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Or, la diffusion de ces zones protégées, notamment sur le continent africain, fait l’objet de débats
parfois virulents. La plupart des acteurs impliqués dans la mise en place de ces zones protégées
sont des acteurs occidentaux. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et
le World Wildlife Found (WWF) sont les plus connus. Imprégnées d’idéologies occidentales, ces
ONG délimitent des espaces naturels protégés dans les Suds d’après leurs a priori et leurs
conceptions environnementalistes. Ces méthodes qui peuvent aboutir à l’éviction des populations
autochtones ou à certains changements de leurs modes de vie sont vues comme une véritable
« mise sous cloche » d’espaces naturels aux dépens des populations. Dans son ouvrage Une
planète disneylandisée, Sylvie Brunel fait le procès des moyens employés par certaines ONG
internationales « organisées en oligopoles, travaillant de concert avec les élites nationales et
internationales, (…) au nom de la préservation d’une vie sauvage sanctifiée ». Aux Dahlak, le rôle
des Occidentaux dans les projets de protection des îles de l’archipel est fondamental. Alors qu’ils
sont aujourd’hui quasiment les seuls à pouvoir accéder à ces îles désertes, ils sont également au
cœur du projet de « parc naturel marin ». L’accès privilégié à la nature protégée apparaît alors
comme le reflet d’une fracture Nord / Sud encore forte aujourd’hui.
Ces espaces naturels protégés sont au cœur d’un nouveau tourisme de niche : l’écotourisme.
L’écotourisme, ou le tourisme vert, est une des formes du « tourisme durable », qui privilégie le
pilier environnemental du développement durable. Ainsi, « l’écotouriste » part à la découverte des
écosystèmes. Les parcs naturels sont de fait le lieu idéal pour découvrir des espaces naturels
spécifiques. Or, le développement de cette nouvelle forme de tourisme suscite aussi de
nombreuses réactions. D’une part, c’est encore un tourisme essentiellement ouvert à une
population occidentale privilégiée. En Érythrée, seuls les expatriés italiens peuvent s’offrir les
déplacements en bateau depuis Massawa jusqu’aux îles Dahlak, ainsi que l’équipement de
plongée et de camping nécessaires, pour profiter des beautés sous-marines de l’archipel. D’autre
part, ce tourisme concrétise certains idéaux européens et occidentaux en favorisant
l’enracinement de nouvelles pratiques environnementales de sanctuarisation. Ces dernières
participent plus largement à la « sanctuarisation » de ce continent : « l’Afrique apprend à vendre à
ces touristes internationaux en quête de dépaysement l’image d’un continent préservé, d’un éden
tropical où renouer avec une nature vierge » affirme Sylvie Brunel qui s’oppose à cette image de
plus en plus figée diffusée par les salons du tourisme. C’est bien cette idée de « paradis naturel à
conserver » qui habite le projet du parc naturel marin de l’archipel des Dahlak.
Ainsi, la question du développement durable se heurte aux problématiques de la fracture
Nord/Sud. Par exemple, en Afrique du Sud, comme le montrent les géographes F. Giraut,
S. Guyot et M. Houssay-Holzchuch, si les parcs naturels sont aujourd’hui utilisés pour atténuer les
tensions régionales et les anciennes ségrégations sociales, « ils restent représentatifs du passé
colonial où “préserver” la nature signifiait la “réserver” à une élite blanche en quête de
dépaysement ».
4- Des pistes pour le lycée
– En classe de seconde
Cet extrait permet de découvrir un espace littoral doté d’une riche biodiversité du fait de son
endémicité ainsi que de curiosités culturelles sous-marines. Ces atouts pourraient rendre attractif
ce littoral situé dans une zone déjà très touristique : la mer Rouge. Cette étude de cas permet
donc de travailler sur les notions d’aménagement et de gestion durable d’un espace littoral en
s’interrogeant sur les différentes mises en valeur possibles.
On peut envisager l’utilisation de cet extrait dans le cadre du programme de seconde. En effet,
l’étude des atouts de cet archipel permet d’étudier la notion d’attractivité et de dynamique d’un