Les Arts de la Rue, par la proposition de ces contes urbains, interrogent l’action culturelle
ainsi que l’intervention politique dans la création et la diffusion des œuvres. Pour bien
analyser le domaine qui nous intéresse, nous allons donc, dans cette première partie, resituer
l’évolution historique et idéologique de l’action et de la politique culturelle menée en
France depuis principalement deux siècles.
Ainsi, nous évaluerons la situation actuelle, par la prise de conscience du lourd héritage que
nous ont laissé ces deux cents années d’engagement plus ou moins intense et sincère.
Nous comprendrons alors dans quel contexte les Arts de la Rue sont intervenus avec les
contes urbains…
1) Repères historiques
La France est assurément le pays où la vie artistique et la vie politique ont été intimement liées
et ce, depuis longue date. Cette relation intense entre pouvoir et création est une caractéristique
culturelle majeure de la France.
Origines
La première intervention évidente du pouvoir politique dans la vie artistique est apparue sous le
règne de François Ier qui en 1530 créé le Collège des lecteurs du Royaume, qui deviendra par la
suite le Collège de France. Cette mesure est importante car elle permet à des artistes tels
Léonard de Vinci de bénéficier de résidences de création confortables au sein de demeures
françaises.
Vient ensuite la création en 1635, de l’Académie Française, que nous devons à Richelieu. Il
s’agit de consacrer le français comme la langue de référence en matière littéraire et
philosophique. N’oublions pas qu’à cette époque la France domine cette scène au niveau
international avec des publications comme le Discours de la méthode de Descartes, en 1637.
Louis XIV s’imposera lui, comme le monarque qui aura le plus soutenu la création
contemporaine de son époque. En grand mécène, il multipliera les résidences et les commandes
d’œuvres à de nombreux artistes et ce, dans de nombreuses disciplines. Molière fera notamment
partie de ces élus.
La création de la Comédie Française en 1680 sera en outre, l’une des premières grandes
mesures de politique culturelle en France.
Puis vient la Révolution qui marque une période contradictoire où l’on pille les monuments et
œuvres d’art appartenant à la noblesse ou au Clergé. Mais en parallèle, une volonté de protéger
le patrimoine apparaît ; pour la laïcité d’une part mais surtout pour assurer le rayonnement
national de la France. C’est ainsi que la Commission des monuments est créée en 1791. Elle
mettra en place une stratégie d’implantation des musées sur le territoire, afin de réunir et
protéger les oeuvres.