Les travaux d`utilité publique sous Sulaymân Qânûnî au Proche

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Les travaux d'utilité publique sous Sulaymân Qânûnî au Proche-Orient
Extrait du Université Paris-Sorbonne
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Les travaux d'utilité publique
sous Sulaymân Qânûnî au
Proche-Orient
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Date de mise en ligne : mercredi 18 janvier 2006
Date de parution : 21 janvier 2006
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Les travaux d'utilité publique sous Sulaymân Qânûnî au Proche-Orient
Samedi 21 janvier 2006
14 heures
Institut National d'Histoire de l'Art
Carré Colbert, Salle Ingres
4-6, rue des petits champs
Paris 2e
Mme Marianne BOQVIST soutient sa thèse de doctorat :
Les travaux d'utilité publique sous Sulaymân Qânûnî au Proche-Orient
En présence du Jury :
Mme Marianne Barrucand (Paris 4)
M. André Raymond (CNRS)
M. Stefan Weber
M. Johan Mårtelius (Aix-Marseilles 3)
M. Jean-Claude David
Position de thèse
I - Contexte historique
Après la conquête ottomane en 922 h./1516, Damas, ville de province, fut intégrée dans un empire plus vaste et
encore plus éloignée du centre du pouvoir, Istanbul, qu`elle ne l`était de la capitale mamelouke. En revanche, la
position de Damas était stratégique, sur la route entre Istanbul et La Mecque, et la conquête rendit la ville plus
facilement accessible aux pèlerins de l'empire ottoman. Son rôle de point de départ de la caravane du pèlerinage
devint un facteur crucial dans le développement urbain et architectural. Ce facteur est étroitement lié à l'implantation
d'un nouveau pouvoir et à l'intégration de la ville dans une nouvelle organisation administrative et politique. D'autre
part, ces bouleversements politiques provoquèrent l'implantation à Damas de nouvelles élites, et l'apparition de
nouveaux commanditaires d'origine étrangère à côté des anciens. Mon travail s'intéresse aux effets de la conquête
sur l'organisation spatiale de la ville et sur l'architecture, dans un cadre chronologique qui se limite au premier siècle
de domination ottomane.
II - Catalogue topographique
Le point de départ de ce travail sur l'architecture et développement urbain à Damas au XVIe siècle est l'inventaire
des monuments construits à Damas à cette époque. Les résultats sont présentés sous forme de catalogue
topographique qui comprend l'inventaire des différents types de constructions, leur emplacement dans la ville et leur
commanditaire. Ces trois éléments servent d'outil pour l'interprétation des dynamiques internes et externes qui ont
influencé le développement urbain à Damas au XVIe siècle, après la conquête ottomane. Celle-ci a engendré en un
déplacement des centres urbains de la ville intra-muros vers l'ouest de la ville et extra-muros. Ce fait est bien connu,
mais il restait crucial d'analyser les facteurs qui l'ont provoqué.
Les nouvelles fondations furent en grande partie initiées par les gouverneurs, alors que les notables locaux ou des
fonctionnaires de rang inférieur, comme les ag\a-s, daftarda>r-s ou cadis de fortune plus modeste, commanditaient
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surtout des restaurations de monuments déjà présents dans la ville, ce qui évitait de payer des indemnités
d'expropriation et de se procurer des matériaux de construction. Cela ne veut pas dire que ces monuments étaient
moins prestigieux que les nouvelles fondations ; l'influence ottomane y était simplement moins visible.
En construisant des édifices publics majeurs hors des murs, le pouvoir ottoman traduit la nouvelle donne : une ville
ouverte au transit, dont la sécurité est assurée non par son système de défense mais par sa pleine intégration dans
un ensemble politique puissant, garant d'une "Pax Ottomana". En trois ou quatre décennies, on passe ainsi d'une
ville médiévale, largement autonome, abritée derrière ses remparts et avec des faubourgs, à une agglomération
composite intégrée dans un vaste ensemble, l'Empire Ottoman.
