d'oublier que, dans l'Apocalypse, les derniers temps sont là, l'éternité de Dieu est présente dans le
temps des hommes. Le vainqueur est déjà un citoyen de la ville sainte de Dieu, la Jérusalem céleste
(Apocalypse 3/12) qui doit devenir la réalité ultime de l'univers.
Cette ville céleste n'est donc pas l'Eglise contemporaine, mais elle en révèle la nature
véritable encore bien masquée aujourd'hui.
C'est la cité où Dieu est présent au milieu des hommes dont il fait des créatures nouvelles.
Ceci peut se dire au présent de la foi comme au futur de l'espérance, parce que l'affirmation dépasse
infiniment et l'expérience qu'on en peut faire et l’attente qu'elle suscite. L'Eglise est ici-bas appelée
à être le signe de cette réalité nouvelle, sans se prendre pour le Royaume, mais aussi sans
s'accommoder de ses imperfections. Elle signifie dès maintenant le monde de Dieu, celui que la
langue des hommes ne sait désigner que comme futur ou céleste.
L'épouse
De l'image de la ville on passe à celle de la femme, suivant en cela une ancienne tradition
prophétique (cf. Ezéchiel 16/11-13). Le contraste avec la prostituée du chapitre 17 devient évident.
Quel est le texte ?
Au verset 3, la matérialité du texte pose deux petits problèmes.
La voix céleste fait écho à Lévitique 26/11-12. Comme ce passage annonce que les fidèles
seront le peuple de Dieu, la tendance naturelle des copistes a dû être de reproduire le singulier. Le
pluriel (ses peuples), attesté par plusieurs manuscrits, a donc toutes chances d'être le texte primitif
qui insistait sur l'universalisme du dessein de Dieu. Les mots suivants posent une question moins
facile : on attendrait quelque chose comme « et lui sera leur Dieu ». Or, cette forme n'apparaît
jamais dans les manuscrits. Ils hésitent entre « et lui sera le Dieu avec eux » et « et lui, le Dieu avec
eux, sera leur Dieu ». On ne peut retrouver à coup sûr le texte original. Tout au plus peut-on
supposer avec une relative certitude qu'il comportait la formule : Dieu avec eux, par laquelle notre
auteur indiquait que la nouvelle relation annoncée entre Dieu et les hommes accomplirait la
prophétie d'Esaïe 7/14 : le fils promis s'appellera Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.
La demeure de Dieu
Littéralement : sa tente. Le mot a perdu tout lien avec l'image première et note seulement
l'idée de résidence, de demeure.
On peut noter que le judaïsme, soucieux de sauvegarder l'absolue transcendance de Dieu,
parle volontiers de la Demeure (Shekina), là où nous dirions : Dieu. Or, entre le mot Shekina et le
grec skènè (la tente), on constate une remarquable parenté phonétique. Si notre auteur a
consciemment joué sur cette allitération (et l'auteur du quatrième évangile l'a fait en Jean 1/14 : la
parole de Dieu a demeuré parmi nous ; Jésus fut la Shekina, c'est-à-dire Dieu présent), la phrase
souligne avec une insistance renouvelée la présence immédiate de Dieu lui-même au milieu des
hommes.
Plus de larmes, de mort, ni de peines
Le thème est repris des prophéties de l'Ancien Testament (Esaïe 25/8, 35/10, 65/16-19). Il est
intéressant de noter que les effets de la présence divine sur la vie des hommes sont présentés
négativement : il ne s'agit pas d'une amélioration de ce que l'on connaît ici-bas, mais d'une création
nouvelle. Cette réalité nouvelle n'est connue que par révélation et seule la foi en peut mesurer la
vérité éternelle.
Les choses anciennes s'en sont allées
On comparera 2 Corinthiens 5/17. Ce que Paul affirme de l'individu est ici dit du monde. La
nouvelle création, dont l'homme est présentement le seul témoin, englobe l'univers entier.