L’entretien à visée diagnostique est celui qui nous intéresse le plus de notre point de vue.
Quand vous faites un entretien de recherche, c’est simple, vous avez vous une demande
cognitive précise qui concerne votre recherche.
Dans un entretien où on vous dit : “ Allez voir Mr Machin il ne va pas bien ”, on ne fait pas
appel à vos compétences cognitives. On vous demande d’être intelligent aussi mais on fait
appel à tout autre chose. Cela fait quand même une différence qu’on va explorer.
Nous, nous parlons de psychologue clinicien car en effet il existe dans les institutions
des différences professionnelles, des statuts professionnels différents. Vous serez à la fin de
l’année je l’espère psychologues cliniciens et à la fin de la même année un certain nombre de
médecins seront psychiatres. Or le statut de psychiatre n’est pas le même statut que celui de
psychologue clinicien et tous deux comme d’autres (éducateurs etc…) font des entretiens.
Il est intéressant de réfléchir en quoi c’est pas les mêmes entretiens du tout.
La professionnalisation distingue radicalement ; par exemple le domaine des médicaments est
dévolu au psychiatre.
Les deux sont cliniciens et mènent des entretiens et des consultations, à l’exclusion des
traitements médicamenteux pour le psychologue. Les entretiens peuvent être pratiqués par les
deux, même s’ils n’ont pas la même formation, et cette différence de formation est importante.
Le terme de clinicien permet donc de penser que la fonction n’est pas nécessairement la
profession.
Le psychiatre et le psychologue clinicien n’ont pas la même pratique professionnelle mais ils
peuvent occuper la même fonction sur le créneau de la pratique de l’entretien.
C’est intéressant d’avoir ce modèle là, pas pour dire : “ je suis comme le psychiatre ”, parce que
non, l’un n’est pas l’autre. J’en viens donc à dire que l’entretien n’est pas notre spécificité (qui
serait de façon outrancière, pour le psychiatre les médicaments et pour le psychologue la
passation des tests). A côté de ça il y a tout un champ de pratiques réelles et dynamiques qui
sont partagées par ces professionnels en institution.
Pouvoir penser en terme de fonction commune au niveau de l’entretien et de la consultation et
de professions différentes permet parfois de sortir de conflits de rivalité institutionnelles.
Et ça c’est intéressant. Il ne s’agit pas de se mettre à la place de l’autre, il s’agit de pouvoir faire
vivre ce terrain d’une pratique commune qui n’est pas en même temps identique. Ca sort parfois
de la rivalité de fonction. C’est plus rare les psychiatres qui veulent être psychologues que les
psychologues qui veulent être psychiatres, pour diverses raisons, entre autre celle de la place du
psychologue dans l’institution. Pouvoir sortir de cette envie là sera gérée autrement que sur le
mode de la pure rivalité et est utile pour les patients et la dynamique d’un lieu institutionnel.
Dans le cours on va distinguer investigation et psychothérapie en commençant par
l’investigation.
Un autre critère est important à prendre en compte au niveau de l’entretien, c’est la distinction
entre l’exploration de l’intra-psychique de l’exploration de l’interpersonnel ou l’intersubjectif,
même s’ils s’articulent. Qu’est-ce qui se joue dans chacun de ces domaines psychiques dans un
entretien ? Je laisse cela pour l’instant à l’état d’ébauche.
Petit mot introductif sur l’entretien d’investigation, préciser ce terme.
Entretiens où la demande est “ Mr Machin va mal en ce moment, ce serait bien que vous le
voyez… ” : ce sont souvent des demandes pas faciles car c’est souvent en institutions de soins,
qu’on soit en médecine somatique ou en médecine psychiatrique. C’est souvent une demande
qui n’émane pas du malade ou du patient. C’est souvent des demandes des équipes ou du
psychiatre, du médecin, rarement du patient. Ce peut être aussi une demande de soulager une
équipe qui a du mal avec un patient ou du côté des demandes difficiles à gérer comme celle d’un
médecin dans son sentiment d’impuissance face à une maladie somatique ou à un patient qui
s’enferme dans sa dépression et refuse par exemple un traitement.