psy choléra - missions

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Document de capitalisation
Projet Psy Choléra, Haiti
Tiphaine Dellapina
Version n°1
Mars 2011
__________________________________________________________________________
_
INFORMATIONS LEGALES
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SIGLES ET ACRONYMES
ACF
ACF-France
DSA
FGD
IMC
MSF
PSY
TS
Action contre la Faim - International
Action contre la Faim – France
Direction Sanitaire de l’Artibonite
Focus Group Discussion
International Medical Corp
Médecins sans frontières
Psychologue
Travailleurs Sociaux
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SOMMAIRE .......................................................................................................................................... 5
I. INTRODUCTION .......................................................................................................................... 6
II. DESCRIPTION DU PROGRAMME ......................................................................................... 7
A. CONTEXTE GÉNÉRAL .................................................................................................................... 7
B. OBJECTIF DU PROGRAMME ........................................................................................................... 7
C. DESIGN DES ACTIVITÉS .................................................................................................................. 7
D. MISE EN PLACE DES ACTIVITÉS .................................................................................................. 10
1. CHRONOGRAMME........................................................................................................................... 10
2. ACTIVITÉS ...................................................................................................................................... 10
a) a. CTCS.......................................................................................................................................... 11
b) b. Communautés ............................................................................................................................ 14
c) Formation DSA/UNICEF ............................................................... Error! Bookmark not defined.
3. OUTILS ........................................................................................................................................... 19
4. OUTILS DE MONITORING ................................................................................................................ 19
III. EVOLUTION DES REPRÉSENTATIONS, PEURS, INQUIÉTUDES FACE À
L’ÉPIDÉMIE ....................................................................................................................................... 20
A. 1. CROYANCES ET PERCEPTIONS ................................................................................................ 20
B. 2. SENTIMENTS ............................................................................................................................. 21
IV. ASPECTS GÉNÉRAUX ........................................................................................................... 24
A. LOCALISATION DES ACTIVITÉS ACF : ................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
B. CHOIX DES PARTENAIRES : MSF/IMC ................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
C. SÉLECTION DES BÉNÉFICIAIRES ................................................................................................. 24
D. LA SENSIBILISATION DES BÉNÉFICIAIRES .................................................................................. 24
E. L’ÉQUIPE PSY CHOLÉRA ............................................................................................................. 26
V. ANALYSE ET CONCLUSIONS ............................................................................................... 27
A. LA DÉFINITION DU CONTEXTE ................................................ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
1. LA COMPOSITION DES BÉNÉFICIAIRES ..................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
2. LA VULNÉRABILITÉ DES BÉNÉFICIAIRES ................................. ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
B. LES FGDS, SUIVIS IND ............................................................. ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
1. PERTINENCE DE LA RÉPONSE : ................................................ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
C. L’APPROCHE D’ACF ................................................................ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
1. L’APPRÉCIATION DE L’INTERVENTION D’ACF........................ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
2. LES PARTENAIRES ................................................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
VI. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS...................................................................... 28
A. CONCERNANT LA COMPOSANTE NFI...................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
VII. RECOMMANDATIONS : ....................................... ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
A. SÉLECTION DES BÉNÉFICIAIRES ............................................. ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
B. MODALITÉS D’INTERVENTION ................................................ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
C. LOGISTIQUE ............................................................................. ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
ANNEXES ............................................................................................................................................ 30
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SOMMAIRE
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I.
INTRODUCTION
ACF est intervenu rapidement en réponse à l’épidémie de choléra qui a débuté le 19 octobre
2010, dans le cadre d’une réponse d’urgence à travers une approche multisectorielle
WASH/Distribution/Sensibilisation/Santé Mentale, pour répondre à l’épidémie dans la ville
des Gonaives et du Nord Artibonite.
L’objectif principal du programme, mis en œuvre dans ce cadre, était de contribuer à la
réduction de la propagation de l’épidémie de choléra dans les zones affectées.
L’objectif de ce rapport est de capitaliser les informations relatives à la mise en œuvre du
projet santé mentale (psy choléra) mené par ACF, dans le cadre du programme d’urgence
choléra dans le Nord Artibonite, et de mettre en exergue les leçons apprises.
Ces leçons sont essentielles dans la mesure où elles contribueront à formaliser les réponses
à un certain nombre de questionnements sur les modalités et l’impact de la mise en œuvre
de projet en santé mentale dans un contexte d’urgence choléra et en milieu urbain.
Le projet d’urgence psy choléra a proposé une intervention à deux niveaux :
- Appui psychosocial et psychologique au sein de 2 CTCs de la ville des Gonaives.
- Appui psychosocial et psychologique au sein de la communauté de la ville des
Gonaives.
Le programme urgence choléra a débuté le 23 octobre 2010 (Wash / Distribution /
Sensibilisation), le projet psy choléra a commencé mi décembre et l’intégralité du programme
s’est achevée le 31 mars 2011.
Au début de l’épidémie de choléra, ACF était déjà présent sur la zone d’intervention et
jouissait d’une bonne « acceptance ».
Ce programme était financé par ECHO, SIDA et OFDA.
Le rapport présenté ci-dessous retrace les modalités d’intervention et l’analyse de celles-ci.
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II. DESCRIPTION DU PROGRAMME
A.
Contexte Général
Haïti n’avait plus connu d’épidémie de choléra depuis plus d’un siècle : c’est donc une
maladie nouvelle et inconnue aux yeux de la population haïtienne. La nouveauté de la
maladie, la fulgurance des cas et le développement très rapide de l’épidémie sont venus
frapper une population déjà très fragile par les difficultés récurrentes auxquelles elle doit faire
face, aussi bien sur le plan économique, physique que psychologique (conséquences des
catastrophes naturelles et de l’instabilité politique).
La méconnaissance de la maladie et de ses modes de transmission, le manque de
sensibilisation, les croyances culturelles, la peur et la détresse psychologique dues aux
nouveaux décès dans les familles, ont été un frein à la mise en place de comportements
adaptés à la situation.
Les activités de wash, sensibilisation et distributions du programme urgence choléra ont
débuté le 23 octobre 2010.
Les activités psy choléra ont débuté m- janvier 2011. En effet, l’expatriée est arrivée sur la
mission mi-décembre, l’équipe psy choléra était opérationnelle mi-janvier.
B.
Objectif du projet « psy choléra »
L’objectif du projet est de renforcer les coping mechanismes des individus et des
communautés à travers un soutien individuel et/ou groupal aux personnes et/ou familles en
détresse psychologique suite à l’épidémie de choléra.
Ce soutien permettra aux familles ayant perdues un proche d’opérer un processus de deuil
et d’être réceptives aux messages de prévention et ainsi éviter les comportements à risque.