III - Plan et fonction
La troisième partie concerne la structure et l'organisation spatiale des monuments construits à Damas durant le
premier siècle de la domination ottomane. Dans cette partie, le développement de chaque catégorie de bâtiment est
traité séparément afin d'illustrer pour chaque cas le changement ou la continuité de l'architecture damascène dans la
structure et l'organisation spatiale. Pour la description du plan et de l'élévation des bâtiments, ce travail se fonde sur
l`étude des vestiges subsistant à Damas et, le cas échéant, des sources textuelles.
En ce qui concerne l'habitat, la méthode mise en oeuvre est différente de celle utilisée pour les monuments publics.
Cette différence est due à l'insuffisance des vestiges matériels pour permettre de construire une argumentation
pertinente sur le développement de l'architecture domestique du XVIe siècle à Damas. L`argumentation est donc
construite à partir de sources écrites pour voir s'il est possible de remarquer une différence dans l'organisation
spatiale des pièces qui constituent une demeure mamelouke et une demeure ottomane. Les données ont été
classées par pièce et par type de demeure et sont présentées dans des tableaux synthétiques qui illustrent le
résultat des recherches.
Cette récapitulation sur l'architecture publique, civile et religieuse damascène au XVIe siècle rappelle brièvement les
spécificités et nouveaux apports les plus caractéristiques pour cette architecture. Deux exemples sont
particulièrement développés, l'un propre à l'architecture damascène : les plans à deux coupoles, tandis que l'autre
est un apport ottoman : le complexe multifonctionnel - külliye. Les maisons privées damascènes ont aussi été
étudiées, à travers les sources écrites principalement ; l`organisation spatiale a reçu une attention toute particulière.
IV - Matériaux et techniques de construction
Les études archéologiques s'intéressent aux matériaux et aux techniques de construction. Cependant, pour le
Proche Orient, elles traitent traditionnellement des monuments gréco-romains plutôt que de ceux de la fin de la
période médiévale. Les études concernant cette époque sont plus communes pour l'Occident médiéval, et
confrontent traces écrites et vestiges matériels, apportant par ce biais des éclaircissements quant à l'organisation
d'un chantier de construction et l'histoire sociale de l'époque. Pour Damas, on dispose surtout de sources écrites
pour l'époque ottomane, par exemple les documents conservés aux archives historiques syriennes de Damas. Afin
de mieux interpréter ces données, les informations contenues dans les documents d'archives ont été croisées avec
les vestiges matériels. L'introduction de nouveaux matériaux et l'évolution des techniques et des décors peuvent en
partie être dues aux goûts des commanditaires et aux influences extérieures, influences plus marquées dans le cas
des monuments religieux. En définitive, les vecteurs de l'importation d'éléments ottomans à Damas étaient surtout
les équipes de constructeurs venues de l'extérieur, ayant travaillé avec des équipes locales. Pour comprendre la
fusion des éléments locaux avec le style ottoman damascène qui se développe à partir du XVIe siècle, il faut donc
s`intéresser aux artisans qui construisaient, bâtissaient et décoraient ces monuments, car ils étaient les porteurs de
ces traditions.
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Les éléments d'héritage local sont les matériaux de construction et les techniques de construction dans la plupart
des structures de base. Les nouveaux apports ottomans comme les carreaux ou les médaillons en pâte colorée ont
été durablement intégrés dans le vocabulaire décoratif damascène. On assista ainsi au XVIe siècle à la naissance
d'un nouveau style, qui trouvera son apogée plus de 100 ans après la période concernée par cette étude, au XVIIIe
siècle.
V - Analyse de l`architecture ottomane de Damas au XVIe siècle
Cette partie synthétise les interactions du développement urbain, des types de bâtiments, des matériaux et des
techniques dans l'architecture damascène du XVIe siècle.
Damas reçut une attention particulière de la part du pouvoir ottoman, en tant que dernier centre urbain important du
pèlerinage vers La Mecque et Médine. Des milliers de pèlerins venus de tout l'empire se rendaient à Damas chaque
année, rendant florissante la vie commerciale et religieuse de la ville. C'est probablement pour cela que Damas est
la seule des villes des provinces arabes à abriter deux fondations sultaniennes du XVIe siècle, une de Selim I et une
de Sulayma>n Qa>nu>ni>.
