INTRODUCTION
En mars 1999, le Salon du Livre a été l'occasion pour un certain nombre de
professionnels de l'édition et de la télévision d'exprimer publiquement leurs
inquiétudes face à la réduction de la présence du livre dans les programmes des
chaînes publiques ou privées de notre pays. Ces inquiétudes étaient notamment
exprimées dans un article du Monde en date du 30 mars signé d'éditeurs
particulièrement attachés à la défense de la littérature, tels que Maurice Nadeau et
Paul Otchakovski-Laurens, et d'écrivains de renom, dont certains connaissent bien
pour y travailler le fonctionnement des maisons d'éditions, ainsi Roger Grenier ou
Jean-Marie Laclavetine.
Les mêmes inquiétudes avaient été exprimées, un an plus tôt, par une voix plus
qu'aucune autre autorisée dans le monde de l'audiovisuel, celle de Bernard Pivot.
Dans sa "Remontrance à la ménagère de moins de cinquante ans", il manifestait
avec un humour qui dissimulait mal la gravité de son propos, le pessimisme de son
pronostic quant à l'avenir du type d'émissions qu'il anime depuis plus d'un quart de
siècle.
Dans les deux cas, ce qui était stigmatisé, c'était, d'une part, la disparition
progressive des émissions littéraires qui avaient fleuri en France au cours des vingt
dernières années, d'autre part, la tendance accélérée, liée au poids croissant de
l'audimat dans les décisions des programmateurs, à repousser les émissions qui
survivaient vers des horaires de plus en plus tardifs.
C'est pour répondre à ces préoccupations que Mme Catherine Trautmann a
demandé, dès avril 1999, à l'auteur du présent rapport de mener une "mission
d'étude sur la place du livre et de la lecture dans le secteur audiovisuel, notamment
public"…;"de recenser les obstacles qui peuvent s'opposer à sa plus large présence,
de suggérer les moyens susceptibles de les surmonter", et de lui présenter ses
conclusions à échéance de janvier 2000.
Le rôle joué par le rapporteur dans la création et la mise en place de la Direction
du Livre et de la Lecture et du Centre National du Livre au moment même où naissait
Apostrophes, le regard que pouvait lui donner sur la période qui avait suivi
l'expérience acquise comme administrateur d'institutions culturelles, comme
conseiller culturel, accessoirement comme auteur et traducteur, enfin des séjours
prolongés à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, constituaient autant d'atouts pour
examiner les problèmes soulevés avec un recul suffisant.
En vue de préparer ses conclusions, le rapporteur a interrogé de très nombreux
professionnels du livre, responsables de maisons d'édition, attachés de presse,
représentants du S.N.E., et libraires, les dirigeants des chaînes publiques, à peu près
tous les journalistes responsables d'émissions littéraires, le président du C.S.A., la