C.
Design des activités
Les activités et indicateurs pour atteindre cet objectif n’étaient pas spécifiés dans les
propals.
La responsable de programme s’est basée sur les recommandations de la Croix Rouge
Haïtienne pour designer les activités.
En accord avec les recommandations d’intervention diffusées par la Croix Rouge Haïtienne,
des partenariats ont été signés avec MSF France et IMC pour intervenir au sein des CTCs
(Centre de Traitement du Choléra).
L’objectif de l’intervention est d’offrir un soutien aux patients et leurs accompagnants, admis
dans les CTCs pendant la durée traitement, à travers des Focus Groupe Discussion (FGD)
et des suivis individuels.
Les personnes en détresse psychologique (patients ou accompagnants du CTC et/ou famille
de personnes décédées), identifiées suite à une évaluation psychosociale, sont, à leur
décharge du CTC, référées aux psychologues travaillant dans la communauté.
Parallèlement, des associations de la ville des Gonaives ont été approchées et la
participation à des FGDs leur a été proposée.
L’objectif de l’intervention est de diminuer les peurs et inquiétudes face à l’épidémie de
choléra à travers des FGDs. Un total de 4 FGDs avait été proposé pour chaque groupe.
Les personnes en détresse psychologique, identifiées suite à une évaluation psychosociale,
sont référées aux psychologues travaillant dans la communauté.
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© ACF-France – mars 2011
7
Les psychologues travaillant dans la communauté assurent un suivi individuel des personnes
référées par les TS et/ou les psychologues des CTCs. Un total de 4 séances avait été
envisagé pour chaque suivi.
L’équipe de sensibilisation du programme Urgence Choléra a reçu des carte de
référencement à remettre aux personnes ayant perdues un proche du choléra.
Ces personnes ont bénéficié d’une évaluation psychosociale et le cas échéant, elles ont été
référées aux psys de la communauté pour un suivi individuel et/ou aux travailleurs sociaux
pour participer aux FGDs.
Trois salles ont été mises à notre disposition par la Mairie des Gonaives, l’Hôpital de K-Soleil
et l’ONG Hands Together pour faciliter la réalisation des activités. Respectivement une salle
dans le quartier de Raboto, une dans l’hôpital de K-Soleil et une dernière dans un
dispensaire à Trou Sable (à partir de début mars).
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D.
Mise en place des activités
1. Chronogramme
Mi-décembre une psychologue expatriée a lancé le recrutement de l’équipe et a déterminée
la stratégie d’intervention dans la ville.
Suite au recrutement de l’équipe (5 Travailleurs Sociaux et 5 Psychologues et 1
Responsable de projet), 3 jours ont été consacrés à la formation (Formation sur le choléra Approche psychosociale du choléra - Stratégie d’intervention - Utilisation des outils de
reporting…)
Les activités ont débuté mi-janvier dans les CTCs d’IMC et MSF.
Parallèlement, l’équipe a pris contact avec des associations de quartier et des représentants
de la communauté pour présenter et proposer les activités de FGDs.
Début février, les FGDs ont débuté dans la communauté. Au cours des FGDs, les
Travailleurs Sociaux (TS) ont identifiées les personnes en détresse psychologique. A la suite
de cette première identification et d’une évaluation psychosociale, les TS ont référées des
personnes aux Psychologues. Les Psychologues ont alors débuté les suivis individuels.
Mi février, une nouvelle PM est arrivée sur le programme (2 jours de passation à PAP).
Fin février, 2 psychologues de l’équipe ont quitté le programme (l’un pour des raisons
personnelles et l’autre est passé sur un autre programme Psy ACF). Deux nouveaux
psychologues ont intégré l’équipe.
Le CTC IMC a fermé le 28 février 2011, les activités ont donc pris fin.
Initialement, le programme devait prendre fin le 28 février 2011. Or, un amendement au
proposal a été validé par les bailleurs et les activités se sont poursuivies jusqu’au 31 mars
2011au CTC MSF et dans la communauté.
Difficultés rencontrées et solutions
- Début des activités tardives
- Turn over psychologues
- Turn over expats
2. Activités
-
Les activités de l’équipe psy choléra sont les suivantes :
Evaluation psychosociale (TS et PSY)
Focus Groupe Discussion (TS et PSY)
Suivi individuel (PSY)
Formation (PSY et TS)
Lieux d’intervention : CTCs et Communautés
CTC MSF (Hôpital de Secours, quartier Gatereau) et CTC IMC (quartier Raboto)
Communauté : Quartiers de Rabolo, K-Soleil, Trou sable.
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a. CTCS
404 personnes ont bénéficié de Focus Groupe Discussion (FGD) et/ou d’un soutien
psychologique individuel au sein des CTCs. Par ailleurs, des séances de jeux et de dessins
ont été organisées avec 63 enfants admis dans les CTCs. Au total, ACF a pris en charge
467 bénéficiaires au sein des CTCs
CTC MSF
Equipe : un psychologue à plein temps (du lundi au vendredi) et 2 travailleurs sociaux en
alternance, 2h par jours (tous les jours de la semaine).
Organisation du CTC : Initialement, le CTC se composait de 7 tentes : 1 tente de triage, 4
tentes de traitement et 2 tentes de convalescence.
Fin février, face à la diminution des personnes admises les tentes ont été réorganisées : 1
tente de triage, 3 tentes divisées en deux (traitement et convalescence), respectivement
pour les femmes, les hommes et les enfants.
Un espace était réservé à l’équipe ACF pour des suivis individuels.
Activités:
- Focus Groupe Discussion :
Des FGDs, avec les patients et les accompagnants, sont organisés par les TS et/ou le
psychologue, dans la tente de triage et les tentes de convalescence.
Ces FGDs ont comme objectifs de permettre aux patients d’exprimer leurs peurs et leurs
anxiétés, de les contenir et ainsi de réduire leur impact sur leur état émotionnel et celui de
leur famille.
Les thèmes abordés lors des FGDs sont les suivants :
a. Quelles préoccupations/peurs avez-vous par rapport au choléra ?
b. Quelles difficultés pensez-vous rencontrer lors de votre retour à la maison ?
c. Que pensiez-vous du choléra avant d’être malade ? Quelles différences il y a-t-il
maintenant ?
d. Comment pensez-vous que va se passer votre retour à la maison ?
e. Comment pensez-vous avoir attrapé l’infection ?
Remarque : Ces thèmes ont servis de guideline aux TS et au psychologue. La méthodologie
des FGDs était participative, un même FGD rassemble souvent plusieurs thèmes.
