce et du travail des enfants comme obstacles à l'éducation des filles,
voir UNESCO, EFA Global Monitoring Report 2003/4, pp 120-124. Concernant le rôle des lois sur l'éducation
obligatoire pour lutter contre ces pratiques, voir K. Tomasevski, "Education Denied: Costs and remedies"
(L'éducation refusée: coûts et solutions) (London: Zed Books, 2003); et GCE, Fair Chance.
Dans le monde en voie de développement, moins du quart des enseignants du primaire sont des femmes (GCE, Fair
Chance, p. 26). Selon le Rapport mondial de suivi sur l'EPT2003/4, p. 60. "les effectifs de filles augmentent par
rapport aux effectifs de garçons à mesure que la proportion d’enseignantes, faible au départ, s’accroît". Bien que le
lien de cause à effet soit difficile à déterminer, il semble bien que la présence renforcée d'enseignantes encourage la
présence de filles à l'école.
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- 10 reproductifs. Il faut engager une action plus audacieuse sur tous ces fronts. Malgré la
discrimination persistante, l'éducation offre toutefois aux filles et aux femmes un
minimum de confiance en leurs capacités et en leurs droits, les outils nécessaires pour
leur permettre d'obtenir et de traiter l'information ainsi qu'un pouvoir d'achat plus
important.
3.2.7
Budget alloué à l'éducation
3.2.7.1 La plupart des pays qui ont aboli les droits d'inscription et ouvert les portes de
l'enseignement à tous consacrent 20% de leur budget à l'éducation, voire davantage.
Depuis l'introduction de l'éducation primaire gratuite au Kenya en 2003, par exemple,
les dépenses liées à l'éducation ont atteint 40% du budget gouvernemental 16 .
Toutefois, malgré les engagements pris de longue date pour accroître les dépenses
liées à l'éducation à 6% du PIB, les pays d'Afrique, d'Asie du Sud et de l'Ouest
consacrent encore moins de 3,5% du PIB à tous les niveaux d'éducation17. En outre,
plus de 100 pays appliquent toujours des droits d'inscription et des frais divers pour
l'éducation primaire18. Très rares sont ceux qui disposent d'un programme national
global de subsides, de repas gratuits ou d'autres incitants pour encourager la
scolarisation des filles et des enfants les plus pauvres.
3.2.7.2 Bien que tous les pays en voie de développement aient considérablement accru leurs
investissements dans le domaine de l'éducation, ils auraient néanmoins besoin d'un
soutien supplémentaire des pays riches pour pouvoir atteindre les objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Les pays riches l'ont pourtant reconnu,
déclarant en 2000 "aucun gouvernement avec une stratégie fiable pour l'éducation ne
pourra échouer par manque de ressources". Or la réalité est que les pays donateurs
réunissent à peine un cinquième de l'aide qui serait nécessaire pour atteindre l'objectif
de l'éducation primaire universelle à l'horizon 2015.
3.2.7.3 En 2001, l'initiative IMOA (Initiative de Mise en Œuvre Accélérée) de l'EPT
(Éducation pour tous) a été créée avec l'aide de l'UE et du G8, pour stimuler l'aide
aux pays répondant aux critères rigoureux de bonnes politiques en ce qui concerne les
objectifs de l'éducation. Cette initiative devrait être le moteur international de l'essor
massif et coordonné de l'éducation des filles dans l'ensemble du monde en voie de
développement. Mais l'IMOA est aujourd'hui en échec, en raison de l'insuffisance des
fonds alloués par la communauté de donateurs. Par exemple:

16
17
18
La Mauritanie qui a réalisé des progrès spectaculaires en matière de scolarisation
des filles, et dont nous avons déjà cité le cas, a besoin d'une aide deux fois
supérieure à celle qu'elle reçoit actuellement pour mettre en place les projets
approuvés par les bailleurs de fonds de l'IMOA.
Première mission de contrôle conjointe sur les résultats de l'éducation primaire au Kenya et la conception du
programme de soutien du secteur éducatif au Kenya, Aide mémoire, Sept. 16 – Oct. 1 2004 (traité).
UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'EPT 2005, tableau 14, p. 368.
UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'EPT 2003, tableau 3,3, p. 136.
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- 11 -

Le manque de financement provenant des bailleurs de fonds limite les
partenariats de l'IMOA à treize pays alors qu'ils sont beaucoup plus nombreux à
nécessiter d'urgence des ressources supplémentaires pour soutenir et étendre les
progrès. Par exemple, en supprimant les frais de scolarité, le Kenya a déjà réussi
à attirer 1,5 million d'enfants supplémentaire à l'école, en majorité des filles;
cependant les classes comptent désormais plus de cent enfants dans les zones
urbaines, et le gouvernement n'a pas réussi à accroître les effectifs du corps
enseignant depuis 199819.
