
Les travaux d'utilité publique sous Sulaymân Qânûnî au Proche-Orient
surtout des restaurations de monuments déjà présents dans la ville, ce qui évitait de payer des indemnités
d'expropriation et de se procurer des matériaux de construction. Cela ne veut pas dire que ces monuments étaient
moins prestigieux que les nouvelles fondations ; l'influence ottomane y était simplement moins visible.
En construisant des édifices publics majeurs hors des murs, le pouvoir ottoman traduit la nouvelle donne : une ville
ouverte au transit, dont la sécurité est assurée non par son système de défense mais par sa pleine intégration dans
un ensemble politique puissant, garant d'une "Pax Ottomana". En trois ou quatre décennies, on passe ainsi d'une
ville médiévale, largement autonome, abritée derrière ses remparts et avec des faubourgs, à une agglomération
composite intégrée dans un vaste ensemble, l'Empire Ottoman.
III - Plan et fonction
La troisième partie concerne la structure et l'organisation spatiale des monuments construits à Damas durant le
premier siècle de la domination ottomane. Dans cette partie, le développement de chaque catégorie de bâtiment est
traité séparément afin d'illustrer pour chaque cas le changement ou la continuité de l'architecture damascène dans la
structure et l'organisation spatiale. Pour la description du plan et de l'élévation des bâtiments, ce travail se fonde sur
l`étude des vestiges subsistant à Damas et, le cas échéant, des sources textuelles.
En ce qui concerne l'habitat, la méthode mise en oeuvre est différente de celle utilisée pour les monuments publics.
Cette différence est due à l'insuffisance des vestiges matériels pour permettre de construire une argumentation
pertinente sur le développement de l'architecture domestique du XVIe siècle à Damas. L`argumentation est donc
construite à partir de sources écrites pour voir s'il est possible de remarquer une différence dans l'organisation
spatiale des pièces qui constituent une demeure mamelouke et une demeure ottomane. Les données ont été
classées par pièce et par type de demeure et sont présentées dans des tableaux synthétiques qui illustrent le
résultat des recherches.
Cette récapitulation sur l'architecture publique, civile et religieuse damascène au XVIe siècle rappelle brièvement les
spécificités et nouveaux apports les plus caractéristiques pour cette architecture. Deux exemples sont
particulièrement développés, l'un propre à l'architecture damascène : les plans à deux coupoles, tandis que l'autre
est un apport ottoman : le complexe multifonctionnel - külliye. Les maisons privées damascènes ont aussi été
étudiées, à travers les sources écrites principalement ; l`organisation spatiale a reçu une attention toute particulière.
IV - Matériaux et techniques de construction
Les études archéologiques s'intéressent aux matériaux et aux techniques de construction. Cependant, pour le
Proche Orient, elles traitent traditionnellement des monuments gréco-romains plutôt que de ceux de la fin de la
période médiévale. Les études concernant cette époque sont plus communes pour l'Occident médiéval, et
confrontent traces écrites et vestiges matériels, apportant par ce biais des éclaircissements quant à l'organisation
d'un chantier de construction et l'histoire sociale de l'époque. Pour Damas, on dispose surtout de sources écrites
pour l'époque ottomane, par exemple les documents conservés aux archives historiques syriennes de Damas. Afin
de mieux interpréter ces données, les informations contenues dans les documents d'archives ont été croisées avec
les vestiges matériels. L'introduction de nouveaux matériaux et l'évolution des techniques et des décors peuvent en
partie être dues aux goûts des commanditaires et aux influences extérieures, influences plus marquées dans le cas
des monuments religieux. En définitive, les vecteurs de l'importation d'éléments ottomans à Damas étaient surtout
les équipes de constructeurs venues de l'extérieur, ayant travaillé avec des équipes locales. Pour comprendre la
fusion des éléments locaux avec le style ottoman damascène qui se développe à partir du XVIe siècle, il faut donc
s`intéresser aux artisans qui construisaient, bâtissaient et décoraient ces monuments, car ils étaient les porteurs de
ces traditions.
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