Les thèmes ont été adaptés en réponse à des évènements ponctuels. (Ex : décès d’un
patient, fausse couche d’une patiente…)
- Accompagnement du psychologue
Le psychologue suit de plus près les patients en hospitalisation et convalescence, à travers
des groupes de discussions et/ou en individuel pour ceux qui présentent le plus de signes de
détresse. De plus, le psychologue organise des sessions de jeux et/ou de dessins avec les
enfants admis.
Etant quotidienne au CTC il a été à même de créer un lien de confiance avec les patients.
La diminution progressive du nombre de patients a permis au psychologue de passer plus de
temps avec chaque bénéficiaire.
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MSF a identifié un très haut risque de contamination entre les patients, les accompagnants
et leurs familles. Mi février, la présence des accompagnants a été interdite au sein du CTC,
mis à part pour les enfants de moins de 14 et les personnes âgées.
Cette interdiction a augmenté le niveau de détresse des patients et les préoccupations des
familles. Cette nouvelle organisation a donc donné encore plus d’importance à la présence
des TS et du psychologue ACF qui offrent un espace de parole.
Au fil des semaines le CTC a été reconnu par la population comme un lieu de guérison1, ce
qui a permis aux patients d’appréhender le séjour au CTC d’une manière plus sereine. De
plus, les FGDs permettent aux patients de se rencontrer et de créer un lien. Par la suite, ils
sont plus enclins à discuter ensemble.
Le psychologue ACF est reconnu par les staffs MSF et les bénéficiaires. Les staffs MSF font
régulièrement appel à lui lorsqu’ils identifient une personne en détresse et/ou pour un appui
émotionnel.
Exemple d’intervention au CTC:
Cas 1 : un enfant nécessitant une perfusion. L’hougan a indiqué aux parents de refuser la
perfusion étant donné que selon lui cet enfant souffrait de « faux choléra ». Le psychologue,
après consultation des infirmières, a proposé à la famille la sonde nasau-gastrique qui a été
acceptée.
Cas 2 : un homme présentant une diarrhée chronique. Positif au test du sida, après annonce
du médecin MSF le psy ACF a été sollicité. L’homme a exprimé son incompréhension :
n’ayant pas une vie sexuelle active….Il a envisagé une attribution mystique : « quelqu’un m’a
jeté de la poudre ». Le psy l’a référé au service VIH de l’hôpital (unique lieu où une prise en
charge psy est proposé aux Gonaives)
Cas 3 : Une femme enceinte d’environ 5 mois a fait une fausse couche lors de son séjour au
CTC. MSF a contacté le psychologue ACF.
- Formation
MSF a sollicité ACF pour dispenser une formation aux auxiliaires et infirmières du CTC. La
demande émanait d’une auxiliaire qui a exprimé son impuissance face aux refus du
traitement de certains patients et/ou des pleurs d’autres.
5 sessions, de 2h de formation, portant sur les aspects psychosociaux de la prise en charge
des patients du CTC, ont été organisées
26 infirmières et 18 auxiliaires, soient 44 agents de santé ont bénéficié de la formation.
Thèmes abordés :
- Difficultés rencontrées par les infirmières
- Comment se sentent les patients admis au CTC, selon elles ?
- L’accueil
- L’empathie
- Les émotions face à l’épidémie de choléra
- Synthèse de la formation et retours des infirmières
- Les difficultés majeures rencontrées par les infirmières sont : le refus des patients de
prendre le sérum oral, de se faire perfuser (Peur quand première hospitalisation et/ou
interdiction par les hougans). Le déni de la maladie (association des symptômes au
mystique : maléfice, poudre du choléra…) et donc le refus du traitement. Le refus de rester
jusqu’à la fin du traitement (surtout chez les jeunes).
Associé à ses difficultés, elles expriment la peur d’être réprimandé par le médecin si le
patient refuse de prendre le sérum aux heures indiquées.
1
Cf : représentations…………
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12
Remarque : Majoritairement, les hougans, préalablement vus par les personnes, interdisent
les perfusions ou sont décisionnaires par rapport au traitement que peut ou non accepter la
personne (le téléphone portable permet des demandes de validation en direct). D’où les
difficultés +++ des infirmières de convaincre par la suite les patients.
- Comment pensent-elles que se sentent les patients dans le CTC ?
(A permis d’introduire la notion d’empathie)
Elles évoquent la peur et plus spécifiquement la peur de mourir. La honte, le choléra étant
associé à un manque d’hygiène (Des patients ont refusé d’être traité dans les tentes
communes étant donné leur statut social, par exemple : un policier). Elles parlent de stress
et de vulnérabilité des patients.
- Points forts de la formation :
Les infirmières se sont montrées enthousiastes et volontaires.
La formation leur a permis de prendre du recul sur leur pratique et d’avoir un regard critique
sur leurs comportements, façon de communiquer…Elles ont eu la possibilité de se parler,
d’exprimer leurs sentiments, ressentis, de confronter des points de vue.
Nous noterons, que les formateurs ACF ont eu la sensation qu’elles avaient pour la première
fois la possibilité de parler, d’exprimer leurs peurs, inquiétudes, préoccupations, difficultés.
Or, une intervention d’une psy MSF a eu lien en février. Cela met l’accent sur l’importance
d’offrir un espace de parole régulier aux infirmières du CTC.
Les jeux de rôle ont été très bien reçus et ont permis d’illustrer les difficultés et de trouver
des solutions en groupe.
- Points faibles de la formation :
Les formateurs ACF réalisaient cette formation pour la première fois et quelques ajustements
ont été nécessaires au cours de la semaine. Une formation plus longue aurait permis de
travailler certains aspects en profondeur.
La formation a eu lieu les dernières semaines du programme, nous n’avons donc pas pu
mesure l’impact de celle-ci.
- Les thèmes qui les ont le plus marqué sont :
La collaboration avec MSF a été très positive. Le psychologue et les travailleurs sociaux
ACF ont été régulièrement sollicités par les infirmières MSF lorsqu’elles rencontraient des
difficultés avec des patients. Cela démontre qu’ils étaient reconnus et que leurs rôles étaient
bien identifiés. MSF a souligné l’importance d’une prise en charge psychosociale dans les
CTCs.
Difficultés rencontrées et solutions
Le psychologue ACF a exprimé la charge émotionnelle +++ de certains entretiens. De plus, il
ne sait pas toujours comment intégrer les dimensions culturelles.
Des formations continues sont indispensables.
CTC IMC
Equipe : Une psychologue à plein temps.
Organisation du CTC : le CTC se composait de 4 tentes : 1 tente de triage, 2 tentes de
traitement et 1 tente de convalescence.
