SUISSE
À la charnière de l’Europe occidentale et de l’Europe centrale, dispersant ses eaux vers
l’Adriatique, la mer du Nord et la mer Noire, la Suisse multiplie les contrastes géographiques.
État continental enclavé, elle est cependant très largement ouverte aux courants du trafic
international dont elle contrôle les principaux cols et tunnels. Pays essentiellement
montagnard, jurassien et alpin, c’est dans le Moyen Pays des plateaux et collines qu’elle
concentre la majorité de son potentiel économique et humain. À son étendue territoriale
modeste répondent la densité de son peuplement, la variété de ses terroirs où l’agriculture
se mêle à l’industrie. L’expansion contemporaine ajoute au pluralisme des langues et des
cultures la présence d’une très nombreuse main-d’œuvre étrangère. Le portrait
géographique de la Suisse résulte d’une superposition de traits qui se recouvrent sans
coïncider: le cadre physique des grands ensembles naturels; les zones d’influence des
métropoles; les particularismes des groupes ethniques alémanique, romanche, tessinois et
romand. Dans cette synthèse de composantes, la nature a délimité vigoureusement des
espaces, édicté des contraintes, dégagé des aptitudes, mais en nul autre pays européen la
marque du travail des hommes n’est davantage présente dans les paysages.
«Démocratie témoin» à valeur exemplaire pour les uns (A. Siegfried), accident paradoxal
de l’histoire, cristallisé dans des structures «archaïques», pour d’autres (Herbert Lüthy), la
Confédération helvétique fait cohabiter, dans un État de droit, trois grandes ethnies
européennes. Dotée, depuis 1815, d’un statut international de neutralité armée, se tenant à
l’écart des blocs politiques qui divisent les nations, la Suisse est pourtant activement
présente dans le monde contemporain. Terrain de rencontre, par les organisations
internationales qu’elle accueille, refuge de capitaux, elle donne l’image d’un îlot de paix et de
sécurité abritant un «peuple heureux» (Denis de Rougemont). C’est l’aboutissement d’un
destin historique dont l’originalité prend corps au Moyen Âge. Jusque-là, en effet, la Suisse
partage le sort commun de l’Europe centre-occidentale, à la charnière des mondes
gallo-romain et germanique. Cependant, l’émiettement féodal, au lieu de se résorber devant
la montée des grandes monarchies continentales, réussit à survivre, sous la forme d’une
association de cantons souverains. À la fin du XIIIe siècle, autour des communautés
forestières et pastorales qui commandent les cols des Alpes centrales, naît le mouvement
d’émancipation de la tutelle des Habsbourg. Des solidarités politiques et économiques se
nouent entre montagne et bas pays, entre villes et campagnes, et le noyau initial des huit
cantons s’agrandit et se consolide au cours des luttes contre les maisons d’Autriche et de
Bourgogne. À l’aube des Temps modernes, les guerres d’Italie permettent, non sans
dissensions internes, une nouvelle extension, dans le cadre de la Confédération des treize
cantons. La Suisse survit à la crise de la Réforme qui ajoute le clivage des religions à la
diversité des idiomes et des souverainetés. Dès cette époque, elle est constituée dans ses
traits essentiels: désengagement des conflits armés européens, affirmation de la neutralité,
élaboration d’une forme de souveraineté qui lui permettra de ne pas être affectée par les
idées forces qui modèlent lentement l’Europe, avec le centralisme étatique et le principe des
nationalités. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont une ère de paix et de prospérité fondée sur les
revenus du service militaire à l’étranger et sur l’essor d’une première industrialisation. Des
oligarchies patriciennes gouvernent les cantons, avec un esprit de conservatisme
paternaliste où les élites pratiquent un large cosmopolitisme financier et culturel. La
Révolution française passe sur la Suisse sans en bouleverser durablement les structures.
