Diagnostic et prise en charge des IO et des maladies associées à l

Module 4
Notes
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Diagnostic et prise en charge
des IO et des maladies associées
à linfection à VIH
Module 4
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Diagnostic et prise en charge des IO et des maladies associées à l’infection à VIH 79
Lessentiel à retenir
Chez les personnes vivant avec le VIH, la tuberculose, les septicémies secondaires à une
salmonellose digestive, les pneumonies bactériennes, la toxoplasmose, les diarrhées
et le paludisme sont les principaux responsables de la morbi-mortalité.
La tuberculose est lIO la plus fréquente en Afrique (et dans les pays à faible revenu) :
elle doit être recherchée chez tout sujet infecté par le VIH et une infection à VIH doit
être dépistée chez tout patient tuberculeux.
La lutte contre la tuberculose passe avant tout par le dépistage des patients atteints
d’une forme pulmonaire qui expectorent des BK et par un traitement antituberculose
précoce de la maladie.
La présence dun muguet et d’une dysphagie signe l’existence d’une candidose
œsophagienne et doit conduire à une prescription systématique de fluconazole.
Toute diarrhée chronique doit bénéficier d’un traitement probabiliste par cotrimoxazole
et métronidazole.
Tout déficit moteur dans un contexte fébrile doit faire évoquer une toxoplasmose
cérébrale ; un traitement par cotrimoxazole à fortes doses doit être entrepris
immédiatement et le malade référé au médecin.
La prophylaxie primaire par le cotrimoxazole est impérative chez tout patient
symptomatique (stades OMS 2, 3 et 4) ou ayant des CD4 < 350/mm3.
La prévention des cancers associés au VIH est capitale : arrêt du tabac, vaccination
contre l’hépatite B, destruction des condylomes de la marge anale, frottis du col annuel
systématique chez la femme.
Le dépistage systématique de l’hépatite B par la sérologie est important car il peut
conduire à choisir des ARV actifs à la fois sur le VIH et le VHB.
La prévention contre le paludisme est fondamentale chez la femme enceinte VIH
positive, du fait de la gravité particulière de l’infection ; elle repose sur la prise pendant
la grossesse de cotrimoxazole ou, à défaut, d’au moins 3 doses de sulfadoxine-
pyriméthamine ou de méfloquine, et sur lutilisation systématique de moustiquaires
imprégnées.
Contexte
Linfection à VIH est responsable d’un déficit immunitaire qui favorise la survenue d’IO.
Ces IO peuvent révéler l’infection par le rétrovirus ou survenir chez un patient dont la
séropositivité est connue. Nombre dentre elles classent l’infection à VIH au stade SIDA.
Les IO qui apparaissent habituellement au dessous de 200 CD4/mm3 sont à l’origine dune
morbidité et d’une mortalité importantes, ce qui rend indispensable de savoir comment
les prévenir et sur quels signes les reconnaître pour les traiter le plus tôt possible.
Linfection à VIH favorise ou est plus fréquemment associée à dautres maladies : cancers
favorisés par le déficit immunitaire lié au VIH, infections par le VHB ou le VHC, paludisme.
Pour lutter contre ces maladies, les mesures de prévention sont fondamentales.
Objectifs du module
À la fin du module, vous serez en mesure de :
Énumérer les symptômes évocateurs de tuberculose.
1–
Décrire les étapes du diagnostic de la tuberculose pulmonaire. 2–
Citer les différents aspects et décrire le traitement de la candidose buccale. 3–
Citer les signes neurologiques devant faire penser à une toxoplasmose cérébrale ou 4–
à une cryptococcose neuroméningée.
Décrire les signes dappel et la prise en charge des affections dermatologiques
5–
courantes.
Décrire lapproche syndromique diagnostique et thérapeutique dune fvre prolongée,
6–
dune toux chronique, d’une dysphagie, d’une diarrhée chronique et de céphalées
persistantes.
Citer les principaux signes du syndrome de restauration immunitaire.
7–
Décrire les principes et modalités de prescription de la prophylaxie des IO par le 8–
cotrimoxazole.
Énumérer les principaux cancers associés à l’infection à VIH et leurs moyens
9–
de prévention.
