Vannerie Balayer Laver Récurer Emballer Jouer Rouvet Jonc Saule

La société traditionnelle ne néglige aucun
végétal susceptible de contribuer aux
techniques, de répondre aux nécessités de la
maison en matière d’objets, de nettoyage
ou d’entretien.
Vannerie
Dans les collines, on substitue à l’osier des arbrisseaux à
rameaux souples : noisetier, rouvet (Osyris alba), viorne lantane
(tatine), cornouiller sanguin, clématite, et même amélanchier.
À la culture du seigle, céréale à tige longue et robuste, est
associée la technique des paillouses, vanneries en torsades
de paille ligaturées et assemblées avec de l’écorce de ronce
débarrassée de ses épines.
Vannier sur le marché de Forcalquier.
Balayer
Sur les sols acides, la bruyère à balais abonde ; on l’exploitait
çà et là en grand : Marseille importait des milliers de balais de
la région de Valsaintes/Revest-des-Brousses (ce dernier nom
signifiant “bruyère”).
La fabrication de balais de bruyère (Erica scoparia) est une activité profes-
sionnelle restée vivace.
Laver
«On faisait la lessive quatre fois par an.
On choisissait le moment, ni pendant les
asperges, ni pendant les cerises, ni pendant
les raisins, ça durait trois-quatre jours.
On utilisait la cendre de bois, le savon
c’était pour décrasser. On avait une caisse
à lessive... C’était des draps en lin ou en
chanvre. C’était frais l’été, un peu raide.
Le jour de la lessive, la tante de Cavaillon
venait. On pompait 100 litres d’eau,
on faisait d’abord le lessif, la cendre de bois
dans une grande cuve. On mettait la
cendre des sarments ou de chêne ...
On la tamisait, on la mettait dans un
cendrat pour qu’elle se conserve bien.
On mettait la cendre, un drap plié, un
autre drap, de la cendre. Pendant un jour,
on faisait bouillir de l’eau et on versait
dessus. On récupérait l’eau qui était passée,
on la refaisait bouillir et on la reversait
dessus. On appelait ça «couler la lessive».
Le lendemain, on défaisait et avec le savon
et un battoir, on le lavait, le rinçait et on
les mettait sur les cordes de lessive, qui ne
servaient qu’à ça ...»
[Témoignage de M. I., Les Taillades, enquête Magali Amir 1994-95]
Pour faire la lessive, on employait aussi la saponaire (Sapona-
ria officinalis). Cette plante commune des sols fertiles et frais,
riche en saponines mousse par brassage dans l’eau.
Récurer
La prêle rameuse est une plante abrasive que l’on employait en
“tampons” pour le nettoyage et le polissage des ustensiles mé-
talliques (couverts, récipients étamés, lames de couteaux, ...)
On se servait aussi de la pariétaire, connue depuis l’antiquité,
pour son aptitude à récurer les récipients en verre — d’où les
vieux noms de vitriola, vitréole, herbe à verre, ...
Emballer
En région méditerranéenne, on s’est surtout servi pour embal-
ler les aliments des feuilles du figuier, du platane, de la vigne ou
de la bardane. Les feuilles de châtaignier ont remplacé au XIXe
siècle celles de la vigne pour “plier” les fromages de Banon,
pratique devenue la caractéristique commerciale de ce produit
aujourd’hui labellisé.
Jouer
La flore sauvage propose aux enfants de nombreuses idées de
jeux et d’instruments de musique.
On fabrique ses propres jouets sur le chemin de l’école ou avec
ses grands-parents.
Il y a des tours de main associés, certains très subtils, qui d’une
certaine façon préparent aux savoirs artisanaux de l’adulte.
«Avec la clématite, on faisait
des couronnes, des ceintures et des voiles
de mariées, quand on était gamines,
en gardant les chèvres.»
[témoignages de Mmes A. et C., Forcalquier; enquête É.P.I., années 1980]
Plantes d’emploi domestique
et artisanal, jeux d’enfants
Rouvet Jonc Saule Noisetier Cornouiller
Poupée en coquelicot
Tampon à récurer en Prêle rameuse (Equisetum ramosissimum)
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