Or après vérification, l’Observatoire avait rendu un rapport au vitriol: Pas de label officiel, des
icônes qui pouvaient semer le trouble dans la tête du consommateur et donc une utilisation
abusive du mot "écologie".
D’emblée, une question: comment Le Chat a-t-il pu lancer une campagne axée sur l’écologie
sans disposer de label adéquat? La réponse -comme LSA (Libre Service Actualités est un magazine
hebdomadaire professionnel consacré à l’actualité et à l’analyse des tendances du commerce, de la grande
distribution et de la consommation) le révélait l’année dernière- vient d’un malentendu entre le siège
allemand d’Henkel et la filiale française. En Allemagne en effet, nul besoin de disposer d’un
label lorsqu’on utilise l’écologie dans le marketing. Ce qui n’est pas dans la culture
hexagonale: "Le consommateur français a besoin d’être rassuré", explique Jean-Baptise
Santoul, directeur général France de la branche détergent chez Henkel.
Résultat: même si Le Chat a été la première marque à produire une lessive sans phosphate, le
consommateur français ne se contente pas de cette allégation. Il veut le tampon d’un organisme
indépendant. Pourquoi la filiale française ne l’a pas obtenu? Manque de temps? Refus de
l’Allemagne de financer un label dont il ne voyait pas l’utilité? Difficile à dire. En tout cas, la
marque s’en est mordu les doigts. De nombreuses associations ont orchestré à l’époque une
campagne de dénigrement, une plainte a été déposée devant le jury de déontologie de la
publicité et Le Chat a dû à plusieurs reprises revoir sa campagne (orchestrant au passage des
frais sans doute supérieurs à l’obtention du label...).
Le Chat mettra près de cinq ans à se remettre de son erreur de jugement. Car ce printemps la
marque revient en communication avec sa gamme "ECO Efficacité". Mais cette fois Henkel y a
mis les formes.
.
D’abord la lessive en question a décroché depuis son fameux sésame: l’Ecolabel. Ce label
écologique européen garantit "l’aptitude à l’usage des produits et services, et une réduction de
leurs impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie". Là dessus, Le Chat n’est
plus attaquable.
D’autant qu’il a, au passage, mis de l’eau dans son slogan. Fini "l’écologie c’est le moment
d’en parler moins et d’en faire plus" qui prêtait le flan à la critique, place à un message plus
vague, moins engageant: "Eco efficacité: une lessive plus verte qui lave bien blanc." Après tout
la lessive et le packaging sont bien de couleur verte.
Enfin pour appuyer sa démarche et pour passer du mauvais au bon buzz, Le Chat a lancé une
page Facebook qui compte déjà plus de 5000 fans et le site Lavonsmieux.com. Au programme:
conseils d’experts, petites astuces pour améliorer sa lessive et une série de sketches sympas
baptisée "Brèves de hublot".*
Au final en cinq ans, Le Chat n’a pas fait évoluer son produit mais a changé d’époque pour son
marketing. Le temps des allégations est terminé, le consommateur veut désormais la preuve de
ce qu’avance une marque et c’est le label qui la lui fournit. Le tout joliment empaqueté avec un
site internet bien fait et des sketches sympas. Une belle leçon de marketing de proximité01:
*Voir vidéo
!