SATORI Anuttara-samyak-sambodhi Je ne suis pas moi-même bouddhiste mais je respecte cette vénérable école de dépassement de soi. Une expérience mentale très particulière nommée : Suprême illumination parfaite (Anuttara-samyak-sambodhi) a été vécue par le Bouddha après sept jours d'intense méditation sous l'arbre de la Bodhi. Cette expérience (satori en japonais) tient une place centrale dans le bouddhisme à coté de l'enseignement spirituel et moral qu'il délivre. C'est en principe la raison d'être du bouddhisme et tous les courants (indo-tibétain, sud asiatique, et sino-japonais) la reconnaissent comme identique, quoique son contenu semble présenter des variétés culturelles, plus religieux chez les Tibétains, plus sobre chez les Japonais. Pour l'adepte cette expérience est l'aboutissement rare d'une longue préparation sous l'autorité d'un maître qui le dirige au sein d'une communauté qui le protège, mais toutes ces écoles admettent qu'un satori solitaire peut être vécu par une personne isolée hors de tout contexte spirituel propre au bouddhisme. Personnellement je considère que le satori est le résultat d'une synergie mentale très particulière propre au bouddhisme, qui ne fait pas partie du programme de l'ASFM, n'est pas nécessaire à la maîtrise que l'ASFM propose, ni la conséquence de cette maîtrise. Faute de témoignage direct je suis d'ailleurs incapable de dire avec assurance quelle synergie en est la cause. Je ne lui donne aucune signification mystique ou religieuse mais je peux comprendre que d'autres puissent le faire. Par contre je sais que des synergies exceptionnelles peuvent se déclencher, qui feraient l'affaire car elles sont de nature à dégripper les boulons. Parmi les plus impressionnantes, l'une d'elles se produit quand le sentiment du soi s'inverse en anacentré (ce n'est pas une simple enstase), donc vide absolu au centre et universel au delà. La fonction volontaire déboussolée coupe la motrice et passe le relais à l'analytique et à la foi, le jugement arbitraire déclare son incompétence. Faute de préparation suffisante la pathologique peut réagir lors d'un bref moment de passage total à vide par un signal de jouissance et d'angoisse extrême. L'analytique et la foi reprennent le relais en dominance partagée, exaltée. L'analytique en envoie alors une très grosse louche, d'autant plus importante que la tension spirituelle qui l'a précédée a été forte, ce que les bouddhistes appellent le Bodhi-chittotpâda, le désir d'illumination ou d'éveil. C'est ici que le contenu de l'expérience peut varier selon la culture, la spiritualité, l'étendue et le raffinement des spéculations mystiques de la personne et la nature de son transcendant. La probabilité qu'un satori solitaire se réalise spontanément est extrêmement faible, mais c'est un cas d'école théoriquement possible pour les bouddhistes. Si cela arrive néanmoins, il faut savoir que nous ne risquons rien, qu'il est inutile de s'y attarder quand c'est terminé et ensuite qu'il ne faut pas se prendre pour le "petit Jésus". Note : Là où tous les mystiques se trompent, bouddhistes y compris, c’est qu’ils n’accèdent pas à une réalité cosmique qui se situerait hors d’eux-mêmes. Si c’était le cas le contenu, et non seulement la forme, de ces expériences serait le même pour tous. Or ce n’est pas le cas, le contenu de ces expériences (suprêmes et parfaites selon les bouddhistes) est varié ce qui montre qu’ils n’échappent pas à l’anespace de leur être singulier, donc qu’il ne vivent qu’une reconstruction, extensive, exaltée, globalement cohérente, de leur propre contenu spirituel, ce qui n’enlève rien à l’enrichissement mental qu’elle leur apporte.