Chap. 2 : équilibre macroéconomique en économie ouverte et balance des paiements Lorsque les économies sont ouvertes sur l’extérieur, elles entretiennent entre elle, 2 types de relation : - elles achètent et vendent des B&S à l’étranger (flux de B&S) - elles procèdent à des achats et des ventes d’actifs financiers sur les marchés financiers internationaux (flux de capital) Ces 2 types de relation représentent en fait les 2 faces d’une même pièce (section 1). Leur existence modifie les équilibres macroéconomiques vus au chap. 1, et donc la compréhension des mécanismes macroéconomiques (section 2). Enfin ils sont regroupés et comptabilisés dans un document comptable, la balance des paiements, dont l’examen permet d’obtenir des informations sur la situation économique d’un pays vis-à-vis de l’étranger. I) deux notions importantes : les exportations nettes et l’investissement net à l’étranger A/ la notion d’exportations nettes (flux de B&S) Lorsque la France produit des B qu’elle vend à l’étranger, elle réalise des X. Lorsque la France achète des B qui sont produits à l’étranger, elle réalise des Z. En France en 2003, les X des B&S ont excédé les Z de B&S de 14,6 milliards d’€. On appelle X nettes, la différence entre la valeur des X et la valeur des Z. XN = X – Z Si X>Z, on parle alors de balance commerciale ou de compte courant excédentaire. B/ la notion d’investissement net à l’étranger (flux financier) Un consommateur français disposant de 2000 € peut : - acheter un ordinateur portable (flux de B&S) - acquérir des titres de l’entreprise japonaise (flux de capitaux) Les flux de capitaux sont constitués des achats sur ventes d’actifs domestiques par des étrangers et des achats sur ventes d’actifs étrangers par les résidents. L’investissement net à l’étranger est la différence entre les achats d’actifs étrangers par les résidents et les achats domestiques par les étrangers. On le note INE. Il existe 2 types d’investissement à l’étranger : - direct : une entreprise française ouvre une filiale à l’étranger - en portefeuille : une entreprise française prend une participation au capital d’une entreprise étrangère C/ l’identité entre XN et INE Considérons l’exemple d’une transaction internationale, une entreprise vend aux EU pour un montant de 500K€ de compresseurs. Cette transactions est à l’origine de 2 flux : - un flux de B&S : les biens produits en France sont vendus à l’étranger : hausse des XN de 500K€ - un flux de capitaux : la firme française reçoit en échange un paiement américain en dollar (qui représente des actifs américains) équivalent à 500K€ : hausse de l’INE de 500K€ Chaque transaction internationale constitue un échange entre un flux de B&S et un flux financier. Globalement la France a Xé en 2003 407 milliards d’€ de B&S et a Zé 392,4 milliards d’€, cela signifie que : - la France a vendu 14,6 milliards d’€ de plus à l’étranger. Soit des XN de 14,6 milliards d’€ - l’étranger doit 14,6 milliards d’€ à la France. Ainsi la France reçoit cette somme d’actifs étrangers en plus. Soit un INE de 14,6 milliards d’€ Les déséquilibres entre Z et X d’un pays (XN) égalisent les déséquilibrent entre le montant d’actifs étrangers acquis par les résidents et le montant d’actifs domestiques acquis par les étrangers (INE). On a toujours : XN = INE Lorsqu’un pays a plus qu’il n’X (XN<0), il achète plus à l’étranger qu’il ne vend. Pour financer cela, les résidents cèdent des actifs domestiques aux étrangers. Les achats d’actifs domestiques par ceux-ci deviennent > aux achats d’actifs étrangers par les résidents (INE<0). II) l’épargne nationale, l’investissement et les relations extérieures A/ les XN et l’endettement extérieur En économie ouverte, le revenu national est déterminé par la demande des agents domestiques C+I+G par la demande étrangère nette XN, de sorte que : Y = C+I+G+XN L’identité montre l’importance du solde de la balance commerciale ou du compte courant pour au moins 2 raisons : - une hausse des XN conduit à une hausse de la demande totale adressée au pays C+I+G+XN, donc de l’activité Y - le compte courant mesure l’ampleur et la direction de l’endettement international. L’identité s’écrit : Y – (C+I+G) = Y – A = XN Où A est la demande domestique, cad la dépense des agents résidents. Compte courant = production nationale – demande domestique Si Y<A, le pays achète le déficit de sa production à l’étranger : XN<0. Le pays Z plus qu’il n’X, il achète donc plus à l’étranger qu’il ne vend. Il s’endette donc par rapport à l’étranger. Un déficit soutenu du compte courant XN<0 implique un accroissement de l’endettement par rapport à l’étranger : INE<0. B/ l’épargne et le compte courant En économie ouverte : - d’où vient le revenu ? Y = C+I+G+XN - comment est utilisé le revenu? Y+T = C+S En soustrayant les 2 expressions, on obtient l’équilibre comptable d’une économie ouverte : (S – I) + (T – G) = XN capacité de financement capacité de financement privé public (S + T – G) épargne totale - I = XN épargne domestique Un déficit commercial correspond à un déficit de l’épargne totale sur l’investissement domestique : le pays emprunte à l’étranger pour se financer. Si l’économie connaît un déficit budgétaire et si son taux d’épargne est trop faible (et/ou son taux d’investissement trop élevé), elle devra supporter un déficit commercial. On parler alors de déficits jumeaux. Comme XN = INE, on a : (T – G) + S = I + INE L’épargne totale dans l’économie (privée et publique) égale l’investissement total de cette économie (domestique et étrangère). III) la balance des paiements Définition : tableau des opérations entre un pays et l’étranger au cours d’une année, qui mesure le nombre des flux d’actifs réels, financiers et monétaires, entre résidents et nonrésidents d’une économie donnée, pour un temps