BIOPHYSIQUE DE LA VISION SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE VISION DES COULEURS Pr S. SECK GASSAMA Année 2010-2011 SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE L’onde lumineuse peut être caractérisée par la mesure de paramètres physiques : avec un récepteur non sélectif : grandeurs radiométriques avec un récepteur sélectif (œil) : grandeurs photométriques œil récepteur sélectif voit les radiations comprises entre 380nm (Violet) et 750 nm (Rouge) SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE I- Paramètres physiques de l’onde lumineuse: Grandeurs radiométriques Grandeurs photométriques Récepteur non sélectif récepteur sélectif (œil) Flux énergétique Énergie transportée/s (watt) Eclairement énergétique F d/dS (Watt/m2) Intensité énergétique I d/d (Watt/stéradian) Brillance énergétique dI/dS (Watt/stéradian.m2) Flux lumineux (lumen) Eclairement lumineux (lumen /m2) Intensité lumineuse Candéla (cd) Luminance cd/m2 ou nit SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE II- Structure de la rétine II.1- 5 catégories de cellules Photorécepteurs : reçoivent la lumière Cellules bipolaires : relayent l’information aux cellules ganglionnaires Cellules ganglionnaires : envoient les signaux vers le cerveau Cellules horizontales et amacrines : assurent un contact transversal II.2- Propriétés des cellules sensorielles ou réceptrices II.2.1 Substance photosensible au niveau du segment externe Extrémité synaptique II.2.2 Les caractéristiques des photorécepteurs : Cônes BATONNET Segment interne CONE Segment externe Cil connecteur forme : polymorphes bâtonnets uniformes nombre (125 M): 5 % 95 % acuité visuelle: forte faible domaine vision: sensibilité: photopique centrale scotopique périphérique faible forte adaptation faible rapide vision: trivariante colorée Cholorolabe Cyanolabe erythrolabe importante lente univariante non colorée pigment: rhodopsine II.3- Notion de convergence de la rétine et des voies optiques : rétine : 6.106 cônes, 120.106 bâtonnets nerf optique : 106 fibres convergence : n cellules sensorielles 1 fibre du nerf optique ces n cellules sensorielles constituent un territoire indépendant rétinien rétine périphérique :- bâtonnets très nombreux dans un territoire indépendant rétinien très ramifié - fonctionnement coopératif des bâtonnets : bonne sensibilité aux basses luminances : vision nocturne mauvais pouvoir séparateur : AV 2 à 3/10ièmes rétine centrale : cônes peu nombreux dans un territoire indépendant peu ramifié; connexion directe (fovea) fonctionnement individuel des cônes : sensibilité uniquement aux fortes luminances : vision diurne bon pouvoir séparateur : acuité visuelle 10/10ième III- PHOTORECEPTION : 2.1- TRANSDUCTION photochimique: traduction de l’énergie lumineuse en signaux électrochimique électrophysiologique :traitement de ces signaux en signaux électriques la transmission des signaux s’effectue: directement: petite onde électrique via libération par le neurone situé en amont d’un neurotransmetteur 1-reconnaissance par les récepteurs du neurone en aval 2-activation de protéines canaux où circulent des courants ioniques 3-variations de potentiels membranaires 4- signaux électriques qui se propagent de neurones en neurones 2.1.1 Étape photo-chimique : 2.1 La substance chromophore : le pourpre rétinien ou rhodopsine structure : hétéroprotéine = chromoprotéine : - partie protéique : l ’opsine (364 acides aminés répartis en 7 hélices) - groupement prosthétique : le rétinal : situé au centre de l ’ensemble constitué par les 7 hélices aldéhyde dont l ’alcool primaire correspondant est le rétinol = vitamine A 2.1.2. Les réactions photo-chimiques description : - illumination : pourpre rétinien jaune visuel - réaction rapidement réversible à l ’obscurité - illumination plus importante : jaune visuel blanc visuel - réaction lentement réversible à l ’obscurité mécanisme : - la lumière agit sur la Δ 11 du rétinal : 11 cis rétinal 11 trans rétinal - L’ isomérisation cis trans provoque la séparation de l ’opsine et du rétinal ou encore la dislocation de la molécule de rhodopsine - si l ’illumination est plus importante : transformation du 11 trans rétinal en 11 trans rétinol et dislocation de la rhodopsine régénération de la rhodopsine : cycle de Wald : - voie rapide ou cycle court : à partir du 11 trans rétinal : isomérisation trans cis et recombinaison avec l ’opsine - voie lente ou cycle long : à partir du 11 trans rétinol : oxydation en rétinal, isomérisation trans cis et recombinaison avec l ’opsine (nécessite 20 mn pour l ’adaption maximale à l ’obscurité) h Rhodopsine Cycle court Rétinal "cis" + opsine Recomposition rapide Rétinal "trans" + opsine Passage dans la circulation Rétinol "cis" Rétinol "trans" Cycle long SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE IV-FACTEURS DE VARIATION DE LA SENSIBILITE DE LA RETINE la sensation