Un espace était réservé à l’équipe ACF pour des suivis individuels.
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Activités
Les activités organisées sont les même que dans le CTC MSF. Cependant, Le CTC IMC,
situé dans le quartier de Raboto, n’a pas enregistré beaucoup d’admission, la présence d’un
seul staff ACF était suffisante.
Le CTC IMC a fermé ses portes le 28 févier en raison du peu d’admissions enregistrées.
Difficultés rencontrées et solutions
Très peu de bénéficiaires donc peu d’activités.
Pas de retours sur les activités de la part d’IMC. Les expats IMC sont tous anglophones et le
turn over est très important. Nous avons sollicité leurs retours sur les activités mais ceux-ci
n’étaient pas en mesure de nous répondre (tant les expats que les staff nat)
Difficultés rencontrées et solutions
Bénéficiaires CTCs : il n’avait pas été spécifié sur les outils de reporting de l’équipe de
mentionner CTC MSF ou IMC. Nous ne pouvons donc pas distinguer les bénéficiaires CTC
MSF et CTC IMC.
Conditions de travail difficile pour les staffs.
Personnes déchargées et vivant en zone rural : les personnes ayant besoin d’un suivi psy
vivant en zone rurale n’ont pas pu être suivi.
Globalement, les patients du CTC ne restent que quelques jours dans le CTC. Un travail
approfondi n’est alors pas possible.
b. Communautés
Equipe :
Quartier Raboto : 1 psychologue, 1 TS
Quartier K-Soleil : 1 psychologue, 1 TS
Equipe flying : 2 psychologues (1 jusqu’au 28 février et 2 jusqu’au 31 mars), 1 TS à plein
temps, 2 TS (quand pas au CTC MSF)
Organisation
Une salle, dans le quartier de Raboto, prêtée par la Mairie des Gonaives.
Une salle, dans le centre de santé de K-Soleil.
Une salle, dans le quartier de Trou Sable, prêtée par Hands Together (à partir de début
mars).
Visites à domicile
Activités
- Focus Groupes Discussions
Des FGDs sont organisés par les TS avec des membres d’associations de la communauté.
Ces FGDs ont comme objectif de réduire la peur, et faciliter une communication ouverte
entre les membres de la communauté pour diminuer la stigmatisation des malades au sein
de la population.
Les thèmes abordés lors des FGDs sont les suivants :
a. Quelles préoccupations/peurs avez-vous par rapport au choléra ?
b. Quelles difficultés pensez-vous que les personnes malades au CTC vont rencontrer à leur
retour à la maison ?
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c. Comment pensez-vous que l’on attrape l’infection ?
d. Selon vous, comment va évoluer l’épidémie?
e. Selon vous, quels sont les changements de l’épidémie de cholera entre octobre et
aujourd’hui ?
f. Selon vous, comment se sentent les personnes qui ont perdu un proche et n’ont pas pu
faire les rites funéraires habituels ? (aborder les possibilités de rites funéraires symboliques)
(thème ajouté en mars suite à l’identification des problématiques de deuil découlant du début
de l’épidémie : fosse commune…)
Remarque : Ces thèmes ont servis de guideline aux TS. La méthodologie des FGDs était
participative, un même FGD rassemble souvent plusieurs thèmes. )
Le thème f a été ajouté en début mars. .
Lors du design initial des activités, il avait été envisagé de réaliser un total de 4 FGDs avec
chaque groupe d’une dizaine de personnes.
Remarques : en fonction du nombre de membres dans les associations et de l’intérêt montré
pour l’activité, plusieurs groupes de la même association ont participé aux FGDs.
Suite au premier FGD, des associations nous ont exprimé ne pas souhaiter continuer
l’activité dans la mesure où elles ne bénéficiaient d’aucune aide matérielle d’ACF en marge
du FGD.
ACF a observé la participation à des FGDs avec différents travailleurs sociaux d’une
trentaine de personnes. Une hypothèse pour expliquer cette situation est que ces personnes
pensaient qu’une distribution matérielle aurait peut être lieu. Une autre hypothèse serait un
besoin important de parler.
Les participants aux FGDs sont avides de parler et de partager. Une diminution des peurs et
préoccupations a été observées au cours du projet. Cette diminution peut être attribuée à la
meilleure connaissance de la maladie à travers les campagnes de sensibilisation et les
FGDs. Cependant, la population reste préoccupée face à l’arrivée de la saison des pluies et
en projection des futurs cyclones ainsi que face au retrait progressif des ONGs et la
faiblesse du système de santé nationale. Enfin, dans les quartiers les plus défavorisés le
manque de latrines ou de structures sanitaires engendre un sentiment d’impuissance de la
population pour l’application des précautions d’hygiène.
Les personnes ayant connu un décès au début de l’épidémie alors que les corps étaient
placés dans des fosses communes restent profondément marquées. De même pour le
traitement des corps dans les CTCs, même si la population entend l’importance de la mise à
l’écart des cadavres, l’impossibilité de respecter les rites funéraires traditionnels est vécue
péniblement. (C’est pourquoi le thème f a été ajouté)
Analyse de l’impact (voir outil de monitoring)
Difficultés rencontrées et solutions
- Rares sont les associations qui se présentaient à l’heure aux rendez-vous.
- Les FGDs se sont déroulés majoritairement dans des espaces choisis par le président de
l’association : église, cour de maison, école… Ces espaces n’étaient pas toujours adéquats
à ce type d’activités (bruit, peu de place, autres personnes dans l’espace…).
- Lorsque des distributions avaient lieu dans la communauté, les participants ne se
présentaient pas aux rendez-vous.
- Plusieurs associations ont refusé de poursuivre l’activité étant donné qu’elles ne
bénéficiaient d’aucune aide matérielle.
- La PM a du intervenir à plusieurs reprises auprès des associations pour expliquer de
nouveau les modalités de l’activité.
- Les TS ont besoin de formation continue pour bien maitriser l’activité de FGD (cadre,
Document de capitalisation
© ACF-France – mars 2011
15
gestion de l’espace, dynamique de groupe, reformulation, méthode participative vs
informative…)
Des supervisions de la PM et/ou du responsable de projet ont eu lieu. Une réunion
hebdomadaire de 2h a été mise en place avec les TS pour travailler ces aspects.
1110 personnes ont participé à au moins 1 FGD organisé dans la communauté.
289 personnes ont assisté à 4 FGDs ou plus. Ces personnes font parti d’une des 48
associations avec lesquelles nous avons travaillé.
