L’ALIMENTATION DES PERSONNES ÂINÉES On vit plus longtemps • Certes, les conditions de vie, une meilleure alimentation, des métiers moins pénibles, font progresser l'espérance de vie de façon impressionnante (on a "gagné" 2,5 ans d'espérance de vie en 10 ans), mais il reste que le but est de vieillir "en bonne santé"! Une saine alimentation est importante tout au long de la vie • Bien manger aide les gens à demeurer en santé et fournit l’énergie nécessaire pour effectuer les activités de tous les jours. Une personne âgée en santé, bien alimentée, a plus de chance de se sentir bien, de demeurer en forme, de maintenir son indépendance et d’être en mesure d’apporter sa contribution de membre indispensable à sa famille et à sa localité. • Une alimentation saine chez les personnes âgées est influencée par une combinaison de facteurs, que ce soient des éléments environnementaux, sociaux, physiques, économiques ou personnels. Pour bon nombre de personnes âgées, un e saine alimentation est importante et elles sont prêtes à apporter d’importants changements dans leur choix d’aliments afin de se garder en bonne santé et de demeurer autonome. La nutrition peut devenir plus difficile à mesure que l’on vieillit. • Le vieillissement est un processus naturel qui débute à la conception. Bien que certains aspects du vieillissement soient influencés par la constitution génétique, une saine alimentation, l’activité physique et un bien-être psychologique améliorent grandement les possibilités d’une personne de bien vieillir. Les changements physiologiques habituels du vieillissement • Une diminution de tissus énergétiques et l’appétit; maigres, réduisant les besoins – cette perte de masse corporelle maigre peut être évitée en faisant tous les jours des activités appropriées; • Une perte de densité osseuse, augmentant ainsi les risques de fractures et d’ostéoporose; • Un affaiblissement de la fonction immunitaire, augmentant le risque d’infection; • Une réduction du goût et de l’odorat, contribuant au manque d’appétit; • Des problèmes de dentition et une bouche sèche compromettant la capacité à mastiquer et à ingérer les aliments et les fibres; pour certaines personnes, des difficultés à avaler compromettent également l’apport alimentaire; • Une baisse de la fonction rénale et du besoin de boire, augmentant le risque de déshydratation; • Des changements dans la digestion menant à la constipation et à une réduction d’absorption de certains nutriments. Et les restrictions alimentaires ? • Le besoin de la personne âgée est identique à celui de l'adulte : ni plus, ni moins. Mais les consommations alimentaires diminuent : moins de viande, moins de vrais repas, des restrictions alimentaires sévères liées à des problèmes de santé (cholestérol par exemple...), sans qu'elles aient été prescrites... Et ce type de comportement joue sur la qualité de vie et l'évolution vers les dépendances. Veiller à un apport énergétique suffisant • L'un des poncifs en ce qui concerne l'alimentation des personnes âgées est que, lorsque l'on est vieux, on a besoin de moins manger. Certes, il est vraisemblable que l'activité physique diminue, lorsque, lors de la vie active, les gens avaient un travail physique. Mais c'est loin d'être le cas de tous les retraités : un certain nombre d'entre eux avait une activité professionnelle peu physique (travail sédentaire, de bureau...), d'autres gardent ou commencent des activités physiques. Plus sensibles ? • Par conséquent, le besoin énergétique ne diminue pas obligatoirement, et il ne faut pas se laisser aller à diminuer les rations alimentaires, car le risque de dénutrition existe réellement. Avec pour conséquence d'affaiblir l'organisme, et de le rendre plus sensible aux pathologies liées au vieillissement. L’attrait de la nourriture • D'autant plus que d'autres phénomènes risquent de diminuer la prise alimentaire : la lassitude de préparer les repas, surtout lorsque l'on se retrouve seul, après le décès du conjoint : la tentation est grande de ne plus cuisiner, de grignoter à la place du repas un morceau