3.2.8
Le Comité de suivi ACP-UE recommande que les pays ACP abolissent les droits
d'inscription et les frais liés à l'éducation primaire, et rendent l'éducation
gratuite et obligatoire pour une durée minimum de six ans.
3.2.9
Le comité de suivi ACP-UE est conscient que ceci signifie une augmentation d'au
moins 6% du PIB des dépenses des gouvernements liées à l'éducation de base. Aussi,
pour traduire cet objectif en réalité, l'UE doit montrer l'exemple et influencer d'autres
bailleurs de fonds à augmenter l'aide accordée à l'éducation de base en étendant
l'IMOA, de telle sorte qu'elle offre un financement complet, prévisible et à long terme
aux pays ACP disposés à accélérer les progrès dans le domaine de l'éducation et, en
particulier, de l'éducation des filles.
3.3
Commerce
3.3.1
La plupart des pays ACP pauvres n'ont pas l'opportunité de faire progresser leurs
économies ou leurs ressources humaines grâce au commerce à cause des politiques
commerciales protectionnistes et inéquitables adoptées par les pays de l'OCDE pour
protéger leurs agriculteurs, qui atteignent un montant de 231 milliards d'euros
(300 milliards de dollars américains), soit dix fois le montant de l'aide destinée à
l'Afrique. Des voix se sont même élevées au sein de l'UE pour critiquer les subsides
agricoles occidentaux qui empêchent les pays pauvres de combattre la pauvreté
écrasante qui les accable20.
3.3.2
Les règles commerciales inéquitables empêchent les pays pauvres de s'attaquer au
fléau de la pauvreté extrême qui les frappe. Ainsi, les fermiers africains ne peuvent-ils
pas vendre des produits agricoles tels que les bananes, les ananas, etc. car ils se voient
refuser l'accès aux marchés occidentaux. Avant la réforme européenne du marché du
sucre (en 2006), les pays producteurs de sucre, tels que le Mozambique, ne pouvaient
pas concurrencer l'Europe où les fermiers cultivent la betterave sucrière à grand
renfort de subsides. Néanmoins, grâce à cette réforme21, la production de sucre de
l'Union européenne sera réduite, d'ici 2011, d'un quart voire d'un tiers et l'UE ne sera
19
Première mission de contrôle conjointe sur les résultats de l'éducation primaire au Kenya, Aide mémoire.
20
L'édition du Guardian du 30 juin 2005.
21
http://ec.europa.eu/agriculture/capreform/sugar/index_fr.htm
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 12 plus le principal exportateur sur le marché mondial du sucre. Elle pourrait même
devenir un importateur net.
3.3.3
Plusieurs rapports récents22 concernant l'impact des tarifs sur le commerce des pays
pauvres en développement démontrent que:
 plus une nation est pauvre, plus elle doit payer d'impôts pour exporter ses produits.
L'UE espère résoudre ce problème par une proposition qu'elle a formulée (voir le
paragraphe 3.3.5 ci-après);
 les États-Unis pratiquent des tarifs de 0 à 1% sur les principales importations en
provenance de Grande-Bretagne, de France, de Japon et d'Allemagne, mais de
14% à 15% sur les produits en provenance du Bengladesh, du Cambodge et du
Népal;
 le gouvernement britannique fait de même: le Sri Lanka et l'Uruguay paient huit
fois plus pour vendre leurs produits en Grande-Bretagne que les États-Unis;
 les tarifs les plus élevés sont imposés sur des produits comme le textile et les
produits fermiers, deux secteurs où les pays les plus pauvres possèdent un
avantage concurrentiel.
3.3.4
Selon George Monbiot 23 , analyste des questions sociales et économiques, les
inégalités ci-dessus ont deux causes principales: (i) les nations les plus pauvres n'ont
pas le pouvoir politique ou économique nécessaire pour "rétorquer"; (ii) en l'absence
de taxes, les nations pauvres dépasseraient les pays riches dans des secteurs tels que
l'agriculture.
3.3.5
Dans le cadre des négociations à l'OMC, l'UE a répondu en assortissant les
propositions suivantes de conditions portant sur des progrès significatifs dans
d'autres domaines. L'offre de l'UE comprend24:
-
une réduction de 60% des tarifs communautaires les plus élevés. Des réductions
tarifaires allant de 35 à 60% pour les tarifs les moins élevés. Une réduction moyenne
de 46% du tarif agricole moyen;
un tarif agricole maximum de 100% - comme le réclament les pays en développement;
une diminution du nombre de produits sensibles définis par l'UE;
des réductions tarifaires même pour les produits sensibles et de plus larges
contingents tarifaires – ce qui se traduira par un accès accru aux marchés;
une réduction de 70% des subventions agricoles ayant des effets de distorsion sur les
échanges – conformément à la décision prise dans le cadre de la réforme de la PAC
en 2003 et une discipline plus importante concernant les dépenses de la catégorie
bleue (blue box);
-
22
23
24
(i) Oxfam: Rigged rules and double standards, 2002 (Règles truquées et ambivalence) (i) Heritage Foundation: The
free trade future of AGOA, 5 juin 2006 (L'avenir du libre commerce de l'AGOA); (iii) Cato Institute: Trade, not aid,
juin 2005 (iv) Guardian, 24 juin 2005.
