11 Comment appliquer le droit des familles, reconnu par l'Union Européenne, à contrôler la diffusion
d'informations les concernant dans le cadre de l'utilisation de Base élèves ?
12 Quelle relation peut être faite entre un fichier externe et une politique gouvernementale de
croisement des données (loi dite "De prévention de la délinquance") ? L'école doit-elle être le terrain
du télescopage entre cette loi, celles sur l'immigration et le Code de l'Education ?
13. La loi n°2007-297 du 05/03/07 (art-12) prévoit la participation des établissements à la prévention
de la délinquance. Les maires sont autorisés à mettre en place des fichiers automatisés de données
personnelles "transmises par els organismes chargés du versement des prestations familiales ainsi que
l'Inspecteur d'académie (…) et par le directeur ou la directrice de l'établissement d'enseignement."
Comment ne pas voir la problématique du croisement de fichiers ? Base élèves sert-il de "fichage
initial de la population" ? Avons-nous à être instrumentalisés par une orientation politique ?
Auparavant existait le secret professionnel des personnels. La confiance des familles repose là-dessus.
La loi de Prévention de la délinquance parle de "secret partagé". Pourquoi faudrait-il que tant d'ayant
droits sachent tout sur tout le monde ? Pour plaire à qui ?
14 L'administration comprend-elle que nous nous interrogeons sur la portée des actes que nous
accomplissons, et fait-elle ce travail d'introspection elle-même ? Le droit de retrait du fonctionnaire
s'applique quand il estime qu'on lui demande de faire un acte illégitime. Où est la loi qui valide
l'utilisation de Base-élèves ? Il existe une loi européenne sur le droit à la vie privée, en revanche.
15 Oserons-nous nous poser la question de la portée de notre action au regard des Droits de l'Homme,
en prenant une perspective historique ? L'obéissance au présent ne garantit pas un jugement favorable
dans le futur (Papon, Bousquet). Pourquoi se précipiter dans un dispositif qui manifestement recèle
beaucoup de zones d'ombre au regard des Droits de l'Homme, et qui est rejeté par tant de monde ?
16 Comment comprendre le refus de débattre de notre hiérarchie, qui nous reproche de faire un
"procès d'intention" voire de la désinformation (articles de presse) et se présente comme seule
détentrice de la vérité ? Devons-nous nous contenter de cette manière infantilisante de nous considérer
? Le discours technique ne peut pas suffire, "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (je
préfère "ruine de l'Homme" mais bon Rabelais a parlé).
17 Des sanctions sont-elles d'ores et déjà envisagées pour les 20 récalcitrants ? Pour information, ce
sont les mêmes, que d'autres ont rejoint, qui étaient en grève administrative les années passées.
18 Pour finir : nous regrettons le glissement bureaucratique de l'EN, vers la politique du tout contrôle,
sans vraies garanties de confidentialité, gaspillant ses ressources à faire des statistiques et à travailler
pour les Ministères de l'Intérieur et de l'Immigration, prête à sacrifier le lien de confiance qui nous unit
aux familles. Ce fichier est pour nous un déni d'avenir, un enfermement dans le passé, vérifiable à tout
moment et pour quelque raison que ce soit, mettant chaque enfant sous surveillance. Se sachant
surveillé, car le devoir d'information sera respecté, quelle attitude sera la sienne face à la société des
adultes ? Le sociologue Manuel Boucher le dit ainsi : "Nous avons montré que c'est lorsque les
logiques sécuritaires et de contrôle l'emportent sur les logiques d'intégration, de prévention, de
reconnaissance et de confiance que les violences éclatent."
Notre demande : conversion de BE1D en logiciel interne.
Dernier détail : En novembre 2007, le Trésor public Britannique a égaré deux disques contenant la base de
données des allocations familiales, soit les noms, dates de naissance, numéros de sécurité sociale et coordonnés
bancaires des bénéficiaires. Or, le journal Libération du 22 novembre 2007 a retranscrit une interview de Ross
Anderson, professeur en sécurité informatique à l’université de Cambridge qui assure qu’il s’y attendait : « Avec
d’autres experts, nous avons cessé de prévenir le gouvernement contre le développement d’immenses systèmes
centralisés, comme le Child Database recensant tous les enfants britanniques, leur histoire scolaire, sociale et
médicale. Ailleurs, le nouveau système information de la NHS (le service national de santé) va rassembler les
informations de 50 millions de patients. Ces bases de données sont impossibles à sécuriser ».