donné. Les flux aux variations de stocks enregistrés le sont dans la monnaie nationale du pays. Les transactions sont prises en compte soit à la date de leur réalisation, soit à la date de leur règlement. Il existe 4 types de résidents : - les autorités monétaires (banque de France, Trésor…) - les administrations publiques (Etat, collectivités locales…) - le secteur bancaire - les autres secteurs (sociétés non-financières, ménages…) A/ la logique comptable de la balance des paiements 2 types de transactions sont enregistrés dans la BP : - les transactions qui impliquent des X ou Z de B&S - les transactions qui entraînent l’achat ou la vente d’actifs Les actifs étant entendus comme une forme de richesse (monnaie, action, épargne, dette gouvernementale). Principe comptable : Est enregistré au crédit de la BP : - une transaction de B&S qui implique le paiement par un étranger - une cession d’actifs par les résidents auprès des non-résidents Est enregistré au débit de la BP : - une transaction de B&S qui implique le paiement à un étranger - un achat d’actifs par les résidents auprès des non-résidents Chaque transaction internationale entre automatiquement dans la BP 2 fois. Une fois comme crédit et une fois comme débit. Cela vient de la nature double de toute transaction internationale : flux de marchandises, flux d’actifs. Les principaux types de flux dans la BP : - les flux de marchandises - les flux de services - les transferts unilatéraux (dons) - les flux de capitaux privés - les flux d’actifs officiels Ex : supposons qu’il y ait une sortie du pays de 10 milliards d’€ et en échange il y ait un flux financier qui est une acquisition d’actifs par les résidents auprès des non-résidents. Cela se traduit dans la BP par les 2 écritures suivantes : X de marchandises Avoirs et engagements CREDIT 10 DEBIT 10 Ex : on suppose que GDF décide d’acheter 34 milliards d’€ à l’étranger contre le paiement d’un chèque de 34 milliards d’€ : CREDIT Z de marchandises Avoirs et engagements DEBIT 34 34 Les X sont toujours inscrites au crédit, les Z au débit du compte des transactions courantes. B/ la structure de la BP La BP est un document comptable dont la structure repose sur l’identité : XN = INE. Elle est donc constituée de 3 comptes : - un compte des transactions courantes - un compte de capitaux - un compte financier 1- le compte des transactions courantes 4 types d’opérations y sont enregistrés : - les échanges de biens, principalement les X et les Z - les échanges de services (voyages, constructions) - les revenus des facteurs de production (rémunération des salariés et des investissement) - les transferts courants qui constituent la contrepartie des B&S échangés gratuitement de manière régulière. Si les transferts sont exceptionnels, ils sont enregistrés comme transferts en capitaux (compte financier) Le solde global de la BP = 0 (jamais excédentaire ou déficitaire : c’est la balance commerciale). 2- le compte de capital Il enregistre une catégorie particulière de mouvements de capitaux. Ce sont : - tous les transferts de capitaux en relation avec l’endettement international (dons) - les acquisitions ou cession d’actifs non financiers (vente ou achat de brevets) 3- le compte financier Il regroupe tous les mouvements d’engagements financiers et d’avoirs financiers à long terme (investissement direct) et à court terme (investissement en portefeuille). La rubrique « autre investissement » regroupe les crédits commerciaux et les prêts à long terme et à court terme. La rubrique « avoirs de réserves » recouvre les moyens à disposition d’autorités monétaires. 4- les erreurs et omissions Il existe des opérations mal recensées ou non recensées à cause d’erreurs d’évaluation ou d’oubli ou encore de couverture. Il y a des opérations volontairement non-déclarées et des sous ou surfacturation. L’existence d’un décalage dans le temps entre l’enregistrement des transactions réelles et l’enregistrement des transactions. C/ la BP (cf. poly) D/ les soldes de la BP 1- solde des transactions courantes C’est la base des analyses sur Il comprend le solde relatif aux biens, le solde relatif aux services, le solde des revenus et enfin le solde des transferts courants. Au signe près et en prenant en compte la rubrique « erreurs et omissions », on obtient la somme du solde du compte capital et du compte financier. Un solde courant positif signifie que l’économie investit une partie de son épargne à l’étranger plutôt que de la consacrer à l’investissement intérieur. 2- solde des transactions courantes + solde du compte de capital Cela représente la capacité ou le besoin de financement de la nation. Ce solde est directement raccordé à la comptabilité nationale puisqu’il est égal, au signe près, au solde financier cumulé des agents domestiques. 3- solde du compte financier (hors avoirs de réserves) Il mesure les XN de capital. 4- les variations des avoirs de réserves bruts Les avoirs de réserves représentent la même chose que les réserves officielles de change de la banque de France. 5- solde à financer C’est le solde du compte des transactions courantes, plus le solde du compte de capital et plus les investissements directs. Il mesure les opérations dites réelles (influencées par des facteurs non-financiers) des mouvements de capital. Il est principalement déterminé par les mouvements de taux d’intérêt ou de taux de change. 6- la balance globale C’est la somme du solde des transactions courantes, du solde du compte de capital et du solde des flux financiers hormis les flux financiers à court terme et à long terme du secteur bancaire et de la Banque Centrale. Sont donc regroupés ici les opérations qui portent sur des B&S ou qui ont une nature de transfert. Le complément de ce solde mesure la création monétaire induite par l’extérieur.