Clôture du dossier de Jacques Grisart, boursier de la fondation Saint

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Bourse Professionnel de la santé.
Bilan de la formation effectuée par Jacques Grisart, boursier de la Fondation Saint-Luc Année 2012.
RAPPEL DU PROJET.
La bourse m’a permis de suivre une formation à l’Approche Centrée sur la Personne (ACP) organisée
à Bruxelles par l’École de Formation à la Psychothérapie Centrée sur la Personne. La philosophie de
cette approche peut se résumer de la façon suivante : l'ACP se caractérise par une philosophie qui
considère l’homme dans toute sa complexité et sa créativité. Le psychothérapeute formé à l’ACP fait
confiance aux ressources mêmes de la personne, à sa capacité de croissance et de relation. En mettant
en œuvre des attitudes d’acceptation, d’écoute empathique et de compréhension profonde,
d’authenticité personnelle très grande, il crée un espace de liberté et de sécurité à l’intérieur duquel le
client peut découvrir ses propres ressources, se comprendre, se percevoir différemment, changer ses
attitudes fondamentales et son comportement vis-à-vis de lui-même et tendre ainsi vers une manière
d’être plus satisfaisante pour lui. L’ACP a été créé il y a une soixantaine d’années par Carl Rogers.
Elle concerne d’abord la psychothérapie et trouve également des implications dans l'enseignement,
l'éducation et la gestion des groupes.
La finalité de cette formation s’inscrivait dans deux perspectives :
Volet patient :
L’ACP offre un cadre et des outils de travail spécifiques pour aider la personne à elle-même faire le
pas de l’adaptation à une san durablement modifiée (en l'occurrence, réadaptation, douleur
chronique). Par rapport à toutes ces situations l'attente d'un apport thérapeutique externe est
insuffisante, l’ACP offre des repères pour que le patient intègre un rôle actif dans le processus de
guérison ou d’amélioration de sa qualité de vie. Il s'agira essentiellement de guider le patient pour
que ce soit lui qui s’approprie la décision. On ne fait jamais aussi bien que ce dont on est convaincu!
Cette formation devrait me permettre d'intégrer cette philosophie et ses outils dans les consultations
individuelles et dans les activités de groupes psychoéducatifs dans le cadre de mes activités actuelles
avec des personnes souffrantes de douleurs chroniques rebelles, ce qui « exige » d'eux de
sérieusement réorganiser leur vie AVEC la présence de la douleur. Le caractère rebelle de la douleur
incite à poursuivre une combinaison de moyens pour tenter de diminuer la douleur et aussi d’initier
un mouvement pour que le patient s'engage dans le processus souvent très laborieux de mieux
composer avec la douleur.
- Volet soignant :
Introduire l’outil de l’ACP d'une part dans les formations de soignants (étudiants ou professionnels
en activité) auxquelles je participe, et d'autre part dans les discussions cliniques avec des collègues
sur le suivi des patients et les difficultés qui sont rencontrées. Cela devrait aussi aider les
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professionnels non psychologues à mieux répondre à des situations cliniques ils se trouvent en
difficulté, la pression d’avoir à apporter une solution, motiver un patient qui résiste aux changements,
… Dans le domaine de la douleur chronique, il y a un énorme de travail pour que les soignants aient
mieux conscience de ce qui fait une relation spécifiquement thérapeutique.
BENEFICES DE LA FORMATION :
Au cours de la formation, j’ai commencé dès que possible à intégrer progressivement dans mes
activités des éléments issus de cet apprentissage.
a. Activité clinique avec les patients soit en individuel soit en groupe :
Un des enjeux du suivi psychologique des patients au centre de la douleur est l’optimisation de leur
adaptation cognitive, comportementale et émotionnelle à leur existence entravée par une douleur
résistante. Imposer ce processus fait bien souvent naître des résistances. Il convient de laisser le
patient s’approprier le processus, ce qui implique une attitude du thérapeute de créer un espace
psychique le patient peut s’engager dans ce qui fait sens pour lui et, dès lors, plus facilement
intégrer des apports extérieurs s’il sent la possibilité de choisir. La découverte de l’ACP m’a permis
d’être plus attentif à avoir une attitude favorisant cette démarche d’ouverture du patient à un espace
intérieur fécond. Cela a donc influencé ma manière d’être présent aux patients que ce soit dans le
cadre de consultation individuelle ou dans l’animation de groupes.
