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Le Concept d’Etat-nation a-t-il un sens dans l’Europe de la première moitié du XX ème
siècle ?
Intro : En 1754 D’Argenson note dans son journal au sujet des mots Nation et Etat que « ces deux
noms ne se prononçaient jamais sous Louis XIV et l’on n’ en avait seulement pas l’idée ». Or,W.
Bagehot présente l’histoire du XIX ème comme toute entière celle de la construction des nations.
C’est en effet au XIX que le sentiment dynastique a fait place au sentiment national, parallèlement
au transfert de souveraineté du corps du Roi au corps national.
L’Etat-nation désigne un Etat dont les citoyens se reconnaissent comme peuple. Le concept
de l’Etat-nation se fonde sur le postulat d’une communauté atemporelle, se présente comme une
entité sociale fondamentale et immuable. Ainsi Bagehot pensait que les nations étaient « aussi
vielles que l’histoire ». Mais le concept est en fait une construction moderne, liée à la modernité
économique et sociale, et marque une étape éminemment importante pour ce cours sur l’avènement
des régimes et des sociétés modernes : « la Nation elle-même est tout entière une représentation »,
affirme P. Nora.
L’étude au niveau européen du concept de l’Etat-nation est intéressante puisque
paradoxalement la conscience européenne apparaît alors comme le couronnement et non la négation
des aspirations nationales ; les peuples d’Europe établissant non seulement ensemble mais aussi
simultanément des Nations. Ainsi l’émergence du mouvement « Jeune Italie » est simultanée à
celle du mouvement « jeune Allemagne ». Anne Marie Thiesse souligne ainsi que les créations des
identités nationales « sont bien issues du même modèle, dont la mise au point s’est effectuée dans le
cadre d’intenses échanges internationaux ».
Pour qui et par quels moyens le concept de l’Etat-nation gagne-t-il du sens dans
l’Europe de la première moitié du XIXème siècle ? Le sens de ce concept est-il unique ou
pluriel ?
Si le concept de l’Etat-nation a plusieurs sens dans la mesure ou il renvoie à des courants de
pensée très différents selon les pays d’Europe, certains groupes sont encore étrangers à ce concept
(I). Mais le concept a surtout un sens, une direction : il pousse à sa réalisation (II).
I) Le concept de l’Etat nation a en réalité plusieurs sens – significations- dont la force grandit
pendant la première moitié du XIX ème siècle
Ce concept est forgé sous l’influence de la Révolution française et de l’Empire.
Pour que le concept d’Etat-nation ait du sens, il faut que le concept de Nation en ait un. Or la
Révolution française donne au mot de Nation une force dynamique et fait de cette nation le moteur
de l’histoire souligne F. Mélonio. Il est vrai que l’onde de choc de la « Grande Nation » qui se
revendique comme telle est immense dans toute l’Europe au point que Rovan présente la
Révolution française comme « un des grands événements de l’histoire allemande et même un des
plus importants » et que François- George Dreyfus souligne que la France devient avec la
Révolution française le principal agent de l’unité allemande. Cette influence est en fait double :
a) l’influence en tant que modèle à imiter
Selon René Rémond , la Révolution française fonde le nationalisme moderne par le principe
qu’elle pose du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, dans le prolongement de la liberté
individuelle et de la souveraineté nationale. La Révolution française apprend aux autres peuples
européens qu’il est possible de contester l’ordre établi.
En s’opposant à l’Europe de souverains au nom de la conscience nationale, la France fait rêver des
jacobins qui émergent dans les autres pays européens. De plus, par l’intervention armée,la France
donne leurs indépendance à certains territoires comme Italie du Nord ou Pologne. Par suite, les
Polonais se revendiqueront comme Nation, ce qui est indissociablement lié à la Révolution
française et à l’Empire.