Voir www.monbiot.com.
http://ec.europa.eu/trade/index_fr.htm
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 13 -
3.3.6
l'élimination totale de toutes les subventions à l’export à une date donnée, si les autres
disciplinent leurs subventions à l'exportation;
un traitement préférentiel pour les pays en développement: des fourchettes tarifaires
plus élevées, des réductions tarifaires moindres et des droits maximums de 150%.
Aucune réduction tarifaire pour les pays les moins développés.
Le Comité de suivi ACP-UE soutient cette proposition et espère que les autres nations
développées suivront l'exemple. Afin que les pays les moins avancés et les pays à
revenus moyens puissent développer leurs ressources humaines par le commerce, il
conviendrait d'argumenter en faisant pression sur l'UE et l'OCDE (soutenus par
NEPAD, CARICOM, les gouvernements du Pacifique et les gouvernements
occidentaux bien disposés à leur égard) pour:






3.3.7
En outre, ce comité appuie les recommandations suivantes sur le commerce
formulées par la Commission pour l'Afrique, qui inclut des économies avancées,
notamment celles de l'OCDE et de l'UE:






25
abolir les subsides à l'exportation dans les pays occidentaux, dans la mesure où
cette politique empêche les agriculteurs africains et d'autres pays ACP d'être
concurrentiels;
redoubler d'efforts afin d'éviter les gaspillages liés à la politique agricole
commune européenne (PAC) en mettant fin aux subsides à l'exportation;
annuler la dette de l'Afrique et d'autres pays en développement. En 2002, la dette
de l'Afrique envers les pays occidentaux était estimée à 465 milliards d'euros (soit
604 milliards de dollars américains). Cette année-là, le G8 a annulé à peine 0,3%
de la dette25;
accroître l'aide aux pays ACP et à d'autres pays en développement;
encourager l'investissement étranger équitable dans les pays ACP et dans d'autres
pays en développement;
assurer que la bonne gouvernance et les mesures de lutte contre la corruption
soient scrupuleusement respectées et contrôlées.
Améliorer les capacités des économies des pays ACP en termes de commerce et
de croissance.
Aider à trouver des moyens efficaces pour renforcer la croissance et générer de
l'emploi dans ces pays.
Soutenir le développement et la croissance du secteur agricole car ceci aurait un
impact important sur la population très pauvre.
Réduire le protectionnisme commercial et renforcer la capacité d'offre pour
contribuer au développement des opportunités économiques en Afrique.
Créer les conditions nécessaires à l'investissement et encourager ce dernier.
Accorder un allègement de la dette et fournir des ressources supplémentaires.
Oxfam Poverty report on Africa (Rapport sur la pauvreté en Afrique), décembre 2004.
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 14 
Soutenir le développement des ressources humaines, en offrant des ressources
supplémentaires pour l'éducation primaire, secondaire et supérieure, en mettant
particulièrement l'accent sur les filles.
3.4
Investissement étranger
3.4.1
L'afflux d'investissement étranger, en particulier l'investissement direct étranger
(IDE), offre des avantages économiques importants aux économies nationales en
termes de création d'emploi à grande échelle, entre autres avantages liés à l'emploi et
au marché de l'emploi.
3.4.2
Plusieurs études 26 montrent que l'investissement étranger permet d'accroître
l'éducation et les compétences des travailleurs du pays d'accueil par le biais de
programmes de développement de la force de travail et de financement d'écoles.
3.4.3
Toutefois, malgré les importantes opportunités commerciales et économiques
qu'offrent les pays ACP aux investisseurs étrangers, en particulier dans les secteurs
pétrolier, minier, manufacturier et des services, l'investissement étranger reste, à de
rares exceptions près, limité. Cette absence d'investissements est imputable à une
combinaison de facteurs dont l'instabilité politique de certains pays ACP, des
infrastructures de transport et physiques peu développées, ainsi qu'un manque de
compétences techniques et d'expertise.