L’action des jacobins locaux aboutit, en 1798, à l’occupation française et à une
réorganisation autoritaire de la République helvétique unitaire sous l’hégémonie du
Directoire. Mais, dès 1803, Bonaparte, par l’Acte de médiation, rétablit une Confédération de
dix-neuf cantons. La Restauration de 1815 attribue à la Suisse ses frontières actuelles, lui
garantit sa neutralité et un nouveau Pacte fédéral. Mais la bourgeoisie, qui désire la
modernisation politique et économique du Corps helvétique, suscite, à partir de 1830, une
agitation libérale qui, en 1845-1846, porte au pouvoir les radicaux. La guerre civile du
Sonderbund (1847) voit se briser l’ultime sursaut des forces conservatrices. Les radicaux,
vainqueurs, donnent à la Confédération une constitution démocratique et renforcent le lien
fédéral. Ils demeurent au pouvoir, sans partage, jusqu’en 1919, puis gouvernent avec les
partis conservateur et paysan. La Confédération reste à l’écart des deux grands conflits
mondiaux et, après l’expérience de sa participation à la Société des nations, elle revient à sa
vocation d’une neutralité «instrumentale», de truchement entre les peuples. Tandis que la
«seconde révolution industrielle», née de la houille blanche, suscite une forte expansion
économique, la Suisse, en dépit de l’extension croissante des compétences du pouvoir
fédéral, reste très attachée au pluralisme des petites démocraties cantonales.
Les institutions politiques suisses se caractérisent par une grande stabilité, d’autant plus
étonnante qu’elles régissent une société fortement fragmentée et diversifiée. Au carrefour
des trois cultures européennes, la Suisse porte la marque des clivages linguistiques: aux
trois langues, l’allemand, le français et l’italien, s’est ajoutée une quatrième, reconnue bien
que mineure, le romanche. À l’exemple des langues, les clivages religieux traversent les
frontières cantonales en s’interpénétrant. La Suisse est aussi exposée aux clivages
politiques: il y a une douzaine de partis dans le pays. Cette image devient bien plus
complexe si l’on y introduit la disparité économique et les différences d’attitudes d’un canton
à l’autre. Dans ces conditions, l’établissement et le maintien du lien confédéral ne pouvaient
se réaliser que dans le respect des diversités que garantit le fédéralisme.
La naissance lente et parfois agitée du canton du Jura depuis la création du
Rassemblement jurassien en 1947 jusqu’à l’adoption par le peuple suisse du référendum
constitutionnel révisant les articles 1er et 80 de la Constitution fédérale et consacrant le
vingt-sixième canton suisse illustre la mise en œuvre des principes du fédéralisme:
séparation du Jura du canton de Berne auquel il avait été rattaché en 1815, création d’un
nouveau canton, qui, à l’instar des autres, se dote d’une Constitution (3 févr. 1977), d’un
Parlement (Grand Conseil) de soixante membres et d’un gouvernement (Conseil d’État) de
cinq membres élus au scrutin populaire direct. Ainsi, la Confédération compte désormais
vingt cantons et six demi-cantons.
1. Géographie
La nature helvétique et la vie rurale
Avec 41 107 kilomètres carrés, la Suisse est un État exigu, qui s’inscrit dans un rectangle de
350 kilomètres sur 200. L’architecture de son relief s’articule en trois grands ensembles: le
Jura, les Alpes et le Moyen Pays.
Le Jura
Le secteur jurassien, étendu de la Dôle, à la hauteur du Léman, jusqu’au chaînon des
Lägern, au nord-ouest de Zurich, occupe 10 p. 100 de la superficie totale, mais il abrite près
de 14 p. 100 de la population du pays contre 11,9 p. 100 en 1850. Cette région a donc pour
originalité d’échapper au déclin démographique affectant, en général, la montagne
européenne. Le Jura suisse comporte deux zones très différentes. Au sud-ouest de la ligne
Moutier-Olten, par le Noirmont, on a une série de plis serrés, tombant abruptement sur le
Moyen Pays, résultat d’une tectonique souple, où s’étirent des vals et des anticlinaux
calcaires parallèles, culminant à plus de 1 600 mètres. Au nord-est, l’épaisseur moindre des
sédiments et la proximité du socle hercynien sont responsables d’une tectonique cassante.
