non. Ensuite, inventeur et utilisateur sont, dans certains cas, un seul et même acteur. Parfois,
aussi, les utilisateurs sont impliqués dans la conception du produit, voire dans son
développement (la communauté de l’open source, par exemple). Parfois, encore, les
dynamiques économiques du marché impulsent de nouveaux comportements, de nouveaux
besoins (Lorenzi et Villemeur, 2009).
Ce processus de transformation est donc un « entre deux » qui doit s’efforcer de combiner
sciences, technique, marché et société pour arriver à des configurations sociotechniques
nouvelles (Boly, 2004), (Akrich et al, 2006). Tous ces pôles sont importants et la mise en
œuvre des projets d’innovation architecturale, initialisés par les technologies du numérique,
montre la multitude et la variété des allers-retours entre ces pôles. Le processus de
transformation à l’œuvre dans l’innovation numérique n’est donc ni linéaire, ni prédictible car
les interactions entre l’objet et ses connections sont indissociables et génèrent de nouvelles
manières d’être : par exemple, le livre numérique permet de réinventer l’expérience de la
lecture.
Autrement dit, sur le plan organisationnel, les acteurs, les intentions, l’espace de
responsabilité, les interactions émergentes ou organisées, la communication sont des éléments
fondamentaux, à prendre en compte dans la mise en place d’un processus de transformation.
L’innovation numérique n’est donc pas du simple fait de l’innovation technologique. Elle
implique tous les acteurs qui sont parties prenantes de la transformation et doit s’inscrire dans
un cadre intégrateur de transformation organisationnelle (Besson et Rowe, 2011). Ce cadre
intégrateur est composé de :
La nature de l’initiative de transformation,
L’écologie de la transformation,
Le processus de transformation,
Les résultats de la transformation et leur mesure.
Puisque la question de cet article porte sur la conception d’un SAD qui tienne compte des
transformations d’usages, en lien avec les TIC du numérique, la partie suivante propose de
spécifier les caractéristiques du processus de transformation.
1.2. / Les caractéristiques du processus de transformation
Rappelons que la mise en place d’une nouvelle organisation sociotechnique n’obéit à aucune
pré-rationalité (Vinck, 2006), les représentations sociales étant gouvernées en temps réel, par
le tandem « objet + sujet ». L’opérateur « + » de ce tandem désigne toutes les interactions
évolutives entre l’objet représenté par les TIC du numérique et le sujet qui, à terme, utilisera
ces TIC en adéquation avec ses besoins et ses expériences. Le processus de transformation est
donc composé d'un grand nombre d'entités en interaction locale et simultanée.
Dans le cadre de notre réflexion sur la conception d’un SAD, ces entités en interaction sont
schématiquement composées par les acteurs, les outils numériques et les décisions prises par
les acteurs à l’égard des outils numériques. En rapport à cette dernière entité, les théories de la
décision, qu'elles soient issues d'une perspective organisationnelle ou d'une perspective
individuelle, s'accordent sur le fait que la prise de décision est le résultat d'un processus
cognitif complexe visant à la sélection d'un type d'action (effective ou raisonnée) parmi
différentes alternatives (Saussois, 2012). Ainsi, les décisions mettent en forme
progressivement, et de manière aléatoire, des trajectoires non linéaires et, le plus souvent,