LAUREA TRIENNALE SEMINAIRE 28 MARS 2017- ARTICLE 2 Prof.ssa C.Boccuzzi - Dott.ssa C.Collomb Les nouvelles astuces pour vendre plus « vert » Après plusieurs années de repli, ces pratiques qui lavent plus vert sont de retour et ont su se faire une place de choix dans les stratégies commerciales et publicitaires des marques et des entreprises. Ces stratégies visant à verdir les produits sont tout particulièrement utilisées dans le design des produits, l’emballage ou encore les arguments publicitaires. Petit tour d’horizon. Du vert ou du bleu Première astuce cosmétique, il suffit de changer l’emballage de votre produit en adoptant les couleurs qui sont le plus souvent associées au développement durable, soit le vert et le bleu. Le vert est une couleur de choix, passée de couleur honnie au théâtre à celle universellement associée à l’écologie. D’un point de vue sémiotique, il ne s’agit que d’un changement d’apparence : pas besoin de modifier le fond et donc les pratiques, même si vous pouvez accompagner ce glissement par quelques messages ciblés. Par exemple, changez votre logo, mettez quelques salades au menu, et vous passerez du statut du champion de la malbouffe à celui d’échanson (Officier qui était chargé de verser à boire à un dieu, à un roi ou à un seigneur) de la consommation responsable. La touche de vert peut être minime : dans le greenwashing, pas besoin d’en faire beaucoup pour s’en vanter un maximum. Attention cependant à ne pas abuser des mots « verts » ou « éco » car la sanction peut s’abattre sous la forme d’un buzz négatif, comme ce fut le cas pour Henkel avec sa lessive Le Chat. Accusé de "greenwashing" en 2009, la lessive Le Chat (Henkel) revient avec sa campagne "ECO Efficacité". Qu’est-ce qui a changé en quatre ans? Petit voyage dans la pré-histoire des bad buzz. En 2009, la marque de lessive Le Chat est épinglée par l’association WWF. L’organisme avait créé à l’époque son observatoire de la publicité afin de dénoncer les marques qui avait fait de l’écologie un argument marketing sans fondement. Avec son packaging vert, son slogan "l’écologie c’est le moment d’en parler moins, d’en faire plus", son plan baptisé "ECO Efficacité" et son descriptif produit "tensio-actif d’origine végétale et 100% biodégradable"... Le Chat avait éveillé les soupçons de l’observatoire. La démarche du lessivier était-elle vraiment éco-responsable? Or après vérification, l’Observatoire avait rendu un rapport au vitriol: Pas de label officiel, des icônes qui pouvaient semer le trouble dans la tête du consommateur et donc une utilisation abusive du mot "écologie". D’emblée, une question: comment Le Chat a-t-il pu lancer une campagne axée sur l’écologie sans disposer de label adéquat? La réponse -comme LSA (Libre Service Actualités est un magazine hebdomadaire professionnel consacré à l’actualité et à l’analyse des tendances du commerce, de la grande distribution et de la consommation) le révélait l’année dernière- vient d’un malentendu entre le siège allemand d’Henkel et la filiale française. En Allemagne en effet, nul besoin de disposer d’un label lorsqu’on utilise l’écologie dans le marketing. Ce qui n’est pas dans la culture hexagonale: "Le consommateur français a besoin d’être rassuré", explique Jean-Baptise Santoul, directeur général France de la branche détergent chez Henkel. Résultat: même si Le Chat a été la première marque à produire une lessive sans phosphate, le consommateur français ne se contente pas de cette allégation. Il veut le tampon d’un organisme indépendant. Pourquoi la filiale française ne l’a pas obtenu? Manque de temps? Refus de l’Allemagne de financer un label dont il ne voyait pas l’utilité? Difficile à dire. En tout cas, la marque s’en est mordu les doigts. De nombreuses associations ont orchestré à l’époque une campagne de dénigrement, une plainte a été déposée devant le jury de déontologie de la publicité et Le Chat a dû à plusieurs reprises revoir sa campagne (orchestrant au passage des frais sans doute supérieurs à l’obtention du label...). Le Chat mettra près de cinq ans à se remettre de son erreur de jugement. Car ce printemps la marque revient en communication avec sa gamme "ECO Efficacité". Mais cette fois Henkel y a mis les formes. . D’abord la lessive en question a décroché depuis son fameux sésame: l’Ecolabel. Ce label écologique européen garantit "l’aptitude à l’usage des produits et services, et une réduction de leurs impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie". Là dessus, Le Chat n’est plus attaquable. D’autant qu’il a, au passage, mis de l’eau dans son slogan. Fini "l’écologie c’est le moment d’en parler moins et d’en faire plus" qui prêtait le flan à la critique, place à un message plus vague, moins engageant: "Eco efficacité: une lessive plus verte qui lave bien blanc." Après tout la lessive et le packaging sont bien de couleur verte. Enfin pour appuyer sa démarche et pour passer du mauvais au bon buzz, Le Chat a lancé une page Facebook qui compte déjà plus de 5000 fans et le site Lavonsmieux.com. Au programme: conseils d’experts, petites astuces pour améliorer sa lessive et une série de sketches sympas baptisée "Brèves de hublot".* Au final en cinq ans, Le Chat n’a pas fait évoluer son produit mais a changé d’époque pour son marketing. Le temps des allégations est terminé, le consommateur veut désormais la preuve de ce qu’avance une marque et c’est le label qui la lui fournit. Le tout joliment empaqueté avec un site internet bien fait et des sketches sympas. Une belle leçon de marketing de proximité01: *Voir vidéo