Le plissement s’amortit en un Jura tabulaire, brisé de failles, troué de bassins, parcouru d’un
dédale de cluses. Dans l’ensemble, c’est une barrière qu’échancrent de rares passages,
vers la Franche-Comté (cols de Jougne, de Saint-Cergue, «Porte de France», au droit de
Neuchâtel) et vers le sillon de l’Aar. Le climat de moyenne montagne océanique est
beaucoup plus rude que ne le voudrait l’altitude, très humide, avec des étés frais, des hivers
enneigés (la Brévine se pare de la dénomination de «Sibérie neuchâteloise»). La présence
des marnes limite l’infiltration des eaux et les phénomènes karstiques et favorise la
végétation. Celle-ci comprend un étage forestier de conifères et de feuillus, avec une
pelouse alpine sur les sommets. Le milieu est peu favorable aux cultures, qui ont très
fortement régressé. Les villages aux maisons massives, bien défendues contre le froid,
vivent de l’élevage et de l’exploitation du bois, mais surtout de la mécanique et de
l’horlogerie qui animent les bourgs étirés dans les vals. À l’orée de la plaine d’Alsace, Bâle,
métropole excentrée et enserrée dans un étroit territoire, est la porte rhénane de la
Confédération.
Les Alpes
Échafaudage géologique extrêmement complexe, le monde alpin couvre 58,5 p. 100 de la
superficie de la Suisse, mais sa population, qui représentait 20, 7 p. 100 du total en 1850,
est tombée à moins de 16 p. 100 en 1970. Les Alpes comprennent trois grands ensembles.
Au sud, les massifs cristallins forment un bastion de hautes montagnes, autour du
«château d’eau» du massif Aar - Saint-Gothard, où les altitudes dépassent 4 000 mètres. Il
est flanqué de trois ensembles moins élevés, découpés dans les schistes cristallins
métamorphiques. La rangée méridionale des Pennines, qui domine le Rhône, entre le
Grand-Saint-Bernard et le Simplon, dépasse encore 4 000 mètres dans le groupe
Cervin-Mont-Rose. Elle se poursuit par le bloc tessinois des Lépontiennes, ébréché de cols
(Simplon, San Bernardino, Splügen, Gothard) et plus fortement disséqué par le réseau du
Tessin et les profonds lacs insubriens (Lugano, lac Majeur). À l’est, enfin, s’étendent les
Rhétiques, où les schistes lustrés donnent des formes lourdes, surtout dans l’Albula, avec un
réseau de hautes vallées, et, au Midi, un relief plus accentué, dans le Bernina et la Silvretta.
En avant des massifs cristallins, les Préalpes sont des empilements de nappes charriées,
faites de roches sédimentaires, chevauchant la mollasse de l’avant-pays. Les Préalpes
occidentales, du Léman à la Kander, sont constituées de deux châteaux de plis calcaires, les
Préalpes vaudoises et l’Oberland bernois, encadrant une zone de flysch, aux sommets
adoucis, découpée par la Simme et la haute Sarine, et toute feutrée d’herbages. Les
Préalpes centrales, de la Kander à la Linth, sont les plus épaisses, avec la barrière escarpée
de la Jungfrau-Titlis, dominant des montagnes aérées par un réseau de vallées branchées
sur le lac des Quatre-Cantons. À l’est, longées par la dépression du lac de Walensee, qui
relie Zurich au Rhin, les Préalpes orientales se relèvent et se ferment au trafic. Avec son
climat continental, très contrasté et rude, la montagne alpine est inégalement favorable à
l’homme. Les massifs cristallins, presque vides, fortement englacés, sont les plus hostiles,
animés seulement par les stations touristiques et les barrages hydro-électriques. Les
Préalpes forestières et pastorales, semées de maisons de bois très disséminées, surtout en
pays alémanique, ont été le berceau de l’indépendance helvétique. Leur économie, fondée
sur l’exploitation de la forêt et l’élevage bovin des races de Simmental et de Schwyz et
renforcée par un tourisme d’été, puis d’hiver, a connu, dès les Temps modernes, une grande
prospérité. Elles demeurent des montagnes consacrées à la production laitière, très
humanisées. Mais, en dépit de l’aide spéciale que la Confédération accorde aux collectivités
montagnardes, elles n’échappent pas au dépeuplement qui frappe l’ensemble de l’arc alpin.
Les Grisons, plus secs et très ensoleillés, où un habitat permanent existe à de fortes
altitudes, ont davantage encore une vie sylvopastorale menacée et s’orientent de plus en
plus vers le tourisme.
