TRAUMATOLOGIE DU MEMBRE INFERIEUR UV 509 P. PILARDEAU TRAUMATOLOGIE DU MEMBRE INFERIEUR I - HANCHE La hanche est constituée de deux os (iliaque et fémur), d'une articulation (coxo-fémorale) et de très nombreux muscles (psoas-iliaque, petit, moyen et grands fessiers, pyramidal, obturateurs externe et interne, jumeaux, carré crural et tenseur du fascia lata). Il s'agit d'une articulation très mobile destinée à lutter contre la gravitation et à donner appui aux muscles propulseurs de la cuisse. 1.1 ANATOMIE 1.1.1 OSTEOLOGIE Seules les régions concernées directement par l'articulation de la hanche seront traitées dans ce paragraphe, c'est-à-dire le cotyle et la tête fémorale. + Cotyle Le cotyle est situé sur la face externe de l'os iliaque, au carrefour de l'aile iliaque du pubis et de l'ischion. La cavité cotyloïde regarde en dehors, en avant et en bas. Elle est limitée vers le haut par un épais bourrelet osseux appelé sourcil cotyloïdien. La cavité elle-même est divisée en deux parties, une région centrale non articulaire, rugueuse (ou arrière fond de la cavité cotyloïde) qui donne insertion au ligament rond, et la région articulaire périphérique, lisse en forme de croissant ouvert en bas et en avant. + Tête fémorale L'extrémité supérieure du fémur est formé d'une tête, d'un col et de deux apophyses, le grand et le petit trochanter. = La tête fémorale est formée par une saillie lisse représentant environ les 2/3 d'une sphère. Elle est orientée vers le haut, en arrière et en dedans pour répondre à la cavité cotyloïde. = Le col du fémur unit la tête aux trochanters et aux lignes intertrochantériennes. Il présente une forme grossièrement cylindrique orientée en bas et en dehors. Son angle est d'environ 130° avec l'axe fémoral. = Le grand trochanter est une saillie aplatie de dedans en dehors et prolongeant le bord externe de l'os. Sa face interne donne insertion au pyramidal, à l'obturateur interne, aux jumeaux et à l'obturateur interne et au petit fessier. Sur sa face externe se fixe le moyen fessier. = Le petit trochanter est situé à l'union du col et de la face interne du corps fémoral. Il donne insertion au muscle psoas iliaque. 1.1.2 ARTICULATION Les moyens d'union sont nombreux et particulièrement résistants, ce sont: le bourrelet cotyloïdien, le ligament rond (intra-articulaire), la capsule articulaire, les ligaments extra-articulaires et les muscles. = Le bourrelet est un fibro-cartilage souple et élastique, inséré sur le pourtour de la cavité cotyloïdienne. Sa hauteur varie de 6 à 10 mm suivant sa région (plus grand en haut et en arrière). Sa forme est celle d'un prisme. Il augmente la profondeur de la cavité et couvre ainsi une plus grande surface de la tête fémorale. = Le ligament est un ligament très épais et très résistant qui unit le fond de la cavité cotyloïde au centre de la tête fémorale, sur laquelle il s'insère au niveau d'une dépression appelée fossette du ligament rond. = La capsule est formée de deux types de fibres, longitudinales entre le fémur et l'iliaque, et transversales ou annulaires. La capsule s'étend du pourtour cotyloïdien au col fémoral en englobant les face interne du grand trochanter et externe du petit trochanter. = Les ligaments sont au nombre de trois, le ligament ilio-fémoral (antérieur), le ligament pubo-fémoral (inférieur), le ligament ischio-fémoral (postérieur). 1.1.3 MUSCLES Classiquement on sépare les muscles de la région fessière du muscle psoas-iliaque. Le trajet et la fonction de ce dernier sont décrits dans le paragraphe consacré au rachis lombaire). + Muscles du plan profond = Petit fessier Le petit fessier est un muscle triangulaire, épais et plat, qui prend naissance par des fibres charnues dans la partie inférieure de la fosse iliaque. En descendant vers l'extérieur il recouvre la face supérieure de l'articulation et se fixe au bord antérieur du grand trochanter. Le petit fessier est abducteur de la cuisse et rotateur externe ou interne suivant les fibres mises en action. = Pyramidal Ce muscle triangulaire et allongé unit la face antérieure du sacrum. Après son insertion située au niveau du deuxième au quatrième trou sacré, ce muscle sort du bassin à travers la grande échancrure sciatique et se fixe sur le bord supérieur du grand trochanter dans sa partie moyenne. Le pyramidal est abducteur de la cuisse et rotateur externe. = Obturateur interne L'obturateur interne prend naissance sur la face interne de la membrane obturatrice, la face interne de la branche ischio-pubienne et sous le trou ischio-pubien. Ce muscle présente la particularité de se "couder" à angle droit au niveau de la petite échancrure sciatique. Il se dirige ensuite en dehors et en haut et s'insère sur la face interne du grand trochanter. L'obturateur interne est rotateur en dehors. = Jumeaux supérieur et inférieur Les jumeaux sont deux muscles accessoires qui unissent la face externe de l'épine sciatique à la face interne du grand trochanter. Les jumeaux sont rotateurs externes. = Obturateur externe L'obturateur externe prend naissance sur le pourtour osseux externe du trou ischio-pubien. Il se dirige en haut et en dehors pour se fixer dans le fond de la cavité digitale du grand trochanter. C'est un rotateur externe de la cuisse. = Carré crural Le carré crural présente l'aspect d'un quadrilatère tendu transversalement de la face externe de la tubérosité ischiatique à la ligne rugueuse fémorale. Il est rotateur externe et adducteur de la cuisse. + Muscle du plan moyen = Moyen fessier Le moyen fessier est un muscle triangulaire épais et large qui s'insère dans une grande partie de la fosse iliaque externe. Ce muscle recouvre la totalité du petit fessier et va s'insérer sur la face externe du grand trochanter. Le moyen fessier est abducteur de la cuisse et rotateur externe ou interne suivant les faisceaux mis en jeu. + Muscles du plan superficiel = Grand fessier Le grand fessier est un muscle large et épais qui recouvre la totalité de la région fessière. Il prend naissance de la crête iliaque, de la crête sacrée, des tubercules sacrés et des bords latéraux de cet os et du coccyx. Ces fibres descendent vers la ligne âpre fémorale sur laquelle elles s'insèrent. Les fibres les plus superficielles s'unissent à l'aponévrose du TFL. Le grand fessier est extenseur de la cuisse et rotateur externe. En fonction des faisceaux considérés, il est également abducteur et adducteur de la cuisse. = Tenseur du Fascia Lata (TFL) Le TFL est un muscle plat allongé, comprenant une grande partie tendineuse qui s'étend de la crête iliaque (extrémité antérieure) et de l'épine iliaque antéro-supérieure au tubercule de Gerdy sur le tibia. Le TFL recouvre la totalité de la face externe de la hanche. Sur le bord postérieur de son corps charnu, il s'unit à une lame fibreuse verticale, la bandelette de Maissat. Cette dernière reçoit une partie des fibres du grand fessier et se confond avec le tendon du TFL. Le TFL est essentiellement un extenseur de la jambe, mais il peut également être rotateur externe et abducteur. Il joue également un rôle très important de stabilisateur de la hanche en appuyant la tête fémorale sur le cotyle. 1.2 PHYSIOLOGIE La hanche a subi de nombreuses transformations depuis nos ancêtre les plus reculés et notre proche grand mère Lucy. Les modifications les plus importantes ont porté sur deux phases essentielles de notre évolution, le début de la bipédie (ou bipédie sporadique) et le redressement des préhominiens (bipédie exclusive). Chez les bipèdes sporadiques le bassin est étroit, très incliné vers l'avant pour donner appui à un rachis lombaire déjà lordosé mais très antéversé. L'orientation des fémurs engendre une position en varus à la cuisse qui se trouve toujours en position de légère flexion lors de la marche. Cette disposition anatomique donne à ces individus une démarche chaloupante, difficile à maintenir longtemps du fait de la fatigue musculaire. A chaque pas le bassin bascule d'un côté, tandis que la cuisse prend différents angles de flexion sans jamais passer par l'extension complète. Chez Lucy, et chez l'homme moderne, l'acquisition de la bipédie est à l’origine d’une adaptation partielle de ces structures aux nécessités du redressement. Si la localisation du cotyle, acquise bien avant la station debout, est de toute évidence d'ordre inductif, il est maintenant certain que les modifications du bassin et de la hanche observées chez les bipèdes exclusifs soient d'ordre génétique. Le bassin moderne est large, moins ouvert que celui des grands singes, basculé en avant, ce qui donne aux muscles périnéaux une meilleure assise pour résister au poids des organes contenus dans l'abdomen et le bassin. Lors de la marche, le dos est droit de même que l'axe des membres inférieurs. La forme du bassin et l'inclinaison en valgus des têtes fémorales limitent les mouvements de bascule du bassin. La rectitude des membres inférieurs impose de nouvelles contraintes à l'ischion qui se trouve en permanence sollicité par les muscles ischio-jambiers. Sur le plan musculaire on retiendra l'importance des rotateurs externes par opposition aux rotateurs internes. Ce schéma est précisément l'opposé de celui décrit au niveau du membre supérieur. + Commande musculaire et limitations ligamentaires et osseuses Mouvements Muscles moteurs Limitations du mouvement Abduction Moyen fessier Petit fessier TFL Ligaments pubo-fémoral et ilio-trochantérien Adduction Adducteurs Pectiné 1/2 membraneux Carré crural Ligament ilio-fémoral (faisceau supérieur) Rencontre de l'autre cuisse Ligament rond Rotation Petit et moyen fessiers , TFL Rotation externe Pyramidal Ligaments ischio-fémoral Obturateurs et pelvi-trochantérien interne et externe antérieur Jumeaux, TFL Ligament rond Carré crural Petit, moyen et grand fessiers Flexion Droit antérieur Psoas iliaque Couturier Extension Ligament ilio-fémoral interne (faisceau ilio-prétrochantérien) Jambe fléchie: Capsule et abdomen. Jambe tendue: Muscles ischio-jambiers Ligament rond Grand fessier ischio-jambiers Muscle psoas-iliaque Ligaments ilio et pubo-fémoral + Caractéristiques de la hanche moderne Angulations de la hanche et du fémur Antéversion Valgus fémoral 15° 3° Obliquité du cotyle Couverture du cotyle 10° 25° Amplitudes articulaires Flexion 130° Rotation interne 45° Abduction 45° Extension 15° Rotation externe 60° Adduction 25° Circumduction: Ce mouvement est le résultat de l'association des mouvements de flexion/extension et d'abduction/adduction. Sa commande motrice et ses limitations sont celles données pour ces mouvements. + La hanche lors de la course Lors de la course le sujet projette son centre de gravité en avant. Dans cette position, et notamment au moment du départ, la lordose lombaire tend à s'effacer, la hanche est fléchie. Pendant la phase propulsive le sujet pousse violemment avec ses muscles postérieurs (ischio-jambiers, grand fessier) et ses rotateurs externes (légère rotation externe de la cuisse). Ces deux groupes musculaires sont constitués par des muscles nombreux et puissants. Pendant la phase de suspension, le sujet fléchit la cuisse sur la hanche (mouvement qui nécessite seulement de lutter contre la gravitation et de ramener légèrement la cuisse en dedans). Ce mouvement est assuré par un nombre limité de muscles de faible puissance (couturier et droit antérieur) si l'on excepte le psoas iliaque. Entre ces deux mouvements la jambe s'étend, provoquant une extension brutale des muscles postérieurs s'insérant sur l'ischion. 1.3 TRAUMATOLOGIE La hanche est une articulation mobile mais stable, bien adaptée aux contraintes imposées par la lutte antigravitaire et le déplacement de l'individu. Pour cette raison les fractures concernant cette articulation sont rares et secondaires à des chocs particulièrement violents. Les atteintes de cette articulation concernent essentiellement les deux extrémités de la vie de l'athlète. Les ostéochondrites d'une part, et les atteintes dégénératives d'autre part constituent une part importante des consultations des adolescents et des "vieilles pointes". Chez l'adulte jeune les pathologies sont essentiellement représentées par les syndromes canalaires et les tendinites. 9.3.1 FRACTURES + Fractures du cotyle = Etiologie La fracture du cotyle survient sur un choc violent de la cuisse ou de la hanche contre un obstacle dur (mur du gymnase, poteau de but, autre joueur, chute en équitation, cyclisme, moto...). = Diagnostic . Examen clinique La douleur et l'impotence fonctionnelles sont immédiates. Le sportif est amené aux urgences sur un brancard en position antalgique (décubitus latéral, cuisse légèrement fléchie). L'examen est rendu pratiquement impossible par l'intensité de la douleur lors de la mobilisation. . Examen radiologique La radiographie permet de caractériser le type de la fracture et son éventuelle instabilité. Les principales fractures concernent: - La colonne postérieure, souvent accompagnée d'une luxation postéro-supérieure. - La colonne antérieure. - Les atteintes transversales. La radiographie recherchera également les fractures associées de la branche ischio-pubienne, pratiquement constantes lors des fractures antérieures. = Traitement Il comprend: soit une réduction orthopédique suivi d'une traction, soit un traitement sanglant par ostéosynthèse, également suivi pendant plusieurs semaines (quatre à cinq), d'une traction. La mise en charge ne sera réalisée que trois mois après l'accident. + Fracture du col fémoral = Etiologie Les fractures du col fémoral se rencontrent chez le sportif âgé de plus de cinquante ans (chute en équitation, à ski, en vélo...), ou chez le sujet plus jeune lors de polytraumatismes secondaires à un accident automobile ou moto, une chute en parapente ou deltaplane. = Diagnostic . Examen clinique Lors de sa chute le sportif a entendu un craquement et ressenti une violente douleur au niveau du pli de l'aine. L'impotence fonctionnelle est totale. A l'examen la cuisse est placée en légère rotation interne ou externe suivant le type fracturaire. . Examen radiologique La radiographie permet de caractériser le type de fracture, spiroïde, bec céphalique (trait vertical), bec cervical (trait horizontal), avec déplacement en coxa vara ou en coxa valga. = Traitement Chez le sportif le traitement le plus adapté est l'ostéosynthèse par vis après réduction. Le lever sera réalisé au troisième jour, la reprise de l'activité sportive se fera entre quatre et cinq mois. + Fractures trochantériennes Les fractures trochantériennes sont rares, elles concernent le grand trochanter (fracture verticale), le petit trochanter, ou les deux apophyses (respectant ou non l'éperon de Merkel). = Etiologie Ce sont les mêmes que pour les fractures du cotyle, chute d'une grande hauteur (sauts, parachutisme) ou choc direct contre un objet dur (cyclisme, équitation, ski, patin sur glace). = Diagnostic . Examen clinique Deux situations sont possibles: le sportif est amené aux urgences après son accident avec une impotence majeure (fractures trans-trocantériennes), il peut déambuler en boitant très bas (arrachement ou fracture parcellaire d'un trochanter). La mobilisation de la cuisse est très douloureuse, la contraction du psoas iliaque (petit trochanter) ou des fessiers augmentent la douleur (grand trochanter). La palpation localise le point le plus sensible (externe ou interne). Un hématome se développe rapidement en regard de la fracture. . Examen radiologique L'examen radiologique recherche les éléments susceptibles de rendre cette fracture instable (atteinte de la paroi postéro-externe ou de l'éperon de Merkel). = Traitement Le traitement orthopédique par extension continue pendant deux mois et ne permet pas au sportif de reprendre son activité physique dans des conditions acceptables. Il ne sera proposé que dans le cas de fracture stable, chez le sujet vétéran ne souhaitant pas être opéré. La solution la plus adaptée au sportif est le clou/plaque monobloc et la vis de Judet. La reprise de l'activité sportive ne peut être envisagée qu'après quatre à cinq mois. L'ablation du matériel sera réalisée un an après l'intervention. + Fracture de fatigue du col fémoral La fracture de fatigue du col fémoral est une lésion rare de l'adolescent mais dont la gravité nécessite un diagnostic précoce. = Etiologie La fracture de fatigue du col fémoral survient essentiellement chez les sujets de sexe masculin soumis à des exercices intenses et prolongés (course sur sol dur en début de saison). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur siégeant à la racine de la cuisse, assez diffuse dont la localisation ne peut être précisée par la palpation. L'interrogatoire retrouve dans les antécédents un exercice épuisant. L'intensité de la douleur augmente avec l'exercice ou la simple station debout et se calme, du moins au début, en position allongée. Cette douleur peut irradier sur la face externe de la cuisse jusqu'au genou, évoquant une possible sciatalgie. Une claudication intermittente peut parfois être notée. Les mouvements passifs de flexion et rotation externe et interne de la hanche réveillent la douleur. Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec l'épiphysiolyse de la hanche. La complication de cette fracture passée inaperçue est le déplacement à la suite d'un traumatisme de moindre importance. . Examen radiographique Les radiographies doivent être centrées sur les hanches de face et de profil. Cet examen est le plus souvent normal et permet ainsi d'éliminer le diagnostic d'épiphysiolyse. Dans de très rares cas un trait de fracture perpendiculaire à l'axe du col peut être discerné. L'examen permettant d'affirmer le diagnostic est la scintigraphie osseuse centrée sur les hanches. L'image révèle une hyperfixation linéaire, perpendiculaire à la corticale osseuse, située à la partie basse du col fémoral. = Traitement Le sportif sera mis au repos avec décharge du membre atteint pendant plusieurs semaines (5 à 6 semaines). Lors de la remise en charge un réapprentissage de la marche chez un kinésithérapeute sera systématiquement prescrit. L'évolution est suivie par scintigraphie (à 2 mois, puis éventuellement à 4 mois si des signes persistent). + Arrachement du petit trochanter = Etiologie L'arrachement du petit trochanter résulte de la contraction violente du psoas-iliaque lors d'un mouvement d'antépulsion de la cuisse. Ce qui explique sa fréquence au cours des impulsions et des sauts. Les sports les plus souvent concernés sont le football (shoot), le patinage artistique, le saut en hauteur, la course à pied. = Diagnostic . Examen clinique La symptomatologie clinique est dominée par la douleur d'intensité variable, survenant lors d'un effort chez un sportif âgé de 10 à 18 ans. Elle siège à la face interne de la cuisse et irradie parfois dans la région lombaire. Comme dans le cas de l'arrachement de l'EIAS, le patient se présente en marchant à reculons. L'examen retrouve une douleur à la pression du petit trochanter (4 à 5 cm sous l'arcade crurale, légèrement en dehors du trajet des gros vaisseaux), sans déformation ni raccourcissement du membre inférieur. Examinée plus tardivement, cette lésion peut être à l'origine d'un hématome de la face interne de la cuisse. L'étude de la mobilité révèle l’impossibilité de monter des escaliers, car le blessé ne peut fléchir la cuisse sur le bassin, réalisant une pseudo-parésie du psoas. En décubitus dorsal, la flexion de la hanche est possible (signe de Ludloff), ainsi que le soulèvement du talon au- dessus du plan horizontal. Par contre dès qu'il se trouve en position assise et genou étendu, le sportif est dans l'impossibilité de fléchir sa cuisse sur le bassin. . Examen radiologique La radiographie du bassin de face visualise la lésion sous forme d'un fragment osseux déplacé en haut et en dedans. Le déplacement du fragment détaché est limité par l'insertion large du muscle psoas-iliaque sur le fémur. Ainsi il existe fréquemment un lambeau périosté entre le petit trochanter et le fémur permettant la réparation à travers une sorte de manchon périosté. Ce facteur, et la riche vascularisation du petit trochanter, expliquent l'excellente et rapide consolidation de ces lésions. La radiographie permettra également d'éliminer les principaux diagnostics différentiels, tendinite du TFL, épiphysiolyse... L'évolution spontanée se fait vers la consolidation et la reprise des activités sportives sans difficulté. = Traitement Le traitement orthopédique consiste en une immobilisation de deux à trois semaines au lit avec relâchement maximal du psoas. La rééducation, précoce pour les muscles et les articulations indemnes, portera sur le psoas et la mobilisation passive de la flexion de cuisse dès la diminution de la douleur. Il ne sera pas pratiqué de massage local. La natation sera associée à la rééducation dès la reprise de la marche. Les abdominaux pourront être entretenus pendant la phase d'immobilisation (jambes demi-fléchies pour éviter toute participation du psoas). La prévention de cette lésion rarement récidivante, passe par le renforcement des masses musculaires antérieures (abdominaux et quadriceps), et l'étirement des masses postérieures (ischio-jambiers et triceps sural). 1.3.2 OSTEOCHONDROSES On retiendra la maladie de Legg Perthes Calvé chez le jeune sportif et l'ostéonécrose aseptique chez l'adulte. + Maladie de Legg Perthes Calvé Cette pathologie, encore appelée ostéochondrite, épiphysiolyse fémorale ou coxa vara suivant le caractère pathologique considéré, correspond à une nécrose aseptique de l'épiphyse fémorale supérieure survenant pendant la croissance. = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement l'épiphysiolyse se manifeste chez un jeune garçon (4 à 9 ans) par des douleurs de la hanche ou du genou, de type mécanique, majorées à l'effort et calmées par le repos, une boiterie peut parfois lui être associée. La mobilisation passive de la hanche en abduction peut accentuer la douleur et être à l'origine d'un craquement articulaire. . Examen radiologique La radiographie comprendra une incidence du bassin de face, et un profil de Lauwenstein des deux hanches. Plusieurs stades peuvent être distingués: - La phase d'ischémie se caractérise par des images en "coup d'ongle" sous chondrales, un aspect en coquille d’œuf à la périphérie du noyau céphalique, un aplatissement discret du pôle supéro-externe du noyau, une discrète densification du noyau et un élargissement de l'interligne articulaire traduisant une augmentation du volume du noyau. - A la phase de nécrose, on observe une condensation du noyau épiphysaire, un élargissement sous-conjugal de la métaphyse et une apparition de géodes métaphysaires. - La phase de revascularisation se manifeste par une fragmentation du noyau céphalique. Il importe alors de rechercher des modifications des rapports entre la tête et le cotyle dont dépendent les indications thérapeutiques. La tête fémorale se reconstruit progressivement, le premier signe étant l'apparition d'un liseré à sa périphérie. Le pronostic à long terme dépend des séquelles en fin d'évolution de la maladie. - Une tête trop grosse (coxa magna) - Une tête aplatie (coxa plana) - Un raccourcissement et un varus du col fémoral (coxa vara). - Une excentration de la tête fémorale avec défaut de couverture externe. La radiographie pourra être complétée par la scintigraphie qui permet de poser un diagnostic précoce (hypofixation céphalique) et le scanner qui permet de mieux visualiser l'excentration et la topographie de la lésion. Le diagnostic différentiel ne se pose en pratique qu'avec le "rhume de hanche" encore appelé synovite aiguë transitoire où la radiographie est normale. = Traitement Le traitement peut être orthopédique ou chirurgical . Traitements orthopédiques Le plâtre de type Ducroquet maintient la hanche en abduction pour centrer la tête fémorale, il est associé à une décharge totale du membre. Cette technique sera utilisée pour toutes les formes bénignes et chez les très jeunes sportifs (5-6 ans). La traction continue sera utilisée pour les formes plus évoluées mais à tête fémorale centrée et cotyle congruente. La technique associe une extension continue en abduction et rotation interne. Elle sera couplée à une kinésithérapie de mobilisation passive et d’entretien musculaire. Les appareils orthopédiques d'abduction et de décharge ont pour but de permettre à l'enfant de se déplacer tout en maintenant une bonne congruence coxo-fémorale. . Traitements chirurgicaux Ils seront indiqués en cas de fragmentation important de la tête, si malgré l'extension la tête ne reste pas centrée face au cotyle et dans toutes les formes compliquées. Chez l'enfant de 9 ans et plus, l'évolution est pratiquement toujours grave. Une traction prolongée sera proposée si la nécrose touche le secteur antéro-supérieur de la tête ou les 2/3 antérieurs du noyau céphalique. - L'ostéotomie fémorale de varisation a pour but de recentrer la tête dans le cotyle. Elle permet également l'accélération de la revascularisation du noyau céphalique. - L'ostéotomie du bassin a le même objectif. - l'ostéotomie d'agrandissement du cotyle s'adresse aux séquelles de l'épiphysiolyse pour assurer la couverture de la tête. La reprise de l'activité sportive peut se concevoir dès l'instant où la lésion est consolidée mais aussi en présence d'une bonne dynamique de la tête fémorale par rapport au cotyle. Les sports en charge et à risque traumatique élevé seront évidemment déconseillés, voire interdits dans le cas de résultats peu satisfaisants. Par contre les activités mobilisatrices de la hanche non en charge (cyclisme, natation, aviron...) pourront être des adjuvants intéressants pour lutter contre l'apparition de l'arthrose. Pendant la phase d'immobilisation relative du membre atteint la kinésithérapie s'efforcera d'entretenir la mobilité des articulations sus et sous-jacentes. L'utilisation d'appareils de stimulation musculaire pourra être indiquée. + Ostéonécrose aseptique L'ostéochondrose (ou ostéonécrose) aseptique est une maladie de l'adulte, d'origine microtraumatique. = Etiologie Il s'agit d'une atteinte vasculaire, en rapport direct avec la charge de travail antigravitaire réalisée par les membres inférieurs. Cette affection rare touche les sportifs présentant un surpoids et les athlètes pratiquant le handball sur sol dur.. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur de la hanche, survenue en dehors de tout traumatisme. Il s'agit d'une douleur mécanique, à l'origine d'une boiterie, pouvant présenter des signes inflammatoires à type de recrudescence nocturne. A l'examen la mobilisation de la hanche en rotation et en hyperflexion est douloureuse. Un craquement peut être perçu, mais il n'existe pas de ressaut. . Examens complémentaires Les clichés radiographiques pris dans différentes incidences peuvent montrer une irrégularité floue de la tête humérale. Le scanner permet de préciser l'aspect de la lacune et la présence ou non d'un séquestre. L'IRM, constitue dans cette pathologie un examen de très grande qualité en précisant: - L'aspect périphérique de la lésion - La présence d'autres foyers de nécrose - Le caractère inflammatoire locorégional. La scintigraphie osseuse, autrefois très utilisée dans ce type de pathologie ne constitue plus maintenant qu'un examen de dépistage. = Traitement Le seul traitement est la décharge du membre blessé. La balnéothérapie, la prise d'AINS, la kinésithérapie ne constituent dans ce cas que des techniques d'entretien des masses musculaires et de la dynamique articulaire. La cicatrisation, suivie par tomodensitométrie peut être longue (plusieurs mois) et nécessiter une intervention de "nettoyage" de l'articulation. Dans les cas de déformation des surfaces articulaires par ouverture de la nécrose dans la cavité, l'installation d'une coxarthrose est pratiquement constante. 1.3.3 COXARTHROSES + Coxarthrose La constitution d'une coxarthrose uni ou bilatérale est un phénomène particulièrement fréquent chez le vétéran. La littérature donne à ce phénomène chez le sportif une fréquence deux à trois fois plus importante que dans la population sédentaire. = Etiologie Il peut s'agir d'une étiologie micro ou macrotraumatique. . Macrotraumatique La coxarthrose s'installe après une fracture du cotyle ou une atteinte de la tête fémorale . Microtraumatique C'est l'origine la plus fréquente. On distingue les atteintes sur hanche saine (entraînement sur sol dur) de celles réalisées sur une hanche dysplasique (défaut de couverture, coxa valga), ou pathologique (épiphysiolyse, ostéonécrose). L'installation de cette arthrose débute précocement (35 à 45 ans). Elle s'aggrave d'autant plus vite que l'activité en cause est continuée. = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic est, soit posé de manière fortuite à la suite d'une radiographie du bassin, soit évoqué devant des douleurs de hanche. Dans ce dernier cas le sportif consulte pour des douleurs de type mécanique, survenant pendant son activité et se prolongeant de plus en plus longtemps après son arrêt. L'examen recherche un trouble statique (longueur des membres inférieurs, mauvais appuis plantaires). Les amplitudes articulaires sont souvent faiblement réduites à ce stade, mais douloureuses en fin de course (rotations externe et interne, flexion). . Examen radiologique L'examen radiographique du bassin et des hanches confirme le diagnostic. Il peut montrer: . Une ostéophytose périphérique simple, sans remaniements osseux importants. Cette ostéophytose, dite en collerette, peut se manifester très précocement chez les handballeurs . Un pincement de l'interligne, souvent accompagné d'une réaction osseuse du cotyle (densification, ostéophytes). . Une atteinte dégénérative plus évoluée comprenant des remaniements osseux, des géodes et une perte des principales caractéristiques physiologiques de l'articulation. = Traitement Il n'existe pas de traitement radical de la coxarthrose autre que la prothèse totale de hanche. Cette dernière permet la reprise d'une activité de loisir (tennis, natation, cyclisme, tennis de table, marche, tir à l'arc...), mais contre-indique les sports à risque traumatique élevé (football, rugby...). Avant cette alternative la progression de la maladie arthrosique peut être freinée par: . Le port de semelles absorbantes (microtraumatismes). . La mobilisation en piscine de l'articulation . La pratique d'une kinésithérapie destinée à lutter contre l'enraidissement, la fonte musculaire et d'éventuels phénomènes inflammatoires. 1.3.4 TENDINITES + Tendinite du TFL = Etiologie L'atteinte de son tendon est fr L'atteinte de son tendon est fréquente chez le grand enfant et l'adolescent pratiquant le football, la gymnastique, le water-polo, l'athlétisme, le patin à glace... Cette tendinite trouve son origine dans les mouvements de circumduction répétés du bassin. = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement la tendinite du TFL se manifeste par une douleur externe de la hanche, irradiant vers la partie postéro-interne de la cuisse lors de la course. L'examen retrouve la classique "hanche à ressaut" qui correspond au passage du TFL sur le relief du grand trochanter lors des mouvements de rotation interne et extension de la cuisse préalablement fléchie. Lors des atteintes plus anciennes et/ou plus graves une véritable subluxation douloureuse de la hanche peut être retrouvée lors de cette manœuvre. . Examen radiologique La radiographie de la région est normale. = Traitement Outre l'arrêt de l'activité sportive, la cryothérapie et la mise en route d'une kinésithérapie antiinflammatoire, on vérifiera les appuis plantaires et l'équilibre du bassin (appréciation clinique et radiologique). Cet examen sera complété par une étude magnétoscopique du geste sportif. Lors de la reprise de l'activité, on insistera sur la qualité de l'échauffement. Si un déséquilibre a été constaté, une compensation sera proposée sous forme de semelles ou de talonnettes. + Tendinite basse du moyen fessier = Etiologie Le moyen fessier est étiré lors des exercices répétés en adduction (passe au football), et stimulé lors des exercices répétés en rotation interne et abduction. Les sports concernés sont la course et la marche (déclivité de la route, défaut d'équilibre plantaire), les sports de ballon au pied, la gymnastique (cheval d'arçon, sol...) et la danse. Le risque d'apparition d'une tendinite du moyen fessier est potentialisé par l'existence d'une différence de hauteur des deux membres inférieurs. = Diagnostic . Examen clinique La douleur se situe en regard du grand trochanter au même niveau que celle de la tendinite du TFL. Mais contrairement à ce dernier cas, il n'existe jamais de ressaut de la hanche. La pression du pouce contre le grand trochanter augmente la douleur, de même que les mouvements d'abduction contrariés. La palpation peut retrouver des crépitants. Lors de la marche le sportif garde la jambe raide. . Examen radiologique Il est strictement normal. L'IRM peut mettre en évidence le caractère inflammatoire de l'insertion. = Traitement Le traitement est anti-inflammatoire: - Ultrasons et ionisations - Cryothérapie trois à quatre fois par jour. - AINS per os. Il sera toujours associé à une décharge momentanée du membre et à une recherche étiologique précise. + Tendinite du psoas-iliaque La tendinite du psoas iliaque concerne son insertion sur le petit trochanter. = Etiologie Cette tendinite est le résultat de mouvements répétés du tronc ou de la cuisse en flexion. Les sports concernés sont le rugby et le football (tir), le ski de fond, la gymnastique, le marathon, l'haltérophilie... = Diagnostic . Examen clinique La douleur, située au niveau de la partie externe de l'arcade crurale, irradie vers la face antérieure de la cuisse. Elle est augmentée lors de la flexion contrariée de la cuisse ou du redressement du tronc, le patient étant en décubitus dorsal. La palpation ne retrouve aucune tuméfaction du fait du caractère interne de l'insertion tendineuse (masquée par le trochanter). La douleur, plus intense "à froid" est cependant rarement nocturne. . Examen radiologique La radiographie de la région est strictement normale. = Traitement Le traitement associe la pratique d’ultrasons aux AINS per os. La région ne sera jamais infiltrée. Après une période de repos dont la durée peut être très variable, la reprise de l'activité sportive se fera progressivement en fonction des résultats du traitement. + Rhume de hanche Cette pathologie, connue aussi sous le nom d'arthrite aiguë bénigne de la hanche, survient chez des enfants entre 3 et 10 ans, surtout en hiver et au printemps. = Etiologie D'étiologie inconnue cette arthrite se manifeste par une douleur et une boiterie, notamment lors de la pratique d'exercices physiques. Il est peu vraisemblable que cette pathologie relève d'un excès d'activité physique. = Diagnostic . Examen clinique L'examen clinique est pauvre, il ne met en évidence qu'une limitation des amplitudes articulaires notamment en rotation interne et en abduction. . Examen radiologique L'examen radiologique peut mettre en évidence un gonflement capsulaire, reflet de l'épanchement liquidien. = Traitement Le traitement comprend la prescription d'anti-inflammatoires, une décharge du membre (cannes anglaises), et éventuellement une mise en traction. Le pronostic est en général excellent. Les ostéochondrites secondaires sont rares de même que le risque d'apparition d'une maladie de LeggPerthes Calvé. Chez l'enfant sportif, le diagnostic doit être systématiquement évoqué en l'absence de traumatisme. Le diagnostic différentiel se pose avec l'ostéochondrite fémorale, la maladie de Leeg Perthes Calvé, la tendinite du TFL, les douleurs mécaniques de hanche secondaires à un exercice pratiqué dans de mauvaises conditions (matériel inadapté). Pendant la phase aiguë l'enfant pourra bénéficier d'une kinésithérapie anti-inflammatoire et d'entretien. On s'assurera que la décharge du membre est bien respectée. La reprise de l'activité sera réalisée plus ou moins rapidement suivant la durée des douleurs et surtout le type d'activité. Ainsi la natation et les activités nautiques pourrontelles êtres reprises assez rapidement. 1.3.5 ENDOFIBROSE ILIAQUE EXTERNE + Endofibrose iliaque externe L'endofibrose est une affection microtraumatique, heureusement rare, de l'artère iliaque externe. = Etiologie Cette lésion se rencontre chez le cycliste de compétition par écrasement de l'artère entre le plan osseux et la selle. = Diagnostic . Examen clinique Elle se manifeste par des douleurs de type ischémique au niveau de la cuisse lors d'efforts importants. . Examen radiologique Le diagnostic de certitude est radiologique, il nécessite la pratique d'une artériographie iliaque qui objective le rétrécissement du flux sanguin à ce niveau. = Traitement Le traitement chirurgical par résection de la partie lésée. 1.3.6 SYNDROMES CANALAIRES Trois syndromes canalaires intéressent la région de la hanche, les atteintes des nerfs fémorocutané, pyramidal et crural. L'atteinte du nerf honteux interne, de topographie beaucoup plus interne est traitée dans le paragraphe consacré au bassin. + Nerf fémoro-cutané Le nerf fémoro-cutané prend son origine au niveau des deuxième et troisième lombaires. Il descend en bas et en dehors et traverse le muscle psoas iliaque qu'il longe ensuite sur son bord externe. Il sort de la cavité abdominale en passant sous l'arcade fémorale, en regard de l'échancrure séparant les deux épines iliaques antérieures dans un canal ostéo-fibreux constitué de l'EIAS et du ligament inguinal. Il se divise en deux branches, fessière et crurale qui innervent respectivement la face postérieure de la cuisse et la région antéro-externe de la cuisse. = Etiologie L'origine de la compression canalaire peut être un travail en force stimulant le canal inguinal ou la pratique d'exercices en force et en flexion de la cuisse (musculation...). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur, d'apparition progressive, de type paresthésique, siégeant au niveau de la face antéro-externe de la cuisse. La pression du doigt sur le canal ostéo-fibreux déclenche une "décharge" électrique dans la région concernée, de même que l’hyperextension forcée de la cuisse. . Examen radiologique La radiographie de la région est strictement normale. L'électromyograhie met en évidence un trouble de la conduction sensitive du nerf musculo-cutané. = Traitement Le traitement associe une physiothérapie locale à la prescription de vitamines B1 et B6. L'interruption du mouvement responsable doit être totale. La guérison est toujours très longue à se manifester. + Syndrome pyramidal Le syndrome pyramidal concerne le nerf sciatique. Ce dernier naît des espaces L4, L5 et S1. Dans la fesse, le nerf descend dans une gouttière comprise entre le grand trochanter et l'ischion. Il se trouve sous le grand fessier, entre le pyramidal et les jumeaux, l'obturateur interne, le carré crural. Lors des exercices prolongés en station debout ou d'une musculation inappropriée des fessiers, le pyramidal peut s'hypertrophier et "coincer" le sciatique sur les muscles postérieurs. = Etiologie Deux étiologies peuvent être habituellement retrouvées, une chute sur les fesses (risque de constitution d'un hématome et secondairement d'un tissu fibreux inextensible), musculation anormale de ce muscle. L'inégalité des membres inférieurs potentialise ce risque. = Diagnostic . Examen clinique Le sujet consulte pour des douleurs de type sciatique, sans aucun trouble lombaire. A l'examen le rachis lombaire est normal (absence de contracture, mobilisation de la jambe et du rachis). La douleur peut être mise en évidence en mettant en tension le pyramidal (rotation externe contrariée ou rotation interne et abduction active). A la palpation, il est parfois possible de mettre en évidence une contracture ou une hypertrophie du pyramidal. Cet examen nécessite un bon entraînement de la palpation régionale. . Examen complémentaire L'électromyograhie montre une atteinte distale du nerf sciatique. L'IRM permet d'apprécier la taille relative des deux pyramidaux. La scintigraphie peut objectiver une zone de fixation au niveau du conflit. = Traitement Le repos constitue la part la plus importante du traitement (fonte musculaire). Il sera associé à la prise de décontractants musculaires et d'AINS. La pratique d’ultrasons peut aider à la décontraction locale. + Nerf crural Le nerf crural est la branche la plus volumineuse du plexus lombaire. Après être descendu sur le bord externe du psoas, il entre dans une gouttière comprise entre ce muscle et l'iliaque. Le nerf passe sous l'arcade fémorale, en avant du psoas. Cette région, étroite et inextensible constitue la zone de conflit. = Etiologie Il s'agit toujours d'un traumatisme direct de l'arcade crurale, provoquant l'apparition d'un hématome. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte généralement à distance de son accident, lors de la constitution d'un tissu de fibrose post-hématome. Les douleurs siègent sur la face antérieure de la cuisse. Il s'agit de paresthésies, de brûlures, de sensations "électriques". . Examens complémentaires L’échographie peut mettre en évidence le tissu fibrosé, l'électromyogramme confirme l'atteinte sensitive par compression du nerf crural. = Traitement Le traitement ne comportera que la pratique d’ultrasons destinés à "défibroser" la région lésée. II - CUISSE Depuis la sortie de l'eau des premiers vertébrés, la cuisse a toujours été le segment de membre le plus développé à la fois sur le plan osseux et musculaire. Ce phénomène retrouvé dans tous les genres (amphibiens, oiseaux, mammifères, reptiles...), n'a disparu que chez les vertébrés ayant, au cours de l'évolution perdu leurs membres (ophidiens, cétacés, pinnipèdes...). Chez les primates, la cuisse constitue le membre propulseur le plus puissant. A cette fonction essentielle s'ajoute, chez les bipèdes la lutte antigravitaire. 2.1 ANATOMIE La cuisse est formée de trois loges musculaires réparties devant, derrière, et sur le côté interne du fémur. 2.1.1 OSTEOLOGIE + Fémur Le fémur est un os long comprenant trois faces, trois bords et deux extrémités. L'anatomie de ces deux dernières est développée dans les paragraphes hanche et genou. = La face antérieure est lisse, elle donne insertion sur ses deux tiers supérieurs au muscle crural. = La face postéro-externe ne donne insertion qu'au muscle crural = La face postéro-interne ne comporte aucune insertion musculaire = Bord postérieur. C'est la région anatomique du corps fémoral qui donne le plus d'insertions musculaires. Le bord postérieur ou ligne âpre, comprend trois parties: . En haut, une trifurcation qui donne insertion sur sa branche externe au grand fessier et au grand adducteur, sur sa crête moyenne au pectiné, et une branche interne sur laquelle s'insère le vaste interne. . Au milieu, la ligne âpre donne insertion au vaste externe sur son bord externe et au vaste interne, au grand, petit et moyen adducteurs, et à la courte portion du biceps. . En bas, la ligne âpre donne naissance à deux lignes externe et interne. Il n'existe pas d'insertion musculaire à ce niveau. 