b) mais aussi en tant que conquérant à rejeter
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L’extension de la guerre révolutionnaire fait passer la France du statut de modèle potentiel à
celui de conquérant à rejeter. Un sentiment national se développe alors contre la France
impérialiste de la Révolution et l’Empire. En Espagne le cri de ralliement de la guérilla anti-
française est Dieu et la patrie. Par les réactions qu’elle provoque, la Révolution œuvre pour un des
principes qu’elle défendait, le sentiment national, ce qui conduit notamment à l’idéalisation de la
germanité. La théorie des frontières naturelles qui dit que le Rhin est la frontière naturelle de la
France, est vivement critiqué par les principautés allemandes et démontre que « la géographie, ça
sert d’abord à faire la guerre » (Yves Lacoste). La guerre révolutionnaire débouche par exemple
sur le soulèvement des montagnards du Tyrol et fait de l’autrichien A. Hofer d’Innsbruck fusillé par
les Français un martyr national . Ainsi la guerre de 1812 en Russie s’apparente à un soulèvement
d’un peuple pour libérer sa terre, comme le montre le roman de Tolstoi Guerre et Paix. Enfin le
nom de la « bataille des nations » donné à la bataille de Leipzig est tout à fait significatif ; sous la
double influence de la Grande Nation on est passé du singulier au pluriel du mot « Nation » depuis
Valmy.
2°Il est porté par les intellectuels , les « éveilleurs de nations »
Le sentiment de nationalité pour être effectif doit s’adresser à toutes les facultés de l’individu, c'est-
à-dire aussi bien l’ intelligence que la sensibilité. Aussi le rôle des intellectuels, des écrivains,
historiens qui cherchèrent dans le passé et les philosophies politiques fut très important, et ce même
dans les Etats déjà constitués.
a) La création d’une mythologie nationale et l’exaltation du peuple.
« L’oubli et je dirais même l’erreur historique sont un facteur essentiel de la formation
d’une Nation », souligna Renan. Puisque « Faire Nation, c’est se souvenir ensemble » (F.
Mélonio), le concept de l’Etat-nation a du sens dès lors que l’histoire de chaque individu est inscrite
dans le grand récit de la nation, héritier d’un patrimoine commun et indivisible. Dans la première
moitié du XIX ème siècle il y a donc quête et invention des origines de la Nation. Par exemple le
sentiment de nationalité norvégien se développe à partir d’une thèse selon laquelle les Norvégiens
seraient issus d’une antique population venue du Nord tandis que les Suédois et Danois seraient des
Goths venus du Sud. De même les recherches sur les princes germains médiévaux se multiplièrent.
En Russie la redécouverte du passé passe par l’exaltation de certains héros nationaux, comme le
fait Pouchkine en Russie avec Boris Godounov (tsar du XVI siècle).
Le peuple est exalté par les intellectuels : Macpherson écrit l’épopée écossaise tandis que Geiger
publie en 1814 Chants populaires suédois puis l’ Histoire du peuple suédois. Simultanément le
développement de l’enquête sociale marque alors la volonté d’honorer la Nation dans sa
complexité et son unité, comme le fait le recueil Les Français peints par eux mes.
Enfin se développe après 1789, surtout dans les Etats déjà constitués, le souci de conserver un
patrimoine collectif (le terme de patrimoine, issu de pater, le père est un terme du XIXè ). Viollet-
le-Duc présente la cathédrale comme le monument par excellence de l’archéologie nationale tandis
que le musée tend à devenir le lieu d’un culte où la nation s’adore elle-même à travers les œuvres
du génie (K. Pomian) ; A titre d’exemple, le Louvre sous la Restauration, quoiqu’il montre des
objets venus d’ailleurs, célèbre la nation qui a su les acquérir.
b)Quelle force pour l’équation une langue= une nation ?
Avant le XIXème, les monarques se souciaient fort peu de la langue de leurs sujets.
D’ailleurs dans les Etats allemands l’enseignement secondaire se faisait en latin et l’expression
culturelle en français. Les Diètes de Hongrie et de Croatie délibéraient encore en latin . Or dans la
première moitié du XIXème siècle, Herder, intellectuel allemand revendique la langue comme
moyen d’accès aux valeurs d’une nation et affirme que le partage d’une langue commune est une
nécessité pour la fondation d’un Etat-nation. L’usage de la langue nationale devient dès lors un
devoir, car elle porte l’empreinte du peuple. Le succès de la thèse herderienne amène les
intellectuels européens à chercher à accroître le capital symbolique de leur langue nationale. Il
s’agit d’abord de convaincre les élites d’utiliser la langue des masses rurales et analphabètes qui
n’avait généralement pas fait l‘objet de transcription. Les frères Grimm, par exemple, produisent à
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la fois des contes et la première grammaire allemande. Il y a donc construction d’une langue
nationale , qui devient de l’avis de tous symbole d’une « structure mentale » , notamment pour les
minorités slaves de l’empire des Habsbourg. La langue de l’oppresseur est délaissée au profit de
celle de son « peuple ». Karadzic produit en 1814 Grammaire serbe et Recueils de chants
populaires, rejetant la thèse du serbe comme dégradation du russe. De même des Polonais de Prusse
font grève du catéchisme parce qu’ils ne peuvent l’apprendre en polonais.