Décrire le protocole recommandé pour le traitement prophylactique intermittent du
10–
paludisme chez la femme enceinte infectée par le VIH.
Module 4
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Diagnostic et prise en charge des IO et des maladies associées à l’infection à VIH 81
Tuberculose extrapulmonaire
Les atteintes tuberculeuses extrapulmonaires les plus fréquentes concernent les gan-
glions, la plèvre, le péritoine, les os, les méninges et le péricarde.
Chez un même patient, plusieurs localisations sont possibles, éventuellement associées à
une atteinte pulmonaire.
Les signes dappel varient selon la localisation (tableau I).
Le diagnostic fait appel à la recherche systématique de BAAR dans les crachats (même s’il
nexiste pas datteinte pulmonaire visible) et dans tout prélèvement accessible au niveau
dun site infectieux, complétée par des examens spécifiques à la localisation (tableau I).
Traitement antituberculose
De façon générale, le traitement dure 6 mois et comprend 4 molécules antituberculose en
association à doses fixes pendant les 2 premiers mois, puis 2 molécules antituberculose en
association à doses fixes pendant les 4 mois suivants :
au cours des 2 premiers mois, le traitement associe l’éthambutol, la rifampicine,
l’isoniazide et le pyrazinamide (4 cp/j si le poids corporel est > 55 kg, 3 cp/j s’il est
compris entre 40 et 55 kg et 2 cp/j entre 25 et 39 kg) ;
au cours des 4 mois suivants, le traitement associe la rifampicine et l’isoniazide
(2 cp/j en général).
Pendant toute la durée du traitement, le contrôle de la prise effective des médicaments par
un soignant est souhaitable, selon le principe DOT (Directly Observed Treatment).
La survenue deffets indésirables doit être étroitement surveillée (notamment hépatite, aller-
gie ou troubles digestifs), en raison dun risque plus élevé chez le patient immunodéprimé.
Un contrôle des crachats avec recherche de BK doit être effectué à la fin des 2
e, 5e et 6e mois
(selon programme national).
En cas d’échec (nouveau cas resté positif après 5 mois de traitement), de reprise de la maladie
(patient ayant interrompu le traitement pendant plus de 2 mois) ou de rechute (patient déjà
traité et déclaré « guéri »), il convient de se conformer aux recommandations nationales te-
nant compte du risque de souches de BK résistantes aux molécules antituberculose.
Traitement ARV (voir aussi Module 5)
Il doit être débuté rapidement après linitiation du traitement antituberculose, mais ja-
mais aume moment en raison du nombre de compris, de la difficulté à identifier le
médicament responsable en cas dintolérance et du risque de syndrome de restauration
immunitaire (voir plus loin chapitre « Syndrome de restauration immunitaire »).
Chez les patients ts immunodépris, il peut être débuté à partir du 15
e jour du traite-
ment antituberculose.
En cas de tuberculose, les IP et la NVP sont contre-indiqués (interactions médicamenteuses) :
l’EFV est recommandé en association à 2 INTI.
I. Tuberculose
Aperçu général
En Afrique, chez les patients infectés par le VIH, la tuberculose est la plus fréquente des IO.
Elle constitue également le principal motif d’hospitalisation et la première cause de décès,
avec un taux de mortalité pouvant atteindre 30 % à un an.
Lagent responsable est une mycobactérie, le bacille de Koch (BK) ou
Mycobacterium
tuberculosis.
Latteinte peut être pulmonaire ou extrapulmonaire.
La transmission est le fait des patients atteints de tuberculose pulmonaire qui expecto-
rent des BK (patients dit bacillifères) : la toux joue alors un rôle très important. Les pa-
tients atteints de tuberculose pulmonaire qui n’ont pas de BK dans leurs crachats et ceux
qui sont atteints de formes extrapulmonaires ne transmettent pas la maladie.
Les différentes formes de tuberculose, pulmonaires et extrapulmonaires, ont en commun
plusieurs symptômes : fvre modérée à prédominance nocturne, sueurs (le plus souvent
nocturnes), anorexie, asthénie et amaigrissement.
La lutte contre la tuberculose passe avant tout par le dépistage des patients à l’origine de
la transmission (patients atteints de tuberculose pulmonaire qui expectorent des BK) et
par un traitement antituberculose précoce de toutes les formes de la maladie.
