atteint un monde de vérités, vraiment vraies et dissipatrices du monde des
ombres et des approximations. [Allusion au mythe de la caverne dans laquelle
l’homme qui se trouve dedans ne voit que des ombres]. Observons encore et
surtout que Platon n’aboutit pas à de telles conclusions par dogmatisme ou par
affaissement de la dialectique, par fatigue devant l’effort de la pensée, mais
parce que son dessein premier tient dans la réforme de la cité et dans
l’instauration de la justice. Comment réaliser un tel programme de réforme
radicale de l’homme dans ses relations avec autrui si l’on professe un doute
permanent, faisant ainsi le jeu des sophistes et laissant par conséquent libre
cours aux abus et aux corruptions qui minent la cité ? […] Il faut bien se
référer à des principes stables (les Idées) pour pouvoir agir sur le sensible,
il faut avoir aperçu la lumière du soleil pour revenir dans la caverne sans
se laisser abuser par les ombres qui y règnent. […] A partir de là, on
pourrait montrer que ce n’est pas sans abus que l’on identifie la philosophie à
l’acte de douter de toute vérité ou à un processus indéfini de remise en cause