Approche soignante des particularismes ethnoculturels et religieux dans la prise en charge du mourant et du mort M Broucke IDE USP Paul Brousse B Devalois SMP CHRD Pontoise DUASP UCP 2016-2017 PLAN • 17h - 17h45 Travail en groupe de 4 : chacun explique une situation difficile à gérer en lien avec spécificité culturelle ou religieuse. Un rapporteur par groupe prend des notes • 17h 45- 19 h Exposé didactique à partir de cas cliniques (MB+BD) • 19h-20 h Reprise de quelques cas issus des groupes et non abordés par exposé Rappel Laïcité à l’hôpital Comme le rappelle le rapport Stasi (p. 22) remis au Président de la République le 11 décembre 2003, la laïcité qui est consacrée par l’article 1 de la Constitution de 1958 impose à la République d’assurer « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Pour l’hôpital, cela implique que tous les patients soient traités de la même façon quelles que puissent être leurs croyances religieuses les patients ne puissent douter de la neutralité des agents hospitaliers. Les agents du service public Les usagers du service public Un guide récent Observatoire de la laicité Cas cliniques Initiative soignante • Patient de 23 ans d’origine ivoirienne • Communauté évangélique organisée • Présence de signes religieux ostentatoires • Aumônerie directement contactée par l’infirmière pour aide spirituelle Discussion • Intention bienveillante de l’infirmière qui se révèle « maltraitante » • Seul le patient est en droit de réclamer la présence d’un représentant du culte • L’existence de l’aumônerie peut être évoquée (figure dans le livret d’accueil du patient hospitalisé), en aucun cas imposée. • Autres exemples/initiatives soignantes : orientation du lit vers la Mecque sans demande de la famille, régimes alimentaires instaurés sur le seul argument du patronyme... À la demande de la famille • Patiente de 40 ans d’origine algérienne • Famille musulmane pratiquante, patiente qui ne tient compte des « diktats » familiaux • Aggravation : frère demande à une infirmière de faire venir un Imam • Imam éconduit par la patiente qui se sent offensée (conflit Imam/soignant) • Coma : le frère demande un rappel de l’Imam (« puisqu’elle n’est plus en mesure de refuser ») Discussion • Echange frère/soignant sur le respect des volontés de la patiente (médiation soignante) • Compromis : mise en lien directe du frère et de l’Imam • Le respect des volontés à la base d’une relation bientraitante Participation aux soins • Patiente de 52 ans appartenant à la communauté des « gens du voyage » • Plaie tumorale très étendue (KS) • Soins réalisés de concert avec les sœurs – non-évident pour les soignants – inconcevable autrement pour les sœurs et la patiente (« chez nous, c’est comme ça ») Discussion • Désapprendre l’usuel et composer avec « l’imposé » dans les limites du raisonnable (ne pas déposséder la famille) • Acceptation des conditions de soins à l’origine d’une vraie relation de confiance (« ne pas rater le coche » au départ) • Vigilance sur le rôle de chacun / analyse des pratiques « Il faut qu’il sorte de l’hôpital » • Appel vers 23 h par interne de garde • Un homme de 35 ans, cancer avancé avec probable tamponnade (dyspnée majeure, cyanose) phase agonique probable • Demande de la compagne et de la famille de sortie immédiate pour mourir au domicile • Communauté gitane, menace d’emmener le corps « de force ». Discussion • Départ du corps sans mise en bière directement du service : anticiper – Noter la procédure inhabituelle dans le dossier – Si le décès survient la nuit, joindre : • le senior de garde pour établir le certificat de décès • l’administrateur de garde pour le départ du corps sans mise en bière • les PF pour le transport • Gestion du nombre : respecter tout en imposant un cadre dès le départ Aborder le rapatriement • Patient africain encéphalopathe, comateux le lendemain de son hospitalisation en USP • Entourage conséquent et complexe (« je suis son oncle ») • Impossibilité d’aborder directement la question de la mort prochaine mais organisation d’un retour au pays à l’insu de l’équipe et du patient Discussion Comment organiser le retour du corps quand du vivant il est interdit de parler de la mort? Identification de la personne médiatrice (un « oncle ») Transmission des infos à la famille en Afrique Éviter la multiplicité des entretiens soignants/groupe Aborder la question financière : le rapatriement du vivant est moins onéreux (PEC de la mort = communautaire) Le corps doit impérativement retourner au pays natal pour le repos de son âme mais aussi pour le bien-être de sa famille Le Shabbat • Patient juif orthodoxe qui entre en phase agonique un vendredi • Décès pressenti, avis d’aggravation fait à la famille avant son départ • Problème : si décès entre vendredi soir et samedi soir : pas de possibilité d’utiliser un appareil. Impossible de répondre au téléphone, de venir etc… Shabbat, en pratique • Jour durant lequel toutes les activités extérieures doivent être réduites pour se concentrer sur sa famille et son foyer • Interdiction d’actionner un objet électrique (sonnette, « poire » de PCA, lumière, téléphone (aucun mode de communication possible), transports (peu de visites), ascenseur) • Allumage des bougies et risque d’incendie • Si problème se pose : consultation d’un rabbin pour solution halachique La nutrition et l’hydratation • Patient de confession juive en phase terminale d’un glioblastome • Apparition de troubles de la déglutition et aggravation rapide • Demande expresse de perfusion (hydratation) par la famille au bout de quelques jours • Mise en œuvre par le médecin sans concertation pluridisciplinaire • Encombrement, signes d’HTIC, rétention U • Demande de nutrition parentérale le lendemain (soignants accusés de « laisser mourir de faim ») Discussion • Avoir connaissance du positionnement des différentes confessions à ce sujet (pour les autorités catholiques et juives = moyen ordinaire et proportionné de maintien en vie) • Intérêt d’une décision d’équipe (cohésion) => discours commun auprès de la famille • S’appuyer sur les effets secondaires pour argumenter l’arrêt de ces traitements (ou la non mise en œuvre). La barrière de la langue • Un patient chinois transféré en USP (carcinose péritonéale) • Patient et famille qui ne parlent ni ne comprennent le français (exceptés petitsenfants de 8 et 10 ans) • Vomissements incoercibles / famille qui contraint le patient à manger • Recours à un interprète dans l’urgence (membre de la communauté) pour pose d’une SNG => refus du patient • Perfusions exigées par le fils alors que le patient est soulagé par les traitements, refusées par le médecin • Sortie contre avis médical, patient conduit aux urgences où il décède quelques jours plus tard avec SNG et NHA Discussion • Choix de l’interprète (professionnel ou membre du personnel de l’hôpital à préférer : neutralité) afin de comprendre l’histoire de la maladie, éclaircir une situation compliquée • Apprécier le degré d’autonomie du patient et son consentement à la présence d’un tiers • La sortie contre avis médical, information sur les risques encourus Travail sur cas • Chaque rapporteur expose à tour de rôle une situation relatée dans le groupe et non traitée ou complétant une situation exposée.