COLLOQUE
« Le catharisme et la croisade contre les Albigeois 1209 - 1229 »
Samedi 3 Octobre 2009 – 14h00 – Théâtre de Clermont l’Hérault
Conférence de Monsieur Philippe Martel
Docteur d’Etat en histoire, chargé de mission CNRS Montpellier III
L’affaire albigeoise, tours et détours
La croisade albigeoise, on le sait bien, n’est pas seulement un évènement de
nature religieuse. Il a aussi des implications politiques et géopolitiques.
En clair, la croisade aboutit à un bouleversement durable de la carte de l’Europe
occidentale médiévale.
Mais ce bouleversement n’est pas évident dès le départ ; il constituera même
presque une surprise. Entre 1209, et 1229 date du traité de Meaux-Paris qui
scelle à terme le sort des possessions toulousaines, se sont succédés plusieurs
scénarios possibles de sortie de croisade.
Un observateur contemporain aurait pu successivement envisager plusieurs
situations :
1/ Raymond VI se rallie à la croisade qui le débarrasse de Trencavel et
installe à sa place un nouveau vicomte ayant l’aval du roi d’Aragon, puis les
croisés repartent, munis de vagues promesses de chasse aux cathares.
Si cette possibilité ne marche pas :
2/ A Muret, les archers toulousains mettent brutalement fin à la carrière de
Simon de Montfort.
Le bloc Toulouse Barcelone se trouve en position de force pour négocier avec
l’Eglise, avec quelques vagues promesses de chasse aux cathares.
Si cette possibilité ne marche pas :
3/ Simon de Montfort élimine définitivement la maison de Toulouse, met
au pas l’Eglise locale, brûle quelques cathares pour se faire pardonner, et fonde
une dynastie simonnienne rapidement occitanisée (qui règne encore sur nos
belles contrées).
Si cette possibilité ne marche pas :
Les Toulousains éliminent le petit Montfort, et s’entendent avec le roi de France,
époux de la cousine germaine du jeune Raymond, pour un pacte de non
agression, quitte à promettre vaguement une nouvelle chasse aux cathares...
Nous savons, nous, qu’aucun de ces scénarios virtuels ne s’est réalisé, et qu’à la
fin c’est le roi de France qui ramasse la mise.
Mais notre petit jeu permet de voir que le « rattachement » du « Languedoc » à
la « France » n’était nullement fatal, et que seule une succession de
retournements l’a rendu possible.
Ce sont ces retournements que l’on s’essaiera d’expliquer.
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