UNE ENTREPRISE PUBLIQUE DANS LA GUERRE : LA SNCF, 1939-1945
Première partie : Quelles archives aujourd’hui pour l’histoire
© AHICF et auteurs, mai 2001
donnés par un inspecteur de la SNCF, membre du Comité départemental de Libération, chargé en particulier
de l’épuration8 ;
- aux Archives départementales de la Nièvre, un récit de particulier racontant la collision entre deux trains de
transport de troupes allemandes, le 22 août 19449. Un remarquable fonds photographique relatif aux
destructions provoquées par le bombardement de Nevers, lancé le 16 juillet 1944 afin de détruire le centre
ferroviaire de Saint-Caize, y est également disponible10 ;
— aux Archives départementales de la Dordogne, une chronologie succincte des faits concernant la SNCF de
janvier à août 1944, établie à partir des archives générales de la SNCF11.
Les archives orales conservées dans les services d’archives français ne sont certainement pas à négliger. Le
témoignage oral de cheminots constitue par exemple une source documentaire tout à fait remarquable, dont la
collecte et la conservation doivent être encouragées. La publication prochaine par les Archives nationales, le
Service historique de l’Armée de terre et l’Institut des archives sonores d’un Guide du patrimoine sonore et
audiovisuel français devrait offrir une première approche de l’état des collections en France12.
Enfin, il faut consacrer une place à part aux archives locales du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre
mondiale, sur lequel Patricia Gillet s’attardera plus longuement. En effet, les correspondants locaux du Comité,
qui ont parcouru des masses considérables d’archives, ont souvent déposé soit un double de leur travail, soit
leurs documents préparatoires. Ces documents peuvent servir de clés d’accès, notamment aux fonds
préfectoraux. À titre d’exemple, on peut citer le fonds du correspondant d’histoire sur la Seconde Guerre
mondiale de l’Aisne conservé aux Archives départementales de l’Aisne au sein duquel figurent les fichiers
chronologiques des bombardements et mitraillages signalant la date et l’heure des destructions ainsi que
l’ampleur des dégâts, des listes de sabotages par réseaux de résistance et par lieux13...
Il s’agissait ici de donner un bref aperçu des fonds des Archives départementales et d’encourager les
chercheurs à explorer les richesses de leurs fonds. Ils devront veiller cependant à ne pas négliger les autres
services d’archives territoriales, notamment les archives communales. Les recherches sur l’histoire de la SNCF
durant la Seconde Guerre mondiale peuvent s’y révéler fructueuses dans le cas de communes ayant été le
siège de nœuds ferroviaires ou ayant hébergé des centres et installations ferroviaires. On peut également
penser que gisent çà et là chez les particuliers des sources méconnues, rares, voire uniques : tracts,
photographies, journaux clandestins, témoignages... Il importe d’encourager leurs possesseurs à en assurer la
préservation et à mettre en œuvre les conditions de leur exploitation historique.
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1. La Seconde Guerre mondiale. Guide des sources conservées en France, 1939-1945, Paris, Archives nationales, 1994, 1 220 p., pl.
Je voudrais également remercier chaleureusement pour leur aide Frédérique Pilleboue, directeur des AD de l’Aisne, Maïté Etchechoury,
directeur des AD de la Dordogne, Alain Venturini, directeur des AD du Gard, Luc Forlives, directeur des AD de l’Indre-et-Loire, Sandrine
Cunnac, conservateur aux AD de l’Indre, Martine Salmon-Dalas, directeur des AD du Lot-et-Garonne, et Pascal de Toffoli, Anne-Marie
Chagny, directeur des AD de la Nièvre, Florence Charpentier, attachée de conservation aux AD de la Somme.
2. La collection des rapports mensuels des préfets est conservée aux Archives nationales sous la cote F 1cIII 1135-1198 et a été
microfilmée. Cette source peut constituer une première approche avant de se tourner vers la collection départementale.
3. Exemple tiré à partir de dossiers conservés aux AD Somme, 26 W 625 (versement du cabinet du préfet).
4. Ibid., AD Somme 26 W 101.
5. Ibid., AD Somme 26 W 55, Surveillance du personnel employé par la SNCF ; AD Indre-et-Loire 120 W 5, Recrutement à la SNCF
(versement du cabinet du préfet).
6. Ibid., AD Somme 99 R 333528 (versement du commissariat général de la main-d’œuvre).
7. Ibid., AD Indre-et-Loire 120 W 5, Camp de La Lande (versement de la division de l’administration et de la police générale).
8. AD Gard 93 J 1-7 Fonds Pierre Mazier, 1845-1953.
9. AD Nièvre récit de F. Lechat, 1 J 148.
10. AD Nièvre, Album Bélile.
11. AD Dordogne 14 J 4.
12. On peut signaler, à titre d’information, la collection de témoignages oraux constituée par le Conseil régional de Picardie sous le titre
Mémoire vivante de Picardie, déposée aux AD Somme.
13. AD Aisne, archives de M. Berthiault, correspondant du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, J 1433-1461 et
notamment J 1459-1462, fichier chronologique des bombardements et mitraillages, et J 1461, fichier chronologique de la Résistance.
Patricia Gillet
L’apport des archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre Mondiale à l’histoire de la
SNCF
Le Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale est né en décembre 1951 de la fusion de la Commission
d’histoire de l’Occupation et de la Libération de la France et du Comité d’histoire de la Guerre, créés