En avant-
première
Voici le programme de la
quatrième table ronde qui se
tiendra à Lézignan-Corbières
(Maison Joseph Gibert)
le 18 septembre 2009
de 17 h à 19 h 30
Châteaux et
forteresses
seigneuriales,
habitat et
peuplement
au XIIIe siècle
Habitat à Durfort, par Bernard
Pousthomis, archéologue.
La reconstruction des châteaux
après les croisades seigneuriale et
royale, par David Maso, archéologue
et guide du pays cathare.
Le château comtal à Carcassonne,
par François Guyonnet, archéologue au
Service départemental archéologique
de Vaucluse.
Réaménagement de l’espace
urbain après la Croisade :
l’exemple de Limoux, par Jean-Loup
Abbé, professeur à l’Université de
Toulouse-Le Mirail.
Entrée gratuite. Inscription auprès des
Archives départementales de l’Aude par
courrier (41 avenue Claude Bernard,
11855 Carcassonne cedex 9) ou par mail
Guerre, techniques
Guerre, techniques
militaires et armement
militaires et armement
La Canso
800 ans apres la Croisade contre les Albigeois
En août 1209, après avoir pris Béziers
et massacré nombre de ses habitants,
l’armée croisée met le siège devant
Carcassonne. La ville, privée d’eau, ne
peut résister très longtemps. Raimond-
Roger Trencavel se livre alors en otage ;
contrairement aux engagements pris, il est
gardé prisonnier jusqu’au 10 novembre
1209, date de sa mort.
Comment, en cette n d’été, ne pas
évoquer cet épisode tragique de notre
histoire, encore très présent dans notre
mémoire collective ? Les manifestations
culturelles organisées dans le cadre de la
Commémoration sont nombreuses en ce
mois de septembre et nous permettent de
replacer la Croisade contre les Albigeois
dans son contexte politique, économique
et social. Le public pourra en juger en
prenant part aux tables rondes organisées
à Castelnaudary et à Lézignan-Corbières et
en venant découvrir l’exposition “Au temps
de la croisade. Sociétés et pouvoirs en
Languedoc au XIIIe siècle”.
La contre-offensive des croisés
en terre lauragaise
Au commencement de décembre 1211,
Robert Mauvoisin, l’un des plus dèles
compagnons de Simon de Montfort, est de
retour d’Ile-de-France. Il est à la tête d’une
“bonne centaine de chevaliers d’élite”.
Pierre des Vaux-de-Cernay s’en réjouit : ces
troupes fraîches “redressèrent noblement
la situation assez critique où se trouvait
alors l’affaire de la foi”. Après la prise de La
Pomarède en Lauragais et la soumission du
château d’Albedun (Le Bézu), dans le sud
du Razès, Montfort se dirige vers Castres
pour y célébrer Noël. Guy de Montfort, son
frère, le rejoint. L’armée croisée, ainsi
renforcée, reconquiert le Lauragais au
printemps 1212. Après la prise d’Hautpoul
le 11 avril, Montfort atteint Sorèze où il
reçoit des renforts auvergnats. Dans les
semaines qui suivent, le prévôt de Cologne,
accompagné de nobles allemands, rejoint
l’armée croisée. L’arrivée de ces “colonnes
et grandes compagnies des croisés
d’Allemagne et d’Italie et des barons
d’Auvergne et de ceux d’Esclavonie”,
évoquée par l’auteur de La Cansó, explique
en grande partie la rapidité de l’offensive
des croisés et ses succès. Trois semaines
suf sent à Montfort pour reprendre Cuq,
Montmaur, Saint-Félix, Les Cassès,
Montferrand, Avignonet...
Durant l’été et l’automne 1212, l’armée
croisée lance une campagne victorieuse
en Bas-Quercy et en Agenais. Toulouse, de
plus en plus isolée, est menacée. Dans les
premiers jours de septembre, le comte
Raimond VI inquiet va demander de l’aide à
son suzerain Pierre II, roi d’Aragon.
