programme-journee-rousseau

publicité
Le PHARE organise une journée d’étude
« ROUSSEAU : ECONOMIE ET PHILOSOPHIE »
le samedi 4 juin 2005
à la Maison des Sciences économiques. 6ème étage.
Programme
10h00 : Claire PIGNOL (économiste, université de Paris I) : Y a-t-il pour Rousseau une
bonne division du travail ?
10h45 : Céline SPECTOR (philosophe, université de Bordeaux III) : Rousseau : éthique
et économie.
11h30 : pause
12h00 : Arnaud BERTHOUD (économiste, université de Lille I) : La notion de travail
dans l’Emile.
12h45 : déjeuner
14h30 : Elena PULCINI (philosophe, université de Florence) : « Passions de l'utile,
passions du Moi. Rousseau et les pathologies de l'individu moderne »
15h15 : Jimena HURTADO : (économiste, université de Los Andes, Bogota) :
« Rousseau, les lois naturelles et l’art du gouvernement : l'économie politique comme
‘art des exceptions’ »
16h00 : pause
16h30 : Catherine LARRERE (philosophe, université de Paris I) : Pourquoi en veut-on à
Rousseau de n’être pas économiste ?
17h15 : Table ronde
18h30 : Cocktail
Organisation
Claire Pignol ([email protected]). Dorothée Picon ([email protected])
PHARE – Pôle d’Histoire de l’Analyse et des Représentations Economiques
Maison des Sciences Economiques, 106-112 boulevard de l’Hôpital
75013 Paris. (métro Campo-Formio)
Présentation
« Travail et richesses, besoins et désirs, luxe, commerce, argent » : Rousseau partage
avec la théorie économique – de son époque et de la nôtre – un vocabulaire qui témoigne de
préoccupations communes. Comme les économistes, il recherche les conditions qui
permettraient de concilier bonheur des individus et prospérité de l’État.
Pourtant, entre l’œuvre de Rousseau et la théorie économique, le dialogue est difficile
à établir. D’abord du fait de la méfiance de Rousseau à l’égard de l’économie et des
économistes qui lui sont contemporains, avec lesquels il est manifestement peu désireux
d’entrer en discussion. A cette méfiance correspond chez les économistes une indifférence
aux analyses de Rousseau : aujourd’hui encore, à l’exception notable de Bertil Friden pour qui
l’œuvre économique de Rousseau annonce les analyses de Sen ou d’Akerlof, Rousseau suscite
davantage l’intérêt des philosophes qui s’intéressent à l’économie que des économistes euxmêmes. Cette difficulté à faire dialoguer aujourd’hui la pensée de Rousseau avec la théorie
économique est évidemment redoublée par le fait que les débats économiques, à l’époque où
Rousseau écrit, ne s’expriment pas dans un cadre théorique unifié. Ses objections aux thèses
des mercantilistes, des physiocrates ou des défenseurs du luxe, sont souvent difficilement
intelligibles dans le cadre de la pensée économique - classique puis néo-classique - qui,
depuis, s’est élaborée.
L’hypothèse de cette journée d’étude est qu’un tel dialogue entre Rousseau et la théorie
économique peut s’établir à travers une confrontation entre économistes et philosophes, à
partir d’une interrogation sur la nature de la critique que Rousseau adresse à l’économie et
aux économistes. Cette critique est double, puisque Rousseau s’oppose à la fois à des faits (le
développement du commerce et de l’échange monétaire) et aux discours des économistes sur
ces faits ; elle soulève au moins deux séries de questions.
La première porte sur la définition, selon Rousseau, d’une « bonne économie » : son
hostilité au développement de l’échange monétaire, sa préférence affichée en faveur de
l’autarcie, s’accompagnent-elles d’un projet d’organisation alternative des relations
économiques ? Le modèle de Robinson proposé à Émile ou l’économie domestique de
Clarens doivent-ils par exemple être compris comme des alternatives à l’économie
marchande ? ou bien l’économie domestique et l’économie politique - conçue comme
l’administration du gouvernement - relèvent-elles de questions et d’analyses différentes ?
La seconde concerne la nature du discours de Rousseau sur l’économie : son
opposition aux économistes relève-t-elle d’une conception archaïque des relations sociales ?
son œuvre se borne-t-elle à témoigner de la permanence d’une tradition philosophique, qu’elle
soit d’origine platonicienne ou aristotélicienne, qui voit dans l’économie une menace pour la
vie politique ? Ou bien, tenant compte des transformations des relations économiques, ajoutet-elle à cette tradition des éléments nouveaux ? Sa critique des relations marchandes en
annonce-t-elle d’autres, comme par exemple celle de Marx ?
Parce que les idées économiques de Rousseau prennent leur origine dans une
anthropologie concurrente de celle de la théorie économique, leur examen ne doit pas se
réduire à l’étude du Discours sur l’économie politique, mais peut, au contraire, intégrer non
seulement les œuvres politiques et l’Émile, mais aussi les œuvres romanesques et
autobiographiques. La comparaison avec d’autres auteurs, qu’ils lui soient antérieurs,
contemporains ou postérieurs, sera bienvenue. L’hypothèse que nous formons est que cette
démarche favorise l’expression d’idées aujourd’hui exclues de la problématique imposée par
la théorie économique. Une meilleure compréhension des motifs du rejet qu’exprime
Rousseau à l’égard de l’économie et des économistes pourrait alors nous éclairer sur les
présupposés implicites de la théorie économique.
Téléchargement