Les contes urbains
mis en scène
par les arts de la rue
Richard Baussay
IUP Denis Diderot
Université de Bourgogne
octobre 2000
Directeur de recherche : Claude Patriat
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Introduction
En 1993, un personnage étrange est venu troubler les milieux culturels français par son
apparition soudaine. Il s’agit d’un être de 9 mètres de hauteur, le Géant de la Compagnie
Royal de Luxe, une marionnette surdimensionnée qui a séjourné dans la villes du Havre puis de
Nantes et de Calais. Sa présence allait provoquer une émulation rare au sein de ces villes,
faisant se placer une population curieuse qui souhaitait rencontrer cet individu tombé du
ciel ”. Si le propos peut sembler enfantin, une analyse plus poussée de cet événement fait
apparaître sa pertinence, dans un contexte difficile.
En effet, il intervient alors que l’action culturelle, qui rassemble les différentes approches visant
à une mocratisation de l’art, se trouve dans une situation de crise. Après avoir mené diverses
expériences dans des voies différentes, une sorte d’impasse se profile depuis quelques années.
Cette proposition que nous qualifierons de conte urbain mis en scène par les Arts de la Rue
vient relancer des aspirations et des croyances qui semblaient s’être dissoutes au fil des
décennies. Elle rassemble en effet des conceptions stratégiques jusqu’alors en conflit et permet
à un nombre important de personnes de rencontrer et d’échanger sur et avec la création
artistique. Il devient naturel de s’interroger alors sur les mécanismes d’une telle opération, d’y
déceler une filiation éventuelle et surtout de se servir de cette expérience pour l’élargir au
champ plus vaste de l’action culturelle.
Ainsi, nous resituerons cet acte artistique dans le contexte historique et idéologique de la
politique et de l’action culturelle. Ensuite, nous étudierons les différents mécanismes de
l’imaginaire, son rôle et son importance dans la société actuelle. Cette recherche permettra par
la suite de comprendre comment les contes urbains touchent une zone très sensible de
l’individu, ce qui explique leur succès. Puis, nous analyserons en profondeur deux exemples de
contes urbains mis en scène par les Arts de la Rue : le Géant tombé du ciel de Royal de Luxe
que nous venons d’évoquer, et la lettre au Père Noël qu’a connue la ville d’Aubagne en
cembre 1998. Enfin, nous envisagerons l’apport de ce type de spectacle dans la perspective
actuelle de l’action culturelle, tout en considérant leurs limites.
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LES CONTES URBAINS MIS EN SCENE PAR LES ARTS DE LA RUE
Entre histoire et engagement
1)Repères historiques p 4
2)Repères idéologiques p 8
I) Quand l’imaginaire rencontre les Arts de la Rue
1)Une histoire de l’imaginaire p 16
2)Histoire et problématique des Arts de la Rue p 24
3)Deux exemples de contes urbains mis en scène par les Arts de la Rue
a) Le Géant tombé du ciel p 31
b) La lettre au Père Noël p 35
II) Une proposition artistique au secours de l’action culturelle ?
1)Particularités des contes urbains mis en scène par les Arts de la Rue
a) L’écriture p 40
b) La communication p 40
c) Le rapport au public p 42
2)Les contes urbains face à la problématique actuelle de l’action culturelle
a) Animation et médiation p 43
b) Création artistique p 45
3) Perspectives et limites de ce type d’événements p 47
a) Perspectives p 48
b) Limites p 49
Conclusion p 51
Bibliographie p 52
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Entre Histoire et
engagement
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Les Arts de la Rue, par la proposition de ces contes urbains, interrogent l’action culturelle
ainsi que l’intervention politique dans la création et la diffusion des œuvres. Pour bien
analyser le domaine qui nous intéresse, nous allons donc, dans cette première partie, resituer
l’évolution historique et idéologique de l’action et de la politique culturelle menée en
France depuis principalement deux siècles.
Ainsi, nous évaluerons la situation actuelle, par la prise de conscience du lourd héritage que
nous ont laissé ces deux cents années d’engagement plus ou moins intense et sincère.
Nous comprendrons alors dans quel contexte les Arts de la Rue sont intervenus avec les
contes urbains
1) Repères historiques
La France est assurément le pays où la vie artistique et la vie politique ont été intimement liées
et ce, depuis longue date. Cette relation intense entre pouvoir et création est une caractéristique
culturelle majeure de la France.
Origines
La première intervention évidente du pouvoir politique dans la vie artistique est apparue sous le
règne de François Ier qui en 1530 créé le Collège des lecteurs du Royaume, qui deviendra par la
suite le Collège de France. Cette mesure est importante car elle permet à des artistes tels
Léonard de Vinci de bénéficier de résidences de création confortables au sein de demeures
françaises.
Vient ensuite la création en 1635, de l’Académie Française, que nous devons à Richelieu. Il
s’agit de consacrer le français comme la langue de référence en matière littéraire et
philosophique. N’oublions pas qu’à cette époque la France domine cette scène au niveau
international avec des publications comme le Discours de la méthode de Descartes, en 1637.
Louis XIV s’imposera lui, comme le monarque qui aura le plus soutenu la création
contemporaine de son époque. En grand mécène, il multipliera les résidences et les commandes
d’œuvres à de nombreux artistes et ce, dans de nombreuses disciplines. Molière fera notamment
partie de ces élus.
La création de la Comédie Française en 1680 sera en outre, l’une des premières grandes
mesures de politique culturelle en France.
Puis vient la Révolution qui marque une période contradictoire l’on pille les monuments et
œuvres d’art appartenant à la noblesse ou au Clergé. Mais en parallèle, une volonté de protéger
le patrimoine apparaît ; pour la laïcité d’une part mais surtout pour assurer le rayonnement
national de la France. C’est ainsi que la Commission des monuments est créée en 1791. Elle
mettra en place une stratégie d’implantation des musées sur le territoire, afin de réunir et
protéger les oeuvres.
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