REVISTA THEOMAI / THEOMAI JOURNAL
THEOMAI, (EDICIÓN ELECTRÓNICA), RED INTERNACIONAL DE ESTUDIOS SOBRE SOCIEDAD,
NATURALEZA Y DESARROLLO/ UNIVERSIDAD NACIONAL DE QUILMES, ARGENTINA / ISSN: 1515-6443
A coté des désastres réalisés et irréparables, il y a les dangers qui nous guettent directement, les pollutions
globales comme l'effet de serre, la mort des océans, la radioactivité, le couple infernal innondation-
sécheresse, sans parler des biotechnologies et du génie génétique. Si on observe quelque ralentissement
dans certaines évolutions, comme celle des trous dans la couche d'ozone, sous l'effet des accords
internationaux (Le protocole de Montréal de 1987 sur les clhorofluorocarbones), eux-mêmes fruits de la
sensibilisation croissante de l'opinion, le nécessaire changement de cap n'est pas encore à l'ordre du jour,
loin de là. Les échecs à répétition de ma mise en oeuvre de la convention sur le changement climatique le
montrent bien.
La foi dans le progrès et la technologie a supporté le culte du développement dans les années 60. Les
économistes ont été les grands prêtres de cette nouvelle religion qui a accompagné l'expansion économique
sans précédent de l'Occident. En dépit de l'apparition de quelques hérésies, le dogme reste toujours
triomphant, sinon triomphaliste. Le pouvoir d'autoregénération de la nature a été occulté, méprisé, détruit au
bénéfice de celui du capital et de la technique. La nature a été réduite à un réservoir de matière inerte et à
une poubelle. Aussi, ce ne sont pas les économistes mais les physiciens qui ont attiré l'attention de l'opinion
sur les pollutions globales comme l'effet de serre ou les trous dans la couche d'ozone. La science économique
et ses prophètes restent dans l'ensemble les chantres de la mondialisation des marchés, laquelle aggrave
encore les effets délétères de l'économie sur l'environnement.
Cette mondialisation actuelle est en train de parachever l'oeuvre de destruction de l'oikos planétaire. Ne
serait-ce que parce que la concurrence exacerbée pousse les pays du Nord à manipuler la nature de façon
incontrôlée et les pays du Sud à en épuiser les ressources non renouvelables. Avec le démantèlement des
régulations nationales, il n'y a plus de limite inférieure à la baisse des coûts et au cercle vicieux suicidaire.
C'est un véritable jeu de massacre entre les hommes, entre les peuples et au détriment de la nature... Il se
trouve même des prix Nobel pour s'en réjouir. Ainsi, l'impayable Gary Becker déclare : "Le droit au travail et
la protection de l'environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-
échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel" (4). On comprend dès
lors toutes les réticences des gouvernements européens à controler les pirates des mers responsables des
marées noires récurrentes.
Dans l'agriculture, l'usage intensif d'engrais chimiques, de pesticides, l'irrigation systématique, le recours aux
organismes génétiquement modifiés ont pour conséquence la destruction des sols, l'assèchement et
l'empoisonnement des nappes phréatiques, la désertification, la dissémination de parasites indésirables, le
risque de ravages microbiens. Sans parler du fait que la sélection des espèces les plus rentables engendre
une inquiétante réduction des sources de l'alimentation humaine. En France, trois races bovines constituent
98 % du cheptel, une seule variété de pomme, la golden, représente 75 % de l'offre. "Une certitude donc,
conclut René Passet : la maladie de l'homme fou se transmet bien à la vache" (5).
Les pays du Sud, pris dans l'étau de la dette, n'ont guère d'autre choix que d'accroître encore plus
l'exploitation des ressources naturelles et des sols au détriment de l'environnement. Il s'agit de comprimer
d'autant plus les coûts, au mépris de la reconstitution ou de la préservation des équilibres naturels les plus
élémentaires, que l'accroissement des exportations déprime les prix et réduisent les recettes. Tous les pays
sans doute sont pris dans cette spirale infernale et suicidaire, mais dans le cas du Sud, la survie biologique
immédiate étant en jeu, la reproduction des écosystèmes est totalement sacrifiée. Pour exporter des grumes,
la forêt tropicale disparaît à grande allure (Cameroun, Indonésie, Papouasie-Nouvelle Guinée) avec comme
conséquences annexes une érosion accélérée des sols (comme au Népal) et l'aggravation des inondations
(comme celles du Mékong).
Les exemples du cacao, de la pêche ou de la banane mériteraient d'être médités pour éclairer les effets de la
mondialisation sur le Sud. Alors que le cours mondial du cacao était au plus bas dans les années quatre
vingt, et que les économies du Ghana et de la Côte d'ivoire subissaient de ce fait une crise dramatique, les
experts de la Banque Mondiale ne trouvaient rien de mieux que d'encourager et de financer la plantation de
milliers d'hectares de cacaoyers en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines. En sacrifiant toujours un peu
plus la nature et les hommes, on pouvait encore espérer quelques profits sur la misère plus productive des
travailleurs de ces pays-là. Pour couronner le tout, les Européens, à Bruxelles, s'alignant sur la seule
Angleterre, ont honteusement capitulé devant le lobby des grands chocolatiers. Définissant le chocolat
comme un produit pouvant contenir jusqu'à 15% de graisse végétale bon marché (Sans vérification vraiment
fiable) autre que du beurre de cacao, ils ont fait perdre à la Côte d'ivoire et au Ghana quelques milliards de
plus. Faut-il se scandaliser si dans ces conditions certains planteurs ont arraché leurs plants pour faire du
haschich ?