2.1.2 MUSCLES + Muscles antérieurs Ce sont le quadriceps et le couturier. = Quadriceps Le quadriceps est le plus gros muscle de l'organisme humain. Il est formé de quatre muscles se terminant sur un tendon commun, les vastes externe et interne, le crural et le droit antérieur. . Le crural est le plus postérieur des quatre muscles. Il prend naissance des faces antérieur et externe de la partie supérieure du corps fémoral, descend verticalement pour donner naissance au tendon quadricipital. . Le vaste externe prend naissance sur la face antérieure du grand trochanter, sur la crête du grand fessier et sur le bord externe de la ligne âpre. Il se dirige en bas et légèrement en dedans et se fixe par son aponévrose postérieure au tendon quadricipital. . Le vaste interne s'insère sur la partie interne de la ligne âpre du fémur. Il descend verticalement sur la face antéro-interne de la cuisse et se termine sur le tendon quadricipital. . Le droit antérieur est le seul muscle biarticulaire du quadriceps. Il prend ses insertions sur l'épine iliaque antéro-inférieure (tendon direct) et au dessous du sourcil cotyloïdien (tendon réfléchi). Ces deux tendons s'unissent sur une lame tendineuse médiane qui s'étend jusqu'à la moitié de la cuisse. Il franchit ensuite l'arcade crurale, descend verticalement devant la cuisse et s'insère sur le tendon quadricipital. Le tendon quadricipital s'insère sur la rotule, franchit en partie cet os qu'il enveloppe et se confond avec le tendon rotulien fixé sur la tubérosité tibiale antérieure. Le quadriceps est le seul extenseur de la jambe. Il est également fléchisseur de la cuisse sur le bassin par le droit antérieur. = Couturier Le couturier est un muscle long et fusiforme qui s'étend de l'épine iliaque antéro-supérieure au tibia, sur lequel il se fixe au niveau de la patte d'oie. Il croise obliquement le quadriceps de dehors en dedans, puis contourne le condyle interne avant de s'insérer sur le tibia par un tendon commun avec le demi-tendineux et le droit interne. Le couturier est un fléchisseur de la jambe sur la cuisse et de la cuisse sur le bassin. + Muscles postérieurs Les muscles postérieurs sont au nombre de trois, le demi membraneux, le demi-tendineux et le biceps. Ces trois muscles, du fait de leur insertion sur l'ischion et la jambe constituent le groupe des ischio-jambiers. = Demi-tendineux Le demi-tendineux est un muscle fusiforme qui prend ses insertions au niveau de l'ischion par un tendon commun à la longue portion du biceps à la face postérieure de la tubérosité ischiatique. Le demi-tendineux descend obliquement vers le condyle interne et s'attache sur le tibia en arrière du couturier, au niveau de la patte d'oie. Son tiers inférieur est constitué d'un tendon fin et long. Le demitendineux est fléchisseur de la jambe, extenseur de la cuisse sur le bassin et rotateur interne de la jambe. = Demi-membraneux Le demi-membraneux est un muscle aplati et mince. Il s'insère en haut sur la partie externe de la tubérosité ischiatique par une membrane tendineuse qui se prolonge jusqu'au milieu de la cuisse. Au niveau du condyle interne son tendon terminal se divise en trois: le premier, ou tendon direct, gagne la partie postérieure de la tubérosité interne, le second (tendon réfléchi) passe sous le ligament latéral interne du genou, et se fixe en avant dans la gouttière horizontale de la tubérosité interne tibiale, enfin le troisième, ou tendon récurrent, constitue le ligament poplité oblique. Le demimembraneux est extenseur de la cuisse sur le bassin, fléchisseur et rotateur interne de la jambe. = Biceps Le biceps est le plus volumineux des muscles postérieurs de la cuisse. Contrairement au biceps brachial sa courte portion est mono-articulaire. La longue portion du biceps s'insère avec le demi-tendineux sur la face postérieure de la tubérosité ischiatique. La courte portion prend naissance au niveau de la ligne âpre entre le grand adducteur et le vaste externe. Ces deux muscles se rejoignent au tiers inférieur de la cuisse pour former un tendon commun qui s'insère sur la tête du péroné et sur l'apophyse styloïde, mais aussi sur la tubérosité externe du tibia. Le biceps est fléchisseur de la jambe. Cette manœuvre étant réalisée il devient extenseur de la cuisse sur le bassin par sa longue portion et rotateur externe de la jambe. + Muscles internes Tous les muscles de cette région sont des adducteurs de la cuisse. Ils sont classés en fonction de leur profondeur. D'arrière en avant se trouvent respectivement le grand adducteur, le petit adducteur, le pectiné, le droit interne et le moyen adducteur. = Grand adducteur Le grand adducteur est un muscle triangulaire qui s'étend des deux tiers postérieurs de la branche ischio-pubienne et de la tubérosité ischiatique à la ligne âpre fémorale et au tubercule du grand adducteur (au-dessus du condyle interne). Lors de son trajet le grand adducteur se divise en trois faisceaux qui se croisent comme une draperie. Le faisceau supérieur, pratiquement horizontal, se termine sur la lèvre interne de la branche externe de la ligne âpre, le faisceau moyen, plus oblique, décrit un trajet très similaire à celui du précédent pour se fixer sur la ligne âpre, enfin le faisceau inférieur, encore appelé grande portion, se dirige verticalement vers le tubercule du grand adducteur. Le grand adducteur est adducteur de la cuisse sur le bassin. = Moyen adducteur Le moyen adducteur est un muscle triangulaire, aplati, situé à la partie superficielle de la loge interne, sous le pectiné. Il s'insère en haut à l'angle du pubis, descend obliquement en dehors pour se fixer sur la partie moyenne de la ligne âpre. Son insertion pubienne se confond avec les muscles abdominaux (grand droit, grand oblique et pyramidal de l'abdomen), formant un rideau tendineux prépubien, particulièrement vulnérable. Le moyen adducteur est adducteur, fléchisseur et rotateur externe de la cuisse. = Petit adducteur Le petit adducteur s'insère sur la branche ischio-pubienne par un court tendon. Le muscle se divise ensuite en deux faisceaux qui gagnent la branche externe de la ligne âpre. Il est situé entre le moyen adducteur en avant et le grand adducteur en arrière. L'angle qu'il forme avec le fémur lui donne une très grand force d'adduction. Comme le grand adducteur il est également fléchisseur et rotateur externe de la cuisse. = Pectiné Le pectiné prend naissance au niveau du pubis par une insertion en V ouvert en haut et en dehors. Les deux corps charnus issus de cette insertion fusionnent juste avant de s'insérer sur le fémur, au niveau de la branche moyenne de la trifurcation de la ligne âpre. Comme le petit et le moyen adducteur le pectiné est également rotateur externe et fléchisseur de la cuisse. = Droit interne Le droit interne est un muscle aplati situé à la partie la plus interne de la cuisse. Il prend naissance au niveau de la lame quadrilatère du pubis, le long de la symphyse pubienne, descend verticalement pour gagner son insertion commune avec le demi-tendineux et le couturier (patte d'oie). Le droit interne est adducteur et fléchisseur de la jambe. + Muscle externe Un seul muscle longe la cuisse sur son bord externe, le tenseur du fascia lata. Ce muscle, qui ne présente aucune insertion fémorale, est décrit dans les paragraphes destinés à la hanche pour son extrémité supérieure et dans celui consacré au genou pour son insertion inférieure. 2.2 PHYSIOLOGIE Les muscles de la cuisse sont soumis à deux types de stimulation. La première correspond à la lutte antigravitaire, c'est-à-dire aux contractions réflexes permanentes des muscles antérieurs et postérieurs (agonistes et antagonistes), tandis que la seconde est en rapport avec le mouvement volontaire de l'individu, et dans le cas du sportif, très différent d'un athlète à l'autre, en fonction de sa discipline. A ces deux contraintes s'ajoutent celles engendrées par l'allongement des chaînes musculaires postérieures survenues lors du changement de mode de locomotion. + Lutte antigravitaire La lutte antigravitaire s'est considérablement modifiée lors du passage de la position bipède sporadique à celle de bipède permanent. Chez les premiers individus la marche debout, la jambe et la cuisse fléchies de quelques degrés donne au quadriceps un rôle majeur de lutte contre la gravitation. Le muscle est volumineux, puissant et le rapport quadriceps/ischio-jambiers très élevé. Inversement chez les bipèdes permanents, la rectitude de la cuisse et de la jambe reculent l'axe des forces verticales engendrées par la gravitation, les structures osseuses étant pratiquement situées dans l'axe de ces forces. La position verticale est alors assurée par des contractions antérieures et postérieures sans donner une véritable prédominance à l'un ou l'autre groupe. Dans ces conditions le quadriceps est spontanément plus faible et le rapport quadriceps/ischio-jambiers moins élevé. + Contractions volontaires Les contractions volontaires des muscles de la cuisse sont en rapport avec le type d'activité pratiquée. Le risque de déséquilibre antéro-postérieur, et les pathologies qui en résultent sont donc fonction de l'importance des stimulations musculaires et de l'intérêt que le sujet porte à maintenir cet équilibre. = Stimulation du quadriceps Le quadriceps est particulièrement stimulé lors de la pratique des exercices d'extension de la jambe sur la cuisse et des flexions en charge. = Stimulation des ischio-jambiers Les ischio-jambiers sont utilisés pour propulser le corps en avant lors des déplacements rapides (course) ou pour fléchir la jambe lors des mouvements de flexion/extension du cyclisme. Ces déséquilibres musculaires relatifs à l'activité elle-même, doivent être combattus par des programmes de musculations spécifiques destinés à assurer l'intégrité des masses musculaires les plus faibles. La musculation interviendra toujours après une phase d'étirements des structures musculaires. + Physiologie des adducteurs Les adducteurs sont très sensibles aux brusques déplacements latéraux, et aux microtraumatismes engendrés par des appuis plantaires de mauvaise qualité lors de la course. Ils sont d'autre part soumis à des étirements excessifs dans de nombreuses activités pratiquées en souplesse (danse, gymnastique...). Au cours de l'évolution la physiologie de ses muscles s'est considérablement modifiée. Chez les primates l'obliquité externe du fémur, à l'origine du varus du genou confère à ces muscles un rôle antigravitaire important. Cette position assure à ces muscles une très grande force d'adduction. Le valgus physiologique acquis chez les bipèdes modifie totalement la biomécanique de cette région. La contraction des adducteurs est à l'origine d'une force pratiquement verticale dont la composante horizontale (adductrice) est très faible. Cette particularité explique la grande fragilité de ces muscles et leurs difficultés physiologiques à gérer les contraintes imposées par l'activité sportive. La pubalgie basse est le reflet de cette incapacité à résister aux tractions verticales de ces muscles sur le réseau tendineux prépubien. + Contraintes musculaires postérieures Les contraintes musculaires postérieures résultent de l'allongement des chaînes musculaires de cette région, rendu indispensable par le travail en extension de la jambe en position debout. Malgré un étirement quasiment permanent de ces structures lors de la marche ou des mouvements réalisant des flexions antérieures du tronc, jambes tendues, les ischio-jambiers tendent à se raccourcir par un processus très rapide et difficilement réversible. Leur stimulation lors de la course notamment accentue ce phénomène. Ces différences de caractéristiques mécaniques entre les muscles antérieurs et postérieurs sont à l'origine d'un déséquilibre très dangereux pour l'intégrité de ces structures qui devront perpétuellement être étirées. L'ensemble de ces modifications évolutives décrites sous le nom de "Syndrome de Lucy" par l'auteur retentissent sur le fonctionnement dynamique des articulations sus et sous-jacentes (genou, hanche, sacro-iliaque). Elles sont à l'origine de très nombreuses pathologies macro ou microtraumatiques du membre inférieur: = Microtraumatiques . Tendinite d'Achille . Pubalgies . Syndrome fémoro-patellaire . Lombalgies fonctionnelles . Tendinite des adducteurs = Macrotraumatiques . Rupture du droit antérieur . Claquage des ischio-jambiers . Claquage du jumeau interne . Claquage des abdominaux Le sportif se trouve ainsi dans l'obligation permanente de lutter contre l'inadaptation de ses structures propulsives au risque de se blesser gravement. L'étirement des ischio-jambiers et le renforcement des chaînes musculaires antérieures doivent être un souci permanent des sportifs et de leurs entraîneurs. 2.3 TRAUMATOLOGIE La traumatologie concernant la cuisse est essentiellement musculaire. Le fémur du fait de sa très grande résistance n'est brisé que dans des circonstances exceptionnelles. 2.3.1 FRACTURE + Fracture du fémur La fracture du corps fémoral est un accident du jeune sportif par opposition aux fractures du col ou de la tête. = Etiologie Il s'agit dans tous les cas d'un choc extrêmement violent provoqué par une chute en porte à faux (ski, saut à ski) ou un coup (ruade de cheval, heurt avec la moto lors d'une chute...). = Diagnostic . Examen clinique Le blessé a ressenti une très vive douleur au niveau de la cuisse accompagnée d'un craquement. Il est totalement impotent. Le bilan clinique s'attachera essentiellement à apprécier le degré du choc (conscience, pouls, pression artérielle), l'existence d'une plaie et l'importance de l'hématome. . Examen radiologique Pratiqué en préopératoire, il précisera le type de fracture (verticale, oblique, spiroïde...), le déplacement, ainsi que le nombre des fragments. Les principales déformations consistent en: une rotation externe du fragment inférieur, un déplacement en dedans secondaire à la traction des adducteurs, une ascension du fragment inférieur. = Traitement Il est toujours chirurgical par clou centro-médullaire, plaque vissée ou fixateur externe. Le retour sur les terrains ne sera autorisé qu'en fonction de la qualité du cal et du type de sport pratiqué (trois à six mois). L'ablation du matériel sera réalisée entre 12 et 18 mois après l'intervention. 1.3.2 ATTEINTES MUSCULAIRES ET TENDINEUSES Elles constituent la grande majorité des lésions observées au niveau de la cuisse. Les atteintes musculaires concernent les trois groupes musculaires, quadricipitaux, adducteurs et ischio-jambiers. Le quadriceps est le plus volumineux des muscles et aussi le plus fort. La pathologie de ce muscle chez l'enfant est sensiblement différente de celle observée chez l'adulte. En effet la moindre résistance de l'insertion haute du droit antérieur sur le bassin et la fragilité de la tubérosité tibiale antérieure font que les ruptures du droit antérieur (relativement fréquentes chez l'adulte) n'existent pas chez l'enfant. Les mouvements brusques en extension de la jambe sur la cuisse ou de flexion de la cuisse sur le bassin seront à l'origine d'arrachements osseux mais respecteront l'intégrité du muscle. Le vaste externe et le crural pourront être l'objet de traumatismes directs par écrasement, coups de genou ou de pied, chute sur une surface dure (glace, carres de ski...).. Le risque essentiel est l'apparition d'un hématome profond susceptible de se calcifier ultérieurement. Le vaste interne de par sa fonction adductrice est certainement le chef le moins stimulé du quadriceps. Cette particularité fait que ce chef musculaire est souvent insuffisamment développé (très net chez les enfants longilignes en période pubertaire). Cette amyotrophie relative peut être à l'origine d'un dysfonctionnement passager de l'articulation fémoro-patellaire. Une musculation isométrique devrait être systématiquement proposée aux sportifs pratiquant une activité de course (cyclistes, footballeurs, tennismen, athlètes...). + Hématome du crural Le crural est le plus profond des muscles du quadriceps, c'est aussi celui qui est le plus proche du fémur, donc le plus sujet à s'écraser contre cet os. = Etiologie Tout choc direct sur la face antérieur de la cuisse est susceptible d'engendrer un saignement intra-aponévrotique du crural. Les sports concernés sont le football et le rugby, le ski, l'équitation, la moto, le hockey... = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur profonde de la face antérieure de la cuisse, le plus souvent située au tiers moyen, ne permettant pas l'appui au sol du membre lésé. A l'examen la peau est tendue et rénitente, de température comparable au côté opposé, il n'existe pas d'hématome superficiel. La pression du doigt augmente la tension douloureuse. . Examen radiographique L'échographie pratiquée trois ou quatre jours après le choc visualise un volumineux hématome (cinq à huit centimètres de long pour une épaisseur de un à trois centimètres), profondément situé, localisé à la face antérieure du crural, entre ce muscle et le droit antérieur. = Traitement Il consiste comme pour tout hématome du membre inférieur à placer le membre en décharge, à limiter les automassages et à glacer. La prescription de physiothérapie peut diminuer significativement le temps de régression de cet hématome. Cette localisation est une des plus longues à se régulariser (deux à trois semaines). + Rupture du droit antérieur Le droit antérieur, comme beaucoup de muscles biarticulaires est particulièrement fragile et sujet à des ruptures totales. = Etiologie La rupture survient lors d'un étirement brutal de la cuisse ou d'une extension contrariée. Le shoot "dans la pelouse", le saut (tête au football, athlétisme, basket...), sont les mouvements les plus fréquemment mis en cause. La rupture du droit antérieur survient plus volontiers chez un sportif de 30 à 40 ans, fatigué ou insuffisamment échauffé. = Diagnostic . Examen clinique De manière assez classique le sportif consulte souvent à distance de son accident parce qu'il est inquiet de l'apparition de deux tuméfactions siégeant au dessus du genou et à la racine de la cuisse. Cette pathologie passe en effet souvent inaperçue lors de l'accident du fait de son caractère peu douloureux. Le sujet ressent comme "un coup de genou", et termine généralement la partie. A l'examen de profil le quadriceps présente en son milieu une dépression, accentuée par les rétractions musculaires distales. La palpation est indolore, la motricité conservée, de même que la force musculaire. . Examen radiographique L’échographie montre deux moignons flottant dans un liquide séro-sanglant. L'aponévrose étant rompue il n'existe pas de risque de voir se constituer un hématome profond. = Traitement En général l'abstention est de règle. La suture chirurgicale ne donne pas de bons résultats si le patient est examiné à plus de 48 heures, ce qui est habituel dans cette pathologie. La cicatrisation est spontanée en quelques semaines. La rééducation consistera à renforcer le triceps restant. Sur le plan fonctionnel le sportif peut être considéré comme normal. + Claquage du quadriceps Les claquages quadricipitaux concernent les vastes et le droit antérieur, le crural, du fait de son type d'insertion étant peu touché par cette pathologie. = Etiologie Les causes de claquages sont très proches de celles décrites pour les ruptures quadricipitales (sauts, tirs, course rapide..). Cependant elles concernent plus volontiers des sujets jeunes (20 à 30 ans), très musclés mais insuffisamment étirés. = Diagnostic . Examen clinique Contrairement à la rupture la douleur est brutale, intense, en coup de fouet et nécessite dans tous les cas l'éviction du joueur. Le joueur ressent comme un déchirement, parfois accompagné d'un bruit. La palpation permet de localiser le muscle concerné et d'évaluer l'étendue du claquage. La contraction quadricipitale est impossible du fait de la douleur. . Examen radiologique L'échographie note l'importance des lésions, de la simple déchirure localisée (désorganisation des fibres musculaires et œdème) sans hématome, à l'épanchement sanglant majeur, noyant la région. Dans ce dernier cas l'hématome est toujours antérieur au crural et localisé dans une aponévrose. = Traitement Le claquage quadricipital nécessite une cryothérapie immédiate, la mise en décharge du membre et la prescription d'AINS. Après l'échographie, on débutera une kinésithérapie à visée antalgique et anti-inflammatoire. La rééducation ne débutera qu'après la résorption de l'hématome. Elle comprendra des étirements et une remusculation du quadriceps. + Tendinite quadricipitale La tendinite quadricipitale est une pathologie de l'adulte jeune. Moins fréquente que la tendinite rotulienne, elle répond plus facilement au traitement. = Etiologie La tendinite quadricipitale se rencontre lors des courses ou des marches prolongées sur sol dur, les extensions brutales de la jambe (karaté, kung-fu, tir au football), et les réceptions répétitives (saut, gymnastique). L'apparition de cette tendinite est favorisée par l'existence d'un quadriceps rétracté et/ou insuffisamment musclé, et le port de chaussures présentant un talon trop élevé. = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic est assez facile à poser compte tenu de la localisation sus-rotulienne de la douleur. Il s'agit habituellement d'une douleur d'intensité modérée, plus intense à froid, relativement calmée par l'activité sportive. A l'examen le tendon quadricipital est globalement douloureux, sans zone exquise. La palpation peut mettre en évidence une atteinte des fibres du droit antérieur et des vastes au niveau du franchissement antérieur de la rotule. Dans ce cas il est parfois possible de palper des nodules fibreux. La recherche d'une douleur quadricipitale en extension contrariée est inutile et peu probante. L'examen se terminera par une mesure des rétractions quadricipitale (distance talon fesse) et ischio-pubienne (test de Wallace). . Examen radiologique Les clichés de face et de profil sont strictement normaux. En présence d'une tuméfaction antérieure il peut être intéressant de pratiquer une échographie pour explorer la qualité du tendon et la nature du nodule (liquidien ou fibreux). Un scanner des genoux permettra de vérifier l'absence de trouble de la dynamique rotulienne, facteur favorisant le développement de cette pathologie. = Traitement Comme pour toute atteinte tendineuse microtraumatique la thérapie doit être précédée d'une enquête étiologique sérieuse destinée à supprimer l'origine de la tendinite (statique des membres inférieurs, étude des rétractions et de la dynamique rotulienne, examen des chaussures, modification de l'entraînement (de l'intensité, de la technique ou de la surface)... Le traitement ne nécessite qu'exceptionnellement l'utilisation d'AINS per os. Le caractère très "superficiel" du tendon quadricipital (le tendon du crural n'est jamais atteint) autorise un traitement kinésithérapique par ultrasons et ionisations. En cas d'atteinte dégénérative fibreuse (tendinose) le MTP et/ou les ultrasons viennent aisément à bout de cette tendinite. + Rétraction et contracture des ischio-jambiers La contraction douloureuse des ischio-jambiers est une pathologie fréquente, avant coureuse de claquages ou de ruptures. = Etiologie La contracture des ischio-jambiers a pour origine une rétraction de ces masses musculaires. Ce phénomène, à l'origine du syndrome de Lucy, est en rapport avec une inadaptation parfaite à notre situation de bipède. Toutes les activités physiques de course, c'est à dire réalisant un travail en position semi-fléchie de la jambe aggravent ces rétractions. = Diagnostic . Examen clinique Le sujet consulte pour des douleurs généralisées de la loge postérieure de la cuisse, souvent responsables de crampes. A l'examen les masses musculaires sont tendues, globalement sensibles sans qu'aucun point douloureux ne soit perceptible. La rétraction est mesurée par le test "mains sol" et de Wallace. Ce dernier test consiste à mesurer l'angle de la jambe et de la cuisse, le sujet étant en décubitus dorsal, une cuisse placée à 90° de flexion (l'autre étant étendue). L'examinateur maintient la cuisse verticale tandis qu'avec son autre main, placée au niveau de la cheville il étend, la jambe sur la cuisse. L'angle est mesuré quand l'extension se trouve bloquée. On s'assurera que le sportif ne fausse pas la manœuvre en décollant les fesses de la table (par bascule du bassin), ou ne fléchit pas l'autre jambe. Chez les sujets souples l'angle est de 0°, les sujets sont rétractés au-delà de 15°. Certains sportifs peuvent présenter des angulations de plus de 45°. . Examen radiologique Le seul examen susceptible de présenter un intérêt consiste en la réalisation de clichés du bassin de profil, le sujet étant debout. Trois clichés sont demandés: - En position verticale - En flexion antérieure maximale du tronc - En flexion antérieure maximale, le bassin étant retenu par une sangle. Les mesures des angulations entre le plateau sacré et les fémurs permettent d'apprécier l'importance des rétractions et de suivre l'évolution du traitement. = Traitement Le traitement consiste à: . Etirer le sportif en cabinet de kinésithérapie (10 séances). . Apprendre au sportif à s'étirer avant et après les entraînements et les compétitions. . Rééquilibrer les musculatures antérieures et postérieures. + Rupture du biceps La rupture de la longue portion du biceps est un accident relativement fréquent mais assez peu évoqué lors de l'élaboration du diagnostic. = Etiologie La rupture survient lors d'un étirement brutale de la cuisse (sprint, saut), la loge postérieure étant en extension. Elle se produit plus volontiers chez des sportifs très musclés et rétractés. = Diagnostic . Examen clinique Lors du saut le sportif a ressenti une violente douleur postérieure, en "coup de fouet", mais de durée relativement courte, permettant parfois au sujet de reprendre son activité (football, rugby). L'examen est assez pauvre, la douleur est difficile à localiser (1/3 supérieur), la rétraction du moignon impalpable du fait du caractère relativement grêle du long biceps. La loge postérieure est globalement contractée et sensible. . Examen radiologique L'échographie pratiquée trois jours après l'accident est relativement pauvre (épanchement), elle ne permet pas de visualiser la rupture. La tomodensitométrie du 1/3 supérieur de la cuisse permet de visualiser, en comparatif avec le côté opposé, l'absence du long biceps. = Traitement L'abstention chirurgicale est de règle. On se contente généralement de réaliser quelques séances de rééducation comprenant de la physiothérapie, des étirements et une remusculation des chaînes postérieures. + Claquage et élongation des ischio-jambiers Les ischio-jambiers sont au nombre de trois : le biceps, le demi-tendineux et le demi-membraneux. = Etiologie Les pathologies des ischio-jambiers varient en fonction de l'âge du sportif: - Chez le jeune enfant, les ischio-jambiers ne constituent pas le point faible du système fléchisseur du genou qui se situe au niveau de leurs insertions hautes sur l'ischion. - Chez l'adolescent, les ischio-jambiers constituent un système à haut risque du fait de leur structure riche en lames tendineuses faiblement élastiques et de leur tendance à se rétracter. Les lésions observées sont des élongations, des claquages et plus rarement des ruptures musculaires (plus fréquentes sur le biceps crural). Les sports concernés sont tous les sports de course (football, athlétisme, rugby) ou pratiqués avec un certain degré de flexion de la jambe (tennis). = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement, le sportif ressent une violente douleur postérieure lors d'un saut ou d'un démarrage brusque au niveau du 1/3 moyen et postérieur de la cuisse. . Examen complémentaire Le diagnostic est confirmé par l'échographie pratiquée quatre à cinq jours après l'accident (désorganisation de la structure fibrillaire, œdème, épanchement hématique). = Traitement Le traitement associe la cryothérapie, la décharge du membre et de la kinésithérapie immédiate, enfin une rééducation par étirements. Compte tenu du haut risque de lésions des ischiojambiers, il est indispensable d'apprendre aux athlètes la pratique des étirements postérieurs actifs avant chaque entraînement + Claquage du grand adducteur = Etiologie Deux mécanismes lésionnels sont habituellement décrits: . Passif, par étirement (grand écart, gymnastique, patin à glace...). . Actif, lors de la course et surtout du dribble (rugby, football...). Le claquage se produit le plus souvent au niveau du 1/3 moyen, 1/3 supérieur du grand adducteur sur un mouvement contré ou un étirement violent involontaire. = Diagnostic . Examen clinique L'impotence fonctionnelle est immédiate, empêchant la marche. A l'examen, le muscle est souvent contracté et hyperalgique. Il est rare de constater un hématome superficiel. . Examen radiographique L'échographie, pratiquée au quatrième jour recherchera un éventuel hématome profond, assez rare à ce niveau. = Traitement . Glacer la région douloureuse . Placer le membre en décharge . Mettre en place une kinésithérapie précoce anti-inflammatoire (physiothérapie) La durée de la décharge varie de 15 jours à 3 semaines, la reprise du footing est généralement autorisée (dans l'axe) entre 3 semaines et un mois, la reprise des dribbles sera fonction de la clinique et de l'avancement de la rééducation (étirements). + Tendinite d'insertion haute des adducteurs = Etiologie Contrairement au claquage, cette pathologie survient progressivement à la suite de microtraumatismes répétés (stage de football, entraînement sur terrain dur, élongation tendineuse non traitée, mauvais appui plantaire, rétraction des muscles ischio-jambiers...). = Diagnostic . Examen clinique Plus douloureuse à "froid" qu' à "chaud", elle peut se transformer peu à peu en pubalgie, ou dégénérer en tendinose. A l'examen, il existe une douleur exquise à la palpation du tendon ou de son insertion sur la branche pubienne, potentialisée par l'adduction contrariée et l'abduction forcée. . Examen radiographique Si la lésion est ancienne, l'échographie peut montrer un tissu fibrosé. = Traitement . Toujours rechercher la cause de la tendinite en insistant sur l'interrogatoire. . Simultanément arrêter toute activité sportive douloureuse, glacer la région douloureuse trois fois par jour, prescrire des AINS per os. . La kinésithérapie sera anti-inflammatoire au stade de la tendinite (physiothérapie), ou défibrosante par des massages transverses profonds au stade de la tendinose. La reprise sera progressive, et toujours précédée de séances d'étirements des adducteurs. En cas de douleurs résiduelles cicatricielles, il sera proposé au sportif de "casser" la cicatrice par étirements et massage transverse profond. III GENOU Le genou est une articulation portante, limitée dans ses différents mouvements, autres que la flexion/extension, par des structures ligamentaires originales et les ménisques. Cette relative fixité est à l'origine d'une plus grande fragilité aux mouvements de torsion ou de latéralité imposés par la jambe lors des chutes. 3.1 ANATOMIE L'anatomie du genou comporte les trois pièces osseuses de l'articulation fémoro-patellotibiale, ainsi que l'extrémité supérieure du péroné. 3.1.1 OSTEOLOGIE + Extrémité fémorale l'extrémité inférieure du fémur est constituée de deux condyles séparés par une échancrure. Les surfaces inférieures et postérieures des condyles sont occupées par une surface articulaire. La trochlée fémorale est séparée des surfaces condyliennes par deux rainures condylo-trochléennes obliques d'avant en arrière. La trochlée est composée de deux versants latéraux convexes. Le versant externe est plus étendu et plus large en avant que l'interne. L'échancrure condylienne présente sur ses faces latérales les empreintes des insertions des ligaments croisés. Le grand adducteur s'insère sur la partie supérieure de la face antérieure du condyle interne. La face postérieure donne insertion aux jumeaux (externe et interne), au grand adducteur sur son tubercule, au plantaire grêle (au dessus du jumeau interne) et au muscle poplité (en dessous du jumeau interne). + Extrémité tibiale L'extrémité supérieure du tibia est formée d'un plateau, de deux tubérosités latérales, de la tubérosité antérieure et d'une facette articulaire destinée au péroné. La face supérieure du plateau tibial comprend deux cavités glénoïdes, qui répondent aux condyles fémoraux, et un espace rugueux interglénoïdien. Chaque cavité glénoïde présente au niveau de son bord central une saillie appelée épine tibiale. L'épine tibiale interne est plus haute et plus antérieure que son homologue externe. L'espace interglénoïdien donne attache aux ligaments croisés et aux ménisques. La tubérosité interne présente à sa face postérieure une gouttière pour le tendon réfléchi du demi membraneux. Les insertions du tendon direct et du tendon réfléchi sont respectivement situées au milieu et à l'extrémité postérieure de cette gouttière. Sur la face antérieure cette tubérosité ne donne qu'une insertion à une expansion du vaste externe. La tubérosité externe est occupée sur la presque totalité de sa face postérieure par la facette articulaire du péroné. Sur sa face antérieure elle donne de très nombreuses insertions pour les muscles vaste interne, tenseur du fascia-lata, extenseur commun des orteils, biceps et long péronier latéral. Elle est séparée de la tubérosité antérieure par le tubercule de Gerdy. La tubérosité tibiale antérieure, donne insertion au tendon rotulien. Sur son bord interne, s'insèrent les tendons de la patte d'oie (droit interne, couturier et demi-tendineux). + Ménisques Les deux ménisques sont des fibro-cartilages, disposés horizontalement entre le plateau tibial et les condyles fémoraux pour améliorer la congruence articulaire. En coupe ces fibro-cartilages sont triangulaires, le sommet étant au centre de l'articulation. Ils comprennent: une face supérieure concave, une face inférieure en rapport avec le plateau tibial, une face externe adhérente à la capsule (surtout pour le ménisque interne), un bord central tranchant et deux extrémités ou cornes, fixées sur l'espace interspinal. Le ménisque externe présente une forme d'un O, tandis que le ménisque interne, plus ouvert, est comparé à un C. + Tête du péroné L'extrémité supérieure du péroné présente la forme d'un cône à base supérieure. Sa face supérieure présente une surface articulaire qui regarde en haut en dedans et en avant. En arrière et en dehors de cette surface articulaire se tient une apophyse rugueuse, dite styloïde. L'apophyse styloïde donne attache au biceps et au ligament latéral externe. Sur la partie externe et antérieure du col s'insère le long péronier latéral. + Rotule La rotule est un os sésamoïde développé dans le tendon du quadriceps. Elle présente une forme triangulaire. Sa base donne insertion au tendon quadricipital et son sommet au tendon rotulien. Sur toute sa surface antérieure convexe, les fibres des vastes et du droit antérieur se croisent avant de se confondre avec celles du tendon rotulien. La face postérieure, concave est articulaire, elle est séparée en deux par une crête mousse. La facette latérale externe est plus large, plus longue et plus excavée que l'interne. 3.1.2 MUSCLES + Muscles participant à l'articulation du genou Le genou est entouré de nombreux muscles et/ou tendons: Sur la face antérieure, les tendons quadricipital et rotulien, les expansions des vastes. Sur la face externe, le TFL et le biceps. Sur la face interne, le demi-tendineux, demi-membraneux, couturier, le droit interne et le grand adducteur. Sur la face postérieure, les jumeaux, plantaire grêle et le poplité. + Muscle poplité Parmi ces muscles seul le poplité est strictement annexé à l'articulation du genou. Le poplité est un muscle court et aplati qui s'étend du condyle fémoral externe, croise de dehors en dedans et de haut en bas le creux poplité pour s'insérer sur la face postérieure du tibia au-dessus de la ligne oblique. Le poplité est un fléchisseur de la jambe et un rotateur interne. 3.1.3 ARTICULATIONS + Articulation fémoro-tibiale = Synoviale La synoviale recouvre la totalité de la face profonde de la capsule. Elle tapisse également les culs de sac en rapport avec la capsule (sous-quadricipital, prétibial, poplité). Sur les faces latérales du tibia et sous le tendon poplité, la synoviale forme des replis, ou franges, d'une épaisseur de cinq à six millimètres. = Moyens d'union L'articulation est stabilisée par une capsule des ligaments (latéraux et croisés) et deux ménisques. . La capsule est une gaine fibreuse mince et lâche, à l’exception de sa face postérieure tendue sur les condyles fémoraux et étroitement liée aux tendons des jumeaux. Sur les côtés la capsule est unie à la face latérale des ménisques. Cependant, du côté externe, cette insertion peut être segmentaire et ne concerner qu'une partie du ménisque. En regard du tendon du muscle poplité il existe un hiatus qui fait communiquer l'intérieur de la capsule avec la bourse séreuse de ce tendon. Lors de l’arthrographie cette particularité donne des images de juxtaposition qu'il faudra dissocier des lésions méniscales. L'intérieur de la capsule est tapissé d'un tissu synovial. . Ligaments - Les ligaments composant le plan antérieur sont nombreux et puissants. Ce sont: les ailerons rotuliens interne et externe, les ligaments ménisco-rotuliens, le tendon rotulien, les aponévroses d'insertion du tenseur du fascia-lata et les tendons des expansions des vastes. - Le ligament externe est formé d'un cordon arrondi qui unit le condyle fémoral externe à la tête du péroné (partie antéro-externe). Il est indépendant de la capsule articulaire. - Le ligament latéral interne est formé de deux faisceaux, un faisceau antérieur tendu du condyle fémoral au tibia, large et résistant, et un faisceau accessoire plus mince, postérieur au précédent. Ces deux faisceaux sont étroitement liés au bord latéral du ménisque interne. - La partie postérieure n'est constituée que d'un rideau fibreux uni aux aponévroses tendineuses des jumeaux et du demi- membraneux. La capsule est renforcée à ce niveau par des faisceaux fibreux dont les plus importants sont le ligament poplité arqué et poplité oblique. - Les ligaments croisés sont des cordons fibreux courts, intra-articulaires, qui s'étendent de l'espace interglénoïdien à la surface intercondylienne du fémur. Pendant leur trajet ils s'entrecroisent dans le sens postéro-antérieur et transversal. * Ligament croisé antéro-externe Il s'insère sur la moitié postérieure de la face intercondylienne du condyle externe fémoral, descend suivant un trajet antérieur et interne pour se fixer sur le tibia entre le tubercule interne de l'épine tibiale et l'attache antérieure du fibro-cartilage interne. * Ligament croisé postéro-interne Ce ligament s'insère en haut sur la partie antérieure de la face intercondylienne du condyle interne, descend suivant un trajet postérieur et externe pour se fixer en arrière des insertions des ménisques externe et interne. + Articulation péronéo-tibiale supérieure Cette arthrodie est maintenue en place par les ligaments péronéo-tibiaux antérieur (très résistant) et postérieur. La synoviale communique parfois avec celle du genou. 3.2 PHYSIOLOGIE 3.2.1 STATIQUE DU GENOU La statique du genou s'apprécie cliniquement et radiologiquement. Chez le sujet debout de face les faces internes des genoux et les deux malléoles internes doivent se toucher. De profil l'axe de la cuisse doit être le même que celui du tibia. La hauteur respective des deux jambes peut être mesurée au niveau du creux poplité par comparaison des plis poplités. + Axe fémur/tibia Le genou présente un valgus physiologique d'environ 3°. Cette angulation, spécifique à la bipédie exclusive reporte l'axe des forces verticales sur le plateau tibial interne, contrairement aux grands singes dont le varus très accentué déplace cet axe vers le condyle fémoral interne. + Rotation de la tubérosité tibiale antérieure La tubérosité tibiale antérieure est légèrement oblique en dehors. Cette disposition, associée à un genu valgum tend à subluxer la rotule. La tomodensitométrie permet de mesurer précisément l'extériorisation de cette apophyse. La technique consiste à mesurer la distance entre la base de la tubérosité et la projection de son sommet sur une ligne frontale passant par les plateaux tibiaux. Chez le sujet normal cette distance est toujours inférieure à 15 mm. + Angle condylo-trochléen Cet angle est formé par l'intersection des lignes reliant les extrémités des trochlées d'une part et les bases condyliennes. il apprécie la différence de hauteur des deux berges trochléennes. Il doit être supérieur à 3°. + Angle trochléen L'angle trochléen apprécie l'ouverture de la trochlée, mesurée à 15° de flexion de la jambe. Il est normalement égal ou inférieur à 130°. 3.2.2 DYNAMIQUE DU GENOU La fonction essentielle du genou moderne est la flexion extension. Cette limitation des libertés articulaires a été acquise au cours de l'évolution. En effet, chez la majorité des animaux de l'ère secondaire, le genou primitif présentait une articulation proche de celle du coude, c'est-à-dire capable de réaliser des mouvements de rotation très amples. La perte de cette fonction visible dès le jurassique dans la grande majorité des espèces terrestres, a pour origine vraisemblable la nécessité de stabilité de la principale articulation portante. A la grande mobilité de la ceinture scapulaire et du membre supérieur s'opposent, au cours de l'évolution, la fixité des os du bassin et la limitation des degrés de liberté des articulations du membre inférieur. Cette stabilité a été en partie réalisée par un abaissement de la tête du péroné. Ce dernier, qui participait jadis à l'articulation du genou, au même titre que le radius au coude, n'a conservé qu'une articulation tibiale destinée à la rotation, laissant à l'articulation fémoro-tibiale la fonction exclusive de flexion/extension. + Articulation fémoro-tibiale L'articulation fémoro-tibiale moderne présente des mouvements de: Flexion/ extension 130° à 150° Rotation externe/interne < 8° Latéralité < 5° Lors de la flexion le tibia est l'objet d'une rotation interne, et inversement lors de l'extension. Ce mouvement est en rapport avec les différents axes des courbures condyliennes et glénoïdes. Il donne aux muscles de la loge interne de la cuisse une force plus importante. Pendant la flexion les condyles fémoraux glissent en avant et roulent en arrière. Ce dernier mouvement tend à pousser en arrière les ménisques rapprochant ainsi les cornes postérieures. L'extension est limitée par la rotule, les ligaments croisés et les ligaments latéraux. La flexion est stoppée par le tendon rotulien et les ailerons rotuliens ainsi que par la rencontre de la jambe sur la cuisse. Les mouvements de rotation sont nuls lors de l'extension, du fait de la tension des ligaments croisés et latéraux. Ils n'existent que lors de la flexion de la jambe. Les ligaments croisés freinent la rotation interne, les ligaments latéraux la rotation externe. Les mouvements de varus rotation interne sont limités par le ligament croisé antérieur, la bandelette de Maissiat et le biceps. Les mouvements de valgus rotation externe sont limités par le ligament croisé antérieur, les muscles ischio-jambiers et le muscle poplité. + Articulation fémoro-patellaire La rotule coulisse de haut en bas dans la trochlée fémorale. En extension, le sujet étant debout, la rotule se trouve positionnée au dessus de cette trochlée. Lors de la flexion la rotule s'abaisse pour glisser entre les berges de la trochlée. La position en valgus du genou est à l'origine d'une pression importante de la facette externe de la rotule sur la berge trochléenne externe. Ce phénomène est le résultat de la bipédie exclusive et de la valgisation du membre inférieur au cours de l'évolution. Inversement tous les grands vertébrés du secondaire, du tertiaire et du quaternaire présentent un condyle fémoral interne plus développé que l'externe. Ce phénomène apparaît moins marqué chez les grands reptiles bipèdes (iguanodon, tyrannosaure...), que chez les quadrupèdes (tricératops, diplodocus...). Chez tous les grands singes bipèdes sporadiques, la marche en varus/flexion provoque un effet identique c'est-à-dire une pression de la rotule sur le côté interne du genou à l'origine d'une symétrie des condyles et des facettes rotuliennes ou d'un aplatissement de la face articulaire rotulienne qui peut perdre sa crête mousse. Des travaux récents menés par l'auteur ont montré que la morphologie du genou moderne était en rapport avec la marche bipède. En effet chez des enfants n'ayant jamais marché pour différentes raisons neurologiques, la rotule apparaît lenticulaire et les condyles fémoraux de même hauteur. Cette observation confirme le caractère adaptatif, et non pas génétique, du modelé du genou par la station debout et la marche. C'est l'appui de la facette externe de la rotule sur la berge externe de la trochlée qui est à l'origine de l'asymétrie des facettes rotuliennes, du développement en épaisseur de la rotule et de l'hypertrophie du condyle fémoral externe. Ce développement de la rotule et du fémur interviennent certainement très tôt dans l'enfance, au moment du passage de la position en varus (moins de quatre ans) à la verticalisation de la jambe (5 à 7 ans). L'apparition du valgus physiologique, au-delà de cet âge n'est certainement pour rien dans le modelé du genou. + Articulation péronéo-tibiale supérieure L'articulation péronéo-tibiale supérieure est très peu mobile. Elle constitue une survivance de l'ancienne articulation du genou telle qu'elle peut être retrouvée chez l'iguanodon,, l'allausorus ou le diplodocus.... Cette articulation présente des mouvements antéro-postérieurs de faible amplitude, et de peu d'intérêt physiologique. Elle participe avec la péronéo-tibiale inférieure et la fémoro-tibiale aux quelques degrés de rotation de la jambe. Lors des mouvements de flexion dorsale du pied, la tête du péroné glisse légèrement vers le haut et se place en rotation interne. Le mouvement inverse est observé lors de la flexion plantaire du pied. Cette correspondance aux mouvements de la cheville rend cette articulation vulnérable aux lésions macro et microtraumatiques de la cheville. 3.2.3 TROUBLES DE LA STATIQUE Le genou peut présenter des anomalies dans le plan sagittal (recurvatum ou flexum) et dans le plan frontal (varum ou valgum). Seules ces deux dernières anomalies sont d'une très grande fréquence. Nl Homme 30 Femme 45 Varus Valgum 60 35 10 20 Répartition en % des varus et des valgus en fonction du sexe. Le sexe masculin présente une grande fréquence de genu varum, au point de se demander si ce signe sexuel secondaire ne correspond pas à une "normalité" masculine. Les femmes plus volontiers en genu valgum présentent néanmoins 35% de varus. + Genu valgum = Etiologie Le genu-valgum est une déviation "en dehors" de la jambe à partir du genou. Cette déformation est plus fréquente chez la jeune fille. = Diagnostic . Examen clinique Le genu valgum peut être apprécié cliniquement en mesurant la distance entre les malléoles internes, les cuisses étant serrées, ou par téléradiographie. Physiologiquement la distance intermalléolaire ne doit pas dépasser trois centimètres et l'axe " fémur/tibia" trois degrés (valeurs mesurées moins deux degrés de déviation interne physiologique). Le risque inhérent à cette déformation est de voir apparaître à long terme une arthrose du genou. Cette anomalie sera donc prise en compte dès l'enfance. . Examen radiologique La radiographie de face, les pieds dans l'axe de la jambe permet de mesurer précisément l'écart entre les malléoles. = Attitude pratique . Bien que gênante pour un certain nombre d'activités sportives cette déformation ne contre-indique pas la pratique du handball. . Si la déformation est importante, une rééducation par attelles pourra être entreprise chez le jeune enfant. + Genu varum = Etiologie Cette anomalie plus fréquente chez le garçon que chez la jeune fille se caractérise par une déviation de la jambe "en dedans" par rapport à l'axe de la cuisse. = Diagnostic . Examen clinique L'importance du genu varum peut être appréciée cliniquement par la mesure de la distance entre les faces internes des deux genoux, les malléoles étant jointes (normalement inférieure à 1 cm). . Examen radiologique Le genu varum s'apprécie radiologiquement en mesurant l'angle formé par les axes du fémur et du tibia (valeur normalement inférieure à trois degrés). Les risques à distance de voir apparaître une gonarthrose nécessitent dans les cas graves une rééducation dès l'enfance. = Attitude pratique . Si la déformation est minime (inférieure à 3 cm, et/ou inférieure à 5 degrés), l'examinateur se contentera d’instaurer un suivi annuel de l'enfant pour s'assurer que l'angulation ne s'aggrave pas. Il n'existe dans ce cas aucune contre indication à la pratique sportive. . Quand les déformations sont plus importantes, on proposera aux parents de rééduquer l'enfant par le port d'attelles nocturnes. 