plus vers le tourisme.
En fait, les activités se localisent, avant tout, dans les vallées. Les unes, transversales,
sont perpendiculaires à l’axe de la chaîne et permettent d’accéder aux cols du faîte alpin. La
Suisse primitive, autour du lac des Quatre-Cantons, avec ses opulents prés-vergers,
représente le paysage helvétique classique, et son prolongement, par l’axe Reuss-Tessin, a,
de part et d’autre du Gothard, déterminé le destin historique du pays. Mais les vallées les
plus originales sont de profonds sillons tectoniques longitudinaux, recreusés et calibrés par
les glaciers quaternaires: ainsi le Valais, avec l’ensemble de ses vals, tributaires de la rive
gauche du Rhône, et son symétrique, le Rheintal grison; l’Engadine, dont les paliers sont
parcourus par l’Inn; au sud, la faille insubrienne qui a guidé le tracé du Tessin inférieur et la
tête des lacs. Enfoncés dans le relief, ourlés de cônes de déjection propices aux habitats,
ces domaines sont, au plein sens du terme, des régions «naturelles». Leur climat sec,
réchauffé par le föhn, fait remonter au cœur de la masse alpestre la limite de la culture du
blé, du maïs, des arbres fruitiers et de la vigne, surtout sur les versants d’adret, semés
d’habitations secondaires et parcourus de «remues» entre les différents niveaux
d’exploitation et de peuplement. L’industrie, par contre, sauf en lisière du Moyen Pays, ne
s’est guère installée dans ces vallées, sinon sous la forme d’un équipement hydro-électrique
dont l’énergie est exportée et d’usines d’électrochimie et d’électrométallurgie, d’une
conception ancienne maintenant dépassée. La tonalité méridionale est particulièrement nette
au Tessin, avec les châtaigneraies des hauts vals, les treilles de vigne et les plantes
méditerranéennes et exotiques des rives lacustres. Là encore, le tourisme et le climatisme
d’été ont reçu, surtout en Valais et en Engadine, le puissant appoint des stations de ski de
haute altitude.
Le Moyen Pays
Le plateau suisse des francophones, le Mittelland des alémaniques est la région vitale de la
Confédération. Elle représente 31,5 p. 100 de sa superficie, mais déjà 67,4 p. 100 des
habitants en 1850 et plus de 70 p. 100 actuellement. Le Moyen Pays est une zone déprimée,
un couloir entre Jura et Alpes, allongé sur 250 kilomètres et dont la largeur varie de 30 à 70
kilomètres. Sous l’uniformité apparente des paysages, c’est un fouillis de collines, d’une
altitude de 500 à 800 mètres, qui se relèvent au contact des Alpes. Il s’agit d’une immense
dépression, au fond ondulé, comblée de mollasses tertiaires et recouverte d’un manteau de
Quaternaire fluvio-glaciaire. Ce matériel détritique tendre a été lacéré par l’érosion, qui a
disséqué le relief. L’allure générale est celle d’une gouttière aux versants dissymétriques. À
l’ouest, la limite est très nette avec le plongement des plis calcaires, dominant l’auge
subjurassienne , occupée par les plaines de l’Orbe, de la basse Broye, par les lacs de
Neuchâtel, Bienne et Morat, et par l’Aar inférieure. Elle est par contre beaucoup plus floue à
l’est où la mollasse a été englobée par l’orogenèse alpine en une lisière de véritables
montagnes (Gibloux, Napf, Righi, Rossberg, Speer, Gäbris), hautes de 1 200 à près de
2 000 mètres. Les «Préalpes de Saint-Gall», au nord du Walensee, sont, en fait, constituées
de mollasse fortement redressée. La glaciation quaternaire a provoqué la formation de
nombreux lacs de creusement et de barrage, parfois à demi engagés dans la masse
alpestre. On a, aux deux extrémités du Mittelland, les vastes nappes du lac Léman et du lac
de Constance (Bodensee), mais le phénomène lacustre est surtout présent dans la partie
centrale (Sempach, Baldegg, Hallwil, nord du lac de Zoug, Zurich, Greifen). Au débouché
des lacs, sur les effluents, de remarquables sites urbains contrôlent les portes du monde
alpin. À l’est du sillon subjurassien, les aspects du Moyen Pays sont très variés. Dans la
Suisse occidentale, romande, où les sommets ne dépassent pas 1 000 mètres, dominent,
comme dans le Jorat ou le Gros de Vaud, les formes de plateaux, allongés parallèlement au
front préalpin. La Singine, la Sarine, l’Aar ont incisé dans la mollasse des canyons dont le