Tuberculose pulmonaire
Les principaux signes d’appel sont une toux, évoluant depuis plus de 2 semaines, ou des
crachats contenant du sang. La toux peut être productive ou sèche, en particulier chez
lenfant de moins de 15 ans.
Le diagnostic repose sur l’observation des crachats au microscope à la recherche de ba-
cilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) :
trois prélèvements de crachats sont effectués sur 2 jours consécutifs (1
er prélève-
ment à J1, puis 2e et 3e prélèvements à J2 à quelques heures d’intervalle) pour être
envoyés au laboratoire ;
si au moins un des trois prélèvements contient des BAAR, le diagnostic de tuberculose pulmonaire à microscopie positive (TMP+) est posé et le patient est déclaré bacillifère ;
si les trois prélèvements sont négatifs, létape suivante est la réalisation d’une radio-
graphie pulmonaire :
en cas danomalie radiologique évocatrice, le diagnostic de tuberculose pulmonaire à
microscopie négative (TPM-) est posé ;
si la radiographie n’est pas contributive, du fait d’anomalies minimes ou d’apparition
retardée en raison d’une immunodépression importante, une nouvelle recherche de
BAAR dans les prévements de crachats doit être effectuée quelques jours plus tard
et la radiographie pulmonaire doit être répétée.
Lintradermoréaction à la tuberculine peut aider au diagnostic, mais elle est souvent né-
gative du fait du déficit immunitaire.
DURÉE DU TRAITEMENT ANTITUBERCULOSE ET PLACE DE LA CORTICOTHÉRAPIE
Malgré l’absence de démonstrations formelles, certaines formes de tuberculose extrapulmonaires
doivent être probablement traitées plus longtemps :
12 mois sont préférables pour les tuberculoses osseuses et neuroméningées ;
pour les autres formes extrapulmonaires, une durée de 9 mois est recommandée par certains
auteurs, mais aucune étude ne la confirmé.
Dans certaines formes de tuberculose, y compris chez les personnes vivant avec le VIH, la corticothé-
rapie est recommandée :
le bénéfice est certain pour les tuberculoses neuroméningées, péricardiques ou osseuses vertébra-
les avec compression de la moelle (déficit moteur) ;
il est possible dans certaines formes ganglionnaires envahissantes ou dans les formes pleurales
avec épanchement abondant ;
la posologie est en général de 1 mg/kg/j de prednisone pendant 3 à 4 semaines, avec ensuite une
diminution progressive sur 1 à 3 mois.
En savoir +
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Diagnostic et prise en charge des IO et des maladies associées à l’infection à VIH
* Tout ce qui est proposé ici nest pas réalisable partout.
Tableau I – Principaux signes dappel des formes de tuberculose extrapulmonaire
et moyens diagnostiques
TUBERCULOSE EXTRAPULMONAIRE
LOCALISATION PRINCIPAUX SIGNES D’APPEL MOYENS DIAGNOSTIQUES*
GANGLIONS
Adénopathies cervicales ou
axillaires, fermes ou molles
Recherche
systématique
de BAAR
dans les
crachats
Ponction d’un ganglion : recher-
che de BAAR ± examen anatomo-
pathologique
Biopsie en cas de négativité
PLÈVRE
Toux :
sèche
souvent douloureuse
accentuée par les
changements de position
Dyspnée d’effort, voire
de repos, si épanchement
important
Ponction de l’épanchement
pleural : analyse du liquide
(prédominance lymphocytaire)
et recherche de BAAR
PÉRITOINE
Ascite
± douleurs abdominales
Ponction : recherche de BAAR
± laparotomie sous cœlioscopie :
recherche d’images en taches
de bougie
(+ examen anatomopathologique)
VERTÈBRES
(LOCALISATION
OSSEUSE LA PLUS
FRÉQUENTE :
MAL DE POTT)
Douleur persistante
localisée du rachis
dorsolombaire
Paralysie ou baisse de
la force musculaire d’un
membre = signes de
compression de la moelle
épinière (urgence)
Radiographie du rachis
dorsolombaire face et profil
Scanner (si possible)
MÉNINGES
Syndrome méningé :
céphalées ± raideur
méningée ± photophobie
Troubles neurologiques
Et/ou troubles
psychiatriques
Ponction lombaire : étude des
cellules et recherche de BAAR
PÉRICARDE
Gêne respiratoire, parfois
importante (compression
du cœur)
Douleur thoracique
Radiographie thoracique
Échographie cardiaque
Lagent en cause est un parasite, Pneumocystis jirovecii, identifiable sur lanalyse dun
prélèvement fait au cours dune fibroscopie bronchique par lavage bronchiolo-alvéolaire,
en pratique rarement disponible.