3.3 TRAUMATOLOGIE DU GENOU Les lésions traumatiques du genou diffèrent suivant l'âge du sportif. Bien qu'articulation exposée, le genou de l'enfant est moins fréquemment lésé que celui de l'adulte du fait des contraintes de poids et des forces s'appliquant sur l'articulation (beaucoup plus faibles), mais aussi de la laxité et de l'élasticité des structures ligamentaires et tendineuses. On distinguera: - Les macrotraumatismes (fracture, entorse, rupture méniscale, arrachements osseux). - Les microtraumatismes (apophysite, tendinite, syndrome fémoro-patellaire). Toutes les activités sportives ou presque sont concernées dans l'apparition des traumatismes. On distingue néanmoins les sports à risque traumatique direct par chute sur le genou (judo, rugby...), ceux à risque rotatoire (basket, football, ski...) et enfin les activités microtraumatiques par hyper stimulation de l'appareil extenseur (gymnastique, football, athlétisme, sauts...). + Macrotraumatismes: Les entorses du genou fréquentes chez l'adulte, sont rares chez l'enfant sportif et la plupart du temps bénignes (simple élongation ligamentaire sans rupture). Le traitement sera médical et nécessairement suivi d'une phase de rééducation proprioceptive. Les ruptures méniscales de l'adulte concernent le plus souvent le ménisque externe, tandis que chez l'enfant la lésion a le plus souvent pour origine un ménisque mal formé (en lamelle, discoïde...). Les fractures peuvent intéresser la rotule, les épines tibiales par traction ligamentaire, très rarement les condyles fémoraux ou un plateau tibial. + Microtraumatismes: Les lésions microtraumatiques du genou sont très nombreuses et différentes suivant l'âge du sujet. Chez l'enfant, on retrouve fréquemment des atteintes des cartilages de croissance de la rotule (maladie de Sinding-Larsen) ou de la tubérosité tibiale antérieure (maladie d'Osgood). Chez l'adulte, les atteintes vasculaires sont à l'origine d’ostéochondrite des condyles fémoraux. L'ensemble des structures ligamentaires, tendineuses ou synoviales peuvent être touchées. = Tendinite rotulienne, quadricipitale, de la patte d'oie = Frange synoviale. = Atteintes ligamentaires ou des ailerons rotuliens. Ces trois types de lésions doivent déclencher une enquête précise pour retrouver la cause des microtraumatismes. Celle-ci sera toujours éradiquée avant traitement. L'examen clinique du genou sera conduit en fonction de l'interrogatoire et des indications fournies par le patient. Les examens "programmés" du genou proposés par de nombreux auteurs ne présentent pour le clinicien que très peu d'intérêt. Si l'interrogatoire a été bien mené l'examinateur expérimenté doit pouvoir se contenter de confirmer son diagnostic par une ou deux manœuvres simples sans réaliser une batterie impressionnante de tests dont les résultats parfois discordants ne peuvent qu'engendrer la confusion. 3.3.1 GONALGIES La consultation pour douleurs du genou est, avec celles localisées au niveau de la cheville, une des plus fréquentes en médecine du sport. Ce terme générique déborde d'ailleurs assez largement l'articulation à proprement parler pour prendre en compte des pathologies extra-articulaires, voire abarticulaires, comme les douleurs des tendons quadricipitaux ou rotuliens, et les maladies d'Osgood ou de Sinding-Larsen. L'interrogatoire joue un rôle primordial dans la démarche diagnostique. Il fera préciser la date et le mode de début (brutal ou insidieux), la notion de traumatisme ou de microtraumatismes, le type de douleur (mécanique ou inflammatoire), les techniques antalgiques déjà testées (repos, position, application de froid), l'intensité de la douleur, les circonstances déclenchantes, sa localisation souvent difficile à faire préciser à l'enfant. En fonction de ces données, l'examen clinique recherchera une cicatrice (traumatisme ou intervention) un épanchement, un point douloureux exquis. L'examen programmé du genou ne sera pas effectué globalement mais en fonction des orientations diagnostiques définies par l'interrogatoire (ligament, ménisque, tendon, rotule, cartilage ...) Cet examen local sera complété par un examen de la statique des membres inférieurs (recherche d'un genu varum ou valgum, d'une inégalité des membres inférieurs, d'une anomalie des appuis plantaires). Les étiologies évoquées peuvent avoir une origine traumatique, ou non (chacune des pathologies citées ici font l'objet d'une définition et d'un traitement spécifique. = Etiologie + Origines macro-traumatiques Les lésions les plus souvent évoquées sont: - La rupture de ligament (latéraux ou croisés) - La fracture méniscale isolée ou associée - La rupture ligamentaire. - La fracture de la rotule - La fracture des épines tibiales Le diagnostic est avant tout clinique, puis radiologique, l'arthrographie ne sera pas pratiquée "à chaud", l'arthroscopie ne présente que peu d'indication diagnostique chez l'enfant. + Les lésions microtraumatiques Le diagnostic de ces lésions est souvent évoqué à l'interrogatoire, confirmé par la clinique, et éventuellement par l'échographie ou l'IRM (tendinite), ou la radiographie (maladie d'Osgood, de Sinding Larsen) Ce sont: . Les tendinites quadricipitales . Les tendinites rotuliennes . Les tendinites de la patte d'oie . Les tendinites bicipitale et poplité . La maladie d'Osgood (TTA) . La maladie de Sinding-Larsen (rotule) + Absence de traumatisme Très souvent aucun traumatisme même à minima ne peut être retrouvé, il peut alors s’agir: . D'une malformation ou d'une mal position. - Subluxation externe de la rotule par aplasie rotulienne ou condylienne, fixation externe de la TTA. - Ménisque discoïde ou laminé. - Inégalité des deux membres inférieurs. - Mauvais appuis plantaires. - Insuffisances quadricipitales. . D'une pathologie acquise - Ostéochondrose fémorale (tomographie) - Kyste solitaire (radiographie) - Kyste ostéogénique (radiographie) - Frange synoviale hypertrophique (IRM, arthrographie) = Traitements A la multiplicité des étiologies possibles correspond naturellement une grande diversité de traitements. + Chirurgical: . Réfection du ligament . Ablation de ménisque . Résorption d'un kyste . Curetage d'un kyste osseux . Transposition de la TTA . Cerclage de la rotule + Médical: . Anti-inflammatoires . Musculation . Semelles orthopédiques . Décharge . Strapping . Electrothérapie et cryothérapie C'est dire que l'examinateur doit attacher beaucoup d'importance à la description clinique que le jeune sportif fait de sa pathologie. La demande d'examen complémentaire ne sera réalisée qu'en fonction de l'examen clinique et jamais de façon systématique. Les explorations non traumatiques seront toujours préférées et pratiquées avant toute démarche nécessitant un franchissement de la barrière cutanée. 3. 3. 2 FRACTURES + Fractures des condyles fémoraux Ces fractures comprennent les fractures du 1/3 inférieur et sus condyliennes et les fractures sus et intercondyliennes (articulaires). = Etiologie Ces fractures répondent soit à un choc antéro-postérieur, la jambe étant en extension, soit à un choc vertical (réception jambe tendue). = Diagnostic . Examen clinique Tout de suite après le choc se développe une très volumineuse hémarthrose, déformant totalement les reliefs du genou. . Examen radiologique La radiographie de face et de profil objective le type de fracture, l'importance des déplacements et l'existence ou non d'un trait de refend articulaire. = Traitement Chez le sportif le traitement sera toujours chirurgical (temps d'immobilisation moins long, meilleure qualité de la réparation). Il sera réalisé par vis/plaque ou lame plaque en donnant à la fois une bonne résistance au montage, et la meilleure physiologie possible. + Fracture de la rotule La fracture de la rotule est la plus fréquente des fractures du genou en milieu sportif. = Etiologie La fracture de la rotule répond à un choc direct contre un objet dur (poteau de but, mur de gymnase), ou à une chute sur une surface dure (route, glace, sol caillouteux...). = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic sera évoqué devant un genou très douloureux, la position antalgique en extension passive, l'impossibilité de contracter le quadriceps et l'existence d'une douleur exquise sur une rotule "figée" pour limiter les douleurs. Le trait fracturaire peut parfois être perçu à la palpation. . Examen radiologique La radiographie de face et de profil permet de caractériser le trait de fracture: transversal (médian, de la base ou de la pointe), ou vertical. = Traitement Le traitement sera très différent suivant le type de fracture. . Fracture horizontale d'un coin supérieur ou inférieur sans déplacement. Dans ce cas les fragments osseux sont maintenus en place par l'environnement tendineux et ligamentaire de la rotule. Le traitement proposé sera orthopédique par résine bivalvée cruro-pédieuse en extension (trois semaines) permettant des contractions isométriques du quadriceps. La récupération de la flexion sera réalisée à la fin de la troisième semaine en actif, puis en passif. . Fracture transversale médiane ou comminutive Le cerclage chirurgical sera réalisé systématiquement pour les fractures comminutives. Dans le cas des fractures transversales simples un vissage associé ou non à un cerclage peut être réalisé. . Fracture de la pointe non articulaire avec déplacement On réalisera dans ce cas une patellectomie partielle. . Fracture verticale Dans ce cas le traitement se discute suivant l'importance du déplacement. Si la fracture est engrenée le traitement orthopédique peut être proposé, si la fracture est déplacée le cerclage de la rotule, ou le vissage du fragment sont techniquement faciles à réaliser et donnent de très bons résultats. La rééducation sera dans tous les cas précoce (contraction isométrique du quadriceps) et suivi d'une mobilisation passive puis active du genou dès la deuxième semaine. + Fracture de la tête du péroné La fracture isolée de la tête du péroné est une atteinte peu fréquente et difficile à diagnostiquer. = Etiologie Elle répond le plus souvent à un choc direct externe sur la tête de l'os. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte fréquemment à distance de l'accident pour une gêne, ou une douleur siégeant sur la tête du péroné. L'examen ne retrouve pas d'hématome, la notion de choc est parfois difficile à faire préciser. La pression du doigt provoque une douleur exquise, difficile à différencier de la tendinite bicipitale. La rotation passive du pied (externe et interne) réveille la douleur. . Examen radiologique La radiographie du tiers supérieur du péroné comprendra des clichés de face et de profil, mais aussi de 3/4 pour tenter de dégager la facette articulaire. Le trait de fracture, difficilement visible est le plus souvent vertical et articulaire. Les déplacements sont exceptionnels. = Traitement La décharge du membre n'est pas indispensable si la douleur ne provoque pas de boiterie. En cas de douleur plus importante, on réalisera une demi-coquille en résine destinée à maintenir le genou entre 15 et 20° de flexion, le sportif utilisera des cannes anglaises, une kinésithérapie antiinflammatoire et antalgique sera entreprise. La marche est généralement possible assez rapidement (15 à 20 jours). Malgré son caractère articulaire, cette fracture est rarement compliquée par des douleurs résiduelles ou l'installation d'une arthrose. + Fractures des plateaux tibiaux Il s'agit, en milieu sportif d'une chute ou d'une réception jambes tendues. Les sports concernés sont la gymnastique, le parachutisme, les sauts à la perche, la voltige équestre... = Etiologie Il s'agit, en milieu sportif d'une chute ou d'une réception jambes tendues. = Diagnostic . Examen clinique Le sujet se présente en boitant, la jambe lésée en décharge et en extension. La palpation localise la douleur (en dessous de l'interligne articulaire, plus souvent du côté externe). L'examen recherche une éventuelle désaxation de la jambe (par rapport au côté opposé), et l'existence d'une éventuelle hémarthrose. . Examen radiologique La radiographie doit être pratiquée de face et de profil. Les clichés peuvent montrer un trait vertical associé à un enfoncement du plateau tibial, un trait oblique passant par le plateau central interne ou un tassement du plateau externe associé à une fracture du péroné. L'IRM permet de dépister des fractures impaction avec ou sans modification du plateau externe. = Traitement . Fracture impaction: décharge, AINS, kinésithérapie anti-inflammatoire immédiate, mobilisation précoce. . Fracture sans déplacement: pose d'une résine pendant 4 à 5 semaines, le membre restant sans appui. La kinésithérapie d'entretien musculaire et la physiothérapie sont instaurées dès la première semaine. . Fracture avec déplacement: vissage chirurgical. La rééducation du genou, puis de la marche sera instaurée respectivement dès la première semaine et lors de la remise en charge (deux à trois mois). + Fracture des épines tibiales Classiquement peu fréquentes chez le jeune enfant et l'adulte, les fractures des épines tibiales sont l'apanage de l'adolescente. Les épines tibiales sont situées entre les cavités glénoïdes tibiales. Ces deux épines sont séparées l'une de l'autre par une dépression de faible profondeur suivant un axe antéro-postérieur. Sur les surfaces pré et rétro-spinales s'insèrent les ligaments croisés antéro-externe et postéro-interne. = Etiologie La lésion des épines correspond le plus souvent à un arrachement de l'espace pré ou rétrospinal secondaire à une traction ligamentaire. La lésion est réalisée lors d'un choc direct sur un genou fléchi (football, handball, rugby, judo...) avec rotation externe ou interne, phénomènes identiques à ceux de l'entorse du genou. = Diagnostic . Examen clinique L'examen clinique met en évidence une impotence fonctionnelle totale, le patient se présentant spontanément la jambe fléchie pour éviter l'appui. A l'examen le genou est volumineux du fait de l'hémarthrose qui accompagne ce type de lésion (élément de diagnostic différentiel avec les ruptures des croisés très faiblement hémorragiques). Il ne sera pas recherché de tiroir antérieur ou postérieur "à chaud". . Examen radiographique Le diagnostic est confirmé par la radiographie de face, de profil et suivant l'incidence de Beclère (défilé intercondylien). Les clichés peuvent montrer soit un arrachement à minima, sans déplacement ou très légèrement ascensionné, soit un fragment osseux très largement désolidarisé du plateau et très souvent désaxé. = Traitement Le traitement sera orthopédique ou chirurgical suivant le type de lésion. . Orthopédique quand il n'existe pas de déplacement ou quand ce déplacement peut être réduit en plaçant le membre en extension. Dans ce cas on pratiquera une cryothérapie journalière, le membre sera maintenu en extension par une résine bivalvée pendant 3 à 6 semaines, l'entretien kinésithérapique sera mis en place dès les premiers jours. L'évolution est suivie sur les clichés radiologiques pratiqués à 3, 5 et 7 semaines. . Chirurgical en cas de non réduction spontanée. Il est possible dans ce cas de réaliser une arthroscopie pour évincer le ménisque interposé entre l'épine et son insertion. Les suites thérapeutiques sont identiques à celles du traitement orthopédique. En cas d'échec du traitement orthopédique ou dans le cas d'arrachement avec déplacement on réalisera une fixation par laçage arthroscopie ou un vissage par arthrotomie. Une rééducation musculaire et articulaire sera proposée après consolidation du massif tibial. 3. 3. 3 LUXATIONS + Luxations de la rotule = Etiologie Les luxations de la rotule sont secondaires à un traumatisme direct sur la rotule (de l'intérieur du genou vers l'extérieur) ou à un mécanisme d'entorse du genou en valgus. Elles surviennent lors des chutes le pied bloqué au sol (ski, football), ou par choc direct. Les luxations traumatiques de la rotule sont favorisées par les dysplasies condyliennes externes, les aplasies rotuliennes, l'hyperlaxité ligamentaire. = Diagnostic . Examen clinique Lors de la luxation, le sportif ressent une douleur violente au niveau du genou qui apparaît déformé avec un relief externe dû au glissement de la rotule. La réduction est immédiate par le joueur lui-même qui replace sa rotule avec la main. Ce geste soulage momentanément la douleur mais ne permet pas la reprise de l'activité sportive. . Examen radiologique Il est exceptionnel de radiographier une rotule luxée du fait de l'instabilité de ce phénomène. La radiographie, pratiquée en défilé et de face, aura pour intérêt d'éliminer un arrachement osseux au niveau de l'insertion de l'aileron rotulien interne, fracture assez fréquemment associée. L'IRM, pratiquée 10 ou 15 jours plus tard montre parfaitement la localisation des lésions et leur gravité. = Traitement . Immédiatement - Appliquer de la glace sur le genou pour limiter l'épanchement articulaire et soulager la douleur. - Maintenir le membre en extension par une demi coquille en résine. . Dans les jours qui suivent le traitement sera fonction de l'évolution clinique et du résultat de l'IRM (lésion cartilagineuse associée, rupture de l'aileron rotulien partielle ou totale). - En cas de rupture partielle la jambe sera maintenue en extension pendant un mois dans une coquille en résine. Un entretien kinésithérapique musculaire est indispensable. - Si la rupture est totale, le sportif sera confié au chirurgien pour suture interne puis rééduqué. Chez le jeune sportif de haut niveau cette attitude est souvent préférable pour limiter l'immobilisation et éviter la diminution du potentiel physique. Bien traitée et rééduquée la luxation traumatique de la rotule n'est pas récidivante. Si malgré tout une récidive se manifeste du fait d'une mauvaise indication thérapeutique ou d'une rééducation insuffisante, seule la chirurgie pourra résoudre ce problème. + Luxation péronéo-tibiale supérieure = Etiologie Il s'agit d'une luxation relativement rare mais qui peut se rencontrer lors de mouvements en torsion de la jambe ou d'hyperflexion dorsale du pied. Les sports concernés sont le judo, la gymnastique au sol, le parachutisme, le rugby... = Diagnostic . Examen clinique Lors de la luxation le sportif ressent une douleur assez vive au niveau de la partie externe du genou, en-dessous de l'interligne. Cette douleur peut irradier le long de la jambe en suivant le trajet du nerf sciatique poplité externe. L'inspection montre une voussure antérieure (asymétrique par rapport au côté opposé). A la palpation la tête du péroné est antériorisée et surélevée. La luxation est assez facilement réductible mais peu stable. La douleur est augmentée lors des mouvements de rotation interne et d'hyperextension de la jambe et des mouvements de flexion et d'extension forcées de la tibio-tarsienne. La contraction du biceps est douloureuse. . Examen radiographique Les clichés sont réalisés de face et de profil, centrés sur l'articulation péronéo-tibiale supérieure. De face le péroné semble distant du tibia (il existe normalement une zone de chevauchement). De profil le péroné se projette dans sa totalité sur l'image du tibia, alors qu'il apparaît normalement en arrière de cet os. = Traitement Si le sportif est examiné tôt et la réduction stable, le genou est placé dans une gouttière pendant deux à trois semaines. La rééducation intervenant après ce délai comprendra des massages locaux, un renforcement du biceps et une rééducation proprioceptive. Dans les cas tardifs, la chirurgie est la seule à pouvoir solutionner le problème. Elle comprendra suivant les cas une réfection des ligaments péronéo-tibiaux ou une résection de la tête du péroné. + Luxation méniscale La luxation méniscale est un accident relativement rare. Son traitement est différent suivant l'âge du sujet. = Etiologie Il existe deux origines possibles: chez l'adulte le mécanisme en cause est l'entorse du genou, chez l'enfant le mécanisme causal est beaucoup plus difficile à retrouver, la luxation peut se manifester lors d'un saut, de la course en terrain irrégulier ou simplement en sortant du lit le matin. Dans le premier cas la luxation est le reflet d'une fracture méniscale ou d'une désinsertion importante, dans le second il ne s'agit que d'une subluxation, survenant sur des ménisques instables ou présentant des particularités morphologiques (discoïde ou en languette). = Diagnostic . Examen clinique Chez l'adulte la luxation, outre les signes liés à l'entorse, se manifeste par une saillie de la corne antérieure ou du tiers moyen du corps méniscal (les luxations des cornes postérieures ne sont pas perceptibles cliniquement). La tuméfaction, située au niveau de l'interligne (plus fréquemment le ménisque externe), est non douloureuse et le plus souvent réductible par simple pression du doigt. Des signes de blocage peuvent accompagner cette symptomatologie. Chez l'enfant l'inspection est strictement normale, la clinique se résumant à un blocage en flexion, avec impossibilité du fait de la douleur, d'étendre la jambe sur la cuisse. . Examen radiologique Deux examens peuvent être indiqués chez l'adulte: - L'arthrographie dont l'intérêt essentiel est de mettre en évidence les fractures associées mais avec laquelle il est parfois difficile de visualiser correctement la luxation. - L'IRM qui met aisément en évidence la luxation de la partie antérieure du ménisque mais présente un pouvoir discriminant faible pour les ruptures méniscales. Chez l'enfant, on s'abstiendra de tout examen radiographique avec injection. Une IRM peut éventuellement être proposée pour explorer la cavité articulaire en cas de récidive. = Traitement Chez l'adulte, le seul traitement curatif est l'ablation par arthroscopie du fragment luxé. Chez l'enfant, une simple manœuvre externe par rotation interne et externe de la jambe suffit le plus souvent à réduire la subluxation. En cas de non réduction immédiate, on prescrira quelques séances de rééducation en kinésithérapie. Si une récidive se manifeste on proposera au jeune sportif une rééducation proprioceptive du membre inférieur. Cette dernière sera accompagnée d'une enquête biomécanique simple destinée à éradiquer la séquence gestuelle en cause. 3. 3. 4 ENTORSE DU GENOU L'entorse du genou n'est pas en soit une pathologie, mais un mécanisme susceptible de provoquer des lésions ligamentaires, cartilagineuses, capsulaires ou osseuses. C'est pourquoi, envisager l'entorse du genou comme entité revient à étudier l'ensemble des pathologies aiguës en rapport avec les systèmes stabilisateurs de l'appareil extenseur. + Généralités = Etiologie Les entorses du genou sont exceptionnelles chez l'enfant, mais d'une très grande fréquence chez l'adulte et l'adolescent. L'interrogatoire porte en premier lieu sur le mécanisme de l'entorse. Sa description précise permet en effet au praticien d'orienter le diagnostic lésionnel et de lui faciliter l'examen clinique. On reconnaît: - Les traumatismes en hyperflexion de la jambe . Dans l'axe: atteinte du LCAE. . Avec rotation externe: atteintes du LCAE, du LLI, du ménisque externe. . Avec rotation interne: atteintes du LCAE, du LLE, du ménisque interne. - Les traumatismes en extension de la jambe . Dans l'axe: atteinte du LCPI . Associés à une rotation interne: atteintes du LLE et du ménisque interne. . Associés à une rotation externe: atteintes du LLI et du ménisque externe. Tous les sports peuvent être concernés par ce type d'accident. Cependant une fréquence très élevée d'entorse du genou se rencontre lors des: = Rotation du genou, pied bloqué au sol (ski, football, rugby, parachutisme...). = Réception d'un saut sur le pied d'un autre joueur (handball, basket...). = Réception jambes tendues (gymnastique) = Diagnostic le jour de l'accident Le diagnostic d'entorse du genou ne constitue en aucun cas une urgence chirurgicale. Aucune précipitation ne doit donc présider à son élaboration. . Examen clinique L'interrogatoire fait préciser le mécanisme lésionnel, les craquements, l'intensité de la douleur ainsi que sa localisation, et un éventuel gonflement immédiat. A l'examen, le genou du sportif est globuleux et hyperalgique. Le patient respecte spontanément la décharge et s'assoit la jambe tendue. La flexion est très limitée et l'extension complète impossible. L'interrogatoire et la palpation douce du genou permettent de localiser les points douloureux exquis. Aucune manœuvre traumatisante ne sera pratiquée à chaud (recherche de mouvements anormaux, testing sous anesthésie, ponction...). Les nombreuses classifications destinées à pronostiquer la gravité de l'entorse ne présentent aucun intérêt. Seul l'examen conduit de façon sélective, après diminution du choc local (8 à 12 jours après le traumatisme) établira un état du genou et des lésions. . Examen radiologique La radiographie réalisée de face et de profil recherche un éventuel arrachement osseux au niveau des ligaments latéraux, de l'aileron rotulien ou des épines tibiales. = Traitement immédiat L'attitude à adopter face à l'entorse du genou est univoque. . Cryothérapie (3 à 4 fois/jours) . Décharge totale du membre . AINS per os . Ne pas ponctionner le genou, même en présence d'un épanchement. . Prescrire de la kinésithérapie anti-inflammatoire (physiothérapie). = Diagnostic différé . Examen clinique Lors de la deuxième consultation (cinq ou six jours après l'accident), l'examen clinique est complété. Il recherche une éventuelle fracture méniscale ou une atteinte ligamentaire (LCPI, LCAE, ligaments latéraux). La diminution très importante de la douleur et de l'épanchement permettent cette fois une analyse clinique sérieuse des lésions. Les situations cliniques les plus fréquentes sont: . Une élongation isolée du ligament latéral interne . Une atteinte isolée du ménisque interne . Une atteinte du LCAE, LLI . Une rupture isolée du ménisque externe . Une atteinte du LLE et du ménisque interne Les atteintes du LCPI ne représentent que 3 à 5% des lésions observées au niveau du genou. Les triades et autres pentades décrites à plaisir par de nombreux auteurs sont heureusement relativement peu fréquentes. Elles relèvent plus de l'AVP que de l'accident proprement sportif, et ne se rencontrent que pour des activités susceptibles d’engendrer des traumatismes d'une extrême violence (moto, parachutisme, descente à ski, slalom géant, saut à ski...). . Examen radiologique les examens radiographiques de deuxième intention ne seront demandés que pour confirmer un diagnostic clinique. On pourra éventuellement prescrire: . Une IRM si un doute existe sur l'intégrité de l'un ou l'autre des ligaments croisés. . Un arthroscanner sera prescrit en cas de manœuvres méniscales positives ou d'accrochages sous-rotuliens. Ces deux examens sont demandés en vue d'une éventuelle solution chirurgicale. L'arthroscopie ne sera jamais demandée dans le but "d'explorer" l'articulation, mais réservée à la cure chirurgicale. = Traitement spécifique En cas d'absence de lésion grave de l'appareil ligamentaire, le traitement kinésithérapique sera poursuivi et complété par une rééducation proprioceptive. L'érosion chondrale répond bien au fraisage sous arthroscopie. Les ménisques fracturés seront dans un premier temps laissés en place. L'indication chirurgicale n'étant posée que sur la répétition d'une symptomatologie douloureuse, de blocages, ou d'épanchements. La réparation chirurgicale des ligaments croisés ne sera envisagée que chez le sportif jeune (avant 40 ans), mais ayant achevé sa phase de croissance staturale (après 17 ans). Les ligaments latéraux feront l'objet d'une immobilisation dans une demi-résine et d'un traitement kinésithérapique précoce. + Ligament croisé antéro-externe La rupture du ligament croisé antéro-externe (LCAE), est relativement fréquente chez l'adulte, rare chez l'adolescent et exceptionnelle chez le jeune enfant qui présente plus volontiers un étirement de cette structure ou un arrachement de son insertion qu'une rupture de son LCAE. Cette lésion n'est isolée que dans seulement 30% des cas. = Etiologie La rupture du LCAE répond à une entorse du genou (ski, football), à un shoot manqué (football, rugby) à la mauvaise réception d'un saut (athlétisme, basket, handball, patin à glace, gymnastique...). Les mécanismes les plus souvent retrouvés sont les hyperflexions brutales, les hyperextensions en rotation interne, les rotations interne ou externe forcées en flexion et varus. = Diagnostic . Examen clinique Lors de l'accident le sportif ressent une violente douleur secondaire à l'entorse mais non spécifique d'une "rupture interne" d'un ligament. Un craquement peut parfois être entendu. L'impotence fonctionnelle est immédiate et oblige le sportif à interrompre son activité sportive. L'impression d'instabilité est immédiate. L'examen immédiat est difficile du fait de la douleur et des mécanismes de défense du sportif. Il sera effectué après cryothérapie ou quelques jours après l'accident. Il ne s'agit pas d'une urgence chirurgicale. L'examen comprend la recherche d'une laxité antéro-postérieure et d'un ressaut rotatoire. . Laxité antéro-postérieure Signe de Lachman. Ce test s'effectue le genou déverrouillé, en légère flexion, le patient en décubitus. L'examinateur bloque la cuisse avec une main et imprime un mouvement d'antériorisation de la jambe avec l'autre main. En cas de rupture le tiroir antérieur se trouve freiné progressivement alors qu'il est arrêté brutalement par la mise en tension du LCAE en cas de normalité. Le seul inconvénient de ce test est la difficulté rencontrée par les examinatrices du fait de leur empan (incapacité de saisir correctement la jambe pour la mobiliser). Recherche d'un tiroir antérieur. Cette manœuvre est réalisée sur un patient en décubitus, le genou fléchi à 80°, l'autre membre allongé sur la table. L'examinateur s'assoit sur le pied du membre à examiner et entoure la jambe de ses mains, de manière à placer ses pouces au niveau de la base du tendon rotulien. Il imprime ensuite des mouvements d'antépulsion et de rétropulsion de la jambe. Ce test doit toujours être comparé au côté opposé. En cas de rupture la protrusion antérieure du tibia (tiroir antérieur) est supérieure à celle appréciée du côté sain. Pour décontracter le patient on testera toujours en premier lieu le côté sain. Avant de tester le côté traumatisé l'examinateur exercera une poussée sur le tibia de manière à s'assurer que cet os ne se trouve pas déjà spontanément en position d'antériorisation par rapport au fémur. Il s'agit d'un faux tiroir postérieur, à ne pas interpréter comme le résultat d'une atteinte du LCPI. Le tiroir est recherché en rotation indifférente, en rotation interne et en rotation externe : En rotation indifférente, la présence d'un tiroir est le signe d'une rupture du LCAE et d'une lésion périphérique associée. En rotation externe, la présence d'un tiroir est le reflet d'une rupture du LCAE et d'une lésion de la région antéro-externe du genou. En rotation interne, le tiroir signe l'association d'une lésion du LCAE et du point d'angle externe. Ressaut en rotation externe. Cet examen, connu sous le nom de test de Slocum, consiste à provoquer sur une jambe en extension et rotation externe forcée, une flexion/valgus. Cette manœuvre subluxe la berge antéro-interne du tibia qui retrouve sa position initiale avec sensation d'un "ressaut". Cette manœuvre peut être réalisée dans le sens contraire (début du test en flexion). . Examen radiographique La radiographie standard comprend des incidences de face, de profil et un défilé intercondylien à la recherche d'un arrachement des épines tibiales. Sur ces clichés, il est parfois possible de distinguer une encoche post-traumatique siégeant sur la face antérieure du condyle externe. Quand cette encoche dépasse une profondeur de 1,5 mm, le risque de rupture du LCA est très important. La réalisation de clichés dynamiques de profil, sans et avec traction antérieure de la jambe par l'examinateur, permettent de mesurer l'importance du tiroir antérieur. Ces clichés, qui ne seront jamais réalisés "à chaud" ou sous anesthésie, seront éventuellement pratiqués après que le traitement ait séché le genou et diminué la douleur. L'IRM permet maintenant de visualiser parfaitement les deux ligaments croisés. Le LCAE apparaît comme une structure très dense, fine, tendue entre ses insertions, entourée d'une gaine assez large de densité plus grise. Il est étudié sur les coupes sagittales et frontales. En cas de lésion du LCAE, l'IRM peut montrer: . Une gaine œdèmatiée avec un ligament fin et difficilement explorable. Pour éviter cette mauvaise définition l'IRM ne sera demandée qu'après plusieurs jours de traitement anti-inflammatoire. . Une gaine normale avec un ligament distendu, mais non rompu . Une gaine normale, mais sans trace de son ligament . Une disparition totale de la gaine et du ligament (ces images correspondent à une rupture ancienne). Sur la coupe frontale une rupture du LCAE se manifeste par l'apparition d'une zone fusiforme de signal augmenté en remplacement de l'hyposignal normal. . Une rupture au niveau de l'une des insertions, la lésion n'étant suspectée que sur l'aspect détendu du LCAE. L'arthrographie n'est plus utilisée. Elle ne donnait qu'une image en contraste des ligaments croisés, qui formaient "la tente des croisés". La rupture était suspectée devant une disparition d'un des ligaments (difficile à affirmer) ou une distension de la tente. L'arthroscopie immédiate ne se justifie pas, de même que la recherche de tiroir sous anesthésie générale. = Traitement La seule urgence chirurgicale concerne l'arrachement d'un fragment osseux au niveau de l'une des insertions du LCAE. Toutes les autres atteintes du LCAE seront traitées en deux temps: déchoquage dans les premiers jours, traitement réparateur ou fonctionnel dans les semaines suivantes. - Déchoquage et examen immédiat . Cryothérapie immédiate . Décharge totale du membre . Pose éventuelle d'une attelle . Inspection et examen succinct du membre (repères anatomiques, palpation des ligaments latéraux externe et interne, mobilisation douce de la rotule, appréciation de l’œdème). Abstention concernant la manœuvre de Lachman ou la recherche d'un tiroir antérieur. La ponction de l'épanchement est sans intérêt. . Radiographie: elle est le plus souvent normale, mais elle peut aussi montrer des arrachements du plateau tibial antérieur et des épines. En l'absence d'arrachement osseux le patient sera placé sous AINS, devra poursuivre la cryothérapie plurijournalière et débuter une physiothérapie anti-inflammatoire. Il sera examiné pour bilan dans les jours qui suivent, quand la diminution des douleurs permettra de réaliser un testing de ses ligaments et de ses ménisques. Pendant cette période la décharge du membre reste absolue. - Intervention immédiate pour arrachement osseux . En présence d'un arrachement d'une épine tibiale deux techniques peuvent être proposées: - La réduction orthopédique sous scopie. L'extension de la jambe replace spontanément le fragment osseux en regard de la zone fracturaire, il suffit dans ce cas de réaliser un plâtre cruropédieux à 10° de flexion du genou. - La réduction par arthroscopie. Dans le cas de non réduction spontanée (le fragment se trouve luxé au-dessus du rebord méniscal), le fragment peut être facilement replacé par arthroscopie. Ces deux techniques sont d'une très grande efficacité chez l'enfant. La rareté de ce type de lésion chez l'adulte et la très grande fréquence des lésions associées feront choisir une technique chirurgicale de réinsertion du ligament. Lors d'un arrachement osseux de la surface tibiale antérieure avec rupture du LCAE deux fils peuvent être fixés sur le LCAE, tunnelisés à travers le plateau tibial, et fixés au niveau de la métaphyse tibiale. = Traitement à distance de l'accident Le traitement de la rupture du LCAE sera différent en fonction de l'âge du patient de sa motivation sportive et de ses capacités fonctionnelles. Trois grandes techniques sont à la disposition du thérapeute, les plasties musculo-tendineuses, les ligaments prothétiques, enfin le traitement fonctionnel. . Plasties musculo-tendineuses Trois types de plasties se partagent les faveurs des chirurgiens, les plasties de Lemaire, Mac Intoch et Kenneth-Jones. - Plastie de Lemaire Cette plastie externe utilise la bandelette ilio-tibiale. Après désinsertion cette bandelette est tunnellisée dans le condyle externe et fixée par une agrafe sur le tubercule de Gerdy. Il s'agit d'une plastie passive extra articulaire dont le seul but est de réduire le ressaut en rotation interne sans modifier le tiroir antérieur. Elle n'est plus que rarement utilisée seule en milieu sportif. - Plastie de Mac Intoch Il s'agit d'une plastie intra-articulaire passive réalisée avec un lambeau des tendons rotulien et quadricipital. Le transplant, tunnellisé à travers le plateau tibial et le condyle externe est fixé sur le tubercule de Gerdy. Cette plastie reconstitue le trajet du LCAE. Elle diminue le tiroir antérieur et freine la rotation interne. C'est une plastie très utilisée en milieu sportif. - Plastie de Kenneth-Jones Il s'agit d'une plastie intra-articulaire passive, réalisée au dépend du tendon rotulien. La bandelette issue de ce tendon est tunnellisée dans le tibia et le condyle externe, reproduisant ainsi le trajet du LCAE. Cette technique est maintenant très souvent associée à l’intervention de Lemaire. . Matériel prothétique Ces techniques font appel à des substances artificielles dont les plus classiques sont en métal, en polyester, en fibres de carbone ou en téflon (Goretex). Le problème majeur de ces substances réside dans leur fragilité mécanique, source de ruptures secondaires. Sur le plan chirurgical ces techniques peuvent bénéficier de l'arthroscopie, ce qui n'est pas le cas pour les plasties musculotendineuses. . Traitement fonctionnel Le traitement fonctionnel consiste à renforcer le verrouillage antérieur du tibia lors de la flexion de la jambe en charge. Elle repose sur des techniques de musculation sélective des muscles ischio-jambiers et du quadriceps. Elle est réalisée en isocinétique et en isométrique. Cette technique ne peut être envisageable que chez les sujets déjà particulièrement musclés et rétractés. = Indications chirurgicales Les indications concernant le type d'intervention à proposer dépendent du sexe, de l'âge et du niveau de pratique du sportif. . Sexe :Deux éléments différencient les sportifs des sportives sur le plan de la chirurgie réparatrice, l'importance des masses musculaires et le caractère esthétique ou non de la cicatrice. La faiblesse des masses musculaires de la majorité des jeunes pratiquantes victimes d'une rupture du LCAE ne permet généralement pas de proposer une rééducation fonctionnelle. D'autre part, le caractère disgracieux de la cicatrice externe (Lemaire) amène le plus souvent le praticien à proposer soit une plastie interne (Mac Intosh), soit la mise en place d'un ligament prothétique par arthroscopie. . Age : Chez l'enfant la rupture du LCAE (autre que l'arrachement osseux) sera laissée en place jusqu’à l'adolescence. Pendant cette période à risque les activités "à risques" seront contreindiquées ou pratiquées avec une genouillère articulée. L'intervention de stabilisation sera réalisée à partir de 16 ans. Chez le sportif en activité (avant 40 ans) ce sont les plasties musculo-tendineuses qui donnent les meilleurs résultats. La plus utilisée associe l'intervention de Lemaire à celle de Kenneth-jones. Au delà de 40 ans, c'est la rééducation fonctionnelle qui semble la plus intéressante pour éviter l'apparition d'une arthrose secondaire et permettre la reprise d'une activité de loisir. . Niveau de pratique : Chez les sportifs de haut niveau l'indication concerne uniquement les plasties musculo-tendineuses, seules capables d'assurer une stabilité suffisante à l'articulation, compte tenu des contraintes mécaniques considérables imposées au genou. Dans le cas du sport loisir ou de l'activité sporadique de vacances, il sera souvent plus judicieux de proposer la pose d'un ligament artificiel. La rapidité des résultats obtenus permet à ces amateurs de reprendre leur activité professionnelle dans les meilleurs délais. = Rééducation post opératoire Elle sera toujours précoce et associée à une décharge du membre pendant trois semaines. Tout en respectant la ligamento-plastie le kinésithérapeute mobilisera doucement l'articulation de quelques degrés sans rechercher les amplitudes maximales. Ces manœuvres douces seront associées à des courants exito-moteurs destinés à maintenir le potentiel musculaire. Dans un second temps, le rééducateur luttera contre le flexum, les rétractions ligamentaires et capsulaires et la fonte musculaire. Le réapprentissage de la marche sera possible dès que l'extension complète du genou est possible. Parallèlement on rééduquera le verrouillage actif du genou. En centre spécialisé le sportif peut bénéficier de techniques mécaniques de mobilisation passive du genou et de renforcement musculaire par musculation isocinétique. La rééducation sera toujours terminée par une phase de rééducation proprioceptive. La reprise de la course sur terrain plat est généralement possible au troisième mois après l'intervention chirurgicale et la reprise de l'entraînement au début du cinquième mois. = Complications Elles sont relativement rares. Les principales complications après plastie intra-articulaire sont représentées par: . L'enraidissement du genou secondaire à une capsulite rétractile (le flexum peut être retrouvé sous anesthésie). . L'installation d'une synovite chronique de type variable (mécanique, immunologique, inflammatoire). . La réapparition de la laxité par rupture de la prothèse ou laxité de la plastie. . La constitution d'un syndrome fémoro-patellaire par insuffisance quadricipitale. + Entorse du ligament croisé postéro-interne Le ligament croisé postéro-interne est formé de deux faisceaux dont la physiologie est sensiblement différente. Le premier (antéro-interne) est tendu en flexion, tandis que le deuxième (postéro-externe est tendu en extension). C'est ce dernier qui est touché le premier lors des entorses du genou en extension. La physiologie de ce ligament consiste à favoriser les mouvements de roulement et de glissement des condyles fémoraux lors de la flexion/extension de la jambe. = Etiologie En traumatologie adulte, la rupture du LCPI représente moins d'un vingtième des atteintes isolées des ligaments croisés. En pédiatrie du sport, il s'agit d'un accident exceptionnel (environ 1/5O dans notre série). La rupture du LCPI est secondaire à un traumatisme antéro-postérieur sur une jambe en extension ou en flexion à 90°lors d'une chute en rotation externe, le pied étant bloqué au sol (rugby, ski...). . = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic doit être évoqué systématiquement après une entorse du genou secondaire à un choc antéro-postérieur. A l'inspection de profil, le patient en décubitus et le genou étant fléchi, le tibia peut apparaître spontanément postériorisé du simple fait de la pesanteur. L'examen clinique ne sera pas, en cas de douleur importante pratiqué "à chaud" mais à distance de l'accident après cryothérapie et kinésithérapie anti-inflammatoire. Cliniquement la recherche d'un tiroir postérieur est réalisée dans des conditions techniques identiques à celles décrites pour le tiroir antérieur. La laxité antéropostérieure peut être recherchée jambe en extension (équivalent du test de Lachman), ou jambe fléchie à 60°. L'examinateur devra, dans cette dernière position, se garder de confondre la laxité postérieure avec un tiroir antérieur (en effet si le tibia est déjà postériorisé le seul déplacement possible est antérieur). Chez le jeune sportif spontanément laxe, l'examinateur devra vérifier avant toute manœuvre que le tibia n'est pas antériorisé par un tiroir antérieur physiologique (risque de faux positif). La recherche d'une laxité uni ou bi-podale est le plus souvent négative du fait de l'action stabilisatrice du quadriceps en contraction. . Examen radiographique La radiographie standard permet d'éliminer les arrachements osseux associés de la base ou du toit de la cavité. Le diagnostic étant essentiellement clinique, l'arthrographie et l'IRM ne présentent d'intérêt que sur les lésions anciennes non traitées. Elles seront néanmoins indiquées quand on suspectera une lésion méniscale associée. Normalement le ligament croisé