Plantes d’emploi domestique et artisanal, jeux d’enfants La société traditionnelle ne néglige aucun végétal susceptible de contribuer aux techniques, de répondre aux nécessités de la maison en matière d’objets, de nettoyage ou d’entretien. Balayer Récurer Sur les sols acides, la bruyère à balais abonde ; on l’exploitait çà et là en grand : Marseille importait des milliers de balais de la région de Valsaintes/Revest-des-Brousses (ce dernier nom signifiant “bruyère”). La prêle rameuse est une plante abrasive que l’on employait en “tampons” pour le nettoyage et le polissage des ustensiles métalliques (couverts, récipients étamés, lames de couteaux, ...) Vannerie Dans les collines, on substitue à l’osier des arbrisseaux à rameaux souples : noisetier, rouvet (Osyris alba), viorne lantane (tatine), cornouiller sanguin, clématite, et même amélanchier. Tampon à récurer en Prêle rameuse (Equisetum ramosissimum) On se servait aussi de la pariétaire, connue depuis l’antiquité, pour son aptitude à récurer les récipients en verre — d’où les vieux noms de vitriola, vitréole, herbe à verre, ... La fabrication de balais de bruyère (Erica scoparia) est une activité professionnelle restée vivace. À la culture du seigle, céréale à tige longue et robuste, est associée la technique des paillouses, vanneries en torsades de paille ligaturées et assemblées avec de l’écorce de ronce débarrassée de ses épines. Vannier sur le marché de Forcalquier. Laver «On faisait la lessive quatre fois par an. On choisissait le moment, ni pendant les asperges, ni pendant les cerises, ni pendant les raisins, ça durait trois-quatre jours. Emballer En région méditerranéenne, on s’est surtout servi pour emballer les aliments des feuilles du figuier, du platane, de la vigne ou de la bardane. Les feuilles de châtaignier ont remplacé au XIXe siècle celles de la vigne pour “plier” les fromages de Banon, pratique devenue la caractéristique commerciale de ce produit aujourd’hui labellisé. On utilisait la cendre de bois, le savon c’était pour décrasser. On avait une caisse à lessive... C’était des draps en lin ou en chanvre. C’était frais l’été, un peu raide. Le jour de la lessive, la tante de Cavaillon venait. On pompait 100 litres d’eau, on faisait d’abord le lessif, la cendre de bois dans une grande cuve. On mettait la cendre des sarments ou de chêne ... On la tamisait, on la mettait dans un cendrat pour qu’elle se conserve bien. On mettait la cendre, un drap plié, un autre drap, de la cendre. Pendant un jour, on faisait bouillir de l’eau et on versait dessus. On récupérait l’eau qui était passée, on la refaisait bouillir et on la reversait dessus. On appelait ça «couler la lessive». Le lendemain, on défaisait et avec le savon et un battoir, on le lavait, le rinçait et on les mettait sur les cordes de lessive, qui ne servaient qu’à ça ...» Jouer La flore sauvage propose aux enfants de nombreuses idées de jeux et d’instruments de musique. On fabrique ses propres jouets sur le chemin de l’école ou avec ses grands-parents. Il y a des tours de main associés, certains très subtils, qui d’une certaine façon préparent aux savoirs artisanaux de l’adulte. «Avec la clématite, on faisait des couronnes, des ceintures et des voiles de mariées, quand on était gamines, en gardant les chèvres.» [témoignages de Mmes A. et C., Forcalquier; enquête É.P.I., années 1980] [Témoignage de M. I., Les Taillades, enquête Magali Amir 1994-95] Pour faire la lessive, on employait aussi la saponaire (Saponaria officinalis). Cette plante commune des sols fertiles et frais, riche en saponines mousse par brassage dans l’eau. Rouvet Jonc Saule Poupée en coquelicot Noisetier Cornouiller