3.4.4
Le comité de suivi ACP-UE recommande que l'un des éléments clés des
politiques de développement des ressources humaines soit la création, dans les
pays ACP, de conditions encourageant l'investissement étranger. Il est toutefois
important que l'investissement étranger soit mutuellement bénéfique et
n'entraîne pas l'exploitation du pays ACP d'accueil. S'il est un fait acquis que
les multinationales étrangères investissent pour maximiser leurs profits et leur
part de marché, elles doivent aussi apporter leur soutien au développement
économique et humain des pays ACP en créant de l'emploi et en soutenant
l'éducation et les programmes de formation.
3.4.5
Par conséquent, l'une des recommandations clé est que les pays ACP continuent
à encourager l'investissement provenant de canaux traditionnels comme l'UE et
les États-Unis d'Amérique, tout en ciblant les investissements provenant d'Inde
et de Chine. Les investissements chinois en Afrique et les échanges commerciaux
avec ce continent sont passés de 1,54 milliard d'euros (2 milliards de dollars
américains) en 1999 à 22,8 milliards d'euros (29,6 milliards) en 2005. Selon les
prévisions, les investissements de la Chine dépasseront ceux des États-Unis,
deuxième investisseur mondial, en 2010 et de l'Europe, premier investisseur actuel,
en 203027. Selon le International Affairs Journal, les flux commerciaux entre la Chine
26
Rees G & Thomas M: Inward investment, regional development and labour market adjustment (Afflux
d'investissements, développement régional et ajustement du marché du travail).
27
African Business, juillet 2006.
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 15 et l'Afrique devraient atteindre 77 milliards d'euros 28 (100 milliards de dollars
américains) dans les cinq prochaines années. En grande partie, ces flux commerciaux
proviendront de l'expansion chinoise dans les marchés pétroliers d'Afrique. Une fois
encore, ce comité entend souligner que les pays ACP devraient faire de l'éducation,
de l'acquisition de compétences et du développement de leurs ressources humaines,
une condition clé pour l'investissement.
3.5
Fuite des cerveaux
3.5.1
Il arrive très souvent que des travailleurs qualifiés de pays ACP, notamment des
médecins, des infirmières, des enseignants, des scientifiques, des ingénieurs, des
spécialistes des TIC, qui ont bénéficié pour leur éducation et leur formation d'aides de
leurs gouvernements respectifs migrent vers des pays plus riches. Selon un récent
rapport de l'OCDE29, cette migration de travailleurs qualifiés de pays pauvres vers des
pays occidentaux riches a un effet dévastateur sur le développement des premiers.
Toujours selon le même rapport, quelque 300 000 Africains ayant des professions
qualifiées vivent en Europe et aux États-Unis. Un tiers des professionnels travaillant
dans des domaines de développement clé, tels que la recherche & développement,
vivent dans des pays de l'OCDE. Plus inquiétant encore, le rapport démontre que les
migrants qualifiés provenant de pays en développement sont souvent peu susceptibles
de retourner dans leur pays en raison des opportunités économiques que leur offrent
les pays plus riches. Dans certains cas, le départ peut être provoqué par le manque de
libertés économiques, politiques ou de la presse susceptible d'entraver la participation
des citoyens.
3.5.2
Le Comité de suivi ACP-UE recommande qu'en raison des effets négatifs que peut
avoir la fuite des cerveaux sur les ressources humaines et le développement
économique de pays pauvres, les gouvernements de pays ACP travaillent avec l'UE et
d'autres pays donateurs au développement de formules et de stimulants qui
permettraient de retenir les travailleurs de professions qualifiées et d'encourager les
migrants qualifiés à retourner dans leur pays.
28
International Affairs, volume 2, Issue 5, septembre 2006.
29
OECD Observer, Mario Cervantes & Dominique Guellec – The brain drain: old myths, new realities (la fuite des
cerveaux: anciens mythes, nouvelles réalités).
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 16 3.5.3
Les pays ACP devraient adopter des politiques économiques permettant d'ouvrir leurs
économies et d'encourager l'investissement national dans des secteurs clés pour la
croissance tels que la TI et les télécommunications, les services, l'industrie
manufacturière, les services financiers, les services professionnels et commerciaux, la
R&D etc. Ces politiques ont eu des résultats très positifs en Inde, en Chine et en
Corée du Sud. Toutefois, la réussite de ces politiques passe par l'existence
d'infrastructures au sein des pays en développement dans les domaines concernés et
d'un dosage adéquat de paquets financiers et autres susceptibles d'attirer les
travailleurs qualifiés de retour au pays pour qu'ils y contribuent au développement
humain et économique.
3.5.4
La Grenade, un petit pays des Caraïbes, apparaît de plus en plus comme un exemple à
suivre en matière d'éducation et de développement des ressources humaines offerts à
ses citoyens. Afin de tenter de remédier à ce problème de fuite des cerveaux,
l'université de Grenade a récemment créé une bourse pour les étudiants en médecine
ainsi qu'une aide financière afin de leur permettre de se former dans les universités
occidentales. Mais pour obtenir cette aide, les étudiants doivent revenir dans leur pays
d'origine afin de faire profiter leurs concitoyens des nouvelles compétences qu'ils ont
acquises.
