Le chômage est en train d`atteindre des niveaux sans précédent

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‫المملكة المغربية‬
‫وزارة التشغيل والتكوين المهني‬
‫الديوان‬
Royaume du Maroc
Ministère de l’Emploi
et de la Formation Professionnelle
Le Cabinet
Discours de Monsieur
Abdelouahed Souhail
Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
ECOSOC 2012 / Side event
« Partenariat pour lutter contre la crise
de l’emploi des jeunes»
Jeudi 5 Juillet 2012
13h15-14h30, UN New York (salle E NLB)
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Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, tout d’abord, de vous remercier pour le choix pertinent de ce thème.
Comme vous le savez, le chômage est en train d'atteindre des niveaux sans précédent
et ce sont avant tout les jeunes qui en souffrent. Je voudrai donc exprimer toute ma
satisfaction de l’intérêt que suscite la crise de l’emploi des jeunes. Je salue par la même
occasion, la réflexion menée à ce sujet par l’OIT lors de sa dernière conférence ainsi
que les efforts déployés par le BIT pour surmonter les effets négatifs de cette crise.
La crise de l'emploi, et plus particulièrement, l’emploi des jeunes constitue un sujet
d'une importance capitale dans tous les pays du monde, que ce soit pour les pays
développés ou en voie de développement.
Il y a trois ans, l'économie mondiale a connu la plus grande crise financière et
économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette crise qui s’est manifestée tant
sur le plan financier que sur le plan économique et social, a impacté les principaux
partenaires économiques du Maroc, notamment la France et l’Espagne, en touchant
directement les domaines liés aux échanges commerciaux, à l’activité touristique, aux
transferts des MRE et aux flux des investissements directs étrangers. Autant de
phénomènes entrainant des conséquences sociales graves parfois dangereuses
notamment sur l’emploi et sur les objectifs en matière de développement humain.
Au Maroc, L’emploi des jeunes se caractérise par un faible taux d’activité qui est de
47,4% et un taux de chômage qui a atteint, en 2011, 17,9% chez les (15-24 ans) et 12,9%
chez les (25-34 ans), soit 81% des chômeurs au Maroc sont des jeunes. Il se distingue
aussi par un chômage de longue durée, puisque 65,8% des jeunes chômeurs le sont
depuis plus d’une année et reste précaire car les emplois occupés sont souvent sous
rémunérés, rarement contractualisés et très peu couverts par un régime de protection
sociale. Ces éléments poussent les jeunes marocains à privilégier le travail dans la
fonction publique plutôt que le secteur privé car le public leur garantit plus de
stabilité et une meilleure protection sociale.
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Par ailleurs, il a été constaté aussi, que le taux de chômage augmente avec le niveau
d’éducation, ce qui confirme l’inadéquation des formations avec les besoins du
monde du travail et la permanence d’une croissance peu génératrice d’emplois
qualifiés.
L’ensemble de ces indicateurs démontre que l’emploi des jeunes et leur intégration
dans le système productif constituent des défis majeurs à la société marocaine. Une
société qui s’est engagée dans un processus de réformes en faveur d’une cohésion
sociale basée sur la solidarité entre toutes ses composantes. En effet, la principale
réforme a concerné la révision de la Constitution en 2011. Cette réforme vise la
construction d’un modèle par l’extension de l’Etat de droit, la promotion des droits
économiques et sociaux, le respect des droits individuels et collectifs ainsi que
l’extension du système de protection sociale.
Dans ce contexte, il est donc impératif de relever le défi de l’emploi des jeunes pour
maintenir la cohésion sociale et la stabilité politique, résorber la crise de confiance
dans le système éducatif et éviter que la fonction publique ne soit considérée comme
le recours exclusif. Le Maroc est appelé également à construire un modèle de
croissance fort et équilibré, capable de générer de l’emploi, en quantité et en qualité,
permettant une meilleure répartition de la richesse produite.
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Mesdames et Messieurs,
Le programme gouvernemental prévoit de ramener le taux de chômage à 8% à
l’horizon 2016. Pour ce faire, le gouvernement mettra en œuvre les mesures
nécessaires afin de renforcer le cadre institutionnel de la politique de l’emploi à
travers notamment, la consolidation et l’amélioration des dispositifs de promotion de
l’emploi en cours et la mise en place de nouvelles mesures.
Depuis 2006, trois programmes majeurs destinés à promouvoir l’insertion des jeunes
dans la vie active ont été mis en oeuvre par les pouvoirs publics : l’appui à l’emploi
salarié (Idmaj), qui permet aux jeunes diplômés en quête d’emploi d’acquérir une
première expérience tout en offrant aux entreprises un dispositif appuyé par des
exonérations d’impôt, de taxe et de charges sociales. L’adéquation emploi-formation
(Taehil) qui améliore l’employabilité des diplômés chercheurs d’emploi pour des
postes identifiés ou potentiels. Et un dispositif d’appui à la création des petites
entreprises (Moukawalati).