lumineuse n’est pas directement mesurable : l’œil ne constate que l’égalité ou l’inégalité des sensations visuelles la sensation de couleur influence la sensation de luminosité 1- la longueur d ’onde et brillance énergétique Courbe d’efficacité lumineuse 2- le niveau d ’éclairement (domaines de vision) Effet Purkinje (vision diurne vs vision nocturne) 3- le phénomène d’adaptation à l’obscurité SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE IV.1- longueur d’onde et brillance énergétique Longueur d’onde L’œil : insensible aux IR et aux UV L’œil : plus sensible au bleu qu’au rouge cônes sensibles au bleu (max : 420 nm) = cônes S (Small wavelength) cônes sensibles au vert (max : 530 nm) = cônes M (Middle wavelength) cônes "sensibles" au rouge (max : 565 nm) = cônes L (Long wavelength) courbe d’efficacité lumineuse photopique = somme de ces 3 courbes SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE 1- longueur d’onde et brillance énergétique brillance énergétique Pour l’œil, certaines longueur d’onde ont une « efficacité lumineuse » moins importante que d’autres. Pour compenser ce « déficit » et obtenir la même sensation lumineuse (égalité des luminances), il faut augmenter la brillance . En fait, L1 =L2 si 1 = V2 2 V2 = 1 V2 est le coefficient d’efficacité lumineuse 2 Pour mesurer V, on calcule pour chaque longueur d’onde, le rapport r r : brillance énergétique de référence : brillance énergétique pour un faisceau de longueur d’onde SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE IV.2. Niveaux d’éclairement - différents domaines de vision vision diurne ou photopique (L >10 nits) courbe d ’efficacité lumineuse, max : 555 nm (vert) sensations chromatiques : vision trivariante (cônes) vision nocturne ou scotopique (L < 10-3 nits) courbe d ’efficacité lumineuse dont le maximum est à 510 nm (limite bleu-vert) sensations achromatiques : vision univariante (bâtonnets) vision crépusculaire ou mésopique (10-3 < L < 10 nits) sensations chromatiques modifiées du fait de l ’effet Purkinje L‹10 nits : max de sensibilité se déplace vers les courtes Bleu plus lumineux que le rouge SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE IV.3-Adaptation à l ’obscurité -Tout changement d’éclairage s’accompagne d’une perte plus ou moins prolongée de la sensibilité de l’œil à la lumière -L’œil s’adapte aux nouvelles conditions d’éclairage pour récupérer une vision normale - adaptation complète après 20 mn de séjour à l ’obscurité -Adaptation rapide mais incomplète en vision centrale (cônes) - adaptation meilleure , mais plus lente en vision latérale (rétine Log Ls périphérique : fonctionnement coopératif bâtonnets ), Courbe d’adaptation à l’obscurité : mesure, en fonction du temps de séjour à l ’obscurité, de la valeur de la plus petite brillance ou luminance perceptible (Log Ls): seuil absolu = minimum minimorum Vue d’ensemble minimum minimorum 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Temps de séjour à l ’obscurité SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE Adaptation à l’obscurité Plage éclairée en lumière blanche Vision étroite périphérique (bâtonnets), adaptation lente et importante Vision étroite centrale (cônes), adaptation rapide et faible SENSIBILITE DE L’ŒIL A LA LUMIERE Adaptation à l’obscurité Plage éclairée en lumière colorée monochromatique : Pas de cassure pour le rouge, mais seuil élevé, les bâtonnets sont aveugles au rouge. Seuil le plus bas pour le violet VISION DES COULEURS 1- Trivariance visuelle Toute sensation lumineuse peut être entièrement caractérisée par 3 variables indépendantes définies soit physiologiquement, soit physiquement. 1.1- Variables physiologiquement perçues La luminance : intensité de lumière perçue La tonalité : teinte La saturation : % de lumière blanche qui délave une teinte donnée L = L+ Lw facteur de pureté p = L ( p = 0 blanc L+ Lw totalement désaturé) p = 1 (couleur spectrale monochromatique, saturée, pure) VISION DES COULEURS 1- Trivariance visuelle 1.2- Variables physiques mesurables par le sujet Toute sensation colorée peut être reproduite à partir du mélange dans de bonnes proportions de 3 teintes choisies appelées primaires Synthèse additive de photons R, V, B stimulant simultanément les cônes : L = LR + LV + LB L’addition de 2 primaires ne doit jamais produire la 3ème Le mélange des 3 primaires dans des % convenables doit produire du blanc VISION DES COULEURS 2- TRIANGLE DES COULEURS Rend compte de 2 qualités chromatiques : tonalité et saturation Une couleur obtenue par mélange des 3 primaires a son point représentatif à l’intérieur Un point du plan est caractérisé par son coefficient trichromatique (% de primaire contenue dans le mélange) r = Lr g = Lg b = Lb Lr+Lg+Lb Lr+Lg+Lb Lr+Lg+Lb Lieu des points représentatifs des lumières spectrales pures: courbe externe du triangle Point représentatif du blanc W: totalement