Particpation aux FGDs dans la communauté
1110
368
233
220
247
42
Série1
1
2
3
4
5
6
368
233
220
247
42
1110
Evaluation psychosociale
Au cours des FGDs dans les CTCs et dans les communautés, les TS identifient les
personnes ayant perdu un membre de leur famille suite au choléra et/ou les personnes
particulièrement affectées par l’épidémie. Après cette première identification, une évaluation
psychosociale est faite avec ces personnes.
En fonction de l’évaluation, les TS réfèrent les personnes aux psychologues travaillant dans
la communauté pour un suivi individuel.
Au début du programme, les TS ont référencé un grand nombre de personnes. L’outil
d’évaluation et ses modalités n’étaient pas bien maitrisés. Cela a été retravaillé avec l’équipe
et une approche plus qualitative a été introduite (observation langage non verbal, entretien
avec la personne après l’évaluation pour identifier la plainte…)
173 personnes ont été identifiées pour une évaluation psychosociale dont 122 ont été
référées aux psychologues pour un suivi individuel. 95 ont été effectivement vues par les
psychologues.
La différence entre le nombre de personnes référées et nombre de personnes effectivement
vues par les psychologues est majoritairement imputable aux difficultés de retrouver les
bénéficiaires. En effet, les adresses ne sont pas toujours fiables. De plus, toutes les
personnes rencontrées ne possèdent pas de téléphone portable (souvent des téléphones
communautaires), quelques personnes n’ont pas souhaité bénéficier d’un suivi et enfin, les
personnes vivant en zone rurale (après décharge des CTCs) n’ont pas pu bénéficier d’un
suivi, le projet se déroulant dans la ville des Gonaives.
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Difficultés rencontrées et solutions
Maitrise de l’évaluation + ou – par les TS : beaucoup de référencement au début du
programme.
Révision de l’utilisation de l’outil et prise en compte d’aspects observables. (Voir Outils)
Adresses pas toujours correctes
Numéro de téléphone communautaire
Personnes non trouvables
Suivis individuels :
Les personnes identifiées, suite à une évaluation psychosociale, par les TS lors des FGDs
et/ou aux CTCs, sont ensuite référées aux psychologues pour un suivi individuel.
L’objectif des suivis est d’apporter un soutien individuel aux personnes en détresse
psychologique ayant perdu un membre de leur famille du choléra.
Lors du design initial des activités, il avait été envisagé de réaliser un total de 4 entretiens
avec chaque bénéficiaire d’un suivi individuel.
Remarque : Suite au premier entretien, certains bénéficiaires n’ont pas souhaité continuer le
suivi dans la mesure où ils ne bénéficiaient d’aucune aide matérielle de la part d’ACF.
Parallèlement, d’autres bénéficiaires ont bénéficié de plus de 4 entretiens, en fonction de
l’identification des besoins par les psychologues et du souhait des bénéficiaires de
poursuivre le suivi.
Le projet prenant fin, quelques bénéficiaires n’ont pas pu être suivi le temps nécessaire. Ils
ont été référés au programme psy echo de Sophie. Cependant, s’ils ne remplissent pas les
critères de sélection de ce programme, aucun suivi ne leur sera dispensé.
Prise en charge en santé mentale dans la ville des Gonaives. Deux psychologues prennent
en charge les patients VIH/SIDA à l’hôpital de Secours. Il n’existe pas d’autres prises en
charge dans la ville.
Les psychologues de l’équipe ont exprimé un fort sentiment d’impuissance et beaucoup de
frustration face à de nombreux cas. En effet, nombreux sont les bénéficiaires qui font face à
des problèmes économiques très importants. « Ce n’est pas de parler dont ils ont besoin
mais de manger »Nous avons discuté longuement de cet aspect avec l’équipe. Nous avons
cherché à identifier ce que nous apportons (espace de parole).
De plus, nous noterons que la problématique du choléra est très souvent associée à de
nombreuses problématiques d’ordre économique et/ou consécutives aux cyclones, au
tremblement de terre du 12 janvier…
Le besoin en santé mentale est néanmoins réel dans la population, face au cumul de
traumatismes et aux difficultés quotidiennes.
Cas clinique
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95 personnes ont bénéficié d’au moins un entretien individuel avec un psychologue, et 53 de
trois ou plus.
Particpation aux suivis individuels
95
25
Série1
17
23
19
11
1
2
3
4
5
6
25
17
23
19
11
95
Série1
70 personnes ont bénéficié de plus d’un entretien. Les échelles de plainte et de soutien ont
été mesurées pour 27 personnes.
Echelle de
plainte
+
-
Echelle de
soutien
+
-
20
7
6
21
74%
26%
23%
77%
74% des bénéficiaires pour lesquelles l’échelle de plainte a été évaluée en début et fin de
suivi disent connaitre une amélioration.
Cependant, seulement 23%, disent connaitre une amélioration en ce qui concerne le soutien
social.
Ce résultat n’est cependant pas étonnant, dans la mesure où nous ne travaillons pas le
réseau social.
Remarque : Les psychologues n’ont pas toujours pris la peine de remplir les échelles. De
plus, certains bénéficiaires ne se sont pas présentés au dernier entretien, les informations
sur les échelles n’ont donc pas pu être recueillies.
Difficultés rencontrées et solutions
- Une seule voiture était à disposition de l’équipe psy choléra. Un perdiem transport a été
alloué aux psychologues pour qu’ils puissent se rendre aux domiciles des bénéficiaires.
- Les psys ont rencontré des difficultés pour trouver les domiciles des bénéficiaires :
adresses incorrectes, numérotation des maisons manquantes…
- Demande thérapeutique inversée : les psys étaient en position de demandeurs : ils se
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rendent au domicile de la personne, expliquent que suite à l’évaluation psychosociale ils
proposent un suivi.
- Cadre : les entretiens se déroulant majoritairement à domicile, la confidentialité n’a pas
toujours pu être respecté (présences d’autres personnes de la famille) et le cadre difficile à
maintenir (visites de voisins, sollicitations diverses)
Une salle à Roboto, K soleil et Trou Sable étaient à la disposition des psys mais ces 3 salles
n’étaient pas suffisantes par rapport à l’étendu de la ville et les domiciles des bénéficiaires.
- Moyen de communication : les psys donnaient les rendez-vous avec leurs téléphones
portables personnels. A plusieurs reprises ils ont été importuné par des appels des
bénéficiaires pour des demandes matériels et/ou des avances (en ce qui concerne la psy
femme) Envisager des puces et ou téléphones professionnels.