postéro-interne apparaît à l'IRM comme un cordon noir, coudé en son milieu, jamais tendu. L'IRM peut montrer: . Un ligament croisé postérieur désinséré du fémur ou du tibia. . Une image de rupture centrale, parfois difficilement visible du fait de l'obliquité du tendon sur les incidences sagittales. . Un aspect de dilacération du ligament, accompagné d'images d’œdème en T2. = Traitement Le traitement de cette lésion peut être chirurgical ou fonctionnel. Chez l'enfant il consiste le plus souvent à réinsérer le fragment arraché; dans ce cas l'intervention doit être précoce (moins de 8 jours après l'accident). Chez l'adolescent présentant une rupture vraie, la reconstruction du ligament avec du tissu autologue ou du matériel prothésique est souhaitable (l'intervention peut être programmée à distance de l'accident sur un genou préalablement rééduqué). Chez l'adulte peu sportif, et du fait de la très faible instabilité entraînée par cette lésion le traitement peut consister en la pose d'un plâtre pendant 45 jours, suivie d'une rééducation proprioceptive du membre inférieur. Ces interventions seront complétées par une rééducation prolongée comprenant des phases de: - Musculation du quadriceps - Mobilisation passive de l'articulation - Massage de la cicatrice, lutte contre les adhérences. - Rééducation proprioceptive. La reprise de l'activité se fera de façon progressive (course 4 à 6 semaines après l'intervention). Pour l'activité elle-même le délai dépendra essentiellement de la stimulation de l'appareil extenseur du genou. Les risques de récidive de cette lésion sont heureusement très faibles. Les complications inhérentes à cette lésion non traitée sont souvent très tardives du fait de la bonne stabilité de l'articulation. Elles concernent essentiellement l'articulation fémoro-patellaire (facette interne) qui se trouve soumise, du fait des phénomènes de subluxation postérieure du tibia, à des contraintes nouvelles visant à rétablir la position physiologique de la jambe. + Entorse du ligament latéral interne Les atteintes des ligaments latéraux interne et externe du genou sont relativement fréquentes chez l'athlète. Ils répondent à des manœuvres en rotation interne ou externe et à des mouvements forcés en varus (LLE) ou valgus (LLI) de l'articulation. Le ligament le plus souvent lésé est le ligament interne (80% des cas). L'atteinte de ces deux ligaments peut être isolée dans le cadre des entorses bénignes du genou ou associée à des lésions plus complexes, méniscales ou ligamentaires. = Etiologie Beaucoup d'activités sportives sont concernées. Le mécanisme de valgus et/ou de rotation externe du pied se rencontre lors des chutes survenant pendant la course (football, hockey sur glace, patin à roulettes), de mauvaises réceptions après un saut (basket, volley-ball, handball), une action de jeu contrée (football, rugby), un mouvement en porte à faux (lutte, judo) et surtout lorsque le pied est bloqué (ski de piste et de fond). = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic est facilement évoqué devant une douleur isolée, siégeant à la fois au niveau de l'interligne articulaire interne, et des insertions fémorale et tibiale du LLI. Le patient peut se présenter avec un léger flexum antalgique de la jambe. A l'examen le genou est sec. La douleur est augmentée à la pression du doigt et lors des mouvements de rotation externe de la jambe. Il n'existe pas de mouvement de latéralité, mais la manœuvre en valgus réveille la douleur. Le diagnostic différentiel avec l'atteinte méniscale doit être évoqué systématiquement du fait de la très grande fréquence des lésions de désinsertion pouvant intéresser le ménisque interne. La gravité de cette lésion est appréciée par l'intensité de la douleur initiale, la notion de craquement et surtout l'évolution de la douleur sous traitement. . Examen radiographique La radiographie standard ne présente aucun intérêt dans cette pathologie. L'arthrographie, uniquement prescrite lorsque l'on suspecte une lésion méniscale permet de visualiser les désinsertions méniscales (insinuation de liquide de contraste entre le bord externe du ménisque et la capsule). = Traitement Dans un premier temps on instaurera une cryothérapie immédiate et une décharge du membre blessé (la contention est inutile). Si l'entorse est hyperalgique on réalisera d'une gouttière en résine cruro-pédieuse maintenant la jambe en extension. La kinésithérapie sera instaurée de façon précoce (physiothérapie, mobilisation douce, entretien musculaire). La remise en charge est réalisée de façon progressive avec réapprentissage de la marche (10 à 15 jours). La rééducation proprioceptive succède à la physiothérapie (10 séances). La reprise de l'activité sportive dépend de l'activité elle-même (rapide pour la natation, 3 à 4 semaines pour la course, 6 à 8 semaines pour le football, le rugby, le ski...). Le sportif réalisera avant chaque entraînement une contention de son ligament latéral interne avant chaque entraînement pendant une durée de deux à trois mois. En cas de désinsertion méniscale douloureuse après plusieurs semaines de traitement, le patient peut être proposé au chirurgien pour suture capsulaire. + Entorse du ligament latéral externe Le ligament latéral externe est touché de manière beaucoup plus exceptionnelle que le ligament latéral interne. = Etiologie La lésion du LLE répond à un traumatisme en varus et/ou rotation interne. Elle se rencontre essentiellement lors de la pratique du ski. = Diagnostic . Examen clinique Le patient consulte pour une douleur persistante (la douleur est rarement suffisante pour provoquer une consultation en urgence) du LLE, augmentée lors de la marche et de la flexion de la jambe en charge (accroupissement). A l'examen le genou est sec, sa température est normale, il n'existe pas de tuméfaction en regard du LLE. La pression du doigt retrouve une douleur exquise siégeant soit sur l'insertion péronière de façon isolée, soit sur le trajet du LLE. Compte tenu de la liberté du ménisque externe vis à vis de la capsule à ce niveau, le diagnostic différentiel avec une lésion méniscale est plus facile à éliminer. La douleur est augmentée lors de la rotation interne de la jambe et des manœuvres en varus forcé. Il n'existe pas de mouvement de latéralité. . Examen radiologique Il ne présente aucun intérêt en phase aiguë. Dans le cas des douleurs chroniques l'IRM permet d'établir un bilan lésionnel. = Traitement Le traitement associe une décharge du membre, une cryothérapie plurijournalière et la prescription d'AINS. La kinésithérapie anti-inflammatoire est débutée le plus précocement possible, la rééducation proprioceptive lors de l'abandon des cannes anglaises (10 à 15 jours). Contrairement aux atteintes du LLI, celles du LLE ne nécessitent que très exceptionnellement l'utilisation d'une résine. + Rupture méniscale La fracture méniscale est chez l'adulte une des lésions les plus fréquentes en traumatologie du sport. De façon inverse il s'agit chez l'enfant, avant l'adolescence, d'une pathologie assez rare. Ce phénomène est vraisemblablement en rapport avec la faiblesse relative des forces de compression qui s'exercent au niveau du genou lors du mécanisme de torsion (masse corporelle faible). Passée la puberté, la fréquence de ces traumatismes est identique à celle de l'adulte. = Etiologie Les sports responsables de cette pathologie sont le ski, le football, le handball, le rugby.... Le mécanisme lésionnel réalise une torsion du genou avec hyperpression interne ou externe (dans 80% des cas le ménisque interne). On retrouve les chutes en varus/flexion rotation interne ou externe, et les chutes en valgus/flexion rotation externe. Les chutes en varus sont responsables d'une hyperpression du compartiment interne, tandis que celles réalisées en valgus (plus rares) touchent le ménisque externe. Dans les deux cas, l'importance rotation du pied et le degré de flexion, feront porter les contraintes sur les cornes antérieures ou postérieures = Diagnostic . Examen clinique Deux cas peuvent se présenter: . La douleur a été modérée lors de l'entorse, l'activité sportive interrompue quelques jours a été reprise sans traitement. Dans ce cas le sportif consulte quelques semaines ou mois après le traumatisme, pour des blocages en flexion de la jambe, des douleurs sporadiques du genou, ou un épanchement intra-articulaire. . L'impotence est immédiate et le sujet consulte aux urgences. La suspicion de rupture méniscale n'étant jamais une urgence chirurgicale, il ne sera jamais pratiqué "à chaud" de ménisectomie par arthrotomie ou arthroscopie. Le sujet sera glacé, immobilisé et examiné à distance du traumatisme. Cet examen, mené dans de bonnes conditions cliniques permettra de suspecter la lésion méniscale et la localisation de cette lésion (bord, corne antérieure ou postérieure). A l'inspection il est exceptionnel de constater une tuméfaction en regard de l'interligne, signe de luxation d'un ménisque ou d'un fragment méniscal. A la palpation le genou peut être froid et sec ou présenter des signes inflammatoires (ces derniers sont généralement latéralisés). L'examen clinique sera réalisée, le sujet étant debout puis allongé. . Debout: Le sujet est examiné de profil, jambes tendues. La présence d'un léger recurvatum du genou évoque une lésion d'une corne antérieure. Il est ensuite demandé au sujet de s'accroupir. En cas de lésion d'une corne postérieure, la flexion de la jambe sur la cuisse de ce côté est incomplète et réveille une douleur poplitée. . En décubitus: - Dans un premier temps, l'examinateur palpe d'avant en arrière l'interligne douloureux (les deux si le patient consulte pour un blocage sans signe douloureux) à la recherche d'un point exquis (cri du ménisque, mouvement de retrait en flexion de la jambe). Cette examen, guidé par le patient permet d'éliminer les phénomènes douloureux sus ou sous-jacents sans rapport avec une lésion méniscale. - Dans un deuxième temps, on recherche des limitations douloureuses à la flexion/extension, des craquements (que l'on localisera au mieux), d'éventuels blocages de la flexion. On pourra également réaliser l'un des multiples tests méniscaux, signes de la grande facilité avec laquelle la lésion peut être dépistée et localisée. Les Grinding test*, Cabot**, Mac Murray*** Steinman****, et Judet-Genety***** décrits ci-dessous, en sachant qu'il est le plus souvent inutile de réaliser la totalité de ces examens pour poser le diagnostic. * Grinding test: le patient étant en procubitus, la jambe fléchie à 90°, l'examinateur réalise des mouvements de torsion interne et externe à la recherche d'une douleur de l'interligne. Les lésions du ménisques internes provoquent l'apparition d'une douleur lors de la rotation externe, et inversement. ** Cabot: Le patient est allongé sur le dos, les cuisses légèrement écartées. L'examinateur pose la cheville du membre à examiner sur le genou opposé du patient et réalise des mouvements de torsion externe et interne de la cheville tout en étendant progressivement la jambe. Cette manœuvre explore le ménisque externe. *** Mac Murray: le patient est placé en décubitus dorsal sur la table d'examen, la cuisse fléchie, le genou à 90° de flexion. L'examinateur réalise dans un même temps une rotation externe ou interne, un mouvement de varus ou de valgus, et une extension de la jambe. Ce test explore le ménisque interne si la rotation est effectuée en rotation externe et varus, le ménisque externe lors de la rotation interne réalisée en valgus. Steinman****: Le patient est assis sur la table d'examen, une jambe pendante, le genou placé à 90° de flexion. L'examinateur réalise alors des mouvements de rotation interne ou externe tout en étendant progressivement la jambe. La rotation interne explore le ménisque externe et vis versa. Judet-Genety*****: Ce test met en évidence les flexum de quelques degrés, parfois difficilement observables debout. le patient est allongé sur le ventre, les genoux reposant sur la table, les jambes dans le vide. La pression du doigts sur le talon légèrement surélevé par rapport au talon opposé rencontre une résistance élastique irréductible. La très grande similitude de ces tests évoque plus volontiers le souci des différents auteurs de donner leur nom à un test que la recherche d'une plus grande sensibilité. Un seul de ces tests, au choix de l'examinateur est suffisant. Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec une lésion isolée des ligaments latéraux interne ou externe. Des ménisques "anormaux" en languette ou dysplasiques sont susceptibles de donner des signes identiques à ceux de la rupture en présence d'un traumatisme même minime. . Examen radiographique Les clichés standards à la recherche d'une éventuelle lésion osseuse ne présentent aucun intérêt si l'examen clinique est réalisé de façon satisfaisante. Si une arthrographie est demandée l'examinateur indiquera avec précision au radiologue la localisation anatomique de la lésion recherchée. La seule mention "ménisque interne" est notoirement insuffisante. . Indication L'arthrographie avec produit de contraste (plutôt que gazeuse) reste le meilleur examen pour explorer les ménisques. Chez l'enfant on pourra éventuellement proposer une IRM qui visualisera la lésion sans traumatiser le genou, mais la définition de cette dernière est nettement moins performante. On réservera la prescription de cet examen à l’exploration des entorses graves, associant des lésions ligamentaires et méniscales. L'arthrographie ne constitue en aucun cas un examen de dépistage. . Résultats Le ménisque normal apparaît comme un triangle régulier, fixé à la paroi pour le ménisque interne, libre, en partie, pour le ménisque externe. Les différentes incidences radiographiques permettent de visualiser la totalité des ménisques, des cornes antérieures aux cornes postérieures. Cet examen permet de localiser la région lésée (cornes ou corps), de définir son type (fente horizontale, verticale, oblique, subluxation, aspect comminutif...), les lésions associées (désinsertion, kyste), et les éventuelles anomalies congénitales (ménisque discoïde, court, effilé...). = Traitement L'attitude thérapeutique ne dépend que de l'évolution des signes cliniques. Après le premier examen mettant en évidence une éventuelle lésion méniscale, le patient est placé en décharge et sous AINS, tandis qu'une kinésithérapie immédiate est entreprise. Lors de l'examen pratiqué à la fin des soins plusieurs cas peuvent se présenter: . Le genou est sec et asymptomatique. Dans ce cas le retour à l'activité sportive se fera progressivement en même temps que la rééducation proprioceptive. L'arthrographie ne se justifie pas. Si jamais elle a été réalisée et a montré une lésion méniscale celle-ci sera "oubliée". Ce dernier cas représente plus de 15% des patients asymptomatiques . Dans le cas où des blocages à répétition surviennent ou qu'un épanchement s'installe, le ménisque sera opéré par arthroscopie si la localisation fracturaire le permet (c'est maintenant la très grande majorité des cas), ou par arthrotomie dans le cas contraire. Quel que soit le type d'intervention, la résection sera réalisée a minima. L'ablation totale du ménisque est maintenant réservée aux destructions comminutives, massives ou survenant sur un ménisque déjà opéré. Lors de l'arthroscopie l'examinateur contrôlera le pivot central et la régularité des cartilages condyliens et rotuliens. Dans les deux cas une rééducation sera proposée avant l'intervention pour éviter l'enraidissement du genou, et après cette dernière pour remuscler le quadriceps, et développer la proprioception. 3.3.5 INSTABILITE DU GENOU L'instabilité du genou est une sensation qui répond à plusieurs types de phénomènes: - Une perception anormale de la dynamique de l'articulation (cicatrice, douleur méniscale, capsule sensible...). - Une laxité ligamentaire et capsulaire sans atteinte des structures assurant la stabilité de l'articulation. - Une atteinte du système tendino-ligamentaire ou méniscal. Cette sensation d'instabilité peut être localisée au niveau de l'articulation fémoro-tibiale ou péronéotibiale. + Instabilité de l'articulation fémoro-tibiale L'instabilité du genou peut être fonctionnelle du fait d'un trouble psychomoteur secondaire à une entorse de la cheville, de mauvais appuis plantaires ou une entorse bénigne négligée, ou réelle en relation avec une atteinte méniscale ligamentaire ou osseuse. + Instabilité fonctionnelle de l’articulation fémoro-tibiale = Etiologie C'est le cas de l'instabilité du jeune sportif non pubère sans aucun antécédent traumatique. Il s'agit dans la plupart des cas d'une jeune fille longiligne et très laxe. = Diagnostic - Examen clinique L'instabilité se manifeste par des sensations de dérobement du genou lors de la réception des sauts. Cette sensation désagréable peut être responsable de chutes généralement bénignes, voire de blocages passagers du genou. A l'examen le genou est sec, les muscles de la cuisse et de la jambe peu développés et longilignes. Il existe une laxité antérieure bilatérale objectivée par la recherche d'un tiroir antérieur. Il n'existe jamais de tiroir postérieur, des mouvements de latéralité sont fréquemment observés. - Examen radiologique La radiographie, le scanner et l'IRM sont toujours strictement normaux. En pratique seul un examen tomodensitométrique présente un réel intérêt pour apprécier les différents angles de la rotule de la trochlée et de la TTA. = Traitement Il s'agit plus d'une attitude à adopter pour répondre à la préoccupation de la sportive que d'un véritable traitement. - Contrôler les appuis plantaires et éventuellement proposer une semelle correctrice. - Pratiquer vingt à trente séances de rééducation proprioceptive. - Pendant cette rééducation et pour continuer la pratique sportive, conseiller l'achat d'une genouillère semi-élastique. Celle-ci sera abandonnée à la fin de la rééducation. + Instabilité vraie de l’articulation fémoro-tibiale = Etiologie L'instabilité post-traumatique de l'enfant, ou plus souvent de l'adolescent, répond à une atteinte traumatique ancienne, passée inaperçue (lésion ligamentaire ou méniscale). Elle peut se rencontrer dans toutes les activités sportives. = Diagnostic - Examen clinique Contrairement à ce qui peut être observé dans l'instabilité fonctionnelle, il existe dans ce cas une liberté articulaire anormale (mouvement de latéralité, de tiroir antérieur ou postérieur, de ressaut en rotation de la jambe...), toujours plus important du côté touché que du côté opposé. - Examen radiologique L'intérêt de la radiographie dans cette instabilité consiste à réaliser des clichés dynamiques de l'articulation du genou. Les mesures effectuées (angles ou distances) étant toujours comparées au côté opposé. En cas d'instabilité d'origine méniscale une arthrographie peut être demandée. = Traitement Cette instabilité sera traitée différemment suivant qu'il existe une rupture ligamentaire, une atteinte méniscale ou une simple hyper-laxité. - Pour la simple laxité, l'attitude thérapeutique sera identique à celle prônée pour l'instabilité non traumatique. Il est rarement nécessaire dans ce cas de prévoir une intervention chirurgicale. - Dans le cas des instabilités par lésion anatomique, seule l'intervention chirurgicale peut apporter une solution au problème. Ces différentes interventions sont exposées aux paragraphes correspondant aux lésions initiales. + Hypermobilité de l'articulation péronéo-tibiale supérieure Ce syndrome se rencontre plus fréquemment chez la jeune fille longiligne, adolescente ou préadolescente, à la fin de la poussée de croissance. = Etiologie Il n'existe pas d'étiologie à proprement parler, mais des situations sportives susceptibles de favoriser l'apparition des signes cliniques. La course en salle ou en extérieur, du fait de l'importance des appuis au sol, stimulent de façon itérative cette articulation. = Diagnostic . Examen clinique La jeune sportive consulte pour une douleur du compartiment externe apparaissant lors de certains mouvements propres à son activité. Un ressaut, avec ou sans claquement, est parfois décrit. L'examen clinique consiste dans un premier temps à rechercher le ressaut (flexion en charge, pieds en rotation interne), l'examinateur plaçant sa main en regard de l'articulation, et dans un deuxième temps à évaluer la laxité péronéo-tibiale supérieure. Pour réaliser cette recherche le patient est allongé en décubitus, jambes demi fléchies. L'examinateur saisit entre le pouce et l'index la tête du péroné et mobilise cet os d'avant en arrière, puis de dehors en dedans. Le diagnostic différentiel entre hyperlaxité et laxité vraie (suite à une entorse) repose sur l'examen de l'articulation controlatéral. . Examen radiographique C'est le seul à pouvoir chiffrer l'importance de l'hyperlaxité. Il est réalisé de profil, genoux en extension, pieds en position neutre ou en hyperextension dorsale. Cet examen est toujours pratiqué de manière comparative. L'examen TDM est de peu d'intérêt. = Traitement Il comprend deux parties: . Un traitement anti-inflammatoire et antalgique local (physiothérapie). . La pose d'un strapping destiné à stabiliser l'articulation. Cette contention doit être soigneusement montrée à la sportive qui la réalisera avant chaque entraînement. Elle consiste en l'application circulaire d'une bande élastique collante "cassée" (étirée pour limiter son élasticité) de trois centimètres, dont le point central sera appliqué sur la tête du péroné. La bande appliquée avec force sur cet os, sera collée en extension maximale sur environ quatre centimètres de chaque côté de la tête péronière, puis appliquée sans extension sur la face interne de la jambe. Cette technique permet, tout en assurant une contention très forte de la tête, d'éviter les risques de compression veineuse, artérielle ou neurologique en rapport avec un bandage circulaire de la jambe. L'hyperlaxité ne nécessite jamais d'intervention chirurgicale ou d'infiltration. 3. 3 . 6 TENDINITES Cinq types de tendinites peuvent se rencontrer autour de l'articulation du genou, celles de la patte d'oie, du biceps, de la bandelette ilio-tibiale, de la rotule et du poplité (la tendinite quadricipitale est traitée dans le paragraphe consacré à la cuisse). + Tendinite rotulienne La tendinite rotulienne est relativement fréquente dans le monde sportif. Elle ne touche pratiquement exclusivement que des sportifs adultes. Son diagnostic est facile mais son traitement décevant. = Etiologie Les activités sportives à l'origine de la tendinite rotulienne sont très nombreuses. Le mécanisme microtraumatique diffère cependant sensiblement en fonction de l'activité. . Extensions brutales et répétées (karaté, football, sauts...). . Ecrasement sur un plan dur (canoë, judo... ou pose d'un carrelage pendant le week-end). . Extensions répétées en force (haltérophilie, musculation...). . Travail de flexion/extension réalisé avec un matériel inadapté ou mal réglé (aviron, cyclisme...). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur siégeant au niveau d'un tendon rotulien (en cas de problème mécanique les deux tendons peuvent être touchés), particulièrement sensible à la descente des escaliers et lors des décélérations. La palpation permet de localiser précisément le point douloureux (pointe de la rotule, corps du tendon, tubérosité tibiale antérieure). Dans 80 à 90 % des cas l'atteinte se situe au niveau de la pointe de la rotule. La flexion en charge est douloureuse de même que les impulsions ou réceptions de sauts. Une palpation fine permet parfois de localiser des nodules fibreux et des crépitants. Le genou est sec et la région tendineuse rarement œdèmatiée. . Examen radiologique Les examens radiographiques comprendront des clichés de face et de profil du genou et un scanner de la rotule destiné à dépister une éventuelle subluxation rotulienne. L'échographie comparative aura pour but de mesurer l'épaisseur du tendon et de rechercher d'éventuels nodules fibreux. L'IRM ne présente dans cette pathologie aucun intérêt. = Traitement La tendinite, et surtout la tendinose rotulienne, répondent avec beaucoup de difficulté au traitement. . Le traitement de la tendinite vue précocement comprendra deux phases: - Une phase anti-inflammatoire (AINS, ionisation de produits anti-inflammatoires, cryothérapie). - Une phase de rééducation et d'éradication de l'origine de la lésion. La durée du traitement est d'environ deux à trois semaines, et le sportif peut espérer reprendre son activité après un mois de repos. . Le traitement de la tendinose est beaucoup plus long et délicat, il comprend: - La réalisation de MTP (il est conseiller au kinésithérapeute d'utiliser pour ces massages un "manche à balai" afin d'écraser fortement le tendon sur le plan dur sous-jacent). - La pratique d’ultrasons, destinés à "défibroser" le tendon. - La mise en route d'étirements du plan musculaire antérieur (talon/fesse). En cas d'échec le sportif sera confié au chirurgien pour peignage du tendon. Malheureusement cette technique très efficace au niveau du tendon d'Achille, s'avère moins performante au niveau du tendon d'Achille (50 à 60% de bons résultats). + Tendinite de la patte d'oie = Etiologie Les muscles de la patte d'oie sont particulièrement stimulés lors des mouvements de dribble et de frappe interne de la balle au football. La répétition abusive de ces mouvements (entraînements, stage) est responsable de l'apparition d'une tendinite d'insertion. Cette pathologie, rare chez le jeune footballeur (poussins, benjamins) est plus fréquente chez les enfants plus âgés (minimes et surtout les cadets) et naturellement chez l'adulte. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur située dans la région interne de la tubérosité tibiale antérieure. Cette douleur, de type inflammatoire se calme après quelques minutes d'échauffement pour réapparaître "à froid". A l'examen la douleur est augmentée à la pression du doigt et lors de la rotation interne contrariée de la jambe. . Examen radiologique Le seul examen radiographique susceptible d'être demandé est un scanner du tibia destiné à vérifier la normalité de sa rotation externe. La scintigraphie montre un point d'hyperfixation isotopique en regard de la patte d'oie. Sa localisation interne, à la périphérie de l'os, le différencie des images observées lors d'une fracture de fatigue. = Traitement Il s'agit d'un traitement anti-inflammatoire classique: cryothérapie, kinésithérapie antiinflammatoire et AINS.. La course sur terrain souple et dans l'axe est autorisée. Les appuis plantaires et l'usure des chaussures seront systématiquement contrôlés, il n'est pas rare de mettre en évidence à cette occasion un pied plat ou un talus valgus. + Syndrome de la bandelette ilio-tibiale La bandelette ilio-tibiale est formée par l'extrémité du tendon du Tenseur du fascia lata sur le tubercule de Gerdy, à quelques centimètres au-dessus du condyle fémoral externe. = Etiologie Sa pathologie est secondaire à un mécanisme irritatif provoqué par son glissement postérieur lors du mouvement de flexion du genou. Il s'agit d'une atteinte microtraumatique engendrée par les mouvements répétés de flexion extension de la jambe (course). = Diagnostic . Examen clinique L'adolescent plus souvent que l'enfant consulte pour une douleur externe du genou majorée par la course et notamment la course en descente. L'examen clinique est pauvre. Si un genu varum est assez fréquemment rencontré et considéré comme un élément à risque, le genou est sec, les manœuvres méniscales indolores, il n'y a pas d’œdème, la pression du tubercule de Gerdy réveille la douleur, la flexion extension en appui monopodal peut être douloureuse. . Examen radiologique Le seul examen susceptible d'être pratiqué est une mesure par tomodensitométrie de la valeur de la rotation tibiale. = Traitement Bien que l'infiltration locale soit souvent efficace, on s'abstiendra de réaliser ce geste du fait des risques majeurs de complications. . Si la lésion est aiguë: - Cryothérapie - Ultra sons - Eventuellement mésothérapie. . Si la lésion est chronique: - Massage transverse profond. La reprise de l'activité sportive sera réalisée progressivement à l'arrêt de la douleur et surtout après étude du matériel et de la dynamique de course. Des semelles amortissantes seront systématiquement proposées. + Tendinite du biceps fémoral = Etiologie Cette tendinite est fréquemment en rapport avec un trouble des appuis plantaires ou de la dynamique du genou. Elle est favorisée par les pieds plats, le genu varum et la rétraction des muscles ischio-jambiers. Les sports les plus souvent concernés sont la marche de fond et les courses (fond, haies, cross...), mais aussi le cyclisme (pédale automatique mal réglée) et l'aviron. = Diagnostic . Examen clinique Le patient consulte pour une douleur se situant à la face externe et en dessous du genou. Cette douleur peut être bilatérale ou unilatérale. La palpation retrouve très facilement le point douloureux exquis au niveau de l'insertion du biceps sur le péroné. La douleur est augmentée lors de la flexion et de la rotation interne contrariée de la jambe. L'examen clinique comprend systématiquement une étude de la statique des membres inférieurs (genou et cheville), des appuis plantaires et apprécie la mobilité de l'articulation péronéo-tibiale supérieur (une trop grande mobilité de cette articulation ou une luxation ancienne) sont des origines habituelles de cette tendinite. L'existence d'une tendinite unilatérale doit faire envisager une inégalité des membres inférieurs ou la pratique d'une activité asymétrique (course sur piste, sur le même côté d'une chaussée..). . Examen radiologique Il cherchera à évaluer une éventuelle luxation (voir luxation péronéo-tibiale supérieure), l'importance du genu varum et la hauteur comparative des deux membres inférieurs. = Traitement Le traitement comprend deux parties: . L'éradication du phénomène causal (semelles, talonnette, technique...). Dans certain cas le seul fait d'entraîner le sportif à main droite sur la piste peut être suffisant pour freiner l'évolution de la lésion. . Le traitement proprement dit (AINS, ultra sons, ionisations, MTP...) en fonction du caractère aigu ou chronique de la lésion. + Tendinite du poplité Le poplité est le seul muscle postérieur mono-articulaire du genou. Son atteinte microtraumatique concerne son insertion fémorale (compartiment externe). = Etiologie Cette tendinite se manifeste essentiellement chez l'adulte pratiquant des activités de course. Elle répond à des appuis plantaires de mauvaise qualité ou à un défaut de la dynamique de la course. Toutes les séquences dynamiques à l'origine de mouvements répétés en valgus/rotation externe sont susceptibles d'induire cette tendinite (course en terrain accidenté, aviron, musculation...). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur postéro-externe profonde, située au dessus de l'interligne, se manifestant lors du début de l'activité et diminuant "à chaud". L'examen, gêné par l'insertion du jumeau externe et la bandelette ilio-tibiale, permet cependant d'éliminer très facilement une atteinte méniscale postérieure (absence d'entorse à l'interrogatoire, pas de douleur en flexion en charge, point douloureux exquis au-dessus de l'interligne). La douleur est augmentée lors des mouvements de rotation externe contrariés ou de rotation interne actifs. Le test le plus simple consiste à demander au patient de se placer debout, le genou fléchi à environ 50° et en rotation externe, tandis que l'examinateur provoque une valgisation du genou. La résistance du patient en rotation interne imprime sur le tendon une tension douloureuse. . Examen radiologique Le seul examen susceptible d'être proposé est le scanner du genou et du tibia, destiné à mesurer la rotation tibiale. = Traitement Il comprend deux parties: . La suppression de la cause (semelles orthopédiques, rééducation proprioceptive, modification d'une séquence gestuelle...). . La thérapie anti-inflammatoire générale (AINS) et locale (ultrasons). + Kyste poplité Le kyste poplité correspond à une zone de déhiscence postérieure de la capsule articulaire du genou. Il peut être idiopathique ou secondaire à la répétition d'exercices réalisés en flexion forcée. = Etiologie Exceptionnel chez le jeune enfant, le kyste poplité est plus fréquent chez l'adolescent ou l'adulte pratiquant des exercices en force sur les membres inférieurs (force athlétique, haltérophilie, lancers lourds, mêlée au rugby...) ou la course (athlétisme). = Diagnostic . Examen clinique Il peut se dévoiler de façon insidieuse par une gêne douloureuse du creux poplité, irritative, calmée par le repos ou de façon aiguë à la suite de la réception d'un saut. L'observation des creux poplités, la patient étant en procubitus, montre une voussure du creux poplité suspecté par rapport au côté opposé, rénitente et sensible à la pression. La flexion en charge du membre, le doigt de l'examinateur placé en regard du creux poplité, peut mettre en évidence le gonflement de la tuméfaction kystique ainsi qu'une douleur aiguë. . Examen radiologique L’échographie de la région peut montrer une zone hypoéchogène poplitée correspondant à un épanchement séreux. Mais le plus souvent l'épanchement est trop faible pour être visualisé par cette technique. Le meilleur examen est l'arthrographie du genou. Avec cette technique le kyste, ses ramifications et ses communications avec les diverses bourses séreuses est parfaitement visualisé. En cas de rupture traumatique le produit de contraste s'échappe en nappe de la capsule. Bien que l'IRM permette de visualiser la capsule il est rarement nécessaire de prescrire cet examen encore onéreux pour diagnostiquer la présence d'un kyste isolé. = Traitement En présence d'un kyste isolé non rompu et faiblement douloureux le traitement consistera en une mise au repos du sportif, à l'administration per os d'AINS, à l'application d'une cryothérapie locale et à la pratique d'ultrasons. En cas de rupture l'intervention chirurgicale sera nécessaire pour réséquer le kyste et refermer la capsule. + Plicae synovialis Il s'agit d'un repli de la synoviale siégeant dans la région médiane sous rotulienne. = Etiologie Cette pathologie rencontrée chez l'adolescent est exceptionnelle chez l'enfant. L'irritation de ce repli, spontanément indolore, peut avoir pour origine une hyperactivité physique (stage sportif) ou une entorse du genou non traitée. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur du genou, accompagnée dans la moitié des cas par une hydarthrose. L'interrogatoire retrouve fréquemment un traumatisme du bord interne de la rotule dans les mois précédents l'apparition de la symptomatologie. L'examen clinique met en évidence un syndrome rotulien ou une impression de blocage (flexion limitée par la douleur). Si la lésion est ancienne le quadriceps peut être amyotrophié par rapport au côté opposé. Le diagnostic différentiel peut se poser avec une atteinte méniscale antérieure ou une lésion du LCAE. Il peut être confirmé par l'IRM du genou qui montrera clairement en coupes sagittales la plicae. . Examen radiographique La plicae synovialis peut être mise en évidence par l'arthrographie du genou, l'arthroscanner ou l'IRM. L'arthroscanner est certainement l'examen qui donne la meilleure définition de cette pathologie. = Traitement Le traitement est chirurgical par résection du repli et égalisation de la zone cartilagineuse en regard (chondrite érosive fréquente), en arthroscopie. L'activité sportive peut être reprise en moyenne un mois après l'intervention. Les séquelles douloureuses sont exceptionnelles. + Maladie de Hoffa La maladie de Hoffa correspond au développement hypertrophique du corps adipeux situé entre la pointe de la rotule et la tubérosité tibiale antérieure. = Etiologie Les causes de cette hypertrophie sont difficiles à cerner (macro ou microtraumatique, hormonale ou non). Les femmes, notamment celles utilisant des contraceptifs oraux semblent plus souvent atteintes. = Diagnostic . Examen clinique La patiente consulte pour une douleur antérieure du genou, souvent assez mal localisée. Cette douleur d'intensité très variable est augmentée lors de l’accroupissement, de la descente des escaliers et de la pression du doigt sur le tendon rotulien. l'hyperextension du genou, en charge ou en décubitus est douloureuse. Le diagnostic différentiel se pose avec la tendinite rotulienne ou une forme frustre de syndrome fémoro-patellaire quand aucun traumatisme important n'est retrouvé à l'interrogatoire, une atteinte de l'une ou l'autre corne méniscale antérieure en cas de traumatisme. A la palpation le genou est sec et de température normal. . Examen radiologique Les clichés standards du genou sont normaux. Le diagnostic radiologique est posé par l'IRM qui montre sur les coupes sagittales l'hypertrophie du corps adipeux de Hoffa. = Traitement Le traitement médical (repos, AINS, kinésithérapie) est souvent décevant. Le traitement chirurgical consiste en une ablation pratiquement totale du corps adipeux. La reprise de l'activité sportive est fonction de la disparition des signes cliniques et du type d'activité pratiqué. Elle se situe entre 21 et 45 jours. 3. 3. 7 OSTEOCHONDROSES ET APOPHYSITES + Maladie de Koenig La maladie de Koenig est une ostéochondrose de croissance à foyers multiples siégeant au niveau des condyles fémoraux. = Etiologie Ces lésions s'observent à la suite d'une répétition d'agressions microtraumatiques pendant une phase de croissance rapide et ce d'autant plus que la pratique du sport est précoce et intensive. Les activités les plus fréquemment en cause sont le football, la gymnastique, le tennis, le basket, le handball, le judo et le rugby. = Diagnostic . Examen clinique Il s'agit le plus souvent d'un enfant de 7 à 12 ans, de sexe masculin qui consulte pour des douleurs d'un ou des genoux, de type mécanique (douleur pendant l'effort) se prolongeant par une gêne subaiguë dans la journée et notamment le soir de l'activité sportive (susceptibles de retarder le sommeil de l'enfant). Plus rarement, il peut s'agir d'une boiterie voire d'un appui impossible après l'effort ou en fin de journée, d'un épanchement ou d'un flexum. La flexion du genou provoque une douleur externe ou interne suivant le condyle atteint, mais toujours ressentie par l'enfant "dans le genou". Le signe de l'extension douloureuse avec contre-appui semble pathognomonique de cette affection. Il se recherche sur le sujet en décubitus dorsal, le genou et la hanche initialement à 90° de flexion, en exerçant un contre-appui avec la main placée sous la plante du pied, pendant le mouvement d'extension. . Examen radiologique Le bilan radiologique comprend des clichés comparatifs de face, de profil mais surtout un défilé intercondylien. Trois types d'images sont classiquement décrits, les protubérances réalisant l'aspect "hérissé" des condyles, les lacunes siégeant à la face inférieure et postérieure des condyles, les noyaux accessoires d'ossification siégeant dans les lacunes et se soudant ultérieurement à l'épiphyse. On distingue: - Le type 1: lacune de petite taille, simple ou multiple correspondant à un stade précoce de l'évolution, simple variante de l'ossification si elle est observée dans un contexte non douloureux. - Le type 2: lacune de plus grande taille, soit régulière soit cernée par un liseré de condensation. - Le type 3: lacune de même nature que le type 2, mais partiellement comblée par un noyau osseux congruent ou non. Les lésions peuvent être unilatérales ou bilatérales et porter sur un voire sur les quatre condyles; il n'existe pas de concordance radio-clinique pour cette lésion qui peut même être découverte lors d'un examen radiographique du genou pratiqué pour une autre indication. L'évolution radiologique est d'autant plus courte que le diagnostic est plus précoce et le traitement appliqué plus rapide. La pratique d'une IRM permet de suivre avec une précision très grande l'évolution de cette lésion chondrale. . Diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel se pose avec: - Les variantes physiologiques de l'ossification épiphysaire qui restent naturellement purement asymptomatiques. - L'ostéochondrite disséquante qui se différencie de l'ostéochondrose par des critères cliniques, symptôme clinique de corps étrangers intra-articulaires, radiologiques: atteinte exclusive des surfaces portantes, multiplicité des foyers, surface condylienne normale au début des douleurs et évolutives: au début surface cartilagineuse normale, puis séquestre en place ou en voie de migration enfin lacune déshabitée après migration, il s'agit d'un processus destructif qui s'oppose à celui constructif de l'ostéochondrose. - L'arthrite du genou qui est dominée par un syndrome inflammatoire explosif. - L'ostéochondrite de la rotule dont le diagnostic sera radiologique (cliché de profil, IRM voire arthroscanner). - Une lésion méniscale, notamment dans les cas de fissuration d'un ménisque discoïde. = Traitement Le traitement repose dans tous les cas sur la mise en décharge du membre. Celle-ci pourra, suivant le stade évolutif et l'importance des manifestations cliniques prendre trois aspects: . Dans les cas les plus bénins, un simple aménagement de l'activité consistant à éviter les réceptions, la mise en charge prolongée (station debout) ou les microtraumatismes (course) permettra une résolution des phénomènes douloureux. . Quand l'impotence fonctionnelle est plus importante et/ou que les signes radiologiques sont du type 2 ou 3, une décharge totale avec cannes anglaises peut être conseillée les 15 premiers jours du traitement. dans le cas des lésions bilatérales, on conseillera au sujet d'une part de limiter la station debout, d'autre part de se munir de semelles type Sorbotane ou Podiane. . Si les douleurs persistent malgré ces quelques précautions élémentaires, un plâtre cruro-pédieux bivalve peut être conseillé durant la journée pour une période de 6 à 8 semaines. un entretien musculo-articulaire pourra être proposé en kinésithérapie de façon à limiter l'amyotrophie et l'enraidissement. La position d'immobilisation (extension ou flexion) est fonction du lieu de lésion sur la courbure du condyle, objectivée par le test du contre-appui. Devant des images asymptomatiques, l'abstention thérapeutique est la règle moyennant une surveillance radio-clinique régulière sans modifier les activités sportives. + Maladie de Kohler = Etiologie Décrite par Kohler en 1908, l'ostéochondrose de la base de la rotule s'observe principalement chez les garçons entre 5 et 7 ans (mini-hand) sans que ce dernier présente une responsabilité dans son apparition. = Diagnostic . Examen clinique Le jeune sportif décrit des douleurs à la montée et surtout à la descente des escaliers ou lors de l'accroupissement. Une boiterie peut accompagner les crises douloureuses. L'examen retrouve souvent une discrète hydarthrose et un point douloureux électif à la pression de la base de la rotule. Il n'y a pas de limitation articulaire mais une douleur vive à l'extension contrariée de la jambe. . Examen radiographique La radiographie confirme le diagnostic et montre des modifications de la structure du noyau de la rotule qui est plus petit, morcelé, aux contours irréguliers, bien que cet aspect ait été considéré comme une variante de l'ossification normale. = Traitement L'évolution est favorable dans tous les cas, avec la mise au repos pendant quelques semaines. Un repos relatif doit être prescrit avec pour principal souci de limiter la flexion extension du genou (sauts, réceptions, sprint, shoot...). La durée d'interruption de la pratique sportive est en général plus faible que lors de la maladie d'Osgood. Ce phénomène est en rapport avec le mécanisme d'ossification de la rotule. En effet bien que totalement achevé à l'âge de 18 ans, il est habituel de constater sur les radiographies de profil que l'ossification de la rotule suivant l'axe sagittal est plus précoce que celle de la tubérosité tibiale antérieure. Au traitement symptomatique (cryothérapie) et biomécanique (aménagement de l'activité) il sera parfois nécessaire d'associer une contention souple visant à abaisser la rotule (voir contention de la rotule). Ce type de protection du système extenseur pourra être maintenu plusieurs mois lors de la pratique sportive afin de limiter les risques de récidive. La contention posée juste avant l'entraînement sera déposée à l'arrêt de l'activité. + Maladie de Sinding-Larsen Il s'agit d'une ostéochondrose atteignant la pointe de la rotule (noyau apical accessoire). = Etiologie Cette pathologie s'observe essentiellement chez l'adolescent de 10 à 14 ans avec une nette prédominance masculine. = Diagnostic Elle se manifeste par des douleurs mécaniques dans la région rotulienne, aggravées lors de la montée et descente des escaliers ou en position à genoux. . Examen clinique L'examen retrouve une tuméfaction du pôle inférieur de la rotule. La douleur peut être provoquée par la pression digitale sous la pointe de la rotule, lors de la flexion forcée et de l'extension contrariée de la jambe. Il n'existe pas d'hémarthrose ni de choc rotulien. . Examen radiographique La radiographie ou la xérographie comparative des genoux de profil (l'atteinte bilatérale est possible mais rare) viendra confirmer l'impression clinique. Néanmoins l'interprétation radiologique peut être difficile du fait des grandes variétés d'aspect de la rotule. Plusieurs images peuvent être visualisées: - Un aspect d'apophyse taillée aux dépens de la