En 2012, il est prévu de lancer trois nouveaux programmes de soutien à l’emploi. Il
s’agit de «Moubadara», dédié à promouvoir l’emploi au sein des associations de
proximité, œuvrant dans le champ socio-pédagogique, «Taater» orienté vers les
diplômés au chômage de longue durée et «Istiab» devant servir de système incitatif,
pour assurer l’intégration de l’économie informelle.
Les efforts viseront également la mise en place des mécanismes de veille et des outils
d’intermédiation et d’observation, par la création d’un observatoire national de
l’emploi et de la formation, pour une meilleure appréciation des tendances et
évolutions du marché de travail. Il est aussi nécessaire, de souligner l’institution
d’une indemnité pour perte d’emploi, adoptée récemment, pour soutenir les salariés
perdant leur emploi et améliorer leurs conditions de vie.
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Par ailleurs, le gouvernement est amené à réformer en profondeur le système
d’éducation et de formation pour en faire un système souple, réactif et suffisamment
ancré dans le milieu professionnel pour améliorer l’adéquation de la formation au
marché du travail et satisfaire aux exigences des stratégies sectorielles et des chantiers
structurants du pays. Dans ce sens, une nouvelle stratégie de la formation
professionnelle à l’horizon 2020 est en cours de finalisation.
En complément de ces mesures, il demeure essentiel de mettre à niveau et renforcer
davantage l’attractivité de l’économie nationale. Le Maroc a enregistré d’importantes
avancées sur ce plan, comme le mentionne le dernier rapport de « Doing Business ».
Cette attractivité suppose la mise en place d’un environnement juridique et
réglementaire, propice à la création d’entreprises; l’amélioration du climat
d'investissement en plus de l'élaboration d'une stratégie industrielle basée sur le
développement de nouveaux métiers.
Nous sommes persuadés que nous ne réussirons pas à relever le pari de la lutte
efficace contre le chômage des jeunes et la maîtrise des difficultés actuelles sans une
croissance inclusive, durable et génératrice d’emplois. La réalisation de cet objectif
reste, cependant tributaire de la mobilisation générale de toutes les composantes de la
société autour d’une politique de développement intégrée, cohérente, mieux
coordonnée et surtout focalisée sur la création de l’emploi décent pour tous les jeunes.
Cette mobilisation nécessite, indéniablement, la mise en place de partenariats
renforcés et diversifiés entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile, les
partenaires sociaux ainsi que les partenaires internationaux.
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Mesdames et Messieurs,
Le Maroc, de part sa situation géographique, est à la jonction des flux migratoires. Il
est à la fois un pays d’émigration, d’immigration et de transit. Ces trois formes de
migration ont été affectées par la crise et ont précipité des changements dans les
politiques migratoires dans les pays de destinations. Des politiques qui tendent vers
un durcissement des conditions d’accueil et un accroissement de l’ostracisme. Nous
assistons, du fait de la crise économique et financière à deux phénomènes. D’un côté,
le repli sur le Maroc de ses propres ressortissants touchés par la crise, et de l’autre,
l’afflux des ressortissants des pays du Nord pensant y trouver des niches
insuffisamment exploitées. Autant de phénomènes, qui amplifient la crise de l’emploi
au Maroc et peuvent aussi influer négativement sur les réalisations des politiques
publiques nationales en les rendant inefficientes et insuffisantes pour absorber
l’important flux migratoire.
Partant, il va sans dire que les défis de l’emploi et de la lutte contre la précarité
doivent, également, être repensés dans le cadre d’un partenariat mondial et une
meilleure concertation de la coopération tant aux niveaux bilatéral qu’au niveau
multilatéral.
J’en appelle donc au renforcement d’un partenariat actif dans le domaine de la
migration impliquant une démarche plus globale, centrée sur une politique
d’inclusion en vue de réduire la désocialisation et la vulnérabilité des étrangers.
Ces partenariats devraient surtout permettre de mettre en œuvre des solutions à long
terme pour éradiquer la pauvreté dans les pays en développement, promouvoir les
principes de l’économie sociale et solidaire, assurer la transition vers l’économie verte
et mettre en place des mesures concrètes de coopération dans le domaine du
développement durable.
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Il est important, également, de souligner la nécessité de renforcer et d’établir des
partenariats pour mettre en commun les connaissances spécialisées pour améliorer la
formulation de politiques en faveur de l’emploi des jeunes à l’échelle mondiale.
Mesdames et Messieurs,
Je ne peux conclure cette intervention sans préciser que pour relever les défis de
l’emploi, nous devons mettre en place des politiques favorisant les objectifs suivants :
l’adéquation formation emploi, le renforcement des services de l’emploi, la promotion
de partenariats entre tous les acteurs de développement ainsi qu’une meilleure
concertation et coopération au niveau international.
Merci pour votre attention
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