Version Finale (Juin 2009) I. Préambule Malgré son importance sur le plan économique, social et culturel en Afrique, la pêche artisanale demeure le parent pauvre des politiques de développement. Dans le monde, près des trois quarts des stocks de poissons utilisés sont aujourd’hui exploités à leur niveau maximum, surexploités ou menacés de disparition et l’Afrique est le continent qui en souffre le plus. Le pillage des ressources à travers la pêche illicite non contrôlée non réglementée met aujourd’hui en péril la survie des communautés de pêcheurs et constitue l’une des plus grandes menaces sur l’avenir des générations futures. Des organisations de professionnels se constituent dans différents pays mais sans avoir à elles seules la capacité d’arrêter ce fléau et d’influencer les politiques de pêche. Certes des programmes ou projets d’appui au secteur sont initiés par les Etats ou par des ONG du Nord comme celles du Sud mais ne mettent pas suffisamment l’accent sur la centralité des acteurs professionnels de la pêche artisanale. C’est ainsi que conscientes des problèmes du secteur et de l’urgence des solutions à apporter, un groupe s’est constitué et a pris l’initiative d’aller vers une confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale en passant par les étapes suivantes : 1 En septembre 2006, les professionnels de la pêche artisanale du Sénégal (CONIPAS), de la Mauritanie (FNP) et de la Guinée (UNPAG) se sont retrouvés avec les médias des dits pays lors d’un atelier à Nouadhibou intitulé « Rencontre entre médias et professionnels de la pêche artisanale d’Afrique de l’ouest pour une gestion durable de la ressource ». Cet atelier a été l’occasion pour les professionnels de la pêche artisanale de discuter sur les enjeux d’une pêche responsable ; sur les rapports entre médias et professionnels de la pêche artisanale ; sur le rôle que peuvent et doivent jouer les médias dans la mise en place d’une pêche responsable. Ainsi la création d’un réseau des journalistes ouest -africains pour une pêche durable a été le premier acte d’engagement des participants pour la sensibilisation à une pêche durable. 2 Un an plus tard, en septembre 2007, les professionnels des trois pays sont à nouveau retrouvés à Saly (Mbour-Sénégal) pour une évaluation à mis parcours. Cet atelier été mis à profit pour l’animation de thèmes sur : « l’impact de la traçabilité sur la pêche artisanale » ; « le nouveau partenariat économique entre l’UE et les pays ACP ; les contraintes et impacts sur nos économies », « la pêche illicite non contrôlée non réglementée ». Cet atelier a vu naître les prémisses d’un regroupement des professionnels de la pêche artisanale d’Afrique. Un appel a été lancé pour aider et organiser les pays qui ne le sont pas encore. 3 En décembre 2008, les organisations professionnelles des trois pays (Sénégal, Mauritanie et Guinée) élargies aux autres pays que sont (la Gambie, le Libéria, la Guinée Bissau, le Ghana, la Sierra Léone et le Togo comme pays observateurs) se sont retrouvés à Conakry autour du thème : « Regarder l’avenir en face : Propositions des communautés de pêche artisanale d’Afrique de l’ouest pour la mise en œuvre d’une pêche durable ». Une des fortes recommandations issues de cette rencontre de Conakry a été la mise sur pied de la confédération des professionnels de la pêche artisanale d’Afrique. 4 En juin 2009 le comité de suivi composé des pays suivants , Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Sierra Leone, Mauritanie et Sénégal , s’est réuni à Dakar pour élaborer une charte , des statuts et règlement intérieur de la confédération africaine des organisations de la pêche artisanale. II Charte Pour une pêche durable et responsable Nous organisations professionnelles de la pêche artisanale en Afrique, nous reconnaissants dans la vision, la mission, les valeurs et principes inscrits dans cette charte, conscients et convaincus que les communautés de pêche artisanale constituent un pilier social et culturel en Afrique, nous nous engageons à veiller au respect de cette charte qui devient notre référence fondamentale pour guider nos orientations stratégiques, nos relations et nos actions. La charte répond à un double objectif : 1 avoir un guide qui permet de baliser les relations de partenariat entre les organisations professionnelles nationales de la pêche artisanale de tout pays membre et les différents ministères et leurs démembrements dans chaque pays, les institutions sous régionales qui s’occupent de la pêche notamment la commission sous régionale de la pêche dans chaque région d’Afrique ou tout autre organisme similaire, les institutions sous régionales telles que la CEDEAO, l’UEMOA, la CEMAC, la commission économique de l’Union Africaine le Nouveau Partenariat pour le Développement Economique de l’Afrique (NEPAD), les institutions nationales et internationales de financement et d’appui au