de pain et de fromage. Surtout si un problème dentaire "s'en mêle", limitant encore les possibilités de mets aux aliments qui ont peu besoin d'être mâcher. Ce problème de dentition, en limitant le choix alimentaire, va être la cause d'une alimentation peu attractive, peu attirante, et donc... peu consommée! Une petite pilule… • La prise d'une quantité impressionnante de médicaments avant les repas peut également entraîner une diminution de l'appétit et une moindre consommation alimentaire. Les vrais besoins • En tout état de cause, l'apport énergétique ne devrait jamais être inférieur à 1500 kcal/jour, ou exprimé en fonction du poids, à 30 kcal/kg L'apport en protéines • Cet apport est essentiel puisque les protéines, entre tous les rôles qu'elles jouent au sein de notre organisme, servent notamment à la fabrication de la masse musculaire et à la fabrication des anticorps. Vol de protéines • Si l'apport en protéines n'est pas suffisant, il y a perte de masse musculaire, puisque l'organisme ira "récupérer" les protéines dont il a besoin pour assurer la synthèse de nombreuses molécules (enzymes...), là où il y en a en grandes quantités, c'est à dire dans les muscles, avec pour corollaire la destruction du muscle. La fonte musculaire • Le vieillissement induisant par ailleurs une fonte musculaire, il est inutile de l'accélérer par une carence alimentaire en protéines. D'autant que les muscles sont essentiels à la mobilité, et que perte de masse musculaire équivaut à perte de force musculaire, entraînant une diminution de l'activité physique et, à plus ou moins long terme, un risque de dépendance. Les anticorps • En ce qui concerne la résistance et la lutte contre les infections, notre organisme fabrique des anticorps, qui ont une structure protéique. Si l'apport en protéines n'est pas suffisant, la fabrication de ces anticorps sera déficiente, et l'organisme, déjà affaibli par la vieillesse, ne pourra pas lutter efficacement. Un banal rhume peut devenir grave, et entraîner des problèmes majeurs en terme de santé, voire de vie. Les anticorps • Le besoin en protéines est quotidien, puisqu'il n'y a pas de réserves en protéines, à l'exception de la masse musculaire. L'apport journalier doit être de l'ordre de 1 g à 1,2 g par kilogramme de poids, soit pour une personne pesant 70 kg, un apport de 70 à 84 g de protéines. Les anticorps • Cet apport sera atteint avec la consommation de 3 à 4 produits laitiers, et 150 g de viande (ou équivalent) sur la journée. Dans le cas où ces aliments ne seraient pas consommés en quantité suffisante, il est important de consulter un diététicien, afin de trouver des solutions de remplacement permettant d'assurer l'apport protidique quotidien (enrichissement des plats avec des oeufs, du fromage, du lait en poudre, des poudres de protéines...). L'ostéoporose, calcium et vitamine D • La lutte contre l'ostéoporose, maladie particulièrement invalidante qui se caractérise par une fragilisation des os, et donc des risques de fractures accrues. • Bien sûr, cette ostéoporose est très connue pour la femme post-ménopausique, qui, du fait de la modification hormonale à cette période de la vie, devient plus sensible à la perte de masse osseuse. Ce que l'on sait moins, c'est que l'ostéoporose atteint les personnes des deux sexes au-delà de 75 ans, et que la prévention est autant nécessaire auprès des hommes que des femmes. L'ostéoporose, calcium et vitamine D • L'ostéoporose a des rapports avec l'alimentation que la personne aura eu tout au long de sa vie. La prévention commence dès l'enfance, en favorisant la consommation d'aliments riches en calcium, de façon à permettre une fabrication correcte de masse osseuse. A l'âge adulte, l'apport en calcium servira à maintenir la masse osseuse, et à limiter le plus possible sa diminution. Enfin, chez la personne âgée, les besoins en calcium seront augmentés, parce que l'utilisation du calcium ainsi que son absorption au niveau intestinal seront moins efficaces : il faudra plus de calcium pour atteindre le même résultat. • Le besoin en calcium