l'esprit du monde, vous êtes dans l'Esprit Créateur de Dieu. On peut dire que Jésus a passé
Son temps à restaurer, à sauver, à guérir, à ressusciter l'existence des autres. Alors que,
précisément, l'esprit mondain aboutit toujours à la falsification de l'existence : c'est le culte
des apparences, apparences qui falsifient la véritable raison de se comporter, la raison
chrétienne, et qui, en ayant l'air de servir l'existence, la dessert et dessert les autres.
L'intérêt du mondain a le souci d'augmenter son volume d'apparences, et cela se termine
toujours par des conflits, car à force de vouloir "avoir l'air", on s'aperçoit qu'on n'a rien du
tout, et, au lieu de provoquer le respect, on provoque la colère.
Voilà l'esprit mondain : les apparences. Et moi je vous dis : vous ne serez jamais autant
bardé d'autorité que quand vous resterez vous-mêmes, brillants ou pas brillants, avec la
splendeur de la vérité, sans fard, sans éclat... On pourra dire de vous : «Enfin, j'ai vu
quelqu'un qui donne l'impression qu'il est avec Quelqu'un». On pourra dire de vous : «Oui
il a vaincu le monde». Aujourd'hui, nous avons trop de participation superficielle aux
crises sociales ou religieuses, par des protestations solennelles et répétées. Oh ! les
protestations, cela ne coûte pas mais cela ne détermine aucun examen de conscience ni
aucune ébauche de l'activité bienfaisante qui réagirait. C'est un peu comme au théâtre : le
héros arrive sur scène et s'écrie : "Courons ! Allons ! Volons !", puis il reste en place, il est
dans une immobilité agitée.
L'intérêt de l'esprit mondain calcule l'air qu'il doit avoir, qu'il est bon de se donner, pour
présenter son volume d'apparences, mais, au lieu d'apparaître, c'est sa valeur d'existence
qui disparaît. Ainsi l'esprit mondain tue la qualité des relations sociales à coups d'artifices
qui blessent, qui forcent, qui suscitent l'étonnement, qui éloignent la confiance et l'amitié.
L'esprit mondain, c'est l'intérêt des défauts inavoués qui sont soucieux d'essayer
d'apparaître comme des qualités. On rejoint la réflexion de la Sainte Écriture : «Le serpent
était le plus rusé des animaux». Dans tout esprit mondain, il y a la ruse de jouer un jeu qui
ne débouche pas sur le divin : on utilise les apparences pour ne pas être décelé. C'est
l'intérêt de la pauvre misère humaine qui est anxieuse du facile et qui dissimule ses
haillons sous des broderies d'or et des verroteries. Je crois qu'il faut que nous en arrivions à
une confiance, une simplicité et une force d'échanges qui fassent vraiment de nous tous un
bloc irrésistible. Qu'il n'y ait pas de séparations. Que chacun garde ses activités… très
bien, avec infiniment de respect, mais que ce ne soit pas des activités emprisonnantes et
emprisonnées. Ah ! Si vous vouliez vous y mettre dans le secret de votre cœur, avec la
grâce, quel éveil nous pourrions faire dans la société, avec ce que vous êtes, car il faut être
honnête, il n'y a pas que ces dispositions mondaines en nous tous, il y a toutes les qualités
de votre baptême, il y a toute la sincérité de vos coeurs, il y a toutes les aspirations au
mieux qui sont indiscutables… Tout cela, il faut le laisser devenir une réalité; c'est que
tout acte humain laisse des traces appelées "habitudes" quand sa répétition se prolonge, et
quand les attitudes mondaines de valeur frelatée, de fausse monnaie fabriquée avec le soin
qu'y apportent les faux-monnayeurs, sont devenues une habitude, elles déterminent
l'extinction de la vie spirituelle. On en garde l'écorce, les manifestations extérieures et c'est
cela qui amène les désastres extérieurs. On peut dire que l'Église, actuellement, souffle de
spiritualités frelatées, comme elle rayonne avec des spiritualités sanctifiées qu'on sent
monter de tous les côtés. Si les premières ont transposé dans leur comportement religieux