8N°140 - Tome 15 - décembre 2010 - RéfleXions Ophtalmologiques
Introduction
L’examen d’une cavité orbitaire se réalise le plus souvent chez un patient n’ayant
plus son globe oculaire . Ce peut être le cas chez un enfant en cas d’anophtalmie
congénitale, heureusement de plus en plus rare ou de microphtalmie sévère. Chez
l’adulte, c’est souvent le cas après énucléation ou éviscération suite à une phtise
ou à une perte fonctionnelle du globe oculaire par traumatisme, radiothérapie ou
encore tumeur de l’uvée. Cet examen peut montrer une cavité normale ou une
cavité rétractée : le « post enucleation socket syndrome » associant une énophtalmie,
des malpositions palpébrales avec une rétraction ou une contraction de la cavité,
rétraction conjonctivale qui réduit l’espace rétropalpébral. Avant d’envisager
l’examen d’une cavité, quelques aspects physiopathologiques doivent être précisés.
La cavité anophtalme
Une énucléation retire environ 6mm3de tissu(1) ; ce déficit volumique sera remplacé
en partie par l’implant orbitaire et la prothèse qui ensemble atteignent jusqu’à
6ml mais souvent moins. Pour Soll(2,3) l’événement le plus important après la
chirurgie est la survenue d’une atrophie de la graisse orbitaire probablement en
rapport avec une réduction du flux artériel à l’intérieur de la cavité. Il a également
remarqué que chez l’animal l’ablation de l’œil induit un déplacement inférieur du
contenu orbitaire. Pour Kronish(4) il n’y a pas de modification du flux vasculaire mais
une augmentation du tissu fibreux et cicatriciel avec une rétraction secondaire.
Des études radiographiques en scanner ont récemment montré une rotation vers
le bas du contenu orbitaire. Toutes ces modifications vont introduire plusieurs
problèmes : l’énophtalmie, la migration de la prothèse, la rétraction du cul de sac
supérieur avec « un coup de hache » et un creux palpébral supérieur, un ptosis ou
une rétraction de la paupière supérieure, un ectropion ou un entropion de la
paupière inférieure.
En cas de rétraction de cavité, celle-ci peut être totale ou relative avec ou sans
énophtalmie. Après l’énucléation, le déficit volumique s’accompagne d’une
réduction de la profondeur des culs de sac conjonctivaux. La contraction des
muscles extra-oculaires attire le sac conjonctival vers le bas et l’espace pour la
prothèse décroît, ce qui aboutit à une mauvaise tolérance de la prothèse par le
patient.
Plusieurs facteurs prédisposent à la contraction et à la rétraction de la cavité :
les antécédents de traumatisme ou de brûlure, de radiothérapie, de maladie
Alain Ducasse - CHR de REIMS
LES CAVITÉS
LES CAVITÉS
Dossier
résumé
L’examen d’une cavité anophtalme a
pour but de vérifier, le plus souvent après
énucléation ou éviscération, la tolérance
de l’implant qui a été posé, la tolérance
et la mobilité de la prothèse, l’absence
de rétraction de la cavité. Il faudra donc
insister sur l’examen du patient avec sa
prothèse et sans sa prothèse, l’examen
de la prothèse elle-même, l’examen de
l’implant à l’intérieur de la cavité ; existe-
t’il une extrusion ou non ? l’examen de la
profondeur des culs de sac
conjonctivaux qui conditionnent la
tolérance de la prothèse et également
rechercher des anomalies palpébrales :
un creux supra-tarsal marqué, un
ectropion, un entropion de la paupière
inférieure. Au terme de l’examen, on
pourra classer la cavité comme normale
ou rétractée et à l’intérieur des cavités
rétractées il existe plusieurs stades allant
de formes mineures à de formes graves.
Ce bilan clinique pourra être complété
dans un certain nombre de cas par une
imagerie, en particulier une résonance
magnétique nucléaire à la recherche de
la vascularisation de l’implant. Au terme
de cet examen clinique et radiologique,
l’état précis de la cavité pourra être
déterminé et les décisions
thérapeutiques adaptées.
mots-clés
Cavité orbitaire
Implant intra-ténonien
Enucléation
Eviscération
Rétraction de cavité
Examen clinique des cavités orbitaires