3.5.5
Quant à la Barbade, elle estime que la forte exportation de ses ressources humaines
témoigne du succès de son système éducatif. Bien qu'il s'agisse d'une petite île assez
faiblement peuplée, elle n'a pas subi l'effet de "fuite des cerveaux" qui accompagne,
dans la plupart des autres pays, les exodes massifs de population. La grande qualité
de l'éducation a permis à la Barbade de conserver, malgré les mouvements
d'émigration, suffisamment de citoyens très qualifiés qui peuvent répondre de
manière adéquate à ses besoins.
3.6
Gouvernance
3.6.1
Depuis quelques années, la question de la bonne gouvernance est considérée comme
cruciale pour atteindre des objectifs clés du développement. La Commission
européenne, définit ce concept comme suit: "La gouvernance a trait à la capacité d'un
État à servir ses citoyens. La gouvernance concerne les règles, les processus et les
comportements par lesquels les intérêts sont organisés, les ressources générées et le
pouvoir exercé dans la société" 30 . Le dossier mensuel d'octobre 2006 de la
DG Développement indique que la bonne gouvernance présente comme
caractéristiques majeures qu' "elle repose sur la participation, la recherche le
consensus, se montre responsable, transparente, réactive, effective et efficace,
équitable et inclusive, et respecte l’État de droit". La CE a placé la gouvernance
démocratique au sommet de son agenda et proposé une stratégie pour produire des
profils de gouvernance pour chaque pays ACP.
30
COM(2003) 615 Gouvernance et développement (2003).
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 17 3.6.2
De nombreux pays ACP ont accompli des progrès en termes de gouvernance de leur
pays, même si, de toute évidence, la corruption existe toujours. Ce problème doit être
résolu de manière proactive afin que ces pays puissent bénéficier de l'effet
économique et social d'un développement efficace de leurs ressources humaines.
3.6.3
Le comité de suivi ACP-UE se félicite de ce que la Commission européenne prenne
des mesures en faveur de la bonne gouvernance dans les pays ACP et rejoint l'idée
que la bonne gouvernance est essentielle au développement économique durable.
Toutefois, la CE devrait impliquer les parlements et la société civile des pays ACP
dans la définition d'une feuille de route de gouvernance adéquate. Les gouvernements
concernés y établiraient leurs priorités après avoir dûment consulté leurs citoyens.
4
Bons exemples de politiques mises en œuvre dans des pays en développement en
matière de ressources humaines, ayant un impact significatif sur le
développement économique
4.1
Au cours des dernières décennies, un certain nombre de pays en développement ont
adopté des stratégies et des programmes de développement des ressources humaines
afin d'accroître la prospérité et le bien-être de leurs citoyens et de développer leurs
économies d'une manière positive. Un exemple de bonne pratique illustre chaque
groupe au sein des pays ACP.
4.2
Afrique: le Ghana
4.2.1
Le Ghana est considéré par la Banque mondiale 31 comme l'un des pays les plus
dynamiques de l'Afrique subsaharienne et comme une réussite pour l'ensemble de
l'Afrique. Le Ghana fut le premier des pays de l'Afrique subsaharienne à obtenir son
indépendance dont le cinquantenaire sera célébré le 6 mars 2007. Au cours des cinq
dernières années, il a bénéficié d'une croissance économique constante qui a atteint le
taux de 6,2% en 2006.
4.2.2
Le Ghana est doté d'un gouvernement stable, d'un niveau élevé de gouvernance, de
processus démocratiques respectueux des libertés civiles et de la liberté de la presse.
La pauvreté a nettement reculé et le niveau de vie s'améliore dans l'ensemble du pays.
La Banque mondiale prévoit qu'au cours des dix prochaines années, le Ghana
deviendra un pays à revenu moyen, fortement développé.
4.2.3
Les systèmes d'éducation et de formation ghanéens sont assez développés; les filles et
les garçons bénéficient d'un accès gratuit à l'enseignement primaire et secondaire. En
1957, année de son indépendance, le Ghana ne possédait qu'une seule université et
quelques écoles primaires et secondaires. Aujourd'hui, pour une population dépassant
vingt millions d'habitants, on y dénombre 12.630 écoles primaires, 5.450 écoles
secondaires de base, 503 écoles secondaires avancées, vingt et une écoles de
31
Source: Banque mondiale2007: la croissance et le recul de la pauvreté ont permis au Ghana d'améliorer sa situation en
dix ans.