face postérieure à structure osseuse lâche. - Un aspect pommelé, crénelé avec une trabéculation et des contours irréguliers. - Une image de géode au niveau de la pointe. - Une fragmentation ou des calcifications du pôle inférieur. Tous ces remaniements aboutissent dans la majorité des cas après traitement, à la réparation complète des lésions sans modification morphologique profonde. L'étude radiographique sera complétée par la recherche une maladie d'Osgood-Schlatter qui lui est associée dans 30 à 40% des cas. Le diagnostic différentiel peut se poser avec les fractures de la rotule (notion de traumatisme), les tendinites d'insertion haute du tendon rotulien, la patella bi ou poly-partita, la subluxation congénitale, la maladie du carreleur (position à genoux maintenue des judokas, lutteurs...) et la maladie de Kohler. = Traitement . Aménagement de l'activité sportive en limitant les mécanismes de flexion extension du genou (sauts, réceptions, sprints, tirs). . Application de glace (10 minutes 2 fois par jour) jusqu'à disparition des douleurs. . Deux types de contention peuvent être utilisés: - Le système des frondes qui, partant des faces latérales de la jambe, prennent appui sur le sommet de la rotule. - La contention haute, faite d'une lame élastique collante, ayant pour origine le tiers inférieur de la cuisse, descendant jusqu'au sommet de la rotule où elle est divisée en deux lambeaux qui enveloppent les faces latérales et croisent sur la TTA. Ces contentions seront posées lors de la pratique sportive pendant plusieurs mois afin de limiter les risques de récidive. + Maladie d'Osgood-Schlatter L'apophysite de la tubérosité tibiale antérieure (TTA), ou maladie d'Osgood-Schlatter, est la plus fréquente des apophysites observées chez l'enfant. La TTA, qui donne insertion au tendon rotulien, est constamment sollicitée lors de la mise en tension de l'appareil extenseur du genou par l'intermédiaire du tendon rotulien. L'ossification de la TTA est réalisée à partir du noyau supérieur provenant de l'épiphyse tibiale supérieure et du noyau accessoire ou inférieur. La fusion complète est réalisée vers 15 ans chez la fille et 17 ans chez le garçon. = Etiologie La maladie d'Osgood est liée à l'excès de sollicitations du quadriceps réalisées de façon chronique (entraînement spécifique, course sur terrains durs...) ou aiguë (shoot, impulsion, réception...). Elle intéresse le jeune sportif entre 10 et 15 ans chez le garçon et 8 à 14 ans chez la fille, avec une nette prédominance masculine. Les sports les plus souvent concernés sont le football, la gymnastique, l'athlétisme, le tennis, le basket et les sports nécessitant une station prolongée à genou (judo) par écrasements répétitifs des TTA. L'apparition de ce trouble est favorisé par la vitesse de croissance (phase prépubertaire), le surpoids (rugby). = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic clinique de cette maladie est évident. Le jeune sportif consulte pour une douleur du genou qui se révèle lors de l'examen être une douleur souvent aiguë d'une ou des deux TTA (30% des cas). Cette douleur est d'apparition progressive et d'intensité croissante, discontinue puis permanente, provoquée ou accentuée par l'activité physique notamment par les sprints et les détentes brusques, calmée par le repos. L'examen met en évidence une hypertrophie apophysaire qui sera appréciée de profil, le genou à demi-fléchi. La palpation provoque une douleur exquise avec réaction de défense de l'enfant. Cette douleur peut être retrouvée par contraction isométrique du quadriceps. L'examen du genou est normal. . Examen radiographique La radiographie est pratiquée de profil, genoux en légère rotation interne, de façon comparative. Elle peut être complétée par une xérographie qui permettra une analyse plus fine du tendon rotulien. Plusieurs types de lésions peuvent être observées: - Un décollement de la TTA réalisant l'image en "trompe de tapir". - Une image d'encorbellement de l'apophyse dans la diaphyse. - Une fissuration verticale en sablier siégeant au niveau du noyau supérieur pouvant donner un aspect d'arrachement osseux. - Des calcifications intratendineuses. - Dans la phase cicatricielle une hypertrophie de la TTA. Ces images peuvent s'associer à un épaississement des parties molles en regard, à une densification et à une irrégularité du tendon rotulien ou à des troubles de l'ossification locale. = Traitement L'attitude à adopter concernant cette pathologie est fonction du sport pratiqué, mais dans tous les cas, elle tiendra compte de l'importance des lésions radiologiques, de l'âge de l'enfant, de son niveau de pratique et de la symptomatologie douloureuse. Dans un premier temps, en phase aiguë, on arrêtera toute activité physique, tandis que le patient pratiquera une cryothérapie plurijournalière jusqu'à disparition des douleurs (7 à 10 jours). Dans les cas hyperalgiques proches de l'arrachement tubérositaire une demi résine amovible la nuit, maintenant la jambe en extension, sera posée pour une durée de 15 à 30 jours. Si la douleur persiste au-delà de 15 jours on prescrira à l'enfant des ionisations antiinflammatoires (Percutalgine, Nifluril, Voltarène, Ketum...). A l'arrêt des douleurs, l'enfant reprend quelques activités physiques pour maintenir son potentiel musculaire et cardio-vasculaire: . Natation (brasse), cyclisme loisir, tennis de table. . Musculation (notamment des abdominaux) . Etirement des ischio-jambiers . Footing en terrain souple, à petite vitesse avec des semelles amortissantes. . Assouplissements Cette attitude nécessite une explication de la pathologie au sujet et à son entourage (famille, entraîneur). En général le jeune sportif acquiert très rapidement la connaissance de ses limites et peut ainsi rester asymptomatique malgré un entraînement physique. Le problème se pose par contre de façon plus aiguë chez les enfants en sport-étude (pôle espoir) pour lesquels il serait psychologiquement excessivement difficile d'interrompre la pratique sportive. Pour ces jeunes on diminuera momentanément la pratique des sauts et les accélérations rapides. Le jeune sportif subira un examen radiologique de contrôle tous les trois mois jusqu'à consolidation du cartilage. La reprise définitive sera réalisée en fonction des bilans cliniques et radiologiques. Le temps moyen d'interruption sportive est de trois mois à un an. Dans l'éventualité d'une mise au repos prolongée du système extenseur il est conseillé d'associer un travail statique de musculation du quadriceps. + Arrachement de la tubérosité tibiale antérieure (TTA) Cette pathologie peut être inaugurale ou compliquer l'évolution d'une maladie d'OsgoodSchlatter. = Etiologie Deux types de mécanismes peuvent être responsables de l'arrachement de la T.T.A.: . Le premier répond à une flexion forcée du genou, malgré une violente contraction du quadriceps (chute d'une certaine hauteur, non ou mal amortie...). . Le second succède à une extension violente du genou, limitée par un blocage du pied. Il s'agit le plus souvent d'un garçon entre 12 et 18 ans (deux à trois années plus tard que la maladie d'Osgood). = Diagnostic . Examen clinique Le jeune sportif ressent une violente douleur lors d'un effort maximal en extension. Celle-ci est située à la face antéro-supérieure du tibia, aggravée lors de toute tentative d'extension de la jambe, l'impotence fonctionnelle est majeure. L'examen retrouve une tuméfaction locale très importante associée à une ecchymose masquant les reliefs, la rotule paraît en position légèrement ascensionnée par rapport au côté opposé. La palpation met en évidence une douleur exquise sur la tuméfaction. . Examen radiologique La radiographie, pratiquée de face et de profil, la jambe en extension, montre le fragment ossifié de la T.T.A. qui peut être simplement décollé, mais aussi fragmenté et ascensionné. Le trait de fracture se situe toujours à travers le cartilage de croissance. La classification établie en 1955 par Watson et Jones a été reprise et modifiée par Ogden en 1980. Type: I A - Fracture tubérositaire, déplacement nul ou minime. B - Déplacement du fragment tubérositaire en haut et en avant. II A - Trait de fracture apophysaire-épiphysaire avec petit trait de refend vertical vers l'articulation. B - Idem II A avec trait comminutif sur le fragment tubérositaire. III A - Fragment apophysaire-épiphysaire à déplacement majeur. B - Idem II A avec fragmentation. L'impotence fonctionnelle est totale dans les lésions de type II et III (extension active de la jambe impossible contre la pesanteur). Ces différentes formes fracturaires sont également conditionnées par l'âge de maturation osseuse. Ainsi les fractures de type I surviennent habituellement avant 14 ans et celles de type II et III après 14 ans. = Traitement Les arrachements de type I A et II A relèvent du traitement orthopédique après, quand cela est nécessaire, réduction en extension. Une genouillère en résine est maintenue pendant trois à huit semaines. L'appui étant autorisé entre la deuxième et la sixième semaine. Les autres cas, heureusement plus rarement rencontrés relèvent du traitement chirurgical (réduction sanglante et maintien par ostéosynthèse). L'immobilisation en extension est maintenue six à huit semaines. La reprise des entraînements sera réalisée de façon progressive en limitant les mouvements d'extension brutale de la jambe sur la cuisse. + Ostéonécrose aseptique Cette pathologie encore appelée ostéonécrose aseptique des condyles fémoraux ne doit pas être confondue avec la poly-ostéochondrose fémorale (maladie de König). Elle s'en différencie par le nombre des foyers, l'âge de survenue, la physiopathologie et l'évolution. Des travaux récents et comparatifs portant sur les cicatrices osseuses laissées par cette pathologie chez divers animaux fossiles ont permis de démontrer que la nécrose aseptique ne touchait que les membres en charge, et plus précisément la région soumise à la plus forte pression (chez l'homme le condyle fémoral interne). L'évolution de la lésion est centripète, elle atteint dans un premier temps l'os par trouble vasculaire, puis le cartilage. = Etiologie Cette pathologie concerne essentiellement l'adulte jeune (18 à 40 ans). Son installation répond dans tous les cas à une surcharge de travail de l'articulation du genou. La nécrose aseptique concerne essentiellement les hommes (65 à 75%). = Diagnostic . Examen clinique La symptomatologie de cette lésion est mécanique et inflammatoire. La douleur de type mécanique se manifeste en charge au repos ou lors de la marche, la composante inflammatoire (variable suivant le stade évolutif de la maladie se manifeste au repos et notamment la nuit). L'examen clinique peut montrer un "gros genou" hydarthrosique lors des phases inflammatoires. Le plus souvent le genou est sec et globalement douloureux. La palpation des différents compartiments du genou ne permet pas de localiser la douleur qui est ressentie comme "globale" par le sportif. La flexion passive ou en charge peut mettre en évidence un craquement ou un ressaut douloureux. Il est souvent difficile lors de cet examen de caractériser le côté atteint. . Examen radiologique L'examen radiologique du genou est réalisé de face, de profil et en défilé intercondylien (position schuss). La lésion se situe au niveau du condyle fémoral interne (dans deux tiers des cas), à la partie postérieure du condyle, à la limite de la région portante (le sujet étant debout). Les clichés montrent une lacune unique, plus ou moins importante (de 0.5 cm à 2 cm), de contour irrégulier, communiquant ou non avec l'espace articulaire. A un stade plus tardif un séquestre peut se libérer dans la lacune, puis se mobiliser dans l'articulation. La scanographie permet de localiser et de détailler avec une plus grande précision les caractéristiques anatomiques de la lésion et du séquestre. L'IRM met en évidence la souffrance ischémique ostéochondrale sous forme d'un aspect œdèmatié du tissu osseux, aspect assez proche de celui décrit pour les "fractures impactions". = Traitement La thérapie est médicale en l'absence de séquestre, chirurgicale quand un corps étranger est libéré dans l'articulation. . Le traitement médical consiste à soulager l'articulation (décharge du membre), à prévenir l'apparition d'un phénomène inflammatoire (AINS) et à entretenir les masses musculaires ainsi que les amplitudes articulaires (kinésithérapie). . Le traitement chirurgical est réalisé par arthroscopie. Il consiste à nettoyer l'articulation (évacuation des corps étrangers ostéochondraux). Dans le cas des lacunes très importantes un curetage de cette dernière, suivi de son comblement peut diminuer le temps d'immobilisation de l'articulation. La remise en charge, puis l'entraînement seront fonction du suivi clinique (douleur, épanchement). Un délai de deux à trois mois est souvent nécessaire avant que la cicatrisation (suivie en scanographie) permette une reprise des activités sportives. + Syndrome de la fabella Le syndrome de la fabella correspond à une atteinte microtraumatique d'un os présent chez 20 à 25% des adolescents au niveau du noyau fibreux postéro-externe du genou. Cet os est situé au niveau de la jonction du ligament poplité oblique et du ligament fabello-péronié, faisceau externe du ligament poplité arqué. = Etiologie Cet os peut être l'objet de nécrose ou de conflit local lors des exercices nécessitant des répétitions de flexion/extension (aviron, cyclisme, course...). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur postérieure du genou, très localisée, augmentée lors de l'exercice. La palpation minutieuse de la région poplité externe met en évidence le point douloureux exquis, situé au dessus de l'interligne. . Examen radiologique La radiographie standard montre la fabella, qui sera explorée de manière plus précise par la scanographie. Sur cet examen la fabella peut apparaître normale, de contour irrégulier (comme grignotée), ou même nécrosée. = Traitement Le traitement associe des AINS per os et par ionisation. Le repos sera prolongé pendant la durée du traitement anti-inflammatoire. Secondairement, à la phase des douleurs purement mécaniques, on prescrira en parallèle des ultrasons et une rééducation proprioceptive du genou, destinée à prévenir les récidives. En cas de nécrose, l'ablation chirurgicale, toujours délicate du fait de l'inclusion complète de cet os dans une structure ligamentaire, sera proposée. + Chondropathies traumatiques Ces atteintes concernent le cartilage sous rotulien et la face antérieure des condyles fémoraux. = Etiologie Les lésions cartilagineuses du genou répondent le plus souvent à un choc direct, antéropostérieur, écrasant la rotule contre les surfaces articulaires condyliennes. Les sports concernés sont essentiellement le patin sur glace, le patin à roulette, le volley, le karaté, la moto... = Diagnostic . Examen clinique Le sportif se présente à la consultation dans les semaines, voire les mois suivant l'accident. Il consulte pour une douleur antérieure du genou, sous rotulienne, à l'origine de blocages. A l'inspection le genou est sec, mais le quadriceps peut apparaître amyotrophique du fait du processus de "protection spontanée ” de l'articulation. L'examen de la mobilité rotulienne est généralement normal mais la pression de cet os sur les condyles fémoraux (le genou étant en extension) provoque la douleur. Un ressaut peut parfois être perçu par l'examinateur lors de la mobilisation du genou en flexion/extension. L’accroupissement du sujet "en charge" est douloureux. . Examen radiologique Les clichés standard du genou sont normaux. L'examen le plus intéressant à pratiquer pour diagnostiquer cette lésion est l'arthroscanner. Cet examen réalisé en coupes horizontales, permet de visualiser les cartilages rotulien et condylien. En cas d'atteinte chondrale, le liquide de contraste s'insinue dans les "encoches" créées par le choc. Le cartilage apparaît fissuré, crénelé, rongé (ce dernier aspect doit être différencié de celui caractéristique de la chondromalacie rotulienne). = Traitement En l'absence de signes cliniques importants (épanchement, blocage, douleur), l'abstention sera de règle. En cas de douleur ou de signes de souffrance fémoro-patellaires le patient sera confié au chirurgien pour régularisation, sous arthroscopie, de son cartilage lésé. Après traitement l'activité sportive peut être reprise en insistant toutefois sur l'importance d'une bonne rééducation musculaire du quadriceps. 3. 3. 8 SYNDROME FEMORO-PATELLAIRE Le syndrome fémoro-patellaire ou rotulien, se caractérise par une douleur du compartiment antérieur du genou, mal systématisée (à dominante externe, interne ou sous-patellaire), augmentée à la montée ou à la descente des escaliers, potentialisée par la position assise maintenue ou accroupissement en charge. L'étiologie est souvent difficile à définir. A l'examen, la douleur peut être provoquée par la mobilisation passive de la rotule ou la contraction volontaire du quadriceps. Ce syndrome douloureux peut être le reflet de plusieurs pathologies assez fréquemment rencontrées chez le jeune sportif. Ce sont: - Le syndrome rotulien dynamique par insuffisance de tonicité quadricipitale mais à rotule normale (syndrome dynamique). - Les phénomènes de subluxations rotuliennes secondaires à une hyperlaxité des ailerons rotuliens ou à des dysplasies rotuliennes ou fémoro-condyliennes externes. - Les ostéochondroses sous-rotuliennes. - Les mal positions des tubérosités tibiales antérieures. Si dans la majorité des cas, des signes radiologiques peuvent être mis en évidence par la simple réalisation de clichés de face et de profil du genou accompagnés des défilés rotuliens à 3O°, 60° et 90° de flexion, les clichés seront strictement normaux dans le syndrome rotulien dynamique. La découverte d'une lésion de type ostéochondral fera pratiquer un scanner, voire un arthro-scannner pour préciser la lésion et son stade évolutif. Quelle que soit la pathologie en cause à l'exception des ostéochondroses sous-rotuliennes, le traitement comprendra dans tous les cas, une phase rééducative par musculations isométriques du vaste interne. Cette rééducation aura pour objet en tonifiant et en musclant l'ensemble du quadriceps de stabiliser la rotule lors de la flexion extension du genou. Si ce traitement, associé à une contention de recentrage rotulien échoue, il sera alors possible de proposer une réimplantation interne de la tubérosité tibiale antérieure. L'ostéochondrose guérit spontanément avec ou sans décharge du membre dès l'instant où la charge de travail appliquée à la rotule est diminué. Une arthroscopie est rarement nécessaire pour éliminer un séquestre ou ruginer la face postérieure de la rotule. La prévention consiste à proposer systématiquement aux sportifs et plus particulièrement aux sportives lors de la poussée pubertaire des exercices de musculation isométrique des deux quadriceps lors des entraînements associés à des étirements des muscles ischio-jambiers afin d'équilibrer le système agoniste/antagoniste du membre inférieur. + Subluxation externe de la rotule La subluxation externe de la rotule est une pathologie fréquente de l'adolescente en période de croissance rapide ou présentant un surpoids. = Etiologie Elle se manifeste par des douleurs internes (traction sur l'aileron rotulien) et/ou externe (pincement fémoro-patellaire), lors des flexions en charge de la jambe (course, marche, cyclisme), du blocage de la jambe en extension (saut, descente d'escalier) ou de la position assise maintenue. = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement le genou est souvent globalement douloureux, la douleur est augmentée à la mobilisation latérale de la rotule, une laxité importante des ailerons rotuliens peut être mise en évidence. A distance des phases aiguës le genou est sec, non douloureux et stable. On notera les déformations statiques des membres (genu valgum, genu varum) ainsi que les varus ou valgus calcanéens et les appuis plantaires. Le surpoids étant un facteur aggravant le rapport taille/poids sera établi. . Examen radiologique La radiographie des genoux pratiquée de face et de profil sera complétée par les défilés rotuliens à 30° bilatéraux et un scanner à 15° de flexion au repos avec contraction du quadriceps. Les clichés peuvent montrer: - Une dysplasie du condyle fémoral externe. - Une dysplasie rotulienne (petite et ronde, en béret de chasseur, en galette...). - Une bascule franche vers l'extérieure. - Un pincement externe. - Une patella alta. - Des déformations en varus ou en valgus. - Une tubérosité tibiale (TTA) en position externe. - Une association de ces différents signes. - Un examen normal (voir syndrome fémoro-patellaire dynamique). Le diagnostic différentiel peut se poser avec les atteintes ostéochondrales sous rotuliennes ou condyliennes qui seront éliminées en cas de doute par la pratique d'une IRM ou d'un scanner avec injection de produit de contraste. Les rotules bipartita, relativement fréquentes, ne peuvent être associées à la pathologie que si une véritable dysplasie est mise en évidence. = Traitement En présence d'une bascule externe modérée on proposera: . Une musculation isométrique du quadriceps. . L'exclusion momentanée de l'activité physique douloureuse, . Une réduction pondérale. . L'utilisation d'une contention souple lors de la reprise de l'activité ou d'une genouillère inextensible au niveau de la rotule. . La correction des appuis plantaires. Des clichés des genoux seront réalisés avec la compensation pour s'assurer que cette dernière n'aggrave pas la malposition rotulienne. Ce traitement donne le plus souvent d'excellents résultats et évite ainsi l'intervention chirurgicale. Si la bascule est importante et/ou associée à une déformation des membres inférieurs, il sera possible de proposer à l'adolescente une transplantation de la TTA. Malgré cette intervention les exercices répétés en flexion-extension peuvent rester douloureux et nécessiter un aménagement des activités sportives. La musculation isométrique du quadriceps complétera tout geste chirurgical. Dans les cas assez rares où la subluxation rotulienne peut être rapportée à un genu valgum important, une ostéotomie fémorale basse de varisation pourra être envisagée. + Syndrome fémoro-patellaire dynamique = Etiologie L'adolescent, le plus souvent une jeune fille de 14 à 17 ans, consulte pour une douleur globale d'un ou des deux genoux, apparaissant à l'effort, lors de l’accroupissement, de la position maintenue ou de la descente des escaliers. = Diagnostic . Examen clinique Cette douleur de type purement mécanique siège électivement au niveau de l'un ou de l'autre des ailerons rotuliens ou "sous la rotule". L'examen clinique est le plus souvent normal, le genou est sec, non douloureux et la flexion forcée de la jambe indolore. L'examinateur notera la tonicité des quadriceps, souvent faible, les angulations des membres inférieurs (genu valgum ou varum, calcaneus valgus...), les appuis plantaires, l'usure des chaussures, la qualité du condyle fémoral externe très bien perçu sous la rotule. . Examen radiographique L'examen radiologique standard des genoux (face, profil, défilés rotuliens) est strictement normal. Il n'existe en particulier ni dysplasie rotulienne ou condylienne, la rotule est bien centrée. Par contre le scanner montre un pincement externe ou une subluxation lors de la contraction du quadriceps. Cette absence de signe radiologique de repos, associée aux signes cliniques du syndrome fémoro-patellaire et à la bascule externe lors de la contraction, permet d'affirmer l'existence d'un syndrome purement dynamique secondaire à la répétition des mouvements d'extension/flexion de la jambe (vélo, cross...) ou de blocage de la jambe (descente). = Traitement Ce syndrome succède en général à une poussée de croissance staturo-pondérale qu'il conviendra d'apprécier (mesures, interrogatoire des parents, âge osseux, date d'apparition des premières règles...). Les douleurs de l'adolescente seront prises en compte malgré l'absence de signes radiologiques (Il est malheureusement trop fréquent de constater soit un arrêt prolongé des activités sportives, soit de voir attribuer cette symptomatologie à un quelconque trouble névrotique). Le traitement consiste en une rééducation par postures du membre inférieur, associée à une musculation isométrique des quadriceps. Si la douleur est modérée la pratique sportive peut être poursuivie avec une fronde de rappel rotulienne (voir contention). La musculation très lente avant la puberté (plusieurs mois) ne peut être entièrement prise en compte par un kinésithérapeute, elle sera prolongée par la sportive à domicile. Il sera bon d'associer à cette thérapie une correction des troubles statiques et/ou dynamiques (rééducation proprioceptive, semelles orthopédiques...). Si un surpoids est constaté, une enquête diététique doit être débutée avant la cure de restriction pondérale. La douleur disparaît assez vite (quelques semaines), mais la musculation doit être poursuivie plusieurs mois. 3. 3. 8 SYNDROME CANALAIRE Le seul nerf fréquemment concerné à ce niveau est le nerf saphène interne + Nerf saphène interne Le nerf saphène interne est l'une des quatre branches terminales du nerf crural. Il descend le long de la cuisse en dehors des vaisseaux fémoraux, accolé au nerf du vaste interne, puis s'engage dans le canal de Hunter dont il traverse la paroi fibreuse dans sa partie basse pour se diviser en ses branches rotulienne et jambière. Le canal de Hunter est formé par un plan profond musculaire (vaste interne, grand fessier, grand adducteur) et un plan superficiel constitué d'un tissu aponévrotique. = Etiologie Le conflit entre la partie fibreuse du canal et l’émergence nerveuse est le résultat soit de microtraumatismes répétés de manière itérative (course sur route, ski, aviron...), phénomènes favorisés par une laxité chronique, un surpoids et un genu varum, rotation tibiale interne, soit l'apanage d'un choc unique sur la face interne du genou (patin, judo...). Cette pathologie est exceptionnelle avant trente ans, elle touche essentiellement les sportives. = Diagnostic . Examen clinique La douleur ressentie à la face interne du genou par le sportif est de type neurologique (brûlure, paresthésie, élancement...). Elle est généralement permanente entrecoupée d'épisodes plus aigus survenant au repos ou lors d'exercices banaux. A l'inspection la trophycité et la couleur de la peau sont normales. La douleur, à type de décharge électrique, peut être provoquée par la pression du doigt sur le canal de Hunter, situé à environ cinq centimètres au-dessus du condyle fémoral interne. La zone douloureuse s'étend du point de pression à la face antéro-interne de la rotule et au bord interne de la jambe. La flexion en charge, la marche, la descente ou la montée des escaliers, la position assise maintenue sont susceptibles d'augmenter l'intensité de la douleur. . Examens complémentaires La radiographie standard est strictement normale. L'électromyogramme peut montrer une diminution de la vitesse de conduction du nerf saphène interne. = Traitement Le traitement médical associe la prise d'anti-inflammatoires et de vitamines B1 et B6 per os, la pratique locale d'ionisations (Calcitar, Percutalgine) et de techniques défibrosantes (ultrason). Pour lutter contre la sensation douloureuse les courants de Bernard peuvent être utilisés dans un premier temps. En cas d'échec de cette thérapeutique, la patiente sera confiée au chirurgien pour neurolyse. Aucune infiltration ne sera proposée au sportif (cette attitude ne fait que reculer l'échéance opératoire, risque de nécroser l'aponévrose de Hunter et introduit dans l'organisme des substances dopantes dont on ignore la vitesse d'élimination). IV JAMBE La jambe relie le genou à la cheville, elle est formée de deux os longs, un os interne volumineux et résistant, le tibia et un os externe grêle, le péroné. Chez les mammifères ces deux os ont subi peu de modification. 4.1 ANATOMIE 4.1.1 OSTEOLOGIE + Tibia Le tibia forme avec le fémur un angle obtus ouvert en dehors. Il s'articule par son extrémité supérieure avec le fémur et le péroné, et par son extrémité inférieur avec l'astragale et le péroné. Le corps du tibia est formé de trois faces, interne, externe et postérieure. La face interne est lisse et dépourvue d'insertion musculaire dans ses deux tiers inférieurs. A sa partie supérieure elle donne insertion aux muscles de la patte d'oie (demi-tendineux, droit interne et couturier). Cette face n'est recouverte que par le tégument. La face externe donne insertion au jambier antérieur. La face postérieure est séparée dans sa région supérieure par une crête oblique sur laquelle s'insère le muscle soléaire. La partie interne délimitée par cette crête donne naissance au poplité. En dessous de la crête et sur son versant externe s'insèrent le fléchisseur commun des orteils et le jambier postérieur. + Péroné Le péroné s'étend sur le bord externe de la jambe du genou à la cheville. Il s'articule en haut avec le tibia et en bas avec le tibia et l'astragale. Cet os frêle et peu résistant donne naissance à des muscles sur la presque totalité de sa surface. On lui reconnaît trois faces, externe, interne et postérieure. La face externe donne insertion aux muscles long et court péroniers latéraux. La face postérieure est entièrement occupée par les insertions du soléaire (tiers supérieur) et du long fléchisseur des orteils (deux tiers inférieurs). La face interne est séparée par la crête interosseuse. En arrière de cette crête s'insère le jambier postérieur, tandis que la région antérieure donne insertion au péronier antérieur et aux extenseurs commun et propre du gros orteil. 4. 1. 2 MUSCLES Les muscles de la jambe, comme ceux de l'avant bras pour le poignet, ont comme fonction de mobiliser la cheville et le tarse. Ils sont divisés, suivant leur localisation en muscles antérieurs, externes et postérieurs. Ces muscles sont situés dans des loges ostéo-aponévrotiques séparées par le ligament interosseux et deux cloisons intermusculaires. + Muscles antérieurs = Le jambier antérieur est situé le long de la face externe du tibia sur laquelle il s'insère. Au niveau du cou de pied son tendon passe en dessous du ligament annulaire du tarse (il s'agit du tendon le plus interne). Il s'insère à la base du premier métatarsien et à la face interne du premier cunéiforme. C'est un dorsifléchisseur du pied qui associe également un mouvement d'adduction et de rotation interne du pied. = L'extenseur commun des orteils naît des deux os de la jambe, de la face profonde de l'aponévrose jambière et du ligament interosseux. Il descend verticalement sur la face antérieure de la jambe et donne naissance à un tendon qui s'engage sous le ligament annulaire antérieur du tarse. A ce niveau il se divise en quatre tendons qui s'insèrent sur les faces dorsales et latérales des deux dernières phalanges. L'extenseur commun des orteils est dorsifléchisseur du pied, extenseur des orteils et imprime lors de sa mise en tension un mouvement de rotation externe et d'abduction du pied. = L'extenseur propre du I est un muscle mince et aplati qui s'insère sur la face interne du péroné et le ligament interosseux. Son tendon descend verticalement entre l'extenseur commun à l'extérieur et le jambier antérieur à l'intérieur, coulisse sous le ligament annulaire du tarse et se termine sur l'extrémité postérieure de la deuxième phalange. Ce muscle est extenseur du gros orteil et dorsifléchisseur du pied. Parallèlement il lui donne un mouvement de rotation interne. = Le péronier antérieur est un muscle inconstant qui s'étend du péroné à la face dorsale du cinquième métatarsien. Il est dorsifléchisseur, abducteur et rotateur externe du pied. + Muscles externes = Le court péronier latéral naît de la face externe du péroné et des cloisons intermusculaires antérieure et externe. Au niveau de la malléole son tendon glisse dans une gaine rétro-malléolaire en compagnie du long péronier latéral. Il se termine sur le tubercule du cinquième métatarsien. = Le long péronier latéral prend naissance sur le péroné, en arrière et en haut du court péronier. Son tendon passe sous la malléole externe, longe la face externe du calcanéum, passe sous le tubercule des péroniers pour s'engager dans la gouttière du cuboïde. Après avoir croisé la voûte plantaire il s'insère sur le tubercule postérieur du premier métatarsien. Le long péronier latéral est extenseur, abducteur et rotateur externe du pied. Lors de sa contraction il augmente la concavité de la voûte plantaire. + Muscles postérieurs = Poplité. Le trajet et l'action du muscle poplité sont traités dans le paragraphe consacré au genou. = Le long fléchisseur des orteils est un muscle profond, fusiforme qui s'étend de la ligne oblique du tibia à la base des troisièmes phalanges des quatre derniers orteils. Après être descendu verticalement le tendon glisse derrière la malléole interne, en arrière du tendon du jambier postérieur. Il croise le LLI, longe la petite apophyse du calcanéum et gagne la région plantaire. A ce niveau il se dirige en avant et en dehors et se divise en quatre tendons. A ce niveau il reçoit un faisceau tendineux court et épais provenant de la chair carrée de Sylvius. Il est fléchisseur des orteils et extenseur (plantaire) du pied sur la jambe. = Le jambier postérieur prend naissance sur les deux os de la jambe et le ligament interosseux. Au tiers inférieur de la jambe il passe en avant de l'arcade formée par le fléchisseur commun, franchit le bord postérieur de la malléole et va s'insérer sur le tubercule du scaphoïde. Il envoie également des faisceaux au cuboïde, aux trois cunéiformes et à l'extrémité postérieure des deuxième, troisième et quatrième métatarsiens. Le jambier postérieur est adducteur et rotateur interne du pied. = Le long fléchisseur propre du I est le plus externe des muscles du plan profond. Il s'insère sur la face postérieure du péroné et sur le ligament interosseux. Son tendon franchit successivement deux gouttières ostéo-fibreuses, à la face postérieure de l'astragale et à la face interne du calcanéum. Au niveau du pied il croise le tendon du fléchisseur commun et s'insère sur l'extrémité postérieure de la deuxième phalange après être passé entre les os sésamoïdes. Il est fléchisseur des deux phalanges du pouce. = Le triceps sural est formé des jumeaux et du soléaire. Ces trois muscles se terminent par un tendon commun, le tendon d'Achille. . Le soléaire naît de la tête et la face postérieure du péroné et de la ligne oblique du tibia. Les deux lames tendineuses s'unissent en formant une arcade fibreuse (arcade fibreuse du soléaire). Les fibres charnues issues de l'aponévrose intramusculaire s'insèrent sur les deux faces de la lame fibreuse terminale. Celle-ci s'unit à la face postérieure de la lame fibreuse des jumeaux. . Les jumeaux sont deux muscles biarticulaires prenant naissance sur la face postérieure des condyles fémoraux. Les deux corps musculaires, interne et externe, descendent verticalement derrière le soléaire auquel ils se fixent par une lame fibreuse. Le corps charnu du jumeau interne descend plus bas que celui du jumeau externe. Le tendon d'Achille descend verticalement pour se fixer sur la face postérieure du calcanéum. Il est séparé de la partie haute du calcanéum par une bourse séreuse. Le triceps est un extenseur du pied. Il permet aussi l'adduction et la rotation interne du pied. . Le tendon d'Achille résulte de la réunion des tendons du soléaire et des jumeaux. C'est le plus volumineux tendon de l'organisme. Il s'insère sur la moitié inférieure de la face postérieure du calcanéum. Cette insertion répond chez l'enfant au noyau postérieur du calcanéum dont la soudure ne sera effective que vers l'âge de 14-15 ans. = Le plantaire grêle est un muscle inconstant qui s'étend du condyle externe du fémur à la face postérieure du calcanéum, auquel il se fixe en avant du tendon d'Achille. Il est extenseur du pied. 4. 2 PHYSIOLOGIE Si le tibia et le péroné se sont morphologiquement peu modifiés depuis nos ancêtres reptiliens, leur physiologie a été l'objet de nombreuses adaptations rendues nécessaires par notre mode original de déplacement. Le tibia, placé sous le fémur assure à lui seul la transmission des forces issues de la gravitation (30 à 40 kg). L'axe de ces forces passant par le plateau tibial interne, c'est ce dernier qui assure, en terme de pression, la plus grande partie de la charge qui est transmise en totalité au dôme astragalien. Sa crête antérieure présente la forme d'un S italique, reflet de sa rotation interne secondaire aux contraintes mécaniques. Le péroné, dissocié de l'articulation du genou depuis une période qui doit se situer à la fin du mésozoïque, ne participe pas, dans sa partie supérieure à la lutte antigravitaire. Dans sa partie inférieure, il peut être l'objet de forces verticales de faible intensité, qui sont intégralement transmises au tibia par l'intermédiaire des articulations péronéo-tibiales supérieure et inférieure. Son rôle reste essentiellement celui d'un point fixe pour les muscles de la loge externe et de mortaise externe pour l'articulation de la cheville. Sur le plan musculaire, la spécificité physiologique du membre inférieur (propulsion et lutte antigravitationnelle) a concouru à la perte d'un certain nombre de muscles (13 pour la jambe, 19 pour l'avant bras) et à la restructuration des insertions pour quatre d'entre eux. + Disparition des muscles de la mobilité Ce sont le carré pronateur, le court supinateur, le cubital antérieur, l'anconé et les extenseurs propres de l'index et du petit doigt. Tous ces muscles, chargés de la prono/supination et de l'agilité de la main, ne trouvent plus au niveau du membre inférieur de fonction équivalente. Leur disparition correspond au moment de la constitution de la mortaise malléolaire et de la perte de l'articulation péronéo-fémorale. + Restructuration des insertions Ces modifications sont en rapport avec le développement postérieur du calcanéum (antérieur au développement des mammifères). Le prolongement de cette apophyse postérieure a interrompu des muscles de la loge postérieure de la jambe, chargés primitivement de la flexion des orteils ou du tarse. Ces muscles sont au nombre de quatre, ce sont: le plantaire grêle, le soléaire et les jumeaux. Le plantaire grêle, en voie de disparition correspond au muscle petit palmaire. Chez certaines espèces modernes, ce muscle contourne le calcanéum et se confond avec l'aponévrose plantaire. Le soléaire jouait le rôle du fléchisseur commun superficiel (muscle inexistant au niveau du pied), tandis que les jumeaux, compte tenu de leurs insertions externe et interne peuvent être comparés respectivement au long supinateur et au grand palmaire. Un hiatus s'est ainsi créé entre l'insertion du tendon d'Achille et les muscles courts fléchisseurs du pied. Cette dernière structure est d'ailleurs d'apparition récente. L'acquisition du tendon d'Achille peut être datée de la période du redressement définitif des précurseurs de l'homme (Lucy). Chez les grands singes modernes le tendon d'Achille est absent et remplacé par trois insertions distinctes pour le soléaire et les deux jumeaux. Le tendon d'Achille apparaît comme un moyen destiné à allonger la chaîne musculaire postérieure, rendue indispensable par la marche bipède. + Physiologie du tendon d'Achille L'action physiologique de ce tendon est l'extension du pied (flexion plantaire) et l'adduction et rotation du pied en dedans. Lors de la pratique sportive, le tendon d'Achille est l'objet d'étirements actifs (saut, montée sur la pointe des pieds, course) et passifs (réception de saut, mouvement en valgus abduction de la cheville). La structure des fibres tendineuses est spiralée, mais la partie centrale du tendon est moins enroulée que la périphérie. Cette disposition, très efficace sur le plan de la résistance à la traction continue présente une relative fragilité aux brusques mises en tension ou aux contractions itératives du tendon. La biomécanique du tendon se résume en un mécanisme de levier ayant son extrémité au niveau de la partie antérieure du pied, et son point d'appui au niveau de la charnière tibio-astragalo-calcanéenne (les forces s'exercent perpendiculairement à l'axe du calcanéum, provoquant ainsi un effet de cisaillement). La brièveté du bras de levier situé entre le point d'appui calcanéen et l'insertion du tendon fait que des forces considérables s'appliquent à cette structure (300 kg pour un enfant de 40 kg). Toute anomalie, même minime, de cette région peut augmenter la force de traction, et désaxer sa direction. Une simple surélévation d'un centimètre au niveau du talon est suffisante pour diminuer la force de traction de près de 30%. Au départ de la course, quand la jambe est tendue et repose sur la pointe du pied, le tendon d'Achille doit supporter en fonction du poids de l'athlète et de sa force musculaire, des charges de 400 à 500 kg. La pathologie en rapport avec ce tendon est différente suivant qu'il s'agit d'un enfant ou d'un adolescent. - Chez l'enfant avant la soudure du cartilage germinatif calcanéen postérieur, la zone de fragilité se situe au niveau du cartilage. Cette particularité protège de façon relative le tendon d'Achille qui ne présentera que de façon très exceptionnelle des claquages ou des ruptures. Les pathologies spécifiques de la période prépubère sont la maladie de Sever et la tendinite d'Achille. - Chez l'adolescent, le point faible du système extenseur du pied se situe au niveau de l'insertion du jumeau interne sur la lame fibreuse du soléaire. Les ruptures tendineuses sont possibles mais rares du fait de la relative légèreté de l'adolescent et de la bonne qualité du tendon à cet âge. Sur le plan microtraumatique, la tendinite décrite chez le préadolescent peut se compliquer par dégénérescence fibreuse (tendinose). 4. 3 TRAUMATOLOGIE 4.3.1 FRACTURES Les fractures diaphysaires de la jambe sont d'une très grande fréquence en médecine du sport. Elles représentent environ 20% de l'ensemble des fractures. + Généralités Les fractures du tibia sont des lésions fréquentes de l'enfant sportif. Elles répondent à un choc direct violent (coup de pied, chute) ou à un mécanisme de torsion (ski, rugby...), dans ce cas elles sont souvent associées à une fracture du péroné. Principales fractures du tibia: - Les fractures des épines tibiales (voir épines tibiales). - Les fractures métaphysaires supérieures dont le risque est la déviation progressive en valgus seront réduites en urgence et immobilisées dans un plâtre cruro-pédieux en extension. Si un valgus apparaît malgré le traitement aucune intervention ne sera proposée avant la fin de la croissance. Heureusement le valgus se corrige le plus souvent spontanément dans les années qui suivent. La consolidation est obtenue en un à deux mois. - Les fractures isolées de la diaphyse tibiale présentent elles un risque de déviation en varus. Classiquement si la déviation dépasse 15° une ostéosynthèse est pratiquée. Chez le jeune sportif ce type de traitement sera proposé même pour des variations angulaires plus faibles du fait de la mauvaise tolérance de cette déformation sur les articulations sus et sous-jacentes. - Les fractures tibio-péronières en zone diaphysaire (les plus fréquentes) feront l'objet d'une réduction puis d'une immobilisation (un à deux mois) par un plâtre ou une résine cruropédieuse, genou fléchi. - Les fractures métaphysaires inférieures sont quelquefois difficiles à diagnostiquer quand le déplacement est faible (radiographies comparatives). Le traitement est orthopédique, botte plâtrée et décharge 4 à 6 semaines, puis rééducation avec remise en charge progressive. - Fracture épiphysaire inférieure (fracture de Tillaux). + Fractures de la diaphyse péronière Ces fractures peuvent être isolées ou associées à une fracture du tibia. Dans ce dernier cas le traitement est celui appliqué au tibia. = Etiologie Les fractures isolées du péroné se rencontrent lors des chocs externes (coup de pied, matériel, chute en porte à faux...). Le choc responsable est souvent minime. = Diagnostic . Examen clinique Très fréquemment la douleur ressentie par le sportif est jugée insuffisante pour consulter. A l'examen, il peut exister une ecchymose très localisée, beaucoup plus rarement un hématome fusant dans la gaine externe. La palpation trouve un point douloureux exquis siégeant sur la diaphyse péronière. L'impotence est peu importante, le sportif ayant parfois repris son activité après quarante huit heures d'interruption. Dans d'autres cas, le praticien palpe un cal douloureux à l'origine de la consultation. . Examen radiologique La radiographie de la jambe de face et de profil détermine la localisation exacte de la lésion et son type. On reconnaît les fractures non déplacées, les siphoïdes (exceptionnelles sans fracture associée du tibia), les fractures comminutives. = Traitement Le traitement est toujours orthopédique en l'absence de déplacement important. Pour les fractures engrenées stables, l'utilisation de béquilles pendant 15 jours est suffisante avant la reprise d'un appui normal (le tibia est utilisé comme attelle). Les fractures peu déplacées peuvent bénéficier d'un botte plâtrée avec appui immédiat, gardée en place pendant trois à quatre semaines. Les fractures déplacées nécessitent une réduction orthopédique ou chirurgicale et une immobilisation pendant un minimum de 45 jours. + Fracture du tibia La fracture diaphysaire du tibia n'est pratiquement jamais isolée, mais associée à une fracture du péroné. = Etiologie Trois types de chocs sont susceptibles de provoquer une fracture du tibia. Les chocs indirects par réception sur les talons (parachutisme, sauts...), les chocs survenant en flexion (chute de cheval, judo), les chocs en torsion (ski, rugby, parachutisme), les chocs directs (pieds en avant au football, ruade d'un cheval...). = Diagnostic . Examen clinique Lors du choc le sportif ressent une violente douleur au niveau de la jambe, avec perception d'un craquement. L'impotence est immédiate. A l'examen, il existe un volumineux hématome de la jambe, le pied est dévié en rotation externe. L'examinateur s'assurera qu'il ne s'agit pas d'une fracture ouverte et qu'il n'existe pas de troubles associés (nerveux ou vasculaires). . Examen radiologique Les clichés sont réalisés de face et de profil. La fracture est le plus souvent localisée au niveau du tiers moyen des deux os de la jambe. Elle peut être oblique (choc en flexion), spiroïde (choc en torsion) et comminutive. Généralement il existe une baïonnette, un chevauchement, une angulation externe et une rotation externe. = Traitement Le traitement orthopédique s'adresse aux jeunes sportifs et aux fractures non déplacées de l'adulte (réduction sous anesthésie générale, botte en résine de marche pendant un à deux mois en fonction des contrôles radiologiques). Le traitement chirurgical sera indiqué pour les autres types fracturaires (ostéosynthèse par plaque vissée). La rééducation est immédiate mais l'appui n'est autorisé qu'au 90 ème jour. + Fracture de fatigue La fracture de fatigue concerne dans la majorité des cas l'os porteur , c'est-à-dire sur le tibia. = Etiologie Cette fracture se manifeste après des exercices prolongés (randonnées, marche en montagne), pratiqués sur sol dur (piste, patinoire...) ou à la fin d'un stage (tennis). