Il y a 65 millions d’années, la plaque indienne se trouvait à l’emplacement actuel de la Réunion.
A ce moment, un nouveau panache mantellique, arrivait à la surface. Après avoir traversé la
croûte continentale de l’Inde, le panache inonda la partie centrale du continent indien et la
croûte océanique à l’ouest de celui-ci. C’était la naissance d’un nouveau point chaud. Il
occasionna un volcanisme exceptionnel, couvrant 1,5 millions de km2 avec une épaisseur de
plusieurs kilomètres. Ce flot de magma fut déversé en un laps de temps très court à l’échelle
géologique, l’essentiel du volume étant mis en place en moins de 500 000 ans (Vincent P.M.,
1994). Ceci correspond à environ 1010m3 de magma par an, soit environ 1 000 fois la
production annuelle du Piton de la Fournaise (Staudacher et al. 2003). En même temps une
quantité phénoménale de gaz volcaniques fut libérée, provoquant, d’après une hypothèse de
Courtillot et al., (1988), la disparition des dinosaures.
Ces magmas sont essentiellement basaltiques et l’immense plateau ainsi mis en place est appelé
les « Trapps du Deccan ». Il couvre une grande partie de l’intérieur et de l’ouest de l’Inde.
L’érosion de la côte ouest a donné accès aux différentes coulées empilées les unes sur les autres.
On peut aujourd’hui observer des coulées de lave sur une hauteur de 1700 m, mais l’épaisseur
totale pourrait atteindre environ 3000 m (Vincent P.M., 1994).
Après son passage sur le point chaud de la Réunion, la dérive de l’Inde vers le nord continue,
laissant derrière elle le bloc continental des Seychelles avec le pendant immergé des Trapps du
Deccan, le banc basaltique de Saya de Mahla, dont l’âge a été déterminé également à 64 millions
d’années, l’âge de la naissance du point chaud (White and McKenzie, 1989).
Il subsista ensuite un magmatisme de moindre importance. Celui-ci est à l’origine de la
formation sur le plancher océanique d’un chapelet d’îles et de reliefs volcaniques sous-marins,
comparable aux îles hawaiiennes, s’alignant à partir des Trapps du Deccan : les Laccadives, les
Maldives, les Chagos, le plateau des Mascareignes, l’île Maurice et enfin la Réunion, le dernier
chaînon actif, situé au-dessus du point chaud. Les âges des îles et monts sous-marins (en
millions d’années dans la figure en haut) indiquent leur passage sur le point chaud dans le passé.
Cependant la naissance d’une dorsale océanique suivant un axe nord-ouest sud-est a coupé cet
alignement entre les îles Chagos et les Mascareignes il y a environ 40 millions d’années. Ainsi
le tracé sous-marin du point chaud s’étend de la Réunion - âge 0 à 5 millions d’années - jusqu’au
plateau sous-marin de Nazareth Bank 35 millions d’années - sur la plaque africaine à l’ouest
de la ride océanique (voir les flèches rouges). Il se poursuit à l’est de la ride océanique avec les
îles Chagos - 48 millions d’années et monte jusqu’aux Trapps du Deccan, dont les roches ont
l’âge de la formation du point chaud de 65 millions d’années.