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Escale à Dubrovnik – Émission du 20 novembre 2009
Reportage sur l'archipel des Kornates
1- Repérage
Cette nouvelle escale de l’expédition Tara permet de découvrir l’archipel des Kornates situé au centre de
la côte dalmate, au sud de Zadar en Croatie. Composé de 150 îles et îlots, le plissement des Kornates
résulte de la collision des plaques adriatique et européenne. Marquées par le climat méditerranéen et
l’influence de la mer, ces îles sont arides mais dotées d’une riche biodiversité. C’est un environnement
exceptionnel que l’État croate entend protéger au sein du parc national des Kornates.
2- Synopsis de l’extrait
Cet extrait permet de découvrir les spécificités de la géographie physique des Kornates. Cet archipel
« bleu, blanc et vert » est constitué de pentes abruptes et hostiles, modelées par le pouvoir érosif des
vents et de la mer et marquées par des stries calcaires.
Le reportage permet également d’étudier l’évolution des modes d’utilisation de cet espace. Longtemps
convoitées par les hommes du continent qui venaient y pêcher, y récolter des fruits (plus de 100 000
oliviers sont présents sur ces îles) et s’y reposer, les Kornates sont aujourd’hui des îles privées, sur
lesquelles les hommes sont rares. En effet, une centaine d’entre elles sont protégées au sein du parc
national et le développement des activités économiques y est donc étroitement contrôlé. Les rares
habitants permanents, agriculteurs et/ou éleveurs, ainsi que les propriétaires, cherchent donc à valoriser
leur territoire en développant notamment le tourisme.
3- Enjeux et contexte : « Parc naturel et développement durable »
Le terme de « parc naturel » s’entend comme « un territoire assez étendu, renfermant un ou plusieurs
écosystèmes peu ou pas transformés par l’occupation ou l’exploitation humaine, où les espèces
végétales et animales, les sites géomorphologiques et les habitats offrent un intérêt spécial sur les plans
scientifique, éducatif, récréatif, et où existent des paysages naturels d’une grande valeur esthétique »
(Yvette Veyret). L’espace en question est donc considéré comme un patrimoine de grande valeur qu’il
s’agit de préserver pour les générations futures grâce à la mise en place d’une réglementation. Si le
classement d’un parc national, qui émane de la volonté étatique, fait débat, en particulier parce qu’il
instaure une législation contraignante pour les habitants de ce territoire, il est néanmoins défendu par de
nombreux acteurs favorables aux principes du développement durable.
Comme le rappelle la géographe Yvette Veyret, la conception du développement durable trouve son
origine dans l’idée que l’homme et la société dégradent, détruisent les composantes de la planète. Cette
idée aboutit à la mise en place d’aires protégées soustraites aux formes d’utilisation perçues comme
prédatrices, selon une logique soutenue aujourd’hui par les grandes ONG écologistes (UICN, WWF,
Greenpeace…). Ainsi, les premiers parcs nationaux apparaissent dès la fin du XIXe siècle aux États-Unis
(le parc du Yellowstone est créé en 1872), puis se développent dans les « pays neufs » anglo-saxons et
dans le monde entier. En France, la loi permettant de créer des parcs nationaux est promulguée en
1960. Le parc national des Kornates est instauré en 1980.

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Différents acteurs interviennent en faveur de ces espaces protégés. À l’échelle mondiale, l’Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN) est la principale ONG consacrée à cette cause.
L’UNESCO a aussi pour but de cataloguer et de conserver les sites naturels d’importance pour l’héritage
commun de l’humanité. À l’échelle régionale, l’Union européenne a également instauré des politiques
environnementales favorables à la conservation : en la matière, les deux textes de l’Union les plus
importants sont les directives « Oiseaux » (1979) et « Habitats faune flore » (1992). Elles établissent la
base réglementaire du grand réseau écologique européen. Les sites désignés au titre de ces deux
directives forment le réseau Natura 2000. Le parc national des Kornates est géré par l’État croate qui
s’attache de plus en plus à la protection de son environnement afin de répondre aux attentes de l’Union
européenne.