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur d'apparition relativement rapide (du jour au lendemain) siégeant au tiers moyen ou au tiers inférieur du tibia. l'interrogatoire ne retrouve aucun antécédent de traumatisme. A l'examen la région douloureuse est tuméfiée (essentiellement visible sur la face interne directement en rapport avec les téguments), chaude et parfois luisante. La pression du doigt provoque une douleur exquise localisée. L'examen de la crête tibiale est normale. Cette douleur est potentialisée par l'appui et de type inflammatoire (douleurs nocturnes). L'examen des masses musculaires de la loge antérieure est normal. . Examen radiologique Les clichés standards sont généralement normaux. Parfois un trait fracturaire horizontal peut être perçu sur le tibia. les tissus mous en regard de la zone douloureuse sont épaissis. L’examen permettant le diagnostic est la scintigraphie osseuse. Cette dernière met en évidence une zone d'hyperfixation, arrondie, très localisée, siégeant sur toute la largeur du tibia. Les différents stades radiologiques décrits dans la littérature (apposition périostée, renflement fusiforme, déformation de la corticale...) ne présentent pas d'intérêt concernant la thérapeutique, et ne seront donc pas détaillés dans cet ouvrage. = Traitement Le traitement associe le repos (éventuellement l'utilisation de cannes anglaises pendant la première semaine de traitement) et des ionisations locales de calcitonine. Cette dernière technique permet d'éviter la prescription d'AINS per os. En cas de douleurs nocturnes on conseillera au patient de "glacer" la région douloureuse. La reprise des activités se fait en fonction des douleurs (15 à 45 jours) avec des semelles destinées à limiter les chocs (Podiane, Sorbothane...).Une dernière scintigraphie peut être réaliser pour suivre l'évolution de la fracture en cours de traitement. + Fracture de Tillaux Il s'agit d'une fracture par décollement externe de l'épiphyse tibiale inférieure. = Etiologie Elle est secondaire à un traumatisme en flexion plantaire et en rotation externe. La fracture est réalisée par la traction violente imposée à l'épiphyse par le ligament tibio-péronier antérieur. = Diagnostic . Examen clinique Cette fracture, plus fréquente chez le garçon de 13 à 15 ans est suspectée devant: - Une impotence fonctionnelle de la dorsiflexion du pied. - Une douleur au niveau du cou de pied, augmentée à la pression du doigt. - Un œdème et/ou un hématome localisé au dos du pied. . Examen radiologique Elle est confirmée par la radiographie de face et de profil qui objective un trait de fracture vertical de la partie externe de l'épiphyse et un déplacement antérieur du fragment antérieur. = Traitement Cryothérapie immédiate. Si le déplacement est minime la pose d'une botte plâtrée 30 jours, pied à 90° et légèrement en rotation interne est suffisant. Si le déplacement est important, on réalisera une réduction orthopédique suivie de la pose d'une botte plâtrée pendant 45 jours. + Periostite tibiale Si la consultation pour périostite est d'une extrême fréquence, le diagnostic positif apparaît en fait beaucoup plus rare du fait de la confusion entre cette pathologie et les atteintes des insertions musculaires tibiales. Les localisations préférentielles de la "périostite" sont les faces antéro-externe et antéro-interne des tibias. L'apparition d'une périostose (mécanisme chronique visualisé par des images radiologiques) ou d'une périostite (phénomène aigu douloureux) est liée à une reprise de l'activité sous-périostée des ostéoblastes aboutissant au développement de la couche interne du périoste. = Etiologie Deux mécanismes peuvent être distingués: . Par traumatisme ou irritation local (coup de pied, frottement répété sur du matériel comme les chaussures de ski ou les haies). . Par microtraumatisme indirect (répétition de mouvements identiques sur des sols trop durs). Le tennis, la course sur piste ou sur route sont les activités sportives les plus souvent concernées. = Diagnostic . Examen clinique L'enfant ou l'adolescent consulte la plupart du temps en donnant son diagnostic de "périostite", c'est-à-dire pour des douleurs d'apparition progressive, siégeant au niveau de la partie antérieure du tibia, augmentées par l'activité (course, sauts...). Ces douleurs persistent après l'effort, disparaissent après quelques jours de repos pour reprendre avec le retour sur le terrain. L'interrogatoire s'attachera, comme pour toute atteinte microtraumatique à préciser l'étiologie de la lésion (augmentation de l'intensité des exercices, modification de la surface d'entraînement, changement de chaussures, évolution de la technique...). L'inspection est pratiquement toujours normale (température locale, aspect de la peau, tuméfaction). Dans de très rares cas une tuméfaction fusiforme peut être palpée (beaucoup plus qu'observée). La palpation met en évidence une douleur au niveau du tiers moyen de la crête tibiale, augmentée par la pression. L'atteinte est bilatérale une fois sur deux. L'examen sera complété par une étude du matériel (chaussures), des appuis plantaires et de l'équilibre général des membres inférieurs. . Examens complémentaires Le bilan biologique est normal au début, très faiblement positif en cas d'atteinte aiguë (CRP, VS, fibrinogène). Le diagnostic repose sur les examens radiologique et la scintigraphie. Les clichés standards pourront montrer, soit un tissu périosté néoformé distinct de l'os ancien (opacité double), soit des irrégularités du périoste. Les images de "chevelu" disposé à la face profonde du périoste sont physiologiques et donc sans rapport avec l'atteinte osseuse. La scintigraphie met en évidence une région hyperdense, longiligne bordant la région externe de l'os lésé. C'est le seul examen permettant d'affirmer avec certitude le diagnostic. Compte tenu du caractère souvent bilatéral de la lésion, la scintigraphie peut parfois être d'interprétation délicate. Le diagnostic différentiel se pose avec le syndrome de la loge antéro-externe, les tendinites d'insertion des extenseurs du pied, une fracture de fatigue, un ostéome ostéoïde de la jambe. = Traitement Qu'il s'agisse d'une périostite ou d'une tendinite d'insertion des muscles de la loge externe, le traitement comprend quatre phases: . Une diminution ou un arrêt complet des activités à l'origine de la pathologie. . De la cryothérapie deux fois par jour. . Un traitement par ultrasons. . La réalisation d'une paire de semelles orthopédiques comprenant d'une part une éventuelle correction des appuis plantaires, et d'autre part une couche de Podiane pour amortir les microtraumatismes de la course. La symptomatologie est d'autant plus longue à disparaître que le sportif a attendu pour consulter et commencer le traitement. La reprise sera effectuée progressivement après suppression de l'agent pathogène (chaussures, technique...). 4. 3. 2 PATHOLOGIES TENDINEUSES Les principaux tendons atteints sont ceux des jambiers antérieur, et postérieur et du tendon d'Achille. + Tendinite du jambier antérieur = Etiologie La pathologie la plus fréquemment rencontrée chez le sportif est la tendinite, éventuellement compliquée de ténosynovite. Son origine peut être un traumatisme unique en hyperextension du pied (mauvaise réception à la gymnastique, shoot dans l'herbe...) ou plus généralement une succession de microtraumatismes secondaires à une marche prolongée, au port de chaussures trop lourdes (montagne), à des impulsions répétitives (danse, sauts, patinage...). Ces lésions microtraumatiques sont souvent potentialisées par des chaussures trop serrées au cou de pied. Les ténosynovites sont le fait des marathoniens, véliplanchistes, joggers...) = Diagnostic . Examen clinique La clinique, plus évocatrice que pour la tendinite met en évidence des douleurs à la palpation, une augmentation de cette douleur du cou de pied lors du mouvement contrarié en flexion plantaire, des sensations de crépitements sous les doigts le long de la gaine du jambier antérieur. . Examen complémentaire Aucun examen complémentaire n'est nécessaire. = Traitement Déterminer l'étiologie de la tendinite. Cryothérapie et kinésithérapie anti-inflammatoire (ultrasons, ionisations...). Modifier le matériel si celui-ci est mis en cause. Vérifier les appuis plantaires et le bon déroulement du pied lors de la marche. Apprendre à l'enfant à lacer ses chaussures. Ne jamais infiltrer. + Tendinite du jambier postérieur = Etiologie La tendinite et la ténosynovite sont favorisées par le pied plat et la marche pieds nus (judo, gymnastique, karaté...), les macrotraumatismes répétés (frappe de l'intérieur du pied au football, karaté...). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur rétro-malléolaire interne, diminuant avec l'échauffement, gênant la course et augmentée par les positions en valgus du pied. L'examen clinique est le plus souvent négatif et ne retrouve que la douleur voir des crépitements locaux en cas de ténosynovite. Dans ce dernier cas, la gouttière rétro-malléolaire est comblée par de l’œdème. Les mouvements contrariés en valgus du pied et en rotation externe augmentent la douleur. L'examen sera complété par un examen statique et dynamique des appuis plantaires. . Examen radiologique Seule l'échographie mérite d'être pratiquée. Elle objective l'épanchement et apprécie son importance. L'IRM montre en T2 un aspect inflammatoire et œdémateux, et en T1 un tendon épaissi et irrégulier. = Traitement Le traitement comprend deux phases: . Une phase anti-inflammatoire (AINS per os, cryothérapie, ionisations). . Une phase de rééducation et de prévention qui associera de la proprioception, et la réalisation d'une paire de semelles moulées destinées à rétablir la statique et à rééduquer la dynamique du pied. + Rupture du tendon d'Achille La rupture du tendon d'Achille, décrite par Ambroise Paré vers 1575, est une pathologie fréquente dans le domaine sportif, mais relativement rare chez l'enfant du fait de la faiblesse de sa masse corporelle et de la fragilité de son insertion basse (noyau germinatif du calcanéum). = Etiologie La rupture du tendon d'Achille se déclare plus volontiers chez un homme jeune (30 à 40 ans), lors d'une impulsion (saut, réception, démarrage). La rupture totale ou partielle peut se rencontrer dans deux types de situation: . Lors d'un traumatisme violent accompagné d'hyperextension du triceps sural. La rupture se produit sur un démarrage (course, tennis...), un étirement brutal et inattendu du tendon (chute avant au ski, rugby, marcher sur une balle au tennis, football...). . Pendant la pratique d'un exercice de relativement faible intensité sans que la notion d'extension brutale du tendon soit évidente (pendant un échauffement, en pleine course...). Cette étiologie, plus fréquente chez l'adolescent présentant une surcharge pondérale, est exceptionnelle chez l'enfant. = Diagnostic . Examen clinique Si dans la plupart des cas le sportif consulte le jour même de son accident, dans près de 40% des cas un délai de plusieurs jours peut être observé. La douleur initiale est décrite en coup de fouet et accompagnée d'un bruit de claquement. Dans certains cas la notion d'intervalle libre peut être retrouvée (douleur d'abord sourde, précédant le claquage qui survient lors de la pratique d'un exercice modéré). Si l'impotence fonctionnelle peut être totale (marche impossible) et immédiate dans le cas des ruptures complètes, elle peut aussi se limiter à une douleur diffuse et sourde accompagnée d'une simple gêne à la montée du trottoir ou des escaliers. L'examen bilatéral met en évidence une rétraction des jumeaux et, de profil, un aspect en coup de hache noyé dans une zone œdémateuse et/ou hématique, suivant l'espace séparant la consultation de l'accident. La palpation est très douloureuse, elle permet de localiser le point de rupture (plus fréquemment moyen ou haut chez l'adulte, bas chez l'enfant). Le tendon sera testé activement et passivement avec prudence. La flexion et l'extension passives sont possibles et peu douloureuses en cas de rupture complète, la flexion dorsale du pied est très vite limitée par la douleur en cas de rupture partielle. En actif, même en présence d'une rupture complète l'extension dorsale du pied peut être assurée par le jambier postérieur, le fléchisseur des orteils, le plantaire grêle ou simplement par la gaine déshabitée du tendon lui-même. Elle reste néanmoins très faible en intensité et ne peut vaincre la résistance opposée par un doigt. . Examen radiographique La radiographie de profil ou la xérographie (de moins en moins utilisée) montre la déformation du triangle de Kager (le bord antérieur du tendon d'Achille est plus concave). L'échographie objective la rupture totale ou partielle et permet de visualiser un éventuel hématome intra ou péritendineux. Cet examen ne peut cependant être interprété qu'en fonction des données cliniques. L'IRM ne sera proposée que dans les cas douteux de rupture incomplète. Le diagnostic différentiel se pose avec la rupture partielle du jumeau interne (uniquement chez l'adulte), une rupture du faisceau postérieur du ligament latéral externe de la cheville, un arrachement du noyau calcanéen postérieur et la rarissime rupture du plantaire grêle. = Traitement Le traitement peut être orthopédique ou chirurgical. . Le traitement orthopédique est indiqué pour les ruptures partielles et les patients refusant l'intervention (dans ce cas la cicatrisation s'effectue à partir d'un cal fibreux organisé à l'intérieur de la gaine. Il comprend: - La pose d'une résine cruro-pédieuse, le genou en légère flexion et le pied équin (15 à 20° de flexion plantaire) pendant quatre semaines. - Le remplacement de la résine cruro-pédieuse par une botte en résine, pied à 90° pendant un mois et demi, avec appui. - A l'ablation de la résine, le port d'une talonnette de 1 cm. - Une rééducation par mobilisation douce, remusculation du triceps, et proprioceptive (deux à trois mois). . Le traitement chirurgical est toujours préférable chez l'athlète jeune pour limiter le temps d'immobilisation et la qualité de la cicatrice. - Les techniques comprennent la suture simple (difficile à réaliser quand le tendon est effiloché ou infarci), et le laçage étendu. Dans les deux cas, un plan de glissement souscutané sera reconstitué. Elles peuvent être associées à des plasties utilisant le plantaire grêle (Chigot), un lambeau de l'aponévrose (Bosworth), une bandelette de TFL, du court péronier latéral... - Après fermeture, le pied est placé en équin modéré pendant huit jours, un plâtre de marche est posé au dixième jour. - La rééducation est débutée au 45 ème jour (pédalage, travail en flexion dorsale, musculation, proprioception...). - La reprise de l'activité est réalisée dix à douze semaines après l'intervention, les complications sont exceptionnelles, le risque de rupture secondaire inférieur à 0,5%. + Tendinite d'Achille = Etiologie C'est la tendinite classique du coureur à pied. L'examen clinique est toujours précédé par un interrogatoire qui doit être conduit comme une véritable enquête policière pour retrouver l'étiologie de la tendinite. Il portera notamment sur: . Le matériel :Changement de chaussures ou de crampons, pointes trop longues, chaussures trop légères (absence d'absorption des microtraumatismes), ou trop lourdes (fatigue), contrefort trop dur (frottement), talon trop bas, cambrure trop rigide (mauvais déroulement du pied), compensation de la voûte plantaire inadaptée. . La technique : Modification d'un geste (saut), de la technique de course, mauvaise progression de l'intensité, stage... . Le terrain : Course sur route, sur terrain gelé, sur tartan (tennis)... . L'échauffement : Insuffisant, inadapté... . L'alimentation : Hydratation insuffisante, régime déséquilibré... .L’existence d'une pathologie familiale (hypercholestérolémie familiale avec xanthomes nodulaires du tendon). L'âge de survenue de ce type de pathologie se situe vers 8 à 12 ans. . La présence d'un foyer infectieux dentaire. = Diagnostic . Examen clinique A l’interrogatoire, le sportif signale une douleur postérieure de la jambe pouvant s'étendre de l'insertion du tendon d'Achille sur le calcanéum à son insertion haute (extrémité inférieure des jumeaux), de type inflammatoire (augmentée à froid, diminuée lors de l'entraînement), pouvant entraîner une boiterie et être à l'origine d'un "déverrouillage" douloureux le matin. L'examen clinique sera réalisé: - De face à la recherche d'une asymétrie des membres inférieurs, d'un genu varum ou d'un genu valgum... - De profil pour dépister un déséquilibre ischio-jambier-quadriceps, une éventuelle amyotrophie du triceps sural, ou une rétraction postérieure (syndrome de Lucy). - De dos à la recherche d'un calcaneus valgus ou d'un aspect anormal du tendon (épaissi, irrégulier, œdèmatié...). Il comprendra également un examen podoscopique statique (étude des voûtes plantaires) et dynamique (étude de la marche, usure des chaussures), éventuellement optimisé par un examen magnétoscopique en situation. La palpation retrouve un tendon épais et douloureux, parfois nodulaire. La douleur est augmentée lors de la mise en tension du tendon (dorsiflexion passive, montée sur la pointe des pieds). L'examen est complété par une étude dynamique (appuis monopodaux, mouvements contrariés...), et l'appréciation de la mobilité des articulations de la cheville et du pied. . Examen radiographique La radiographie de profil de la région peut montrer un épaississement du tendon avec respect ou non du triangle de Kager (limité en avant par le jambier postérieur, en bas par la face supérieure du calcanéum et en arrière par le tendon d'Achille), des nodosités, voire des calcifications intratendineuses (rares chez l'enfant). Dans le cas des atteintes bas situées, la xérographie permet de différencier la tendinite d'insertion de la bursite rétrocalcanéenne. La radiographie peut être complétée par une échotomographie qui donne un bon aperçu de la structure interne du tendon (zone de fibrose, désorganisation de la structure fibreuse, hématome intratendineux, œdème...) La présence de noyaux hyper-échogènes situés en avant et en bas du tendon doit faire discuter l'exceptionnelle tendinite d'insertion du plantaire grêle. = Traitement La tendinite d'Achille répond bien au traitement médical qui comprendra simultanément: . Une thérapie anti-inflammatoire locale (glace, ultrasons...), et générale (AINS). . Une mise au repos du tendon lésé (décharge, demi résine, port de talonnettes...). . Une rééducation active (mobilisation des articulations sus et sous-jacentes, entretien musculaire, étirement des chaînes musculaires postérieures...). Lors de la reprise (3 à 4 semaines), on insistera sur la nécessité de modifier le geste technique, le matériel ou le trouble statique responsable de son apparition. Il ne sera jamais pratiqué d'infiltration. Si le stade de tendinose est atteint, le traitement sera plus volontiers chirurgical par peignage ou scarification du tendon (30 à 45 jours de plâtre). Un délai de trois mois est recommandé avant la reprise de l'entraînement. Les résultats sont excellents. 12. 3. 3 PATHOLOGIES MUSCULAIRES Les pathologies musculaires de la jambe rencontrées en médecine du sport concernent les trois loges musculaires. Cependant certains muscles semblent jouir d'une immunité toute particulière qui les protège des lésions habituellement rencontrées chez leurs voisins. Cette disparité du risque reste encore difficilement explicable, même en tenant compte des contraintes mécaniques et des bizarreries de notre évolution. Ainsi le péronier antérieur, le jumeau externe, le fléchisseur profond des doigts ne semblent jamais concernés par les multiples traumatismes rencontrés sur les terrains de sport. + Rétraction du triceps sural = Etiologie La rétraction du triceps est une des composantes de la rétraction globale des muscles postérieurs du membre inférieur secondaire à notre évolution (syndrome de Lucy). Elle est d'autant plus marquée que le jeune athlète s'adonne à la course, à des activités pratiquées en flexion des membres inférieurs (tennis) ou nécessitant un travail concentrique du genou (brasse). Les activités à l'origine d'un renforcement important des masses musculaires postérieures favorisent également cette rétraction (football, rugby, handball...). = Diagnostic . Examen clinique La rétraction surale est souvent associée à une rétraction des jumeaux et/ou à un tendon d'Achille court, éléments aggravant le phénomène. Elle se manifeste par des douleurs postérieures de la jambe et des lombalgies, elle favorise l'apparition des crampes, des tendinites d'Achille et du claquage du jumeau interne. Elle est mise en évidence par la différence d'angulation observée entre la mesure réalisée lors du test de Wallace pied en position neutre (étude globale des rétractions postérieures du membre inférieur) et ce même test, pied en dorsiflexion passive. . Examen radiologique Les examens radiologiques ou échographiques ne présentent aucun intérêt. = Traitement Avant tout entraînement le sportif pratiquant un sport susceptible de provoquer des rétractions postérieures doit effectuer des étirements de ses masses musculaires. Si la technique utilisée est efficace l'athlète doit pouvoir, jambes tendues, toucher le sol avec la paume des mains sans ressentir de douleur dans les mollets. + Elongation des jumeaux = Etiologie L'élongation est le résultat d'une brusque mise en tension de ces muscles lors d'un saut, d'un démarrage ou d'une réception. Elle concerne le sujet jeune, rétracté et insuffisamment échauffé. Les sports concernés sont le volley, le basket, le handball, le football, le rugby, l'athlétisme et le ski lors des chutes "avant" avec fixations trop serrées. = Diagnostic . Examen clinique L'élongation se manifeste par une douleur modérée (le joueur n'interrompt pas sa compétition), siégeant le plus souvent ou niveau de la partie basse du jumeau interne. La douleur est légèrement plus forte le jour suivant et peut entraîner une légère boiterie. A l'examen le mollet est globalement contracté, la palpation retrouve une zone sensible à la pression au niveau de l'insertion du jumeau interne sur le soléaire ou au niveau de son corps charnu. . Examens complémentaires La radiographie et l’échographie sont strictement normales. = Traitement Le traitement est simple et rapide (cryothérapie, port de talonnettes pendant la phase aiguë, application de pommade anti-inflammatoire). Dans un deuxième temps, le sportif sera confié au kinésithérapeute pour pratiquer des étirements des chaînes musculaires postérieures. On profitera de cette thérapie pour apprendre au sportif à pratiquer des auto-étirements "efficaces". La prévention (contre les élongations mais aussi les claquages qui ne sauraient tarder) passe par la pratique d'étirements à chaque entraînement (avant et après). + Claquage du jumeau interne = Etiologie Ce claquage, inconnu chez l'enfant peut se rencontrer de façon exceptionnelle chez l'adolescent très musclé et rétracté (rugby, haltérophilie..), mais il s'agit surtout d'une pathologie de l'adulte âgé d'environ quarante ans (cette pathologie est également connue sous le nom de tennis leg ou de coup de la quarantaine). Les sports concernés sont le tennis, les sauts, la course et les activités incluant des phases importantes de course avec démarrage (football, rugby...). = Diagnostic Il s'agit d'un diagnostic d'interrogatoire. La façon dont le sujet raconte son histoire est pathognomonique. . Examen clinique La lésion siège au niveau de l'insertion du jumeau interne et du tendon d'Achille. La douleur, très caractéristique et très brutale, est ressentie comme un "coup de fouet" par le sportif qui est persuadé d'avoir été frappé par un objet ou d'avoir reçu un coup. Cette sensation est si forte que le sujet se retourne pour chercher l'objet contondant et se met parfois à insulter le public ou à frapper le joueur qui se trouve derrière lui. L’impotence fonctionnelle est immédiate, le sportif est évacué, porté par ses coéquipiers. A l'examen, le mollet est considérablement augmenté de volume, son aspect est hématique, difficilement palpable du fait de l'intensité de la douleur. Le point douloureux exquis siège au niveau de l'insertion basse du jumeau interne. A ce niveau, on montrera au sujet que la peau est saine et qu'il ne s'agit donc en aucun cas d'un coup reçu pendant l'activité sportive (malgré cette constatation le sportif reste souvent encore dubitatif quant à l'origine de sa lésion). On s'abstiendra de manœuvres de mobilisation des muscles postérieures, totalement inutiles pour établir le diagnostic. Cette pathologie ne peut pas être confondue avec une rupture du tendon d'Achille du fait de son mode de survenue et de sa localisation. . Examen radiologique On prescrira une échographie du mollet en précisant que cet examen ne doit être pratiqué que 3 à 4 jours après l'accident. Réalisé dans les heures qui suivent le claquage cet examen est totalement interprétable. L'échographie à distance de la lésion met en évidence la déstructuration des fibres musculaires et permet de mesurer le volume de l'hématome collecté. Ce dernier apparaît comme un espace clair dans lequel peuvent flotter quelques éléments de fibrine issus de la fibrinolyse. = Traitement Le traitement est orthopédique. . Traitement immédiat : Cryothérapie, mise en décharge du membre (10 à 15 jours), prescription d'une rééducation par physiothérapie sans massage, et d'AINS per os (10 à 15 jours). . Traitement à distance de l'accident : La cryothérapie est prolongée jusqu'à normalisation de la chaleur locale. La remise en charge sera progressive avec réapprentissage de la marche après contrôle échographique et disparition de l'hématome (trois à quatre semaines). A ce stade de cicatrisation on réalisera une rééducation par étirements pour allonger la cicatrice (souvent rétractile) et redonner au muscle sa longueur initiale. La rééducation sera terminée par une remusculation du triceps sural. Le retour sur les terrains de sport est souvent tardif (3 à 6 mois). + Rupture du plantaire grêle La rupture du plantaire grêle est relativement rare, elle concerne essentiellement le sportif adulte entre 30 et 50 ans. = Etiologie La rupture de ce muscle survient dans des conditions identiques à celles provoquant la rupture du tendon d'Achille, c'est-à-dire sur un démarrage, une course rapide, un saut en extension ou une mauvaise réception. Tous les sports peuvent être concernés. = Diagnostic . Examen clinique Il s'agit le plus souvent d'un diagnostic d'élimination. Lors de l'exercice, le sportif a très nettement perçu une douleur violente du mollet, avec la sensation très nette de "corde rompue". Une boiterie peut éventuellement être notée dans les jours qui suivent l'accident. A l'examen, le tendon d'Achille et les jumeaux sont normaux et indolores, il n'existe pas d'hématome et il est difficile de localiser la douleur (profonde et diffuse). La dorsiflexion du pied est indolore. Le diagnostic est donc évoqué sur les données de l'interrogatoire. . Examen radiologique Les clichés standards de la jambe sont normaux. L’échographie peut très exceptionnellement mettre en évidence très haut dans le mollet un corps charnu rétracté inhomogène. Le seul examen de certitude est le scanner comparatif de la jambe, réalisé en coupes horizontales. Sur cet examen le tendon du plantaire grêle est absent. = Traitement L'abstention est de règle, le sportif peut reprendre son entraînement dès la disparition de la douleur. + Maladie d'insertion des péroniers latéraux Les péroniers latéraux sont des stabilisateurs externes essentiels de la cheville. Tout dysfonctionnement de cette fonction peut être à l'origine d'une trop forte stimulation, notamment au niveau de leurs insertions péronière et tibiale. = Etiologie La maladie d'insertion des péroniers latéraux est souvent confondue avec la périostite et le syndrome de loge. Elle est favorisée par le genu varum, les mauvais appuis plantaires (appuis externes), des chaussures de mauvaise qualité et l'ensemble des mouvements pratiqués en rotation interne du pied (karaté, football...). = Diagnostic . Examen clinique Elle se manifeste par des douleurs latéro-externes de la jambe, calmées par le repos et augmentées à l'exercice. Cette pathologie est plus fréquente chez le sportif que chez la sportive. Elle se déclare entre 20 et 30 ans. L'inspection de la région douloureuse est strictement normale. Un œdème peut parfois être perçu à la palpation de la loge externe. L'examen de la crête tibiale est normal. Cette pathologie est bilatérale dans plus de 75% des cas. . Examen radiologique Les images radiographiques sont strictement normales, de même que la scintigraphie = Traitement La partie la plus importante du traitement consiste à retrouver l'origine mécanique du trouble. Après suppression de la cause la reprise de l'activité peut être très rapide (8 à 15 jours). La seule thérapie à mettre en place consistera à faire pratiquer quelques séances d’ultrasons sur la région douloureuse. Les récidives sont exceptionnelles. + Elongation et claquage des péroniers latéraux L'élongation des péroniers latéraux apparaît le plus souvent comme une complication de l'entorse externe de la cheville. = Etiologie Les péroniers latéraux sont mis en tension lors des mouvements de rotation interne du pied et de varus de la cheville. L'élongation ou le claquage se produit dans deux circonstances: . Les entorses externes de la cheville (basket, football, handball, gymnastique, athlétisme...). . Les mouvements de rotation externe du pied contrés par un obstacle (shoot au football, karaté, judo...). = Diagnostic . Examen clinique La douleur, plus ou moins intense suivant qu'il s'agit d'une élongation ou d'un claquage, se situe sur la face externe de la jambe, de la malléole externe à la moitié du péroné. A l'examen la loge externe est tuméfiée, un hématome peut s'étendre sur la presque totalité de la loge. Si le patient est examiné les jours suivants l'hématome a migré derrière la malléole externe, il ne doit pas dans ce cas être confondu avec une rupture ligamentaire. Le trajet des deux péroniers est sensible à la palpation. Les mouvements passifs de rotation interne et de varus augmentent la douleur. . Examen radiologique Des clichés standards sont pratiqués pour éliminer une fracture du péroné. L'échographie met en évidence la désorganisation des fibres musculaires mais beaucoup plus rarement la présence d'un hématome profond. = Traitement C'est le traitement classique des claquages (cryothérapie, AINS, décharge du membre lésé, ionisations), puis rééducation par ultrasons, étirements et proprioception. Dans ce cas la proprioception joue un rôle préventif essentiel, elle sera prolongée au moins 10 séances. + Syndrome de loge = Etiologie Ce syndrome correspond à une ischémie locale provoquée par une augmentation de pression dans une loge aponévrotique. Celle-ci est le résultat de la croissance abusive d'un muscle ou d'un groupe musculaire soumis à un exercice intense. Les quatre loges de la jambe peuvent être touchées avec cependant une nette prédominance pour la loge antéro-externe (jambier antérieur, extenseurs commun et propre du I, péronier antérieur).Rare chez l'enfant, ce syndrome peut apparaître dans la période prépubertaire chez le jeune athlète. Il est exceptionnel chez les handballeurs.. Les sports les plus souvent concernés sont la course, le cyclisme, la marche de fond... = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement, le sportif consulte pour une douleur qui augmente progressivement avec l'effort puis cède rapidement lors du repos. La localisation de la douleur dépend de la loge pathologique. Les cas les plus fréquemment rencontrés sont les syndromes de la loge antérieure et de la loge externe. Les atteintes postérieures sont beaucoup plus rares. Une fois sur deux les douleurs sont bilatérales. Les douleurs sont d'abord de faible intensité à type d'engourdissement ou de paresthésie, puis s'aggravent progressivement pour donner des sensations de crampe ou de brûlure, nécessitant l'arrêt de l'activité sportive. L'examen pratiqué au repos est habituellement normal, cependant dans les syndromes aigus un œdème et un syndrome inflammatoire peuvent être retrouvés localement. Si l'examen est réalisé à l'arrêt de l'effort la mise en tension des groupes musculaires concernés est douloureuse. . Examen complémentaire De nombreux examens ont été proposés pour évaluer la pression intra-aponévrotique ou pour évaluer les effets de l'exercice sur la circulation artérielle. Il existe: - Deux méthodes non invasives Le Doppler artériel et la thermographie avant et après effort en comparatif. Les résultats sont décevants. - Une méthode invasive La mesure directe de la pression par cathétérisme de la loge. Cette mesure est difficilement interprétable quand elle se situe entre 3O et 45 mm de Hg (la valeur normale au repos est inférieure à 30 mm de Hg. Du fait de sa grande variabilité cet examen nécessite d'être réalisé par un opérateur expérimenté. Le diagnostic reste avant tout clinique. = Traitement Le traitement peut être orthopédique (modification de la technique d'entraînement) ou chirurgical. . Technique : L'hypertrophie d'une masse musculaire de façon unilatérale correspond la plupart du temps à une utilisation asymétrique abusive et incorrecte d'un muscle ou d'un groupe musculaire. Dans un premier temps, le praticien s'attachera donc à contrôler les appuis plantaires, la qualité de l'entraînement, la statique et la dynamique de la course. Les syndromes de loge diagnostiqués et contrôlés dès le début peuvent ainsi spontanément régresser après modification de l'entraînement. . Chirurgical : Au stade suraigu ou progressivement croissant, seule la chirurgie peut apporter un soulagement au sportif. L'intervention consiste à inciser l'aponévrose (fasciotomie) pour libérer la masse musculaire. Après cicatrisation, l'activité physique peut être reprise même à un haut niveau. La chirurgie présente l'intérêt de permettre une reprise plus rapide des entraînements. V CHEVILLE Le tarse occupe la moitié postérieure du pied. Il est constitué de sept os, disposés en deux rangées (astragale, calcanéum, scaphoïde, cuboïde et trois cunéiformes). 5. 1 ANATOMIE 5.1.1 OSTEOLOGIE + Astragale L’astragale *, du grec astragalos (moulure ronde séparant le fût d’une colonne de son chapiteau) supporte la totalité du poids du corps qu’il transmet au calcanéum. Il s’agit d’un os particulièrement complexe formé de six faces dont cinq sont articulaires. La face supérieure est formée d’une poulie convexe d’avant en arrière et concave transversalement qui s’articule avec le tibia. Elle permet les mouvements de flexion/extension du pied sur la jambe. La face inférieure est constituée de deux surfaces articulaires destinées à recevoir le calcanéum. Ces deux surfaces sont séparées par le sillon astragalien oblique d’avant en arrière. La face externe s’articule avec la malléole externe, la face interne s’articule dans sa partie supérieure avec la malléole interne. La face postérieure, non articulaire, comporte une gouttière oblique en bas et en dedans livrant passage au long fléchisseur propre du gros orteil. Il existe de manière inconstante sur cette face une petite articulation en rapport avec l’os trigone que l’on peut retrouver chez certains mammifères. La face antérieure est formée d’une saillie convexe qui s’articule avec le scaphoïde. Les angles formés entre le tibia et l’axe des métatarses, le tibia et le calcanéum, le calcanéum et les métatarses et ayant pour sommet le centre de l’astragale sont d’environ 120° chacun. L’angle définit par Djian-Annonier correspondant à l’arche interne est formé par la droite reliant le point le plus bas de l’articulation astragalo-scaphoïdienne au pôle inférieur du sésamoïde interne et par la droite issue du même point et joignant le point le plus bas du calcanéum. Cet angle doit être, comme le précédent de 120°. + Calcanéum Le calcanéum, qui signifie talon en grec est le plus volumineux des os du tarse. Il présente six faces. La face supérieure s'articule en avant avec l'astragale grâce à deux surfaces articulaires séparées par un sillon oblique en avant et en dehors. Au bord interne de la surface articulaire, le calcanéum donne insertion au muscle pédieux. La partie postérieure de cette face est irrégulière, elle donne insertion au plantaire grêle. La face inférieure est étroite et convexe. Elle présente trois tubérosités formant un triangle à base postérieure. Ce sont les tubérosités postéro-externe, postérointerne et antérieure). Cette face donne insertion aux muscles court fléchisseur plantaire, abducteur du V et aux insertions accessoires du fléchisseur commun. La face externe est plane, elle présente dans sa partie antérieure le tubercule des péroniers latéraux qui sépare les deux péroniers. La face interne est creusée d'une large gouttière (gouttière calcanéenne) dont la partie supérieure est limitée par la saillie du sustentaculum tali (tubérosité dont la partie supérieure s'articule avec l'astragale dont le centre est creusé d'une gouttière destinée au tendon du fléchisseur propre). La face postérieure donne insertion au tendon d'Achille. La face antérieure s'articule avec le cuboïde. + Scaphoïde Le scaphoïde (en forme de barque) est situé sur le côté interne du pied. Il présente deux faces et deux bords. La face antérieure est articulaire. Elle est divisée en trois surfaces articulaires en rapport avec les cunéiformes, par deux crêtes. La face postérieure s'articule avec la tête de l'astragale. L'extrémité interne présente un tubercule qui donne insertion au jambier postérieur. L'extrémité externe s'articule avec le cuboïde. + Cuboïde Le cuboïde présente quatre faces et un bord. La face plantaire est creusée d'une gouttière pour le tendon du long péronier latéral, elle donne insertion à l'opposant du V, au jambier postérieur et à l'abducteur oblique du I. La face antérieure s'articule avec les quatrième et cinquième métatarsiens, la face postérieure avec le calcanéum. La face interne s'articule avec le troisième cunéiforme et le scaphoïde. + Le premier cunéiforme s'articule en arrière avec le scaphoïde, sur sa face externe avec le deuxième cunéiforme et par sa face antérieure avec le premier métatarsien. Il donne insertion au jambier antérieur sur sa face interne et au jambier postérieur sur sa face inférieure. + Le deuxième cunéiforme s'articule avec le premier sur sa face interne, le scaphoïde sur sa face postérieure, le troisième cunéiforme sur sa face externe, et le deuxième métatarse en avant. + Troisième cunéiforme Cet os s'articule en arrière avec le scaphoïde, sur ses faces latérales avec le cuboïde (externe) et le deuxième cunéiforme (interne), et en avant avec le troisième métatarsien. 5. 1. 2 ARTICULATIONS Les articulations du tarse comprennent: - L’articulation tibio-tarsienne - La sous-astragalienne entre l'astragale et le calcanéum - L'articulation médiotarsienne, dite de Chopart - L'articulation tarso-métatarsienne, dite de Lisfranc. - Les articulations unissant sur une même rangée les os du tarse. L'amplitude des mouvements réalisés au niveau de ces différentes articulations est toujours très faible. + Articulation de la cheville L’articulation de la cheville joue un rôle fondamental dans la bipédie. Elle doit allier résistance d’une part et équilibre d’autre part. Cette double fonction est assurée par les ligaments et la capsule qui sont chargés de haubaner cette structure et de fournir en temps réel des informations aux centres supérieurs de l’équilibre. L’articulation de la cheville constitue une pièce maîtresse dans le développement de la bipédie. = Surfaces articulaires et mobilité Les deux os de la jambe, fibula et tibia, forment une mortaise dans laquelle glisse le corps de l’astragale. L’articulation péronéo-tibio-astragalienne (ou fibulo-tibio-astragalienne) présente trois surfaces articulaires. Une surface externe faisant rentrer en contact la joue externe de l’astragale et la facette articulaire de la fibula, une surface supérieure entre la partie horizontale du tibia et le dôme astragalien en forme de poulie, une surface interne formée de la facette articulaire malléolaire interne et de la face articulaire interne de l’astragale. La malléole externe descend toujours plus bas que la malléole interne. Cette disposition particulière favorise les entorses externes de cheville. = Ligaments externe et interne de la cheville L’articulation de la cheville est maintenue en place par la capsule articulaire et les ligaments latéraux externe et interne. . Ligament latéral interne Le ligament latéral interne est un ligament formé de deux couches superposées, tendues en éventail entre la malléole interne, l’astragale et le scaphoïde pour le faisceau superficiel (ligament deltoïdien), sous la facette articulaire interne de l’astragale pour le faisceau profond. Il s’agit d’un ligament très résistant à la traction. . Ligament latéral externe Ce ligament est formé de trois faisceaux. Le faisceau antérieur, ou péronéo-astragalien antérieur, s’insère sur le bord antérieur de la malléole externe et sur l’astragale en avant des facettes péronières. Le faisceau moyen unit la malléole externe à la face externe du calcanéum. Le faisceau postérieur est tendu horizontalement de la malléole externe à la face postérieure de l’astragale. C’est le plus résistant des trois faisceaux. La résistance globale de cette structure est excessivement faible en comparaison des qualités mécaniques du ligament latéral interne. = Mécanisme de l’articulation L’articulation de la cheville ne peut réaliser que des mouvements de flexion/extension autour d’un axe très légèrement oblique suivant celui de la poulie astragalienne. Le mouvement de flexion rapproche le dos du pied de la face antérieure de la jambe (mouvement correspondant à la flexion dorsale du poignet). Le mouvement est limité par les ligaments latéraux et, lors de la flexion forcée (mauvaise réception en gymnastique), par le contact du bord antérieur du tibia avec le col de l’astragale. L’extension (ou flexion plantaire) est limitée par les faisceaux antérieurs des ligaments latéraux. Dans l’extension forcée, le bord postérieur du tibia peut toucher le tubercule externe de la face postérieure de l’astragale. La différence de largeur de la poulie astragalienne (plus large en avant) provoque, lors du mouvement de flexion un écartement du tibia et du péroné. Les mouvements de latéralité ne sont physiologiques que de quelques degrés, ils reflètent la laxité des ligaments latéraux. + Sous-astragalienne Elle est maintenue par trois ligaments astragalo-calcanéens (externe, postérieur et interosseux) et une capsule. + Articulation de Chopart Elle est composée de deux articulations juxtaposées (calcanéo-cuboïdienne et astragaloscaphoïdienne). Ces deux articulations sont solidement maintenues par de très nombreux ligaments: = Calcanéo-cuboidienne : Trois ligaments participent à unir ces deux os. Le ligament calcanéo-cuboïdien inférieur (très résistant), et les ligaments calcanéo-cuboïdiens supérieur et interne. = Astragalo-scaphoïdienne : Cette articulation comprend une capsule renforcée par quatre ligaments (calcanéo-scaphoïdiens inférieur et externe, astragalo-scaphoïdiens interosseux et externe). + Articulation de Lisfranc Cette articulation, formée par la deuxième rangée du carpe (cuboïde et cunéiformes) et les métatarsiens constitue une double voûte concave appelée respectivement arcade tarsienne et arcade métatarsienne. Les ligaments stabilisant ces articulations sont dorsaux (sept), plantaires (six) et interosseux (trois). 