L’intervention du roi d’Aragon
et la bataille de Muret
Après sa victoire sur les Almohades à
Las Navas de Tolosa en juillet 1212, le
roi d’Aragon a les mains libres pour
intervenir en Languedoc. Il apporte son
soutien à Raimond VI qui est à la fois son
vassal et son beau-frère (en janvier 1204, le
comte de Toulouse a épousé Eléonore
d’Aragon). Il demande au pape son
absolution. Il se porte garant de Raimond
le jeune, ls de Raimond VI, qui se voit
restituer le comté après l’abdication de son
père. Le 15 janvier 1213, Innocent III
ordonne l’arrêt de la croisade. Le 27 janvier,
La Croisade des Barons
La Croisade des Barons
Heurs et malheurs du com de Toulouse
Heurs et malheurs du comté de Toulouse
Édito
n°6 - Septembre 2009
Marcel Rainaud
Sénateur de l’Aude
Président du Conseil général
Le roi d’Aragon arrive devant Muret
Bibliothèque nationale de France
manuscrit de La Cansó (ms fr 25425, f°73)
Qu’il s’agisse de La Cansó ou de l’Hystoria Albigensis de Pierre des
Vaux-de-Cernay, les récits de la Croisade contre les Albigeois
sont de précieux témoignages sur l’art de la guerre tel qu’il est
pratiqué au XIIIe siècle en Occident.
La constitution des armées repose sur l’obligation de service militaire (ost) que
tout vassal doit à son seigneur. De la nature féodale de ces armées découlent
leurs principales faiblesses. La durée de l’ost, limitée à quarante jours, explique
les uctuations et la réduction soudaine des effectifs. La première victime en est
Simon de Montfort que les seigneurs de son camp abandonnent au terme de leur
engagement. Le manque de cohésion et le défaut de commandement unique
expliquent pour une large part les échecs du comte de Toulouse et de ses alliés :
c’est le cas notamment à Castelnaudary en 1211.
Si les chevaliers ont toujours une place prééminente, on voit apparaître à leurs
côtés, en lien avec les nouvelles techniques militaires, d’autres catégories de
combattants tout aussi ef caces (sergents à cheval, piétons, arbalétriers et
archers).
Le chevalier porte un haubert, un vêtement en mailles rivetées qui protège le
corps. D’abord à manches courtes et couvrant seulement le buste du
combattant, la cotte de mailles s’allonge progressivement au XIIe siècle jusqu’à
couvrir le corps entier (jusqu’aux genoux). La protection est souvent complétée
par des mou es de maille qui protègent les mains, par un camail (cagoule de
mailles qui couvre la tête sous le heaume) ainsi que par des chausses. L’usage de
l’arbalète, arme nouvelle et
particulièrement meurtrière,
impose de renforcer la cotte de
maille par des protections rigides,
des plaques métalliques placées aux
points critiques (articulations).
La guerre revêt diverses formes :
escarmouches et embuscades,
grandes batailles, où les chevaliers
s’opposent frontalement, comme à
Muret en 1213 ; sièges des châteaux
et des bourgs, comme à Carcassonne
ou Cabaret en 1209, où les machines
de guerre (perrières, mangonneaux)
jouent un rôle décisif.
Cotte de mailles, XVe siècle
Castelnaud-la-Chapelle,
Musée de la guerre au Moyen Âge
Le château d’Aguilar
Cliché Pierre Davy, Comité départemental
de tourisme de l’Aude.
N’oubliez
pas !
Le 11 septembre 2009, se tiendra à
Castelnaudary (Théâtre des Trois Ponts,
rue du Général Déjean) la troisième
table ronde sur le thème :
La société méridionale au XIIIe siècle.
Le programme détaillé de la soirée
(17 h - 19 h 30) a été publié dans le
numéro 5 de La Cansó, juin 2009.
Pour tout renseignement, écrire aux
Archives départementales de l’Aude
Le 17 septembre 2009, à 18 h, sera
inaugurée à Carcassonne, à la Maison
des Mémoires, l’exposition réalisée par
les Archives départementales de l’Aude
Au temps de la Croisade. Sociétés et
pouvoirs en Languedoc au XIIIe siècle.
Nous espérons que le public viendra
nombreux. Publication d’un catalogue
de 176 p. (en vente à compter du 17
septembre au prix de 25 ) et d’une
Lettre thématique de Perspectives Les
Archives (n° 26, entièrement consacré à
l’exposition, gratuit).
