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politique ultra orthodoxe au Ministère des Finances et à la Banque Centrale ; définition
d’une balance des paiements hors charge de la dette positive (4,38% du PIB) encore
plus élevée que celle négociée à l’origine (3,75%) avec le FMI et déjà dépassée, la
balance positive atteignant de janvier à septembre 5,80% ; taux d’intérêts bancaires
parmi les plus hauts du monde. En 2002, seulement 2% du budget du gouvernement
fédéral ont été consacrés aux investissements, alors que 8% allaient aux paiements des
intérêts et charges de la dette et 45% à son amortissement.
La même situation, sinon pire, se répète cette année. Le Brésil a accumulé, entre janvier
et août, une balance positive de 49,3 milliards, soit 4,91% du PIB, plus que ne l’exigeait
le FMI. Dans la même période, le secteur public a payé 102,4 milliards de Reais
d’intérêts de la dette (10,2% du PIB) contre 60,7 milliards (7,17% du PIB) dans la
même période l’an dernier. Voila donc des milliards dont l’Etat s’est privé, sacrifiant les
politiques de développement et les politiques sociales.
Un autre volet des accords avec le FMI exigeait un contrôle strict de l’inflation. Donc,
des taux d’intérêts stratosphériques qui ralentissent la croissance, mettant le pays au
bord de la récession. Le chômage atteignait en août 2003, selon l’IBGE, 13 % contre
11,75% en août 2002, le nombre de travailleurs sur le marché informel grandit,
dépassant 55 %. La profonde inégalité, caractéristique historique du pays, se confirme et
se renforce, malgré les bonnes intentions du programme Faim Zéro.
L’argent qui manque pour éviter le second génocide des Cinta Larga est le même qui
manque au Ministère de la Ville pour entreprendre une politique d’habitation et
d’assainissement urbain qui donnerait du travail aux jeunes chômeurs. C’est le même
manque d’argent qui empêche de construire une vraie politique de sécurité qui puisse
éviter que le pauvre chercheur de diamant ne tue le pauvre indien ou ne le réduise à une
loque humaine et que le jeune noir de la favela ne tue un autre jeune noir. Car ce sont
surtout, comme le montre l’étude des 40.000 assassinats pratiqués par an au Brésil, les
pauvres qui tuent les pauvres, les commanditaires qui les manoeuvrent étant à l´abri.
Le gouvernement, avec cette politique, veut, d’un côté, redonner confiance aux
investisseurs et les inviter ainsi à mettre leur argent dans la production et, de l’autre,
diminuer la dépendance du Brésil par rapport à l’extérieur et récupérer la capacité
d’investissement de l’Etat. Son mot d’ordre : croître et exporter est pour l’instant plus
un mot qu’une réalité. Pourtant, de fait, la balance des paiements indique le rôle
important que jouent dès maintenant les exportations dans cette stratégie.
Deuxième histoire. Intérieur du Pará, Amazonie brésilienne, sur la route
Transamazonienne et sur le Xingu, grand affluent de l’Amazone. Pêle-mêle : vol de
terres publiques, coupe sauvage du bois; rasage systématique de milliers d’hectares et
brûlage, pour installer des élevages extensifs de bétail, un grand barrage hydroélectrique
en prévision sur le Xingu (Belo Monte). Les bords des rivières sont occupés depuis des
temps immémoriaux par des peuples indigènes et depuis des dizaines d’années, parfois
même depuis le XIXeme siècle, par des métis, qui vivent de la forêt et des eaux. Avec
l’ouverture de la transamazonienne, il y a 30 ans, sont arrivés des colons venus de
différentes régions du pays, installés là par la dictature.
Le gouvernement du président Lula veut à tout prix percer le cercle vicieux de la
dépendance externe et, pour cela, mise sur la croissance et sur l’exportation. Ce message
est interprété comme s’il disait : « Tout est permis ». Et, de même que les producteurs
de soja du Rio Grande do Sul ont planté illégalement du soja génétiquement modifié et
ont forcé ensuite le gouvernement a en autoriser la commercialisation, on se dit qu’on