LA MURENE, la mauvaise réputation
Qu’elle soit Méditerranéenne, léopard, tatouée ou javanaise, tous les plongeurs la connaissent. On la trouve dans toutes
les mers tempérées et tropicales.
Elle peut être petite, telle la murène tatouée (de 25 à 50 cm) mais aussi très grande, telle la murène javanaise qui peut atteindre
les 3 à 4 mètres et peser plus de 100 kg. (Et elle n’est pas la plus grande !)
Les murènes nous offrent une grande variété de livrées et certaines changent même de couleur selon les différentes étapes de leur
vie, comme la murène ruban.
Leur espérance de vie peut atteindre 10 à 20 ans, selon les espèces. Elle vit le jour cachée dans les anfractuosités, parfois jusqu’à
100 m de profondeur, et sort chasser la nuit.
Sa réputation est partiellement due à son attitude qui peut paraître menaçante : la gueule grande ouverte montrant
plusieurs rangées de dents pointues. Il ne s’agit nullement d’une démonstration d’agressivité, mais simplement une manière
d’assurer une meilleure circulation de l’eau par ses branchies dont les orifices sont étroits, pour ainsi mieux « respirer ». On peut
aussi dire qu’elle a un beau sourire !!!
Cependant si la murène, qui est plutôt craintive, se sent dérangée ou agressée, elle peut effectivement pour se défendre, mordre
le plongeur imprudent : sa mâchoire puissante pourvue de ses dents pointues infligera alors une vilaine blessure qui sera longue à
cicatriser à cause de sa salive à actions digestive, hémolytique et neurotoxique. A cela s’ajoute le risque de surinfection du aux
restes alimentaires en putréfaction dans sa gueule.
Son corps serpentiforme lui permet de se cacher le jour dans les failles. Sa peau est lisse, sans écaille, recouverte d’un
mucus protecteur, ce qui lui permet de se glisser plus facilement dans les anfractuosités. Certaines murènes possèdent même un
mucus toxique.
Sa très mauvaise vue est compensée par un odorat hors pair. Ses narines tubulaires qui sont munies de cils vibratiles assurant la
circulation de l’eau, abritent de nombreuses terminaisons nerveuses olfactives.
En plongée de nuit, le plongeur qui la verra chasser en pleine eau, sera impressionné par ce long poisson qui se « cogne »
partout, mais sans mal grâce à son mucus protecteur. Munie de son odorat puissant, elle repère ses proies, déloge le poulpe du
trou le plus étroit en faisant un nœud avec son corps et gagner ainsi de la force avec sa détente, puis arracher le bras du poulpe.
Elle se nourrit aussi volontiers de seiches, calamars, poissons et crustacés, et ne dédaigne pas les charognes.
La murène n’a pas de nageoires pectorale ni ventrale. Les nageoires anale et dorsale sont fusionnées en une seule
nageoire caudale. La murène est parfois confondue avec le congre qui possède ces mêmes caractéristiques et qui parfois partage
la même faille.
La reproduction a lieu en été, de juillet à septembre. Les œufs fécondés seront abandonnés, puis transformés en larves
translucides, flotteront pendant 1 à 2 ans selon les espèces. Elles feront donc partie du zooplancton avant de devenir jeunes
murènes.
Si vous n’avez pas encore vu les fidèles compagnes de la murène, lors de votre prochaine visite, approchez vous
délicatement du trou, et observez discrètement sans trop éclairer…
Peut être aurez vous la surprise de voir ses amies les crevettes « nettoyeuses », qui sont d’espèces différentes selon les mers. Le
petit labre nettoyeur ne dédaigne pas lui rendre visite également. Le « travail » de ces nettoyeurs est débarrasser la murène des
parasites et des déchets aussi bien dans sa gueule qu’à l’extérieur, tout en se nourrissant. Tout le monde y trouve son compte et
vit en belle harmonie !