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 18 formation, dix-huit établissements de formation technique, deux institutions délivrant
des diplômes et cinq universités. Celles-ci sont considérées parmi les meilleures en
Afrique. Plus de 90% des Ghanéens jouissent d'un accès relativement facile à
l'éducation, à laquelle leur pays consacre, depuis son indépendance, entre 28 et 40%
de son budget annuel.
4.2.4
Le gouvernement du Ghana investit de manière significative dans le développement
des ressources humaines concernant les professions vitales pour l'essor économique
du pays. Ainsi, le gouvernement permet aux citoyens souhaitant devenir médecins,
infirmiers et enseignants de bénéficier d'une formation gratuite. Il leur offre
également des bourses afin qu'ils puissent étudier et se former dans les pays
occidentaux.
4.3
Pacifique: le Samoa
Le Samoa progresse d'une manière solide et constante dans la réalisation de ses
objectifs en matière de développement des ressources humaines. Certains de ces
objectifs, comme l'éducation primaire universelle, ont d'ores et déjà été atteints. Pour
d'autres, comme le taux de fréquentation des écoles secondaires, d'importants progrès
ont été accomplis. D'ailleurs, le taux de fréquentation des écoles secondaires au
Samoa est le plus élevé de toute la région du Pacifique. Les disparités entre les
hommes et les femmes en matière d'éducation et d'alphabétisation ont disparu, la
mortalité infantile et maternelle ont reculé pour figurer parmi les plus basses de la
région du Pacifique. Le gouvernement s'efforce de garantir à l'ensemble de la
population l'accès à une éducation fondamentale de qualité, à la formation, aux
services de santé et à une eau potable saine.
4.4
Les Caraïbes: la Barbade
4.4.1
La Barbade possède un des meilleurs niveaux de vie et un des taux d'alphabétisation
les plus élevés parmi les pays en développement. Malgré sa petite superficie, la
Barbade occupe la 31e position du classement selon l'indicateur du développement
humain (IDH), juste après des pays relativement développés tels que Singapour,
Hong Kong ou Chypre. Elle est actuellement la mieux classée de tous les pays ACP
et arrive en troisième position des Amériques. Ses dépenses sociales sont restées
stables au cours des quarante années qui ont suivi son indépendance; près d'un tiers
des dépenses globales est actuellement consacré à la santé et à l'éducation.
4.4.2
Depuis qu'elle a acquis son indépendance, la Barbade, auparavant pays à faible
revenu dépendant de la production sucrière, est devenue une économie à revenu
moyen basée sur le tourisme, l'industrie légère, les services financiers et
informatiques extraterritoriaux. Dans les années 1990, le pays a connu une profonde
récession; pendant trois années, des déséquilibres macroéconomiques fondamentaux
ont donné lieu à un déclin continu. Après un douloureux processus de réajustement,
l'économie a renoué avec la croissance à partir de 1993. Depuis, les taux de
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 19 croissance ont oscillé entre 3 et 5%, le taux de chômage est passé de 24,3% en 1993 à
7,6% aujourd'hui, ce qui constitue une meilleure situation que dans certains pays
européens tels que la France (8,5% de chômeurs) ou l'Allemagne (7,9%). L'économie
s'est contractée en 2001 et 2002 en raison de ralentissements dans le tourisme et dans
les dépenses de consommation et en réaction aux attaques du 11 septembre 2001,
mais cette tendance a pris fin en 2003, la croissance ayant repris depuis 2004. Au
cours de la dernière décennie, le gouvernement s'est montré favorable aux affaires et
a eu une approche économique saine.
4.4.3
Du fait de cette transformation de son développement humain, social et économique,
la Barbade sera présentée en guise d'étude de cas de bonne pratique dans le chapitre
suivant.
5
La Barbade: étude de cas32
5.1
La Barbade a été qualifiée de modèle à suivre pour les autres pays en développement.
Selon la Banque mondiale, il s'agit d'un pays en développement à revenu moyen situé
dans la tranche supérieure de cette catégorie. Son PIB par habitant se situe juste après
celui de certains pays européens tels que la Hongrie ou la République tchèque et il est
supérieur à celui de la Slovaquie. Depuis plusieurs années, la Barbade est le mieux
classé des pays en développement. Son IDH est de 0,879 - identique à celui de pays
membres de l'UE tels que Chypre, la République tchèque, ou Malte [PNUD (2006)]33.
5.2
Du fait de son statut de pays en développement à revenu moyen situé dans la tranche
supérieure de cette catégorie et de son bon classement en matière de développement
humain, la Barbade peut être citée comme modèle par les institutions de financement
internationales. Il s'agit de l'exemple à suivre pour de nombreux pays en
développement qui disposent de ressources limitées mais souhaitent atteindre un
niveau de vie assez élevé.