désaturé au centre de gravité Couleurs complémentaires : intersection de la courbe spectrale avec la droite joignant le point représentatif et W VISION DES COULEURS 3- PERCEPTION DES COULEURS COMPLEXES Sensations colorées autres que celles des lumières spectrales pures Sensations de même tonalité que les couleurs spectrales par le mélange dans des % convenables d’une lumière spectrale et d’une lumière blanche L = L + LW Pourpres Pourpres spectraux : rouge + violet purs Pourpres désaturés : L R + L V + LW Sensations produites par un mélange de lumières spectrales de longueur d’onde 1 et 2 1 et 2 voisines : lumière dont la longueur d’onde dominante dépend de la% de chacune des lumières spectrales du mélange 1 et 2 différentes : blanc pour un mélange dans des % convenables 1 et 2 aux extrémités du spectre : pourpres saturés VISION DES COULEURS Utilisation du triangle des couleurs Au lieu de considérer l’espace RVB sous forme de cube en 3 dimensions, nous ne tenons compte que du plan (en 2 dimensions) formé par le triangle qui relie les 3 primaires : c’est le triangle de Maxwell VISION DES COULEURS Utilisation du triangle des couleurs A une couleur quelconque définie par une quantité de rouge, de vert et de bleu correspond un emplacement précis sur le triangle de Maxwell On peut utiliser cette position géométrique pour déterminer les pourcentages de bleu, de vert et de rouge VISION DES COULEURS Utilisation du triangle des couleurs Pour connaître le pourcentage de rouge contenu dans la couleur C, il suffit de tracer des parallèles au côté opposé au sommet R. L’augmentation du nombre de parallèles (10, 100, 1000) permet d’augmenter la précision de la mesure. VISION DES COULEURS Utilisation du triangle des couleurs On fait de même pour les deux autres primaires et on obtient une structure quadrillée qui permet de formuler le pourcentage de chaque primaire VISION DES COULEURS Utilisation du triangle des couleurs C est composé de 10% de rouge, 30% de vert et 60% de bleu C = 0,1R + 0,3 V + 0,6 B VISION DES COULEURS TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS Monochromaties ou achromaties absence de toutes sensations chromatiques, vision univariante : seule la luminance intervient (échelle de gris) Achromatoposie normale 1/30 000, vision due aux bâtonnets, vision nocturne seule possible Achromatopsie anormale 1/106, cônes fonctionnels, trouble du SN TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS Les dichromaties vision bivariante existence de 2 primaires , une des trois espèces de cônes fait défaut triangle des couleurs se réduit à un segment de droite nombre réduit de teintes perçues et existence de confusions Protanopie : daltoniens "aveugles au rouge" = anérythropes, Deutéranopie : nagéliens"aveugles au vert" = achloropes, Tritanopies "aveugles au bleu" = acyanopes, fréquence 1/105 sujets masculins TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS Les dichromaties : vision du deutéranope TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS Palette originale - - Vision du protanope Les protanopes, aveugles au rouge peuvent confondre suivant les types : le gris avec le rouge franc et le bleu-vert Les deutéranopes aveugles au vert confondent le gris avec du pourpre, le vert avec l’orangé TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS Les trichromaties anormales : trivariance visuelle mais dans des proportions différentes des sujets normaux Illustration de la vision des dyschromates : Exploration des dyschromatopsies : procédé de dénomination de couleur ou de tests colorés présentés : - l ’achromate ne différencie aucune couleur (vision en échelle de gris) - le dichromate commet certaines erreurs (confusions) - le trichromate anormal ne commet pas d’erreurs procédé de confusion : planches d ’Ishihara : - identification de chiffres, de nombres ou de figures constitués par un semis de points colorés exemple : le sujet normal lit 68, le nagélien lit 69 TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS TEST D’ISHIHARA TROUBLES DE LA VISION DES COULEURS TESTS CHEZ LES ENFANTS TEST DE FARNWORTH Classification des teintes dans l’ordre logique du spectre visible TEST DE FARNWORTH Dyschromatopsies : erreurs de classement caractéristiques avec des axes de déviation : axe protan, deutan, tritan ORIGINE DES DYSCHROMATOPSIES Dyschromatopsies héréditaires : transmission récessive gonosomale (chromosome X), pour le rouge et le vert, autosomale (chromosome 7) pour le bleu ORIGINE DES DYSCHROMATOPSIES Dyschromatopsies acquises : origine dégénérative, iatrogène (antibacillaires, antipaludéens de synthèse), toxique : intoxication digitalique (xanthopsie), alcoolo-tabagisme atteintes rétiniennes ( type protan), névrites optiques (type deutan) Autres origines : exemple : "la cataracte jaune" de Claude Monet (le pont japonais du jardin de Giverny) Géographie des dyschromatopsies