En fait, les activités se localisent, avant tout, dans les vallées. Les unes, transversales,
sont perpendiculaires à l’axe de la chaîne et permettent d’accéder aux cols du faîte alpin. La
Suisse primitive, autour du lac des Quatre-Cantons, avec ses opulents prés-vergers,
représente le paysage helvétique classique, et son prolongement, par l’axe Reuss-Tessin, a,
de part et d’autre du Gothard, déterminé le destin historique du pays. Mais les vallées les
plus originales sont de profonds sillons tectoniques longitudinaux, recreusés et calibrés par
les glaciers quaternaires: ainsi le Valais, avec l’ensemble de ses vals, tributaires de la rive
gauche du Rhône, et son symétrique, le Rheintal grison; l’Engadine, dont les paliers sont
parcourus par l’Inn; au sud, la faille insubrienne qui a guidé le tracé du Tessin inférieur et la
tête des lacs. Enfoncés dans le relief, ourlés de cônes de déjection propices aux habitats,
ces domaines sont, au plein sens du terme, des régions «naturelles». Leur climat sec,
réchauffé par le föhn, fait remonter au cœur de la masse alpestre la limite de la culture du
blé, du maïs, des arbres fruitiers et de la vigne, surtout sur les versants d’adret, semés
d’habitations secondaires et parcourus de «remues» entre les différents niveaux
d’exploitation et de peuplement. L’industrie, par contre, sauf en lisière du Moyen Pays, ne
s’est guère installée dans ces vallées, sinon sous la forme d’un équipement hydro-électrique
dont l’énergie est exportée et d’usines d’électrochimie et d’électrométallurgie, d’une
conception ancienne maintenant dépassée. La tonalité méridionale est particulièrement nette
au Tessin, avec les châtaigneraies des hauts vals, les treilles de vigne et les plantes
méditerranéennes et exotiques des rives lacustres. Là encore, le tourisme et le climatisme
d’été ont reçu, surtout en Valais et en Engadine, le puissant appoint des stations de ski de
haute altitude.
Le Moyen Pays
Le plateau suisse des francophones, le Mittelland des alémaniques est la région vitale de la
Confédération. Elle représente 31,5 p. 100 de sa superficie, mais déjà 67,4 p. 100 des
habitants en 1850 et plus de 70 p. 100 actuellement. Le Moyen Pays est une zone déprimée,
un couloir entre Jura et Alpes, allongé sur 250 kilomètres et dont la largeur varie de 30 à 70
kilomètres. Sous l’uniformité apparente des paysages, c’est un fouillis de collines, d’une
altitude de 500 à 800 mètres, qui se relèvent au contact des Alpes. Il s’agit d’une immense
dépression, au fond ondulé, comblée de mollasses tertiaires et recouverte d’un manteau de
Quaternaire fluvio-glaciaire. Ce matériel détritique tendre a été lacéré par l’érosion, qui a
disséqué le relief. L’allure générale est celle d’une gouttière aux versants dissymétriques. À
l’ouest, la limite est très nette avec le plongement des plis calcaires, dominant l’auge
subjurassienne , occupée par les plaines de l’Orbe, de la basse Broye, par les lacs de
Neuchâtel, Bienne et Morat, et par l’Aar inférieure. Elle est par contre beaucoup plus floue à
l’est où la mollasse a été englobée par l’orogenèse alpine en une lisière de véritables
montagnes (Gibloux, Napf, Righi, Rossberg, Speer, Gäbris), hautes de 1 200 à près de
2 000 mètres. Les «Préalpes de Saint-Gall», au nord du Walensee, sont, en fait, constituées
de mollasse fortement redressée. La glaciation quaternaire a provoqué la formation de
nombreux lacs de creusement et de barrage, parfois à demi engagés dans la masse
alpestre. On a, aux deux extrémités du Mittelland, les vastes nappes du lac Léman et du lac
de Constance (Bodensee), mais le phénomène lacustre est surtout présent dans la partie
centrale (Sempach, Baldegg, Hallwil, nord du lac de Zoug, Zurich, Greifen). Au débouché
des lacs, sur les effluents, de remarquables sites urbains contrôlent les portes du monde
alpin. À l’est du sillon subjurassien, les aspects du Moyen Pays sont très variés. Dans la
Suisse occidentale, romande, où les sommets ne dépassent pas 1 000 mètres, dominent,
comme dans le Jorat ou le Gros de Vaud, les formes de plateaux, allongés parallèlement au
front préalpin. La Singine, la Sarine, l’Aar ont incisé dans la mollasse des canyons dont le
franchissement est malaisé. Le centre est occupé par la masse arrondie du Napf et par de
larges croupes entre lesquelles sinuent l’Aar et la Reuss où dorment des lacs. En Suisse
orientale, l’écharpe du Moyen Pays atteint, en arrière du Rhin et du lac de Constance, sa
plus grande extension. Les gondolements profonds du socle donnent des dos de
conglomérats, les Eggen , séparés par de larges dépressions marneuses, les Tobel , aux
horizons dégagés.