5.3
Comme indiqué précédemment, l'IDH ne constitue pas une mesure globale du
développement humain, car il ne prend pas en compte certains indicateurs importants
tels que le respect des droits de l'homme et des libertés politiques. L'organisation non
gouvernementale américaine "Freedom House" estime que la Barbade est l'un des
pays les plus "libres" du monde, doté d'une tradition démocratique, respectant les
droits humains fondamentaux et favorisant une société civile active. Cette analyse a
rehaussé l'image économique et politique du pays auprès de la communauté
internationale, ce qui est décisif pour l'afflux d'investissement étranger.
32
Une analyse du développement économique et social de la Barbade par la commission économique pour l'Amérique
latine et les Caraïbes (ALC), 22 juin 2001.
PNUD, fiche pays, 2006.
33
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 20 -
5.4
L'IDH ne prend pas non plus en compte le niveau d'égalité entre les hommes et les
femmes dans les principaux domaines de participation et de décision, tant
économique que politique. L'indicateur de la participation des femmes (GEM, Gender
empowerment measure) permet de le mesurer. La Barbade se situe à la 25e place du
classement général effectué en fonction de cet indicateur34. Elle est à la 59e place
(après la Guinée équatoriale, 56e et le Royaume-Uni, 57e) concernant la proportion de
sièges parlementaires détenus par des femmes (17,6%). Les femmes occupent 71,3%
des fonctions professionnelles et techniques (1ère place du classement avant la
Lituanie et l'Estonie), et 45% des postes administratifs et de gestion (5e du classement
après les Îles Fidji (2e) et la Tanzanie (3e), juste avant les Bahamas).
6
Le développement des ressources humaines à la Barbade
6.1
La planification du développement peut être définie comme la formulation d'un
programme d'actions que doivent mettre en œuvre les autorités politiques et
économiques d'un pays afin d'atteindre des objectifs nationaux spécifiques et à long
terme. Les finalités du développement national (économiques, sociales, culturelles et
politiques) sont décrites de telle sorte qu'au terme de la période de planification, les
progrès accomplis en vue de leur réalisation puissent être évalués. La Barbade a
énoncé six objectifs dans le cadre de sa planification du développement:
1. Diversifier la structure productive de l'économie;
2. Créer de nouvelles opportunités d'emploi; remédier, par là-même, au chômage et au
sous-emploi;
3. Garantir des services sociaux - santé, hygiène, éducation, logement, transport et
sécurité sociale - afin d'éradiquer la pauvreté dans le pays;
4. Parvenir à une croissance et à un développement économiques équilibrés et durables;
5. Développer la base des ressources humaines du pays grâce à la formation et à
l'éducation dans le domaine des nouvelles technologies (notamment de
l'informatique);
6. Instaurer une société plus équitable et plus cohésive, renforcer la participation au
processus décisionnel en intégrant la société civile et en communiquant régulièrement
avec le public.
6.2
Le principal objectif du gouvernement de la Barbade est d'améliorer la qualité de vie
de ses citoyens. Pour ce faire, il cherche à créer un environnement dans lequel ces
derniers puissent prospérer et où les ressources humaines soient développées avec
précaution, afin de répondre aux demandes de compétences du pays.
34
PNUD, fiche pays, 2006.
DI CESE 16/2007 rév. EN-GT/VS/GT/mja
.../...
- 21 6.3
Cette conception part de la conviction que le développement des ressources humaines
nationales catalyse la croissance économique, politique et sociale. D'où les importants
et constants efforts visant à améliorer et à préserver la qualité de tous les niveaux
d'éducation: enseignement destiné aux très jeunes enfants, primaire, secondaire et
tertiaire y compris la formation technique et professionnelle et la formation continue
des adultes.
7
Éducation: de l'enseignement préscolaire à l'université
7.1
Il existe, dans le système éducatif de la Barbade, une très grande variété
d'opportunités en matière d'éducation, et ce du préscolaire à l'université.
L'enseignement public est gratuit et obligatoire entre 5 et 16 ans, ce qui garantit une
participation universelle aux niveaux primaire et secondaire. En outre, divers
programmes visent à assurer la participation active de l'ensemble des étudiants. Il
s'agit notamment de la fourniture de repas scolaires au niveau du primaire, d'un
système d'emprunt permettant d'acquérir les manuels scolaires, d'une aide pour les
transports, d'un système uniforme d'allocation et de bourses au niveau du secondaire
et d'un certain nombre de bourses et d'allocations dans le cadre de l'enseignement
tertiaire.