c)Enfin quand la religion n’est pas la même entre « oppresseur et oppressé » , la « religion et
nationalisme se confondent. » (Rousselier). La religion devient, comme a pu l’être la langue, le
symbole de la singularité nationale, en Irlande par exemple.
La deuxième source de sens pour le concept de l’Etat-nation est donc la tradition (surtout dans
l’Europe de l’Est), tandis que le sens légué par la Révolution française à ce concept était
davantage lié à la modernité: on voit donc que le concept de l’Etat-nation a en fait différents
sens et ce dès la première moitié du XIX ème siècle. D’ailleurs, il n’a pas un sens pour tous.
3°Le concept de l’Etat-nation n’a pourtant pas un sens pour tous dans la première moitié du
XIXème
a)le Traité de Vienne ne prend pas en compte le concept d’Etat-nation
Le Congrès de Vienne ne tient pas compte des nationalités et des désirs d’indépendance, la plupart
des Etats qui en résultent sont multinationaux : visiblement le concept de l’Etat-nation n’est pas
encore présent dans les esprits des monarques
b) le cas de l’Allemagne en est tout à fait emblématique
L’Allemagne , tout autant que l’Italie pourrait être qualifiée de simple expression géographique
dans les toutes premières années du XIX ème siècle . Un réseau apparemment inextricable de
particularismes (coutumes, religion…) s’étend entre les royaumes de Prusse et de Bohême. L’Italie
compte plus d’une demi-douzaine de principautés, l’Allemagne plus d’une trentaine. La Diète de
Ratisbonne ressemble à un «congrès de diplomates sans pouvoir » (P. Ayçoberry ) et la
fragmentation politique se retrouve sur le plan économique avec des barrières douanières multiples
et des échanges limités. En fait les aspirations allemandes à l’Etat nation sont l’apanage d’une élite.
(par ex la Burschenschaft de Iéna fondée en 1815 est issue de l’université). De même si la Prusse
incarne la sourde résistance du peuple allemand à l’hégémonie française, la plupart des Etats est
beaucoup plus réservée.
c) Même dans les Etats constitués, pendant les premières années du XIX ème siècle, beaucoup sont
étrangers au concept de l’Etat-nation.
Ainsi lorsque Smith écrit son œuvre majeure Recherche sur la cause et les origines de la
richesse des nations, « nation » ne signifie en fait qu’état territorial. F. Mélonio souligne qu’en
France en 1815 « en dehors des grandes villes, il n’y a pas d’habitudes communes, peu d’échanges
commerciaux, des réseaux de communication sociale très limités ». Dans les états constitués,
l’importance de la petite patrie (contrée, région,le Heimat ) fait obstruction à l’exaltation de la
grande ( le Vaterland).
En fait, le problème de la jonction entre l’Etat et la Nation reste troublant car la plupart des Etats de
quelconque étendue n’étant pas homogènes, ne pouvaient se résumer sans difficultés à une seule
Nation. Pour Hobsbawm « Personne ne nia jamais le caractère effectivement multi national
multilinguistique ou multi racial des Etats nations les plus anciens et les plus incontestables c'est-à-
dire la GB la France et l’Espagne ». Dès lors quels étaient parmi les nombreux états existant ceux
qui pouvaient avoir le caractère d’ Etat- nation ?
Nous avons donc vu que le concept d’ Etat-nation avait une signification et même plusieurs
dans l’Europe du XIXème siècle, mais que ce sens était étranger à beaucoup d’habitants de cette
Europe. Ceci s’explique par le fait que dans une première phase du sentiment de nationalité, « La
nation idéalisée reste une pure construction intellectuelle n’appelant pas une participation
concrète du peuple et encore moins une remise en cause de l’ordre établi » ( Caron et Vernus). Ce
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n’est que dans une deuxième phase que ce concept acquiert véritablement un sens, c'est-à-dire une
direction : faire de concept une réalité en le fondant sur le consentement des peuples.