Le climat du Mittelland est semi-continental, modérément enneigé, mais les hivers y sont
froids et souvent brumeux, et les chaleurs estivales fortes. Le Mittelland est bien arrosé,
avec un maximum de saison chaude, sauf à l’abri direct du Jura. Les rives des grands lacs
abritent des microclimats qui ignorent presque les gelées et sont très propices aux vignobles.
Dans l’ensemble, les sols de dépôts morainiques remaniés dominent, avec quelques
placages de limons et des alluvions fluviales ou lacustres, souvent très fertiles. Le paysage
de champs ouverts et laniérés est le plus fréquent avec des villages ou hameaux groupés,
entourés de vergers, et des maisons paysannes cossues, surtout dans le pays bernois. La
campagne, verdoyante, est extrêmement humanisée, très soignée et densément peuplée
avec, surtout en Suisse allemande, une interpénétration des régions agricoles et des bourgs
urbanisés et industrialisés. Les paysans ont déployé une extrême ingéniosité pour combiner
des systèmes de culture aux assolements savants. Dans le canton de Genève, le sillon
subjurassien (Seeland) et la vallée du Rhin, la dominante est aux céréales et au colza,
associés aux plantes industrielles. L’«agriculture pour le bétail», mêlant cultures sarclées et
cultures fourragères, est la plus répandue. La part des prairies artificielles s’accroît dans le
Moyen Pays alémanique du Centre et du Nord-Est.
La population et les grands espaces économiques
Les forces de production
La population de la Suisse est, pour près de 90 p. 100, établie dans les zones d’altitude
inférieure à 700 mètres. Le total des habitants est passé de 2,66 millions en 1870 à 3,8 en
1900, à 4,7 en 1950, à 5,429 en 1960, à 6,534 en 1985 et à 6,992 à 1994. La projection
démographique est de 7 277 000 pour l’an 2000. La densité de 169,4 personnes au
kilomètre carré en 1994 est l’une des plus fortes de l’Europe occidentale, et ce chiffre prend
toute sa signification si l’on observe que près d’un quart du sol est improductif et un autre
quart couvert de montagnes et de lacs. Après un fléchissement accentué, de 1900 à 1940, le
dynamisme démographique s’est amélioré, mais demeure modeste, avec un taux de natalité
de 12,6 p. 1 000 pour 1992 et une mortalité de 9,1 p. 1 000, qui laissent un taux
d’accroissement naturel de 3,5 p. 1 000. L’émigration des Suisses, très forte dès le
XVIe siècle et qui l’est demeurée relativement jusqu’au lendemain de la crise mondiale des
années trente, est tombée à des valeurs très faibles, de 1 700 départs annuels. La
Confédération, en revanche, est traditionnellement une terre d’accueil, des protestants du
«Refuge» aux proscrits politiques du XIXe siècle. À partir de 1890, avec l’industrialisation
massive née de la houille blanche, commence l’afflux des travailleurs étrangers. Les
non-Suisses sont déjà 600 000 en 1914 (15,4 p. 100 du total) et atteignent en 1969 le chiffre
record de 991 000 (16,1 p. 100). La «surchauffe» économique, à partir de 1950, augmente
l’effectif des travailleurs étrangers, résidents, saisonniers ou frontaliers, si bien que, dès
1963, les autorités prennent des mesures de contingentement. Le nombre des étrangers
soumis au contrôle était, en 1985, de 1,019 million (15,6 p. 100 de la population totale), dont
175 000 travailleurs à l’année ou saisonniers et 106 800 frontaliers. Les Italiens sont les plus
nombreux, suivis des Espagnols, des Français et des Portugais. La surpopulation étrangère
(Überfremdung ) est un problème qui perd l’acuité qu’il revêtait dans les années 1970. La
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