3. Outils
- Evaluation psychosociale
- Fiche première consultation
- Echelle de plainte
- Echelle de soutien social
- Fiche suivi
- Fiche dernière consultation
- Registre association : une fiche a été mise en place pour capitaliser des informations sur
les associations et ainsi pouvoir mutualiser ces informations avec les autres programmes
ACF et/ou partenaires. Les données ont été mise à disposition sur le réseau ACF.
- Fiche rendez vous associations : une fiche de rappel de la date et de l’heure du rendezvous a été mise en place pour pallier aux retards et absences des associations.
- Carte bénéficiaires : il n’était pas spécifié le lieu de rencontres des bénéficiaires : CTC,
communauté, ainsi que CTC MSF ou IMC. Il serait intéressant de le rajouter.
En ce qui concerne l’âge, lorsque les bénéficiaires ne savaient pas répondre précisément, un
âge approximatif a été noté.
- Format cas clinique
- Data base
4. Outils de monitoring
- Data base
- APR
- Retours oraux des partenaires.
- Retours oraux des participants des FGDs puis questionnaire
Dans un premier temps, un retour oral était demandé à la fin de la 4ème session.
Globalement, les participants aux FGDs se sont dits satisfaits. Nombre sont ceux qui
souhaitaient l’extension des groupes. Néanmoins, quand on les questionnait oralement sur
les thèmes qu’ils souhaiteraient aborder, ils n’étaient pas capable de nous répondre ou nous
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disaient : « peu importe, tant qu’on continue » Demande +++ de groupe, comme si les
groupes étaient sécurisants : possiblité d’obternir des réponses aux doutes, préoccupations,
nous nuancerons cette analyse en ajoutant l’envie de continuer les groupes en espérant
obtenir à plus long terme du matériel ou pouvoir ainsi faire parti des bénéficiaires des autres
programmes ACF.
Le questionnaire avait comme objectif de mesurer l’impact des FGDs en termes de
diminution des peurs et préoccupations, ainsi que la satisfaction et d’élucider les demandes
de participer à plus de groupes évoquées régulièrement lors des retours oraux ?
Le questionnaire n’a pas été validé par le siège (pas de retours), néanmoins il a été mis en
place 2 semaines avant la fin des activités.
Malheureusement, les TS, n’avaient pas tous compris de la même façon les questions et la
manière de répondre. Il n’est donc pas possible de tirer des conclusions. Cependant,
quelques informations semblent intéressantes :
- se sentent mieux : possibilité de s’exprimer, plus d’infos sur le choléra, personnes qui
se préoccupent de ce que l’on pense
- peur : mitigé : plus d’info diminue la peur mais savoir que le choléra est maintenant
endémique, des personnes continuent à être infectées et à mourir, possibilité
d’exprimer les doutes………
- préoccupations : peu de diminution : conditions de vie, pas de latrines, arrivée
saisons des pluies, cyclones, endémiques, toujours les même problèmes éco + le
choléra
- Souhait de plus de FGDs : la majorité des personnes ont exprimé le souhait de
participer à plus de FGDs. Beaucoup plus d’infos sur le choléra, quelques uns sur le
VIH/Sida. Globalement, souhait entre si on continue, on sera peut etre bénéficiaires
de distributions et/ou espace de parole qui les intéressent. Pas mesuré.
- Echelle de plainte et Echelle de soutien social
III. EVOLUTION DES REPRESENTATIONS ET SENTIMENTS FACE A L’EPIDEMIE DE CHOLERA
A.
Au début de l’épidémie de choléra2
1. Croyances et perceptions
Origine de la maladie
“Mikwòb pa touye ayisyen” Ce proverbe populaire haïtien, que nous pouvons traduire par
«Les microbes ne tuent pas les Haïtiens », indique qu'il existe une croyance selon laquelle
aucun microbe ne peut affecter les Haïtiens.
Malgré les campagnes de prévention, nombreux sont les Haïtiens qui n’attribuaient pas le
choléra à une maladie «naturelle».
“Nous vivons dans de telles conditions depuis de nombreuses années et nous n’avons pas
attrapé le choléra”
Les explications concernant l’origine de la maladie étaient multiples et faisaient appel au
« non naturel » et/ou au mystique.
2
Synthèse d’un document de la Croix Rouge Haitienne
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"C'est un poison introduit par les étrangers pour nous diviser"
"C’est une maladie apportée par les ONG afin d'obtenir plus d'argent "
"À chaque période électorale, il y a une épidémie de maladie. C’est de la politique. C’est
produit pour détourner notre attention"
"Il s'agit d'une punition de Dieu"
“Les ONG ont organisées des campagnes d'hygiène depuis janvier parce qu'elles savaient
que le choléra allait venir et elles ne nous l’ont pas dit”
"Le choléra n'existe pas dans notre pays. C’est une autre chose qui nous tue"
Un exemple de croyance est celle du « faux cholera » ou « zombie cholera ». Le « vrai et le
faux cholera » se distinguent par les réactions du patient au traitement. Si le patient ne
répond pas positivement au traitement, alors on parle de « faux cholera », c’est un maléfice.
Le maléfice a pour but de faire mourir apparemment une personne aux yeux de son
entourage alors que celle-ci devient un « zombie ».
Les morts « zombie » sont communs dans le système de croyance traditionnel haïtien. Une
fois que la personne est morte et enterrée, elle est « réveillée » par un autre maléfice (soit
son âme, soit son corps et son âme) pour être faite esclave (travailler dans les camps) ou
faire du mal a quelqu’un d’autre.
Le dénominateur commun entre toutes ces déclarations est le doute et l'absence de certitude
sur l'origine de l’épidémie de choléra. Cette incertitude alimente fortement le sentiment
d'insécurité et la peur.
Les rumeurs, les soupçons, les croyances illustrent la suspicion quant à l'origine de la
maladie. Ces croyances ont été un obstacle majeur au succès des campagnes de
prévention.
Le mode de transmission
Le choléra a rapidement été nommé "la maladie des mains sales". Cependant, il y a
beaucoup de croyances selon lesquelles le choléra :
Peut être transmis par l’air
Peut être transmis par les moustiques et les mouches
Peut être transmis par la poussière
Peut être transmis au contact de la peau (par la sueur)
Ces croyances ont eu un impact considérable sur l’implantation des CTCs dans les
communautés.
Le traitement du choléra et les CTC
Le Serum de Réhydration Oral (SRO) est généralement connu dans la population (comme
«sérum»). Cependant son utilisation n’est pas toujours bien connue. Le SRO est en effet
parfois considéré comme une prophylaxie (c-à-d. considéré comme un vaccin protégeant
contre le choléra) ou comme un curatif (c-à-d. comme un antibiotique/un médicament). Le
chlorox est, dans des cas heureusement rares, également perçu comme une profilaxie, et
l’on a déploré des incidents liés à l’absorption directe de chlorox.
