
Dans les lignées normales, il existe un chromosome W ; mais comme ce chromosome peut manquer 
sans que le sexe de l'individu en soit affecté, ainsi qu'on l'a vu plus haut, il faut le regarder comme ne 
jouant  aucun  rôle  dans  la  détermination  du  sexe ;  il  correspond  en  ce  sens  à  l'Y  de  Drosophila.  Sa 
présence chez  Abraxas constitue la  base cytologique que réclamaient les faits d'hérédité liés  au  sexe, 
c'est-à-dire la condition inverse de celle que l'on connaît chez d'autres groupes d'insectes. 
 Les  observations  de  Seiler  portent  sur  des  exemplaires  sauvages  de  la  noctuelle  Phragmatobia 
fuliginosa. Le nombre réduit des chromosomes dans la plaque polaire 
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de l'œuf est vingt-huit (fig. 32, a). La grande dyade formée par le synapsis des chromosomes sexuels Z et 
W se voit au milieu du groupe. Lors de la première division de maturation, tous les chromosomes se 
séparent de leurs partenaires, les ordinaires (autosomes) aussi bien que les chromosomes sexuels. Mais 
quand W se sépare de Z, il se divise en deux parties que nous pouvons appeler grand W et petit w (fig. 32, 
bc).  Il  en  résulte  qu'il  y  a  vingt-neuf  chromosomes  à  l'un  des  pôles  (celui  qui  contient  W  et  w)  et 
vingt-huit  chromosomes  à l'autre (celui  qui  contient Z).  Le hasard décide  quel  groupe ira  au globule 
polaire et lequel restera dans l'œuf. Il y a, par conséquent, deux sortes d'œufs : Ww et Z. 
 Chez le mâle, il y a cinquante-six chromosomes, ce qui donne pour nombre réduit vingt-huit. On peut 
voir dans la figure 32, d, les deux grand Z. Lorsque le nombre réduit vingt-huit est réalisé, ils s'unissent, 
puis se  séparent,  se  rendant chacun  à l'un  des pôles  (fig. 32,  h).  Chaque spermatozoïde contient, par 
conséquent, un chromosome Z. 
 Un  spermatozoïde  quelconque  fécondant  un  œuf  Ww  produira  une  femelle.  L'embryon  mâle 
contiendra, par conséquent, cinquante-six chromosomes et l'embryon femelle, cinquante-sept. Le relevé 
des chromosomes chez des embryons montre que tandis que les uns en contiennent cinquante-six, les 
autres en contiennent cinquante-huit, soixante et un ou soixante-deux. Seiler en déduit que l'élément Z est 
également composé et se sépare parfois en quatre constituants dans les cellules 
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 Fig. 32. - Phragmatobia fuliginosa. a, plaque équatoriale du premier globule polaire ; b et c, plaques-filles du fuseau du 
premier  globule  polaire ;  d,  plaque  équatoriale  d’une  spermatogonie ;  e,  plaque  équatoriale  d'un  spermatocyte de  premier 
ordre ; j et g, plaques équatoriales de spermatocytes de second ordre ; anaphase de la première division de maturation ; i et j 
plaques équatoriales de cellules somatiques, avec 56 chromosomes (en i) et 61 chromosomes (en j). 
 [Figure non reproduite dans cette version] 
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somatiques.  Récemment  (1919),  Seiler  a  démontré  l'existence  chez  deux  autres  noctuelles  d'un 
chromosome traînard qui peut être expulsé de l'œuf ou y rester, et ce dans la proportion de 1,36 à 1. 
 Chez d'autres lépidoptères examinés par Stevens, par Doncaster, par Dederer et par Seiler, les mâles et 
les femelles ont la même combinaison chromosomienne. En d'autres termes, si la femelle contient une 
paire WZ, les chromosomes qui la constituent sont de même taille ou de taille si semblable que l'on ne 
peut les distinguer. On se rappellera à ce propos que chez un petit nombre d'insectes appartenant, pour 
d'autres raisons, au type Drosophila, les chromosomes XY sont de même taille. L'impossibilité de trouver 
deux grandeurs différentes de chromosomes sexuels chez les noctuelles n'est donc pas une objection à la 
conception que la femelle est hétérozygote pour le sexe. Il faut, au contraire, considérer seulement comme