5. 2 PHYSIOLOGIE + Evolution La physiologie du tarse s'est considérablement modifiée avec l'évolution. Sa partie postérieure s'est adaptée pour répondre à des forces verticales générées par le poids de la région postérieure de l'animal. La saillie du calcanéum existe dès le début du mésozoïque chez de très nombreuses espèces de quadrupèdes et de bipèdes. Deux os seulement (le calcanéum et l'astragale) assurent la transmission des forces verticales du membre inférieur au sol. Ce renforcement osseux s'est accompagné d'une perte de mobilité de l'arrière pied, uniquement assurée par l'articulation sousastragalienne. L'allongement postérieur du calcanéum joue deux fonction essentielles: D'une part, il assure une plus grande répartition des forces sur le sol. D'autre part, il recule l'insertion du tendon d'Achille de l'axe de la jambe, augmentant de ce fait le moment des forces motrices destinées à mobiliser le pied. La constitution du triangle formé par les trois tubercules de la face inférieure du calcanéum, semble une acquisition récente en rapport avec la marche bipède permanente. Cette structure donne au calcanéum une grande stabilité lors de l'appui au sol. La région antérieure assure la partie mobile du tarse (articulations de Lisfranc et de Chopard), elle rappelle beaucoup la physiologie du carpe. Une relation très étroite existe d'ailleurs entre ces deux groupes articulaires. Cette nouvelle disposition a également énormément modifié la physiologie musculaire. Le développement hypertrophique de l'apophyse calcanéenne postérieure s'est accompagné d'une interruption de plusieurs muscles. Le plantaire grêle et les muscles s'insérant sur le tendon d'Achille ne franchissent plus, comme c'est encore le cas au niveau du carpe, l'articulation du tarse. Le petit palmaire a fait place à deux muscles, le plantaire grêle et l'aponévrose plantaire, le fléchisseur commun superficiel au soléaire et au court fléchisseur plantaire. Il est intéressant de noter pour ce dernier muscle que ses insertions au niveau des phalanges reproduisent exactement celles décrites au niveau palmaire. Comme dans la main, les extrémités tendineuses du long fléchisseur commun "perforent" les tendons du fléchisseur commun superficiel (dans le cas du pied, court fléchisseur plantaire). La seule différence notable consiste dans l'interruption de ce dernier, d'ailleurs très courte (il existe moins de deux centimètres entre les fibres les plus antérieures du tendon d'Achille et le tendon calcanéen du court fléchisseur plantaire). + Mobilité La mobilité des articulations intermétatarsienne et tarso-métatarsienne est très variable suivant les espèces de primates. Développée chez les singes arboricoles, cette fonction s'efface progressivement dans la lignée des australopithèques au fur et à mesure des contraintes imposées par une meilleure stabilité verticale. = Articulation de Chopart La mobilité de cette articulation est indissociable de celle de la sous-astragalienne. Il s'agit de mouvements de torsion. La torsion du pied en dedans associe: - une faible extension du pied - une adduction - une rotation interne responsable d'une élévation de la voûte plantaire. = Articulation de Lisfranc Seuls les premier, quatrième et cinquième métatarsiens présentent une mobilité. Ils peuvent réaliser des mouvements de flexion/extension et de latéralité. Les deuxième et troisième métatarsiens sont pratiquement fixes, ils constituent la clé de voûte de l'arcade. 5. 3 TROUBLE DE LA STATIQUE Les troubles de la statique de "l'arrière pied" se résument en une bascule interne du calcanéum, appelée calcaneus valgus. + Calcaneus valgus Cette particularité de l'axe calcanéen est d'une très grande fréquence chez l'enfant. Elle peut être mise en évidence chez de jeunes sportifs (plus souvent des filles de 7 à 12 ans) qui consultent pour instabilité du pied (pseudo-entorses à répétition), des pieds plats ou simplement dans le cadre de leur visite d'aptitude. = Etiologie Il s’agit d’une particularité anatomique sans étiologie particulière. = Diagnostic . Examen clinique Le calcaneus valgus peut être asymptomatique mais aussi responsable: - D'une instabilité postérieure du tarse (tendinite d'Achille, ténosynovite des péroniers latéraux ou du jambier postérieur). - D'une surcharge du premier rayon (risque d'halux valgus et d'ongle incarné du I). - D'un travail anormal du médiotarse pouvant aboutir très rapidement à une hypertrophie scaphoïdienne. . Examen radiologique = Traitement Il dépend de la gêne fonctionnelle, du sport pratiqué et de la tonicité du pied. En cas de découverte systématique d'une déviation asymptomatique l'abstention sera de règle. . En présence d'un pied plat statique, on pourra proposer une semelle "monobloc" orthopédique de soutien. . Si la tonicité plantaire est jugée bonne, un coin supinateur postérieur sera placé sous forme de talonnette. . Enfin, si l'appui monopodal est possible (cas assez rare), on réalisera une cale postérieure interne associée à une cale du premier rayon. Dans le domaine spécifique du patinage sur glace une contention semi-rigide interne de stabilisation du calcanéum peut être posée avant chaque entraînement. Ces différentes compensations seront toutes associées à une rééducation proprioceptive des deux membres inférieurs. 5. 4 TRAUMATOLOGIE 5. 4 .1 FRACTURES + Fractures macrotraumatiques du calcanéum = Etiologie Les fractures du calcanéum sont secondaires à un phénomène de compression dans le sens vertical. En pratique sportive elles sont la conséquence de chutes d'une hauteur importante ou sur un sol dur. Exceptionnelle dans la majorité des activités sportives, la fracture du calcanéum se rencontre avec une fréquence plus importante en parachutisme, trampoline, escalade, handball...). Le mécanisme de cette fracture comprend trois temps: - Un cisaillement qui tend à détacher un fragment antérieur (sustentaculum tali). - Un tassement de la corticale au niveau de l'application des forces (fracture tassement de la région postéro-externe). - Un écrasement inférieur du fait de la réponse astragalienne (fracture de la voûte plantaire). = Diagnostic - Examen clinique Après la chute, l'impotence du sportif est totale. Il est rare dans ce type de fracture d'entendre un bruit de craquement (enfoncement osseux). A l'examen la totalité de l'arrière pied est tuméfiée et hématique. Les gaines rétro-malléolaires sont comblées par de l’œdème (aspect de pied d'éléphant). Le talon peut être dévié en valgus. La douleur, d'intensité variable concerne la totalité du talon et de la cheville, elle irradie vers la face postérieure de la jambe et le bord interne du pied. Devant ce tableau clinique, on s'abstiendra de toute mobilisation du pied ou de la cheville. - Examen radiologique Le talon sera radiographié de profil (ce cliché permet la mesure de l'angle de Boehler formé par les lignes unissant le thalamus et les sommets antérieur et postérieur du calcanéum, sa normale est d'environ 35°), de 3/4 externe et interne, et en rétrotibial vertical. Ces clichés pourront être complétés par une étude tomodensitométrique de la région dont l'excellente définition permet de localiser et de suivre l'évolution fracturaire. Ce dernier examen permet également de vérifier l'absence de lésion de l'astragale. Les fractures sont classées en fonction de la diminution de l'angle de Boehler en 3 ou 4°, suivant l'auteur. = Traitement Le traitement s'attachera toujours à rechercher la meilleure réduction possible. Il dépend du type fracturaire, du poids du sujet et de son âge. Trois types de thérapies peuvent être utilisées (fonctionnelle, orthopédique et chirurgicale). - Traitement fonctionnel : Ce traitement est utilisé pour les fractures simples et peu déplacées, il est également indiqué chez l'enfant. Il comprend une décharge stricte du membre blessé et la pratique d'une kinésithérapie à visée anti- inflammatoire et d'entretien (massages, contractions isométriques, mobilité articulaire du pied. L'appui est autorisé entre 45 et 60 jours en fonction du bilan radiologique. Cette phase s'accompagne d'un réapprentissage de la marche et d'une remise en fonction progressive de l’articulation astragalocalcanéenne. La reprise de l'activité ne sera autorisée qu'après la fin de la rééducation de l'arrière pied. La natation et la pratique de la bicyclette peuvent aider à la rééducation. - Traitement orthopédique : Il consiste en une immobilisation plâtrée après réduction orthopédique. Sa principale indication concerne le sportif amateur ou de niveau moyen, présentant un léger surpoids. Le plâtre de Graffin (botte comprenant un orifice sous calcanéen et une talonnette placée sous l'articulation de Chopart) présente deux avantages: d'une part un appui précoce sur l'avant pied, d'autre part un effet de creusement de la voûte plantaire qui tend à réduire le pied plat traumatique. - Traitement chirurgical : Il ne s'agit jamais d'un traitement réalisé en urgences (deux à trois jours après l'accident pour permettre une réduction de l’œdème). Les indications de ce traitement concernent les entorses graves et les athlètes de haut niveau (reprise plus rapide de l'activité). Il consiste le plus souvent en une ostéosynthèse par vis. La station debout sans appui est autorisée au 10 ème jour, la marche est reprise progressivement entre 45 et 70 jours. Une rééducation kinésithérapique est entreprise parallèlement pendant toute cette période. Dans les trois types de traitement il est fréquent de constater des douleurs résiduelles, un enraidissement matinal et une appréhension des exercices nécessitant des réceptions. Pour lutter contre ces trois phénomènes la rééducation proprioceptive doit être prolongée plusieurs mois. On proposera au sportif lors de la reprise le port d'une semelle destinée à amortir les chocs. + Fracture de fatigue du calcanéum = Etiologie La fracture de fatigue du calcanéum concerne essentiellement les sportifs de plus de trente ans. Elle se rencontre dans les deux sexes après une marche prolongée, des entraînements sur un sol dur (Tartan) ou comprenant de nombreuses réceptions pieds nus (karaté, gymnastique). = Diagnostic - Examen clinique La fracture de fatigue du calcanéum se caractérise par une douleur globale de l'arrière pied, augmentée lors de la marche ou de la station debout et pouvant évoquer la douleur de la talonnade ou de la tendinite d'Achille d'insertion. A l'examen l'arrière pied est normal, il n'existe ni hématome ni œdème. La pression du doigt au niveau des faces latérales du talon ou de la région postérieure retrouve un point douloureux exquis. Il n'existe aucun antécédent de traumatisme. - Examens complémentaires Les radiographies de profil et en défilé rétrotibial sont strictement normales. La scintigraphie osseuse met en évidence une zone de fixation osseuse au niveau de l'arrière pied sans qu'il soit souvent possible de déterminer avec précision la localisation calcanéenne de la lésion. = Traitement La part la plus importante du traitement est la mise en décharge du membre. Elle sera accompagnée d'un traitement kinésithérapique par ionisation de calcitonine et par une cryothérapie plurijournalière. Lors de la reprise on conseillera au sportif l'utilisation de semelles en Podiane ou Sorbothane. + Fracture du scaphoïde tarsien = Etiologie Le scaphoïde tarsien est un os particulièrement sensible à la surcharge mécanique. La fracture de fatigue résulte toujours d'une surcharge d'entraînement sur plusieurs semaines ou d'un effort prolongé inhabituel (la marche en montagne est l'origine la plus classique de cette fracture). Elle se rencontre dans les deux sexes avec une prédilection pour les sujets présentant un trouble de la statique de l'arrière pied (calcaneus valgum) ou un affaissement des voûtes plantaires. = Diagnostic . Examen clinique La fracture de fatigue est évoquée par l'apparition d'une douleur spontanée lors de l'appui, au niveau du bord interne du pied, en regard de cet os. Très vite elle empêche le bon déroulé du pied et nécessite l'arrêt de l'activité. A l'examen, il existe une tuméfaction légèrement colorée, peu œdèmatiée mais très sensible à la pression du doigt. La mobilisation des articulations de Chopart et de Lisfranc est douloureuse. . Examen radiographique Le diagnostic radiologique de cette lésion est parfois difficile. Dans plus de la moitié des cas le scaphoïde apparaît strictement normal. Plus rarement il est possible de suspecter un trait de fracture, une apposition périostée ou un aspect inhomogène de la structure osseuse. Le plus souvent seule la scintigraphie permet de caractériser la lésion. = Traitement Le traitement comprend une décharge du membre avec cryothérapie. Une attelle en résine peut être proposée si la lésion est récente (la douleur étant modérée au début, la consultation est fréquemment tardive). La kinésithérapie, entreprise dès le début consistera à ioniser des substances anti-inflammatoires non stéroïdiennes et/ou de la calcitonine. 5. 4. 2 TALALGIE La talalgie est un syndrome douloureux localisé sous le talon. Elle peut avoir deux origines: + Talalgie microtraumatique = Etiologie L'utilisation de chaussures à crampons sur des sols durs, de jogging présentant une protection talonnière insuffisante, les entraînements répétés sur sol dur (tennis, course sur route...), les réceptions de sauts (haies...) sont les principales origines de la talalgie microtraumatique. Ces douleurs sont en relation avec un écrasement des tissus mous entre le sol et le calcanéum. = Diagnostic . Examen clinique Elle se manifeste par l'apparition d'une douleur sous calcanéenne qui augmente avec la pratique sportive et provoque l'arrêt de l'activité. . Examen radiologique La radiographie est strictement normale, notamment chez l'enfant le noyau calcanéen postérieur, ce qui la différencie de la maladie de Sever. Elle se distingue sur le plan clinique de la tendinite d'insertion de l'adducteur du I par sa localisation anatomique (plus antérieure). = Traitement Il s'agit le plus souvent de sportifs présentant sinon de véritables pieds creux, du moins une déformation dans ce sens. Le traitement consistera à appliquer de la glace, à interrompre l'activité en cause, à corriger le défaut plantaire (semelles orthopédiques), à prescrire une protection talonnière en Podiane. Si la douleur persiste malgré tout on pourra être amené à pratiquer une scintigraphie osseuse à la recherche d'une fracture de fatigue (localisation exceptionnelle) et à prescrire une kinésithérapie à visée antalgique (ionisations). Ne jamais pratiquer d'infiltration. + Talalgie macrotraumatique = Etiologie Elle se rencontre à la suite d'une mauvaise réception (gymnastique, judo, volley, voltige, saut...), le sportif faisant porter le poids de son corps sur les talons. = Diagnostic . Examen clinique La douleur, très vive sur le moment s'estompe assez rapidement pour réapparaître le lendemain. . Examen radiographique La radiographie standard est strictement normale. Elle permet d'éliminer une fracture du calcanéum. = Traitement - Glacer le talon (trois fois par jour). - Ne pas hésiter à placer le membre en décharge quelques jours. - Prescrire des semelles en Podiane. 5. 4. 3 ENTORSES + Entorses de la cheville L’entorse externe de la cheville est l’une des pathologies les plus fréquentes de l’Homo sapiens. Véritable signature de la bipédie, cette pathologie répond à elle seule de l’ensemble des modifications proprioceptives, mécaniques (musculaires et osseuses) et physiologiques (équilibre) qui ont touché notre membre inférieur au cours de l’évolution, mais surtout lors de ces cinq derniers millions d’années. = Physiologie Les ligaments de la cheville jouent des rôles physiologiques différents suivant leur localisation anatomique : De limitation des amplitudes articulaires extrêmes (ligament latéral interne de la cheville). Proprioceptive, dont l’exemple le plus caricatural est celui du ligament latéral externe de la cheville partagé entre un rôle mécanique mineur et sa fonction neurologique équilibratrice. L’entorse externe (et seulement cette dernière) reflète parfaitement le décalage qui existe entre la mise en place de la bipédie et les moyens mis en œuvre pour assurer cette situation instable. Les deux os de la jambe, le péroné (fibula) et le tibia, reposent sur un socle osseux l’astragale. Pour stabiliser latéralement cette articulation, dont la fonction est de permettre des mouvements de flexion et d’extension, nous disposons de ligaments latéraux externe et interne. L’articulation tibio-tarsienne est le résultat d’un bricolage évolutif qui a vu notre espèce passer d’un statut arboricole à une démarche semi-érigée, puis bipède permanente. Péroné EXT Tibia INT Astragale Le rôle dévolu à cette articulation complexe s’est donc transformé en prenant une dimension inconnue chez les quadrupèdes, ou du moins faiblement développée, qui est celle de l’équilibre instantané par induction proprioceptive permanente. La station debout nécessite en effet des informations constantes et rapides (en temps réel) de la position du pied par rapport à la jambe (flexion, extension, varus, valgus). La forme particulière de notre pied à “ cinquième rayon court ”, est issue d’une période bien antérieure aux premiers primates (les amphibiens présentent déjà cette particularité). Cette disposition anatomique donne aux animaux bipèdes une instabilité externe importante. En effet si l’application de la force résultante de notre poids se trouve excentrée au-delà de l’axe formé par le cinquième rayon, deux cas peuvent être observés : soit le corps bascule et participe dans son entier au rééquilibrage, soit ce dernier reste inerte et la cheville se trouve étirée en varus. Schématiquement d’un point de vue purement évolutif deux solutions pouvaient être envisagées, soit mettre en place un ligament externe capable de résister à des étirements de plusieurs centaines de kilo, soit placer à cet endroit un système proprioceptif d’une grande précision susceptible d’éviter la bascule externe par une maîtrise globale de l’équilibre. Le ligament latéral externe Le hasard de l’évolution a mis en place ce deuxième mécanisme. Suivant cette conception, les rôles des ligaments externe et interne sont donc éminemment différents; le ligament interne, résistant (plus de cent kilo avant la rupture) joue un rôle mécanique essentiel comme un hauban pour tenir un mât, le ligament externe, arachnéen, et beaucoup moins résistant, celui d’un organe neuro-sensoriel de haute précision, mais d’une grande fragilité (moins de 20 kilo). Tibia Ligament latéral interne Cette dualité explique pourquoi une entorse externe ne peut être comparée sur le plan anatomique et physiologique à une entorse interne tant sur le plan du diagnostic que sur celui du traitement. = Etiologie L’entorse externe de la cheville est la plus fréquente de toutes celles rencontrées sur les terrains de handball. Elle répond soit à une mauvaise réception, soit à une chute sur le pied d’un défenseur. Quand la cheville est préalablement instable, du fait d’une absence de prise en charge des accidents précédents, un simple décalage (une/deux) est suffisant pour provoquer le mécanisme de torsion. = Diagnostic Depuis le milieu du 19 ème siècle, le diagnostic et le traitement de l’entorse externe de cheville ne soulevaient pas d’enthousiasme particulier. La codification établie n’évoluait qu’au rythme des découvertes médicales comme la radiographie, l’apparition de la bande plâtrée, la découverte de matériels de synthèse... sans que soit jamais remise en cause l’étiologie ou les bases du traitement. Le discours classique, biaisé par la définition même du mot entorse (entorse/luxation), l’extension à l’ensemble des articulations de l’organisme, l’analyse différente des lésions anatomiques constatées devaient confiner l’entorse dans un carcan “lésion anatomique/gravité ” dont elle a bien du mal encore à s’extraire aujourd’hui ; carcan consistant à définir cliniquement la gravité de l’entorse (bénigne, moyenne, grave) et à y associer systématiquement un traitement spécifique (contention, plâtre, chirurgie). . Examen clinique Après interrogatoire sur les mécanismes de la torsion, on pratiquera un examen clinique “ a minima ”, non douloureux, non traumatisant. On se contentera de noter l’importance et la localisation de l’œdème et de l’hématome ainsi que les points sensibles sur les trois faisceaux ligamentaires. . L’entorse externe de la cheville apparaît donc sur le plan anatomique comme une lésion capsulaire et ligamentaire, avec ou sans rupture de l’un ou de plusieurs faisceaux ligamentaires, (œdème, hématome…) et sur le plan sensoriel comme une sidération nerveuse des récepteurs et/ou une perte de la continuité neuro-sensorielle de l’appareil stabilisateur du “ membre inférieur ” (et non pas seulement de la cheville ou du pied L’entorse interne, au contraire, répond à une véritable atteinte mécanique des haubans ligamentaires. . Examen radiologique Au grand maximum pratiquer des clichés de face de profil et de ¾ interne si l’on a un doute sur un éventuel arrachement osseux. Abandon définitif du varus forcé. Outre qu’il s’agit d’une manipulation barbare, cette technique ne présente non seulement aucun intérêt pronostique, mais risque d’aggraver le traumatisme initial. Réalisé dans des conditions optimales rarement maîtrisées cet examen juge l’importance du diastasis, autrement dit de l’atteinte anatomique de la structure ligamentaire externe. Cette évaluation purement anatomo-pathologique n’envisage ni l’atteinte fonctionnelle immédiate (la laxité est sans rapport avec la stabilité), ni le pronostic futur. D’autre part, la force qu’il convient d’appliquer sur cette articulation traumatisée est telle que le risque de complication secondaire (extension des lésions) apparaît comme majeur. L’abandon pur et simple de cette technique est à conseiller aussi bien à l’interne néophyte qu’au chirurgien orthopédiste chevronné. Pour l’entorse externe on prescrira un ¾ externe. A abandonner : - La classification de gravité (bénigne, moyenne, grave) - Les manœuvres intempestives et douloureuses. - Le varus forcé = Traitement La confusion concernant le rôle physiologique du LLE est à l’origine des ambiguïtés thérapeutiques puisque aujourd’hui au sein des urgences hospitalières, le traitement proposé est identique que l’entorse soit externe ou interne. Cette simplification abusive explique les échecs répétés des thérapeutiques ne prenant en compte que la lésion anatomique sans intégrer l’atteinte sensorielle. Au retour du service de radiologie, l’entorse est alors classée suivant les signes cliniques et radiologiques en bénigne, moyenne ou grave. A chacune de ces trois catégories répond un traitement uniquement basé sur l’appréciation de la gravité “mécanique ” de l’entorse, le strapping (en français contention), l’immobilisation plâtrée et la chirurgie. La contention correspond de fait, quand elle n’est pas associée à une décharge du membre lésé, à une mobilisation extraphysiologique. Sous ce terme sont regroupées toutes les positions vicieuses prises par le sujet pour continuer à marcher après la pose d’une contention élastique ou d’une attelle gonflable par le praticien. Il convient de noter à ce sujet que l’absence d’apprentissage médical et paramédical de la pose de ces contentions aboutit à la réalisation de bandages momificatoires que n’auraient pas renié les embaumeurs royaux de la 21 ème dynastie. Cette mobilisation anachronique de la cheville et des articulations du pied aboutit très rapidement à la mise en place d’un mode de locomotion digitigrade, à l’éversion du pied en valgus ou encore à l’utilisation du talon comme point d’appuis pour protéger la zone douloureuse. Ce type de mobilisation amène invariablement l’apparition de douleurs musculaires et/ou tendineuses du membre lésé ou même du membre controlatéral, et à plus long terme à une cicatrisation capsulaire, mais surtout neurosensorielle de très mauvaise qualité. Il est impossible de reconstituer un schéma proprioceptif efficace si les stimulations mises en œuvre lors de la cicatrisation ne sont pas physiologiques. Cette mobilisation ne peut se concevoir uniquement qu’en cas d’absence total de douleur, c’est-à-dire lors des entorses avec destruction étendue du tissu neurologique ou au contraire dans le cadre des lésions bénignes, autrement dit quand le sujet peut dérouler normalement son pied du fait de l’absence de douleur. De manière opposée l’articulation peut être entièrement bloquée dans un plâtre ou une résine. Cette fois l’absence complète de mobilisation tend à freiner la réparation du tissu proprioceptif, et peut même dans certains cas occasionner une perte pratiquement totale de cette fonction. Au moment de l’ablation de l’orthèse la rééducation devra, non seulement redonner à l’articulation ses qualités proprioceptives, mais aussi retrouver la liberté articulaire de la cheville. Dans tous les cas l’enraidissement retarde la guérison et diminue les chances de récupération ad integrum. La réfection chirurgicale constitue le troisième volet du traitement classique. Elle est, en principe, réservée aux entorses graves. L’étude approfondie de la littérature spécialisée montre que les résultats sont médiocres, et même souvent extrêmement mauvais. Pourtant ce traitement est toujours proposé, car l’on attribue la médiocrité de la réparation, non pas à la technique elle-même, mais au fait qu’il s’agit d’entorses graves. Les mauvais résultats sur la stabilité future de l’articulation de la cheville observés en chirurgie orthopédique répondent à une double méprise. D’une part, la confusion entre laxité et stabilité, d’autre part l’absence de prise en compte de la cicatrisation neurologique. Quel que soit le type d’intervention, la qualité du geste chirurgical est appréciée avant le réveil du patient par un varus forcé qui montre une disparition du diastasis, l’articulation est donc “non laxe ”. Mais le véritable problème se situe dans l’ouverture de la peau, l’incision de la capsule, la réfection avec du matériel, synthétique ou non, du LLE. Autrement dit, seule la mécanique du LLE est rétablie, tandis que sa fonction équilibratrice se trouve aggravée par l’incision des récepteurs cutanés et capsulaires. Le ligament reconstruit est une structure morte sans espoir de retrouver un quelconque rôle proprioceptif. Même rééduquée pendant des mois la cheville sera peu laxe mais restera instable. La constatation de ces échecs, doit normalement amener le praticien à se poser des questions sur les techniques thérapeutiques les moins traumatisantes et surtout les plus aptes à redonner au ligament latéral externe ses qualités fonctionnelles. La logique, compte tenu de ce qui précède veut donc que l’on évite à tout prix les mobilisations passives (varus forcé) ou actives (marche avec une contention), les immobilisations et les destructions des fibres nerveuses efférentes du LLE. Ces contraintes amènent naturellement à abandonner le diagnostic de gravité (c’est-à-dire à proposer un traitement univoque de l’entorse externe de cheville quelle qu’en soit sa gravité) ainsi que les techniques classiques sus décrites. Un schéma thérapeutique simple répond à ces exigences : cryothérapie immédiate sur le terrain et aux urgences, une prescription d’AINS destinés à limiter les phénomènes inflammatoires réactionnels, la mise en décharge du membre lésé pour éviter toute mobilisation anormale, enfin la mise en route immédiate d’une kinésithérapie anti-inflammatoire (ionisation d’AINS) et de la rééducation proprioceptive. La rééducation précoce permet d’éviter l’enraidissement des articulations sus et sousjacentes, mais surtout d’induire dès les premiers jours des stimulations de “réveil proprioceptif ”. Malheureusement inconnues des urgentistes et des kinésithérapeutes non formés à ces techniques, elles ne sont jamais prescrites en dehors des services spécialisés en médecine du sport. Cette technique qui repose sur la conception d’une atteinte plus neurologique qu’anatomique permet de lutter avec une efficacité remarquable contre les phénomènes d’instabilité sans que soit prise en compte la laxité de l’articulation. Le traitement fonctionnel n’est pas, sur le plan des thérapeutiques proposées, une nouveauté. Il était pratiqué de manière empirique par les rebouteux et/ou les sujets eux-mêmes dès que la marche journalière est une nécessité absolue (paysan, militaire...). En effet, la marche dans les terrains instables comme les labours ou le sable est d’une grande efficacité, dès l’instant où la douleur se trouve inhibée par une application locale antalgique et/ou antiinflammatoire, un bandage ou des chaussures très serrées permettant un déroulement normal du pied. A l’époque, la fréquence des instabilités de la cheville n’apparaît pas comme un handicap d’une très grande fréquence. Les médecins militaires de la grande armée, comme ceux de 14/18, n’épiloguent pas sur une pathologie qui se guérira d’elle-même en continuant la marche. Depuis la moitié de ce siècle le traitement fonctionnel a ses adeptes, ses techniques et ses indications. Malheureusement enfermé dans le schéma rigide des prescriptions classiques, le traitement fonctionnel n’est le plus souvent mis en place qu’après un varus forcé, une immobilisation plâtrée ou une période de boiterie plus ou moins prolongée, faisant de l’entorse externe de cheville une véritable maladie nosocomiale. A abandonner : Le pansement alcoolisé ou le bandage momificatoire pour les entorses bénignes Le plâtre ou la résine pour les entorses moyennes (moyenne ne signifiant rien d’autre que l’incapacité du praticien à définir l’état de gravité de la lésion). La chirurgie réparatrice, à l’origine du délabrement définitif du système proprioceptif. A prescrire : Cryothérapie immédiate AINS per os et locaux Décharge du membre avec cannes anglaises. Rééducation par physiothérapie et proprioceptive dès le lendemain. . Les excellents résultats du traitement proprioceptif appliqué à ces lésions montrent d’une part la capacité d’adaptation de cet organe aux stimuli proprioceptifs, mais aussi le caractère non inné de la proprioception.. Dans le cadre de l’entorse interne on pourra être amené à proposer une demi attelle en résine pour favoriser la cicatrisation du LLI. La marche sera reprise dès que le sportif pourra se déplacer sans boiter de façon à redonner au système proprioceptif des repères de bonne qualité. + Entorses sous astragaliennes = Etiologie L'entorse de l'articulation sous astragalienne répond à un traumatisme violent par torsion du pied lors d'une réception (pied équin avec inversion). Elle est fréquemment associée à une entorse interne du pied avec laquelle elle ne devra donc pas être confondue (athlétisme, parachutisme, gymnastique, football, basket...). = Diagnostic . Examen clinique L'impotence fonctionnelle est absolue empêchant le sportif de poser le pied au sol ou simplement de le mobiliser. L’œdème est immédiat et important, un hématome interne sans atteinte malléolaire apparaît dans les 48 h suivant le traumatisme. . Examen radiographique Il faut pratiquer une radiographie de l'astragale, voire scanographie en cas de doute. Il ne sera jamais rechercher de bâillement astragalo-calcanéen par manœuvre forcée (risque majeur de compliquer et d'aggraver la lésion). L'IRM permet de visualiser l'existence de troubles cartilagineux, d'un œdème des tissus proches et une éventuelle fracture "intraosseuse". = Traitement Le traitement associe la décharge du membre lésé (on posera éventuellement une résine de "repos" pour éviter le ballottement douloureux du pied), la cryothérapie et les anti-inflammatoires. La kinésithérapie par physiothérapie sera débutée à un stade précoce. La reprise de l'activité sera progressive (réapprentissage de la marche), et toujours réalisée pendant la dernière phase de la rééducation (proprioceptive) avec utilisation systématique d'un strapping. + Entorse de Lisfranc L'articulation de Lisfranc (tarso-métatarsienne) peut être l'objet d'entorse dite "de l'avant pied". Bien que les cinq métatarsiens puissent être lésés, c'est le premier rayon qui est le plus souvent atteint. = Etiologie Ce type de pathologie se rencontre lors des réceptions en hyperflexion plantaire (gymnastique sportive, judo...) ou lors de choc direct (rugby, football, karaté...). = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement l'enfant se présente à "cloche pied" du fait de la douleur, présentant parfois cet accident comme une entorse de la cheville. A l'examen, il existe une douleur importante siégeant sur la partie supérieure de l'articulation, un œdème, voire un hématome dans le cas heureusement rare de rupture ligamentaire. . Examen radiologique On pratiquera des radiographies comparatives des deux pieds de face et de profil à la recherche d'un éventuel arrachement osseux. = Traitement Il s'agit du traitement classique des entorses (cryothérapie immédiate, décharge absolue du membre, kinésithérapie précoce par ionisation de chlorure de calcium ou d'AINS). Pour les activités de haut niveau se pratiquant pieds nus, une contention en résine thermoformable, moulée sur l'empreinte plantaire, peut être proposée pour diminuer le temps d'inactivité. La réduction orthopédique ne sera proposée qu'en cas de luxation. Dans ce cas une protection en résine sera gardée trois semaines (amovible pour permettre la rééducation précoce). La nécessité d'une intervention chirurgicale par brochage est heureusement très rare chez l'enfant sportif. + Entorse de Chopart = Etiologie L'articulation de Chopart (médiotarse) peut être l'objet d'entorses lors des traumatismes violents, le pied étant en hyperextension (shoot dans le sol), chute en arrière le pied étant bloqué (ski de fond), mauvaise réception (gymnastique). = Diagnostic . Examen clinique Peu fréquente chez l'adulte, mais exceptionnelle chez l'enfant, cette entorse se manifeste cliniquement par un œdème situé au niveau du cou de pied, une douleur à la pression des articulations astragalo-scaphoïdiennes ou calcanéo-cuboïdiennes. Un hématome peut apparaître dans les jours qui suivent. La mobilisation du pied est douloureuse et la marche normale impossible (flexion dorsale limitée par la douleur). . Examen radiologique L'examen radiologique pratiqué de face et de profil est normal. Il sera néanmoins réalisé pour rechercher une éventuelle fracture associée du cuboïde. = Traitement Il est identique à celui proposé pour les entorses de la cheville: . Glaçage immédiat . Décharge du membre et cryothérapie deux fois par jour . Kinésithérapie anti-inflammatoire précoce . Rééducation avec remise en charge progressive. La reprise de l'entraînement sera fonction du bon "déroulé du pied". La natation peut être reprise dès la deuxième semaine, la course entre la troisième et la quatrième semaine. Les activités nécessitant des sauts répétés (sports de ballon en salle) ou des shoots ne seront autorisés qu'après disparition totale des douleurs et normalisation de la flexion dorsale du pied. 5. 4 .4 PATHOLOGIE TENDINEUSE + Tendinite basse du jambier antérieur Au niveau du tarse le jambier antérieur s'insère sur le premier cunéiforme et le premier métatarsien. = Etiologie Les activités physiques responsables des atteintes du jambier antérieur, que ce soit au niveau de la jambe, dans sa gaine au cou de pied ou au niveau de son insertion basse sont toutes en rapport avec la dorsiflexion répétée du pied. La marche (athlétique randonnée...) est la principale cause des tendinites du jambier antérieur. Le risque de tendinite est augmenté par l'utilisation de chaussures avec un talon élevé ou gênant l'adduction/rotation interne imprimée au pied par ce muscle. Cette tendinite se rencontre également chez le rameur, le cycliste (mauvais réglage des cales) et le cavalier débutant, crispé sur ses étriers. Les pieds plats augmentent le risque d'apparition de la tendinite du jambier antérieur. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur siégeant à la base du premier rayon, en regard du premier cunéiforme. Cette douleur d’apparition progressive est augmentée à froid et par le frottement du bord supéro-interne de la chaussure. Elle est augmentée par les manœuvres de dorsiflexion, rotation interne et adduction contrariée du pied. Une tuméfaction peut être perceptible à la palpation par rapport au côté opposé. . Examen radiologique Il est généralement strictement normal. Le caractère très invalidant de cette tendinite limite ses possibilités de passage à la chronicité habituellement responsable des constructions osseuses intratendineuses. = Traitement Cette tendinite répond très bien aux ultrasons et à la cryothérapie. Naturellement le matériel, la chaussure en cause ou les appuis seront modifiés. + Maladie de Haglund La maladie de Haglund, ou bursite talonnière féminine est le résultat d'un conflit entre le calcanéum et la chaussure de sport. = Etiologie Cette pathologie inconnue chez le jeune enfant est plus fréquente chez l'adolescent que chez l'adolescente malgré son nom. Elle résulte d'un problème de varus sous astragalien qui provoque une inversion du calcanéum. Sa plus grande fréquence chez l'adolescent s'explique du fait d'une plus grande mobilité de l'articulation sous-astragalienne à cet âge que chez l'adulte. = Diagnostic . Examen clinique Elle se manifeste par une douleur rétrocalcanéenne et une zone tuméfiée et érythrosique en regard de la région de frottement. . Examen radiologique La radiographie standard à rayons mous (ou éventuellement l'IRM) de profil montre un épaississement des parties molles au niveau de la bourse séreuse rétrocalcanéenne, accompagnée ou non d'une tuméfaction osseuse siégeant le plus souvent sur la partie haute de la tubérosité postérieure. = Traitement Au début de la maladie, la simple modification des chaussures (tige postérieure moins rigide, pointure au dessus, protection postérieure) est souvent suffisante pour faire régresser la tuméfaction hypertrophiante. Cette modification sera associée à la pratique d'ionisations de calcitonine (dix séances, à raison de trois séances par semaine). A un stade plus avancé, la résection cunéiforme de la tubérosité calcanéenne supérieure peut être proposée. + Tendinite du fléchisseur du I Le long fléchisseur propre du I est le plus externe des muscles du plan profond du groupe musculaire postérieur de la jambe. Il s'étend de la face postérieure du péroné (3/4 inférieurs) et du ligament interosseux à l'extrémité postérieure de la deuxième phalange du pouce. Pendant son trajet il passe dans deux gouttières, la première située à la face postérieure de l'astragale et la seconde, lui faisant suite à la face interne du calcanéum. Ces deux gouttières sont fermées par une gaine fibreuse. = Etiologie Les tendinites ou ténosynovites du fléchisseur du gros orteil peuvent se rencontrer dans deux situations: . La danse classique à la suite d'exercices répétés sur les pointes (formellement contreindiquées avant l'âge de 10 ans); avant cette date on ne pratique normalement que des demi-pointes. . La marche ou la course chez le sportif utilisant des chaussures inadaptées (mobilisation du fléchisseur lors de la phase d'attaque du sol par le talon). La ténosynovite résulte d'un conflit entre le tendon et les tubercules postéro-interne et externe de l'astragale. = Diagnostic . Examen clinique Elle se manifeste par une douleur aiguë de la région postéro-interne de l'astragale. La palpation met souvent en évidence une crépitation, signe de l'atteinte de la gaine. La douleur peut être déclenchée par la flexion contrariée du pouce. L'examen comprendra systématiquement une étude des appuis plantaires sur le podoscope et de l'usure des chaussures utilisées pendant l'activité sportive. . Examen radiographique Il ne présente aucun intérêt pour cette pathologie. Seule une scintigraphie osseuse pourra être prescrite pour éliminer, en cas de doute, une fracture de fatigue astragalienne. = Traitement Le traitement est celui proposé dans tous les cas de tendinite. Il comprend de la cryothérapie plurijournalière, de la physiothérapie (ultrasons, ionisations), éventuellement des AINS per os. Le port momentané d'une semelle orthopédique peut être proposé pendant le traitement, et prolongé si l'origine de cette tendinite est secondaire à une atteinte statique ou dynamique du pied. 5. 4. 5 OSTEOCHONDROSES + Maladie de Kohler Mouchet = Etiologie Cette maladie décrite en 1908 est une ostéonécrose du noyau d'ossification du scaphoïde tarsien sous l'effet de traumatismes et/ou de microtraumatismes induits par le sport, associés ou non à des troubles statiques du pied. = Diagnostic . Examen clinique L'affection est évoquée chez un jeune garçon (3 à 9 ans) qui se plaint d'une douleur à la partie dorsale ou interne d'un pied (rarement les deux) majorée à la marche, ou qui présente une boiterie parfois associée à des troubles de la marche (claudication, marche en talus, voire à petits pas en cas d'atteinte bilatérale). L'examen clinique retrouve une douleur exquise à la pression du scaphoïde majorée lors de la pronation du pied. La recherche des troubles statiques du pied (valgus calcanéen, pieds plats ou creux) sera systématiquement effectuée. . Examen radiologique La confirmation du diagnostic est évoquée par la radiographie comparative des pieds de face et de profil qui montre les modifications caractéristiques du noyau scaphoïdien (aspect atrophique et aplati dans le sens antéro-postérieur avec des modifications structurales, condensation, fragmentation, irrégularité des contours). = Traitement Classiquement le traitement repose sur la mise en décharge pendant 6 à 8 semaines associée à des antalgiques. Certains auteurs proposent le port d'un plâtre de marche pendant deux mois. Selon une étude récente, il semble que le traitement par immobilisation plâtrée réduise la période douloureuse par rapport à la mise en décharge simple. La guérison survient dans un délai de 18 mois en moyenne avec restitution ad integrum radiologique. Chez le sportif, la décharge constitue également la partie essentielle du traitement. Il n'est jamais posé de résine ni de plâtre afin d'éviter l'enraidissement articulaire et l'amyotrophie du membre lésé. Dès que la marche est à nouveau possible, une semelle orthopédique est prescrite, doublée par une couche de Podiane ou de Sorbotane. Le maintien du potentiel physique est réalisé par la pratique de la natation et par la musculation. Des mobilisations passives du pied pratiquées en kinésithérapie maintiennent les amplitudes articulaires métatarso-phalangiennes et astragalo-tarsiennes. Le suivi radiologique comprend systématiquement des clichés standards et des tomographies. La reprise modérée de l'activité sera permise dès que des signes de cicatrisation suffisants seront apparus. + Maladie de Sever La maladie de Sever est une apophysite de croissance portant sur le noyau postérieur d'ossification calcanéen. Elle se manifeste entre l'âge de 10 à 14 ans chez les enfants des deux sexes par des douleurs siégeant à la partie postérieure du talon. = Etiologie D'apparition le plus souvent progressive, ou secondaire à une réception, ces douleurs peuvent être uni ou bilatérales. Cette pathologie est rencontrée fréquemment chez les athlètes (saut ou course sur terrain dur), les footballeurs et les rugbymen (dorsiflexion du pied due aux crampons), les gymnastes (réception), les tennismen (quick). = Diagnostic . Examen clinique Le jeune sportif consulte pour une douleur siégeant à la partie postérieure du talon, pouvant irradier sur les faces latérales du calcacanéum. A l'inspection, le talon est strictement normal (pas d’œdème ni de rougeur). La pression du doigt sur le talon provoque une douleur exquise avec retrait du membre. L'intensité de ces douleurs est variable, de la simple gêne à l'incapacité de poser le talon au sol. . Examen radiographique Le diagnostic pourra éventuellement être confirmé par une radiographie de profil des deux calcanéums qui montre des irrégularités et/ou des fragmentations du noyau postérieur. Dans plus de la moitié des cas les images sont strictement normales. Cette observation ne doit pas infirmer le diagnostic clinique qui reste le premier élément d'appréciation de cette maladie. = Traitement Arrêt momentanée de la cause déclenchante, décharge en cas de douleurs importantes, cryothérapie bi-journalière (10 minutes chaques fois), port de semelles en substances absorbantes des chocs (Sorbotane, Podiane), éventuellement prescription d'un gel anti-inflammatoire (Voltarène émulgel, Ketum). Sous traitement, la douleur rétrocède rapidement permettant une reprise aménagée de l'activité physique. Course sur terrain souple, tennis sur terre battue, diminution de la taille des crampons, arrêt momentané des sauts, des réceptions en gymnastique. Un suivi régulier du sportif sera effectué tous les trois mois. 5. 