II) Mais ce concept acquiert surtout un sens - une direction- : le concept de l’Etat nation
appelle à sa réalisation
Pour Gellner , c’est alors que naît le véritable sentiment de nationalité, celui « qui exige que l’unité
politique et l’unité nationale se recouvrent » . Le sens profond du concept de l’Etat Nation est qu’il
ne peut se contenter d’être un concept.
1° Le libéralisme et le romantisme portent ce concept en revendiquant sa réalisation
a) L’influence du romantisme exacerbe les « particularismes nationaux »
Dans la première moitié du XIX ème siècle, une forme de romantisme émerge qui soutient
l’affirmation d’une identité nationale, à une époque où l’influence du courant romantique est
considérable. Ainsi Hugo et son romantisme français se convertissent dans la Préface de Cromwell
en une exaltation de la liberté de l’individu et de la liberté des nations.
Les romantiques vont de plus soutenir ou aider matériellement le mouvement des peuples.
L’exemple le plus significatif est l’aide du poète Byron, qui finança une expédition militaire pour
participer à la lutte des grecs pour leur indépendance de l’Empire Ottoman. Ce poète mourut à
Missolonghi en 1824. De plus la France romantique de la révolution des Trois Glorieuses soutint la
révolte des belges dans les Provinces-Unies. Les représentations du printemps des peuples (1848),
mettent en avant l’affectivité, l’élan de la scène le montrent : le concept de l’Etat-nation, grâce à
l’influence du romantisme, ne touche pas seulement les esprits mais aussi les sentiments.
b) Le courant libéral comme vecteur de l’unification à réaliser
Si le fait national n’a pas de couleur politique uniforme, « l’idée nationale ne se suffit
généralement pas à elle-même », et trouve sa force dans « un support philosophique et politique »
(Rousselier). Or, au début du XIX ème, dans plusieurs pays européens, le nationalisme fait alliance
avec l’idée libérale .Au Portugal, en Espagne , en Italie, le libéralisme devient le principal vecteur
de l’unité nationale ou de l’unification à réaliser. Ce courant appelle à surmonter les divisions
géographiques, régionales et politiques. De plus, Roussellier parle de « conversion du libéralisme
rhénan à un libéralisme national » . Par exemple, en 1832 , 20 000 à 30000 libéraux du Sud et de
l’Ouest se réunissent au château de Hambach en Bavière pour démontrer la puissance de
l’aspiration à l’unité nationale. Le combat contre l’absolutisme s’inscrit désormais dans la
temporalité immédiate et s’accompagne du devoir de fournir à la nation tous les éléments qui lui
permettront de se connaître comme telle . Dans cette première vague du nationalisme, on peut citer
la Belgique qui se dote d’une constitution libérale. Le terme même de libéral est né dans un
contexte « d’insurrection nationale » et on dit d’ailleurs « patriote » soit pour libéral soit pour
national. Rousselier dit ainsi du courant libéral qu’il est le « premier courant politique
transnational de l’histoire de l’Europe moderne mais le premier aussi à l’être par l’idée de nation
plus que par la question libérale. »
Néanmoins, entre 1830 et 50, le mouvement national se transforme et devient d’inspiration
plus démocratique. Ainsi pendant les révolutions de 48 que sont le « printemps des peuples », on
affirme l’union de la nation et en même temps la souveraineté du peuple .
L’ Etat nation est un concept qui gagne en sens effectif avec l’essor des nouveaux moyens de
communication
a) Une révolution de l’information et de la communication montre que la popularisation du
concept dépend aussi du contexte économique et social
Pour S. Aprile, « Les révolutions de 48 sont aussi la conséquence des débuts d’une révolution
moins éclatante mais durable : celle de l’information ». L’étude de B. Anderson sur le rôle de
l’imprimerie montra que la création de journaux joua un rôle majeur dans la diffusion du sentiment
identitaire.
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-le rôle de l’économie : « L’économie politique est la science de l’amour de la patrie » disait
Cavour. La popularisation du concept de l’ EN accompagne la transformation des modes de
production, l’élargissement des marchés, l’intensification des échanges commerciaux. Ainsi, il y a
parallélisme entre le développement de l’économie nationale allemande et la naissance de l’Etat car
l’Union économique allemande est préparée par une union douanière , le Zollverein, l’Union
économique préparant elle-même l’Union politique.
