On peut à cet égard s’inspirer d’un constat suffisamment détaillé dressé
par Georges Verhaegen ( ancien recteur, recteur honoraire de l’Université Libre
de Bruxelles) dans un collectif intitulé L’université en questions, paru en 2001 :
« La première question que l’on peut se poser est : Pourquoi se soucier en
ce moment-ci, de l’efficacité de gestion d’institutions qui existent depuis près de
mille ans et qui ont su surmonter toutes les vicissitudes de l’Histoire, tout en se
transformant pour en arriver aux universités modernes de type humboldtien,
c’est-à-dire des universités dans lesquelles enseignement et recherche sont
intimement associés ? Et jusqu’aux années soixante, et même aujourd’hui pour
certaines universités, c’est le modèle que l’on retrouve partout en Europe, voire
dans le monde. Mais depuis une trentaine d’années, la situation des universités a
évolué rapidement. C’est ainsi qu’en plus de s’occuper de la formation des élites
et d’accumuler le savoir, les universités ont été amenées à développer une série
d’activités connexes, branchés plus directement sur les besoins immédiats de la
société (…) Or ce déploiement s’est passé, et se passe, dans des conditions qui
ne sont guère optimales. En effet, dans toute l’Europe, on a assisté à un
accroissement important de la population universitaire au cours des vingt
dernières années (…) Or pendant cette même période, outre leurs nouvelles
missions, les universitaires ont été également amenés à mettre sur pied une
politique d’internationalisation en réponse aux nombreux programmes lancés
par la Commission européenne ( …) Par ailleurs, malgré des enveloppes
budgétaires étroites, les besoins d’équipement se sont accrus (…) Dès lors,
assurer la gestion efficace d’une université n’est certainement pas une
sinécure ».
Dans un tel contexte se trouvent donc non seulement posées la question
nationale de l’autonomie financière des universités par rapport à l’Etat, ou
encore celle de leur fonctionnement interne, c’est-à-dire à un niveau qui est
comparable à celui d’une institution comme l’hôpital, mais aussi celle, non
moins cruciale, comme l’indique ce texte, de leur intégration à la communauté
européenne. Dans le contexte européen, le problème de l’allègement des
procédures de décision se pose en effet en termes d’autonomie des universités.
Autonomie dont nous ignorons bien souvent qu’elle est posée par la Magna
Charta Universitatum, signée dès 1988 par plus d’une centaine de recteurs,
comme une condition de l’européanisation des universités. Autonomie des
universités par rapport à l’Etat et devenir de cette institution dans les sociétés
démocratiques, autonomie des universités par rapport à la société, mais aussi
intégration des universités et de leurs diplômes dans l’espace européen : tels sont
les problèmes soulevés par ce que nous pourrions appeler « la gouvernance des
universités ». Dans ce cas comme dans d’autres ( celui de l’hôpital par exemple
), c’est la manière même de gouverner qui semble devoir passer par la
discussion et la redéfinition des règles du jeu, si ce n’est démocratique, du moins
politique, dans des espaces et avec des données socio-économiques en mutation.
Dans des sociétés où l’information et la connaissance sont très largement