Si la plupart des personnes ont conscience qu’il leur faudra se rendre dans un CTC en cas
de maladie, il reste que les CTCs sont largement considérés comme une source de choléra
et de propagation de la maladie. Pour résumer : s’il est généralement admis que les CTC
sont nécessaires, on ne souhaite pour autant pas en voir s’établir un près de chez soi.
Les personnes admises au CTC sont, à leur décharge, stigmatisées par le reste de la
population.
2. Sentiments
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La peur
La peur est le sentiment le plus commun et le plus répandu dans la population jusqu’ici.
Le contenu des discussions de groupe révèle que la peur autour du choléra est due à
plusieurs facteurs:
- le fait que le choléra est une maladie inconnue dans le pays
- les doutes existant sur l'origine de la maladie
- les soupçons selon lesquels le choléra est une manœuvre politique visant à nuire à Haïti
- les doutes existant sur les modes de transmission du choléra
- les doutes existant sur les modes de traitement du choléra
- le fait que le choléra est lié à un besoin fondamental, quotidien et vital: boire et se nourrir
- le fait que la mort peut être foudroyante et qu’elle peut survenir en quelques heures
- la croyance que le choléra est une forme de malédiction (en particulier chez les pratiquants
de la religion Vaudou).
La honte
Ce sentiment est lié à la stigmatisation qui entoure le choléra. Les victimes du choléra et
anciens patients peuvent être considérés comme une source de menace pour le reste de la
communauté. Ils sont parfois rejetés, isolés - dans certains cas, molestés.
Comme mentionné précédemment, le choléra devient peu à peu connu comme la maladie
des "mains sales" (qui est associée à l'idée que ceux qui sont infectés ont mangé des
excréments). Cette perception conduit à la fois à la stigmatisation et à la honte.
Le deuil
Dans la culture et le système de croyances propre à Haïti, le respect pour les morts et les
ancêtres revêt une importance primordiale, et a des incidences sur le bien-être individuel et
collectif. Les rituels et les funérailles représentent une étape importante dans le processus
de deuil.
Suite au décès d’un malade du choléra, les rituels et les funérailles sont soit absents, soit
perturbés pour des raisons sanitaires.
Le fait que le corps peut être une source de peur, même pour les plus proches parents, aura
également une incidence sur le processus de deuil.
B.
Evolution observée au cours du projet psy choléra
1. Croyances et représentations
Origine de la maladie, mode de transmission et de traitement
Au cours des semaines et suite aux campagnes de sensibilisations, FGDs…, les croyances
sur l’origine de la maladie ont diminué. Par exemple, la croyance en un « faux choléra » est
moins évoquée.
Parallèlement, un doute sur les modes de transmission est apparu. Les personnes admises
au CTC expriment souvent avoir respecté les précautions d’hygiène et pourtant elles sont
tombées malades. Une remise en cause des pratiques d’hygiène a été observée.
Alors que dans un premier temps les communautés refusaient l’installation d’un CTC dans
leur quartier, de peur d’une contamination massive, à ce jour, elles en font la demande. Les
CTCs sont reconnus comme lieu de traitement et de guérison. Le retrait progressif des CTCs
est source d’inquiétude.
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Les personnes ayant séjournées au CTC sont également beaucoup moins stigmatisées par
la population et appréhendent moins le retour à la maison.
Les TS et les psychologues ACF ont identifiées deux tendances en ce qui concerne
l’influence des Hougans sur la prise en charge au CTC. Plusieurs patients ont expliqué que
leur Hougan les avait référés au CTC. Inversement, le refus de prendre le sérum oral et/ou
d’être perfusé découle souvent de l’interdiction par le Hougan de recevoir ce type de
traitement. Néanmoins, les personnes se rendent au CTC et les infirmières avec la
collaboration du psychologue réussissent, la plus part du temps, à convaincre les patients.
Nous pouvons cependant faire l’hypothèse que certaines personnes ne se rendent pas au
CTC si l’Hougan l’interdit ?
2. Sentiments
Peur, Honte et Deuil
Les premières impressions collectées par les équipes ont été que la peur et l’anxiété en lien
avec l’épidémie avaient diminué.
Néanmoins, la population exprime de fortes préoccupations quand à la venue de la saison
des pluies, l’approche de la saison cyclonique, le retrait progressif des ONG (fermeture des
CTC, moins de distribution de kit de prévention…), la faiblesse du système de santé
national, la nature endémique de la maladie.
En effet, les habitants de Gonaives ville sont inquiets du manque de latrines dans certains
quartiers défavorisés et dans les villages environnants (sur les hauteurs). Faute de latrines
dans les zones rurales, la population redoute que les pluies ne ramènent des excréments et
déchets dans la ville et que l’épidémie reprenne.
De plus, ils expriment leurs souhaits de continuer à appliquer les mesures d’hygiène mais
évoquent les difficultés économiques qui pourraient les en empêcher.
En ce qui concerne l’évolution de l’épidémie, les bénéficiaires sont partagés : elle reviendra à
chaque saison des pluies et/ou Dieu est seul décisionnaire. Quoi qu’il en soit, la faiblesse du
système de santé et le retrait progressif des ONGs fait craindre à la population une reprise
de l’épidémie.
De plus, plusieurs personnes ont évoqué leurs craintes de l’apparition d’une nouvelle
épidémie. Le choléra est arrivé subitement, d’autres maladies pourraient apparaitre de la
même façon.
Il semblerait tout fois que les victimes directes de l’épidémie (personnes ayant connu un
décès dans leurs familles) maintiennent une peur accrue face à la maladie.
Autres problématiques
C.
Conclusions
Les campagnes de sensibilisation et la baisse significative des cas de décès ont comme
conséquence une diminution des peurs et de l’anxiété en lien avec l’épidémie.
Il semblerait toute fois que les victimes directes de l’épidémie (personnes ayant connu un
décès dans leurs familles) maintiennent une peur accrue face à la maladie.
La question de la gestion des corps (fosses communes mises en place au début de
l’épidémie et/ou impossibilité de réaliser les rites funéraires habituels) restent extrêmement
problématique.
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Enfin, la question des fosses communes, mises en place au début de l’épidémie, et de
l’impossibilité de réaliser les rites funéraires habituels revient fréquemment. Les rituels
funéraires tiennent une place primordiale chez les Haïtiens.
IV. ASPECTS GENERAUX
A.
Sélection des bénéficiaires
Associations. Suite au cyclone Jane en 2004, de nombreuses associations ont vus le jour.