b. Formation continue pour soignants et cours pour futurs soignants :
L’ACP repose grandement sur un travail dans l’attitude du soignant face au patient. Cette attitude est
à contre-courant de l’habituelle tendance que c’est le soignant qui prend l’initiative de dire ce qu’il
convient de faire et de l’attente que le patiente suive les propositions formulées. D’où la nécessité de
sensibiliser les soignants à la manière dont leurs attitudes peuvent contribuer à fermer ou à ouvrir le
patient à un autre abord de son état. J’ai ainsi animé plusieurs formations pour soignants (médecins,
infirmières, kinésithérapeutes, ergothérapeutes) dans le domaine de la douleur (aigue et chronique)
en leur présentant l’apport de l’ACP à l’établissement d’une relation thérapeutique. Ce fut à la fois à
travers des exposés et surtout à travers un volet expérientiel reposant sur des jeux de rôles. Rien de
tel que le ressenti d’une expérience personnelle pour éveiller à l’intérêt d’un autre abord du patient.
c. Travaux d’écriture :
L’originalité de l’ACP mérite aussi d’être communiquée dans des écrits car l’ACP a trop peu jusqu’à
présent été articulée avec des pratiques dans le domaine de la santé.
1. J’avais déjà écrit un article (Grisart J. (2011). Douleur chronique, histoires de rencontres
Douleur et Analgésie, 24, 38-45). Il reste un écrit pour lequel je suis de temps en temps
interpellé.
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2. En collaboration avec le Professeur Emmanuelle Zech de la Faculté de Psychologie de LLN,
j’ai contribué à la rédaction d’un chapitre d’un livre consacré à la présentation de différents
courants thérapeutiques appliqués au domaine de la santé somatique. Ce chapitre présente
l’apport de l’ACP au domaine de la douleur chronique.
Zech E, & Grisart J (2014). L’approche centrée sur la personne pour comprendre et
accompagner les personnes souffrant de douleurs chroniques in Untas A, Bungener C. et
Flahault C. Interventions psychothérapeutiques dans les maladies somatiques accompagner
les patients et les proches. Editions De Boeck (en préparation).
3. Un projet de livre dont je coordonne la préparation avec le Professeur Anne Berquin consacré
à l’approche du traitement de la douleur chronique propose une démarche différente de la
plupart des manuels existants actuellement. Son originalité est son articulation autour de la
rencontre et du travail concret en consultation avec le patient. Le travail clinque implique
toujours une rencontre de personne à personne par rapport à laquelle le soignant n’est pas
toujours assez préparé. Le savoir théorique sur la douleur ne suffit pas à lui fournir de pistes
pour organiser la rencontre avec une personne en souffrance autour d’un projet thérapeutique,
en gérer les moments difficiles, les incertitudes et les résistances et son propre vécu. Autour du
fil conducteur de la rencontre avec le patient viendront se dévoiler les aspects théoriques. Une
fois n’est pas coutume, ce livre entend d’abord mettre l’accent sur la dimension personnaliste
d’une clinique de la personne confrontée à des douleurs chroniques. J’y ai développé un gros
chapitre sur l’influence de l’attitude des soignants et sur l’intérêt d’en faire un levier
thérapeutique. Ce projet de livre est encore en chantier, des contacts avec un éditeur intéres
ont eu lieu.
CONCLUSION :
Voici donc quelques retombées de la formation effectuée et dont le but était d’apporter un vent frais
sur mon activité clinique. C’est en tous les cas ce que je ressens. Encore merci à la Fondation Saint-
Luc et à ses mécènes de m’avoir permis de bénéficier d’une bourse.
Jacques Grisart
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