4 .6 PATHOLOGIE NEUROLOGIQUE + Compression du nerf calcanéen Le nerf calcanéen interne est un rameau du nerf tibial postérieur, il suit le bord interne du tendon d'Achille, puis sa face postérieure, traverse l'aponévrose et se distribue à la peau de la région interne et postérieure du talon. = Etiologie La pression exagérée des chaussures de sport au niveau postéro-interne du talon peut provoquer une irritation locale de ce nerf au niveau de sa traversée aponévrotique. Cette pression locale peut être due à des chaussures inadaptées mais aussi à un calcanéum valgus, très fréquent chez l'enfant sportif. = Diagnostic . Examen clinique La douleur se manifeste localement et dans tout le territoire innervé par le calcanéen interne (partie interne et postérieure du talon, plante du pied). La douleur est exacerbée par la pression locale du doigt. Si la douleur est très postérieure le diagnostic différentiel peut se poser avec la maladie de Sever. . Examen complémentaire L'électromyogramme est rarement nécessaire pour confirmer ce syndrome, avant tout clinique. = Traitement Le traitement comprend: . La modification des appuis plantaires par adaptation ou changement de chaussures de sport (tige moins rigide), la prescription de semelles correctrices. . Un traitement anti-inflammatoire local (cryothérapie et éventuellement physiothérapie locale). + Syndrome du canal du tarse Le syndrome du canal du tarse correspond à une atteinte microtraumatique des nerfs plantaires interne et externe au niveau du canal sous malléolaire interne. = Diagnostic . Examen clinique Il se manifeste cliniquement par une douleur de type neurologique (paresthésies, fourmillements, décharges électriques) située le long du bord interne du pied et de la partie interne de la face plantaire. . Examen complémentaire La pratique d'un électromyogramme n'est pas nécessaire pour diagnostiquer ce syndrome. = Etiologie L'origine de ce syndrome peut être double. . Le plus souvent, il s'agit d'un trouble statique du pied en valgus par affaissement de la voûte plantaire ou d'une hyperlaxité ligamentaire. . Plus rarement ce syndrome apparaît comme la complication d'une entorse interne négligée de la cheville. = Traitement Le simple redressement du pied par une semelle est en général suffisant. Si les lésions sont anciennes une kinésithérapie de rééducation pourra être entreprise. Le traitement chirurgical, parfois proposé chez l'adulte n'a pas sa place chez le jeune sportif. VI PIEDS L'avant pied (métatarses et phalanges) constitue la partie distale du membre inférieur, c'est l'équivalent de la main, par opposition à l'arrière pied, comparable au poignet. Alors qu'au membre supérieur la distinction entre la main et le poignet est physiologiquement très nette, au niveau du membre inférieur le pied est constitué de toutes les parties anatomiques situées après la cheville. 6. 1 ANATOMIE L'avant pied comprend les métatarses, les phalanges et les muscles courts s'insérant sur la dernière rangée du tarse. 6.1 1 OSTEOLOGIE + Métatarses Les métatarses sont des os longs, prismatiques qui relient la deuxième rangée du tarse (base) aux phalanges (tête). Cette dernière est aplatie sur la face plantaire. Le premier métatarse, épais et trapu s'articule par sa base au premier cunéiforme. Il donne insertion au long péronier latéral sur le tubercule externe et à un faisceau du jambier antérieur sur le tubercule interne. Le deuxième métatarsien est généralement le plus long de tous (pied grec). Le cinquième métatarsien présente sur le côté externe de sa base une apophyse destinée à recevoir le tendon du court péronier latéral. + Phalanges Les phalanges sont des os longs au nombre de trois pour les quatre derniers doigts et de deux pour le premier. Elles donnent insertion aux extenseurs communs et propre du I sur leur face dorsale, au court fléchisseur du I et du V, long et court fléchisseurs communs, abducteur du I au niveau de leur face plantaire. + Os sésamoïdes Les os sésamoïdes se trouvent sur la face plantaire. Deux seulement sont constants au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne du I. Ces os, inclus dans du tissu fibreux et tendineux, s'articulent avec les facettes situées sur la face inférieure du premier métatarsien. Ils peuvent être fragmentés en deux ou trois morceaux. 6. 1. 2 MUSCLES + Muscles plantaires = Muscles interosseux. Ces muscles sont situés dans les espaces intermétatarsiens. Il existe des interosseux dorsaux et plantaires. Ce sont des fléchisseurs de la première phalange. Les IOD écartent les orteils de l'axe du pied, les IOP réalisent le mouvement inverse. = Chair carrée de Sylvius : Il s'agit d'un muscle profond, quadrilatère, situé à la partie postérieure de la voûte plantaire. Il s'insère en arrière sur les tubérosités interne et externe du calcanéum, se dirige horizontalement en une seule lame pour venir se fixer sur le bord externe du tendon du long fléchisseur commun. La chair carrée corrige la rotation interne provoquée par le long fléchisseur. Elle est également fléchisseur des quatre derniers orteils. = Court fléchisseur plantaire : Le CFP prend ses insertions sur la tubérosité interne du calcanéum et l'aponévrose plantaire. Il se divise en quatre tendons qui se terminent sur les bords latéraux de la face inférieure des quatre dernières phalanges. Il est fléchisseur de la deuxième phalange sur la première et de cette dernière sur le pied. = Court fléchisseur du gros orteil : Le CF du I naît des bords inférieurs des deuxième et troisième cunéiformes et du cuboïde. Au cours de son trajet il se divise en deux tendons qui s'insèrent sur la première phalange et les sésamoïdes en se confondant avec les insertions de l'abducteur (externe) et de l'adducteur (interne) du pouce. Il fléchit le I. = L'adducteur du I naît de l'aponévrose plantaire et de la tubérosité interne du calcanéum et se termine sur la face interne de la base de P1 du gros orteil. Il est adducteur et fléchisseur du I. = L'abducteur du I naît de très nombreux faciaux habituellement réunis en deux chefs, l'abducteur transverse (ligament glénoïde des articulations métatarso-phalangiennes correspondant aux trois derniers doigts), et de l'abducteur oblique (cuboïde, base des troisième et quatrième métatarsiens, troisième cunéiforme). Il se termine en deux faisceaux, l'un s’unissant à l'extenseur du I (faisceau dorsal), l'autre au court fléchisseur (faisceau plantaire). L'abducteur du I est fléchisseur et abducteur. = Le court fléchisseur du V naît de la gaine du LPL et de la base du cinquième métatarsien. Il se termine sur la base de la première phalange du V. Il est fléchisseur de P1 du petit orteil. = L'opposant du V naît des tubérosités postéro-externe et interne du calcanéum. Il se termine sur le côté externe de la base de P1 du petit orteil. Il est fléchisseur et abducteur du V. = Adducteur du V : Ce muscle inconstant unit la gaine du LPL au bord externe du cinquième métatarsien. Il est adducteur du V ème métatarsien. + Muscles dorsaux = Le pédieux est un muscle aplati et court qui s'insère sur la partie antérieure de la face supérieure du calcanéum, et se divise en quatre tendons pour se fixer à la base des quatre premières phalanges. Le pédieux est extenseur et rotateur externe des phalanges. 6. 2 PHYSIOLOGIE 6.2.1 DYNAMIQUE Le pied de l'homme s'est adapté à la marche bipède de façon particulièrement récente en transformant ses structures osseuses, musculaires et articulaires. Trois grandes fonctions peuvent être décrites à ce niveau, la résistance à la pression, l'adaptation au sol et la propulsion. + La résistance à la pression est assurée par le montage astragale/calcanéum, le système de la voûte plantaire et la présence d'un panicule adipeux jouant le rôle "d'absorbeur" de chocs. + L'adaptation au sol, essentielle pour le maintien de l'équilibre, est assumée par la mobilité articulaire et les récepteurs proprioceptifs. + La propulsion est réalisée par les muscles releveurs et fléchisseurs ainsi que par les très nombreux bras de leviers présents dans cette structure. Le mécanisme de la marche comprend deux stades, une phase dite "oscillante" et une phase portante. La phase oscillante correspond à la période de suspension du pied, elle représente lors d'une marche à vitesse moyenne le tiers du cycle. La phase portante, ou d'appui, peut être subdivisée en trois périodes (contact, appui et propulsion), elle représente les deux tiers d'un cycle complet. La durée relative de cette phase tend à diminuer quand la vitesse de la marche augmente. Le mouvement du membre inférieur lors de la phase portante peut se décomposer en prenant en compte les différents segments articulaires de la jambe au pied Contact Jambe Sous-stragalienne Pied Appui Rotation interne Propulsion Rotation Externe Pronation Supination Supination Pronation Supination 16.2.2 STATIQUE DU PIED L'examen du pied en "statique" est réalisé debout en charge sur un podoscope. Il est toujours complété par un examen plus large du membre inférieur portant sur la statique et la dynamique de la hanche, du genou et de la cheville. Au niveau du pied proprement dit l'examen porte sur: - La statique et la dynamique de l'articulation sous-astragalienne qui peut être éversée ou inversée, en supination (mobilité 16 à 25°) ou en pronation (mobilité 8 à 12°). - Le premier rayon, mesure de l'extension (5 à 6 mm) et de la flexion (3 à 5 mm). - La torsion malléolaire ( Normale entre 10 et 20° de torsion externe). - La cheville (flexion/extension). La marche "normale" est impossible si la dorsiflexion est inférieure à 10°. - L'avant pied (varus/valgus). Normalement l'angle formé par la tête de l'astragale avec le plan horizontal doit être de 40°. Le pied sera dit en varus si l'angle est inférieur à 35° et en valgus si l'angle est supérieur à 45°. Pour s'aider dans son appréciation le pédicure/podologue dispose de plusieurs techniques (podoscopie, empreinte plantaire, tapis de marche, podoscope électronique...), matériel qui n'est généralement pas à la disposition du médecin du sport. C'est pourquoi la complémentarité entre ces deux professions doit être la plus étroite possible, à la fois dans la démarche diagnostique et thérapeutique. + Empreinte plantaire L'empreinte plantaire est un examen simple qui sera réalisé à la suite de l'examen podoscopique pour trouble de la statique ou de la dynamique plantaire (usure anormale des chaussures), mais aussi en cas de rachialgie, en présence de tendinite des membres inférieurs ou de la voûte plantaire. L'empreinte plantaire peut être analysée en trois parties: - Un talon postérieur, correspondant à l'appui des tubérosités postérieurs du calcanéum. - Une bande externe physiologiquement égale au tiers de la longueur du pied et matérialisant l'appui des 4ème et 5ème métatarsiens ainsi que du cuboïde. - Une empreinte pulpaire traduisant l'appui de la pulpe des orteils. Plusieurs troubles de la statique sont fréquemment rencontrés. = Le pied plat Il se caractérise par l'élargissement de la bande externe pouvant même, au stade ultime (3ème degré), devenir convexe en dedans. = Le pied valgus Il est souvent associé au précédent, traduisant une bascule du pied en dedans. L'empreinte plantaire objective alors un hyper-appui interne, ainsi qu'un hypo-appui externe (en effet la bande externe est diminuée, voire entièrement disparue et on peut noter une angulation antéro-interne du talon postérieur). = Le pied creux Cette anomalie est souvent mal tolérée, parce que douloureuse. Il s'agit d'un pied à concavité plantaire augmentée, généralement dûe à une flexion plantaire de l'avant pied par rapport à l'autre pied. L'empreinte plantaire se caractérise alors par un rétrécissement de la bande externe. On peut également noter une surcharge de l'avant pied due à la diminution globale de la zone d'appui, ainsi que des griffes d'orteils. = Le pied varus Le pied varus est caractérisé par une bascule en dehors, à l'origine d'un hyper-appui externe. Il est souvent associé au pied creux. Tous ces troubles de la statique ne sont en général pas dus au sport, mais décelés lors de la pratique sportive, du fait de l'augmentation du travail qu'ils occasionnent. A ce titre, ils devraient donc être détectés lors de la visite d'aptitude et traités avant toute pratique sportive. Le traitement par orthèse et kinésithérapie est en général suffisant pour que la symptomatologie s'estompe. Ce n'est qu’exceptionnellement que l'on aura recours à la chirurgie. Enfin, la plupart de ces troubles de la statique sont grandement améliorés par la pratique de certains sports, susceptibles d'améliorer le déroulé du pied, de renforcer la tonicité de la voûte plantaire... + Pied creux = Etiologie Le pied creux est la malformation architecturale du pied la plus fréquemment rencontrée chez le sportif. Cette découverte peut être le fait d'un examen systématique, mais le plus souvent le diagnostic sera porté chez un enfant de 6 à 8 ans que les parents amènent pour une déformation du ou des pieds, jugés trop cambrés ou un trouble de la marche souvent qualifiée de pataude ou sautillante, chez l'adulte pour une usure anormale et rapide du bord postéro-externe des talons des chaussures, des chutes et des entorses à répétition, des douleurs des genoux ou des métatarsalgies plantaires. Dans le domaine sportif cette déformation peut être potentialisée par l'impulsion lors de la course et des sauts, certaines techniques (au karaté frappe avec les orteils en extension), le matériel (pied creux du cycliste du fait d'un appui en hyperpronation), la pratique de certains mouvements très spécifiques comme les pointes chez la danseuse (pied creux vrillé). = Diagnostic . Examen clinique L'examen retrouve un pied à concavité plantaire augmentée par flexion plantaire de l'avant pied (cette déformation est fréquemment bilatérale). Des durillons siégeant sous la tête des métatarsiens (chez l'enfant la masse corporelle est trop faible pour provoquer l'apparition des durillons), objectivent hyper-appui antérieur et la verticalisation des métatarses. On peut également noter une rétraction des parties molles, voire même parfois une saillie sous cutanée des tendons extenseurs. L'examen neurologique est indispensable. Il évaluera la force, la sensibilité, les réflexes et recherchera des troubles de l'équilibre. Il éliminera une dégénérescence spino-cérébelleuse ou maladie de Friedreich et une éventuelle myopathie débutante. Le plus souvent l'examen conclura à une déformation idiopathique et notera son caractère héréditaire. . Examen complémentaire L'empreinte plantaire se caractérise par un rétrécissement de la bande externe, voire sa disparition, selon l'importance du pied creux. La radiographie de profil, le pied en charge, permet de préciser le type de la déformation, le sommet du creux, et de noter que l'axe du premier métatarsien n'est plus dans le prolongement de l'astragale. L'angle de Djian-annonier est inférieur à 12O° Bien supporté chez le jeune sportif, le pied creux évoluera vers l'aggravation si aucune compensation n'est intervenue. = Traitement Chez l'enfant présentant spontanément un pied creux la pratique du handball sera totalement contre-indiqués avant l’utilisation de semelles compensatrices. Chez les sportifs adultes, le port de semelles corrige généralement le trouble. Le traitement ne sera qu'exceptionnellement chirurgical. Habituellement le port de semelles orthopédiques comprenant une barre rétrocapitale, un coin pronateur externe (voire une bande pronatrice externe), parfois associée à une couche de mousse protectrice (pieds creux hyperalgiques), est suffisant pour corriger partiellement la déformation, voire enrayer l'évolution. Ce traitement sera complété par des soins podologiques (ablation de durillons, de cors) et par la kinésithérapie visant à conserver une souplesse articulaire et même parfois à remodeler le talon antérieur. Des sports comme l'aïkido, la voile... peuvent concourir à rééduquer l'enfant. + Pied plat = Etiologie Déformation caractérisée par l'affaissement plus ou moins complet de la voûte plantaire, le pied plat est une anomalie très fréquente de l'enfant. Il peut d'ailleurs être considéré comme physiologique jusqu'à l'âge de 4 ans du fait de l'hypotonie musculo-ligamentaire. Il se corrige spontanément avec l'âge. Chez l'adulte ne seront considérés comme pathologiques que les pieds plats à l'origine d'une douleur locale ou projetée. Chez l'enfant sédentaire il n'est qu'exceptionnellement responsable de trouble et sa découverte est le plus souvent fortuite lors d'un examen systématique ou du fait de l'usure anormale des chaussures. Chez le jeune sportif, il en est tout autrement car une perturbation (même minime) de la statique et/ou de la dynamique du pied peut générer des troubles importants. En effet, la modification des appuis, augmentée par l'intensité de l'activité, est source de microtraumatismes répétitifs. = Diagnostic . Examen clinique La symptomatologie classique de ce trouble est la tarsalgie, cependant ces douleurs peuvent être accompagnées de tendinite du jambier postérieur, voire du jambier antérieur pour les pieds plats valgus, de chutes fréquentes par instabilité ou d'entorses à répétition. . Examen complémentaire Plusieurs types de malformations peuvent être décrits: Le pied plat valgus statique est le cas le plus fréquent. Il associe généralement un valgus du talon et un affaissement de l'arche interne (en charge). Il se retrouve chez les sujets jeunes, hypotoniques, présentant souvent un genu valgum ainsi qu'une surcharge pondérale. L'examen permet de constater que le valgus est réductible, la flexion dorsale complète et qu'il n'existe ni rétraction ni faiblesse musculaire. Son évolution est la plupart du temps favorable. - Pied plat par tendon d'Achille court : Son aspect est cliniquement semblable au précédent, mais la flexion dorsale passive disparaît si elle est recherchée en varus de l'arrière pied (témoignant d'une rétraction du tendon d'Achille). Cette rétraction peut être idiopathique, répondre à une atteinte neuromotrice ou chez l'adulte à une rétraction importante des muscles postérieurs secondaire à un entraînement pratiqué sans étirement. - Pied plat contracturé : Il est toujours douloureux et se rencontre chez l'adulte, témoignant souvent d'une synostose congénitale du tarse. L'examen radiologique permet d'observer: Une "cassure" de la ligne de Schode (premier métatarsien-astragale) donnant l'image d'un triangle à sommet inférieur, une verticalisation de l'astragale qui "pique du nez", un angle de Djian augmenté >130° (angle formé par les sésamoïdes, la limite inférieure de l'interligne astragalo-scaphoidien et la tubérosité plantaire interne du calcanéum), un valgus de l'arrière pied (incidence de Meary), une augmentation de la divergence astragalocalcanéenne (25-30°). = Traitement Le traitement médical est le plus souvent suffisant. Il comprend: - La prescription de semelles orthopédiques avec coin supinateur postérieur et coin pronateur antérieur. Une voûte de confort en mousse peut être ajoutée à la semelle. Ces semelles seront changées dès que des signes d'usure apparaîtront (la sécurité sociale rembourse une paire de semelles tous les six mois). Elles seront portées dans toutes les chaussures (semelles amovibles fixées par un Velcro), à l'exception des sports responsables d'une destruction rapide de ce matériel (lancer du poids ou du marteau...) pendant cette activité. - La pratique d'une kinésithérapie de renforcement musculaire et l'apprentissage au patient d'une rééducation d'entretien (marche pieds nus, élévations successives sur la pointe des pieds, ramassage d'objets avec les orteils, ascension d'escaliers sur les talons...). Certains sports pratiqués pieds nus peuvent concourir à la rééducation (judo, karaté, gymnastique, danse...). Chez le cycliste, la taille des chaussures (très étroites) nécessitera la réalisation d'une paire spécifique. + Quintus varus Le quintus varus est une anomalie du cinquième orteil qui chevauche le quatrième orteil ou s'insinue dessous. Rarement invalidante cette affection bénigne peut cependant gêner le jeune sportif qui devra choisir avec soin ses chaussures de compétition (assez larges de l'avant pied). = Etiologie Le quintus varus a pour origine une hypermobilité du cinquième rayon, souvent en rapport avec un varus de l'avant pied non compensé. Cette disposition particulière provoque une éversion et une abduction du métatarsien à l'origine d'un frottement anormal du métatarsien dans la chaussure. = Diagnostic . Examen clinique Lors de l'examen du pied, le diagnostic est très facilement posé devant la présence d'une bursite en regard de la tête du cinquième métatarsien. . Examen radiologique La radiographie de face et de profil permet de mesurer l'angulation de l'articulation métatarsophalangienne du V. = Traitement Si une callosité apparaît du fait du frottement sur le cinquième orteil, il est possible de prévoir une semelle à appui rétrocapital sous les trois doigts centraux. Cette anomalie ne nécessite qu'exceptionnellement une intervention chirurgicale chez l'enfant. 6. 3 TRAUMATOLOGIE 6. 3. 1 FRACTURES + Fractures des métatarses Ces fractures sont particulièrement fréquentes. Elles concernent les cinq métatarses, avec cependant une plus grande fréquence pour le premier et le cinquième. Ce dernier fera l'objet d'un développement particulier (fracture de Jones). = Etiologie La fracture répond soit à un choc par écrasement du pied (crampon), soit à un traumatisme direct sur une surface dure, le sujet étant pieds nus (judo, karaté, natation...). = Diagnostic . Examen clinique Le sujet se présente en boitant pour une douleur siégeant sur le dos du pied, les douleurs plantaires sont exceptionnelles. A l'examen le dos du pied est tuméfié, rouge ou violacé suivant l'importance de l'épanchement. A la palpation la pression du doigt provoque une douleur exquise en regard de la zone lésée. . Examen radiologique Il comprend des clichés de face et de trois quart. La radiographie permet de caractériser le type de fracture (oblique, sagittale, transversale, spiroïde, arrachement), ainsi que sa localisation (diaphysaire, cervicale ou basale). = Traitement Il est sensiblement différent suivant la localisation, le type de fracture et le métatarse lésé. Les fractures diaphysaires non déplacées nécessiteront soit une décharge absolue du membre (trois semaines), soit une botte plâtrée suivant le niveau du sujet et ses activités professionnelles. Les fractures diaphysaires déplacées nécessitent le plus souvent, après réduction orthopédique un brochage chirurgical. Les fractures basales des deuxième, troisième et quatrième métatarsiens peuvent être traitées par une simple botte plâtrée après une éventuelle réduction orthopédique. Les atteintes du premier métatarsien ne bénéficieront d'une botte plâtrée que si la fracture est non déplacée et située au niveau diaphysaire. Les autres localisations fracturaires (base, col, articulaire...) seront opérées. + Fractures des phalanges = Etiologie Les fractures de phalanges sont relativement fréquentes lors de la pratique sportive. Elles répondent à un choc direct sur l'extrémité du pied (football, karaté) ou à une mauvaise réception responsable d'une hyperflexion plantaire (gymnastique, athlétisme). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur exquise d'un orteil (les plus souvent atteints sont le II, le V et le premier). A l'examen on note un hématome important. La mobilisation du doigt est très douloureuse. . Examen radiologique La radiographie de face et de profil permet de caractériser la fracture (horizontale, oblique, articulaire...). = Traitement La simple syndactylie est le plus souvent suffisante. Elle sera toujours accompagnée de la prescription de cannes anglaises pour éviter la mobilisation anormale du pied secondaire à la douleur. Les fractures obliques du I peuvent faire discuter la pose d'une broche. Le traitement sera toujours suivi d'une rééducation kinésithérapique dont les objectifs seront de redonner une cinétique de marche normale et de lutter contre les douleurs résiduelles, très fréquentes à ce niveau. + Fracture de Jones La fracture de Jones (base du cinquième métatarsien) concerne essentiellement l'adolescent et l'adulte. = Etiologie Deux mécanismes sont susceptibles de la provoquer: . Un choc direct, chute ou réception sur le bord externe du pied (gymnastique, danse, athlétisme...), ou un coup violent (karaté, heurt avec un appareil...). . Un choc indirect par traction violente sur le court péronier latéral (mécanisme de sauvegarde lors d'un déséquilibre, course en terrain irrégulier, handball, sports de ballon...). Cette fracture s'apparente à l'arrachement de l'apophyse styloïde de l'enfant. = Diagnostic . Examen clinique Le diagnostic repose sur l'apparition d'une douleur exquise lors du traumatisme mais dans de très nombreux cas la douleur régresse très vite pour ne laisser persister qu'un simple endolorissement du bord externe du pied. L’œdème et l'ecchymose sont par contre de bons signes de fracture. La palpation précise la localisation et provoque une douleur exquise. . Examen radiographique La radiographie pratiquée de face, de profil et de trois-quarts confirme le diagnostic clinique. = Traitement . Sans déplacement: On instaurera une décharge du membre lésé pendant trois semaines, puis la pose d'un strapping les trois semaines suivantes lors de la reprise de la marche. Si le patient souhaite pouvoir marcher rapidement une résine peut être proposée. Avec déplacement: Le traitement répond au vissage chirurgical. + Sésamoïdite = Etiologie L'atteinte des sésamoïdes résulte le plus souvent d'un avant pied en valgus ou d'une mauvaise dynamique du cinquième rayon. Elle revêt deux aspects sensiblement différents suivant qu'il s'agit d'une fracture de fatigue ou d'une atteinte purement inflammatoire. Cette pathologie touche essentiellement les athlètes s'entraînant sur piste et les sportifs pratiquant des activités de longue durée (marche, triathlon...). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur plantaire en regard des sésamoïdes. La pression du doigt provoque une douleur exquise à ce niveau, de même que l'extension forcée du gros orteil. . Examen radiologique Il est le plus souvent normal. La scintigraphie osseuse permet de visualiser parfaitement l'atteinte dont l'aspect peut être analysé en scanographie (fracture, aspect irrégulier, nécrose...). = Traitement Le traitement est essentiellement podologique. Il consiste à réaliser une orthèse rigide destinée à éviter l'inversion de l'articulation sous-astragalienne. Pendant la phase douloureuse, on pratiquera des ionisations d'AINS ou de calcitonine. La rééducation aura pour objet de mobiliser le cinquième rayon pour lui redonner sa physiologie. 6. 3. 2 PATHOLOGIE MUSCULAIRE ET TENDINEUSE + Myoaponévrosite plantaire = Etiologie Cette symptomatologie est fréquemment rencontrée chez les sauteurs lors de l'impulsion, les athlètes (course), les activités pratiquées pieds nus. Elle est favorisée par les anomalies plantaires (pieds creux ou plats), les erreurs techniques (course en pronation), du matériel inadapté (chaussures sans compensation plantaire ou au contraire trop fortement compensées), une mauvaise position du pied avec flexion dorsale exagérée (équitation, cyclisme), des microtraumatismes (motocross si la semelle de la botte est trop mince), des exercices inhabituels en terrain meuble (course dans le sable) enfin une pathologie plantaire non traitée (verrue). = Diagnostic . Examen clinique Cette pathologie se manifeste par une douleur plantaire située à la partie antérieure du talon, irradiant sous la voûte plantaire. Peu invalidante au début (simple sensation d'étirement cutané de la voûte plantaire), la douleur s'intensifie pour donner une sensation de pénétration d'un objet pointu (punaise, clou) sous le talon. A l'examen la voûte plantaire ne semble pas altérée par rapport au côté opposé, la dorsiflexion plantaire passive est excessivement douloureuse. . Examen radiologique La radiographie de profil est normale. La présence d'une épine calcanéenne d'apparition précoce (dès l'âge de 10-11 ans) peut être le signe de l'atteinte aponévrotique, elle n'en n'est jamais la cause. L'IRM peut objectiver un épaississement global de l'aponévrose plantaire moyenne superficielle (clichés comparatifs). Le diagnostic différentiel peut se poser avec la talalgie (traumatisme unique), et la bursite sous-calcanéenne (mais dans ce cas il existe une tuméfaction locale fluctuante visible à l'échographie) = Traitement L'élément le plus important du traitement est la suppression de la cause à l’origine de la lésion. Outre l’arrêt momentané de l'activité sportive, le sujet est soumis à un traitement antiinflammatoire local et général (physiothérapie par ultrasons et ionisations, cryothérapie). Contrairement à ce qui est souvent pratiqué en rhumatologie, on s'abstiendra de toute infiltration. Pour la reprise, on prévoira une correction des chaussures ou le port d'une semelle thermoformable doublée de Podiane. L'aponévrectomie n'a pas d'indication chez l'enfant, elle ne sera pratiquée qu'en dernier recours chez le sportif du troisième âge. + Tendinite du court péronier latéral = Etiologie La tendinite d'insertion basse du court péronier latéral se rencontre dans plusieurs circonstances. Chez les athlètes pratiquant la course et présentant des appuis plantaires anormaux (pied en varus, hyper appui externe), et chez les karatékas (travail pieds nus associé à de très nombreux microtraumatismes externes). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur siégeant en regard de l'apophyse du cinquième métatarsien, sur le bord externe du pied. L'examen montre, en comparaison avec le côté opposé, une tuméfaction érythémateuse mais l'absence de cal (il peut en effet exister à ce niveau chez certains athlètes présentant une apophyse très saillante un durillon douloureux, sans rapport avec l'insertion du CPL). La douleur est augmentée à la pression et à la mise en tension du CPL. . Examen radiologique Les clichés centrés sur le V (face et trois quart sont normaux). Exceptionnellement de minuscules calcifications peuvent être individualisées dans le tendon, chez les athlètes porteurs de tendinite ancienne. = Traitement Il comprend deux parties: - La lutte contre le phénomène inflammatoire (glace, AINS, per os et en ionisation). La décharge du membre est rarement nécessaire pour traiter cette tendinite. - La correction du mécanisme à l'origine de la tendinite (port de semelles ou modification de l'entraînement). + Tendinite du long péronier latéral La tendinite d'insertion du LPL est beaucoup plus rare que celle du CPL, pour ce tendon il s'agit en fait d'une atteinte de son segment plantaire. = Etiologie Cette pathologie concerne essentiellement les athlètes présentant une voûte plantaire affaissée, travaillant avec des chaussures relativement légères (gymnastique) sur des sols durs (course sur route), ou pieds nus (judo, sports de combats issus du kung-fu). = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour une douleur plantaire d'apparition progressive, relativement postérieure et centrale. La palpation retrouve assez facilement le point douloureux, situé plus en avant que les insertions de la chair carrée sur le calcanéum et du court fléchisseur plantaire. La douleur est augmentée lors des mouvements passifs de dorsiflexion plantaire en rotation externe et lors de la montée sur la pointe des pieds. L'examen podoscopique met en évidence l'affaissement de la voûte plantaire. . Examen radiologique Il ne présente aucun intérêt. = Traitement Il comprend deux parties: - La lutte contre le phénomène inflammatoire et douloureux. Pour cette pathologie, ce sont les ultrasons qui présentent les meilleurs résultats. - La réalisation d'une semelle moulée compensatrice adaptable dans les chaussures de sport. + Tendinite de l'extenseur du I Parmi les atteintes des extenseurs du pied, c'est l'extenseur du I qui est le plus souvent atteint. = Etiologie Cette pathologie a pour origine: . Des crampons trop longs, relevant l'avant pied . Des crampons fixes (chaussures "moulées") utilisés sur un sol dur. . Des chaussures de sport présentant une semelle plate. . Des chaussures de sport mal lacées (lâches au niveau de l'avant pied, serrées au cou de pied). Il s'agit soit d'une ténosynovite (cou de pied) soit d'une tendinite, secondaire aux microtraumatismes répétés lors de la marche, du ski de fond, ou plus rarement lors de la course. De façon moins fréquente l'extenseur du I peut se trouver étiré brutalement lors d'un shoot du bout du pied (bras de levier très important) ou dans "la pelouse". Si cet "étirement" n'est pas rapidement traité, il peut très rapidement (5 à 10 jours) constituer le point de départ d'une tendinite. = Diagnostic . Examen clinique A l'examen la douleur longe la face dorsale du premier rayon. A l'inspection, il n'existe ni œdème, ni rougeur. L'extension contrariée du I augmente l'intensité douloureuse. . Examen radiographique La radiographie du pied est strictement normale. = Traitement Il associe le glaçage local, de la physiothérapie (ionisations ou ultrasons), et éventuellement l'utilisation d'AINS. On apprendra au sportif à lacer correctement ses chaussures. + Syndrome de compression externe du pied Ce syndrome se manifeste par une douleur d'intensité variable située sur le bord externe du pied (de la partie antérieure du talon à la base de la V ème phalange). La douleur est augmentée à la marche et surtout par l'utilisation de chaussures étroites, totalement asymptomatique au repos, elle réapparaît de façon mécanique dès l'appui au sol. = Etiologie Trois origines peuvent être retrouvées à cette pathologie bénigne, mais fréquente chez l'enfant: . Des chaussures inadaptées. . Une semelle trop compensée sous la voûte plantaire. . De mauvais appuis plantaires. = Diagnostic . Examen clinique L'inspection du bord externe du pied est normale (notamment la saillie formée par la base du cinquième métatarse). La pression du pouce réveille une gêne, plus qu'une véritable douleur. Le seul diagnostic différentiel peut se poser, chez l'enfant, avec l'apophysite de la base du Vème métatarsien. . Examen radiologique La radiographie, normale dans le syndrome de compression du pied, confortera le diagnostic. = Traitement Le traitement consiste, après avoir contrôlé les appuis plantaires à conseiller le sportif pour l'achat de nouvelles chaussures. On fera éventuellement réaliser une paire de semelles orthopédiques doublées de Podiane. Une simple application de gel (AINS) est suffisante pour stopper la douleur et le début de l'inflammation. + Ampoules Les ampoules sont des lésions bénignes et fréquentes, mais invalidantes pour la pratique sportive. = Etiologies Elles peuvent avoir quatre origines: - Un matériel inadapté ou trop neuf (chaussure, chaussettes...). - Un mouvement à la limite de la physiologie (mauvais déroulement du pied, appuis plantaires anormaux). - Une peau très fragile. - Une zone cornée du fait d'exercices répétés. = Traitement Les ampoules doivent être traitées pour éviter la surinfection et permettre la poursuite de la compétition. Une prévention doit être mise en place. - Si l'ampoule est déjà percée, couper la peau au bord de la plaie, désinfecter, placer une "deuxième peau" (gel hydraté), fermer par un pansement. - Si l'ampoule n'est pas percée. Utiliser une aiguille et une seringue, piquer en peau saine de façon à pénétrer dans la phlyctène par dessous, vider l'ampoule, puis injecter du mercurochrome, laisser quelques minutes, puis vider à nouveau la phlyctène pour provoquer l'accolement des deux feuillets. = Prévention La prévention porte sur la préparation de la peau, le choix du matériel et l'utilisation de substances destinées à limiter les frottements. Les chaussures doivent être "formées" au pied, on n'utilisera jamais de matériel neuf le jour des compétitions. S'il existe des zones de frottement il sera bon de prévoir des protections avec du tissu/gel hydraté. Le glissement du pied dans les chaussures peut être favorisé par des crèmes comme l'Akiléine. Il est possible de durcir la peau par tannage (eau formolée 3 cuillerées à soupe dans 2O litres d'eau) faire tremper la zone à durcir pendant 5 à 1O minutes, renouveler l'opération 3 à 4 fois, à 48 heures d'intervalle. Si l'ampoule se trouve sur une zone cornée, traiter l'ampoule, éliminer la corne (en pédicurie), faire porter des semelles orthopédiques pour corriger les appuis au sol. 6. 3. 3 OSTEOCHONDROSE + Maladie de Freiberg Encore appelée deuxième maladie de Kohler, ou ostéochondrite de la tête du deuxième métatarsien, cette pathologie correspond à une ostéonécrose aseptique de la tête du deuxième métatarsien. = Etiologie La lésion survient à la suite de microtraumatismes répétés ou par traumatisme direct (chute sur l'avant pied). Elle est favorisée par le pied dit "ancestral" (insuffisance du premier rayon entraînant une surcharge du deuxième), le port de chaussures à talons hauts, ou sensiblement trop courtes (frottement répété de la phalange distale sur la chaussure). Cette affection à prédominance féminine survient entre 8 et 16 ans. = Diagnostic . Examen clinique Le tableau clinique est dominé par une douleur de l'avant pied à la marche. L'examen peut constater une tuméfaction inflammatoire, une douleur à la pression et à la mobilisation du métatarsien. . Examen radiologique La radiographie (avant-pied de face et trois-quarts) est souvent normale mais elle peut montrer, si la lésion est ancienne, un élargissement de l'interligne métatarso-phalangien, une modification de la structure de la tête métatarsienne (image de fumée). Plus tardivement apparaissent des déformations de la tête qui s'élargit et s'aplatit parallèlement à une modification de son aspect à type d'érosion ou en "coup d'ongle". L'évolution est variable depuis la guérison sans séquelle jusqu'à la persistance d'une déformation radiologique de la tête métatarsienne. Le seul diagnostic différentiel se pose avec la fracture de fatigue. = Traitement Le traitement comprend trois composantes : . Arrêt des activités sportives pendant trois mois et mise en décharge, aménagement de l'activité. . Confection d'une orthèse plantaire de décharge avec barre rétrocapitale. . Entretien musculaire et cardio-vasculaire par la pratique de la natation. Le traitement chirurgical ne sera proposé qu'en cas de fragments épiphysaires résiduels douloureux. La reprise sera progressive notamment en ce qui concerne les tirs (football, rugby...). On s'assurera d'autre part de la taille des ongles pour éviter les microtraumatismes. + Maladie d'Iselin Décrite par Iselin en 1912, cette affection très rare correspond à une atteinte ostéochondrale du tubercule de la base du cinquième métatarsien. L'extrémité postérieure de la base du cinquième métatarsien est aplatie de haut en bas, et se prolonge par une apophyse appelée tubercule sur laquelle s'insère le tendon du court péronier latéral. = Etiologie Les facteurs favorisants cette pathologie sont les microtraumatismes sportifs, en particulier la course, les sports de combat ou la danse, ou le port de chaussures trop étroites. = Diagnostic . Examen clinique Le tableau clinique de cette affection qui survient le plus souvent entre 8 et 13 ans, est dominé par une douleur à la marche ou à l'effort au niveau du bord externe du pied. L'examen met en évidence une tuméfaction douloureuse plus ou moins rouge au niveau de la styloïde métatarsienne, potentialisée par le conflit avec la chaussure. . Examen radiologique La radiographie met en évidence une fragmentation et des irrégularités de la base du cinquième métatarsien, qu'il est parfois difficile de différencier d'un os vésalien. = Traitement L'évolution est favorable en quelques semaines avec l'arrêt des activités sportives et le port d'une semelle orthopédique permettant la mise en décharge de cette zone. + Maladie de Renander Cette pathologie, également appelée métatarsalgie interne a été décrite en 1924 par Renander. Elle correspond à une ostéonécrose des sésamoïdes du premier métatarsien. = Etiologie Au nombre de deux, les sésamoïdes du premier métatarsien ont un rôle statique de protection de la première articulation métatarso-phalangienne et du tendon fléchisseur propre du gros orteil. Ils ont également un rôle dynamique en se mobilisant sur la tête métatarsienne lors des mouvements de flexion-extension de l'orteil. D'autre part, lors du temps ultime du pas, la tête métatarsienne tourne sur la cupule sésamoïdienne plaquée au sol. Les sésamoïdes sont le siège d'insertions musculaires et tendineuses (court fléchisseur plantaire, adducteur du gros orteil). Le surmenage de ces muscles, notamment lors des microtraumatismes liés à l'exercice physique intense, peut entraîner une contracture qui retentit progressivement sur la vascularisation de l'osselet et provoque une ischémie susceptible de favoriser la nécrose. Cette affection s'observe entre 9 ans (date d'apparition des noyaux d'ossification des sésamoïdes) et 17 ans. Elle est favorisée par les microtraumatismes sportifs (athlétisme, sports pratiqués pieds nus comme le judo ou le karaté, gymnastique, danse...), et par le pied creux et le valgus calcanéen. = Diagnostic . Examen clinique Cliniquement il s'agit d'une douleur plantaire à l'appui de la première articulation métatarsophalangienne lors du temps final du pas s'atténuant au repos. Elle est parfois responsable d'une marche sur le bord externe du pied. L'examen clinique révèle une douleur élective à la pression d'un sésamoïde, majorée par la flexion forcée du gros orteil, l'articulation métatarso-phalangienne étant indolore. Plus rarement, il s'agit d'un tableau pseudo-goutteux évoquant une pathologie inflammatoire, avec une douleur paroxystique nocturne, brutale, localisée au gros orteil et accompagnée d'une tuméfaction chaude hyperesthésique de la région sésamoïdienne. . Examen radiologique L'examen radiographique (incidence de Walter Müller) met en évidence des remaniements caractéristiques au niveau du sésamoïde: déminéralisation, condensation inégale, isolée ou associée à un aplatissement antéro-postérieur, fragmentation irrégulière. Le diagnostic différentiel repose sur l'élimination d'une fracture sésamoïdienne, d'une atteinte inflammatoire spécifique (polyarthrite rhumatoïde) ou d'un sésamoïde bipartita. = Traitement Le traitement médical associe le repos sportif pendant 4 à 6 mois, une réduction de l'appui antérieur par une semelle de décharge (appui rétrocapital avec cuvette infrasésamoïdienne) ou la mise en place d'un anneau en mousse autocollant suffisamment épais pour diminuer de façon notable les pressions exercées localement, l'application de glace plurijournalière, éventuellement la ionisation d'AINS ou de corticoïdes solubles. Il ne sera pas pratiqué d'infiltration. Si le traitement reste inefficace la sésamoïdectomie entraînera la guérison du patient. Le port d'une semelle de décharge est à conseiller dans les suites opératoires. 6. 3. 4 PATHOLOGIES NEUROLOGIQUES + Syndrome inter métatarsien = Etiologie La compression d'un nerf interdigital concerne plus volontiers la sportive. Elle a pour origine un conflit mécanique entre le nerf et les structures métatarsiennes (os et muscles). L'atteinte du nerf concerne essentiellement les troisième et quatrième espaces. Elle se rencontre après la pratique de sports d'endurance, ou de l'utilisation de chaussures trop étroites (chez la sédentaire la chaussure à talon constitue un risque important de compression). Chez l'homme ce syndrome se retrouve chez le cycliste. = Diagnostic . Examen clinique La sportive consulte pour des douleurs interdigitales à type de brûlures ou de paresthésies. Des sensations de décharge électrique ou de piqûre d'insecte peuvent également être décrites. A l'inspection, la région douloureuse est normale, il n'existe ni rougeur ni œdème. L'examen podoscopique peut mettre en évidence une anomalie de l'avant pied (durillons, avant pied rond, appui externe...). La mobilisation du pied met en évidence la douleur lors de la compression transversale des métatarsiens. La simple pression locale ou la mobilisation en flexion extension des métatarsiens concernés est très souvent normale. L'examen est complété par l'étude de l'usure de la semelle des chaussures de l'athlète. . Examen radiologique Il comprend en première intention une radiographie du pied de profil en charge, destinée à apprécier les troubles de la statique. Cet examen est complété par une échographie de la région (voire une IRM) à la recherche d'un névrome. = Traitement Il comprend deux phases: . Une correction du trouble statique (semelles) ou de la chaussure utilisée. . La pratique d'ionisation d'AINS ou de calcitonine. La nécessité d'une intervention chirurgicale est rarement évoquée. Elle ne sera proposée que dans les cas de résistance au traitement médical ou lors de la présence d'un névrome clairement identifié. + Atteinte du nerf musculo-cutané Cette atteinte est moins fréquente que celle des nerfs interdigitaux. = Etiologies Trois étiologies peuvent être à l'origine d'une irritation de ce nerf, branche du sciatique poplité externe: . Un coup direct sur le dessus du pied (karaté, boxe thaï, kung-fu...). . Des lacets trop serrés . Une anomalie du pied (tarse bossu, pied creux) associée à des chaussures mal adaptées. = Diagnostic . Examen clinique Le sportif consulte pour des paresthésies ou des douleurs de type neurologique, siégeant sur la face dorsale du pied et les trois premiers doigts. A l'examen, il est parfois possible de mettre en évidence des troubles vasomoteurs (rougeur) en rapport avec ce territoire. . Examen complémentaire L'électromyogramme ne présente pas d'intérêt diagnostique pour cette pathologie. = Traitement Il comprend deux parties: . Un traitement neurologique comprenant des ionisations de calcitonine et la prise de vitamines B1, B6 per os. . Un traitement préventif destiné à éviter les récidives (changement de chaussures, éventuellement correction chirurgicale d'un tarse anormalement bossu).