7.2
L'un des principaux facteurs permettant à la Barbade d'être aussi bien classée en
termes d'indicateur de développement humain est lié à ses politiques, initiatives et
stratégies en matière d'éducation. Les gouvernements successifs de ce pays ont
longtemps mis l'accent sur le fait que l'éducation constitue une condition essentielle à
l'autonomie et à la dignité humaine. Il a été prouvé, il y a longtemps déjà, que
l'éducation a un pouvoir de transformation énorme, qui s'avère crucial pour accroître
les revenus individuels et nationaux et instaurer la croissance économique. Les
systèmes d'aide reposent sur un principe selon lequel tout citoyen de la Barbade a le
droit de profiter des opportunités en matière d'éducation afin de pouvoir pleinement
réaliser son potentiel et de contribuer ainsi concrètement au développement global du
pays. En effet, la Barbade s'enorgueillit de posséder l'un des rares systèmes dans le
monde qui offre une éducation gratuite à tous ses ressortissants, y compris
l'enseignement tertiaire.
7.3
La formation continue des adultes
7.3.1
Les exigences du monde du travail ne cessent de changer et la population doit être à
même de suivre de nouvelles formations à tout moment. De ce fait, il est fondamental
que les citoyens reconnaissent et acceptent l'apprentissage comme un processus
appelé à se poursuivre tout au long de leur vie. Le gouvernement de la Barbade s'est
donc engagé à poursuivre les programmes de formation continue des adultes.
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7.3.2
Ces programmes sont avant tout orientés vers la résolution de problèmes, compétence
indispensable à la gestion de difficultés et de situations auxquelles sont
quotidiennement confrontés les adultes. En outre, l'alphabétisation et les compétences
en matière de calcul permettent d'intensifier l'utilisation du savoir fonctionnel dans la
vie. Les perspectives d'avenir de la formation continue des adultes comprennent:

Des programmes de formation et de remise à niveau inscrits dans des initiatives
informelles en matière d'éducation;
L'augmentation du nombre de centres de formation pour adultes dans l'ensemble de
l'île;
Le développement de programmes d'alphabétisation et d'enseignement du calcul à
visée fonctionnelle, au niveau de l'ensemble de la communauté;
L'élargissement des groupes ciblés pour y inclure les retraités, les adultes présentant
des besoins particuliers et les parents ou les tuteurs;
L'approfondissement de la coopération avec les institutions quasi-formelles,
notamment celles qui travaillent dans le domaine de la formation des adultes, comme
l'Institut de la Barbade pour la gestion et la productivité (BIMAP).




7.4
Enseignement technique et professionnel – l'éducation après 16 ans
7.4.1
L'enseignement et la formation technique et professionnelle regroupe les domaines,
les programmes de formation ainsi que les activités qui requièrent des compétences
techniques. Une certaine formation technique et professionnelle est dispensée dans le
cadre des trois niveaux d'enseignement (primaire, secondaire et tertiaire), mais la
plupart des compétences professionnelles s'acquièrent au sein d'établissements
d'enseignement tertiaire et postsecondaire. Selon "L'enseignement technique et
professionnel à la Barbade" (1996):
"L'enseignement professionnel vise à former du personnel qualifié destiné à travailler,
entre autres, dans l'industrie, dans l'agriculture et dans le commerce, tandis que
l'enseignement technique concerne des travailleurs moyennement qualifiés qui seront
notamment employés par l'industrie, l'agriculture, le commerce ou la médecine".
7.5
Politique de l'emploi
7.5.1
Au cours des années 1990, le chômage a constitué une préoccupation majeure à la
Barbade, où le nombre de chômeurs a représenté jusqu'à 24,3% de la population
active. Le gouvernement s'est engagé à réduire le chômage (dont le taux actuel est de
7,6%35) et le sous-emploi en se basant sur quatre approches politiques:
35
Département des statistiques de la Barbade, février 2007.
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a. Des stratégies de création d'emplois telles que la diversification de l'économie
vers des secteurs à croissance potentielle (par exemple le secteur des services
financiers extraterritoriaux) ou le développement des micro-entreprises
(notamment grâce à des programmes de formation et à l'aide financière et
technique destinés aux jeunes afin de leur permettre de développer les
compétences et les comportements nécessaires pour devenir de bons
entrepreneurs);
b. Des programmes de formation visant à accroître la main-d'œuvre qualifiée;
c. Une orientation professionnelle, un recrutement et des programmes de
placement visant à faire occuper les emplois disponibles par les personnes
appropriées;
d. Des mesures de sécurité sociale afin de garantir un revenu à ceux qui se
retrouvent au chômage. En effet, la Barbade est le seul pays de la région qui
possède un système d'indemnités de chômage. En bénéficient les personnes
entre 16 et 64 ans qui ont travaillé pour un employeur. Les agents publics
permanents, les travailleurs indépendants et ceux qui n'ont jamais été assurés
au titre du système national d'assurance ne sont pas couverts.
8
Conclusions
Elles figurent dans le résumé fourni au début du présent document.
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