Edité par le Conseil Général de l’Aude
Allée Raymond Courrière
11855 Carcassonne cedex 9
Directeur de la publication :
Alain Tarlier
Rédaction :
Archives départementales de l’Aude
41 avenue Claude Bernard
11855 Carcassonne cedex 9
Responsable de la rédaction :
Sylvie Caucanas
Photographies : A. Estieu, A. Fernandez
(Archives départementales)
ISSN : 4141-0180 R
Tirage : 3 000 exemplaires, publication
gratuite
Compogravure : Studio Ogham - ISO 14001
Impression : De Bourg-Narbonne
Raimond VI comte de Toulouse, son ls et
les consuls de la ville prêtent serment de
fidélité au roi d’Aragon. Les croisés
envoient une ambassade auprès du pape
Innocent III pour lui faire savoir qu’à
Toulouse, dans les comtés de Comminges
et de Foix, dans la vicomté de Béarn,
l’hérésie persiste. Le souverain pontife
prononce des excommunications, frappe
d’interdit la ville de Toulouse et ordonne
la reprise de la croisade.
Le 12 septembre 1213, les croisés
affrontent à Muret les troupes du roi
d’Aragon. Pierre II a réuni autour de lui
l’ensemble des forces armées du Midi et
l’auteur de La Cansó, favorable au comte de
Toulouse, s’en réjouit : “le bon roi d’Aragon
était à Muret en bel équipage, aussi le comte
de Saint-Gilles [Raimond VI] et ses barons au
complet, et les bourgeois et le peuple de
Toulouse”. Mais Simon de Montfort
l’emporte. Le roi d’Aragon, Pierre II, trouve
la mort au cours du combat : “frappé de
blessures si mauvaises que son sang s’est
répandu sur le sol et à l’instant il est tombé
mort là, étendu de tout son long…”. La
défaite est complète. “Grands furent le
désastre, le deuil et la perte quand le roi
d’Aragon demeura mort, tout sanglant, ainsi
que beaucoup d’autres barons, et l’opprobre
fut grand pour toute la chrétienté et pour
tout le genre humain. Les gens de Toulouse,
pleins de tristesse et de douleur, ceux qui
avaient pu s’échapper et n’étaient pas restés
sur le lieu du combat, rentrèrent à Toulouse,
à l’abri des murailles. Messire Simon de
Montfort, allègre et joyeux, est resté maître
du champ de bataille” (La Cansó). Au soir du
combat, les Hospitaliers de Toulouse
recueillent le corps du souverain et le font
porter en la Maison de l’Hôpital Saint-Jean à
Toulouse. Le 11 février 1217, le pape
Honorius III autorise le transfert du corps du
roi d’Aragon au monastère de Sigena que la
reine Sancie, mère de Pierre II, avait fondé
en Aragon en 1183.
Le quatrième concile
du Latran en 1215
Le 11 novembre 1215, s’ouvre le
quatrième concile du Latran. Quatre
cent quatre évêques sont présents. Le 30
novembre 1215, lors de la séance plénière
de clôture, le concile prononce la
déchéance de Raimond VI au pro t de
Simon de Montfort, à l’exclusion des terres
provençales qui restent possession de
Raimond le jeune : “Que Raimond, jadis
comte de Toulouse, reconnu coupable sur
ces deux points [la complicité d’hérésie et
l’entretien des routiers]… soit à jamais
privé de son droit de propriété… Que
tout le pays conquis par les croisés sur les
hérétiques…, avec Montauban et Toulouse
qui est la ville la plus corrompue par la
souillure hérétique, soit remis et
concédé… au comte de Montfort”.
En avril 1216, le roi de France reçoit
l’hommage de Simon de Montfort
pour le comté de Toulouse.
Le siège de Toulouse et la mort
de Simon de Montfort en juin
1218
Dès le mois de septembre 1217,
Raimond VI et son ls entreprennent
la reconquête de leurs terres. Le 13
septembre 1217, Raimond VI victorieux fait
son entrée dans Toulouse où la population
l’accueille avec enthousiasme : « [Les
Toulousains] s’écriaient : ‘Toulouse !
désormais nous serons les plus forts,
puisque Dieu nous a rendu notre seigneur
légitime, et bien que privés d’armes et
d’argent, nous recouvrerons la terre et
celui qui en est le légitime héritier, car
l’audace, la chance, le courage exigent que
chacun mène la lutte contre l’adversaire’».