Les législations des parcs nationaux varient d’un État à l’autre : si certaines délimitent des aires
totalement interdites aux activités humaines (il n’existe en France qu’une seule « réserve intégrale » de
ce type), d’autres cherchent plutôt à imposer des formes de conservation qui n’excluent pas totalement
les hommes. Ainsi, les parcs nationaux français sont constitués de deux zones : une zone centrale, dans
laquelle les activités humaines sont étroitement encadrées, certaines interdites, et une zone
périphérique dans laquelle elles sont possibles et bénéficient de retombées, en termes d’images et de
fréquentation touristique notamment. L’acceptation sociale d’un parc national résulte donc d’un équilibre
difficile à atteindre entre les intérêts des différents acteurs. Le parc national des Kornates ne semble pas
avoir échappé à ces difficultés : la « mise sous cloche » (Sylvie Brunel) du territoire du parc national a eu
pour corollaire l’éviction des populations autochtones. Charles Geisler parle de « réfugiés pour cause
d’opérations de conservation ». En effet, s’il respecte le principe « environnemental » du développement
durable, le parc national des Kornates, qui fonctionne sur le même modèle que les parcs nationaux
français (catégorie II selon le classement de l’UICN) ne semble pas vraiment satisfaire aux autres piliers
« économique » et « social ». L’un des seuls habitants permanents des îles de l’archipel déplore le fait
que les autorités ne se préoccupent que de la protection environnementale et très peu de l’aide sociale
des habitants en difficulté économique.
4- Des pistes pour le collège
– En classe de cinquième
L’extrait offre un bel exemple de conflit d’acteurs permettant d’introduire les enjeux du développement
durable et de présenter cette notion en début d’année de cinquième. Il peut donc être utilisé dans la
partie I (« La question du développement durable »), thème 1 (« Les enjeux du développement
durable »), comme amorce d’une étude de cas sur les « aires protégées ».
Un espace exceptionnel, à la
mise en valeur ancienne.
Une législation protectrice de
la nature, contraignante pour
les habitants.
Des conflits d’usage et des
formes nouvelles de mise en
valeur des îles.

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Après avoir localisé l’archipel des Kornates sur des cartes à différentes échelles, un questionnement
permet, à partir de l’extrait, de classer les principaux enjeux du sujet : identifier les caractéristiques
exceptionnelles du site en question, repérer les bénéfices environnementaux liés à la création du parc
national, relever les conséquences économiques et sociales de la création du parc. On pourra ensuite
poser la problématique.
Problématique : comment concilier la préservation de l’environnement et les préoccupations
économiques et sociales de la population dans la mise en valeur de cet espace ?
La séquence se poursuit avec une étude de cas portant par exemple sur les conflits autour de la
création d’un parc national ou autre espace protégé en France (affaire de la Vanoise, réintroduction du
loup ou de l’ours…).
Elle débouchera sur une définition du développement durable comme forme de développement négocié
entre différents acteurs, conciliant des intérêts environnementaux, économiques et sociaux, permettant
l’acceptation sociale d’une législation contraignante.
Qu’est-ce qui fait la richesse de
l’environnement de l’archipel des
Kornates ?
Comment les îles de l’archipel
des Kornates ont-elles été
utilisées par les hommes durant
les deux derniers siècles ?
Qu’est-ce qui montre que ces îles
sont privées ?
Quelles sont les limites aux
activités humaines dues à la
création du parc national des
Kornates ?
Quelles sont les conséquences
pour les habitants de l’archipel ?
Comment les activités
traditionnelles comme l’élevage
de moutons subsistent-elles ?
Quelles nouvelles activités
peuvent permettre aux
propriétaires de ces îles de
valoriser leur territoire ?

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Objectif : définir la notion de développement durable.
Notions : biodiversité, environnement, parc national, conflit d’acteurs, développement durable.
Capacités : situer un espace sur des cartes à différentes échelles, lire, comprendre et expliquer
différents documents de géographie (images, cartes, textes, graphiques), en répondant à des questions,
élaborer un texte court en réponse à une problématique, identifier et expliquer les différents enjeux du
développement durable.
– En éducation civique
On pourrait aussi imaginer une utilisation comme amorce rapide, dans le cadre du programme
d’éducation civique de sixième, qui met l’accent sur la responsabilité exercée par « l’habitant »,
contribuant notamment au respect de l’environnement et du cadre de vie. Si le programme privilégie
l’étude de cette question dans le cadre de la commune de l’élève, il n’interdit pas, toutefois, une
comparaison se référant à l’agenda 21 d’une autre commune, par exemple située dans une aire
protégée.
De manière très simple, on pourrait alors étudier comment les associations et les élus d’une commune
située en tout ou partie sur le territoire d’un parc national français ont réagi lors de leur classement,
comment ils ont fait entendre leurs revendications, souvent contradictoires (associations écologistes
contre syndicats d’éleveurs par exemple), et comment ils ont – ou non – trouvé avec l’État un compromis
satisfaisant à la fois les exigences environnementales et celles liées aux préoccupations économiques et
sociales des populations.
5- Des pistes pour le lycée
Cet extrait permet de découvrir un espace protégé et de rendre plus concret la notion de
« développement durable » souvent présentée de façon très abstraite. En outre, cette étude de cas
permet de discuter la notion de développement durable puisque la mise en place du parc national des
Kornates fait l’objet de conflits d’acteurs.
On peut envisager l’utilisation de cet extrait dans le cadre du programme de première. En effet, les
éléments de géographie physique des Kornates permettent d’aborder la notion de « milieu ». De plus,
cet extrait peut être présenté dans le cadre du chapitre sur le rôle de l’Union européenne dans
l’aménagement des territoires : la Croatie est en effet un pays candidat à l’entrée dans l’Union
européenne. Enfin, l’analyse des limites de la mise en place de ce parc permet d’aborder la notion
d’acteurs spatiaux, de conflits d’acteurs et de territoire, ainsi que de discuter la notion de
« développement durable ». On peut également envisager l’utilisation de cet exemple comme sujet
d’étude dans le cadre du programme de première STG pour illustrer le chapitre « Les territoires
européens ».
1re suggestion : à travers l’exemple de cet espace naturel protégé, les élèves découvrent les
notions de « milieu » et d’ « environnement », qui sont au cœur du concept de « développement
durable ».
Objectif : montrer les corrélations entre « développement » et « sociétés ».
Notions travaillées : milieu, environnement.
Capacités travaillées : définir des concepts géographiques.

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La notion de « développement durable » interroge les relations entre l’homme et la nature et s’inscrit
donc dans la continuité des questionnements géographiques sur la notion de « milieu » et d’
« environnement ». En effet, ce concept cherche à rendre possible un équilibre entre le développement
économique, l’équité sociale et la préservation environnementale. Ainsi, il étudie la place de l’homme
dans les espaces et leur rôle dans les dynamiques environnementales. Or, la notion de « milieu »
désigne un espace marqué par une combinaison des caractéristiques naturelles, sociales, économiques
voire culturelles. Ainsi, en étudiant un « milieu » dans une démarche systémique, les élèves prennent
conscience des interactions entre les différents éléments qui le constituent.
À travers l’extrait, plusieurs de ces éléments sont évoqués et permettent de comprendre les
caractéristiques du milieu des Kornates. On pourrait donc demander aux élèves de récolter des
informations expliquant ses spécificités et de les classer par types. L’objectif étant ainsi de définir le
concept de « milieu » à travers un exemple concret.
MILIEU DES KORNATES
Caractéristiques sociales
– Forte présence humaine
pendant 200 ans.
– Très faible présence humaine
permanente aujourd’hui.
Caractéristiques naturelles
– Ile méditerranéenne : végétation
méditerranéenne (oliviers…) ;
– Pouvoir érosif du vent et de la
mer.
Caractéristiques économiques
– Forte exploitation agricole
pendant 200 ans (élevage et
culture).
– Activités touristiques en
développement.
Caractéristiques politiques
– Espace naturel protégé : parc
naturel des Kornates.