est estimé à 1200 mg/jour pour une personne de plus de 65 ans. L'ostéoporose, calcium et vitamine D • Le calcium des produits laitiers reste le mieux absorbé (1 yaourt apporte 150 mg de calcium, 30 g de comté en apporte 300 mg, quant au fromage de chèvre et autres fromages "à tartiner", ils apporteront 30 mg de calcium par portion de 30 g). L'ostéoporose, calcium et vitamine D • On trouve du calcium dans certaines eaux de boisson, mais il faut veiller à ce que celles-ci ne soient pas sulfatées, et il est préférable de les consommer pendant le repas, afin de favoriser l'absorption du calcium. Le complément calcique sera apporté par les légumes et les fruits. L'ostéoporose, calcium et vitamine D • Cela dit, le calcium a besoin de la vitamine D pour être absorbé et utilisé. La vitamine D (appelée anciennement anti-rachitique) est principalement fabriquée par l'organisme sous l'action des rayons du soleil. Chez la personne âgée, cette synthèse s'effectue moins bien que chez l'adulte. D'autre part, il est courant que l'exposition au soleil soit peu fréquente, ce qui diminue encore les capacités de synthèse. or, sans vitamine D, l'apport en calcium n'a pas grande utilité. Il convient donc de veiller à augmenter l'apport alimentaire de la vitamine D (foies de poisson, poissons gras, oeufs, foie, produits laitiers non écrémés...), voire de compléter avec un apport médicamenteux si cela s'avère nécessaire. L'ostéoporose, calcium et vitamine D • Il semblerait également qu'une consommation importante de végétaux riches en phytoestrogènes permette de diminuer l'incidence de l'ostéoporose : les pays asiatiques, gros consommateurs de soja (riche en isoflavones), sont moins touchés par cette maladie. Ces végétaux riches en phytoestrogènes sont par exemple le soja (isoflavones), le blé, les lentilles, le maïs, l'ail, les carottes, les poires (lignanes), ... L'ostéoporose, calcium et vitamine D • Enfin, une alimentation trop riche en protéines est à déconseiller, car elle acidifie l'organisme, et celui-ci compense en récupérant du calcium au sein de la masse osseuse, le calcium ayant une action tampon, et permettant de retrouver un équilibre acido-basique satisfaisant. L'ostéoporose, calcium et vitamine D • Quant aux autres facteurs non alimentaires qui peuvent prévenir l'apparition de l'ostéoporose, rappelons que l'activité physique est la meilleure façon de stimuler la synthèse de l'os : il est conseillé de marcher environ 1 heure par jour, pour que l'activité physique joue ce rôle de stimulation. Messages clés sur la nutrition des personnes âgées • Agrémentez votre alimentation par la variété – soyez audacieux, essayez de nouveaux aliments et de nouvelles recettes • Faites une grande place aux produits céréaliers enrichis ou à grains entiers, dont les céréales de son, les pains multigrains, les pâtes de blé entier, l’orge et le riz brun. • Buvez beaucoup de liquide pour faciliter la digestion et empêcher la déshydratation. Messages clés sur la nutrition des personnes âgées • Ajoutez des fruits et des légumes colorés pour stimuler l’appétit et avoir les vitamines et les minéraux essentiels. • Renforcez votre structure osseuse en absorbant beaucoup de calcium et de vitamine D, et en faisant chaque jour de l’activité physique. Vous pouvez opter pour le lait, le yogourt et le fromage, les boissons de soya enrichies ainsi que les poudings et les soupes à base de lait. Messages clés sur la nutrition des personnes âgées • La viande, la volaille, le poisson, les oeufs, le tofu et les légumineuses vous fournissent les protéines requises. • Privilégiez les aliments faibles en gras, ajoutez moins de matière grasse à la cuisson et à table. • Maintenez un poids -santé. • Sources : http://www.alimentation-et-sante.com/ Source : http://www.dietitians.ca/ Références • Pour compléter : "Nutrition de la personne âgée", de Monique Ferry et Emmanuel Alix, ouvrage coordonné par le Club Francophone Gériatrie et Nutrition, Editions Masson Préparé par Christiane Brinck Conseillère à la condition des femmes A.R.E.Q. Septembre 2007