développement de la pêche artisanale notamment celles du système des nations Unies, le secteur privé international et national, Les organisations de la société civile du Sud et du Nord qui appuient le secteur, 2 fixer les orientations et les repères pour surveiller la mission de la Confédération. I.1. Vision Les organisations professionnelles de pêche artisanale en Afrique défendent les intérêts matériels et moraux de leurs membres ; leur légitimité dans ce rôle est reconnue par les gouvernements et les institutions nationales et internationales ; elles s’impliquent dans la définition des politiques pour une pêche responsable et durable qui contribue à la lutte contre la pauvreté mais également pour une meilleure amélioration des conditions de travail des femmes et leur implication dans la prise de décision ; la pêche artisanale est reconnue comme un moteur du développement économique en Afrique et un secteur d’investissement prioritaire pour la sécurité alimentaire et l’emploi des couches vulnérables (femmes et jeunes). I.2. Mission : La CAOPA En relation avec les fédérations nationales, i) travaille avec les gouvernements et les institutions nationales et internationales, à définir et mettre en œuvre des politiques de pêche durable, à prévenir et régler les conflits transfrontaliers, à impulser une dynamique africaine de développement de la pêche et à valoriser la ressource pour le bien être des communautés de la pêche artisanale. ii) fait des efforts soutenables dans la prise en charge de la dimension femme dans la prise de décision et la mise en œuvre des politiques de pêche. iii) appuie les communautés de la pêche artisanale à se développer en les aidant à mieux apprécier les ressources et d’en faire un usage qui garantit la durabilité, à s’impliquer dans la mise en œuvre des politiques de pêche et d’en tirer des retombées bénéfiques, à asseoir un développement des organisations à la base pour défendre leurs intérêts localement, à travailler en synergie pour régler les conflits, à renforcer leurs capacités pour réaliser efficacement la valorisation de ces ressources iv) s’engage à participer à la cogestion, à développer des capacités de propositions et des stratégies de communication pour influencer les politiques de pêche v) capitalise et diffuse les expériences et les leçons tirées des bonnes et des mauvaises pratiques vi) mobilise les ressources nécessaires, à la fois financières et intellectuelles pour appuyer le développement de la confédération africaine de la pêche artisanale vii) devient et reste une force de proposition face aux Etats et à tous les autres partenaires nationaux et internationaux de développement I.3. Fondements, principes et valeurs qui régissent la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de La Pêche Artisanale : Se reconnaissant autour de valeurs communes et de l’intérêt à défendre les intérêts des professionnels de la pêche artisanale : la transparence, l’intégrité, la loyauté, la justice, la responsabilité, la solidarité et la paix, la réelle centralité des acteurs dans la concertation sur la définition et la mise en œuvre des politiques de pêche, La CAOPA adopte les principes suivants I.3.1. Respecter l’éthique non-gouvernementale, apolitique et non confessionnelle et sans but lucratif I.3.2. Reconnaître l’Etat dans ses fonctions régaliennes comme le premier partenaire des organisations des professionnels de la pêche artisanale en Afrique I.3.3. Défendre par tous les moyens légaux les intérêts matériels et moraux de toutes les organisations professionnelles de pêche artisanale membres ou non de la CAOPA I.3.4. Ne jamais travailler ni au détriment des organisations membres ni de la pêche artisanale I.3.5. Prévenir des conflits et contribuer à leur résolution I.3.6. Rester Indépendant dans la réflexion et dans les actes I.3.7. Respecter les engagements contractés I.3.8. Chercher le consensus qui résulte d’un dialogue permanent et constructif entre les professionnels de tous les pays dans le respect des spécificités de chacun I.3.9. S’engager pour le développement à la base des organisations professionnelles de la pêche artisanale I.3.10. Défendre la prise en compte de l’aspect genre en général et de la femme en particulier dans les politiques de pêche I.3.11. Travailler résolument pour l’instauration de pratiques de bonne gouvernance dans toutes les organisations membres I.3.12. S’engager à défendre sous toutes les formes légales une pêche responsable et durable I.3.13. Protéger l’environnement marin et les écosystèmes côtiers contre toute forme de pollution ou dégradation qui porte préjudice à la ressource I.3.14. S’engager à combattre la pêche illicite et les mauvaises pratiques de pêche I.3.15. Collaborer avec la recherche pour utiliser les résultats, intégrer les innovations techniques et technologiques afin de garantir à la génération future un meilleur avenir de la ressource