En effet, les ONGs ont pour habitude de sélectionner leurs bénéficiaires à travers les
comités et/ou associations et la population l’a bien compris. La plupart des associations avec
lesquelles nous avons travaillé ne sont pas actives.
Difficultés rencontrées et solutions :
B.
Composition des bénéficiaires
1642 personnes ont bénéficié du projet psy choléra. (1080 femmes, 498 hommes et 63 enfants
(CTC)).
Dont 1175 personnes dans communauté et 467 personnes au sein des CTCs MSF et IMC.
Sexe bénéficiaires
4%
30%
1
2
3
66%
C.
-
La Sensibilisation des bénéficiaires
Sur le programme
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Les bénéficiaires étaient sensibilisés sur le contenu du programme par le biais des
présidents d’association préalablement informés par l’équipe psy choléra pour les FGDs
dans la communauté, et l’équipe Psy choléra pour les CTCs.
 Présentation d’ACF, de son mandat et de sa charte
 Présentation du programme psy choléra au Gonaives et de ses objectifs
 Présentation des modalités d’intervention (organisation des FGDs et/ou des suivis
individuels)
Difficultés relevées par rapport à la sensibilisation
Nous avons constaté un décalage entre les attentes des communautés et les activités
proposées. En effet, beaucoup de communautés avec lesquelles nous avons travaillé ne
bénéficiaient d’aucun autre programme ACF et/ou d’autres partenaires. Leurs doléances
matérielles nous ont été exprimées très fréquemment.
A plusieurs reprises, la PM expat a dû rencontrer les associations pour expliquer la nature de
notre intervention, l’équipe ne pouvant pas faire face à ces situations.
De plus, certaines associations ont refusé de continuer les rencontres si elles ne
bénéficiaient d’aucune aide matérielle.
Les solutions qui pourraient permettre de réduire ces risques sont :
L’intégration du programme à un autre programme ACF (NUT/FS ou WASH) permettrait de
pallier à ce problème.
Nous recommandons que les bénéficiaires du programme psy soient également des
bénéficiaires d’autres programmes.
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D.
L’équipe Psy Choléra
L’équipe Psy Choléra se compose de 12 personnes
1 PM Psychologue
1 Responsable de projet psychologue
5 Psychologues
5 Travailleurs Sociaux
Appréciation globale de l’équipe
Pas fini leurs études
Formation demandées par les équipes
- Deuil
- Stress post traumatique
Problèmes liés aux Ressources Humaines :
RH expatriées
Turn over. Deux PMs se sont succédé sur une durée de 3 mois et demie.
RH Nationales :
Les psychologues viennent souvent de PAP.
Deux psys ont quitté le programme au 28 février (date initiale de fin de programme, avant
amendement) Un psy n’a pas souhaité reconduire son contrat pour des raisons
personnelles, et l’autre est passé sur un autre programme ACF, ce qui a entrainé
l’intégration de deux nouveaux psys dans le programme. Ainsi que le référencement de
patients à ces nouvelles personnes.
Cette expérience professionnelle étaient pour la majorité de l’équipe une première
expérience professionnelle et/ou au sein d’une ONGI.
Un temps de formation initiale et continue est nécessaire pour s’approprier les tâches et le
fonctionnement organisationnel.
Coordination
Pas de coordinateur santé mentale en capitale et pas de retours du siège quand aux
questions techniques.
Les solutions qui pourraient permettre de réduire ces risques sont :
Avoir un vivier RH de contingence.
Recruter un coordinateur santé mentale ou du moins s’assurer d’un appui technique depuis
le siège.
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V. ANALYSE SWOT
Interne
Forces
-
Très bonne acceptation d’ACF dans le HA et le NO.
Expat qui a mis en place le projet expérimentée.
Réponse relativement adaptée à la situation.
Présence d’autres expats santé mentale sur la mission.
Faiblesses
-
-
-
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Arrivée de l’expatriée tardive
Turn over expatriée
Pas d’indicateurs spécifiés dans le propal.
Equipe expatriée manquant de connaissance sur le choléra :
créer un vivier d’expatriés urgence et améliorer la
communication faite lors des briefings au siège pour y intégrer
le choléra.
Manque de support durant les activités : pas de coordinateur
santé mentale et peu de retours du siège.
Peu de partage d’informations avec les autres projets du
programme Urgence choléra. Pas de réelle intégration du
projet avec les autres projets.
Intervention uniquement en zone urbaine, pas d’identification
des besoins en zones rurales.
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Externe
Opportunités
- Recommandations de la Croix rouge haitiennes en
termes de prise en charge psychosocial de l’épidémie de
choléra.
- Présence de MSF et IMC pour les partenariats.
- Soutien de la mairie des Gonaives, de l’hôpital de Raboto
et de Hands Together pour le prêt de salle.
- Bénéficiaires demandeurs car crainte de la maladie.
- Seul acteur intervenant pour la prise ne charge
psychosocial.
- Formation universitaire en psychologie et travail
psychosocial dans le pays. Personnel qualifié et
rapidement opérationnel.
- Demande de la DSA et UNICEF d’intervenir dans les
formations des agents de santé.
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Menaces
-
Accessibilité aux domiciles des bénéficiaires parfois difficiles
Demande de soutien matériel des bénéficiaires
Programme court.
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VI. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Le projet avait un caractère préventif et s’est déroulé sur une courte durée (2 mois et demi
effectif). Toutefois il est nécessaire de s’interroger sur les activités à mettre en œuvre par la
suite. Les activités menées ont mis en exergue l’importance d’une prise en charge
psychosociale au sein des CTCs et dans la communauté et ont révélé les nombreux besoins
en santé mentale de la population.
Néanmoins, l’importance des difficultés économiques, matérielles, de la communauté des
Gonaives nous fait recommander une intégration des projets d’accompagnement
psychosocial à d’autres projet ACF et ou d’intervenir en partenariat avec d’autres acteurs de
la zone. De plus, l’expatrié en charge devrait arriver en même temps que les autres
expatriés.
Les activités et indicateurs doivent être intégrés au propal.
Dans un souci de pérennité, la formation sur la prise en charge et l’accompagnement
psychosocial des équipes des partenaires et/ou des agents étatiques doivent être
envisagées.
Dans l’hypothèse d’une situation d’urgence similaire il serait nécessaire de travailler sur les
stratégies d’intervention, de valider des outils de monitoring, de disposer d’un stock de
contingence et améliorer les moyens logistiques pour la bonne réalisation du projet (moyen
de transport, moyen de communication, salles à disposition….)
Les équipes nationales ont besoin de formation continue et/ou plus spécifiques sur les
problématiques abordées.
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ANNEXES
Liste des annexes
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