En France également, la démocratisation du concept d’Etat nation est favorisée par la stabilité du
territoire( sauf l’exception de l’intégration de Nice et de la Savoie), l’organisation de plébiscite mais
aussi par l’unification commerciale voulue dès 1815 et par le découpage administratif uniforme.
- Par la révolution des transports le rôle du chemin de fer, la circulation des biens est prolongée par
celles des hommes et des idées. Pour Caron et Vernus le chemin de fer fut « le plus efficace moyen
de lutte contre les particularismes locaux et de contacts entre Allemands » En effet l’hétérogénéité
culturelle était un obstacle à la formation d’un Etat nation, et l’ uniformisation culturelle est rendue
possible par la Révolution des transports . Flaubert souligna le progrès du sentiment de similitude
issue de la révolution des transports la bourgeoisie est morte, elle s ‘est assise là sur les bancs
populaires », écrit-il. Pour prendre l’exemple de la France, le trajet Bordeaux- Paris se faisait en 5
jours en 1788, 3 et demi en 1814 et 36 heures en 1841 , ce qui montre bien que l’éloignement entre
les habitants de ce même Etat devenait de plus en faible.
-Le rôle de l’école est aussi à souligner dans l’uniformisation qui rend possible l’ Etat Nation: Les
enseignements primaires et l’enseignement secondaire des Etats allemands furent réformés dans un
souci de patriotisme et d’efficacité. De même, Michelet, qui tient pour évidence l’unité spirituelle
de la nation, accorde à l’école une importance égale à la centralisation administrative dans le travail
d’uniformisation, faisant le rêve d’une école nationale pour tous dans son œuvre Le Peuple.
b) Des soulèvements nombreux et simultanés en Europe qui démontrent le caractère européen
de l’insurrection en faveur de la création de l’Etat Nation
Tout d’abord , les protocoles de l’indépendance grecque furent les premiers à reconnaître la
primauté du principe des nationalités. Ensuite, les soulèvements nationaux en faveur de la création
d’un Etat nation connaissent un premier apogée vers 1830 : révolte indépendantiste de Belgique
1830, insurrection polonaise de 1830, soulèvements italiens sous la domination du pape en 1831 .
Un second apogée des soulèvements nationaux puisent leur sens dans le concept de l’Etat nation :
En 1848 au même moment en Europe, l’Italie, l’Empire d’Autriche la Prusse et la plupart des états
allemands sont affectés par des mouvements nationaux, démocratiques et libéraux de grande
ampleur . Il y a donc une certaine universalité de l’affirmation de la particularité.
3° Les exclus de l’Etat nation : Un sens inachevé
a)les échecs des différentes insurrections
Certains pays restent des territoires dépendants. Politiquement l’Europe en 1848 ressemble à celle
de 1815 , œuvre du chancelier autrichien Metternich, qui a étouffé les mouvements patriotiques les
plus dangereux, ceux de l’Italie et de l’Allemagne. Seuls deux pays ont acquis leur indépendance
dans les années 1830 , la Grèce et la Belgique. L’Empire d’Autriche compte une mosaïque de
peuples, puisqu’il domine tchèques, slovènes,croates, slovaques, une partie de la Pologne, de la
Roumanie et de l’Italie. En 1847 , la Suisse est en pleine guerre civile, c'est-à-dire que cet
éventuel « Etat-nation » constitué à la suite de la Révolution française se déchire.
b)Certaines Nations sont considérés« non viables » ( Hobsbawm) et ne peuvent espérer la
formation d’un Etat Nation
Dans la première moitié du XIXème siècle , se développe la théorie selon laquelle l’Etat nation
devait pour espérer une réalisation être de taille assez importante pour constituer une unité de
développement viable. Par exemple Le Dictionnaire Politique de Garnier Pages de 1843 trouvait
dérisoire que le Portugal et la Belgique soient des Etat-nations car ces Etats étaient de toute
évidence trop petits. List croit aussi à ce « principe de seuil » qui n’accorde l’autodétermination
qu’aux nations de taille viable, puisqu’il requiert pour qu’un Etat Nation soit formé « une
population importante et un vaste territoire doté de ressources naturelles ». Mazzini non plus
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