Le déplacement du centre urbain de Damas, à l'ouest hors les murs après la conquête ottomane (922 h./1516),
témoigne d'une stratégie politique, économique et religieuse de la part des Ottomans. Les premières constructions
ottomanes dans cette partie de la ville furent des mausolées. La création d'un centre extra-muros sera ensuite
manifeste, par la construction de la Taki>ya Sulayma>ni>ya sur le Marg^a et du sérail, qui provoqua une vague de
constructions de grandes mosquées, mausolées et écoles coraniques par les gouverneurs damascènes. Les
commanditaires étaient en effet les nouveaux gouverneurs arrivés d'Istanbul, la nouvelle capitale impériale. Les
notables damascènes continuèrent en grande partie à construire à l'intérieur des murs et au nord de la ville
extra-muros, dans les anciens centres mamelouks. Ils se limitèrent souvent à reconstruire d'anciens monuments
qu'ils adoptaient au nouveau style architectural introduit par les monuments impériaux et gouvernementaux. On en
déduit que la transformation urbaine de Damas au XVIe siècle fut provoquée et maintenue par les fonctionnaires
ottomans, par leurs constructions le long de la route du pèlerinage.
Concernant les bâtiments de fonction civile, la tendance est similaire et pour l'architecture domestique, de nouveaux
quartiers étaient fondés principalement pour loger une classe moyenne de militaires ottomans, trop nombreux pour
être logés dans la citadelle.
Il est difficile de préciser si le développement architectural XVIe siècle à Damas se fit sur la volonté des
commanditaires ou bien par le travail concret des maîtres d'oeuvre, ouvriers et artisans. Lorsque le commanditaire
était sultan, il avait le pouvoir de faire venir des matériaux sur place, alors qu'un gouverneur ou notable local n'en
avait pas les moyens. C'est là une des raisons pour lesquelles les deux complexes impériaux furent particulièrement
importants dans le développement architectural damascène du XVIe siècle. La mosquée de Selim fut la dernière
mosquée hypostyle, de tradition mamelouke à Damas, et la Taki>ya Sulayma>ni>ya, la première külliye initiant une
architecture ottomane damascène et représentant un style impérial exporté de la capitale vers les nouvelles
provinces de l'empire.
Ce style fut, à partir de ce moment, adapté aux contraintes matérielles dues à la disponibilité ou non de certains
matériaux, et à la persistance des traditions locales chez les artisans et les ouvriers damascènes.
Cette intégration de l'architecture ottomane avec l'architecture traditionnelle est également flagrante dans
l'architecture vernaculaire. Fait unique, le développement de khans à coupole n'existe qu'à Damas. Ceci peut être
considéré comme une interprétation locale du concept du plan centralisé et du jeu des coupoles comme dans les
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madrasas, mosquées et bedesten.
Pour l'architecture domestique, il n'existe que quelques vestiges matériels et des sources écrites, qui indiquent un
développement similaire pour les décors, mais en ce qui concerne la structure et les matériaux de construction, elle
reste fidèle à la tradition mamelouke durant le XVIe siècle.
Ainsi, l'arrivée des Ottomans à Damas provoqua le développement d'un style d'architecture proprement damascène,
influencé par le style impérial d'export ottoman mais aussi par le style mamelouk préexistant. Cette architecture
atteint son apogée au XVIIIe siècle ; elle fut alors diffusée dans la province de Damas par des gouverneurs et autres
notables, et est reconnaissable par les éléments de décor et les effets de polychromie.
Le XVIe siècle peut ainsi être considéré comme la période au cours de laquelle s'effectua la fusion entre ces
éléments, locaux et étrangers, pour donner naissance à une architecture régionale et proprement damascène dont
certains chefs-d`oeuvres sont toujours visibles à Damas de nos jours.
Bibliographie (253 titres)
Annexe 1 - Plans et inventaire des monuments damascènes du XVIe siècle 167 monuments y sont répertoriés et une
typologie par type de monument et par type de décor est proposée.
Annexe 2 - Catalogue Les 167 monuments sont présentés sous forme d`un catalogue de planches et de photos avec
une bibliographie.
Annexe 3 - Documents, traductions et vocabulaire technique. Présentation de quelques documents d`archive
concernant les constructions damascènes avec une traduction française.
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