grec et signifierait « faire croître, accroître, augmenter », puis plus tard « produire, faire naître…et parfaire, accomplir », les
deux termes d’une croissance, début et fin, ou en être l’auteur. L’autorité serait donc « la puissance génératrice du lien
social [« lien qui unit les êtres »], tendant de soi à croître jusqu’à son accomplissement ». (p. 13)
L’angoisse de la mort
Partant du fait que l’autorité est un pouvoir de fait (quelle que soit son origine) s’appuyant sur une certaine
force qui peut me menacer de la mort, et ainsi m’amener à « échanger la liberté contre la vie », Gaston
Fessard peut écrire : « Ainsi à l’origine du lien social que l’autorité a pour mission de faire croître, toujours
l’apparition du droit est précédé par le déploiement d’une force, charismatique chez le chef né,
créatrice et éducatrice chez le père (et la mère), ou simplement dominatrice chez le maître. Les
multiples autorités de nos sociétés peuvent combiner en des proportions variées à l’infini ces trois formes
fondamentales de supériorité, non point s’affranchir du caractère qui leur est commun, si bien qu’aucune
ne peut exercer son pouvoir de droit sans s’imposer d’abord comme un fait. » (Note du rédacteur :
« Si je ne puis, en aucune manière, éviter l’angoisse de la mort, alors je peux être tenté de me révolter et de
devenir violent »). (p. 21)
Autorité et vérité
Si j’échange ma liberté pour sauver ma vie, c’est que je perçois dans l’autorité une vérité, peut-être une
vérité universelle ! Gaston Fessard pose les limites de cette autorité de la vérité. « D’une part en effet, c’est
seulement pour le savant et pour ceux qui participent à sa science que découvertes et démonstrations
acquièrent une valeur absolue et s’imposant par elle-même. Valeur qui, étant identiquement celle de la
vérité, se révèle à tous dans la mesure où ils veulent ou peuvent accéder au savoir du savant. Seulement, du
coup et dans cette même mesure, l’autorité du savant s’évanouit. Car c’est pour les non-savants seuls et
en proportion de leur non-savoir que le savant fait autorité. Or, pour ceux-ci, le savoir ne s’impose pas en
vertu de sa valeur propre ; il joue au contraire à leur égard le même rôle que la force vis-à-vis du plus
faible ; il s’impose du dehors… Ainsi donc, si la vérité est la source ultime de l’autorité, celle-ci disparaît ;