2) Attitude des principales religions :
- Dans l’animisme, il y a très peu d’interdits, sauf des interdits temporaires (par exemple les
œufs interdits aux femmes) mais beaucoup d’intérêt pour la nourriture vivante (comme les
huîtres chez nous). On consomme par exemple des crevettes vivantes ou du poisson cru
au Japon. On offre de la daurade crue à la naissance d’un enfant, c’est une véritable
communion avec du poisson. Le saké, boisson de riz fermenté, est fait dans une
atmosphère vivante dans les fabriques où des prières shinto sont dites. Il existe aussi
certaines vibrations dans l’air quand la fermentation du raisin commence : autrefois, on se
mettait nu pour entrer dans la cuve où le liquide atteignait 37°. C’était un moment sacré.
- Dans le judaïsme, religion mère de tous les monothéismes, il faut consommer la
nourriture kasher. Le porc, les crustacés, les poissons sans écailles sont interdits. Quand
la viande est permise, il faut néanmoins séparer la chair du sang qui, lui, est impur et
tabou. Pour cela, il faut laver la viande et la saler en signe de purification. La
consommation d’agneau (facile à élever au Proche-Orient) est recommandée, plus que
celle du veau (associé à d’autres événements : le veau d’or). Pour Pessah (Pâque), il faut
manger de l’agneau. Le foie gras est aussi un aliment circonstanciel dont l’origine la plus
lointaine remonte aux Romains qui élevaient les volailles dans le noir, les pattes clouées
sur des planches, avec des figues (ficatum = foie). Les communautés juives fabriquaient
du foie gras dans les pays froids d’Europe centrale. Elles pouvaient ainsi se procurer le
gras nécessaire ailleurs que dans le porc qui était interdit. Le foie gras de Hongrie est
encore réputé de nos jours. En Alsace, où le maïs arrive au XVIIe siècle, les
communautés juives vendaient du foie gras aux charcutiers de Strasbourg pour la
fabrication du traditionnel pâté de Strasbourg. Actuellement, Israël se met aussi à faire du
foie gras.
- Dans le christianisme, le pain et le vin jouent un rôle important. Les luthériens quant à eux
mettent la bière en valeur. On connaît les fameux banquets géorgiens où chaque convive
consomme 4 à 6 litres de vin en plus de la vodka. Le chef de table oblige les gens à boire
après les toasts. A rapprocher du culte de Bacchus-Dionysos. « Boire ensemble » est un
acte religieux.
Les cartésiens sont choqués de ce que, dans la religion chrétienne, le pain et le vin
deviennent corps et sang du Christ. Il faut se replacer dans le contexte d’origine pour
comprendre que cela permet de participer au divin. Le pain se répand en même temps
que le christianisme, de même que le vin. C’est le christianisme qui permet la diffusion de
la vigne vers l’Europe du Nord. Boire du vin, c’est se rattacher à la Méditerranée, lieu de
naissance du Christ. L’expansion de la vigne se fait aussi vers l’Amérique et l’Afrique du
Sud (par l’intermédiaire des Huguenots) ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le
vin est par excellence la boisson de la culture de l’Europe Occidentale. L’expansion du vin
se fait aussi par la Route de la Soie en même temps que l’expansion chrétienne.
Plusieurs couches de religions se superposent alors : le bouddhisme, le christianisme et
l’islam (qui, là, n’interdit pas le vin !). Les techniques vinicoles y sont encore proches de
celles de l’Antiquité.
De nos jours, le vin perd de plus en plus son lien avec la religion. Boire du vin en Asie
n’est pas sacré, mais c’est une marque de culture, de cosmopolitisme. Les boissons
sacrées sont à base de riz.
3) Le café, le thé et le cacao
- Le café est un stimulant qui a eu beaucoup de succès mais n’a pas de lien avec le
domaine religieux.