Le caractère international des classifications pose le problème classique de l’universalité
postulée des troubles, qui n’est pas mentionné.
Il est précisé que les symptômes du trouble des conduites selon la CIM-10, au nombre de
23, ne sont ni hiérarchisées ni organisées, mais aucun conséquence n’en est tirée sur le fait
que cette accumulation hétéroclite de symptômes divers ne peut pas permettre un diagnostic
qui ait du sens. S’y entremêlent des éléments d’interprétation très large (les 10 premiers : « est
souvent susceptible ou contrarié par les autres », « est souvent fâché ou rancunier, « s’oppose
souvent activement aux demandes des adultes ou désobéi »….), pour lesquels le rapport à
l’âge pourtant mentionné en introduction n’est pas rappelé, et des éléments plus précis et de
conséquences plus graves (incendie, cambriolages, agressions sexuelles, agressions
physiques, cruauté physique envers des personnes ou des animaux,…).
Les symptômes décrit par le DSM 4 sont plus restrictifs et sont organisés en quatre
catégories distinctes : atteinte à l’intégrité physique d’autrui, atteintes aux biens matériels, vol
et fraude, violations graves des règles.
Les critères diagnostiques ne sont que présentés par les auteurs, sans que soit explicité ce
qui a présidé à leur définition, ce qui est le cas pour toutes ces définitions catégorielles, dont
on ne sait jamais comment elles sont construite. Il est simplement précisé en une phrase
lapidaire, page 8, que « les études sur le terrain ont montré la validité du diagnostique pour
l’enfant d’âge scolaire et pour les adolescents ainsi que sa stabilité ». On ne sait rien de ce qui
est entendu ici par « validité », si ce n’est que la prévalence des troubles est supérieure dans
un échantillon d’enfants (86) adressés en services spécialisés par rapport à celle d’un groupe
d’enfants (50) d’un service de pédiatrie laissant ainsi supposer que la validité de ce diagnostic
(chez les enfant préscolaires) reposerait sur une unique étude comparative sur deux groupes
totalisant une centaine d’enfants.
La question des comorbidités est abordée, et les auteurs se demande au regard de leur
prévalence importante si l’approche catégorielle trouble des conduites, troubles positionnels,
personnalité antisociale a vraiment un sens. Une phrase étrange les fait également se
demander si on peut considérer la personnalité antisociale comme un trouble mental alors
qu’il n’y a pas de traitement, laissant ainsi supposer qu’il n’y aurait de trouble que s’il y a
un traitement, alors que ce diagnostic peut déresponsabiliser le sujet en cas de procès,
faisant ainsi intervenir des considérations juridiques dans la définition d’un trouble
psychiatrique. Il s’agit donc bien là de l’introduction d’une posture morale (doit-on permettre
aux « délinquants » de pouvoir se revendiquer comme des « malades mentaux » et leur donner