Environ un mois plus tard, Simon de
Montfort et son armée assiègent la cité ; ils
prennent position face au front sud de la
ville. Toulouse a mis en place un ef cace
plan défensif que l’auteur de La Cansó,
favorable au parti toulousain, se plaît à
célébrer : “Les barons de la ville et leur
seigneur légitime mirent en état de défense
les lices et occupèrent les terre-pleins…
Partout à la ronde la foule du peuple tenant
des haches, des masses, des tinets, et les
dames et les femmes qui apportent dans
des baquets les pierres préparées, soit les
grosses soit celles à lancer avec la main. La
ville est aux parapets, en bel état de
défense…”. C’est en faisant le siège de
cette ville que Simon de
Montfort trouve la mort le 25
juin 1218, atteint par un boulet
de pierre propulsé par une
perrière manœuvrée, dit La
Cansó, par des femmes et des
jeunes lles.
Le lendemain, le 26 juin
1218, le légat pontifical
investit Amaury de Montfort,
fils de Simon, des domaines
et des titres de son père. Le nouveau
chef de la Croisade fait inhumer le corps
de son père dans l’absidiole sud de la
cathédrale Saint-Nazaire et Saint-Celse à
Carcassonne.
Amaury de Montfort,
chef des armées croisées
Très vite, Amaury de Montfort se trouve
dans une situation critique. Ses
effectifs s’amenuisent. Il doit faire face à
une contre-offensive occitane. Au printemps
1219, les croisés sont défaits à Baziège. En
1220-1221, les croisés connaissent des
échecs importants en Lauragais : ils ne
peuvent s’emparer de Castelnaudary,
Raimond le jeune et Roger-Bernard de Foix
s’emparent de Montréal…
En août 1222, Raimond VI meurt et son
ls lui succède. Un an et demi plus
tard, Amaury de Montfort a perdu
pratiquement toutes les terres conquises
par son père. Assiégé dans Carcassonne, il
capitule le 14 janvier 1224 face aux armées
de Raimond VII et du comte de Foix. Dans
l’espoir d’une intervention militaire en sa
faveur, Amaury fait don au roi de France,
Louis VIII, des domaines dont il a perdu la
jouissance. De son côté, soucieux de sauver
son comté et de se faire accepter par le roi
comme son vassal, Raimond VII cherche à
se réconcilier avec l’Eglise mais, en
novembre 1225, le concile de Bourges
refuse de l’absoudre, le déclarant complice
des hérétiques. Le pape Honorius III et le
roi de France lancent alors une nouvelle
croisade.
n
ouveau
Retour sur la table
ronde du 19 juin
La culture
méridionale
au XIIIe siècle
Le 19 juin dernier se tenait à
Limoux, dans la salle Louis Coste
mise gracieusement à disposition
par la Mairie, la deuxième des cinq
tables rondes prévues dans le cadre
de la Commémoration.
Le public était au rendez-vous. En
présence de plus de 120 personnes, les
intervenants, philologues et historiens,
ont évoqué, pendant plus de deux
heures, les différentes composantes de
la culture en Languedoc au XIIIe siècle,
insistant sur ce qui en faisait l’originalité.
Jacques Verger, professeur d’histoire
médiévale à l’Université de Paris IV-
Sorbonne, traita de la culture savante
et de la mise en place des premières
universités en Languedoc. Daniel Lacroix,
professeur à l’Université de Toulouse-
Le Mirail, s’appuyant sur des exemples
concrets, démontra l’autorité morale
dont jouissaient les troubadours dans la
société de leur temps. Linda Paterson,
professeur à l’Université de Warwick, mit
en évidence un aspect méconnu de l’art
des troubadours, une poésie basée sur la
recherche formelle et les effets de style.
En n, Fabio Zinelli, directeur d’études
en philologie romane à l’Ecole Pratique
des Hautes Etudes, conclut la soirée
en nous commentant quelques pages
des magni ques manuscrits qui nous
permettent de connaître l’œuvre littéraire
des troubadours, les chansonniers des
XIIIe et XIV siècles.
Les rafraichissements offerts par la ville
de Limoux permirent aux intervenants
et au public de poursuivre, dans la
convivialité, les débats engagés.
La pierre dite du siège,
[XIIIe siècle], provenant, dit-on du
tombeau de Simon de Montfort
Eglise Saint-Nazaire et Saint-Celse de
Carcassonne
Cliché Archives départementales de
l’Aude
Le concile du Latran - La Cansó (S. et B. Lalou)
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !