devienne jamais un dogme, le Parti, une Eglise, et les responsables politiques des prêtres sacrés, car
alors, la liberté disparaît, l’esprit du socialisme n’est plus, et la dictature s’installe inévitablement.
De même, nous refusons de voir dans le repli nationaliste, fût-il habillé d’oripeaux républicains, la
solution aux défis du moment. Ce “ raidissement ” national-républicain nous paraît aussi dangereux
qu’il peut sembler séduisant par ses rappels à un prétendu “ âge d’or républicain ”. Les conséquences
pratiques de cette pensée nostalgique vont à l’évidence à l’inverse de notre conception du progrès, qui
n’oppose pas l’Europe à la France, l’Etat à la société, ou l’ordre à la justice, et qui surtout ne renonce
pas au clivage droite/gauche.
2) Contre les tentations incantatoires
En faisant échouer, il y a peu de temps, une proposition symbolique de mise à l’étude d’une taxe sur
les mouvements de capitaux au niveau européen, quelques députés européens d’extrème-gauche ont
fait la démonstration par l’absurde de l’impuissance et de l’inutilité en politique. Contre la tentation du
nihilisme et l’impuissance, notre choix est fait : insensibles au romantisme révolutionnaire, nous avons
choisi la voie de la réforme permanente et des avancées concrètes.
De même, dans notre propre camp, un autre travers caricatural menace constamment le mouvement
socialiste : celui du “ gauchisme de congrès ”. Devant la recherche de sens de nombreux militants
politiques, certains s’imaginent que le fait de posséder le discours le “ plus à gauche ”, par l’utilisation
approximative de termes idéologiques mal maîtrisés, est le plus sûr moyen de “ gagner ” des
adhérents à leur cause. Souvent déconnectée de la réalité, toujours opportuniste, cette attitude
“ néo-molletiste ” n’est pas nouvelle dans l’histoire du socialisme français, mais elle s’est toujours
traduite par la trahison des espérances, les désillusions, le cynisme, et enfin la débâcle politique.
3) Contre les tentations libérales
L’arrivée de Tony Blair à la tête de la Grande-Bretagne en mai 1997 était un vrai motif de joie et de
soulagement pour tous ceux qui attendaient la défaite du “ thatcherisme ”, sans doute la pire
incarnation de l’idéologie libérale des années quatre-vingt. D’ailleurs, à certains égards, la politique
menée depuis bientôt trois ans a incontestablement apporté un peu plus de justice dans quelques
domaines, même si elle ne s’attaque pas frontalement aux ravages de l’ultra-libéralisme, notamment
dans les services publics et les politiques sociales. Au-delà des contraintes qui peuvent peser sur son
action nationale, Tony Blair prétend cependant théoriser sa vision particulière de la social-démocratie
comme une “ troisième voie ” entre socialisme et libéralisme, applicable à tout le camp progressiste.
Cette fuite en avant dans un soit-disant modernisme idéologique nous inquiète, car elle semble, par
l’abdication de tout volontarisme politique et de toute velléité de régulation de la puissance publique,
constituer un abandon de la base même du socialisme.
Comment peut-on en effet se prétendre “ moderne ” quand on tient pour secondaires, dans ses
propres fondements politiques, l’accroissement fulgurant des inégalités, l’existence d’intérêts sociaux
parfaitement contradictoires, et l’appropriation croissante du pouvoir réel par les intérêts financiers ?
Comment peut-on se prétendre “ de gauche ”, voire même seulement “ progressiste ”, lorsque l’on ne
tient pas pour prioritaires la redistribution des richesses et le soutien aux plus faibles par des
mécanismes de solidarité collective ? Pour nous, le socialisme démocratique constitue déjà en soi une
troisième voie, un modèle de société à part entière entre un collectivisme autoritaire et un libéralisme
débridé aux conséquences tout aussi anti-démocratiques à nos yeux.
B/ Une fidélité aux fondements du socialisme français
1) Une critique radicale du capitalisme
Il fut une époque (pas si lointaine) ou toute critique faite au système économique actuel était
considéré comme une posture nostalgique de vieux léniniste. Et pourtant… livré à sa toute puissance
depuis la chute du stalinisme, le capitalisme exacerbe des comportements que l’on pensait oubliés
depuis le début du 20ème siècle : dérégulation forcenée, accroissement des inégalités, mépris du
politique… le vieux discours libéral a su se donner une nouvelle jeunesse. Il ne s’agit pas pour nous de