L’invention d’un amour qui ne détruit pas
1. Rê est isolé dans sa toute-puissance
2. Il est incapable de partager la connaissance que lui confère son Nom
3. Isis est éprise d’amour pour Rê
4. Elle désire partager la connaissance que lui confère son Nom
5. Elle imagine de créer un manque de connaissance chez lui, là où la rencontre est
possible
6. Créer un manque de connaissance, c’est d’une certaine façon introduire la mort chez
l’autre
7. Pour cela, on peut dire qu’elle invente l’écriture en façonnant un serpent intérieur
8. Ce serpent intérieur ou l’écriture introduit le manque chez l’autre
9. La parole aura pour rôle de dire l’écriture c’est-à-dire le manque : son propre manque
et le manque de l’autre
10. Au-delà de l’écriture, la parole engage dans une relation, c’est-à-dire un échange de
manque
11. En mordant Rê, le serpent inscrit en lui le manque d’Isis
12. Ce manque suscite le désir
13. En même temps, il introduit dans le désir un poison, qui renvoie à la mort et suscite la
confusion et la souffrance
14. Tout le problème est de sortir d’un tel danger
15. Pour éliminer la confusion et la souffrance, il convient que chacun entre dans la parole
en donnant son nom
16. L’individu pourra revivre en étant appelé par son nom
17. Ce qui constitue le poison, c’est que le manque de l’autre s’enferme sur lui-même ;
c’est donc aussi que l’écriture s’enferme sur elle-même
18. Pour sortir d’elle-même, l’écriture doit se transformer en parole : autrement dit la
parole doit dire ce qui manque à l’autre
19. Cela revient à entrer dans un don réciproque de soi, mais dans une relation d’amour
particulière, qui implique non seulement la parole mais aussi le secret : il faut dire son
nom et, en même temps, révéler ce que ce nom a d’indicible et de sacré