Les principaux signes d’appel sont une toux sèche dapparition plus ou moins rapide, une
fièvre et une gêne respiratoire daggravation progressive. Le diagnostic doit toujours être
évoqué en cas de gêne respiratoire importante alors que lauscultation pulmonaire est
normale.
Léchec d’un traitement antibiotique probabiliste par amoxicilline pour suspicion de pneu-
mopathie à pneumocoque doit également faire penser au diagnostic.
La radiographie, si elle est pratiquée, peut être normale ou montrer des opacités
interstitielles diffuses bilatérales.
La recherche de BAAR dans les crachats est négative.
Le traitement curatif repose sur le cotrimoxazole fort (comprimés à 960 mg) et comprend
une phase dattaque, suivie d’une phase d’entretien jusqu’à restauration de l’immunité
(CD4 > 350/mm3) :
pour la phase d’attaque, la posologie est de 2 cp x 3/j pendant 21 jours ;
pour le traitement dentretien, elle est de 1 cp/j.
La prévention repose sur la prophylaxie primaire par le cotrimoxazole (voir plus loin
chapitre « La chimioprophylaxie primaire par le cotrimoxazole »).
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Diagnostic et prise en charge des IO et des maladies associées à l’infection à VIH
Prévention
La prévention de la tuberculose est indispensable pour toute personne vivant avec le VIH.
Elle comporte trois mesures principales :
éviter le contact étroit avec les tuberculeux bacillifères (TPM+) : un patient tuberculeux bacillifère qui tousse devrait être isolé des autres malades pendant les 15 premiers jours
de traitement ;
vivre en ambiance aérée, ensoleillée et bien ventilée ;
dans certains pays, une chimioprophylaxie par isoniazide oral des personnes-contacts, à la posologie de 5 mg/kg/j (300 mg), est recommandée en cas de contact étroit avec un
tuberculeux, à condition davoir éliminé une tuberculose active.
Dans certains programmes nationaux et selon les recommandations de l’OMS, une
prophylaxie primaire peut être proposée à tout patient dépisté VIH +, notamment si
l’IDR est positive (tuberculose latente), à condition de pouvoir éliminer une tuber-
culose maladie ; plusieurs schémas sont possibles, le plus validé étant l’isoniazide
5 mg/kg/j pendant 12 mois.
II. Infections respiratoires non tuberculeuses
Pneumopathies bactériennes
Chez les patients infectés par le VIH, les pneumopathies bactériennes sont responsables
dune mortalité élevée, pouvant atteindre 30 %.
Elles sont principalement dues au pneumocoque.
Le diagnostic doit être évoqué face à une toux de début brutal, une fièvre élevée, une dys-
pnée, une expectoration mucopurulente, parfois une douleur thoracique latéralisée.
La découverte dun foyer à lauscultation pulmonaire peut suffire au diagnostic (radiogra-
phie non indispensable).
Si une radiographie pulmonaire est réalisée, l’image évocatrice est une opacité localisée,
plus ou moins homogène.
Le traitement curatif repose sur un antibiotique actif contre le pneumocoque : amoxicil-
line à la posologie de 1 g x 3/j pendant 7 à 10 jours.
Les sirops antitussifs sont coûteux et inutiles, voire dangereux.
En l’absence d’amélioration clinique aps 10 jours, il fautférer le malade pour la recher-
che d’autres causes aux symptômes (évoquer systématiquement une tuberculose).
La prévention repose sur la prophylaxie primaire par le cotrimoxazole (voir plus loin cha-
pitre « La chimioprophylaxie primaire par le cotrimoxazole »).
Pneumocystose
La pneumocystose s’observe chez des patients non traités par ARV présentant une im-
munodépression importante (CD4 < 200/mm3).
1 / 18 100%

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